Écho de notre page Facebook : juillet 2023

31 juillet 2023

Saint Ignace de Loyola et le serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange ont tous deux donné l’exemple d’un attachement sans réserve à l’Église et au pape.

 

Saint Ignace de Loyola, priez pour moi (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel)

 

 

 

L’enseignement en paraboles pour la foule

Jésus dit tout cela aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien qu’en parabole, afin qu’il fût accompli ce qui avait été dit par le prophète : « J’ouvrira ma bouche en paraboles, je dirai à haute voix des choses cachées depuis la création ». (Matthieu 13, 34-35)

Dans l’évangile selon saint Matthieu, (Lecoffre, 1941) du P. Lagrange, quelques notes relevées : Jésus employait avec les foules le mode qui leur convenait, comme a compris Jérôme : et usque hodie turbae in parabolis audiunt. (…) Matthieu a insisté sur le caractère révélateur des choses cachées qu’avaient les paraboles pour qui les comprenait et fixait le passé à la création du monde, ce qui mettait dans un haut relief l’enseignement de Jésus. Israël péchait, Dieu le punissait et savait le mettre de nouveau sur le chemin du salut. De même Jésus exposait les mystères du règne de Dieu, caché jusqu’à présent, révélés aux seuls disciples, jusqu’au jour d’une révélation plus étendue (Eph. 3, 4 ss). Matthieu considérant la pratique de Jésus comme l’accomplissement d’une prophétie, sa pensée était sans doute que le programme que se traçait le psalmiste n’était qu’une esquisse de ce que le Messie devait faire beaucoup mieux selon les desseins de Dieu. C’est ce qu’on est convenu de nommer le sens typique.

 

28 juillet 2023

Le père Marie-Joseph Lagrange, o. p. : Un goût passionné pour la Parole de Dieu

Le père Lagrange a partagé sa foi et ses connaissances toute sa vie au service de l’Évangile. À la suite de saint Thomas d’Aquin, il a transmis aux autres le fruit de sa divine contemplation. Religieux dominicain, il aimait la vie communautaire. Homme complet, comme aimait à en témoigner son disciple le frère Roland de Vaux, il établit l’École pratique d’études bibliques au couvent dominicain Saint-Étienne de Jérusalem. Pour lui, l’exégète non seulement étudiait la Bible dans les bibliothèques et sur le terrain en Israël, mais il l’accueillait dans son cœur dans la prière et la lectio divina de manière à la communiquer dans la prédication. Il fallait surtout que cette Parole soit mise en pratique dans la charité fraternelle comme le dit l’apôtre saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique. » La Traduction Œcuménique de la Bible (T.O.B.) traduit : « Soyez les réalisateurs de la Parole. » Ici le mot grec utilisé par saint Jacques peut nous surprendre : poiétai. Il s’agit de devenir « les poètes du Verbe ». Le verbe grec poiesis  se traduit en français par faire. Il est beau de relier l’action à la poésie. La poésie représente une création. Les saints embellissent le monde en le transformant par l’énergie de l’amour. Dans son Journal spirituel, le père Lagrange revient souvent sur le cœur du christianisme : la charité. En choisissant et rassemblant des mots, le père Lagrange « poétisait » la vie. Le prophète Isaïe compare la fécondité de la prédication à la puissance vivifiante de la pluie par qui la terre porte du fruit. Le père Lagrange réalisait la Parole dans l’étude et l’enseignement, actes de charité, la charité de la vérité. La Vérité étant le don par excellence. Si de nombreux saints ont servi l’humanité par des aumônes et des soins médicaux, les prêcheurs accomplissent le service de la Vérité par l’annonce de la Parole de Dieu. Pour saint Thomas d’Aquin, le but de la vie religieuse n’est rien d‘autre que la charité. « Enseigner, c’est aimer », écrivait le philosophe espagnol Joaquim Xirau (1895-1946), pour qui la transmission du savoir passe par la bonté. Enseigner l’Évangile, c’est aimer l’autre en lui donnant Dieu. L’évangélisation engendre en ce sens une nouvelle création avec des mentalités et des relations nouvelles.

