Vingt-cinq lettres de M.-J. Lagrange à R. Devreesse (1928-1936) par le P. Maurice Gilbert, s.j.

de l’Institut biblique pontifical de Rome

Extrait de la Revue biblique, 1992, t. 99, p. 471-498

Le volume de Lagrange sur la Critique textuelle, de 1935, manque d’une partie initiale décrivant les mss du N.T. En 1928, Lagrange avait demandé à Devreesse de l’écrire ; en 1933, il lui proposa même de s’atteler à tout un volume sur le sujet, auquel le sien, Critique textuelle. II : La critique rationnelle, ferait pendant. Mais en 1936, comprenant que le projet de Devreesse était plus vaste, Lagrange lui rendit sa liberté. En 1954, Devreesse publiait enfin son Introduction à l’étude des manuscrits grecs.

Le lot de lettres publiées ici forme un tout [1]. Entré à la bibliothèque vaticane le 3 novembre 1922, Robert Devreesse [2] (1894-1978) avait déjà publié trois articles dans la Revue biblique qu’avait fondée le P. Lagrange (1855-1938) et que dirigeait alors P. (Éd.) Dhorme. Les réponses de Devreesse aux lettres conservées de Lagrange n’existent plus.

Lorsque ce dernier envoie la lettre n° 1 du présent lot, il a terminé ses grands commentaires des quatre évangiles ; la rédaction de l’Évangile de Jésus-Christ touche à sa fin (l’Avant-propos est de mai 1928) et la révision du commentaire de l’Évangile selon saint Marc est bien en route (l’Avant-propos est du 15 juin 1928).
Pour mesurer la portée des lettres qu’on va lire, on rappellera celles que Lagrange envoya à St. Lyonnet, S.J. [3], de 1933 à 1938 : elles concernaient principalement le volume sur la Critique textuelle du N.T. que le P. Lagrange édita en 1935 en collaboration avec son jeune ami. Et, d’autre part, qui parmi les critiques ignore l’Introduction à l’étude des manuscrits grecs que Devreesse publia en 1954 [4], quatre ans après avoir quitté la Bibliothèque vaticane ? Les lettres que voici, échelonnées entre 1928 et 1936, en révèlent la préhistoire.

Lettre n° 1
École Biblique et Archéologique Française
Jérusalem, le 22 mars 1928

Cher Monsieur

Je viens vous demander un grand service, tellement grand qu’il vous sera facile de me dire que vous ne pouvez y songer, en ajoutant gentiment que vous le regrettez beaucoup. Voici le fait. Depuis longtemps on me demande de faire un manuel de critique textuelle pour le N.T., prévu dans la collection des Études bibliques [5]. Enfin j’ai fini par en avoir envie. Mais je ne suis pas familier avec les mss. Je ne pourrais les décrire qu’en piochant les bons auteurs, travail pénible et sans résultat appréciable. Vous, vous êtes à pied d’œuvre. Alors ne pourrions-nous pas collaborer ? Vous feriez tout d’abord ce qui est compris par exemple dans le 1ère section de Jacquier, le texte du N.T. [6], à savoir le catalogue des mss, matériaux, papyrus, parchemin, forme des mss χτλοι, etc.
Moi je ferais : comment fixer la bonne leçon ? Familles des Mss, leur caractère, arguments rationnels d’après les fautes par harmonisation, correction, etc.
Il y a un terrain mixte : les versions ; je me demande si l’on ne pourrait se contenter d’une description d’un ms. De chaque espèce. Enfin ce n’est qu’une première idée : il y aurait lieu de répartir le travail, si vous admettez le principe, et alors vous me diriez déjà comment vous le comprenez. Le bénéfice ne sera pas grand, nous le partagerions en frères, ex æquo et bono. Je pense qu’il ne me faudrait guère plus de 6 mois, vita comite [7], pour faire ma part.
Le P. Vincent [8] m’a dit que de votre côté vous avez bien à ménager votre santé ; aussi, plaisanterie de mon début mise à part, je tiens absolument à ne pas vous demander un travail fatigant. Lui, le P. Vincent, a l’air d’aller bien ; il travaille ! Personne n’y comprend rien à cette endurance ! Veuillez agréer mes sentiments affectionnés et respectueux in Christo,

fr. M. J. Lagrange

[en marge]
Naturellement si vous vouliez bien vous charger de tout l’ouvrage, ce serait encore mieux et me rendrait libre. Voyez si cela vous dit.
En ce moment, je revise s. Marc : j’ai souvent cité la chaîne de Victor d’Antioche. Puis-je m’en tenir à ce que dit Bardenhewer [9] ? Naturellement vous auriez à faire le chapitre des Pères [10].

Lettre n° 2
Jérusalem, le 15 avril 1928

Cher Monsieur

Combien j’ai été touché de votre réponse ! Mais j’appréhendais surtout pour votre santé et c’est la mienne qui flanche. À peine vous avais-je écrit que des ennuis du foie me font entrevoir l’impossibilité de rien entreprendre de longtemps, et comme je n’ai pas le temps devant moi… Enfin, si cela s’arrangeait, je vous écrirais un plan détaillé [11]. Il faut qu’il existe une nomenclature de tous les mss, mais ce n’est pas du tout mon dessein de vous y lancer [12]. Ce serait une vie. On dit que les Anglais travaillent à un nouveau Tischendorf [13]. J’avais rêvé d’un manuel, ouvrage d’art par le choix des traits expressifs, de science par la qualité des renseignements… Tout est à l’eau pour moi pour le moment, mais l’œuvre revivra peut-être en vous. En tout cas je ne la proposerai à nul autre.
J’ai remis votre mot au P. Vincent au moment où il partait pour visiter quelques chantiers de fouilles en Syrie. Sa vie est un paradoxe !
Veuillez agréer, Cher Monsieur, l’expression de mon respect et de mon attachement in Christo,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 3
Jérusalem, le 9 janvier 1929

Cher Monsieur

Je n’en finirais pas à vouloir vous expliquer pourquoi je ne vous ai pas écrit. Vous-même m’aviez dit que cela ne pressait pas, et je n’étais pas en état de vous faire une proposition nette. Maintenant encore… L’avenir ne nous appartient jamais, et surtout à mon âge [14]. Mais enfin je me suis mis au travail, pour voir, et je puis espérer mener à fin le travail pour lequel j’ai sollicité, je sollicite plus que jamais votre précieuse collaboration. Je serais par trop indiscret de vous rappeler vos bonnes paroles ; elles ne vous lient pas, mais d’autre part, je vous assure bien simplement, en toute cordialité que je tiens beaucoup à vous et que je ne puis me passer de votre concours. Parlons donc du partage du travail. Ce point est nécessaire précisément pour vous fixer. Il est très simple, sans aucune amphibologie. Prenez par exemple von Dobschütz : Eberhard Nestle’s Einführung in das Griechische Neue Testament [15], que j’intitulerais : Manuel de critique du texte du N.T. ou Texte et histoire du texte ou…, cela importe moins pour le moment. Vous feriez la description des documents avec les introductions nécessaires, tout ce qui dans Dob. va de la page 77 à la p. 123 ou 125 commençante. Dans ce domaine vous êtes absolument chez vous, ce sera la partie I du livre, qui aura une valeur perpétuelle. La seconde Partie sera l’examen de la valeur des textes… Ainsi sur ℵ vous décrivez le ms. etc., les correcteurs…, mais quel texte représente-t-il vous ne le dites pas. Je m’appui sur toutes vos nomenclatures et je discute le caractère des leçons [16] ? Je suis persuadé que la critique text. Du N.T. surtout de l’Évangile doit faire une large part aux variantes intentionnelles. C’est l’esprit sémitique des écritures. Ce n’est pas l’œuvre de Cicéron qu’il faut laisser intacte, c’est χατα Μαρχον qu’il faut avoir complet etc., l’évangile de tout le monde. Naturellement nous tâcherions de marcher d’accord. Je voudrais bien que vous disiez que א a été écrit à Césarée [17] ; mais vous direz uniquement ce qui vous paraît exact et moi aussi. Indépendance absolue. Et c’est vous qui jugerez ce que vous devez faire entrer dans vos pages. Sur ce point cependant il faudrait un accord sur le principe de ne pas refaire les listes de Gregory [18], mais une sélection. Par exemple les onciaux, le groupe 1, le groupe Ferrar [19], quelques autres. Tous les papyrus [20]. Pour les versions, mss anc. latine au complet [21]. Pour la Vg, un choix [22] ; pour les sahid. et boh., peu de détails, renvoi à Horner [23]. Enfin vous verriez : soyez sûr que je serai toujours content. — Avec des photos de ms. Comme bazard : nous partagerions en frères, les frais d’illustration étant exclusivement à ma charge. Il faudrait se décider pour les sigles. Les Allemands semblent s’arrêter à Gregory, 01, etc. [24] et c’est aussi, dit-on, ce que préparent les Anglais pour leur édition. Dites-moi votre avis, je le suivrai.
Nous ferions un volume d’environ 600 pp. À peu près le format de mon Évangile de J.-C., ou si vous préfériez plus ou moins gros ? Si je me porte bien, je puis avoir fini dans un an [25]. J’insiste beaucoup sur les grands B ℵ D A [26], je crois qu’il faut en revenir là. Soden ist zu weinen ! J’attends un mot qui me fasse le plus grand plaisir, mais votre santé avant tout !
Le P. Vincent est à la pension Beau-port à Sanary (Var) ; il va mieux, se dispose à aller à Paris et à revenir ici au printemps. Veuillez me croire tout vôtre en N.S.,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 4
Jérusalem, le 31 janvier 1929

Cher Monsieur Devreesse,

Merci, merci de tout cœur. C’est bien aimable à vous d’attacher votre jeune fortune à ma vieille carcasse : j’ai bien hésité à commettre cette indiscrétion. Mais avec la distinction du travail que vous avez très bien comprise, je pense que si je fais du mauvais travail ou si je viens à manquer, vous ne serez compromis en rien. Mon travail sera conjectural, le vôtre définitif. Peut-être même serons-nous forcés de faire 2 volumes. Vous avez Soden, I Abteilung, moi II Abt. [27]. Si je viens à manquer avant d’avoir fini — je vais avoir 74 ans, je prierai qu’on vous passe tous mes papiers, vous choisiriez ou de prendre toute la charge, ou de choisir un autre collaborateur. Quant au délai de Pâques, c’est bien évident. Ne vous pressez pas. Je ne fais plus que cela parce que le temps me presse, mais vous, non. Vous avez parfaitement saisi ce que je vous demande : beaucoup de cursifs sûrement, fam 1, fam 13, 28, 565, 700 etc. et les sections euth., stich- ou colométrie, enfin tout le 1er vol. de Soden, capitula, prologues etc. [28]. À propos de prologues, je voudrais bien savoir ce que vous pensez de ma charge contre de Bruyne [29] : je crois avoir montré que ses prologues dépendent d’Irénée et non vice versa. Harnack jette feu et flammes pour lui [30], c’est bien évident, c’est Marcion qui a tout fait en Occident pour le N.T. ! — D’ailleurs nous causerons. J’espère vous voir en France cet été. Mais déjà tout est clair : description et histoire des mss, — histoire du texte et témoignage des mss, deux sections complètement différentes, mais je m’appuierai sur vous, tandis que vous ne dépendez pas de moi. La numérotation des cursifs doit être celle de Gregory, mais, pour les onciaux, l’ancien ou le nouveau Gregory ? Le P. Lattey m’écrit qu’il a consulté Burkitt ; réponse vague : a corrected Gregory [31].
Vous avez compris combien j’ai été attéré et douloureusement affecté par la mort de Battifol [32]. Il m’avait écrit le 26 déc. Je n’ai jamais pensé lui survivre. Je lui avais renvoyé toutes ses lettres pour qu’elles ne soient pas lues par d’autres…
J’ai écrit un article pour le Correspondant [33], mais il est à Rome. En sortira-t-il ? Je suis peiné de votre pessimisme sur les études, car vous devez être documenté. Amitiés à Mgr Tisserand, mon respect à Mgr Mercati [34]. Vôtre in Christo,

fr. M. J. Lagrange

[en marge]
Il m’arrive d’écrire moins mal ; j’ai les doigts gelés. Précaution oratoire pour le cas où je vous donnerais des mss à lire ! J’ai fait votre commission au P. Dhorme, sans lui dire le motif soupçonné de votre carence [35]. Mais peut-être au contraire trouverez-vous un art. sur les mss.

