Écho de notre page Facebook : mai 2022

31 mai 2022
Belle fête de la Visitation de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth. Magnificat!
Prions le Rosaire pour la Paix en communion avec le pape François.
Bonne fête aux Equipes du Rosaire. Le père Joseph Eyquem O.P., leur fondateur, voyait dans la Visitation la référence évangélique des Equipes du Rosaire.
Viens Esprit Saint !
Depuis Tananarive (Madagascar), avec ma prière. Fr. Manuel.
La Vierge Marie, Mère de l’Église
Mémoire liturgique : lundi de Pentecôte, le 6 juin 2022.
Fr. Manuel Rivero O.P.
C’est le bienheureux pape Paul VI qui a tenu à vénérer la Vierge Marie sous le vocable de « Mère de l’Église » au cours du Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, lors du discours d’approbation de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », tout en ne faisant pas partie de celle-ci. De son côté, le Catéchisme de l’Église catholique a intégré officiellement dans la foi catholique ce vocable riche en signification théologique, même s’il n’a pas été le résultat d’un vote lors de ce Concile. Le Catéchisme cite ce vocable dans le commentaire de l’article du Credo sur l’Église : « Je crois à la sainte Église catholique ». À la suite de « Lumen Gentium » au chapitre VIII qui situe la Vierge Marie dans le mystère du Christ et de l’Église, le Catéchisme reprend l’expression « Mère de l’Église » dans le contexte de la vie du Sauveur et au cœur de l’Église. Il convient de se souvenir qu’un certain nombre d’évêques conciliaires avaient souhaité un texte sur la Vierge Marie à part entière. Dans le souffle de l’Esprit, les pères conciliaires choisirent de présenter la Vierge Marie plongée dans le mystère du Christ et comme membre éminent de l’Église.
L’Église, Mère des chrétiens
Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, les grands théologiens sont africains. Les Pères de l’Église ont mis en lumière la maternité spirituelle de la Vierge Marie envers les chrétiens. C’est ainsi que saint Cyprien, évêque de Carthage, martyr en 258, déclarait : « On ne peut pas avoir Dieu pour père quand on n’a pas l’Église pour mère ».
Plus tard, saint Augustin (+430) prêchera à ses fidèles : « Nul ne peut compter sur la grâce de Dieu son Père, s’il méprise l’Église sa mère ».
Au VIIIe siècle, en Angleterre, saint Bède le Vénérable, écrira : « Toujours à nouveau l’Église engendre le Christ, chaque jour l’Église engendre l’Église ». Par le sacrement du baptême, par la prédication et le témoignage, l’Église donne naissance au Christ dans le cœur des hommes. En engendrant le Christ, elle s’engendre elle-même.
Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1,18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1,24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Cor 12,12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.
Le Christ ressuscité est devenu inséparable de son Église. L’Église n’existe qu’unie au Christ, sa Tête. Le Christ et l’Église forment le Christ total : sa Tête et ses membres. Inutile de parler du Christ sans son Église. Erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ.
La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église
La foi de l’Église trouve sa naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, ex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus. L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine », car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe) tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».
Si Marie est mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la Mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la Mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps ; il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.
Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile , moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : « ʺCe que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église.ʺ Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. »
Dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac de l’Étoile élargit sa réflexion à l’union de Marie et de l’Église dont elle est la figure : « Les hommes, en eux-mêmes, par leur naissance selon la chair, sont une multitude ; mais par la seconde naissance, la naissance divine, ils ne sont avec lui qu’un seul. Le seul Christ, unique et total, c’est la tête et le corps.
Et ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église, sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…) L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.
De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles ».
Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain, saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal … Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi ».
Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total, Tête et Corps ».
L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3,15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).
La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22,2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.
Vénérer la Vierge Marie
Plus récemment, le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule Personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance ».
L’histoire de l’Église montre aussi comment la fréquentation de la Vierge Marie dans la prière loin d’éloigner les fidèles du Christ les a rapprochés avec justesse de leur mystère.
Aussi le Concile Vatican II exhorte-t-il les chrétiens à vénérer la Vierge Marie avec amour, en lui adressant des prières d’invocation et en cherchant à imiter sa foi .
Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens qui ont subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ, le seul médiateur entre Dieu et les hommes.
Mère spirituelle des chrétiens, Mère de l’Église, la Vierge Marie, femme au regard pénétrant, active dans son amour, conduit au Christ comme elle l’a fait lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).
Photos : chasuble du père Lacordaire O.P.