(Manuel Rivero, o. p. Vice-postulateur de la Cause du père Lagrange, Extrait de Le fr. Marie-Joseph Lagrange, la sainteté de l’intelligence de la foi, 2018, Zenit.)

24 juillet 2023

L’interprétation de la Bible passe par la figure du grand scientifique dominicain Marie-Joseph LAGRANGE, qui a fondé en 1890 l’École Biblique de Jérusalem, le plus ancien centre de recherches bibliques et archéologiques de Terre sainte. Son combat fut de vérifier, par une approche scientifique, la validité des textes bibliques. Ici, chercheurs et étudiants du monde entier continuent d’étudier, d’interpréter et de traduire les écrits bibliques.

Voir : https://www.lejourduseigneur.com/videos/lecole-biblique-et-archeologique-de-jerusalem-1710

22 juillet 2023

Sainte Marie Magdeleine

« Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur : je monte vers mon père et votre Père, et mon Dieu et votre Dieu. » Marie Magdeleine vient annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur », et ce qu’il lui avait dit (Jean 20, 17-18).

Comme aucun endroit n’est indiqué, il faut donc que « monter » s’entende de la résurrection, mais comment Jésus dit-il qu’il n’est pas encore monté ? Jésus n’est pas encore monté, mais il va monter, et redescendra pour donner aux Apôtres l’Esprit Saint qu’il va aller chercher auprès du Père. Mais est-ce une raison pour que Marie ne le touche pas ? Jésus est entré dans une vie spirituelle qui n’est plus la reprise des anciens rapports, mais plutôt une préparation à une séparation définitive. Cette vie nouvelle n’empêche pas qu’on touche le ressuscité, mais ne permet pas qu’on s’y attarde. Marie ne l’a pas compris, et il importe que les disciples en soient informés même avant de le voir.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Luc, 1936, pp. 511-512).

16 juillet 2023

Pour mieux connaître la vie et l’œuvre du P. Lagrange et son chemin vers la sainteté, voici un nouveau compte rendu de l’ouvrage de J.-M. Poffet, o. p. : La Bible : le livre et l’histoire. Actes du colloque de l’École biblique de Jérusalem (nov. 2005) pour le 150e annniversaire de la naissance du P. M.-J. Lagrange, o. p.

L’importance de la figure et de l’œuvre du père Lagrange (1855-1938) pour les études bibliques est connue de tous. Le volume qui résulte de deux colloques consacrés aux « difficiles chemins de l’exégèse » a le grand mérite d’en envisager les multiples facettes et de l’inscrire dans un contexte historique, celui du modernisme, dont la compréhension est indispensable pour apprécier l’apport novateur du père Lagrange. Tant à Jérusalem qu’à Toulouse, de manière significative, le titre des manifestations insistait sur l’enjeu « historique » dans le positionnement du père Lagrange : « l’écriture de l’histoire », d’une part, « la Bible et l’histoire » de l’autre. Car, au cœur des débats méthodologiques qui servent de toile de fond aux travaux du père Lagrange, à son rôle au sein de l’École biblique de Jérusalem (fondée par lui en 1890), se trouve bien la méthode historique, thème explicite de ses célèbres conférences de 1902, qui avait pour objectif de poser un terme à la « science catholique » pour insérer l’exégèse biblique dans le concert des sciences historiques et critiques. Beau défi qui valut au père Lagrange bien des hostilités et des obstacles.

Lire la suite : https://journals.openedition.org/anabases/2577

 

 

16 juillet 2023

N. D. du Mont-Carmel

« Travailler à la gloire de Dieu, en me sanctifiant moi-même. Honorer la très Sainte Vierge en imitant ses vertus » (16 juillet 1882, Marie-Joseph Lagrange, o. p. Lagrange, Journal spirituel).