Lettre n° 5
École de théologie, St-Maximin (Var) [36]
Jérusalem, le 31 janvier 1929

Cher Monsieur,
Quand Mgr Tisserant est passé ici, nous avons parlé de notre entreprise, je n’en parle à personne, mais je le savais au courant. Il m’a dit que je pouvais espérer vous voir en France. J’en serais bien aise. Depuis mon départ de Jérusalem je n’ai plus travaillé à la critique textuelle. Avez-vous de votre côté déblayé le terrain ? Je vous envoie une épreuve d’un article qui paraîtra plus tard dans la Rev. bibl. [37]. Je vous serais obligé de me dire ce que vous en pensez, car je tiens beaucoup à votre sentiment. Je suis ici jusqu’au 10 juillet environ. Si vous venez en France, quand sera-ce ? Et dans quel lieu pourrais-je vous rencontrer de façon à ne pas vous déranger ? Il va sans dire que nous serions heureux de vous prier d’agréer une hospitalité monastique ultra frugale, Mgr Tisserant vous en dira des nouvelles. Enfin je ferai de mon côté l’impossible.
Veuillez en attendant agréer l’expression de mon respect en N.-S. et de mes sentiments affectionnés,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 6
St-Maximin, Var, 5 juin 1929

Non, ne venez pas faire une retraite à St-Maximin, vous y seriez trop mal nourri, et ce serait néfaste en juillet. Mais pour deux ou trois jours, c’est tolérable. Je vais le 14 juillet ou le 15 ou dès le 12, mais donc pas avant, à Roybon en Isère [38], où nous serions beaucoup mieux comme climat ; venez donc si cela vous dérange moins, et si oui, je vous indiquerai l’itinéraire : c’est assez compliqué, et je crains de ne pouvoir vous offrir une chambre convenable : mon beau-frère a une famille très nombreuse, enfants et petits-enfants, trente personnes ! Veuillez me dire ce que vous pensez… Veuillez aussi me dire si vous accepteriez de dire, dans un délai assez rapproché, 75 messes — c’est-à-dire en commençant ces jours-ci. Si oui, je vous remettrai au passage ou vous enverrai 75 dollars.
Je suis ravi que vous voyiez clair dans Euthalius [39] : c’est prendre le taureau par les cornes, car c’est une question bien difficile.
À bientôt, j’espère, et veuillez agréer mes sentiments les plus affectionnés in Christo,

fr. M. J. Lagrange

Assez bonnes nouvelles du P. Vincent. Il pratique héroïquement le far niente jusqu’à présent.

Lettre (carte) n° 6 bis
13 juin 1929. St-Maximin (Var)

Cher Monsieur,

Donc à St-Maximin vers le 10 juillet au plus tard ; c’est là que nous serons le mieux ; au moins nous aurons quelques livres. Commencez quand vous pourrez ; naturellement le plus tôt sera le mieux, mais vous pourrez interrompre ad libitum.
Avec respect in Christo,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 7
2 juillet 1929
St-Maximin

Cher Monsieur,

Je reçois votre lettre du 29. C’est parfait. Si je comprends bien, vous partez de Rome à 17,25 samedi pour être à Carnoules dimanche à 15,21.
N’oubliez pas de descendre à Carnoules. Vous en repartez à 18,17, pour être à St-Maximin à 19,24. Je vous attendrai à la gare. Si je me suis trompé, et si par conséquent je ne suis pas à la gare, prenez l’omnibus et faites-vous conduire au couvent où vous êtes attendu. Gare la cuisine monastique, mais enfin nous aurons tout notre temps pour causer et quelques livres. Si cela vous agrée, nous pourrons partir ensemble le 10 : je vais dans la direction de Marseille pour Lyon.
À bientôt ! et déjà merci de tout cœur !

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 8
Jérusalem, 4 oct. 1929

Cher Monsieur et ami,

J’ai appris hier par le P. Louis [40] que vous êtes rentré à Rome. Je n’aurais pas voulu troubler vos vacances par les importunités dont il me faut maintenant vous entretenir.
1) Le Tatien arabe (du Cardinal Ciasca) est épuisé [41]. Le P. Tonneau [42] a l’idée d’en faire une réédition, avec l’aide du P. Marmadji [43], arabisant de premier ordre, mais en revoyant les manuscrits. Lui serait-il permis d’obtenir des photos des deux mss de Rome, de façon à éditer le texte arabe avec une traduction française et des notes ? Il se peut qu’on se réserve à Rome de faire ce travail ; alors nous n’y songerions plus. Même si un autre était en pourparlers pour cela. Si au contraire le champ était tout à fait libre, vous serait-il possible de me dire à combien (à peu près) reviendraient ces photographies, et à qui le P. Tonneau devrait s’adresser pour les faire exécuter ?
2) Mon séjour en France s’est terminé par une crise de tachycardie, selon moi bénigne, mais qui a inquiété mon entourage. J’en ai eu une autre ici. Je crains bien de ne pouvoir faire face à mes engagements et d’être pour vous un bien piètre collaborateur. J’hésitais à vous le dire, quand il m’est venu à la pensée que peut-être dom Wilmart [44] accepterait de faire ma part — si vous ne voulez pas vous en charger, — et qu’il serait agréé de vous. Je mettrais bien volontiers à sa disposition mon travail sur les mss grecs, qui est tout ce que j’ai de présentable. Je vous demande de me dire votre avis en toute simplicité. Si vous avez le courage de tout faire, c’est parfait. Si vous agréez dom Wilmart à ma place, je lui ferai l’invitation, ou vous pourriez dès à présent le sonder. Autrement je m’efforcerai de me remettre aussitôt à la tâche. Je ne vous parle pas ainsi pour obtenir de vous une insistance qui me flatterait assurément, mais nous n’en sommes pas là. Je vous demande de me répondre avec la même simplicité que je vous consulte.
3) Je vous rappelle, mais sans prétendre être importun, les encouragements que vous avez donnés au fr. Hyacinthe Laurent [45] de St-Maximin. Loin de moi la pensée de vous dérober un temps précieux : c’est bien assez de celui que je vous prends.
Comme vous pouvez penser, nous avons été très heureux de la nomination du Rme Père Gillet [46]. Au printemps il nous a témoigné ici de beaucoup de sympathie. Les journaux disent que le St-Père a été très heureux de ce choix…
Veuillez agréer mes sentiments de respect et d’affection,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Veuillez présenter mon souvenir le plus affectionné à Mgr Tisserant, et mon respect. Il n’y a de ma part aucune difficulté à ce que vous lui parliez de cette lettre.

Lettre n° 9
Jérusalem, 8 déc. [1929]

Cher Monsieur et ami,

J’attendais en effet votre réponse avec beaucoup d’impatience, craignant de vous avoir découragé et même peiné. Grâce à Dieu il n’en est rien. Voici quel est mon état de santé, dont le P. Dhorme n’est pas, je crois, très bien informé. Les muscles du cœur se sont usés, comme un vieux caoutchouc qui n’a plus d’élasticité ; alors ils ne font pas leur service à certains moments. D’où les crises. Le reste du temps, je vais bien, mais naturellement le surmenage amènerait de graves complications.
D’autre part, vivre sans rien faire, est-ce contentement ? Enfin pour tout vous dire, je me suis laissé entraîner à St-Maximin à des cours sur l’Introduction historique au N.T., et il m’a semblé qu’on pouvait faire un Schürer encore assez original [47], ce qui convient mieux à mon tempérament et à ma capacité actuelle de travail, que la critique textuelle si ardue. D’autre part, vous me mettez à l’aise en me disant que vous ne renoncez pas, mais qu’il vous faut beaucoup de temps, des années. Je vous approuve fort, mais cela m’ôte l’espérance d’arriver à prolonger jusqu’à cette époque. De sorte que je vais suivre votre conseil. Mettre au net ce que j’ai fait sur les mss grecs de l’évangile et sur les versions syriennes, sans renoncer à mon autre travail, qui est surtout de rédaction. Puis je me mettrai aux versions latines, si dom Wilmart ne voulait pas s’en charger. Il me semble que de toute façon le mieux serait de l’informer de ma pensée et de mon désir de l’associer à notre œuvre, pour prendre ma place le cas échéant. Je proposerai au P. Dhorme un article (juillet) [48] qui serait un programme de mes critères pour le choix de la bonne leçon. Je vous prie de remettre ce mot à André W. à qui je dois une réponse.
Je n’ai rien lu de plus agréable sur les 3 chapitres ni de plus pénétrant qu’un article de Mgr Duchesne dans la Revue des questions historiques avant 1890 je pense [49]. C’est, comme vous savez, après cela qu’il a renoncé à ce genre d’études pour lequel vous êtes évidemment fait, comme le prouvent vos articles de la Revue de Kain [50].
Quant au Josèphe slave, je n’y vois que des additions apocryphes, comme les citations d’apocryphes dans le texte roumain. J’ai fait une note sur Reinach pour la RB de janvier [51], car Eisler est un fouillis qu’on ne sait par quel bout aborder. Il nous le fait payer plus de 600 francs et se plaint qu’on ne le recense pas !
Vu la saison, je vous souhaite une bonne fête de Noël et un bon capo d’anno. J’avais espéré voir Mgr Tisserant à son retour : il paraît qu’il doit rentrer directement [52] ! Je suis, cher Monsieur et bon ami, avec respect et attachement, tout vôtre in Christo,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 10
Jérusalem, 6 janvier 1930

