« Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle ; or ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. »
(Jean 5, 39-40).
Cette admonestation sévère, que Jésus adresse aux juifs dans l’évangile d’aujourd’hui, ne s’applique d’aucune façon à notre frère Marie-Joseph Lagrange, qui, il y a soixante-sept ans aujourd’hui, accomplissait son passage pascal. Lui n’a cessé de scruter les Écritures pour y entendre la Parole de Dieu et pour y découvrir la source de la vie. Par l’exemple qu’il nous laisse de fidélité religieuse et de fécondité apostolique, il demeure pour nous un frère secourable.
Un goût passionné pour la Parole de Dieu : le mot est du P. Lagrange parlant de lui-même et constitue une devise caractérisant sa vie entière.
Un goût passionné : voilà le langage du cœur davantage que celui de l’esprit, ici le langage de l’expérience religieuse.
Un goût qu’il a reçu des Sulpiciens lors de son passage au séminaire d’Issy (1878-1879) et dont il leur sera toujours reconnaissant.
Un goût qui marquera tout autant sa vie dominicaine.
« Durant le noviciat (1879-1880), le goût de la Parole de Dieu que j’en avais pris à Issy s’était développé ; j’y trouvais tant de lumière, même pour mes propres besoins, que le Père maître ne me recommandait presque plus d’autre lecture. »
Un goût qui, tout au long de sa vie, commande sa vocation scientifique, la vocation d’un exégète en quête de Dieu, à la manière dominicaine, dans la synthèse de la prière et de l’étude.
Je relève de lui quelques notations caractéristiques. La première dans la Revue biblique de 1900 :
« C’est surtout lorsqu’on consacre ses efforts à la Parole de Dieu qu’on peut espérer qu’ils ne seront pas absolument vains. »
Les deux autres dans son Journal spirituel :
« Lire davantage la Bible… c’est toujours ce qui me touche le plus » (22 septembre 1921).
« Il n’y a que l’Écriture pour nous donner sur Dieu ces vues à la fois profondes et consolantes, et qui nous le font aimer. » (13 juillet 1922).
Du goût passionné pour la Parole de Dieu au goût passionné pour l’expérience de Dieu dans la prière, il n’y a chez le Père Lagrange aucun hiatus. Aussi demeure-t-il pour nous un modèle de vie dominicaine et un frère sur l’aide de qui nous pouvons compter. Amen.
(La Revue du Rosaire, n° 169, juin 2005)