Source Vatican News : N. D. du Mont-Carmel :

Une ancienne dévotion qui trouve ses racines dans l’Ancien Testament

Cette dévotion mariale, et c’est un cas unique, plonge ses racines neuf siècles avant la naissance de la Vierge Marie. Le prophète Elie, alors qu’il demeurait sur le Mont Carmel, eut la vision d’une nuée blanche montant de la mer, portant avec elle une pluie providentielle pour la terre d’Israël, alors dévastée par une terrible sècheresse (1 Rois 18). La Tradition y a vu l’annonce prophétique du mystère de la Vierge et de la naissance du Fils de Dieu. Dès le premier siècle, des ermites, voulant suivre l’exemple des prophètes Elie et d’Elisée, se retirèrent sur le Mont Carmel et y construisirent une petite chapelle consacrée à Marie.

L’ordre des carmes menacé de disparition

La communauté prit de l’importance, au point de se constituer en ordre religieux au XIIe siècle, qui fut placé sous le patronage de la Vierge Marie. La conquête de la Palestine par Saladin (prise de Jérusalem en 1187) entraîna la fuite des moines vers l’Occident, et fit craindre la disparition pure et simple de l’ordre. Une nuit, le supérieur général des carmes, St Simon Stock, d’origine irlandaise, aurait alors reçu la vision de Marie lui présentant une pièce d’étoffe marron, le scapulaire, en lui disant : « voici le privilège que je te donne, à toi et à tous les enfants du Carmel. Quiconque meurt revêtu de cet habit sera sauvé ».

Le 17 juillet 1274, le concile de Lyon vote la préservation de l’ordre du Carmel ; les moines, voyant dans cette décision la réponse de la Mère de Dieu à leurs prières, décidèrent alors de fêter Notre-Dame du Mont Carmel le 17 juillet de chaque année, en signe de reconnaissance envers la protection maternelle de leur sainte patronne.

ND du Carmel et les papes

« Mère, aide-nous à conserver des mains innocentes et un cœur pur, à ne pas mentir et à ne pas médire sur notre prochain. Nous pourrons ainsi gravir la montagne du Seigneur et obtenir sa bénédiction, sa justice et son salut » : c’est le tweet du pape François, à l’occasion de cette fête chère à de nombreux fidèles. En 2013, à l’occasion du chapitre général de l’Ordre des frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, le Souverain Pontife évoquait les fruits de cette tradition spirituelle : « le témoignage du Carmel dans le passé appartient à une tradition spirituelle profonde qui s’est développée dans une des grandes écoles de prière. Elle a aussi suscité le courage d’hommes et de femmes qui ont affronté les dangers et même la mort. Souvenons-nous simplement des deux grands martyrs contemporains : Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix et le bienheureux Titus Brandsma », avait-il alors déclaré.

Le St Pape Jean-Paul II, qui portait lui-même le scapulaire ainsi qu’il le confia à plusieurs reprises, écrivit à ce propos : «le port du scapulaire signifie un style de vie chrétienne tissée de prière et de vie intérieure», c’est «un vêtement qui évoque d’une part, la protection continuelle de la Vierge Marie en cette vie et dans le passage à la plénitude de la gloire éternelle ; de l’autre, la conscience que la dévotion envers elle doit constituer un ‘uniforme’, c’est-à-dire un style de vie chrétienne, tissée de prière et de vie intérieure».

Article mis à jour le 16 juillet 2020.

14 juillet 2023

« Parce que » et non « afin que »

Évangile selon saint Matthieu 13, 10s :

« Et les disciples s’étant approchés lui dirent (à Jésus) : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? Or il répondit et dit : « Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du règne des cieux, mais à ceux-ci cela n’a pas été donné. Car celui qui a, on lui donnera, et il sera dans la surabondance ; mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera enlevé. 13 Et donc je leur parle en paraboles, parce qu’ils voient sans voir et entendent sans entendre et sans comprendre ». (Traduction du père Lagrange).