Cher Monsieur Devreesse,

Je suis bien touché de votre bonne lettre. C’est à moi à faire des vœux pour votre santé, puisque vous ferez un travail excellent, tandis que de toute façon je ne puis plus faire grand chose.
Le P. Dhorme ne me parle jamais de la RB. J’ai donc dû faire effort sur moi-même pour lui demander à lire votre article [53]. Je l’ai fait, puisque vous me l’avez demandé. Il me l’a donné et je l’ai lu aussitôt. Il est très clair, et démonstratif pour ceux qui prendront la peine de lire tout ce grec et ce latin attentivement. Ils seront peu nombreux, et déjà sur ce point, je crois que vous feriez bien de mettre des gloses, sinon de traduire tout le grec. D’autre part, il est encore plus important de ne pas mettre au courant les incompétents qui prendront feu. Si j’ai bien compris, votre article comprend deux parties. La seconde qui est surtout contre Vosté [54] n’a absolument rien de reprochable. Qu’Icho’ad ait été plus nestorien que Théodore, cela ne peut gêner personne — que le P. Vosté. Mais aussitôt que le Constitutum de Vigile et le 5e concile entrent en cause, cela peut devenir très grave. Je vous ai déjà dit ce qui est arrivé à Mgr Duchesne. D’autant que le P. Vosté ne supportera pas cela avec sérénité. Je crois devoir vous dire, par affection, et puisque vous le désirez, de ne pas publier sans en avoir parlé à des personnes qui sonderaient même le S. Père. Cela va jusque-là. Évidemment la vérité a ses droits. Vous me direz que moi-même je n’ai pas craint de me compromettre [55]. Mais sur des questions agitées où il y allait de l’honneur de l’Église et du salut de beaucoup de personnes qui étaient inquiètes, troublées. Le pauvre Théodore peut attendre, d’autant qu’il doit bien pourtant y avoir des côtés faibles. J’ai trouvé que Vosté l’avait malmené injustement. Je voudrais lui rendre justice, en évitant de mettre en cause le St-Siège. Je sais bien que les raisonnements des bulles dogmatiques ne sont pas infaillibles (Unam Sanctam !) [56], mais que de personnes pour vous attaquer, travestir votre pensée, si une fois on vous soupçonne d’être un érudit qui va droit devant lui sans prendre garde. Vous me trouverez bien opportuniste. Je dois l’être puisqu’il s’agit — non de moi, mais de vous. Si on m’avait arrêté, il me restait d’être religieux dans un couvent, faisant ce qu’on lui dit de faire. C’était ma profession. Mais vous, que deviendriez-vous ? Maintenant me voilà tragique. Experto crede Roberte.
Enfin tout cela sauf meilleur avis, il me tarde comme à vous qu’on puisse étudier les questions simplement pour découvrir la vérité, qui ne peut être contraire à ce qu’enseigne l’Église. Mais beaucoup veulent qu’on ne dise rien que ce qui va directement à l’édification, sans prendre garde que ce qui édifie le plus, ce qui est le propre de l’Église, c’est de rechercher toute la vérité. Donc assurez-vous.
Et que Notre-Seigneur vous inspire et vous assiste ; je le lui demande du fond du cœur, avec la vive affection que j’ai pour votre caractère,

fr. M. J. Lagrange

Le P. Vincent va pas trop mal ; nous parlons de vous dans les mêmes sentiments. — J’ai simplement dit au P. Dhorme que votre article était délicat, et qu’en tout cas mieux vaudrait ne pas l’intituler Pro Théodoro [57].

Lettre n° 11
Jérusalem, 7 mars 1930

Cher Monsieur,

J’ai trouvé votre lettre en revenant du Caire ; un mot seulement pour vous dire que j’en suis bien touché. J’aurais été désolé que mes réflexions, tout affectueuses, vous aient paru un obstat pour votre article. Comme il était à prévoir, le P. Vosté s’est récusé. Le P. Dhorme, auquel j’ai dit le soin que vous avez pris de faire quelques atténuations, m’a dit que le Rme Père Général l’autorise à choisir deux recenseurs qui s’entendront avec vous. Peut-être vous en écrit-il. En tout cas ce que je vous en dis est confidentiel, même avec lui.
Le P. Vincent va assez bien, mais sans doute devrait se reposer davantage. Enfin il faut lui savoir gré de ses efforts. Si vous pouvez améliorer votre santé par une petite opération, n’hésitez pas. Je dois tant à la chirurgie [58] que je lui fais de la réclame. Mais il faut bien choisir l’opérateur et la clinique !
Merci aussi de ce que vous me dites à propos du Josèphe Slave : vraiment je crois que ce sont des additions bien peu recommandables. Il importe que nous, catholiques, n’acceptions pas cette perche pour faire de l’apologétique mal venue : quant au nouveau système, Credat Iudaeus Apella [59]. Je n’ai pas voulu le dire par charité, mais c’est étonnant comme les Juifs sont crédules quand ils se croient incrédules.
Avec le plan affectueux respect in Christo,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 12
Jérusalem, 29 déc. 1931

Cher Monsieur,

Le P. Vincent me dit tout ce que votre lettre lui dit d’affectueux pour moi. J’y suis d’autant plus sensible que je suis plus meurtri par cette défection [60]. Il a fallu confier la Revue bibl. au P. Vincent, auquel je l’aurais remise depuis longtemps si je n’avais craint d’épuiser ses forces — et de fait il a bien failli succomber. Il va mieux maintenant, compte beaucoup sur vous, et je vous suis très reconnaissant d’être disposé à l’aider. Il me parle aussi des coquilles du Judaïsme [61] : nous avions lu tous les deux, mais il y a toujours des choses qui échappent. Je vous serais obligé de me passer votre liste quand vous enverrez quelque article, car rien ne presse, et je ne pressens pas une seconde édition de sitôt : ce tirage est de 3 300. L’ouvrage est bien incomplet ; ce n’est pas un Schürer, je l’ai assez dit ; mais en France nous avons besoin d’être d’abord attirés par le sujet, et je n’ai plus la résistance suffisante pour le travail, sans parler de la répugnance de Gabalda quand il entrevoit deux volumes : et il en eût fallu trois ! J’apprends avec peine que vous avez des inquiétudes pour Madame votre mère : cela dépasse tout ! Quelle angoisse doit être la vôtre ! Je m’unis de tout cœur à vos prières. Et notre grand projet ? Me voilà au bout de mon rouleau… je n’ai plus d’espérance que de suffire à une tâche quotidienne.
Très affectueusement vôtre in Christo Jesu,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 13
Jérusalem, 15 mars 1932

Cher Monsieur Devreesse,

Quand votre lettre du 1er février est arrivée à Jérusalem, j’allais entrer à l’hôpital des sœurs de St-Joseph, après avoir été à celui des sœurs de St-Vincent à Ismaïliah. Mais cette fois c’était assez sérieux, du moins on me l’a dit après coup. Dans ma prostration je ne me doutais de rien. Cela pour vous expliquer pourquoi je ne vous ai pas répondu plus tôt. C’est à peine si je commence à écrire quelques lettres.
J’ai été vraiment touché de votre application à lire ce Judaïsme. Votre longue liste d’erratas m’a couvert de confusion. Vous avez vraiment des yeux de lynx en même temps qu’un cœur d’ami. Je ne distingue presque plus un esprit grec d’un accent…, d’autant que Gabalda nous donnait un papier d’épreuves détestable. Le P. Vincent avait aussi lu les épreuves. Vraiment vous êtes un chasseur extraordinaire, disons un pêcheur de coquilles. Malheureusement je doute que vos corrections, que j’ai soigneusement notées [62], servent au public. Le livre est si cher qu’il ne se vendra pas. Tout le monde me le dit.
Vous avez été si gentil que je ne puis vous refuser une photographie que je ne donne à personne, et j’ai réussi jusqu’à présent à ce qu’elle ne paraisse nulle part. Aussi je vous demande de ne pas la montrer : c’est l’œuvre du P. Savignac, dans le but d’avoir un passeport, car je ne m’adresse jamais aux professionnels. Aussi n’est-elle pas très bonne ; mais je n’ai rien de mieux.
On m’a fait bien attendre le petit livre sur Loisy [63], je pense qu’il paraîtra enfin en mai. Il n’est pas dans le ton du P. Lebreton (Études) [64] qui me paraît bien indulgent. Il ne faut pas que la charité remplace la justice.

Et voilà qu’on parle maintenant d’un renouvellement de la critique textuelle des évangiles [65]! Je me sens maintenant trop usé pour rien entreprendre. Je tâcherai seulement de me mettre au courant [66].
Je bénis Dieu de l’amélioration de la santé de Madame votre mère.
Je voudrais savoir — à l’occasion — si vous ne me trouvez pas trop fou de soutenir mordicus que Rabboula n’a pas changé d’avis du tout au tout sur Théodore et Nestorius. Je tiens ses signatures sur les actes antiochiens pour des faux, absolument contraires à sa psychologie et au texte de sa vie, qui mérite plus de crédit que ne prétend le P. Peeters [67]. Même Ibas l’accuse seulement d’avoir manifesté seulement après la mort de Théodore ses vrais sentiments. Que n’aurait-il pas dit du tyran s’il avait fait une pareille volte-face, si complète, sitôt agréée de Cyrille etc. ?
Veuillez agréer, cher Monsieur Devreesse, mes sentiments très affectionnés et respectueux en N.S.

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr. [68]

Lettre n° 14
Jérusalem, 29 avril 1933

Cher Monsieur,

J’ai eu de vos nouvelles par le P. Vincent. J’ai su que vous avez eu le malheur, immense, irréparable, de perdre votre bonne mère. J’ai pris une vive part à votre douleur, et cependant je ne vous ai pas écrit… Mon activité diminue beaucoup, et pourtant je m’obstine à faire encore bien des choses, de sorte que je n’aboutis à rien de satisfaisant.
J’aurais volontiers renoncé à ces études de critique textuelle pour lesquelles je ne me suis jamais cru fait, faute de précision et de stabilité inflexible dans les annotations [69]. Puis les nécessités de l’École m’y ont ramené [70]. Enfin, à mon âge ! Je travaille une introduction au N.T. J’ai déjà fait, et c’est imprimé en premières épreuves, une histoire ancienne du Canon (150 pages de notre grand format des Études bibliques) [71]. Je voudrais y joindre des principes de critique textuelle, et j’ai à peu près terminé ce qui regarde les mss grecs, sauf à ne rien publier avant l’apparition des papyrus Beatty, entre les mains de Kenyon (qui a été contrarié par le propriétaire) et qui n’aura guère lieu avant l’automne [72]. Je me fais conscience de vous lancer dans une grosse collaboration, avec description des manuscrits, énumération des cursifs etc., puisque cela ne servirait à rien aux étudiants et se trouve dans Gregory [73]. Je m’en tiens à la critique rationnelle, c’est-à-dire que le travail des critiques étant supposé, c’est-à-dire la distinction des trois recensions que je nomme (pour les évangiles) B D A d’après les mss B D A, plus le groupe dit Césaréen, je cherche à déterminer rationnellement quelle est la meilleure, et pratiquement quel ms. offre le plus de garantie (Bédier) [74]. Il me semble qu’on doit aboutir. Seulement je n’ai pas la compétence ni la méthode pour une petite esquisse de paléographie avec histoire de la présentation des textes grecs, et c’est pour cela que je voudrais avoir recours à votre obligeance : quelques pages sur la matière résumée dans Jacquier, le texte du N.T., de la p. 9 à la page 64 [75]. Avec notre grand format il suffirait probablement de 30 à 40 pages, car je ne vise pas les spécialistes, mais les étudiants. Dans Balestri, Introd., p. 113-119 [76]. Naturellement rien ne presse, puisque j’attends la publication Beatty. Ce serait pour vous un petit pensum infligé par l’amitié, dont vous seriez bien aise de vous débarrasser pour vaquer à des travaux plus intéressants. Je me fais scrupule de vous déranger de ces travaux, que, vous le savez, j’apprécie à leur valeur qui est très grande. De sorte que si vraiment vous n’avez pas le temps de vous mettre à cette petite besogne, je n’insisterais pas. Je vous parle en toute simplicité, veuillez me témoigner le même abandon.
J’ai été bien content de ce volume du P. Balestri, non pas qu’il soit up to date, mais parce qu’il a parlé en honnête homme, ce qui devient bien rare.
Le P. Vincent ne va pas mal, du moins il le dit ; j’espère qu’il tiendra jusqu’à son voyage en France où je ne l’accompagnerai pas.
Veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de mon attachement très profond en N.S. et de mon respect.

