23 janvier 2023
« Aujourd’hui est accomplie cette écriture (qui vient de retentir) à vos oreilles. » (Luc 1-21)
« Cette écriture » en parlant d’un passage comme Marc 12,10.
Jésus est donc celui qui était chargé d’annoncer les temps messianiques, et il les annonce. Incontestablement il se met en scène, sans dire cependant ouvertement qu’il est le Messie. Ce passage lui servit aussi dans sa réponse aux envoyés de Jean, mais développé d’une façon plus caractéristique v. 7,22 ; Mt 11,5. Probablement le v. 21 n’est que le sommaire des paroles que Jésus prononça alors.
Marie-Joseph Lagrange o.p., extrait de l’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 140.
18 janvier 2022
Le sabbat (Marc 2, 25-28)
« N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ? Comment il entra dans la maison de Dieu sous le grand prêtre Abiathar, et mangea les pains de proposition, qu’il n’est permis qu’aux prêtres de manger, et en donna à ceux qui étaient avec lui ? : ’Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat’. »
Le père Lagrange commente ces versets 25-28 : Si Marc a nommé Abiathar, c’est qu’il était plus connu comme grand prêtre contemporain de David. L’allusion au fait ancien n’est point un extrait de la Bible, mais un récit refondu par Jésus avec la mention expresse des compagnons de David, ajoutés pour que la décision s’entende plus directement des disciples.
Il ne restait plus qu’à appliquer le même raisonnement à la loi sur le sabbat. Il est des lois qui découlent de la nature des choses, et, en dernière analyse, de la nature de Dieu. Celles-ci ont une valeur éternelle. Mais il en est d’autres que Dieu a instituées pour le bien de l’homme. Tel est le sabbat, destiné à lui procurer un repos salutaire sanctifié par le souvenir des bienfaits divins. Une telle loi n’oblige plus si son observation devait tourner au détriment de l’homme. Conclure que l’homme est le maître du sabbat serait exagéré, car il n’a pas le droit d’abroger cette loi ou de s’y dérober arbitrairement. Mais on peut du moins conclure que le Fils de l’homme, envoyé par Dieu, est maître même du sabbat, et en tout cas s’en rapporter à l’interprétation qu’il en donne à ses disciples. Il est juste de dire que quelques grands docteurs Juifs, parmi lesquels Aqiba, ont admis le principe que « le soin de la vie dispense du sabbat » ; mais il n’en est pas moins certain que le plus grand nombre des Pharisiens, comme ceux qui figurent ici, s’en tenaient aux décisions les plus étroites.
(Marie-Joseph Lagrange, o.p., Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1935.)
Illustration, source : Dominicas de Lerma.
16 janvier 2022
Les noces de Cana
Évangile selon saint Jean (2, 1-11)
Jn 2. 1 Et le troisième jour, il se fit des noces à Cana de Galilée. Et la mère de Jésus était là.
2 Or, Jésus aussi fut invité aux noces, ainsi que ses disciples.
3 Et ils n’avaient plus de vin, parce que le vin des noces était épuisé. Ensuite, la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin. » 4 Et Jésus lui dit : « Qu’importe à moi et à toi, femme ? mon heure n’est pas encore venue. »
5 Sa mère dit aux serviteurs : « Quoi qu’il vous dise, faites-[le] ! »
6 Il y avait là six urnes de pierre, disposées pour les ablutions des Juifs, contenant chacune deux ou trois mesures.
7 Jésus leur dit : « Remplissez d’eau les urnes. » Et ils les remplirent jusqu’en haut.
8 Et il leur dit : « Puisez maintenant et portez au maître d’hôtel. » Et ils [en] portèrent.
9 Lorsque le maître d’hôtel eut goûté l’eau changée en vin – et il ne savait pas d’où venait [ce vin], mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient –, le maître d’hôtel appelle l’époux 10 et lui dit : « Tout le monde sert d’abord le bon vin, et, quand on est ivre, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent ! »
11 Tel fut, à Cana de Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.
Extraits du commentaire de Marie-Joseph Lagrange o.p. Évangile selon Saint Luc, éd. Lecoffre-Gabalda, 1936.
« La mère de Jésus était là, non pas à demeure, mais comme invitée, comme le prouve le v. 2. En disant ‘la mère de Jésus’, sans lui donner son nom de Marie, connu de tous, Jean emploie la manière la plus honorable, aujourd’hui encore parmi les Arabes, pour nommer une femme qui a eu un fils. C’est par un dessein très réfléchi qu’il la met en scène avant le premier miracle de Jésus, comme elle sera présente au moment de sa mort.
