Mercredi saint, 31 mars 2021
Une pensée du P. Lagrange
J’ai attaché beaucoup trop d’importance aux belles considérations et même aux dévotes affections (sensibles) : si, après une oraison que j’ai cru fervente, je fais des actes imparfaits ou mauvais, suis-je bien avancé ? Je juge de mon état par les sentiments, je dirai presque les sensations que j’éprouve. En somme, l’homme est bon ou mauvais par les actes de la volonté.
(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, 6 avril 1882. Mercredi saint.)
Mardi de la Semaine sainte 30 mars 2021
Jésus dénonce la trahison
Judas dit à Jésus : « Maître, serait-ce moi ? »
Malgré le privilège d’une foi indéfectible n’assuré qu’à Pierre, Jésus lui dit : « En vérité, , je te le dis : toi-même aujourd’hui, cette nuit, avant qu’un coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. » Pierre répondit : « Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas ! » L’affection, entraînée à s’affirmer plus ardente, peut seule faire pardonner un pareil démenti. (Jn 13, 21-33. 36-38)
(Quelques phrases tirées de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange o.p. Artège, Paris, 2017.)
Illustration : Judas et Pierre demandent à Jean : « Qui est-ce ? » La Cène de Marco d’Oggiono.
Lundi 29 mars 2021
Évangile selon saint Jean 12, 1-11
« Tu demandes pourquoi elle n’a pas vendu ce parfum ? C’était afin de le conserver pour le jour de ma sépulture. »
Et en effet son cœur attentif avait été touché d’un pressentiment auquel les autres demeuraient fermés ; elle avait oint d’avance le corps du Maître tant aimé. Et ce geste était si beau, étant inspiré par une lumière divine, que Jésus annonça solennellement : partout où sera prêché l’Évangile, dans le monde entier, on parlera de ce qu’a fait cette femme, en mémoire d’elle. Prophétie réalisée dans toutes les chaires où l’on prêche la Passion.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)
Dimanche 28 mars, dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur
L’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem (Marc 11, 1-10).
En ce début de la Grande Semaine, cette journée commence par l’entrée messianique à Jérusalem. Hosanna est tiré d’un psaume (118, 25), ce qui signifie « Sauve donc ». C’était devenu une acclamation, comme « Gloire, Victoire ! ». Le reste du récit est parfaitement clair, mais on se demande pourquoi Jésus, qui a toujours évité l’éclat, a accepté et presque provoqué cette explosion d’enthousiasme messianique. C’est parce qu’il appartenait à sa mission de se présenter comme Messie, afin que les Juifs ne puissent alléguer qu’il ne leur avait pas donné lieu de le reconnaître. Aussi a-t-il choisi une entrée messianique incontestable, puisqu’elle réalise une prophétie clairement messianique (Zacharie 9, 9), mais en même la plus modeste. On a souvent exagéré la magnificence de ce triomphe, car, dit-on, d’après les Orientaux, l’âne est une noble monture. En réalité les rabbins étaient embarrassés de l’humble équipage décrit par le prophète. Ce devait être une entrée de rechange, pour le cas où les Israélites ne seraient pas dignes de voir le Messie descendre des nuées du ciel. Jésus a donc su concilier ce qu’il devait à son titre, et ce qui donnait satisfaction à l’humilité de son cœur. Son triomphe est tout populaire, par les sentiments spontanés et les hommages rustiques. Cette simplicité montrait assez qu’il ne venait pas pour établir un royaume temporel ; l’aspect spécifique de cette foule qui se dépouille de ses vêtements au lieu de prendre les armes devait rassurer la vigilance des Romains. Le contraste n’en est pas moins saisissant avec les scènes de la Passion. Le peuple s’était prononcé ; il se déjugea.
En effet, le lendemain c’était le début de la Passion. Les adversaires de Jésus ne veulent pas attendre la fin de la fête, signal du retour en Galilée, et ils craignent l’agitation durant la fête. Ils n’ont pas de temps à perdre. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1935.
Illustrations : Entrée messianique de Jésus à Jérusalem par Giotto.
Le baiser de Judas par Giotto.
