29 février 2016
La révélation contient donc un enseignement qui fait connaître à l’homme le nouveau but qui lui est assigné. Or, précisément parce que cette connaissance dépasse la raison, et donc ne s’impose pas à elle par sa propre clarté, si ce n’est chez la personne qui reçoit la lumière divine, Dieu confirmera cet enseignement par des signes extérieurs ; pour que ce signe fasse impression et soit du même ordre que l’enseignement qu’il est destiné à confirmer, il sortira du cours ordinaire des choses, tantôt par son importance et par l’impression que des circonstances sagement groupées font sur les esprits, tantôt par le miracle proprement dit. Cette Providence spéciale de Dieu, ces révélations, ces miracles ne peuvent être perçus de tous. Dieu a jugé bon qu’ils soient consignés dans un livre, l’écriture, comme moyen de conserver l’histoire, étant d’un usage courant dans l’humanité. Mais qui entreprendra cette tâche s’il n’est excité par Dieu et soutenu par lui ? De même que le miracle confirme la révélation, l’inspiration garantit l’enseignement surnaturel et nous est un gage des intentions paternelles de Dieu dans l’œuvre de notre salut, ou, comme disaient agréablement les anciens, une lettre que nous recevons de notre Père. Nous n’avons qu’à ouvrir cette lettre avec respect et à la lire avec une filiale soumission (Père Lagrange. La notion d’inspiration).
26 février 2016
L’intervention surnaturelle de Dieu. – Je n’hésite donc pas à le dire, l’étude historique, très attentive et très critique, mettra de plus en plus en lumière l’action surnaturelle de Dieu […] Je ne voudrais rien dire qui pût caractériser cette intervention comme arbitraire, mal proportionnée au temps, brouillant les cervelles, se montrant pour le plaisir de se montrer, touchant à tout, comme un enfant capricieux qui fait voir qu’il est le maître. Je suis persuadé au contraire qu’elle est infiniment suave et douce, condescendante, ordonnée, légère de touche, on dirait aujourd’hui eurythmique. Mais enfin l’histoire de l’Ancien Testament est l’histoire d’une chute et de plusieurs rechutes. Il a fallu que Dieu intervînt par la prophétie et le miracle, et cela se voit, jusqu’au jour où il a résolu de venir faire lui-même une œuvre définitive, qui se continuerait d’une façon stable par l’institution de l’Église (Père Lagrange. La méthode historique. L’évolution du dogme).
22 février 2016
L’Église nous enseigne la doctrine, elle nous guide dans l’action et dans la vie. La vérité révélée ne touche que les sommets, c’est de là qu’elle se répand pour éclairer les actes. Des hommes généralement distingués par l’intelligence, formés aux bonnes méthodes, occupés leur vie entière de questions spéciales, se prononcent. Ils constituent une autorité des plus respectables. Concevrait-ont des particuliers s’émancipant de l’enseignement scientifique de leur temps, comme des gamins de Paris qui prendraient plaisir à toucher aux plots des tramways ? De même lorsqu’il s’agit de la morale et de la vérité. Le corps des théologiens constitue la meilleure des garanties ; ils représentent en somme, pour une fonction spéciale, ce que le simple particulier doit toujours avoir en grande estime, l’intelligence, le travail, la sagesse accumulée des siècles et l’apport des contemporains (Père Lagrange, La méthode historique même en matière scientifique).
16 février 2016
Dieu a jugé à propos de se communiquer aux hommes et de se faire comprendre d’eux. Il leur a donc parlé, si nous devons nommer ainsi ce qu’un esprit fait savoir à un esprit. L’homme a pris en présence de Dieu une attitude, qui ne fut pas toujours celle de l’adoration et de l’amour, jusqu’à ce qu’enfin, peu content de parler par l’organe d’autres hommes, le Fils de Dieu s’est incarné pour nous dire ce qu’il a plu au Père de nous révéler. La Révélation fut une longue chaîne de témoignages rendus par des homme à la vérité, avant d’être le témoignage rendu au Père par le Fils, et le témoignage rendu par les apôtres au Fils incarné.
Or, il a plu à Dieu que quelque chose fût écrit de ces relations divines et humaines, engagées dans la trame de l’histoire et dans les sentiments les plus divers, et pour donner au Livre une authenticité certaine sans lui enlever son caractère d’adaptation aux temps et aux circonstances, il a favorisé les écrivains d’une lumière spéciale, celle qui convenait à leur génie, à la vérité qu’ils connaissaient, au rôle qu’ils avaient à jouer. De telle sorte que, il faut le répéter, ils sont les auteurs du Livre et que Dieu en est l’auteur (Père Lagrange, La Bible au Moyen Âge).