Jésus aussi fut invité et ses disciples. Pourquoi inviter à Cana les disciples de Jésus, alors qu’on ne pouvait savoir qu’ils étaient de sa compagnie, attendu qu’ils appartenaient à une région assez éloignée ? On ne le comprend bien qu’en supposant que Nathanaël, qui était de Cana, les a amenés avec lui, et les a fait inviter à la noce, ce qui ne les détournait pas de Nazareth. On comprend aussi de la sorte qu’ils ne soient pas arrivés avec Marie venue du côté opposé et qui était déjà là quand Jésus fut invité. […]
La noce touche à sa fin ; le vin qu’on avait préparé est épuisé. De nouveaux convives arrivent. Leur présence rend la situation difficile : on voudrait faire honneur à ces hôtes. La bonne mère de Jésus se dit que son fils pourrait tout arranger. Elle se contente de le mettre au courant, mais dans l’esprit du récit, elle demande un miracle (Loisy), et si cela est conforme à la théologie de l’Incarnation, nous savons que Marie n’y était pas étrangère, non seulement par les récits de Matthieu et de Luc sur la conception virginale, mais encore par Jean puisque c’est en elle que le Verbe est devenu chair (v. 14). D’après Zahn, Marie ne pouvait se douter de rien, parce que Jésus n’avait pas encore fait de miracle ; elle lui fait seulement confidence de ses inquiétudes, selon sa coutume. Ce n’est pas ce que comprend Jésus qui, d’abord, refuse.
La réponse de Jésus comprend deux phrases, qui ne doivent pas être isolées, mais qu’il faut expliquer l’une après l’autre. Il est clair d’abord qu’il ne prétend pas nier qu’il soit le fils de celle que Jean présente comme sa mère. […] Ce n’est pas non plus une manière de dire : nous n’avons pas à nous en occuper. À l’opposé, Irénée y a vu un reproche […], mais comment Marie aurait-elle eu l’intention de prévenir les desseins de Dieu en s’abstenant même d’une demande explicite ? […] ‘Laissez-moi faire tout ira bien’. Cette manière de parler est bien celle de Cana, avec plus de dignité dans le ton, mais sans doute aussi plus d’affection dans l’accent. […] Cependant dans le cas présent le contexte indique bien clairement le temps de répondre au désir de sa mère, c’est-à-dire de faire un miracle. Cette heure il la connaît, elle est déjà fixée d’une certaine manière, c’est le moment où il doit se manifester, en attendant la manifestation plus éclatante qui suivra sa mort. Cependant il y a trop de gravité solennelle dans ces mots pour qu’on puisse entendre : Patience, ce n’est pas encore ; ce sera dans un instant. Marie doit s’en rapporter entièrement à Jésus. Elle n’a pas eu tort de s’intéresser aux convives, de s’épancher avec son fils, de recourir à lui. Elle ne savait pas que le temps n’était pas venu, ce qui ne peut lui être reproché. […]
L’étonnant est que Marie semble compter sur le miracle. C’est le fait d’une mère qui connaît le cœur de son fils. Plus attentive peut-être au ton de la voix, au regard, à l’accent des paroles qu’à leur sens matériel, elle est persuadée qu’il saura concilier son devoir avec le désir de lui plaire. […] Et de fait Jésus entre dans ses vues presque aussitôt. Comment ce qui n’était pas de saison est-il devenu opportun ? […] La seule explication est que l’humilité de Marie et son abandon ont obtenu ce qui d’abord lui avait été refusé. Et il faut bien dire que, après un refus, la puissance de son intercession paraît davantage. En cédant tout d’abord, Jésus aurait paru accorder à sa demande ce qu’il était tout disposé à faire. Non, l’heure n’était pas venue, et cependant il concède le miracle. […] Tout se passe ici dans une atmosphère de sentiments délicats ; c’est entrer dans l’esprit du texte que de le comprendre ainsi.
[…] Au moment où Jésus donne l’ordre de puiser, le miracle est accompli ou s’accomplit.
Le maître d’hôtel n’ignorant pas que le vin manquait, soupçonne sans doute qu’on est allé en chercher ailleurs ; les serviteurs se gardent bien de le mettre au fait, épiant l’inquiétude du dégustateur, qui n’était pas sans défiance. Il est joyeusement surpris, et appelle l’époux en particulier.