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 15
Jérusalem, 27 mai 1933

Cher Monsieur Devreesse,

Je ne puis vous dire combien j’ai été touché de votre lettre, qui montre tant d’empressement à m’aider, et surtout de l’affection qui est le mobile de tout. J’en bénis Dieu. Mais je ne veux pas être un coactor et vous empêcher d’achever les travaux commencés : c’est ensuite très difficile de s’y remettre. Voici mon plan, comme temps. Si Dieu me prête vie, je vais achever ce qui regarde les versions. Pour les textes [77] je suis tenu en échec par les papyrus Beatty-Kenyon, mais ils vont paraître dans un mois [78]. De sorte que, vita comite [79], je puis espérer arriver au bout au début de l’année prochaine [80]. Pendant qu’on m’imprimera, vous auriez encore le temps de faire votre partie, quoique Gabalda tienne beaucoup à avoir tout en main avant d’aller chez l’imprimeur. Je ne puis malheureusement pas vous envoyer de l’imprimé, je n’ai pas une ligne, et il m’en coûterait de vous envoyer mon ms. dont je vais toujours me servir, sans parler des chances de perte. Pour ce que je vous demande, c’est très exactement ce qu’il y a dans Jacquier, p. 9-60 [81]. Ses schèmes sont assez bien tracés, mais vous saurez y mettre autre chose. Il n’y aurait pas d’inconvénient à mettre le double ou le triple. Je reproduis dans un papier à part cette table des matières.
Je suis très heureux que vous approuviez ce Muratori : je ne tiens pas du tout à ce qu’Hippolyte ait été l’auteur, mais plutôt à l’interprétation un peu audacieuse, avec remaniements [82]. Le P. Vincent m’a montré votre bel article sur Eusèbe-Isaïe, ou plutôt Isaïe dans Eusèbe [83]. Avec quelle perspicacité vous décortiquez tous ces petits morceaux ! Voilà de la critique. J’espère bien que vous verrez ce cher Père, qui vous aime beaucoup, et je voudrais le presser dans ce dessein. Mais nous différons en cela qu’il n’est jamais pressé !
Veuillez croire à ma gratitude et à mon attachement respectueux en N. S.,

fr. M. J. Lagrange

Je vous recommande et à Mgr Tisserant, le P. Marmardji, excellent arabisant qui désire beaucoup étudier les mss arabes du Diatessaron [84].

Notions préliminaires : Vous [85]

Matériaux, ostraca, papyrus, parchemin, palimpsestes, papier.
Instruments pour écrire.
Formes des mss, rouleaux et codices (depuis quand ?)
Formes des lettres…
Paragraphes, ponctuation, esprits etc.
Stichométrie, colométrie…
Correction.
Anciennes divisions, Prologues, sommaires, capitula, titres, sections eusébiennes, euthaliennes ( !), chapitres, versets, ordre des livres du N.T.
images [86]
__________________

Ensuite je parle du choix des variantes.

Le développement de la critique textuelle depuis l’imprimerie, le texte reçu.
La situation actuelle et la méthode à suivre.
Section 1e : les Évangiles.
Ch. 1er : les mss grecs.
§ 1er : le discernement rationnel des bonnes leçons [87].
§ 2 : application au type D d’après le ms. D.
§ 3 : application au type B d’après B et ℵ.
§ 4 : le type A, d’après A.

Type Césaréen ?
[Ch. II :] Versions syriaques, versions latines, versions coptes etc.
2e Section : le reste du N. T.
Je vous envoie un premier jet du § sur la méthode à suivre [88].
1° je vous serais très reconnaissant de me donner votre avis.
2° je ne voudrais pas vous atteler à un ouvrage dont vous n’approuveriez pas la méthode.

Lettre n° 16
Jérusalem, 24 juillet 1933

Cher Monsieur et bon ami,

Je ne puis vous dire combien votre sympathie me réconforte. Sans votre collaboration j’aurais renoncé à une tâche qui a toujours dépassé mes aptitudes, et maintenant surtout mes forces. Merci du brouillon que vous m’avez renvoyé. Le P. Vincent me l’a demandé pour la Revue biblique. Alors je l’ai refait, et l’article paraîtra en octobre [89]. Le P. Vincent est parti hier matin. Sûrement vous pourrez le rencontrer. Il sera à Paris en septembre et en août dans la région lyonnaise. Je vais tâcher de répondre à vos questions. Tout ce que vous me dites répond bien à mon désir. Il n’y a que la question d’ordre. Il me semble que ce qui est général doit être rangé dans un chapitre à part. Au contraire la description des grands mss et des familles 1 et 13, des papyrus Beatty me paraîtrait avoir sa place chacune avant mon étude sur le caractère intrinsèque du ms. Je me borne aux principaux B ℵ D A C Θ W, quelques cursifs, fam. 1 et 13…, pour les papyrus la même chose, si ce n’est que peut-être la notice extérieure étant empruntée aux éditeurs sera très courte. Je voudrais même, comme échantillons, en traduire quelques-uns [90] : c’est de ceux-là seulement qu’il y aurait lieu de faire une petite notice, car je ne veux pas vous demander de refaire Gregory. Les sections ammoniennes, eusébiennes et euthaliennes, oui, et je serai heureux de vous lire, car je n’ai jamais su que penser d’Ammonius ni d’Euthalius [91]. Mais il est entendu que vous vous bornez au grec. Les versions sont vraiment beaucoup moins importantes que les textes [92] ; du moins nous ne pouvons pas tout dire !
J’ai enfin reçu les papyrus Beatty, et c’est pour cela que je ne vous ai pas répondu plus tôt. Je voulais vous dire ma première idée. Elle est déjà très nette. Peut-être quelques rares leçons à adopter, très rares. Le texte n’est pas très bon. Preuve : la recherche de l’élégance et des harmonisations. Malheureusement les passages les plus caractéristiques font défaut. Mais enfin ma confiance en B ℵ n’est pas ébranlée [93]. Le P. Merk est au moins aussi décidé pour B ! Mais son apparat est bien difficile à manier. C’est du Soden camouflé, donc encore plus inintelligible [94].
Couchoud a voulu montrer qu’il n’était pas un amateur et savait manier les textes [95] . Débauches de conjonctures pour remplacer les textes authentiques un peu obscurs, et dépourvus de cette banalité qu’il leur rend très arbitrairement. Je crois bien que le regretté Turner [96] n’aurait pas accepté cette marchandise. Burkitt [97] peut-être , pour s’amuser.
Je n’ai pas lu l’article sur Mgr Mignot. M. de Lacger [98] m’avait parlé de son intention, et je l’avais mis en garde contre le dessein de présenter Mgr Mignot comme un des maîtres du temps. Il a été bon pour Loisy jusqu’au bout, et le sire l’a payé de sa monnaie ! [99].
Je n’ai pas votre adresse en France. Je pense qu’on fera suivre de Rome.
Veuillez croire à ma gratitude tout à fait cordiale ; vous me comblez, et j’y suis sensible.
Je suis en N. S. vôtre, avec respect et attachement,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 17
Jérusalem, fête de St-Jérôme 33

Cher Monsieur et bon ami,

Comme vous êtes aimable de me signaler mes bévues dans ce Canon [100]. J’écris les 8 comme les 6, de là la principale erreur. Et ensuite je n’y fais plus assez attention. Ma vue baisse, et je ferais beaucoup mieux de me reposer. Mais les mauvaises habitudes, à mon âge, sont indéracinables ! Je travaille donc péniblement à cette critique textuelle qui exigerait des forces jeunes, quoique mon but soit surtout de fixer des principes. Seulement j’ai scrupule de vous attacher, si plein de vie, à un cadavre, pour dire le mot qui conviendra bientôt à mon livre. Et d’autre part il grossit… L’idée m’est venue qu’il serait absurde de ma part de vous restreindre et de vous presser, de lier votre fortune trop étroitement à la mienne. Mais je ne vous lâche pas pour autant ! Au contraire. Voici. Vous feriez un premier volume : Description des manuscrits, largement, tout à votre aise. Le volume second serait : Critique textuelle rationnelle. Si le mien tombe, le vôtre restera debout. Il n’y a aucun inconvénient à ce que le second volume paraisse le premier, peut-être au contraire ! Si tout va bien, je pourrais être prêt au printemps ou à l’été [101]. Si vous êtes prêt aussi, ce serait parfait, car les deux domaines sont absolument distincts. Seulement puisque vous me faites l’honneur de me lire avec des yeux si clairs, je vous demande dès à présent de me lire avant la publication, c’est-à-dire en bonnes feuilles pour nettoyer mon texte [102]. En même temps vous arrêteriez vos dernières dispositions. Je ne pense pas que vous puissiez, avec votre caractère si droit, vous méprendre sur la droiture de ma proposition. Ce que je vous demande n’est pas de faire moins, mais de faire plus. C’est plutôt une indiscrétion qu’une reculade. Je n’en aurai pas moins l’avantage de voir votre nom lié au mien très étroitement. Et cependant le vôtre aura la part qui lui est due, qui ne saurait être subordonnée.
J’ai écrit de nouveau le projet, qui doit paraître dans la RB d’octobre [103].
J’ajoute un petit mot sur Rabboula. J’ai peut-être un faible pour le biographe [104]. C’est la première pièce syriaque que j’ai traduite — et la seule — et j’ai dû le défendre dans la RB contre le P. Peeters qui le mettait dans son tort en faisant un contresens. Mais enfin Rabboula était un caractère très trempé. Le « tyran » d’Édesse n’était pas homme à changer d’avis sur Nestorius. Il est arrivé en retard, étant plus éloigné. On l’a fait signer sans lui… Il était du patriarcat d’Antioche et alors les évêques marchaient comme des moutons, ceux de Jean comme ceux de Cyrille. Ensuite on lui a reproché sa prétendue défection. Si c’était lui qui avait signé, on lui aurait parlé autrement. Enfin j’ai tort de vous répéter ce que j’ai mis dans ma note sur Peeters RB 1931, p. 120 ss, n’ayant rien à y ajouter.
Merci encore, cher bon ami, ne travaillez pas au-delà de vos forces, vous pouvez faire de si belles choses en y mettant le temps !
Votre très affectionné et avec respect en N.S.,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 19 [105]
Jérusalem, 4 janvier 1935