Jeudi 25 mars 2021
Annonciation du Seigneur
« Et voici que tu concevras et que tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles, et son règne n’aura pas de fin. » (Luc, 31-32).
La phrase est pour ainsi dire stéréotypée dans la bouche de l’ange quand il s’agit d’un enfant extraordinaire. – Il est probable que Luc qui a insisté sur la virginité de Marie (verset 27) : « à une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie » – pensait à ce dernier passage ; le nom d’Emmanuel ne pouvait remplacer celui de Jésus, et son contenu symbolique, « Dieu avec nous » […] Le nom le plus répandu du Messie était Fils de David.
Le trône de David restauré doit s’étendre à toute la maison de Jacob. […] L’ange affirme encore plus nettement qu’Isaïe (9, 6) : – « Étendu est l’empire dans une paix infinie, pour le trône de David et sa royauté, qu’il établit et qu’il affermit dans le droit et la justice. Dès maintenant et pour toujours l’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. » – que le règne n’aura pas de fin. Et comme Daniel (7, 13) : – « Je contemplais, dans les visions de la nuit. Voici, venant des nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit. » – C’est ouvrir une porte sur le surnaturel, car ce qui est infini dans un sens sort des conditions des choses humaines. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1941.)
« Ô Vierge très pure, soyez louée et bénie par le Créateur et les créatures, et béni soit le fruit de vos entrailles, Jésus. » (Marie-Joseph Lagrange, o.p. Journal spirituel)
Illustration : Annonciation par Edward A Fellowes Prynne (1854-1921)
Dimanche 21 mars 2021
De l’évangile de saint Jean (12, 20-33)
Seigneur, nous voulons voir Jésus. […] Ces braves gens n’osent se présenter eux-mêmes ; ils ont vu Jésus comme tout le monde, monté sur le petit âne, mais ils voudraient l’entretenir. Nés dans le paganisme, ils ont acquis la foi en Dieu ensuite du travail personnel de leur esprit et de l’impulsion de leur cœur ; ils devaient plus que d’autres se sentir pressés de demander à Jésus plus de lumière. […]
Le vrai triomphe de Jésus sera le fruit de sa mort (23-33).
À une explosion de messianisme national, qui ne fait qu’éperonner la haine des Pharisiens dirigeants, et qui procure chez les Grecs une curiosité plus ou moins sympathique, le Messie répond en exposant sa vraie mission, où le triomphe était attaché à l’élévation sur la croix pour le salut de tout le monde. C’est comme une effusion de l’âme de Jésus, un adieu à la foule avant son adieu à ses disciples, et déjà presque un dialogue avec son Père, enfin une suprême exhortation.
Jésus accepte la mort, et instruit ceux qui veulent le suivre de la voie qui mène à la gloire (23-26) ; cependant son âme est troublée mais une voix du ciel lui rend témoignage (27-29) ; il indique quel sera son genre de mort (30-33). […] Cette voix n’est pas sans analogie avec celle de la Transfiguration. […] Il semble que cette voix ne fut entendue distinctement que par Jésus, et sans doute aussi par ses disciples. […] Après l’invocation au Père, il était évident que c’était un signe céleste.
(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 6e édition, 1936)
Illustration : L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié. Peinture italienne-Marco (16e)
Saint Joseph, priez pour nous.
Saint Joseph a caché Jésus et Marie, et maintenant il les donne : il est le grand apôtre du ciel.
Grâces soient rendues à saint Joseph qui m’a rendu la grâce de sentir la dévotion à ma Reine Immaculée. Il m’a donné la force de me taire en classe. Je vous demande encore, ô grand saint, l’humilité dans les conversations ! (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, 19 mars 1882)
Mercredi 17 mars 2021
Le Fils de Dieu use de son droit divin (Jean 5, 17-30)
Son œuvre essentielle est de donner la vie à ceux qui passent pour vivants et qui sont morts aux yeux de Dieu.
Mais qu’ils croient que Dieu l’a envoyé, qu’ils honorent le Fils, et déjà ils ont en eux-mêmes la vie éternelle.
