La Parole de Dieu dans le diocèse de Toulon. Colloque du 30 septembre 2006 par fr. Manuel Rivero, o.p.


Colloque Père Marie-Joseph Lagrange, le 30 septembre 2006, à Toulon

Le Père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, est passé de ce monde au Père le 10 mars 1938 à Saint-Maximin (Var). C’est pourquoi sa cause de béatification a été introduite par l’évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Joseph Madec, le 9 juillet 1987. Auparavant le Chapitre général de l’ordre des Prêcheurs qui s’était tenu à Avila au mois d’août 1986, avait demandé l’ouverture du procès de canonisation de ce frère  vénéré comme maître d’exégèse et modèle de vie religieuse.

Le Père Lagrange, appelé souvent « le nouveau saint Jérôme du XXe siècle » pour l’ampleur et la qualité de ses recherches bibliques et à ce titre considéré comme un docteur dans l’Église, est proposé comme exemple de ceux qui, selon le mot de J. Maritain[1], « ont travaillé à libérer l’intelligence, c’est-à-dire à aider leurs contemporains à accéder à la Vérité qui rend libre » (cf. Jean 8, 32),  (Actes du Chapitre général d’Avila n°67, 2).

Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a organisé à la Castille-La Crau, le 30 septembre 2006, un colloque consacré au Père Lagrange à l’occasion du lancement de deux années de réflexion sur la Parole de Dieu dans son diocèse. Un public nombreux – environ cinq cents personnes représentant les forces vives du diocèse – a suivi  dans l’allégresse les conférences et la célébration de la Parole de Dieu. Le Père Marc Aillet, vicaire général, a ouvert ce colloque. L’historien Gérard Cholvy,  professeur émérite de l’université Paul-Valéry de Montpellier, a présenté l’époque tourmentée dans laquelle le Père Lagrange a vécu, marquée par le modernisme qui mettait en cause la Bible. Le rationalisme de certains modernistes aspirait à « un monde sans mystère ». Le Père Lagrange répondra à la critique scientifique par la critique scientifique, d’où son attachement à la compétence professionnelle dans les études historiques et bibliques. Le frère Bernard Montagnes, dominicain du couvent de Toulouse, biographe du Père Lagrange, a développé le thème « Marie-Joseph Lagrange, audacieux pionnier de la critique historique de la Bible et fidèle serviteur de la foi de l’Église ».

Une exposition de huit panneaux sur le Père Lagrange, ainsi qu’un DVD, ont été réalisés par Jacques Fichefeux[2] et le service audio-visuel du diocèse de Toulon. Ils évoquent la vie et l’œuvre du Père Lagrange à partir des images d’archives de la province dominicaine de Toulouse : photos de famille, de fouilles au désert d’Israël, de l’École biblique de Jérusalem, et de la vie dominicaine de Saint-Maximin.

En tant que vice-postulateur de la cause de béatification du Père Lagrange, j’ai eu le plaisir et l’honneur de présenter les étapes déjà vécues et celles à venir de cette cause, ses enjeux ainsi que les grâces reçues par des couples, des familles, des prêtres et des religieux. L’ensemble des travaux accomplis en vue de la béatification par des historiens et des théologiens devrait arriver bientôt à la Congrégation pour la cause de saints à Rome, où un groupe de consulteurs, théologiens et cardinaux, se prononcera sur les vertus héroïques du Père Lagrange qui pourrait alors être déclaré « vénérable ». À l’heure actuelle il est invoqué comme « Serviteur de Dieu ». Pour qu’un vénérable  soit déclaré bienheureux il faut qu’il ait accompli un miracle reconnu par l’Église. À la suite de saint Dominique qui exhortait ses frères dominicains à ne pas se décourager au moment de sa mort car « il leur serait plus utile au Ciel que sur la terre », le Père Lagrange agit aujourd’hui en répandant des grâces sur ceux qui mettent leur confiance en lui, comme le montrent les nombreux témoignages reçus à la Revue du Rosaire.

Le Père Lagrange n’est pas uniquement un modèle pour les chercheurs mais il peut aussi illuminer le chemin de tous, de l’enfance à la vieillesse : ses premières années façonnées par la prière mariale, l’éducation reçue de ses parents chrétiens fervents et exigeants, sa jeunesse apostolique par la catéchèse et les Conférences Saint-Vincent-de-Paul, sa consécration à l’étude, son esprit épris de lumière et de vérité, son obéissance dans les épreuves, son humilité qui lui faisait regretter ses mouvements de colère face à l’ignorance des jeunes, son sens de la loyauté et de la justice, son absence d’amertume et de rancune, et sa vie intérieure apaisée par la prière du rosaire et la prière à Gethsémani en communion avec la Passion de Jésus.

Dans son intervention, le Père Marie-Wladimir Gaudrat, père abbé de l’abbaye cistercienne de Lérins, située en face de la baie de Cannes, a présenté la lectio divina comme moyen de mettre la Parole de Dieu au cœur de la vie chrétienne en s’appuyant sur des citations des Pères de l’Église, comme celle de saint Grégoire le Grand[3] : « L’Écriture grandit avec celui qui la lit » (Commentaire du prophète Ézéchiel).

Une célébration de la Parole de Dieu a clôturé cette journée d’étude et de prière. Présidée par Mgr Dominique Rey, elle a donné une place importante à la participation des laïcs. Les représentants des différentes paroisses du diocèse sont repartis en arborant des bannières sur lesquelles on pouvait lire : «Ta Parole, une lumière sur ma route » (Psaume 118) ; « Je suis la Lumière du monde » (le Christ Pantocrator[4] montrant l’Évangile) ; « 2006-2008, Années de la Parole ».

(La Revue du Rosaire, n° 185, décembre 2006)


Notes    (↵ returns to text)

  1. Jacques Maritain, philosophe et diplomate français (1882-1973).
  2. Il est possible de demander cette exposition à Jacques Fichefeux. Tel : 06 09 33 91 69.
  3. Grégoire le Grand, pape (590-604).
  4. Pantocrator, en grec « Maître de tout, Souverain Maître », représentation du Christ en majesté.

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