Cher Monsieur et ami,

Il y a bien longtemps que je désire vous écrire, naturellement pour vous demander un service : c’est toujours ainsi parce que vous êtes trop obligeant. Notre critique textuelle avance, cahin-caha. Enfin j’ai déjà revu une centaine de pages de la 2e épreuve. Elle est en trop mauvais état encore pour que je vous l’envoie.
Mais si vous aviez la bonté de revoir la troisième ? [106] C’est une terrible corvée et un ennui que je vous propose d’endurer pour l’amour de Dieu, comme on disait si bien autrefois. M. Gabalda vous l’enverrait, et vous voudriez bien me l’envoyer à Jérusalem avec vos corrections, non seulement des coquilles, mais de tout ce qui vous paraîtra reprochable. Vous verrez ce que je dis dans l’Avant-propos de notre collaboration [107]. J’ai dû empiéter un peu sur votre part en donnant le strict nécessaire sur les grands manuscrits. Vous en feriez néanmoins la description technique et veuillez corriger ce qui ne serait pas exact (ou dit en termes impropres) dans mes notices. Pour ne pas vous importuner trop, vous pourriez ne m’envoyer que par paquets un peu gros, cela ne retardera pas la correction qui devra se faire vite sur un champ un peu étendu. Dites-moi bien franchement votre pensée. Je tiens bien aussi à ce que tous ces envois ne chargent pas votre budget.
J’ai appris avec une grande consolation du P. Vincent qu’après un peu de fatigue vous alliez mieux. Comment ai-je le front de vous prêcher les ménagements quand je vous demande un travail supplémentaire ?
Cependant c’est bien ce que je souhaite pour vous dans cette nouvelle année, ne pas vous éreinter par un travail trop appliqué. J’ai su que vous aviez été content de votre croisière [108] qui ne m’a pas permis de songer à vous voir. D’ailleurs je suis resté au repos tout le temps.
Veuillez agréer, cher Monsieur et très cher ami, l’expression de mon attachement avec mon respect in Christo Jesu,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Ce qui regarde l’arménien et le géorgien dans la critique textuelle est l’œuvre d’un Jésuite tout à fait aimable et complaisant, le P. Lyonnet, de Lyon [109].

Lettre n° 20
Jérusalem, 12 mars 1935

Cher Monsieur et bon ami,

Combien je suis touché de vos bonnes paroles. Elles me sont allées au cœur, et je vous en remercie.
Mais je vous suis encore plus reconnaissant de la peine que vous avez prise avec mon brouillamini. Et j’ai vu avec consternation qu’on ne vous a pas envoyé les pages I-XVI qui donnent la clef des abréviations ! Avec cela il n’y a plus d’équivoques sur le sens de l. ou de p. [110] qui reviennent constamment, mais toujours dans le même sens. Les Gabalda sont d’une bonne volonté touchante, mais Garnier [111] manque bien.
Vous me rendez un service signalé. Je n’ai pas besoin de vous dire que je transporte religieusement toutes vos corrections sur mon épreuve. Pardonnez-moi si ce toutes est un peu exagéré. Si j’avais les mains libres, c’est bien comme vous le dites que je rédigerais ; mais nous sommes à la 3e épreuve, et je ne veux pas faire trop de frais pour un livre indigeste, qui se vendra difficilement. J’avoue aussi que je multiplie moins les virgules qu’autrefois, car souvent ce n’est pas la clarté qui en résulte. J’ai été frappé d’un passage de Sénèque [112], que ce qui est trop coupé finit par être de la poussière.Cependant les cas où je n’ai rien changé sont très, très rares, et parce que je ne trouvais rien qui ne dérangeât pas trop. Je vous parle avec une entière franchise, mais je serais désolé si vous ralentissiez votre zèle amical de correcteur ; j’ai d’ailleurs retouché des passages que vous n’aviez pas souligné. Pour ce qui est de Soden, j’avoue que mon texte est inintelligible ; hélas ! c’est d’après le sien [113]. Je laisse tout cela, y perdant la tête moi-même ; les Allemands eux-mêmes ont condamné ce chaos. Comprendra qui pourra. Je tâcherai seulement de rendre bien sa pensée. Merci, merci, et mille fois merci. Je les laisse composer à leur manière. Pour le moment l’imprimerie semble s’occuper uniquement de la 2e épreuve — p. 388.
Vôtre in Christo,

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 21
Jérusalem, 22 mai 1935

Cher Monsieur Devreesse,

Vraiment vous m’avez comblé en corrigeant mes épreuves avec tant de célérité. Hélas ! il manque encore de 337 à 633 ! J’espère que ce fardeau ne vous pèsera pas trop avant vos vacances. Merci de vos notes ; c’est votre exemplaire que je renverrai à Gabalda : je n’y change donc presque rien. Ce que vous ne jugez pas nécessaire, je ne le mets pas non plus, car à mesure qu’on corrige, ils [114] introduisent d’autres fautes. Je me suis fait une vieille habitude d’écrire Opere laudato et non citato !
Le P. Vincent part de bonne heure cette année, vers le 10 juin. Il sera bien heureux de vous rencontrer en France. Je vous prie de ne pas m’en vouloir si j’ai prié M. Gabalda de vous envoyer 300 frs. pour vos frais de poste ; il va sans dire que vous aurez à votre disposition les exemplaires que vous désirerez. Merci spécialement pour vos notes sur des négligences de style que j’ai corrigées comme j’ai pu. Je veux espérer que l’imperfection de ce second volume ne vous empêchera pas de faire le premier !
Veuillez agréer, cher Monsieur, mon respect en N. S. et mon plus cordial merci,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 22
Jérusalem, 25 juin 1935

Cher Monsieur et bon ami,

Comment vous remercier de votre diligence, dans le sens de l’application et de la célérité ! Votre gros paquet n’est arrivé juste à point, car je n’aurais pu m’en occuper auparavant, ayant été pris d’une forte grippe [115], qui me laissait très affaibli, et la tête tout à fait vide. Il est vrai que je n’avais plus qu’à mettre à l’encre vos corrections au crayon, sur ce stupide papier fongeant ( ?) [116].Je vous remercie de tout, en particulier de l’élimination des météores. Vous les retrouverez dans votre partie. Car, ce qui m’est le plus agréable dans vos bonnes paroles, c’est que vous ne paraissiez pas découragé, à l’idée de vous associer à mon chaos. Que ce soit le plus tôt possible, pour que je le voie ! Comme c’était une 3e épreuve, j’ai fait grâce à Gabalda de quelques virgules et quelques italiques, tout en reconnaissant la supériorité de votre typographie. Mais je suis exaspéré et il faut en finir. J’ai maintenu aussi § Ier , § II, comme on dit Charles Ier, Charles II, selon l’usage français jusqu’à ces derniers temps (que je n’avais pas gardé dans le Judaïsme, mais dans le Canon) [117]. Surtout je ne voulais pas leur demander trop de remaniements. Je vous dis tout, bien convaincu que vous n’en croirez pas moins à ma profonde gratitude.
Bonnes vacances et croyez à mes sentiments respectueux en N. S. et très affectionnés.

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre 23
St-Maximin (Var), 3 janvier 1936

Cher Monseigneur,

En vous faisant envoyer ce mastodonte de la critique rationnelle du N. T., je me proposais d’ajouter : à vous la parole ! Ce serait une grande consolation pour moi de voir le t. II précédé du tome Ier qui lui donnerait de la valeur. J’avoue que ce travail n’a rien de séduisant ; mais je compte sur votre abnégation, et nous voyons tous clairement qu’il sera très utile, et pourra même servir à d’autres élucubrations que les miennes. La base sera, comme souvent, plus solide que l’édifice, d’autant qu’en ce moment il demeure en l’air. Vous rappelez-vous que c’est à St-Maximin que nous avons tiré les grandes lignes [118] ? Peut-être pourrez-vous y venir encore, en rentrant en France pour quelque congé. Ce changement [119] m’a remis la santé… pour un temps, mais quel déchirement, de quitter des collaborateurs fidèles, surtout le Père Vincent…
Quand vous le pourrez, dites-moi que vous êtes en train ; pour les illustrations, elles devront être copieuses [120]. Je pense que Gabalda ne rechignera pas.
J’ai vu tout à coup qu’on vous nommait Monseigneur. Quand avez-vous reçu cette marque d’estime du St-Père… [121] ? je l’ignore et n’ai pu vous féliciter. Je sais d’ailleurs que vous n’éprouvez aucune vanité de cette distinction.
Veuillez agréer mes vœux et mon attachement respectueux en N. S.

fr. M. J. Lagrange

Lettre n° 24
St-Maximin (Var), 4 oct. 1936

Cher Monseigneur,

Vous finiriez par croire que je ne suis pas pressé de vous voir terminer votre volume de critique textuelle. Mais je ne rêve que cela, je ne voudrais pas partir sans l’avoir vu [122] ! Seulement j’ai respecté vos vacances. Je vous suis aussi très reconnaissant d’aider le P. Vincent par vos magnifiques articles, et je ne voudrais pas les interrompre. Surtout j’ai gardé l’impression que vous avez toujours à craindre un retour offensif de vos blessures, et votre santé est trop précieuse à la science ecclésiastique pour que je ne me fasse pas scrupule de la compromettre. Sur ce dernier point notre bon Cardinal Tisserant [123] m’a rassuré, et j’ai été bien heureux d’apprendre que votre santé s’était raffermie. Alors me voilà, coactor importun. Mais combien de belles œuvres doivent leur naissance à une pieuse importunité ! Puis-je espérer que vous trouverez le moyen d’aborder notre critique ? Vous êtes le seul à pouvoir le faire, ce qui ne veut pas dire que c’est un travail facile et qu’on puisse expédier. Mais enfin à vous il est possible, et ce sera un si grand service rendu ! Je vous écris pour vous fléchir le jour du Rosaire. Je ne parle pas des critiques qu’on a faites de ma partie [124]. Rarement — et je suis du métier — j’ai rencontré autant de banalités inoffensives. Dom De Bruyne était mort [125] ! Vogels a été vraiment très convenable [126]. Tout le monde a exprimé le désir de votre entrée en scène. Donc j’espère.
Je suis toujours à St-Maximin, exilé du P. Vincent, et ma santé ne se remet guère : je vais d’anicroche en anicroche. Mais c’est de mon âge ; je tâche de ne point trop ronchonner. Si seulement je pouvais rendre quelques services à notre jeunesse qui est studieuse. Mais après trois années d’Aristote à haute tension [127], qu’en restera-t-il ? Nous sommes non pas moins inquiets de l’avenir. Mais s’il y a une révolution, il faudra bien que le monde saute [128]. Plus de templa serena [129] où se réfugier pour travailler en paix.
Adieu, cher Monseigneur, croyez à mes sentiments respectueux en N. S. et très affectionnés.