Le Fils qui leur communique la vie reçue du Père sera leur seul juge au nom du Père, et comme sa voix fait naître à la vie spirituelle par la foi, elle retentira encore lors de la résurrection, de la vie ou de la mort. […] La fonction de juge n’ajoute rien d’essentiel, puisque celui qui croit n’est pas jugé, ayant passé de la mort à la vie. Ce qui donne au discours son caractère, c’est la révélation des rapports très étroits entre le Père et le Fils. Elle prépare à admettre entre eux l’identité de la nature divine, sans détriment de cette relation de Père à Fils et de Fils à Père qui suppose deux personnes distinctes.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, extraits p. 263-264.)
Illustration : Christ, vrai Dieu et vrai homme. (artiste inconnu)
Lundi 14 mars 2021
La guérison du fils du fonctionnaire royal
« Hier à la septième heure, la fièvre l’a quitté. » Le père reconnut donc que c’était l’heure à laquelle Jésus lui avait dit « Ton fils vit » ; et il crut, lui et sa maison entière. (Jean 4, 52-53)
L’homme a ajouté foi à la parole de Jésus ; maintenant que le miracle est évident pour lui, sa foi est plus ferme. C’est un effet naturel et voulu de Dieu que le miracle provoque la foi ; ce que Jésus condamnait, c’était la demande de signes. La foi peut et ordinairement doit naître sans miracles constatés personnellement. Quand Jésus se manifestait par ses paroles et sa présence, la raison de croire était suffisante. […] Il est très probable que si Jean parle encore de « toute sa maison », c’est qu’elle était connue des premiers chrétiens et avait sans doute eu sa part aux progrès de l’évangile. […] On se demande si la guérison du fils du dignitaire est le même miracle que la guérison du centurion (Mt 8, 5-13 ; Lc 7, 1-10). La principale ressemblance est que le malade est à Capharnaüm, et que la guérison se fait sans contact ; dans les deux cas celui qui demande le miracle est un personnage d’une certaine importance. Mais les divergences sont nombreuses. Dans Jean, le malade est un fils, dans Luc un serviteur, et il n’y a pas de raison de croire que Matthieu ait parlé d’un fils. Dans Jean, le père vient de Cana et insiste pour faire venir Jésus. ; le centurion a assez de foi pour demander seulement une parole. Aussi le dignitaire est-il des Juifs, à Jérusalem ou en Galilée qui demandent des miracles pour croire ; le centurion le type des gentils dont la foi surpasse celle des Israélites. […] Nous croyons donc que les deux miracles sont distincts, sans nous appuyer sur la différence du temps. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936)
Dimanche 14 mars 2021
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle !… » (Jean 3, 17)
Il suffit à Jésus de faire entrevoir à Nicodème le sort qui attend le Fils de l’homme, c’est-à-dire le révélateur qu’il est lui-même : il doit être élevé, et l’on pourrait croire que cette élévation le ramène au ciel d’où il est descendu. Mais non, il sera élevé comme le serpent d’airain dans le désert, attaché à un poteau : « et quiconque aura été mordu (par un serpent) et le regardera, conservera la vie (Nombres 21, 8) », pourvu qu’il mette sa confiance en Dieu qui a voulu opérer sa guérison par ce signe. – De même, lorsque le Fils de l’homme aura été élevé de cette manière, ce qu’on devait comprendre du supplice de la croix, ceux qui croiront en lui auront la vie éternelle.
Jésus a donc révélé à Nicodème les étapes encore inconnues de la vie surnaturelle. La naissance par le baptême et par l’Esprit, la foi en celui qui est venu d’en haut, révélateur et rédempteur, conduisant à la vie auprès de Dieu.
(Marie-Joseph Lagrange o.p. Extraits de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège Lethielleux, 2017.)
Illustration : Jésus s’entretient avec Nicodème (dessinateur inconnu)
Mercredi 10 mars 2021 : Tous les amis de l’association se retrouvent à l’occasion de ce Jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du P. Lagrange, le 10 mars 1938, à St-Maximin (Var).
