Écho de notre page Facebook : mars 2020

 

25 mars 2020
Annonciation du Seigneur

Nous ne comprenons pas assez à quel point le Magnificat exprime les sentiments suggérés par la Révélation ancienne, embrassée dans son esprit, au moment où elle va se dépasser elle-même par l’amour du salut, dans un tressaillement de joie.

D’où vient en effet cette joie, ce transport de joie ? Un ange a abordé Marie, non pas au milieu de ses compagnes, se chamaillant à qui passera la première à la fontaine, comme l’entend une tradition locale des Grecs, mais dans le silence de sa demeure, si simple qu’on pouvait à peine la nommer une maison. Et l’ange a proposé à Marie, au nom de Dieu, d’être la Mère du Messie. Marie a compris. Mais cela pouvait-il être d’accord avec le vœu que lui avait inspiré la sainteté de Dieu, qui ne s’unit qu’aux cœurs purs ? Elle apprend maintenant le secret des secrets, la merveille des merveilles, comment la sainteté de Dieu, qui se plaisait aux retranchements et aux abstentions de la créature, aujourd’hui dans ce miracle unique ferait œuvre de fécondité. En Marie, pleine de grâce, elle ne trouvait rien à détruire, et c’est précisément en tant que Saint que Dieu lui donnerait un fils. La Sainteté si redoutable dans l’intérêt de l’isolement de Dieu se communiquait, en envahissait même l’humanité. D’où cette parole étonnante : « ET POUR CELA, l’enfant né [sera] saint, il sera le Fils de Dieu. » Le pas franchi, la Sainteté non seulement sauvegardée, mais prodiguée, le reste serait l’œuvre de la Puissance, à laquelle rien n’est impossible, et Marie n’avait plus qu’à dire : « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon votre parole. »

(Marie-Joseph Lagrange, L’Écriture en Église. Marie de Nazareth, Cerf, 1990, p. 156.)

Photo : L’Annonciation du Seigneur par Fra Angelico – Musée du Prado.
À gauche : Adam et Ève chassés du Paradis et les roses du jardin de Marie

22 mars 2020
L’aveugle-né

Dans l’Évangile selon Saint Jean (Lecoffre-Gabalda, 1936), le P. Lagrange donne le plan de l’évangile de ce jour : « Le fait miraculeux, et les premières impressions qu’il cause (1-12) ; 2) l’enquête des Pharisiens (13-34) ; 3) l’action du miracle et des paroles de Jésus auprès de l’aveugle guéri et des Pharisiens (35-41), puis il développe longuement les versets 9, 1-41.)

Au verset 39, nous lisons : Jésus a dit qu’il n’était pas venu pour juger, mais pour sauver (3, 17 ; 8, 15 ; 12, 47) ; il n’en est pas moins vrai que c’est à son sujet que se fait le discernement, comme il a déjà dit en d’autres termes (5, 24) ; 3, 17 s.) ; c’est d’ailleurs une idée enregistrée par Lc 2, 34). – Et c’est aussi l’affirmation solennelle de Jésus dans Mt 11, 25, et Lc 10, 21, que les choses cachées aux sages et habiles ont été révélées aux petits. Ici on comprend aussitôt quels sont ceux qui voyaient ou croyaient voir et sont devenus aveugles : ce sont les Pharisiens. Les autres sont représentés par l’aveugle devenu voyant, que ce miracle désignait pour en être le type. En effet cet homme, sans instruction, méprisé par les sages, a été élevé peu à peu à la lumière de la foi. C’était aussi le cas des disciples. Cette pensée n’est pas moins en situation durant la vie de Jésus sous la plume de Jean que dans les synoptiques. […] Le sens symbolique du miracle est dévoilé sans allusion aux destinées ultérieures de l’évangile ; c’est le passage de la cécité à la lumière (cf. Is 42, 16), se détachant sur le sombre fond de l’aveugle persistant (cf. Is 6, 9 ; 56,10)

Photo © Archevêque Job de Telmessos.