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Lettre n° 25
ST-Maximin, 26 [ ?] oct. 1936

Cher Monseigneur,

Votre lettre contient un si magnifique programme, que je n’éprouve aucune amertume à vous rendre votre liberté. Tous ces travaux aboutissant à une histoire capitale, qui nous manque, me remplissent d’espérance. Je serais désolé d’y faire obstacle en vous demandant de vous attacher à un ouvrage beaucoup moins important. Ce que vous méditez, vous seul pouvez le faire. Ce n’est pas sans un regret sensible que je renonce, mais c’est cependant avec une certaine joie, à la pensée du fruit que goûteront de plus jeunes que moi. Je ne puis ambitionner que de m’y associer par mon sacrifice.
Quant à vous remplacer, ce n’est pas aussi facile, et il y faut de la réflexion.D’autant que le P. Lyonnet, qui m’est d’ailleurs très sympathique, sera d’abord absorbé par d’autres tâches [130]. Je vous demande d’y penser, et je vous remercie de l’assistance que vous voulez bien promettre à votre successeur éventuel [131].
Mais allez où la Providence vous appelle sans avoir cette préoccupation d’une charge qui ne rentrerait pas dans vos plans.
Veuillez agréer mes sentiments respectueux en N. S., mais non sans un profond attachement,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Après avoir prononcé mon « Qu’il mourût ! » je raccroche un peu au : « ou qu’un beau désespoir alors le secourût » ! [132] Peut-être vous faudrait-il bien peu de temps — plus tard — pour faire le nécessaire !

Ainsi, de mars 1928 à octobre 1929, Lagrange proposa à Devreesse de rédiger la première partie d’un seul volume de critique textuelle du N.T. ; ce serait un petit traité de paléographie, de papyrologie et de codicologie néotestamentaires. Mais en novembre ou au tout début de décembre 1929, Devreesse prévoit qu’il lui faudra « beaucoup de temps, des années » (Lettre n° 9) et Lagrange accepte.
En avril 1933, celui-ci, qui semble avoir oublié le premier échange de lettres, revient au premier projet de 1928, mais uniquement pour les témoins grecs du N.T. Cette fois, Devreesse accepte de rédiger 30 ou 40 pages. On en est encore là à la fin de juillet 1933.
Mais le 30 septembre 1933, Lagrange propose à Devreesse de s’atteler à un volume entier qui serait logiquement premier par rapport à sa Critique textuelle. II : La critique rationnelle. Devreesse semble bien avoir accepté.
Il accepte aussi, en janvier 1935 de corriger les troisièmes épreuves de la Critique textuelle de Lagrange et il y emploie les six mois suivants. En juin, Devreesse semble toujours d’accord de rédiger le volume demandé. En janvier 1936, sa Critique textuelle ayant paru, Lagrange revient à la charge ; de nouveau en octobre. Mais à la fin de ce même mois, Lagrange comprend que Devreesse a un projet plus vaste, qu’il lui faut renoncer avec grandeur d’âme à la collaboration de son ami et lui laisser le champ libre.

Maurice GILBERT, S. J.
Institut Biblique Pontifical
3 rue Paul-Émile Botta
91004 Jérusalem

P.S. Ce lot de correspondance était sous presse lorsque Mgr P. Canart, scriptor à la Bibliothèque vaticane, eut l’amabilité de me communiquer la photocopie de la lettre suivante écrite sur une demi-feuille à en-tête de l’École Biblique [133] :

Paris, 8 juillet 1932 [134]

Cher Monsieur,

Je ne puis décidément pas quitter Paris avant l’arrivé du P. Général [135], surtout le 12 quand il arrive le 14 !
Regrets de manquer un voyage si agréable avec vous.
Merci encore d’être venu au couvent [136].
Vôtre,

fr. M. J. Lagrange
des fr. pr.

Notes    (↵ returns to text)