La messe de ce jour est célébrée par Fr. Manuel Rivero o.p. Président de notre association. Confions nos demandes de grâces à l’intercession du P. Lagrange. Prions pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu et de ce grand ami de Sa Parole.
« Toute ma force est dans la prière » (P. Lagrange. Journal spirituel)
9 mars 2021
« Alors Pierre s’approchant [de Jésus] lui dit : “Seigneur, si mon frère pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je ?… Jusqu’à sept fois ?” Jésus lui dit : “Je ne te dis pas : jusqu’à sept fois ; mais : jusqu’à soixante-dix fois sept [fois]”. »
« Pardonnons toujours et sans réticence, et nous comprendrons ce qui se passe « dans le cœur du bon Dieu quand on revient vers lui. »
(Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Histoire d’une âme).
« La grande miséricorde de Dieu à notre égard est pour nous la meilleure exhortation à l’indulgence »
(R.P. Lagrange, un de ses commentaires sur les évangiles.)
(Deux extraits de la Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque, Lecoffre-Gabalda, 45e mille, Paris, 1942).
Illustration : Christ miséricordieux
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus
Le 7 mars 1855 naissait à Bourg-en-Bresse Albert Lagrange,
Fête à cette époque de saint Thomas d’Aquin.
Le Docteur angélique restera sa référence théologique tout au long de son parcours d’exégète.
Illustration : La maison natale du P. Lagrange à Bourg-en-Bresse.
7 mars 2021
Dans l’évangile de ce jour :
« L’amour de ta maison fera mon tourment. » (Jean 2, 17)
Le père Lagrange écrit : « Le zèle de ta maison me consumera. »
Cet acte de zèle rappelle aux disciples présents le passage d’un psaume (69, 10), citation assez difficile à interpréter ? De toute façon le psaume faisait allusion à un zèle ardent, tel que celui de Jérémie (20, 9 ; 23, 9) ou du psalmiste (119, 139). Et ainsi l’application à Jésus était excellente, car ce qu’il venait de faire était un acte de zèle. C’était le temps où beaucoup de Juifs avaient montré un tel zèle, qu’on avait créé pour eux le surnom de Zélotes, désignant parfois des groupes, mais toujours une tendance à faire respecter les droits de Dieu quoi qu’il en coûte, et sans s’arrêter à aucune considération humaine, parfois avec tant d’indifférence sur le choix des moyens qu’on les nomma sicaires (cf. Le Messianisme…). Mais les disciples ne songeaient pas à comparer Jésus à l’un de ces hardis partisans ; le psaume qui leur fournissait un meilleur exemple de zèle, et pour la maison de Dieu développait longuement tout ce qu’il en avait coûté au psalmiste de montrer tant d’ardeur. D’où la question de savoir ce que signifie, même pour le psalmiste : « le zèle de ta maison m’a dévoré. »
Isolés les mots suggèrent que le zèle l’a consumé à l’intérieur comme un feu brûlant […]. « Le zèle m’a dévoré de l’intérieur » doit s’entendre : « m’a valu d’être consumé de douleurs ». […] C’était dans l’intention [de Jean] d’insinuer ce que ce zèle devait coûter à Jésus.
(extraits de Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 66-67.)
Illustration : Jésus chassant les vendeurs du Temple. Auteur inconnu, 1873.
6 mars 2021
La prière
Je suis dans les choses spirituelles comme un pauvre idiot qui vient chaque jour présenter son écuelle pour avoir sa soupe : je dois tendre à Dieu mon écuelle avec confiance. La confiance ! Elle renferme toutes les qualités de la prière ; c’est elle surtout que Jésus nous recommande dans l’Évangile. C’est de confiance qu’on manque le plus parce qu’on ne sent pas toujours l’effet sensible de la prière. Et encore, quand prie-t-on avec courage, sans en sentir l’effet ! La fin de la prière vient mieux que le commencement, dit l’Esprit Saint. Il faut envisager avec courage les commencements de la prière, qui souvent ne sont pas sans amertume. L’aridité vient, ou de la fatigue, il n’y a qu’à se résigner ; ou de la tiédeur, il faut prier, crier, supplier ; ou d’une épreuve de la bonté divine, il faut en rendre grâce, et se rappeler toujours que la prière est invincible, que la prière est la voie royale du salut et le plus sûr moyen de glorifier Dieu comme Dieu. (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 218-219.)
