Des trois années initiales qui précédèrent sa première communion, le 27 mai 1866, les notes intimes ne signalent guère que les contretemps périodiques imposés par la maladie et le goût prononcé pour la lecture, non sans une tendre piété persévérante envers la Sainte Vierge dont il aimait à réciter le petit Office. Mais à partir de ce qu’elles nomment « le début de l’âge ingrat », durant sa classe de cinquième, elles sont empreintes d’une humble amertume sur l’envahissement néfaste de la vie personnelle consciente de son être et de ses sentiments :
“Je ne puis songer à ces années sans une indicible émotion. Rien n’égale le charme de ce commencement de la vie naturelle, si ce n’est le commencement de la vie en Dieu … Dieu m’attirait à lui par tant d’impressions de piété ; mais le charme de vivre, de penser, d’aimer la littérature, l’histoire, et peut-être aussi ce levain de paganisme que dépose en nous la plus pieuse des éducations modernes me faisaient dire : « Plus tard ! ».. Je craignais Dieu ; j’évitais ce me semble de l’offenser mortellement ; mais quel entraînement, quel élan de la pensée vers les merveilles de la nature, de la poésie, de l’art ! …”
(Louis-Hugues Vincent : Le Père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son oeuvre, éd. Parole et Silence, 2013, p. 24.)
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