30 septembre 2019
Saint Jérôme. Docteur de l’Église et traducteur de la Vulgate
Lors de ses travaux de traduction de la Vulgate en latin, saint Jérôme eut à combattre le préjugé populaire qui considérait toute nouvelle traduction des Écritures comme un sacrilège.
Le père Lagrange eut également ses propres combats. Parmi lesquels, à l’occasion du congrès de Fribourg sur l’exégèse biblique en 1897, Rome exprima son désaccord sur ses écrits. Le P. Lagrange fit parvenir au maître de l’Ordre la lettre dont un extrait ci-après :
« Je crois pouvoir dire cependant que mes intentions dans l’enseignement ont toujours été pures. Je comprends et j’admire cet attachement à l’Église qui fait qu’on ne veut s’écarter en rien des opinions les plus communes, mais il me semble avoir vu surtout dans saint Jérôme une autre d’attachement qui l’a soutenu dans tous ses travaux, c’est le désir de voir l’Église triompher de ses adversaires. C’est vraiment une passion qui me dévore que le regret de ne pas trouver chez nous catholiques toutes les forces que je voudrais, de voir l’Église moquée par des ennemis puissants, comme au temps de saint Jérôme par les Juifs qui lui reprochaient l’infériorité de sa version. Enfin je voudrais passionnément une exégèse catholique forte, armée, puissante … mais cela me paraît impossible sans une certaine liberté de discussion qui nous permette de mettre au service de la foi les meilleures armes de nos ennemis. Je ne vis pas pour autre chose. Mais j’ai une foi aveugle dans l’obéissance et, je suis convaincu par étude que le système que je préconise irait à la destruction du protestantisme et à la glorification de l’Église, je sais que, dans l’Église catholique, tout doit être soumis au principe d’autorité. Si les temps ne sont pas venus, j’attendrai, et ils ne viendront pour moi que lorsque j’aurai le plein assentiment des supérieurs. » (Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 2004, p.149-150.)
27 septembre 2019
Saint Vincent de Paul, apôtre de la charité
Les saints
Interroger ces humbles, vous trouverez en eux des cœurs magnanimes, un désintéressement de grands seigneurs, une liberté princière, ce n’est pas un élan, c’est un état, ils ont horreur du moindre mensonge. Et cependant ils demeurent simples, et ils sont toujours vrais, francs et sincères. Oh, certes, l’univers déjà nous fait connaître la beauté de Dieu. Combien de fois, au spectacle des cieux étoilés, ou de la mer, ou des montagnes, n’avons-nous pas frissonné de ce frisson qu’excite le spectacle de la beauté… et nous disions : quelle doit être la beauté du créateur… Mais quand nous lisons la vie des saints, d’un S. Paul, d’une sainte Perpétue, d’une Ste Thérèse, ou d’un S. Dominique, de St Vincent de Paul ou de S. François de Sales, de S. Charles Borromée ou de Ste Jeanne de Chantal, sans parler de ceux qui sont plus hauts encore, dont les perfections nous éblouissent dans la splendeur de Dieu, nous comprenons le charme souverain qui a attiré tant d’âmes après ces âmes … Qui se donne volontiers à un autre homme ? Et pourtant on se donne aux saints, parce que la beauté de leur âme est vraiment un rayon de la beauté de Dieu parce qu’ils avaient Dieu, ils ont atteint la plus haute perfection de l’homme, que leur intercession vienne en aide à notre faiblesse. (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 373.)
Saint Vincent de Paul, priez pour moi !
21 septembre 2019
Saint Matthieu
Le témoignage du premier évangile
« D’après Mt. Jésus a ordonné à ses disciples de ne pas franchir les limites d’Israël (10, 5), puis il leur a ordonné de prêcher à toutes les nations (24, 14 ; 28, 20). C’est que, entre ces moments, la crise religieuse s’était produite. Jésus allait mourir, et le peuple allait voir le sang du Messie retomber sur sa propre tête. Puis Jésus parlait après sa résurrection. Maintenant il y avait quelque chose de changé. Quand le Ressuscité invite ses envoyés à faire des disciples de toutes les nations (28, 19), à les enseigner du moins, et à les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, cette affluence des gentils ne risque-t-elle pas de faire éclater le cadre d’Israël ? Et ce baptême de l’Esprit, succédant au baptême de l’eau donné par Jean, n’est-il pas le signe distinctif d’un peuple nouveau qui a remplacé l’ancien, de telle sorte que le signe nouveau rende désormais inutile le signe ancien ?