 

31 mai 2022

La Visitation de Marie à Élisabeth

En ces jours-là, Marie se mit en route et partit avec diligence pour la montagne, vers une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru que s’accomplirait ce qui lui a été dit de la part du Seigneur » (Luc 1, 39-45).

Pour approfondir :

  • Et Marie répondit par les strophes du cantique que nous nommons le Marie s’est visiblement inspirée du cantique d’Anne (Premier livre de Samuel 2, 1 ss), c’est que dès les premiers mots, il s’élève fort au-dessus de la situation d’une femme stérile devenue mère ; elle chante magnifiquement la victoire du Dieu d’Israël, parce que l’arc des puissants est brisé : Iahvé fait mourir et il fait vivre, il jugera les extrémités de la terre. C’est seulement à cause de cet accent triomphal, du pressentiment messianique qui a soulevé l’esprit et le cœur de la prophétesse vers un avenir si haut, que le cantique d’Anne a pu fournir à Marie quelques pensées. Ce qui est propre au Magnificat, c’est que cette fois les expressions ne sont pas trop fortes pour dire ce qui s’est opéré en Marie, et qu’elles paraissent à peine suffisantes pour exprimer l’humilité de celle qui glorifie le Seigneur. Pour que toute gloire Lui soit rendue, elle avoue sa bassesse, et cependant, répondant à la félicitation d’Élisabeth, elle avoue que toutes les générations la nommeront bienheureuse. Tandis que le chant d’Anne aurait pu être placé dans la bouche d’un héros, celui de Marie est bien celui de la mère de Jésus. Le regard de Dieu, qui de sa part signifie bienveillance, s’étendra de la même façon sur ceux qui sont petits et connaissent leur misère, tandis que les puissants, les riches comblés, qui s’élèvent par orgueil dans les pensées de leur cœur, seront abaissés et demeureront vides. Et tandis que le regard d’Anne étend déjà la victoire de Dieu aux extrémités de la terre, Marie concentre sa louange sur la grande œuvre de miséricorde promise à Abraham et à sa race, à jamais.
  • Tout est donc en situation dans le Magnificat, même dans cette part indispensable d’honneur rendu aux attributs de Seigneur ; ce n’est point l’enthousiasme d’un disciple de Jésus, écrivant à la lumière de ses miracles, et, de sa résurrection, mais la joie discrète d’une fille de David, d’une fille d’Abraham, remontant le cours des âges pour y rencontrer la promesse, et qui la sait accomplie en elle, rayonnante déjà de l’auréole promise à son front de mère par l’acclamation suppliante de toutes les générations. Et en effet, toutes les générations accomplissent cette prophétie en la saluant Mère de Dieu. (Extrait du commentaire du P. Lagrange dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, pp. 51-52.)

Photo : La Visitation par Carl Heinrich Bloch (19e)

29 mai 2022

Afin que tous soient un

« Père ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux (Jean 17, 24-26) ».

  • Que tous ceux qui souhaitent l’unité des chrétiens sentent leurs désirs s’enflammer en lisant cette parole : Je prie « afin que tous soient un, comme toi-même, ô Père, tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi soient en nous ». Cette unité, c’est la marque divine de la religion de Jésus : « de façon que le monde croie que tu m’as envoyé ». (extrait du commentaire du P. Marie Joseph Lagrange, o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 568.)