18 mars 2020

Le père Marie-Joseph Lagrange avait une grande dévotion pour saint Joseph.
Fêter saint Joseph dans le confinement

À La Réunion, la fête de saint Joseph est célébrée par la communauté catholique de manière solennelle avec une affection particulière envers le père adoptif de Jésus, « le grand silencieux », dont les Évangiles n’ont gardé aucune parole ; ses actions manifestent avec éclat sa foi en Dieu et son sens des responsabilités dans l’adversité.
Cette année, la mémoire de saint Joseph se fera sans messes publiques ni rassemblements populaires de prière mais dans la communion spirituelle.
La grandeur de saint Joseph réside dans son acceptation de la mission reçue de la part de Dieu : veiller sur son épouse, Marie, et sur l’enfant Jésus. En ce sens, saint Joseph représente un modèle pour chacun d’entre nous appelés à adopter notre vie qui ne correspond pas nécessairement aux projets planifiés.
À la lumière de la sainteté de saint Joseph, nous avons à adopter le temps du confinement pour le vivre comme une mission à accomplir au service du bien commun avec les renoncements que cela comporte.
Adopter ne veut pas dire se résigner ou subir. La tentation est grande de tomber dans le découragement, le laisser-aller, ou encore dans la colère et les disputes. La vie commune s’avère difficile voire dangereuse dans le confinement avec le risque de « péter un câble ». Cela est vrai non seulement dans les cellules de prison mais aussi dans les familles.
La fête de saint Joseph a lieu dans le temps du Carême qui demande aux chrétiens d’affronter le mal et le malin avec la force de Jésus le Christ. Saint Joseph a mené le combat de la foi sans murmurer et de manière fidèle.
À la prison, les personnes détenues qui vivent la foi chrétienne s’exclament souvent : « La prison, un mal pour un bien. » La perte de liberté qui n’est pas bonne en soi peut devenir l’occasion de grandir en humanité et en spiritualité. Il arrive souvent que les détenus des prisons améliorent leurs liens familiaux en vivant l’épreuve de la prison.
Le pape François a mis un écriteau sur la porte de sa chambre au Vatican : « Il est interdit de se plaindre. » Une religieuse trinitaire malgache me disait avoir mis sur le mur de sa chambre cette devise : « J’aime la maison que j’habite, les personnes avec lesquelles je vis et le travail que j’accomplis. » C’est cela adopter sa vie, imiter et fêter saint Joseph en ces jours de confinement.
Le confinement peut alors favoriser la solidarité et l’amour dans les familles.

L’occasion nous est donnée de penser à ceux qui sont privés habituellement de liberté. L’auteur de l’épître aux Hébreux, dans le Nouveau Testament de la Bible, n’hésite pas à exhorter les chrétiens à se souvenir des prisonniers comme s’ils étaient eux-mêmes en prison (cf. Hb 13,3). Face à l’individualisme, le chrétien s’estime membre d’un corps social et ecclésial. « La mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain », disait le poète Jonh Donne.
Saint Joseph a été invoqué au cours de l’histoire de l’humanité comme le patron de la bonne mort. Prions pour les malades du coronavirus et pour les défunts.
La popularité de saint Joseph correspond à l’expérience d’une multitude de grâces reçues par son intercession auprès de son adoptif Jésus, le seul Sauveur pour la foi chrétienne.
Bonne fête de saint Joseph dans le confinement !
Fr. Manuel Rivero O.P.
Aumônier catholique de la prison de Domenjod (Saint-Denis/la Réunion).
Images : Présentation de Jésus au Temple. Fra Angelico. Florence (Italie).

15 mars 2020
La Samaritaine
L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (Jn 4, 13)
 
Quoique Jésus ait sans doute mis l’accent sur l’eau vive, c’était cependant l’expression consacrée pour de l’eau de source ; l’erreur de la Samaritaine était excusable, et Jésus lui découvre maintenant sa pensée sur ce point, en même temps qu’il maintient sa qualité d’auteur de ce don, qualité qui grandit avec le don lui-même, car l’eau dont il parlait jaillit pour la vie éternelle. « Cette eau » s’applique tout d’abord à l’eau du puits. Mais eau de source ou eau de citerne, l’eau ne désaltère que pour un temps très court. L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon S. Jean, 1936, p. 105-107)

 

11 mars 2020
Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ?