Commentaire du père Lagrange sur le verset 13 : « Dans Matthieu Jésus dit clairement qu’il emploie les paraboles non pas : afin que les gens ne voient pas, mais : parce que tout en écoutant ils ne comprennent pas. (…) La forme est encore plus paradoxale que dans Marc : « voyant ils ne voient pas », c’est-à-dire ils ne veulent pas voir, ils n’appliquent ni leurs yeux ni leurs oreilles.

M.-J. Lagrange, des Frères prêcheurs. Évangile selon saint Matthieu, troisième édition, Paris. Libraire Lecoffre. J. Gabalda et fils, éditeurs. 1927. P. 259-260.

10 juillet 2023 – Jour-anniversaire (Marie-Joseph Lagrange, o. p. 7 mars 1855 – 10 mars 1938)

Il ne manque qu’un MIRACLE reconnu par son intercession pour faire avancer la cause de béatification du serviteur de Dieu, Fr. Marie-Joseph Lagrange, o.p.

Sur ce site, vous êtes nombreux à vous être inscrits et à prier pour cette cause. (Voir la prière jointe.)

Vous pouvez CONFIEZ vos intentions en commentaires sur cette page. Plus rapide qu’un mail.

Fr. Manuel Rivero, op., président de l’association, présentera les intentions de la communauté au cours de la messe de demain ainsi que pour la béatification du fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, magnifique exemple d’intelligence et de sainteté.

« La prière instante, qui ne se lasse pas, est irrésistible. On sait bien que Dieu ne cédera pas pour avoir la paix ; on apprend du Fils, qui connaît si bien le Père, qu’il ne paraît sourd à nos instances que pour nous obliger à persévérer dans la prière qui nous est si bonne » (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus- Christ).

 

9 juillet 2023

Invitation à accepter le joug du Christ

Mt 11. 28 Venez à moi, vous tous qui êtes las et trop chargés : et je vous donnerai le repos. 29 Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur. 30 Et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug [est] bénin, et mon fardeau est léger. »

Père Lagrange : C’est à ces petits que Jésus adressa ensuite cet appel, nouveau pour un chef d’école : Recevez mes leçons, non pas parce que je suis plus instruit que vous, mais parce que je suis doux et humble de cœur. Instruit il l’était, et seul instruit du plus insondable des mystères ; mais, si Dieu révèle ses secrets aux humbles, convenait-il qu’il leur donnât pour maître un savant orgueilleux ? C’est par sa modestie et sa douceur qu’il prépare les esprits à recevoir sa doctrine. Elle demeure un joug et un fardeau, car elle n’est pas un vain jeu de l’esprit, elle tend à la pratique, à la réforme des mœurs, à la pénitence, à l’abnégation : déjà il l’a affirmé avec force. Mais son joug est bénin, son fardeau léger ; et ceux qui sont las de s’efforcer en vain à la pratique des observances meurtrissantes et lourdes, imposées par les sages et les habiles, trouveront auprès du maître doux et humble – le repos.

 

6 juillet 2023

Témoignage

Pour mieux connaître la vie et l’œuvre du P. Lagrange et son chemin vers la sainteté, voici un nouveau compte rendu de l’ouvrage du regretté P. Bernard Montagnes, o.p., archiviste de la province dominicaines de Toulouse, docteur en philosophie et docteur en histoire. À lire.

Bernard Montagnes, o. p. (1924-2018), Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique (coll. Histoire. Biographie). Paris, Cerf, 2004, 624 p. 23,5 x 14,5. 49 euros. ISBN 2-204-07228-1.

Revue Théologique de Louvain  Année 2007 / 38-2 /pp. 247-248.