26 mai 2022

L’Ascension du Seigneur

Jésus emmena ses disciples jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Et eux s’étant prosternés devant lui, retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. Et ils étaient continuellement dans le Temple, bénissant Dieu (Luc 24, 50-53).

– Les Apôtres sortent, parce qu’ils étaient dans la ville, où ils vont retourner (v. 52). On n’est pas entré à Béthanie. L’ancienne tradition, supposant avec vraisemblance que Jésus avait continué de s’entretenir avec ses apôtres, situait ce suprême entretien à la grotte des discours eschatologiques, de sorte que l’église de l’Éléona était à la fois le mémorial des entretiens les plus importants et de l’Ascension (Vincent et Abel, Jérusalem nouvelle, ch. XIV). – Les mains élevées pour bénir, selon l’antique geste (Lévitique 9, 22 ; Genèse 48, 14).

Se prosterner devant le Maître glorifié après un dernier regard était dans les convenances. La joie, moins indiquée par la nature, procède déjà d’une impulsion de l’Esprit de Jésus ; ils voient son triomphe et ils attendent son secours.

La reconnaissance qui remplissait leur cœur s’épanchait dans le Temple, qui était pour eux comme pour tout Israël le lieu de la prière. Luc ne dit rien de l’avenir ; il y avait dans l’évangile assez de sujets de bénir Dieu. (Quelques extraits du commentaire du père Marie-Joseph Lagrange o.p. dans l’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, pp. 616-617.

Illustration : Ascension. L’une des mosaïques de la chapelle des anges au Sanctuaire du Mont Sainte-Odile (Bas-Rhin), inspirée du Hortus Deliciarum : encyclopédie chrétienne, réalisée entre 1159 et 1175 par Herrade de Landsberg (aussi appelée Herrade de Hohenbourg), et ses moniales au couvent de Hohenbourg (mont Sainte-Odile), dont l’original a été détruit, ont été réalisées en 1947 par les céramistes Alphonse Gentil et François Eugène Bourdet.

Les anges annonçant le retour du Sauveur. https://www.mont-sainte-odile.com/2022/03/24/decouverte-chapelle/

22 mai 2022

Évangile de ce dimanche (Jean 14, 23-29) commenté par le père Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936.

(23) – Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.

– La réponse n’est pas directe, mais c’est bien une réponse : c’est seulement dans le cas que j’avais dit que je me manifesterai, ce qui exclut le monde indifférent ou hostile. Mais il est dit de plus que le Père aussi viendra, ce qu’on pouvait supposer, puisque le Fils est si intimement uni au Père, et, ce qui est plus nouveau, cette venue sera une demeure. Dieu habitait dans Israël (Ex 14, 8, etc.) ; cette cohabitation, atténuée par la disparition de l’arche devait se reproduire (Za 2, 10), et s’était en fait réalisée dans l’Incarnation (1, 14). Une fois le Christ remonté vers son Père, tous deux viendront, mais seulement en chacun de ceux qui aiment le Fils et observent ses commandements. Cette demeure est intérieure, c’est seulement une formule conforme à la métaphore : on habite chez quelqu’un.

(24) Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles ; et la parole que vous avez entendue n’est pas la mienne, mais celle du Père qui m’a envoyé.

– Le revers de la médaille. Ceux qui ne m’aiment pas sont aussi ceux qui ne gardent pas mes paroles, c’est-à-dire n’observent pas mes commandements. Ils n’observent donc pas non plus ceux du Père, car la parole de Jésus est celle de celui qui l’a envoyé, comme il l’a déjà dit plus d’une fois. Ce sont ceux-là qui figurent ici le monde. Le Père ne saurait les aimer : comment viendrait-il amicalement chez eux avec le Fils, comment le Fils se ferait-il connaître à eux comme un ami ?

(25-26) Demeurant auprès de vous, je vous ai dit ces choses ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que mon Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera tout et vous remettra dans l’esprit tout ce que je vous ai dit.

