Saint Denis de La Réunion, le 21 mai 2014.
Fête du bienheureux frère Hyacinthe-Marie Cormier O.P.
Bonjour,
Merci de tout cœur pour vos témoignages d’amitié dans la foi au Vivant à l’occasion du décès de ma mère le 3 avril 2014. Dans le silence de ma mémoire son visage et ses paroles reviennent quotidiennement. Elle ne répond plus au téléphone. Son appartement est vide. Ses vêtements restent pliés dans les tiroirs de ses armoires. Silence de mort. Silence de Dieu. Prière au Christ du Calvaire aux prises avec le mutisme du Ciel. Évangile qui enflamme la foi et le cœur. Présence de saint Dominique qui me rappelle son action « plus utile après sa mort que sur la terre». Silence l’Esprit-Saint -Amour- qui remplit l’univers.
A La Réunion, nous avons vécu un bon Carême et une belle Semaine Sainte. La cathédrale est apparue souvent pleine et la louange est montée éclatante et forte vers Dieu.
Dès le lundi de Pâques, je me suis rendu à Madagascar pour animer deux sessions à la Famille dominicaine réunie à Antsirabé : jeunes garçons et filles attirés par le charisme dominicain rassemblés avec les sœurs dominicaines de la Délivrande ; entrée de douze laïcs dominicains dans la Fraternité de Tananarive qui s’était déplacée à Antsirabé pour la récollection du week-end 26-27 avril 2014 dans la ferveur suscitée par la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Le frère Chrystophe Randriambololona a participé aux formations et aux célébrations. Vous pouvez voir la photo en fichier-joint.
De retour à Tananarive le dimanche soir, le 27 avril, j’ai commencé à donner les cours de théologie de la communication et de la doctrine sociale de l’Église aux étudiants en master de théologie et en master des sciences sociales (droit, économie, sociologie) de l’Université catholique de Madagascar qui est considérée comme l’une des meilleures universités du pays. Le frère Benoît-Joseph Colonval nous a rejoints le 3 mai pour son premier voyage dans la Grande Ile. Il a pu rencontrer des professeurs à l’Université catholique (UCM), de nombreux religieux et religieuses malgaches ainsi que des évêques.
Les évêques demandent l’aide de l’Ordre des prêcheurs pour la formation des prêtres, des religieux, des étudiants et des responsables laïcs. A Antsirabé, 155 séminaristes suivent la formation en philosophie et ils seront 200 l’an prochain. L’Église malgache a besoin de professeurs et de formateurs. L’Université Catholique de Madagascar (UCM) à Tananarive désire la collaboration des frères pour l’enseignement de la philosophie et de la théologie sans oublier l’aumônerie de leurs étudiants dont 60% appartiennent à des églises protestantes. La bourgeoisie malgache a été évangélisée par des protestants arrivés de l’Europe du Nord bien avant la catéchèse donnée par les Jésuites français au XXe siècle.
La Famille dominicaine grandit petit à petit à Madagascar. Nos sœurs dominicaines de la Délivrande accueillent à Antsirabé une vingtaine de jeunes filles attirées par la vocation dominicaine. La Fraternité laïque dominicaine de Tananarive, fondée il y a deux ans, réunit une trentaine de participants. Un bourgeon de Fraternité laïque dominicaine a commencé à poindre à Antsirabé à la suite des sessions données après Pâques. Par ailleurs, les Équipes du Rosaire rassemblent plus de 2000 membres dans plusieurs diocèses malgaches et elles ont été reconnues officiellement par l’Épiscopat.
Ayant pris des engagements de longue date, avant mon assignation à La Réunion en janvier dernier, je serai à Strasbourg pour le colloque de Justice et Paix en tant que promoteur provincial du 29 mai au juin et le mardi 3 juin à Autun pour conférence sur le père Lagrange qui reçut une très bonne formation au Petit Séminaire de cette ville. Ensuite ce sera la retraite aux Carmélites de Mende et une célébration de mariage à Marseille. En juillet, je retrouverai avec la grâce de Dieu la Guadeloupe et Haïti pour des prédications de retraites et de récollections aux Fraternités laïques dominicaines pour lesquelles je suis l’assistant provincial.
Le père Lagrange a noté dans son Journal spirituel inédit, qui verra bientôt le jour aux Éditions du Cerf, les conseils du père Cormier, alors prieur provincial de Toulouse, lors de sa visite canonique aux frères exilés au couvent de Salamanque suite aux expulsions des religieux français 1880 : « Esprit de sacrifice et esprit de conquête ». Les fruits apostoliques magnifiques portés par la prédication des frères de la province de Toulouse en Espagne, en France, à Jérusalem et dans la mission du Brésil, témoignent de leur « esprit de sacrifice et de conquête » dont l’Église et l’humanité ont toujours besoin !
Belle fête du bienheureux Cormier O.P. !
Dans la joie pascale, je vous présente au Seigneur au cours de la célébration de la messe de ce jour.
Fr. Manuel
P.S. En fichier-joint, poème du frère Ceslas Durand O.P. en hommage à sa mère, qui nous aide à fêter les mamans, dimanche 25 mai.
À celle qui
Lors de mes premiers pas
Vers l’écriture
M’a tenu la main
À ma mère
Dans ses rides
Je lis la cicatrice
Du Temps et du labeur
Les sentiers des sanglots
Et la carte du Tendre.En elle, j’aime l’automne
Et la vigne qui met bas
Et les rides de ce visage
Et la plus belle page
De mon livre d’orRides : sacrement du labeur
Sillons : la vie mûrit ainsi
À la manière vive des ruisseaux.Je vois encore en toi,
La vigne qui accouche
À la morte saison.Tu m’as conçu
Et préconçu
Tu m’as choisi
Grain de lumière
Bouture de liberté
Fragment d’éternité.Georges Lauris (fr. Ceslas Durand o. p.)
Autoportrait sans miroir
Extrait de « Pensées d’automne »
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