13 février 2016
Luc 4, 1-13
C’est une pensée pieuse, aussi utile que vraie, de voir dans la tentation repoussée par Jésus la preuve de sa condescendance, de la réalité de sa nature semblable à la nôtre, un exemple et un réconfort. Tout cela est contenu dans l’enseignement de l’Épître aux Hébreux (2, 18 ; 4, 15) : « C’est parce qu’il a souffert, et a été lui-même éprouvé qu’il peut secourir ceux qui ont été éprouvés…, car nous n’avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos infirmités ; pour nous ressembler il les a toutes éprouvées, hormis le péché. »
Mais si le Sauveur doit nous servir de modèle, et s’il a voulu se mettre à notre rang, s’il a permis à Satan de le tenter en sa qualité d’homme, le fait qui résulte de cette lutte, c’est sa victoire après un combat singulier. Satan l’a vu disposé à établir le règne de Dieu ; il a craint que ce ne fût la fin de son règne à lui, il a cru possible de détourner Jésus de son entreprise, ou plutôt il a essayé de le faire entrer dans une voie où il aurait lamentablement abouti à confirmer son propre empire.
Étranges conceptions aux yeux de nos contemporains ! Il est cependant certain que, même après tant de siècles de christianisme, la part du mal dans le monde est très grande, selon l’estime de ceux qui nomment mal ce qui est contraire à la volonté de Dieu (Père Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ).
10 février 2016
« Évite le mal et fais le bien, recherche la paix et attache-toi à elle. » Diverte a malo et fac bonum, inquire pacem et persequere eam. Ps 34 (33). (cité par le P. Lagrange dans son Journal spirituel).
10 février : En communion de prières avec Fr. Manuel Rivero qui célèbre la messe, de ce jour anniversaire, aux intentions de tous les amis de l’association du Père Lagrange, ainsi que pour la béatification de cette grande figure de l’Église qu’est le père Lagrange.
6 février 2016
La religion a pour but de nous rapprocher de Dieu ; la plus parfaite est celle qui nous unit à lui davantage. Quand l’union est telle que l’esprit ne peut en concevoir de plus intime, je pense que nous avons atteint l’absolu et le définitif autant que l’homme est capable d’y participer. Ce que la religion nous propose de croire, c’est que Dieu s’est uni à la race humaine par l’Incarnation, qu’étant incarné il s’unit à nous par l’Eucharistie pendant cette vie, que s’unissant encore à nous par la grâce, il nous offre d’être unis avec lui par la gloire en pénétrant dans la vue même de sa nature insondable. Il semble qu’il suffise de réciter ces termes pour reconnaître qu’il est impossible d’aller plus loin dans l’ordre religieux. Ce qu’on peut dire, c’est que c’est trop beau, que c’est de l’idéal, non du réel, que c’est une chimère : personne ne peut proposer rien de plus à moins de supprimer l’une des conditions du problème : une race humaine qui désire se rapprocher de Dieu. Ceux qui ne veulent plus croire doivent donc dire simplement que, durant des siècles, l’humanité a fait fausse route en s’occupant de religion, et que la forme religieuse la plus parfaite n’étant qu’un rêve, il ne reste plus qu’à briser la dernière idole, l’idée d’un dieu personnel, et à renoncer une bonne fois à toute religion. Cela serait franc et net. Mais on aime à colorer ce beau résultat du nom de progrès. Qu’on dise alors progrès de la pensée dans le sens de l’émancipation et non progrès religieux (Père Lagrange. La méthode historique).
1er février 2016
Assurément les chrétiens eux aussi vénèrent l’Écriture sainte, inspirée par Dieu, et nul, pas même le Souverain Pontife, ne pourrait s’arroger le droit de la contredire. Mais pour eux l’Écriture n’est pas tout. Elle est complétée par la tradition transmise depuis les Apôtres, et dont l’autorité est la même. La règle de foi, ce n’est pas l’explication que tel ou tel docteur donne de l’Écriture, c’est la formule reconnue par l’Église comme représentant correctement la vérité révélée ou le dogme, comprenant des vérités de foi qui s’imposent à l’intelligence, des vérités morales plus spécialement destinées à régler la conduite. Mais ce domaine, si étendu qu’il soit, n’embrasse que les vérités immuables qui participent de l’éternité de Dieu. Une foule d’actes humains sont conditionnés par les circonstances du temps et du lieu : la législation qui les règle peut changer avec ces circonstances. La discipline de l’Église elle-même ne doit pas perdre de vue les développements de la société et des mœurs. L’Église catholique, dirigée par un Chef, a toute autorité pour opérer les transformations utiles dans ce domaine mouvant pour ce qui regarde les intérêts éternels, laissant les pouvoirs publics disposer selon la droite raison en ce qui concerne les intérêts du temps. (P. Lagrange. L’Évangile de Jésus-Christ. Jésus à Capharnaüm)