70e anniversaire de la mort du père Marie-Joseph Lagrange
à Saint-Maximin (Var)
Le père Lagrange est entré dans la joie du Père le 10 mars 1938 au couvent royal de Saint-Maximin. Nombreux sont les pèlerins qui arrivent dans la majestueuse basilique de Saint-Maximin pour se confier à la prière de sainte Marie-Madeleine, Apôtre des apôtres, celle qui annonça l’allégresse pascale aux disciples sceptiques après le Vendredi saint.
Comme le 10 mars 2008 correspondait à un lundi, nous avons célébré ce 70e anniversaire le dimanche 9 mars. Le père Étienne, d’origine polonaise, curé de la paroisse, a bien accueilli cette proposition encouragée par l’Association des amis de la basilique de Saint-Maximin. Plusieurs frères dominicains des différents couvents de la Province de Toulouse s’étaient déplacés pour cet événement : Daniel Gilbert, Philippe Devoucoux, Henri-Dominique de Speville, Dominique-Marie Cabaret et Laurent Béthoux. C’est dans la ferveur que la communauté chrétienne de la paroisse a célébré ce cinquième dimanche de Carême. De beaux chants et l’orgue ont aidé les fidèles à s’élever vers Dieu dans la prière.
Dans la prédication à la messe de 10h30, j’ai voulu faire le rapprochement entre l’amitié de Jésus pour Lazare (Jean, 11) et celles que le père Lagrange a vécues, en commençant par celle qui l’unissait à Jésus lui-même. Jésus aimait Lazare et il a pleuré devant son tombeau. Dans son livre L’Évangile de Jésus-Christ, le père Lagrange commente le mystère de l’amitié de Jésus envers ses disciples : « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître ; je vous appelle amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jean 15, 15). Pour lui, la grande joie du christianisme se trouve dans cet amour d’amitié où l’homme est aimé pour lui-même de manière gratuite et absolue puisque Jésus va jusqu’au don total de lui-même dans la mort. Si Jésus prêche l’abnégation et l’acceptation des souffrances, c’est à cause de cette amitié divine. Le chrétien se sait aimé de Jésus et de son Père et alors « la tristesse est absorbée dans la joie »[1].
L’amitié de Jésus envers le croyant suscite à son tour l’amitié du chrétien envers le prochain. C’est pourquoi le père Lagrange voit dans cette amitié « le secret de la vie spirituelle, le principe de tout apostolat ».
Le rayonnement apostolique de saint Lazare et de ses sœurs, Marthe et Marie, dont témoignent tant de traditions en Provence, trouve sa source forte et limpide dans l’amitié qui les unissait à Jésus. Le père Lagrange avait reçu la grâce de vivre de grandes amitiés : Paul Beluze, Pierre Batiffol, Henry Hyvernat, le frère Louis-Hugues Vincent o .p., le cardinal Eugène Tisserant, ancien disciple de l’École biblique de Jérusalem, et d’autres. Dans ses nombreuses lettres, il manifeste ses sentiments affectueux et son attachement à l’égard de ses amis. Loin de rendre froid et distant, la vie spirituelle développe la sensibilité humaine. La beauté et la grandeur de l’âme du père Lagrange brillent dans ses relations amicales toujours enracinées dans la prière.
Une dame âgée me rappelait à la sortie de la messe, qu’elle avait participé aux funérailles du père Lagrange quand elle avait quinze ans. Plusieurs personnes qui avaient travaillé à La Revue du Rosaire quand elle était élaborée à Saint-Maximin m’ont aussi exprimé leur émotion et leur joie.
(La Revue du Rosaire, n° 201, mai 2008)
- M.-J. Lagrange, C. Lavergne, L’Évangile de Jésus-Christ, avec la Synopse évangélique, collection « Études bibliques », Éd. J. Gabalda et Cie, Paris, 1954, p. 573.↵
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