[…] En se montrant le maître de la nature dans une circonstance où le miracle était sollicité par sa Mère dans un sentiment de bienveillance et de gratitude pour des hôtes, Jésus ne donnait pas une vaine satisfaction à la curiosité ; il excitait et confirmait la foi des disciples. »
(Pour l’ensemble du commentaire, se reporter aux pages 54-62.)
10 janvier 2022 jour-anniversaire
Ce jour, la messe de fr. Manuel Rivero o.p. est célébrée à l’intention des demandes de grâces confiées par nos amis de l’association à l’intercession du P. Lagrange et pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu.
Père saint, tu as mis en ton serviteur le frère Marie-Joseph Lagrange, le désir de la vérité et un goût passionné pour la Parole de Dieu. À la lumière de la Loi de Moïse, des Prophètes et des Psaumes, il a scruté le mystère de Jésus Christ et son cœur est devenu brûlant. Avec la Vierge Marie, il a médité l’Évangile dans la prière du rosaire. Il a voué son existence à l’étude scientifique de la Bible dans l’harmonie évangélique de la foi et de la raison afin de sauver les âmes perturbées par la critique scientifique.
Ceux qui l’ont connu ont témoigné de sa foi rayonnante et de son exemplaire obéissance dans les épreuves.
Nous te prions, Père, de hâter le jour où l’Église reconnaîtra publiquement la sainteté de sa vie, afin que son exemple bienfaisant entraîne nos frères à croire en la Parole de Dieu.
Que l’intercession du frère Marie-Joseph Lagrange nous obtienne les grâces dont nous avons besoin, et en particulier : (préciser laquelle).
Nous te le demandons, Père, au nom de ton Fils Jésus Christ, dans la communion du Saint-Esprit, un seul Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen.
Envoyez vos demandes de grâces et celles obtenues à Fr. Manuel Rivero o.p. manuelrivero921881772@gmail.com
9 janvier 2022
Le baptême de Jésus par Jean le Baptiste
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (3, 15-16, 21-22)
En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Le peuple, le premier, lui posa la question : Son baptême n’était-il pas une première démarche du Messie ? Lui-même n’était-il pas le Messie ? Jean le Baptiste se hâta de les détromper, mais en proclamant en même temps que l’approche du règne de Dieu signifiait bien l’approche du Messie : « Il vient derrière moi, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de me mettre à ses pieds pour délier la courroie de ses sandales. Je vous ai baptisé dans l’eau, mais lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Saint Matthieu et saint Luc disent : « dans l’Esprit Saint et par le feu ». Le feu n’ajoute ici qu’une image, car on ne peut supposer un baptême plus parfait après celui de l’Esprit Saint. C’est le baptême dans l’Esprit Saint qui est comparé à un baptême dans le feu. L’eau nettoie, mais ne saurait avoir la vertu d’enlever toutes les taches. Ce qui passe dans le feu, s’il n’est pas consumé, est semblable à de l’or qui sort parfaitement purifié de la fournaise. Le baptême de l’Esprit est donc un baptême plus parfait, qui atteint les profondeurs de l’âme, car l’âme, devenue pure par le repentir, est comme une création nouvelle de l’Esprit Saint. […]
Celui qui baptisera dans l’Esprit Saint est semblable à celui qui séparera ensuite les bons des méchants ; car ce serait rompre tout enchaînement que de n’attribuer au Messie que le second rôle. Il domine tous les temps, revenant à la fin après une première action dont la durée n’est pas marquée, la période messianique de l’Esprit.
Alors que Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
[…] Jean (le Baptiste) comprit que désormais le baptême dans l’Esprit était fondé ; il savait que Jésus était l’élu ou le fils de Dieu, le Messie.
[…] Jésus venait au baptême comme tout autre homme, et il avait en effet la nature humaine dans toute sa réalité. Le moment était venu pour lui d’entreprendre une mission difficile jusqu’à l’héroïsme du dernier sacrifice. L’Esprit descend du ciel comme pour lui donner le signal. Parce qu’il a accepté cette humble attitude du baptisé, plus propre à gêner son initiative messianique qu’à l’imposer à l’attention, la voix de son Père lui témoigna sa satisfaction et affirme qu’il est toujours avec lui, d’autant qu’il est le Fils bien-aimé. Lui reçoit le signal de sa mission, il est désigné à d’autres comme investi des droits qu’il tient de son Père. […] Le baptême de Jésus sera proposé comme l’initiation par la foi à la vie divine de sa résurrection, et il sera donné au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, du Père qui l’a nommé au baptême son Fils bien-aimé, du Saint-Esprit qui s’est empressé vers lui avec amour.
Pour compléter la lecture : L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange, p. 96-97, Artège, 2017.
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