29 juillet 2021
Le repas chez Marthe et Marie
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses et tu te troubles pour bien des choses. » (Luc 10, 41)
Le Seigneur parle-t-il du pain qui suffit à lui seul pour un repas, ou de la Parole, aliment substantiel de l’âme ? « Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » Cette bonne part, la meilleure, c’est de se rapprocher très près de Jésus pour l’entendre parler au cœur. Et telle est l’autorité de la moindre parole du Sauveur, qu’à la simple pratique des bonnes œuvres, l’Église a toujours préféré la vie qui écoute la parole de Dieu par la lecture, la méditation et la prière. Elle a surtout compris que la vie d’œuvres devait avoir pour principe l’union à Dieu dans la prière ; alors tout est dans l’ordre. Aussi bien la supériorité d’un genre de vie n’implique pas la plus grande sainteté de tous ceux qui s’y engagent ; le plus aimé est celui qui aime le plus.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 354.)
Illustration : Le repas chez Marthe et Marie par Jean Jouvenet (1689), Musée du Louvre.
27 juillet 2021
L’espérance irréalisable de l’extirpation totale du mal.
41 Le Fils de l’homme enverra ses anges. Et ils enlèveront de son Royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité,42 et les jetteront dans la fournaise du feu : c’est là qu’il y aura les pleurs et grincements de dents ! 43 Alors les justes seront brillants comme le soleil, dans le Royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles, entende ! » (Matthieu 13, 41-43)
Jésus n’était pas venu pour annoncer un cataclysme inévitable et définitif, mais pour améliorer les hommes en les amenant à Dieu : c’était cela le règne. La vertu s’exercerait à combattre le mal, sans prétendre le supprimer totalement, tentative impossible. Le semeur n’avait pas entendu paralyser l’effort en affirmant la vertu intrinsèque du règne de Dieu. Il ne prescrivait pas non plus l’indifférence en présence du mal, et la lutte contre le mal suppose des précautions contre l’influence des méchants. Il mettait seulement ses disciples en garde contre cette espérance irréalisable d’une extirpation totale du mal. La patience est bonne, même envers le mal qui vit en nous, et nous oblige à crier vers le Père.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 204-205.)
Illustration : Le bon grain et l’ivraie
22 juillet 2021
Jésus apparaît à sainte Marie-Magdeleine, apôtre des apôtres (Jean 20, 16-18)
« Alors la voix qui va au cœur et dessille les yeux, le nom familier dans la langue maternelle : “Mariam !” Aussitôt le cri “Rabbouni”, mon maître, et déjà la Magdeleine était aux pieds de Jésus, pleurante encore, mais de joie. Elle est à sa place, elle y veut demeurer, prolonger les effusions de son amour. Mais ce n’est plus le temps des larmes de la pécheresse répandues sur les pieds du Sauveur. Jésus appartient au monde d’en haut. S’il n’est pas encore remonté vers son Père, il ne tardera pas, et il lui incombe d’en avertir ses disciples. C’est, semble-t-il le sens de cette parole : “Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, et mon Dieu et votre Dieu.”
De ce moment Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres. Elle obéit, comme font ceux qui s’arrachent à la conversation avec leur Maître pour aller porter la bonne nouvelle : “J’ai vu le Seigneur !” Mais on ne la crut pas. »
L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange o.p. Artège Lethielleux, 2017, p. 631-632.
Illustration : Girolamo da Santa Croce (1490-1556) : Noli me tangere : Apparition du Christ à Marie Magdeleine (Bristol Museum and Art Gallery, UK)
20 juillet 2021
« Voici ma mère et mes frères » (Matthieu 12, 48-50)
Pénétrer auprès de Jésus était impossible. On le fait prier de venir. Quelqu’un lui dit : « Voici dehors ta mère et tes frères qui te cherchent. » Lui : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Et il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » La parenté spirituelle était fondée, la grande fraternité qui comprend, comme dit Luc, tous « ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ».
Cette réponse contient donc un point essentiel de la doctrine ; elle indique le caractère de la prédication de Jésus, l’appel le plus cordial aux bonnes volontés, avec l’assurance de rencontrer en échange dans son Cœur ce que les affections humaines ont de plus tendre.
Cela est mis en pleine lumière. D’autres considérations demeurent dans l’ombre. Les devoirs sacrés de la famille ne sont pas niés. Jésus ne renie pas sa Mère. On voit seulement qu’il attache plus de prix à ses sentiments envers Dieu qu’aux soins dont elle a bercé son enfance. L’Église, en mettant Marie à la tête de la nouvelle famille spirituelle de Jésus, très haut au-dessus de tous les saints, a interprété sa pensée.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 192-193.)
16 juillet 2021
Notre-Dame du Mont Carmel
Retraite aux carmélites, fin septembre ; sentiment de l’aes sonans aut cymbalum tinniens [airain qui résonne et cymbale qui retentit (1 Corinthiens 13, 1)]… : prêcher les vérités les plus sublimes sans être touché, à peine convaincu. Dieu se mêle du monde ! quoique nous ne comprenions guère mieux son action que sa nature… Est-ce étonnant ? Plus j’y pense, plus il me semble que l’acte de foi renferme éminemment un acte de confiance au Père : puisqu’il faut affirmer sans comprendre, n’est-ce pas par confiance dans la Vérité et la Bonté ?
Emitte lucem tuam et veritatem tuam [Répands sur moi ta lumière et ta vérité (Psaume 42, 3)] Elles me baignent et je ne vois pas en moi.