Pour juger du judéo-christianisme de Mt., il faut le mettre en présence non pas d’une théorie de l’Église, mais, suivant la méthode des critiques, du fait de l’Église au sein de laquelle il vivait.
Nous disons l’Église, et c’est le terme dont il s’est servi, lui seul parmi les évangélistes. Dans un cas c’est un groupement de fidèles, dont on ne saurait dire s’il est local ou s’il comprend une fraternité universelle (18, 17), mais dans l’autre cas (16, 18), c’est incontestablement toute l’église de Jésus, comparée à un édifice qui serait bâti sur un roc. Cette église Mt. l’avait sous les yeux. Assurément quand nous constatons qu’elle a des fidèles dans la terre entière que son organisation enveloppe comme d’un réseau, nous reconnaissons dans les paroles de Jésus une amplitude miraculeuse. Mais rien n’empêchait Mt. de donner ce nom d’église – quel qu’ait été le terme araméen correspondant – au groupement modeste des premiers fidèles serrés auprès des Douze qu’il regardait comme leurs chefs sous l’autorité suprême de Pierre. » (Marie-Joseph Lagrange, Évangile selon Saint Matthieu – Le témoignage du premier évangile, extrait, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. CLIII.)
Photo : Portrait de Saint Matthieu, inconnu, attribué au Caravage (17e) Kunsthandel Hoogsteder & Hoogsteder, The Hague.
19 septembre 2019
La pécheresse pardonnée (Luc 7, 47)
Extraits du commentaire du P. Lagrange :
[…] La pécheresse… avec quelle indulgence Jésus raconte son amour repentant ! Dieu ne pardonne qu’à ceux qui l’aiment. […] L’âme ne peut demeurer dans l’indifférence envers son Dieu. Le péché fait obstacle à la charité ; si elle pénètre, le péché est effacé. Aussi Jésus prononce cette parole, d’où sortira la théologie du pardon, en suivant le mouvement actuel de son cœur : « Ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, parce qu’elle a aimé beaucoup. » La parabole retourne sa pointe contre ceux qui sont dans le cas de Simon : on a peu à leur pardonner, mais ils n’aiment guère. Ne peut-on donc pas aimer Dieu d’un grand amour sans l’avoir au préalable offensé ? À Dieu ne plaise ! On comprend assez que le divin médecin voulait encourager les pécheurs ; plus tard les pleurs d’Augustin couleront au souvenir de la pécheresse. Il voulait avertir aussi ceux qui se croient dispensés d’aimer Dieu beaucoup parce qu’ils se sentent assez justes pour qu’il n’ait rien à leur pardonner. Tout cela s’entend de l’offense envers Dieu, de l’amour de Dieu qui enlève l’offense. Et pourtant la pécheresse n’a témoigné d’amour qu’à Jésus. Avec quelle simplicité il représente Dieu, tenant comme adressées à Dieu les assurances de repentir rendues à sa propre personne !
(Voir le commentaire en entier dans Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, La pécheresse pardonnée (80), Artège-Lethielleux, 2017, p.187-190)
Photo : Jésus et la pécheresse au repas chez Simon le Pharisien par Andreï Nikolaïevitch Mironov, en russe Андре́й Никола́евич Миро́нов (2011).