Préparée par vingt années d’études et la publication de nombreux articles, cette biographie critique est la bienvenue et nul ne pouvait mieux la réaliser que le père Montagnes. Elle offre une vue d’ensemble de la vie du père Lagrange et permet de mieux saisir l’ambiance de l’époque à travers la lecture de nombreuses écrites par l’éminent bibliste ou qui lui ont été adressées. Après un cursus complet de droit, M.-J. Lagrange a poursuivi des études théologiques dans l’Ordre dominicain (Toulouse et Salamanque), puis de langues orientales à Paris et à Vienne. En 1890 – il a trente-cinq ans –, ses supérieurs l’envoient à Jérusalem où il créera une École pratique d’études bibliques qui deviendra la célèbre École biblique et archéologique française. Il lance aussi la Revue biblique en 1892 et la collection des Études bibliques en 1900. Si l’on sait aujourd’hui l’importance de ces fondations, il est intéressant de voir combien les débuts ont été difficiles au plan matériel, mais surtout au plan des objections soulevées avec passion par les nombreux opposants à l’étude critique de la Bible, objections relayées par les autorités ecclésiastiques de l’époque. Les critiques les plus virulentes sont venues de certains jésuites, comme A. Delattre apprécié de Pie X ou encore L. Fonck qui souhaitait la disparition de l’École biblique au profit de l’Institut biblique de Rome créé en 1909 et confié à la Compagnie. Mais ils ne sont pas seuls. Outre les controverses avec les Franciscains de la Custodie, le père Lagrange connaîtra de nombreux déboires avec la censure de son ordre. Ainsi son commentaire de la Genèse ne sera jamais publié. Toutefois rien ne parviendra à le détourner des études bibliques. Exégète remarquable, il n’était pas moins un grand spirituel et un religieux d’une fidélité jamais démentie à son Ordre et à l’Église. C’est ce que synthétise le dernier chapitre du livre intitulé « le profil humain et spirituel du père Lagrange », précédant une liste bibliographique et un index de personnalité intellectuelle et spirituelle hors du commun qui eut à travailler dans une ambiance détestable.

Camille Focant (1945-). Prêtre du diocèse de Namur. Théologien catholique belge

 

3 juillet 2023

Un livre à lire absolument

Témoignage-Recension du livre de Louis-Hugues VINCENT. Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre. Paris, Éditions Parole et Silence, 2013, 670 p.

La biographie que le père Louis-Hugues Vincent a consacrée au père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et de la Revue biblique, a mis du temps à paraître. En effet, l’auteur la termina en 1951 et elle ne fut publiée… qu’en 2013, cinquante-trois ans après sa mort ! C’est que les autorités dominicaines craignaient que cette publication ne provoquât des polémiques qui porteraient préjudice à l’École biblique. Il faut dire que les querelles qui avaient dressé l’Institut biblique de Rome contre l’École biblique des Dominicains avaient été rudes et qu’on craignit longtemps pour la survie de cette dernière.

Le père Louis-Hugues Vincent (1872-1960), dominicain spécialiste de l’archéologie palestinienne, auteur de nombreux livres et articles, a passé une grande partie de sa vie à Jérusalem. Il vivait au couvent Saint-Étienne, auprès du père Lagrange dont il fut l’un des plus proches collaborateurs et qu’il considérait comme un maître auquel il devait tout « dans l’ordre intellectuel, moral et religieux » (p. 15). Malgré cela, dans le livre qu’il lui a consacré il ne voulait pas faire œuvre apologétique (ce qu’il n’a peut-être pas tout à fait réussi) et il s’est gardé d’apporter des appréciations personnelles.