« Et Jésus, montant à Jérusalem, prit les Douze auprès de lui, à part, et, en chemin, il leur dit : ‘Voici que nous montons à Jérusalem. Et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes. Et ils le condamneront à mort et ils le livreront aux Gentils pour que ceux-ci puissent se moquer de lui, le flageller et le crucifier. Mais le troisième jour, il sera ressuscité.’ »

Commentaire du P. Lagrange : Jésus cheminait donc dans la vallée du Jourdain assez élargie pour former une grande plaine. À l’ouest s’élevaient à pic les hautes collines, premier étage de trois paliers que dominait Jérusalem. Naguère il avait semblé fuir devant les menaces des Juifs. Et voici qu’il prenait la direction de la route qui, de Jéricho, escaladait les premières pentes. Il marchait en avant, comme un chef résolu. Ceux qui venaient le plus près, les Apôtres, étaient dans l’étonnement ; les autres le suivaient encore, mais ils commençaient d’avoir peur. Alors le Maître, ne comptant que sur ses plus fidèles disciples, appela à lui les Douze, et pour les fortifier d’avance par le souvenir de ses paroles, faisant apparaître la gloire après l’épreuve, il leur annonça qu’il allait être livré aux princes des prêtres et aux docteurs, maltraité par eux, condamné à mort, jeté aux Gentils qui se moqueraient de lui, cracheraient sur lui, le flagelleraient et le feraient mourir. Après, c’était la résurrection, assurée et promise, mais il fallait passer par ces souffrances longuement décrites et par ces heures de ténèbres, la résurrection n’étant qu’un point lumineux après trois mortels jours d’attente. Les Apôtres ne comprenaient pas. Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ? (L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p.450).

10 mars 2020
Marie-Joseph Lagrange, 7 mars 1855-10 mars 1938
Ce 10 mars, comme chaque mois à la même date, nous sommes en union de prières avec fr. Manuel Rivero, o.p. Fr. Manuel célèbre la messe aux intentions particulières des amis de l’association et pour la prochaine béatification du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

8 mars 2020
La Transfiguration du Seigneur
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. »
(Deuxième dimanche de Carême)
Commentaire du père Lagrange

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. » Soudain, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux (Marc 9, 2-10).

Dans son commentaire de la Transfiguration, le père Lagrange relie
– la scène du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean le Baptiste,
– la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe
– et le dévoilement de la gloire qui est cachée sous le voile de la chair de Jésus.
À Césarée de Philippe, Pierre reconnaît Jésus comme le Christ ou Messie : « Tu es le Christ » (Marc 8, 29).
Au baptême, le Père s’adresse du haut des cieux à Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Marc 1, 11).
Tandis que lors de la Transfiguration, le Père révèle à Pierre, Jacques et Jean que Jésus est son Fils à qui il faut obéir : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; écoutez-le. »

C’est dans la solitude et le silence, « à l’écart » – « une expression favorite de Marc[1] » – que Jésus manifeste sa gloire aux trois disciples qui seront présents à Gethsémani : « Plus d’un Père[2] a pensé que les témoins étaient les mêmes parce que le souvenir de la lumière éclatante devait les préserver contre le scandale de l’agonie. Pierre a été choisi, comme le chef désigné, Jean était le plus aimé, Jacques son frère ne le quittait pas et devait être le premier des Apôtres à verser son sang pour l’évangile.[3] » (Fr. Manuel Rivero o.p. – Source La Revue du Rosaire, mars 2009.)

[1] LAGRANGE (Marie-Joseph), Évangile selon saint Marc. Troisième édition, Paris, Librairie Victor Lecoffre J. Gabalda Éditeur, 1920, p. 216.

[2] Par « Père », le père Lagrange entend un des Pères de l’Église : anciens écrivains chrétiens reconnus pour la valeur de leur doctrine, la sainteté de leur vie et l’approbation de l’Église.

[3] LAGRANGE (Marie-Joseph), L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. LAVERGNE o.p. éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 290-293.

 

Photo : La Transfiguration de Fra Angelico (1440-1442) Convento San Marco, Cellule n° 6, Florence (Italie). Toujours aussi lumineuse.

 

1er mars 2020
La victoire de Jésus sur Satan

Dans l’évangile de ce jour (Mt 4, 1-11), « La tentation de Jésus ne fait pas partie de son ministère public. La scène s’est passée entre Lui et Satan, sans témoins. […] La psychologie de Satan est courte. […] Cette fois le démon s’éloigne […] Et pour bien marquer que la victoire vient d’être remportée dans une sphère surhumaine, les anges, qu’on ne voient pas rendre ce bon office à Jésus durant son ministère, les anges s’approchèrent et le servirent. (Voir le texte en entier dans M.-J. Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 98-101.)

Photo : Jésus tenté par le démon et servi par les anges (École italienne 17e) après restauration-Studio Basset-Musée de Valence.

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