  1. Je remercie très cordialement les PP. B. Montagnes, O.P., et I. Venchi, O.P., de m’avoir autorisé, invité même à publier ce lot de lettres conservé aux Archives générales de l’Ordre des prêcheurs, AGOP, XI, 66360, au couvent de Sainte-Sabine à Rome. On ignore comment, et par qui ces lettres y sont arrivées. Jointe au lot, une lettre de P. Benoit, O.P., de l’École biblique, à Devreesse, en date du 22 juillet 1938, – le P. Lagrange était décédé le 10 mars, – prouve que le lot, avait été constitué par Devreesse lui-même ; la numérotation des lettres, dans l’angle supérieur droit de chacune d’elles, semble d’ailleurs être de lui, ainsi que quelques indications : [1929] pour la date de la Lettre n° 9 ; Répondu 17.1.35 pour la Lettre n° 19 ; R. 19 ott., pour la Lettre n° 24. Une lettre qui aurait dû porter le n° 18 manque, fait inexplicable.
  2. Pour la vie et la bibliographie de Devreesse, cf. J. RUYSSCHAERT, « À 50 ans du premier catalogue vatican de Mgr Robert Devreesse. Note bio-bibliographique » dans Miscellanea Bibliothecae Apostolicae Vaticanae, col. I, coll. Studi e Testi, 329, Cité du Vatican, 1987, p. 117-125.
  3. Cf. « Quinze lettres du Père Lagrange au Père Lyonnet : 1933-1938 », éd. M. GILBERT, dans Bib. 71, 1990, p. 280-298.
  4. Paris, Klincksieck, 1954, VIII-347p.
  5. Ce sera le volume d’Introduction à l’étude du Nouveau Testament, Deuxième partie : Critique textuelle, II : La critique rationnelle, par M.-J. LAGRANGE avec la collaboration de ST. LYONNET, coll. Études bibliques, Paris, Gabalda, 1935, XVI-685 p.
  6. E. JACQUIER, Le Nouveau Testament dans l’Église chrétienne, t.2 : Le texte du Nouveau Testament, 2e éd., Paris, Gabalda, 1913, p. 9-115 : Première section : Manuscrits grecs. La Deuxième section concerne les « versions anciennes » et la troisième, les « citations des écrivains ecclésiastiques ». Recension anonyme louangeuse, due au P. Lagrange probablement, dans RB 22, 1913, p. 138-139.
  7. Gn 18, 10 Vg ; cf. Bib 71, 1990, p. 284.
  8. Sur L.-H. Vincent, disciple et confident du P. Lagrange dès les premières années de l’École Biblique, cf. R.T.A. MURPHY, « Arma virumque cano », dans CBQ 17, 1955, p. 233-247. En 1927-1928, dans RB, Vincent publiait entre autres ses articles sur « la troisième enceinte de Jérusalem ».
  9. Sur Victor d’Antioche, cf. G. BARDY, dans le DTC 15, 2, 1950, col. 2872-2874. O. BARDENHEWER, Geschichte der altkirchlichen Literatur, t. IV : Das fünfte Jahrhundert mit Einschluss der syrischen Literatur des vierten Jahrhunderts, Fribourg-en-Br., Herder, 1924, p. 255-257, sur Victor d’Antioche. Dans son commentaire de l’Évangile selon saint Marc de 1911, Lagrange citait déjà Victor d’Antioche à propos de Mc 1, 35 ; 2, 5.10.12 ; 3,2 7 ; 7, 15 ; 9, 4.48 ; 10, 14 ; 11, 13 ; 12, 27.28 ; 13, 2.5.13 ; 14, 21.60. Dans l’édition de 1929, il ajoutera une citation à propos de Mc 1, 38.
  10. Il s’agit, semble-t-il, du texte du N.T. cité par les Pères. Lagrange, Critique textuelle, p. 169-181, ne s’en chargera finalement que pour les évangiles en grec. Devreesse publia, cette même année 1928, son grand article sur les « Chaînes exégétiques grecques », dans le DBS, t. 1, col. 1084-1234.
  11. Cf. le plan proposé cinq ans plus tard en annexe à la Lettre n° 15.
  12. Cf. DEVREESSE, Introduction, p. 145-159.
  13. Ce sera, semble-t-il, les deux volumes seulement de S.C.E. LEGG, Novum Testamentum secundum Textum Westcotto-Hortianum. Evangelium secundum Marcum, Oxford, Clarendon, 1935, et Evangelium secundum Mattheum, ibid., 1940. Cf. la recension de Lagrange au premier volume dans RB 44, 1935, p. 623-624, et sa Critique textuelle, p. 649-652.
  14. Lagrange aura 74 ans le 7 mars.
  15. 4e éd., Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1923, (12)-160 p.
  16. Cf. LAGRANGE, Critique textuelle, p. 90-99. « Sur les rapports mutuels de א B, […] le P. Lagrange me paraît avoir tout ce qu’il est possible d’observer » (DEVREESSE, Introduction, p. 153, n. 2).
  17. C’est la position maintenue dans la Critique textuelle, p. 91-92. Pour Devreesse, Introduction, p. 125, le Sinaiticus « semble égyptien d’origine ».
  18. C. R. GREGORY, Textkritik des Neuen Testaments, 3 vol., Leipzig, 1900-1909. Cf. aussi Die griechischen Handschriften des Neuen Testaments, Leipzig, Hinrichs, 1908 : recension de Lagrange dans RB 18, 1909, p. 303-304.
  19. C’est ce que fit Devreesse dans son Introduction, p. 152-159. Sur le groupe 1 et le groupe Ferrar ou 13, cf. aussi LAGRANGE, Critique textuelle, p. 152-155. Cf. Lettre n° 4.
  20. Liste des papyrus chez LAGRANGE, Critique textuelle, p. XV-XVI, et DEVREESSE, Introduction, p. 145-151.
  21. Liste des mss de la Vetus Latina chez LAGRANGE, Critique textuelle, p. 240-244, 421-423, 488-489, 539-540, 598-601.
  22. Cf. LAGRANGE, Critique textuelle, p. 292-294.
  23. Cf. LAGRANGE, Critique textuelle, p. 317, sur les publications du Rev. Horner.
  24. Cf. LAGRANGE, Critique textuelle, p. XIII-XV.
  25. La Critique textuelle parut à l’automne de 1935 !
  26. Lagrange leur consacra surtout les p. 42-143 de sa Critique textuelle.
  27. H. von SODEN, Die Schriften des Neuen Testaments in ihrer ältesten erreichbaren Textgestalt, I, Abteilung 1-3, Berlin, Duncker, 1902-1910.
  28. Sur les cursifs ou mss minuscules du N.T., cf. DEVREESSE, Introduction, p. 157, qui donne en n. 6 la liste de ceux que Lagrange a étudiés plus particulièrement dans sa Critique textuelle. LAGRANGE, ibid., p. 151-157, a présenté aussi les mss 28, 565 et 700. Sur les sections euthaliennes, la stichométrie, la colométrie et les capitula, cf. DEVREESSE, Introduction, p. 161-171.
  29. Lagrange venait de recenser dans RB 38, 1929, p. 115-121, l’article de D. DE BRUYNE, « Les plus anciens prologues des Évangiles », RBénéd 40, 1928, p. 193-214. Sur les prologues des épîtres pauliniennes, cf. LAGRANGE, « Les prologues prétendus marcionites », dans RB 35, 1926, p. 161-173. DEVREESSE, Introduction, ne dira rien des prologues, sauf erreur de ma part.
  30. Dans la RB 39, 1930, p. 619-621, Lagrange recensa l’étude d’A. von HARNACK, « Die ältesten Evangelien-Prologe und die Bildung des Neuen Testaments », Sitzungber. der Pr. Ak. Der Wissensch. Phil.-Hist. Klasse 24, 1928, p. 322-341.
  31. Cf. Lettre n° 3, n. 5. Sur C.C. Lattey, S. J. (1877-1954), cf. New Catholic Encyclopedia, t. VIII, New York, McGraw-Hill, 1966, p. 527. Sur F. C. Burkitt (1864-1935), cf. LAGRANGE, Critique textuelle, p. 657-658. Lattey et Burkitt avaient publié ensemble une note sur « The Punctuation of New Testament Manuscripts », dans JTS 29, 1928, p. 396-398.
  32. P. Batiffol (1861-1928) fut l’ami fidèle du P. Lagrange.
  33. Était-ce le manuscrit de l’article sur « Monseigneur Pierre Batiffol », qui parut dans la Vie intellectuelle 2, 1929, p. 398-423, reproduit dans le recueil de M.-J. LAGRANGE, L’Écriture en Église, coll. LD 142, Paris, Cerf, 1990, p. 65-83 ?
  34. Le cardinal G. Mercati (1866-1957) était le préfet de la Bibliothèque vaticane. Le futur cardinal E. Tisserant (1884-4972) avait été élève de l’École biblique en 1904-1905 ; en 1929, il secondait G. Mercati dans sa charge. L’un et l’autre publièrent plusieurs articles dans la RB.
  35. P. (Éd.) Dhorme (1881-1966) assurait alors la direction de la RB : cf. A. GUILLAUMONT, « Édouard Dhorme », dans RHR 169, 1966, p. 126. Devreesse aura-t-il décliné l’offre d’une recension ? En 1930, il publiera encore dans la RB une étude sur Théodore de Mopsueste.
  36. C’est au couvent de Saint-Maximin que Lagrange était entré dans l’Ordre des Frères prêcheurs en 1879 et c’est là qu’en octobre 1935 (cf. Bib 71, 1990, p. 292) il vint achever ses jours. En 1929, il y passa le début de ses vacances d’été.
  37. Il s’agit probablement d’une première ébauche de l’article sur le « Projet de critique rationnelle du Nouveau Testament », paru dans la RB 42, 1933, p. 781-498. Cf. Lettres n° 15-17.
  38. À Roybon demeuraient M. Rambaud et son épouse, Pauline Lagrange, sœur de l’exégète. Cf. Bib 71, 1990, p. 296 et n. 79.
  39. Cf. DEVREESSE, Introduction, p. 164-168, et LAGRANGE, Critique textuelle, p. 467-468, avec la n. 1 qui renvoie déjà à l’étude espérée de Devreesse !
  40. Raymond Louis, O.P. (1872-1943), avait été secrétaire de la RB en 1909-1910 à Paris ; il sera assistant français du Maître de l’Ordre.
  41. Tatiani Evangeliorum Harmoniae Arabice Nunc primum ex duplici codice edidit et translatione latina donavit P. Aug. CIASCA, Rome, Typogr. Polygl., 1888, XV-108-(210) p.
  42. Raphaël Tonneau (1896-1940) était alors professeur à l’École Biblique et publia quelques articles dans la RB. Il quitta Jérusalem en 1930.
  43. A.-S. Marmardji (sic !), O.P., professeur à l’École Biblique. Sur cette requête, cf. Lettre n° 15, en marge. Il publia de fait sous son seul nom le Diatessaron de Tatien. Texte arabe établi, traduit en français, collationné avec les anciennes versions syriaques, suivi d’un évangéliaire diatessarique syriaque et accompagné de quatre planches hors texte, Beyrouth, Impr. Catholique, 1935, CXL-536-84* p. Le volume et dédié au P. Lagrange. Aux p. XII-XIII, Marmardji signale qu’en juin-juillet 1933, il a pu collationner les deux mss en question de la Bibliothèque vaticane, grâce à E. Tisserant, alors pro-préfet ; il n’a donc pas obtenu les photographies demandées. Sur cette édition, cf. P. Benoit dans la RB 46, 1937, p. 124-128.
  44. De 1928 à 1939, A. Wilmart, O.S.B. (1876-1941), catalogua, à la Bibliothèque vaticane les mss latins du fonds de la Reine. Cf. Enciclopedia Cattolica, Vatican, t. XII, 1954, col. 1687-1689. Entre 1927 et 1930 surtout, il publiait quelques articles dans la RB.
  45. Peut-être s’agit-il de la préparation de l’article sur les « Legenda S. Dominici, auctore Petro Ferrandi », par M.-H. LAURENT, O.P. (1906-1968), dans les Monumenta Ordinis Fratrum Praedicatorum Historica, 16 : Monumenta Historica S.P.N. Dominici, fasc. 2, Rome, 1935, p. 197-260. Il fut plus tard scriptor à la Bibliothèque vaticane.
  46. M.-Stan. Gillet (1875-1951) fut Maître général de l’Ordre des Frères Prêcheurs de 1929 à 1946, puis archevêque.
  47. Telle semble être l’origine du volume sur le Judaïsme avant Jésus-Christ, coll. Études bibliques, Paris, Gabalda, 1931, XXVII-624 p.
  48. Cf. Lettre n° 5, n. 2.
  49. L. DUCHESNE, « Vigile et Pélage. Étude sur l’histoire de l’Église romaine au milieu du VIe siècle », dans la Revue des questions historiques 36, 1884, p. 369-440. Deux des « Trois Chapitres » visaient Théodore de Mopsueste, dont Devreesse entreprenait l’étude depuis 1928 avec un article dans la RB. Il devait revenir sur les « Trois Chapitres » dans un autre article, « Le début de la querelle des Trois Chapitres : la lettre d’Ibas et le tome de Proclus », dans RecSR 11, 1931, p. 543-565. Cf. Lettre n° 10.
  50. Publiée par les Dominicains du Saulchoir, à Kain, près de Tournai, la Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques avait publié, de DEVREESSE, « Les actes du concile d’Éphèse », t. 18, 1929, p. 223-242, 408-431.
  51. « Jean-Baptiste et Jésus d’après le texte slave de la Guerre des Juifs de Josèphe », dans RB 39, 1930, p. 29-46.
  52. J’ignore de quel voyage il s’agit.
  53. « Par quelles voies nous sont parvenus les commentaires de Théodore de Mopsueste ? », dans RB 39, 1930, p. 362-377 : cet article n’est encore qu’en manuscrit.
  54. J.-M. VOSTÉ, « L’œuvre exégétique de Théodore de Mopsueste au IIe concile de Constantinople », dans la RB 38, 1929, p. 382-395, 542-554.
  55. Le P. Lagrange se réfère à sa conférence au Congrès de Fribourg en 1897, publiée dans la RB 7, 1898, p. 10-32. Cf. B. MONTAGNES, « Premiers combats du Père Lagrange : le congrès de Fribourg (1897) », dans Arch. Frat. Praed. 59, 1989, p. 297-369.
  56. Unam Sanctam est le titre de la bulle de Boniface VIII en 1302 (DS 870-875). Ce texte établissait le pouvoir des « deux glaives » de l’Église. Seule la dernière phrase (DS 875) garde une valeur dogmatique.