Dans l’avant-propos, daté du 15 novembre 1951, le père Vincent spécifie que l’ouvrage « n’est pas une biographie composée suivant les règles du genre » (p. 15). C’est vrai. Au niveau formel, on peut relever qu’il n’y a ni introduction ni conclusion et que l’ouvrage est composé de huit chapitres qui ne comportent aucune sous-partie. Quant au fond, l’enquête fut minimale, les sources sont peu nombreuses et les références laissent à désirer. L’auteur, qui l’assume, a composé son livre essentiellement à partir de ses souvenirs du père Lagrange, personnage avec lequel il vécut dans une étroite intimité pendant quarante-six ans. Pourtant, cet ouvrage est plus qu’un livre de souvenirs. Il s’agit d’un témoignage qui, selon les mots du rédacteur, « se restreint […] à l’expérience acquise de son œuvre scientifique en une vie permanente dans son sillage » (p. 19). Néanmoins, le père Vincent a pu profiter de la Revue biblique, de quelques papiers que lui a légués le père Lagrange, ainsi que de deux documents écrits par ce dernier : 1) ses Notes intimes dans lesquelles il consignait le cheminement de sa vie intérieure, que l’auteur, par pudeur, a utilisées sans les exploiter ; 2) ses Souvenirs, écrits sur l’insistance de ses disciples, à la condition « que son récit demeurerait strictement un document de famille » (p. 18). De plus, les liens amicaux du père Vincent avec le père Lagrange l’ont mis en relation avec la famille de son maître. Il a pu y quérir les confidences de ses proches sur son enfance et sa jeunesse. Notons que la première partie de la vie de l’exégète est traitée rapidement, puisque l’auteur ne consacre que vingt-neuf pages à ses trente-cinq premières années. Il s’en justifie ainsi : « J’ai trop souvent entendu mon maître taxer de stérilité la part excessive attachée souvent dans les biographies à la description anecdotique méticuleuse des années initiales, pour m’y aventurer à son propos » (p. 16). Certes, mais lorsqu’elle est bien faite, la présentation des premières années d’un homme peut être extrêmement importante pour mieux le connaître et pour comprendre certaines de ses réactions.

Dans cet ouvrage, le but du père Vincent était de montrer le lien intime entre la vie et l’œuvre du père Lagrange. Cet objectif est atteint, car la coordination entre la vie et l’œuvre de l’exégète et théologien dominicain est bien mise en évidence, et l’on voit très bien la cohérence de son œuvre malgré la variété des sujets qu’il a abordés tout au long de sa vie. À ce propos, soulignons que la production scientifique du père Lagrange est présentée d’une façon tout à fait compréhensible pour les non-spécialistes. Néanmoins, il faut ajouter que le lecteur se retrouve, tout au long de la biographie, face à une énumération chronologique un peu fastidieuse des écrits du père Lagrange. De plus, ils sont traités avec une importance très variable, selon une logique qui peut parfois laisser perplexe : quelques-uns sont abordés assez longuement tandis que d’autres sont seulement mentionnés. L’auteur s’en explique en spécifiant qu’il devait « s’efforcer de présenter la production scientifique sous une forme aisément intelligible au lecteur le moins spécialisé » (p. 21). Cet argument nous semble peu convaincant pour justifier, par exemple, que le père Vincent s’attarde davantage sur un compte rendu fait par le père Lagrange que sur un livre qu’il a lui-même écrit. Néanmoins, cet ouvrage nous permet d’appréhender les positions doctrinales du père Lagrange et son rôle dans l’évolution du mouvement biblique. On y découvre aussi un homme d’une scrupuleuse soumission à Rome et à ses supérieurs au milieu des controverses délicates auxquelles il fut mêlé, ainsi qu’un religieux dont la vie fut gouvernée par son idéal de sainteté.

L’ouvrage est complété par quelques annexes, par une petite bibliographie, par une carte de la Palestine au temps de Jésus, ainsi que par un index des noms de personnes. On y trouve également une prière pour la glorification du père Marie-Joseph Lagrange, dont l’enquête canonique a été ouverte officiellement par Mgr Joseph Madec, alors évêque de Fréjus-Toulon (diocèse dans lequel est mort le père Lagrange), par décret du 15 décembre 1987.

Pour conclure, cet ouvrage, rédigé par l’un de ses plus proches disciples, est un témoignage important sur le père Lagrange et son œuvre. Pour ceux qui voudraient approfondir la question, on peut renvoyer au livre de Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique (Paris, Cerf, 2005, 624 p.).

Philippe ROY-LYSENCOURT (1981-), docteur en Histoire et docteur en Sciences des religions.

Institut d’Étude du Christianisme, Strasbourg  https://www.erudit.org/fr/revues/ltp/2016-v72-n3-ltp03113/1040370ar.pdf

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