17 septembre 2019
La résurrection du fils de la veuve de Naïm (Luc 7, 11-17)
Commentaire du P. Lagrange : Jésus pouvait plus encore. Sa parole ramène une âme du lieu mystérieux qui les abrite après leur séparation du corps. La scène est touchante, racontée par saint Luc avec un pathétique discret. Un jeune homme, déjà la proie de la mort, porté en terre sur un brancard. Un fils unique. Une mère veuve. Une foule émue, le Seigneur touché de compassion, qui ose dire à la mère : « Ne pleurez pas ! » Il touche le cercueil ouvert, commande au jeune homme de se lever, et le rend à sa mère. Le peuple s’écrie : Un grand prophète a été suscité parmi nous ; Dieu a visité son peuple. Ils admiraient ce pouvoir souverain ; il fallait aimer aussi cette bonté. Le nom de Neinévocateur du souvenir est encore celui d’un petit village au sud-est de Nazareth (en-Nasira), presque en face du Thabor. (L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 181.
Photo : La résurrection du fils de la veuve de Naïm par le Christ (détail d’un tableau du 19e se trouvant dans la petite église actuelle construite en 1881 sur les ruines de l’ancienne. Source : Custodia Terrae Sanctae)
12 septembre 2019
Le Saint Nom de Marie dans la vie et l’œuvre du P. Lagrange
La rédaction de son livre L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique en 1927 a été confiée à Marie : « Très douce Mère, Marie Immaculée, Reine du très saint Rosaire, c’est pour vous plaire que je commence l’Évangile de Jésus-Christ, et par vous à votre Fils : aidez-moi. Faites-le moi mieux connaître, donnez-moi de l’aimer et étant devenu uni à ses sentiments, d’avoir pour vous son amour, sa tendresse, et comme étant aussi votre esclave, la docilité et le dévouement d’un bon serviteur. Suppléez à tout ! Saint Joseph priez pour moi ! Saint Dominique, aidez votre enfant. » (12 juin 1927)
« Abandon sans réserve de l’École biblique entre les mains de Marie Immaculée : elle lui est dédiée, c’est son œuvre. Le mois du Rosaire nous a toujours été propice. » (Journal spirituel, 27 septembre 1898)
« Et maintenant, chers et cuisants souvenirs, de tant de grâces reçues, de tant de grâces rebutées, envolez-vous, muées en prières, vers l’autel du Rosaire sur lequel, pour la première fois, j’ai dit la messe. Daigne la Vierge très pure que les Espagnols ont tant aimée, les sauver par sa toute-puissante intercession. » (Souvenirs de Salamanque)
« Le révélateur de la foi, la source de la grâce, c’est Jésus, mais on a recours pour s’unir à lui à l’intercession de sa très Sainte Mère. Vous entendez bien que c’est là tout le Rosaire. Non, tout est de l’ordre des faits ; c’est une histoire qui se déroule, celle de Jésus, si intimement liée à celle de Marie. Le Rosaire est un résumé de l’Évangile, nous orientant vers la fin que nous fait espérer l’Incarnation et la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais alors le Rosaire supplée à la lecture de l’Écriture, et la rend inutile ? Disons plutôt qu’il la fait désirer, qu’il nous la rend même nécessaire, si nous voulons réellement avoir devant les yeux les mystères que nous devons méditer. » (Conférence aux laïcs dominicains – Tiers Ordre – sur « Comment lire la Sainte Écriture » en 1936). Fr. Manuel Rivero o.p. « Pensées sur la Vierge Marie » (la Revue du Rosaire, Octobre 2007)
10 septembre 2019
10 mars 1938 : « Je m’abandonne à Dieu », telles furent les dernières paroles du P. Marie-Joseph Lagrange o.p
Messe pour la cause de béatification du père Lagrange et les amis du père Lagrange au monastère des moniales dominicaines de Saint-Denis de La Réunion en ce 10 septembre. Joie dans l’Esprit. Fr. Manuel.
9 septembre 2019
Une date à retenir !
Pour les habitants de Rennes et environs, une très belle exposition à voir :
21 septembre 2019 – 22 septembre 2019,
Couvent des Dominicains, 3 rue Brizeux 35700 RENNES
Exposition de rares photos de Jérusalem et Moyen-Orient de la fin du XIXes, sur les pas du Père Lagrange et visite du Couvent des Dominicains de Rennes.
