Dans un ouvrage, très intéressant, bien documenté, Françoise Hildesheimer (1949-), archiviste et historienne française, propose à ses lecteurs une vision inédite de l’histoire de l’Église catholique de France. Françoise Hildesheimer est la fille d’Ernest Hildesheimer, célèbre archiviste et historien de Nice et de la Côte d’Azur.
Françoise Hildesheimer : Une brève Histoire de l’Église. Le cas français (IVe-XXIe siècles), format Kindle, Champs Histoire, 2019.
Chapitre IX – Modernistarum callidissimum artificium (1), p. 257, § Roma locuta… causa non finita, Mme Hildesheimer écrit :
« Aux crises scientifiques et politiques font suite des controverses théologiques, et l’Église se voit une fois encore obligée de se remettre en question. Ainsi les études bibliques échappent-elles au naufrage avec Albert Lagrange (1855-1938) (2), fondateur d’une école d’Écriture sainte au couvent dominicain de Saint-Étienne à Jérusalem en 1889 : l’École pratique des hautes études bibliques. Animé par le constat d’infériorité intellectuelle des études catholiques face aux travaux de protestants allemands et voulant donner à la foi une assise solide, il y promeut enfin une étude croyante, scientifique et ecclésiale de la Bible. Lors du congrès scientifique international catholique tenu à Fribourg en 1897, il pose les principes d’une herméneutique théologique de la Bible, distinguant le plan divin du salut révélé par la Bible, et l’historicité du récit biblique qui relève d’autres critères de lecture. Toutefois, la question de l’authenticité mosaïque du Pentateuque est pour lui source de problèmes et il devra renoncer à publier sur ce thème (Rome lui interdit de faire paraître ses travaux sur la Genèse). Par ailleurs, l’École pratique des hautes études bibliques, un temps fermée, est concurrencée par l’Institut biblique pontifical de Rome créé par le pape et confié aux jésuites en 1909. Mais la qualité de ses travaux aboutit en 1920 à sa reconnaissance par l’Académie des inscriptions et belles-lettres sous le nom d’École biblique et archéologique française (3). »
Notes
(1) La très grande tromperie des modernistes – Encyclique Pascendi, 1907.
(2) Bernard Montagnes, Le Père Lagrange (1855-1938). L’exégèse catholique dans la crise moderniste, Cerf, 1995 ; Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 2005.
(3) Le 30 septembre 1943, par l’encyclique Divino afflante Spiritu, Pie XII, consacrant la méthode ainsi développée, reconnaîtra la valeur de l’exégèse scientifique pour l’interprétation des livres saints. De 1948 à 1954 paraîtra la Bible de Jérusalem (version unifiée en 1956). En 1965 enfin, avec la constitution Dei Verbum, le concile Vatican II élargira la perspective en déclarant l’accès à l’Écriture largement ouvert à tout chrétien et en légitimant la critique exégétique.
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