(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel)
Illustration : Merveilleuse icône de la Sainte Famille par sœur Marie Paul (1930-2019), bénédictine au Monastère de Notre-Dame du Mont Carmel à Jérusalem Mont des Oliviers https://www.benedictines-ndc.com/actualite-detail-408/soeur-marie-paul.html
14-15 juillet 2021
La révélation du Père et du Fils adressée aux petits (Matthieu 11, 25-30)
C’est la perle la plus précieuse de Matthieu. Le logion (Parole du Seigneur) se divise en trois parties : L’action de grâces au Père (25-28) ; II, point central sur la connaissance du Fils et du Père (27) ; III, appel aux âmes (28-30)
I. Dans ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, pour avoir caché ces choses aux sages et aux habiles, et pour les avoir révélées aux petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.
II. « Tout m’a été transmis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, comme personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudrait le révéler. »
III. Appel aux dociles : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et trop chargés, et je vous donnerai le repos. » [Dans l’esprit de l’Évangile] Jésus s’adresse à ceux qui sont fatigués de porter le joug de la Loi et les invite à recevoir de lui une doctrine qui les repose, et un joug suave.
Tout le programme est expliqué par les versets suivants. « Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes ; car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »
C’est auprès de Jésus que ceux qui sont fatigués [des observances pharisaïques] trouveront le repos. Ce qui est nouveau ici, c’est que le joug est celui de Jésus, législateur qui a offert aux pauvres, aux affligés la perfection de la loi. En effet le Christ a l’intention non pas de se donner en exemple, mais de dire pourquoi on doit s’en rapporter à lui. C’est qu’il est un maître doux et humble. De toute façon, directement ou indirectement, Jésus nous révèle ici le secret de son Cœur ; il est doux et il est humble : homme de condition modeste ; mais s’il en est ainsi par le cœur, c’est donc qu’il aime cet abaissement, par opposition à l’orgueilleux. Son enseignement sera la douceur et l’humilité. Le résultat est la paix de l’âme, avec Dieu, avec le prochain, avec soi-même.
« Car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »
Jésus reprend, pour les appliquer expressément à sa doctrine, les deux métaphores du joug et du fardeau […] bien conditionné, qui n’écorche par le cou, par conséquent doux au toucher.
Extraits de L’Évangile selon saint Matthieu par Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, Lecoffre-Gabalda, 1941.)
Illustration : Ce que tu as caché aux … (Diocèse de Poitiers)
10 juillet 2021
En ce jour-anniversaire de la naissance au ciel (10 mars 1938) de fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. notre prière se joint à celle de fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange o.p. Fr. Manuel célèbre sa messe aujourd’hui pour ceux qui se confient à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p. et pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu, dont la cause a été ouverte en 1986.
« Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi ! » (Ps 101.102)
« Ô bienheureuse Mère, donnez-moi je vous prie un humble sentiment de moi-même, plus d’amour de Dieu : je garderai le silence et parlerai, mais, avec vous et Jésus. » (Journal spirituel du P. Lagrange)
9 juillet 2021
Saint Matthieu (10, 16-23)
Voilà un évangile dur à entendre !
« Cet Évangile sera celui de Jésus, non seulement parce qu’il reproduira ses paroles, mais aussi parce qu’il annoncera le salut en lui ; les disciples seront persécutés à cause de son nom, parce qu’ils rendront témoignage à Jésus.
Alors ils n’auront pas à préparer leur défense à la manière des scribes, ruminant les décisions déduites de l’Écriture. Ils ne parleront même pas selon leur esprit propre, c’est l’Esprit Saint qui parlera pour eux. […] Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé, c’est-à-dire que celui qui tiendra jusqu’au bout obtiendra le salut de son âme, ce salut dont Jésus a dit plus d’une fois que les trésors du monde entier ne le valent pas. » (Marie-Joseph Lagrange dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 520.)
4 juillet 2021
Jésus à Nazareth (Mc 6, 1-6)
C’est donc bien Jésus qui est nommé le charpentier, et le fils de Marie, comme le fils unique d’une veuve. Quant aux frères de Jésus ? Quiconque fait la volonté de Dieu est son frère et sa sœur et sa mère. Ici la sœur devait être nommée parce qu’il y avait sûrement des femmes dans l’assistance. Les compatriotes de Jésus, d’abord étonnés et saisis, se renferment dans une attitude moqueuse. Tout ce qu’on a dit de Jésus et même ce qu’ils ont constaté ne prouve pas sa mission divine, parce qu’ils connaissent ses parents ! Ils refusent de croire en lui.
Ce sentiment naît de la jalousie, si ordinaire dans les petits endroits, et de la familiarité. Il s’explique spécialement au point de vue messianique ; il n’y avait rien dans les humbles débuts de Jésus, connus de tous à Nazareth, qu’il pût se concilier avec l’attente d’un Messie survenant en gloire. Il est cependant étonnant que Jésus, qui vient d’être rejeté par les Géraséniens puisse dire si absolument qu’un prophète n’est reçu sans honneur que dans son pays.
Faire la volonté de Dieu, c’est, d’après les mystiques, la racine et le sommet de la perfection. Si Jésus choisit ce signe, c’est peut-être aussi parce qu’en ce moment il est occupé à faire la volonté de son Père. Cette impuissance à faire des miracles (ce jour-là), n’a d’ailleurs rien de choquant. Marc ne croit pas que Jésus cesse d’avoir le pouvoir de faire des miracles, mais ce pouvoir ne s’exerce, comme le prouve l’exemple de l’hémorroïsse, que lorsqu’il rencontre de la foi.
Jésus, rejeté de Nazareth, n’en continue pas moins de prêcher dans les bourgs, de façon à former un cercle, et par conséquent à revenir à son point départ, aux environs du lac. C’est là qu’il a choisi les apôtres ; c’est de là qu’il va les envoyer.
(P. Marie-Joseph Lagrange O. P., L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1911.)