  57. L’article reçut de fait un autre titre : cf. n. 1. Le titre de « Pro Theodore » fut donné ensuite par Devreesse à une note à propos d’un commentaire de Mt 8, 6 ss, dans RB 41, 1932, p. 261-263.
  58. Lagrange avait dû subir une opération en septembre 1916 : cf. B. MONTAGNES, Éxégèse et obéissance. Correspondance Cormier-Lagrange (1904-1916), coll. Études bibliques, n.s. 11, Paris, Gabalda, 1989, p. 421, n. 14.
  59. HORACE, Satires, I, 5, 100.
  60. Le départ de Dhorme
  61. Le judaïsme avant Jésus-Christ : cf. Lettres n° 9, n. 1, et n° 13, n. 1.
  62. Dans son exemplaire conservé à l’École biblique, Devreesse avait relevé une soixantaine de fautes. La majorité sont de simples coquilles, dont un certain nombre d’accents grecs. Je retiens ici les quelques errata plus importants : lire à la p. 39, l. 1 : il n’en est rien ; p. 202, l. 9 : Antipas ; p. 281, n. 1 : Dès le Ve siècle ; p. 284, n. 2, l. 7 :numero ; p. 326, l. 5 : dès la seconde moitié du Ier siècle ; p. 327, l. 33 : également ; p. 369, l. 9 : il ne crie pas ; p. 389, n. 2, l. 13 : Gaumata ; 1. 26 : persian ; p. 466, l. 16 : b) ; p. 376, l. 7 : § 9. ; p. 495, l. 36 : on ne se contentait plus ; p. 551, n. 1, l. 2 : νομοθέτης. — Lagrange avait noté aussi quelques errata que J. Bonsirven lui avait signalés : p. XII, n. 2, l. 3 : « Sur la Prise » ; p. 53, n. 2, l. 1 : II Macch., IV, 32 ss ; p. 263, l. 3 : Henoch (XCI-CV) ; p. 298, n. 2 : Ab., I, 12. ; p. 473, n. 4 : J. Berak., IV, 2 ; p. 479, 1. 3 : Eléazar Hisma.
  63. LAGRANGE, Monsieur Loisy et le modernisme. À propos des « Mémoires » d’A. Loisy, Paris, Cerf, 1932, 251 p.
  64. J. LEBRETON, « La crise moderniste vue par M. Loisy », dans les Études 218, 1932, p. 257-279. Le contraste a été relevé encore naguère par A. BOLLAND, « Modernisme », dans DSpir, t. 10, col. 1416.
  65. Allusion probable à la découverte des papyrus Chester Beatty : cf. réaction de Lagrange dans RB 41, 1932, p. 453-454,à l’annonce faite par F.G. Kenyon dans le Times du 19 novembre 1931.
  66. Cf. l’article de LAGRANGE, « Les papyrus Chester Beatty pour les Évangiles », dans la RB 43, 1934, p. 5-41.
  67. Recension de Lagrange dans la RB 40, 1931, p. 121-129, à l’étude de P. PEETERS, « La vie de Rabboula, évêque d’Édesse († 7 août 436) », dans les RecSR 18, 1928, p. 170-204. Cf. encore Lettre n° 17.
  68. Cf. le post-scriptum à la fin de l’article.
  69. Sur cet aveu, cf. encore Bib 71, 1990, p. 287 et n. 37.
  70. Lagrange avait enseigné régulièrement jusqu’en 1925-1926 (cf . RB 34, 1925, p. 479). Le départ de Dhorme l’obligea à reprendre non seulement la direction de l’École, mais aussi l’enseignement ; alors qu’en 1931-1932, Aug. Carrié, O.P. (1902-1982), jeune espoir de l’École, assurait un cours de critique textuelle du N. T. (RB 40, 1931, p. 479), en 1932-1933 Lagrange donnait une introduction générale et spéciale aux Évangiles (RB 41, 1932, p. 487).
  71. Introduction à l’étude du Nouveau Testament. I : Histoire ancienne du canon du Nouveau Testament, coll. Études bibliques, Paris, Gabalda, 1933, IV-188 p.
  72. F. KENYON, The Chester Beatty Biblical Papyri. Descriptions and Texts of Twelve Manuscripts on Papyrus of the Greek Bible. I : General Introduction ; II : The Gospels and Acts, Londres, Walker, 1933, 18 et XXI-52 p.
  73. Lettre n° 3, n. 5.
  74. Cf. Critique textuelle, p. 26. Lagrange (RB 28, 1919, p. 272-275) avait apprécié le livre de J ; BÉDIER, Les légendes épiques, Paris, Champion, 1912.
  75. Cf. Lettre n° 1, n° 2.
  76. J. BALESTRI, Biblicae Introductionis generalis elementa, Rome, Typogr. Polygl., 1932, VII-545 p. : cf. le compte rendu de L.-H. Vincent dans la RB 42, 1933, p. 602-605
  77. I.e. grecs.
  78. Cf. Lettre n° 14 et n. 4.
  79. Gn 18, 10 Vg ; cf. Lettre n° 1, n. 3.
  80. En fait la rédaction sera plus lente. Dans la Lettre n° 17, il envisage de l’achever même à l’été de 1934 ; cf. Bib 71, 1990, p. 284 ; mais le 26 octobre 1934 seulement, il annonce à St. Lyonnet (ibid., p. 289 et n. 49) qu’il ne lui reste à faire qu’ »une petite conclusion pratique ».
  81. Cf. Lettre n° 1, n. 2 et Lettre n° 14, n. 7. Ici encore l’indication des pages reste approximative.
  82. Cf. l’article de LAGRANGE, « Le canon d’Hippolyte et le fragment de Muratori », dans la RB 42, 1933, p. 161-186.
  83. Il s’agit du manuscrit de l’article de DEVREESSE, « L’édition du commentaire d’Eusèbe de Césarée sur Isaïe. Interpolations et omissions », qui paraîtra dans la RB 42, 1933, p. 540-555.
  84. Cf. Lettre n° 8, n. 4.
  85. Ce plan était annoncé dès la Lettre n° 2. Pour la première partie deamndée à Devreesse, cf. les descriptions précédentes du projet dans les Lettres n° 1, 3, 4, 14, et le plan auquel s’arrêta finalement Devreesse dans son Introduction de 1954. On notera qu’il ne toucha pas la question des Prologues.
  86. Lagrange entend sans doute des photographies de mss du N. T. ; cf. Lettre n° 3. Sa Critique textuelle n’en comportera pas ; DEVREESSE, Introduction, n’en donna aucune de mss du N. T.
  87. Dans la Critique textuelle, ce paragraphe est passé dans l’Introduction, p. 32-40. Pour le reste, ce plan, dans sa seconde partie, correspond à l’ouvrage imprimé.
  88. Cf. Lettre n° 5, et Lettre n° 16, n. 1.
  89. Cf. la fin de la Lettre n° 15 et la Lettre n° 5, n. 2.
  90. Dans sa Critique textuelle, Lagrange n’en a traduit aucun, si ce n’est dans les Appendices qui reproduisent des pages parues dans la RB.
  91. Sur Ammonius, cf. DEVREESSE, Introduction, p. 161 ; sur Euthalius, ibid., p. 164-168.
  92. I.e. grecs.
  93. Cf. Lettre n° 13, n. 5 ; Critique textuelle, p. 158-163 ; et Bib 71, 1990, p. 295 et n. 76..
  94. A. MERK, Novum Testamentum graece et latine, apparatu critico instructum, Rome, Inst. Bibl. Pont., 1933 : cf. le compte rendu de Lagrange dans la RB 43, 1934, p. 139-141, et sa Critique textuelle, p. 16.
  95. P. L. COUCHOUD, « La première édition de saint Paul », dans Les premiers écrits du Christianisme, coll. Annales d’histoire du christianisme, 1, Paris, Reider, 1930, p. 7-31. Cf. LAGRANGE, « Saint Paul ou Marcion », dans la RB 41, 1932, p. 5-30.
  96. C. H. Turner mourut le 10 octobre 1930 ; cf. RB 41, 1932, p. 296.
  97. Cf. Lettre n° 4, n. 5.
  98. Il s’agit de la notice de L. de LACGER, Eudoxe-Irénée (1842-1918) », dans le DTC, t. 10, Paris, Letouzey et Ané, 1929, col. 1743-1751.
  99. Cf. A. LOISY, Mémoires pour servir à l’histoire religieuse de notre temps, 3 vol., Paris, Nourry, 1930-1931, passim et p. 354 ; LAGRANGE, Monsieur Loisy et le modernisme. À propos des « Mémoires » d’A. Loisy, Paris, Cerf, 1932, se tait sur Mignot.
  100. Lettre n° 14, n. 3. Devreesse aura envoyé à Lagrange une liste d’errata ; elle n’a pas été retrouvée.
  101. Cf. Lettre n° 15, n. 4.
  102. Devreesse corrigea de fait les troisièmes épreuves de la Critique textuelle : cf. p. IX, et Bib 71, 1990, p. 290.
  103. Cf. Lettre n° 5, n. 2.
  104. Cf. Lettre n° 13, n. 6. Lagrange se réfère à son article : « Un évêque du Ve siècle, Rabulas (évêque d’Édesse) † 435 », paru dans la Science Catholique 2, 1888, p. 624-648, et reproduit dans ses Mélanges d’histoire religieuse, Paris, Gabalda, 1915, p. 185-226.
  105. Ce lot de lettres, on l’a dit, ne comporte pas de lettre n° 18.
  106. Cf. Lettre n° 17, n. 3.
  107. Cf. Critique textuelle, p. VII.
  108. J’ignore de quelle croisière il s’agit.
  109. Le même 4 janvier 1935, Lagrange écrit à Lyonnet : cf. Bib 71, 1990, p. 290.
  110. Cf. Critique textuelle, p. XIII : l. = loco ; p. = post.
  111. La Critique textuelle fut imprimée à la Typographie Firmin-Didot à Paris. Je ne sais quel fut le rôle de la maison d’édition Garnier.
  112. Ep., 90, 23.
  113. Probablement dans la Critique textuelle, p. 10-14.
  114. Les correcteurs de la typographie.
  115. Cf. Bib 71, 1990, p. 292.
  116. Le mot est difficile à lire et Lagrange n’est sûr probablement ni de l’orthographe ni du sens !
  117. Deux des livres antérieurs de Lagrange : cf. Lettre n° 12, n. 2, et Lettre n° 14, n. 3.
  118. En juillet 1929 : cf. Lettre n° 7.
  119. Lagrange rentra définitivement en France, à Saint-Maximin, où il arriva le 12 octobre 1935 : cf. Bib 71, 1990, p. 292-293.
  120. Cf. Lettre n° 15, n. 10.
  121. Devreesse reçut de Pie XI le titre de camérier secret le 5 novembre 1935 : cf. RUYSSCHAERT, « À 50 ans du premier catalogue », p. 119.
  122. Lagrange mourut le 10 mars 1938.
  123. E. Tisserant venait d’être créé cardinal par Pie XI.
  124. Une liste de premiers comptes rendus se trouve dans Bib, Elenchus Bibliographicus Biblicus, éd. E. POWER, 18, 1937, p. 15*.
  125. D. De BRUYNE, O.S.B., de l’Abbaye de Maredsous, mourait le 5 août 1935, avant la parution de la Critique textuelle : cf. p. 658.
  126. H. Vogels recensa la Critique textuelle dans ThRev 35, 1936, p. 180-185.
  127. Lagrange faisait cours aux étudiants dominicains de Saint-Maximin : cf. Bib 71, 1990, p. 298. Ces étudiants en philosophie étaient plongés dans Aristote, d’où la remarque qui suit.
  128. En Espagne, la victoire électorale du Front populaire en février 1936 engendra la guerre civile ; en France, le Front populaire remporta les élections de mai 1936 ; en Allemagne, pression de plus en plus forte du nazisme.
  129. LUCRÈCE, De rerum natura, II, 7-8 : Sed nil dulcius est bene quam munita tenere ⁄ edita doctrina sapientum templa serena, /…/.
  130. Lyonnet vient d’arriver à Rome comme étudiant de l’Institut Biblique Pontifical : cf. Bib 71 , 1990, p. 294.
  131. Aux AGOP XI, 66350, le lot de lettre publié ici est complété par une lettre de P. Benoit, O.P., de l’École Biblique, à Devreesse, en date du 22 juillet 1938. En voici la première partie : « […] j’ai relu avec beaucoup d’attention et d’intérêt les lettres du Père Lagrange que vous avez bien voulu me communiquer et j’en ai pris des extraits utiles. Je vous les renvoie maintenant en vous remerciant vivement de m’avoir fait tenir cette documentation qui me donne des directives très précieuses.
    Je vois assez bien en effet ce que désirait le Père Lagrange ; et je tâche de me persuader qu’avec du travail j’arriverai à réaliser quelque chose. Le programme est bien clair, pour ce qui concerne les generalia. Paléographie, divisions anciennes, etc. Il l’est moins pour ce qui touche la nomenclature des mss ou leur description… Les idées du P. Lagrange ne me paraissent pas tout à fait arrêtées ; ou plutôt elles se sont modifiées par suite des circonstances. Du jour où il a résolu de faire paraître le second volume avant le premier, il a dû donner lui-même les indications au moins essentielles sur les principaux documents. Dans quelle mesure faudra-t-il reprendre cela ? Je ne m’en rendrai bien compte qu’en me mettant à l’ouvrage…
    Ce sera la plus tôt possible, mais pas immédiatement […].
    Je vous suis extrêmement reconnaissant de me promettre votre appui et je vous avoue que je ne me ferai pas faute d’y recourir soit pour vous demander quelque lumière en cours de travail soit pour vous soumettre enfin le fruit de mes efforts, s’il arrive un jour à maturité. Ce sera pour moi une garantie aussi précieuse qu’indispensable, et je sais que vous ne me refuserez pas cette charité, en souvenir du cher maître qui n’avait voulu d’autre collaborateur que vous […]. »
    Mais P. Benoit ne fut par le successeur de Devreesse.
  132. CORNEILLE, Horace, III, 6.
  133. Trouvée dans un paquet de correspondance à la Bibliothèque vaticane, Dépôt provisoire B, n° 254.
  134. Ce billet s’insère donc entre les Lettres n° 13, du 15 mars 1932, et n° 14, du 25 avril 1933. Le P. Lagrange avait quitté Jérusalem vers la mi-mai 1932 : cf. Le Père Lagrange Au service de la Bible. Souvenirs personnels, ed. P. Benoit, coll. Chrétien de tous les temps, 22, Paris, Cerf, 1967, p. 218 et 277.
  135. Le Père M.-S. Gillet, O.P. : cf. supra, Lettre n° 8, n. 7.
  136. Probablement celui du faubourg Saint-Honoré.

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