Le Père Lagrange à Salamanque par fr. Manuel Rivero, o.p., vice-postulateur

© École Biblique de Jérusalem

Comme beaucoup d’autres religieux, les frères dominicains de Saint-Maximin ont été expulsés de France le 30 octobre 1880. Le P. Lagrange raconte le voyage de l’exil avec deux étapes, l’une à Lourdes, le 1er novembre, pour la célébration de la messe, l’autre à Bayonne :

« Le 2 novembre, messe au Grand Séminaire de Bayonne, où nous étions entraînés par les voix souples et sonores de ces Basques et de ces Béarnais, si naturellement chanteurs et chantres. C’est le 4 novembre, par une froide matinée que nous entrâmes dans le couvent de San-Esteban, un des plus illustres foyers de la théologie dominicaine, avec les souvenirs des Vitoria [1] , des Medina, des Bañez et des deux Soto, symbolisés par deux mains jointes étreignant un flambeau. Nous y fûmes fraternellement introduits par les Pères de la Province d’Espagne alors renaissante. [2] »

Il faut se souvenir que les frères dominicains espagnols étaient eux-mêmes très affaiblis suite aux persécutions antireligieuses dans leur pays.

C’est à Salamanque que le P. Lagrange fait la connaissance du père dominicain Arintero, mystique et maître spirituel : « Il est mort en odeur de sainteté, et les fidèles aiment encore à déposer des fleurs sur sa tombe. [3] »

C’est à Salamanque que le P. Lagrange vit avec ses frères dominicains qui marqueront la mission au Brésil : Gilles Vilanova, Dominique Carrérot, Hilarion Tapie …

Les traces de la présence de la grande mystique espagnole Teresa de Avila ont façonné aussi l’âme du P. Lagrange :

« Le couvent de San-Esteban était adossé à l’église par un cloître du même style, vraiment triomphal, du temps où le soleil ne se couchait jamais hors des possessions de l’Espagne. On y montrait une porte qui semblait servir de passage : elle était murée à l’intérieur sauf une petite grille. Sainte Thérèse, disait-on, s’agenouillait dans une chapelle de l’église. De l’autre côté et, presque sans quitter le cloître, le père Bañez entendait sa confession et lui donnait l’assurance du caractère divin de son oraison. »

(La Revue du Rosaire, n° 180, juin 2006)

Notes    (↵ returns to text)

  1. Le frère dominicain Francisco de Vitoria (…1546), formé à l’Université de Paris et qui enseigna pendant 22 ans à celle de Salamanque, est considéré comme le fondateur du droit international.
  2. Marie-Joseph LAGRANGE. L’Écriture en Église, Choix de portraits et d’exégèse spirituelle (1890-1937), Présentation par M. Gilbert, s. j. Paris. Éd.du Cerf, 1990, p. 87,
  3. Marie-Joseph LAGRANGE, L’Écriture en Église, Choix de portraits et d’exégèse spirituelle (1890-1937), Présentation par M. Gilbert, s. j. Paris, Éd. du Cerf, 1990, p. 89.

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