Belle fête de sainte Marie-Madeleine avec ma prière au Vivant.
Fr. Manuel
Qui est sainte Marie-Madeleine ?
Disciple-missionnaire
Fr. Manuel Rivero O.P.
Les évangiles présentent sainte Marie-Madeleine comme disciple-missionnaire de Jésus-Christ.
Possédée par sept démons, libérée du mal par Jésus, Marie-Madeleine fait partie de la communauté apostolique formée par Jésus (cf. Lc 8).
Modèle de foi, d’amour et d’espérance, saint Thomas d’Aquin (+1274) l’appelle «la femme nouvelle », « la nouvelle Ève ». Dans le jardin de la résurrection, Jésus, « le Nouvel Adam », et Marie-Madeleine, « la nouvelle Ève », symbolisent la rencontre du Christ et de l’Église dans la joie pascale. Les pleurs de tristesse se changeront en larmes de joie quand Jésus l’appellera par son prénom « Marie ». En peu de mots, elle exprimera sa foi et son attachement au Maître : « Rabbouni ! » (Jn 20, 16). « Plus l’amour est grand et plus le langage se fait court », disait le père Lacordaire O.P..
Pour le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, « Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres [1]» par Jésus. Consacrée prophète par l’appel et l’envoi divins : « Va trouver mes frères pour leur dire aux je monte vers mon Père et votre Père » (Jn 20, 17), Marie-Madeleine accomplit sa mission en annonçant la résurrection du Seigneur aux apôtres sceptiques. En réponse à son témoignage « J’ai vu le Seigneur », les apôtres parleront de « radotage » (Lc 24, 11) et « ils ne la crurent pas ».
Marie et Marie-Madeleine
Le peintre Fra Angelico O.P. (+1455), le patron des artistes, a uni sur le Calvaire Marie, la mère de Jésus, la toute sainte, et Marie-Madeleine, l’ancienne pécheresse. Alors qu’une épée traverse l’âme de Marie en contemplant son Fils Jésus mis en croix, Marie-Madeleine, à genoux, étreint le corps virginal de la Mère de Dieu, pour qu’elle demeure debout dans la douleur.
La Vierge Marie n’a pas reçu le charisme apostolique mais la grâce de la maternité divine et de la maternité spirituelle. Avant de mourir, pour achever l’œuvre de la Rédemption, Jésus a donné Marie, sa mère, comme mère spirituelle à son disciple bien-aimé, Jean, figure de la communauté croyante. Et le disciple la prit « chez lui » (Jn 19,27). La Vierge Marie agit en mère spirituelle par son intercession et sa présence toute proche, pleine de miséricorde. Chacun connaît la profondeur et la puissance des pensées et des actions d’une mère.
Sainte Marie-Madeleine a reçu la grâce prophétique, apostolique, pour annoncer le mystère pascal. Par la résurrection de Jésus, le Père Jésus devient le Père des fidèles. Jésus appelle ses disciples « ses frères » et non les frères de Marie-Madeleine. Le mystère pascal transforme les relations avec Dieu et entre les hommes. Une nouvelle création a surgi du tombeau. Une nouvelle fraternité apparaît sur la terre.
Marie-Madeleine fait partie du peuple de Dieu « sacerdotal, royal et saint » (I Pierre 2,9). Les trois vertus théologales brillent en elle. Par son amour, Marie-Madeleine s’est levée dans la nuit pour honorer la dépouille de celui que son âme aimait (cf. Ct 3) ; par sa foi, elle a obéi à son maître en annonçant la joie pascale ; par son espérance, elle s’est tournée vers le Père de Jésus devenu son Père.
Grandeur et plénitude de la vocation chrétienne
L’exemple de sainte Marie-Madeleine met en lumière la vocation baptismale et les charismes communs aux disciples-missionnaires de Jésus. Il ne convient pas de présenter la vocation religieuse ou presbytérale comme « un plus » mais plutôt comme un « comment » pour accomplir la volonté de Dieu, chacun selon son appel. Les baptisés risqueraient de se démobiliser en sous-estimant leur mission et leur charisme. Saint Augustin prêchait à ses fidèles que son titre de gloire et son salut se trouvaient dans son baptême tandis que son épiscopat représentait une charge et un service. Les charismes sont interdépendants et complémentaires dans l’Église, Corps du Christ.
Saint-Denis (La Réunion), le 22 juillet 2021.
Illustration : Sainte Marie-Madeleine (portrait) par Louis Brea
[1] Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 631-632.
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