Dans le cloître du Couvent des dominicains, ouvert pour l’occasion, exposition de photos prises lors des expéditions archéologiques des frères dominicains à la fin du XIXes. et début XXes. L’exposition restera visible la semaine suivante, le matin de 9h à 12h, sur demande.
Photos exceptionnelles de Jérusalem et du Moyen-Orient (fin du XIXeet début XXes.) de la Photothèque de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem.
Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie.
« Ave Maria ! Emissiones tuae ! Coruscate ! Je te salue, Marie. Tes Parfums ! Exhalent ! »
« Comme thème de la retraite qui devait précéder la profession des vœux simples mais perpétuels qui étaient alors en usage, je ne songeai pas à examiner ma vocation … Je pris pour thème de mes méditations les sept paroles de Marie telles qu’elles sont commentées par saint Bernardin de Sienne (Marie-Joseph Lagrange. Souvenirs personnels). »
Photo : La Nativité de la Vierge Marie par Andrea di Bartolo (1400 env.). National Gallery of Art, Washington.
6 septembre 2019
Hommage à Mgr Roger Etchegaray (25 septembre 1922-4 septembre 2019).
Une grande figure de l’Église catholique et un témoin de la sainteté du P. Lagrange :
Lettre du Cardinal Roger Etchegaray à frère Manuel Rivero o. p.
« Rome, le 7 octobre 2008, N.-D. du Rosaire
J’ai le grand plaisir de recevoir « Prier 15 jours avec le P. Lagrange ». C’est à travers les écrits du P. Montagnes que j’ai découvert et aimé tout à la fois ce religieux, spirituel et exégète. Me trouvant à Jérusalem, il y a trois mois, je me suis recueilli profondément sur sa dalle, suppliant la Vierge Marie de nous le montrer un jour “bienheureux”. »
« Ô Marie, Toi qui es toujours devant » :
« Nous Te regardons Marie : Tu as toujours pris les devants, Tu as toujours devancé l’Église et l’humanité. Liée à l’existence du Christ, Tu l’as précédé sur terre en devenant Sa mère. Tu nous as précédés au pied de la Croix où du Cœur transpercé de ton Fils est née l’Église. Tu nous précèdes enfin au ciel où, en regardant Ton destin bienheureux, nous lisons notre propre destin. Tu es le prototype, la maquette de l’Église de demain. Tu es l’image anticipée, l’icône merveilleuse de l’humanité réconciliée. Tu résumes en Toi toute la trajectoire du monde, depuis la création jusqu’au jugement dernier ». (Cardinal Roger Etchegaray)
4 septembre 2019
Le buisson ardent du Sinaï
L’immortalité platonicienne de l’âme n’étant pas dans la perspective religieuse des Israélites, lorsque l’Écriture parlait d’une survie normale, cette survie devait s’entendre de la résurrection. C’est ainsi que raisonne Jésus. « N’avez-vous pas lu dans le livre de Moïse, à l’endroit du buisson » – le buisson ardent du Sinaï– « comment Dieu lui parla, disant : Je suis le Dieu d’Abraham, et Dieu d’Isaac, et Dieu de Jacob ? Il n’est pas Dieu des morts mais des vivants. Vous êtes grandement dans l’erreur. » (Marie-Joseph Lagrange o. p., Journal spirituel, p. 492)
Photo : Moïse devant le Buisson Ardent, Ex. 3, 2. Chagall (1960-1966).
L’Ardent Buisson, planté en plein milieu, lèche de ses flammèches de sang le triple cercle jaune-bleu-rouge d’une présence invisible, que déploie de ses bras et ailes diaphanes, un Ange vert au nez grec et aux cheveux bouclés. De part et d’autre de « Celui-qui-est » dans un océan bleu, tiré de lignes réfractaires, et barré tout en haut d’un riche horizon vert, deux Moïses regardent, tournés l’un vers Yahvé » et l’autre vers la Loi qu’il observe en avant ! Le triptyque se donne de droite à gauche comme se lit l’hébreu. Le même mouvement pousse les deux Moïses. (Texte de V.-P. Toccoli, s.d.b., Marc Chagall, La Bible Rêvée.NGM Publischers, SEA, 2002.)
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