Illustration : Prière de St Dominique au pied de la croix-Couvent St-Marc-Florence-Fresque de Fra Angelico
3 mars 2021
La dernière prédication de Jésus à Jérusalem
« Celui qui parmi vous voudra devenir “grand” sera votre serviteur. Celui qui voudra parmi vous être “premier” sera votre esclave (Mt 20, 26-27).
Parmi les chrétiens en effet, celui qui est appelé à commander doit résolument faire figure de chef. Mais il ne sera accepté comme tel que si l’on sent qu’il s’humilie en lui-même au-dessous de tous. Le Pontife romain, pasteur suprême, a voulu être appelé « le serviteur des serviteurs de Dieu ». Et tout cela pour imiter le Fils de l’homme. Car il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Depuis cet exemple, ce mot de servir, mal famé, est devenu très noble. Révélant alors le motif intime de son abaissement charitable, dont l’heure était venue, Jésus leur dit : le Fils de l’homme venu pour servir est venu donner son âme, c’est-à-dire sa vie, comme rançon, pour un grand nombre, c’est-à-dire comme l’avait marqué le bon pasteur pour ses brebis. (extrait de L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 454.)
Illustration : Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée, Paolo Caliari dit Véronèse-vers 1565
2 mars 2021
2 mars 2021
Pensée du P. Lagrange
La dévotion à saint Joseph a crû beaucoup. D’ailleurs il m’a été donné d’inspirer l’amour envers Marie. Oh ma bonne Mère, qu’est-ce auprès de ce que je vous dois ? Vous sauverez ma pauvre âme. (Journal spirituel, éd. Cerf, 2014)
Photo : Consécration au Cœur sacré de Joseph. Sanctuaire de Saint Joseph Bon Espoir. Espaly.
1er mars 2021
« Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Et ne jugez pas, et vous ne serez point jugés ; et ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. Donnez, et l’on vous donnera : une bonne mesure, serrée, tassée, débordante sera versée dans votre sein ; car on se servira envers de la mesure dont vous vous serez servis » » (Luc 6, 37-38).
Le P. Lagrange écrit pour ces deux versets :
(36) Luc parle seulement de la miséricorde « de votre Père », la miséricorde étant d’ailleurs plus spécialement dans le thème.
(37-38) Ces deux versets vont bien ensemble, puisque la charité commande aussi de ne pas juger.
(37) Non seulement on ne doit pas en vouloir à ses ennemis ni venger ses injures personnelles ; il ne faut pas même juger, c’est-à-dire, comme il est expliqué par la suite, juger que le prochain a mal agi. Il ne s’agit pas évidemment de la répression sociale ou des verdicts de la puissance judiciaire, mais des jugements prononcés intérieurement ou en paroles, sans mandat. Cela n’exclut pas non plus l’appréciation morale d’un acte ; mais ce n’est pas à nous à déclarer coupable celui lui l’a posé. Sainte Catherine de Sienne a beaucoup insisté sur ce point. On est si souvent trompé par des apparences défavorables ! et l’on n’a pas le droit de faire une enquête quand on n’a pas mission de juger. Dieu est toujours là pour nous traiter avec indulgence que nous aurons eue pour les autres. Luc développe même le conseil négatif de ne pas juger en celui d’absoudre.
(38) Luc revient à l’idée du don, préparée par celle d’absolution. La bonne mesure est déjà quelque chose de plus que la quantité strictement exigée ; la denrée est encore pressée pour que le récipient contienne davantage ; secouée, pour que les intervalles soient remplis, s’il s’agit par exemple de fruits, et elle déborde encore au moment où on la verse. Cette surabondance exprimée si fortement fixe le sens des derniers termes : on ne vous donnera pas exactement ce que vous aurez donné ; mais si vous êtes larges et bons, on sera large et bon, avec cet excès dans la récompense qui appartient aux dons de Dieu par rapport à ceux de l’homme. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, p.197-198, extraits.)