Nouvelle promesse de la mission de l’Esprit.

Les deux versets sont comme la conclusion de l’exhortation aux disciples touchant leur situation future, précédant les dernières paroles de consolation (27-31). C’est en même temps une allusion à l’enseignement que Jésus a donné jusqu’à présent, et qui sera continué par l’action du Paraclet déjà promis.

C’est le Défenseur qui figure ici bien clairement dans l’office de maître de doctrine. Il sera envoyé par le Père, non plus (16) à la prière du Fils, mais ce qui est plus en situation, pour tenir la place du Fils et parler en son nom ; comme le Fils est venu de la part du Père et pour parler en son nom, ainsi l’Esprit Saint parlera au nom du Fils. Le Paraclet, qualifié déjà esprit de vérité (17) est ici l’Esprit Saint (1, 33), terme connu par la Bible. Sa fonction ne sera pas seulement de rappeler les paroles de Jésus : il enseignera et il rappellera. C’est bien le même groupe de vérités que le Paraclet enseignera et rappellera. D’autre part, il faut admettre un nouvel enseignement qui complètera celui de Jésus (16, 12 s.), non par addition de vérités autres, mais par un développement où l’on reconnaîtra de quelque manière ce que Jésus avait déjà dit. Le nom même d’Esprit indique la nature de cet enseignement, par suggestion intérieure, plutôt que par la parole. C’est sur assistance que s’appuie l’Église quand elle propose la règle de foi soit d’après l’Écriture, soit d’après la Tradition. Aucun privilège n’est accordé ici à la parole écrite, et l’Église ne saurait errer puisqu’elle a pour maître l’Esprit Saint. Après la mort du dernier Apôtre, il n’y a plus eu dans l’Église de révélation officielle, destinée à toute l’Église ; mais entre l’Ascension et la mort du dernier Apôtre, l’Esprit Saint a sûrement révélé des vérités sinon entièrement nouvelles, du moins qu’on n’aurait pu sans cela dégager de la révélation faite par le Christ.

(27-29) Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble et ne s’effraye pas. Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais et je viens à vous. Si vous m’aimiez vous vous réjouiriez parce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. Et maintenant je vous ai avertis, avant que cela n’arrive, afin que lorsque cela sera arrivé, vous croyiez.

Les adieux et les dernières paroles d’encouragement

C’est la conclusion du discours qui a commencé avec le chapitre ; elle est parallèle au début par l’invitation à ne pas se troubler par l’annonce du départ et la promesse du retour, surtout par l’appel de la foi. Il y a ici en plus le don de la paix, et même une invitation à la joie, par un contraste saisissant avec la pensée du sacrifice plus imminent ?

Le lien avec ce qui précède serait clair, si l’on pouvait identifier la paix du Christ avec son Esprit. Mais le don de l’Esprit était à venir ; la paix est déjà non seulement léguée mais donnée. Elle sera plus profonde plus tard, mais la forme du don (au présent) empêche de voir ici une suite très exacte de ce qui précède. C’est donc une idée nouvelle qui se présente pour terminer.

On n’a pas manqué de rappeler que depuis l’antiquité les Hébreux se quittaient en se souhaitant la paix. Ce serait le cas ici.

Dans la situation présente, les disciples risquaient de se troubler en perdant leur Maître ; avec lui ils étaient en paix avec Dieu, qu’il leur apprenait à aimer, en paix entre eux, parce que sa voix calmait leurs disputes ; ils ne craignaient pas leurs ennemis, étant confiants dans sa protection. C’est cette paix, la sienne, qu’il leur laisse, comme s’il était présent, par l’assistance qu’il leur a promise. C’est donc grâce à cette paix dont Jésus est la source qu’ils pourront reconnaître sa présence en eux. Jésus parle surtout de l’opposition entre la paix extérieure, la seule que le monde puisse donner quelquefois, et celle qui se maintient au dedans de l’âme, quoi qu’il en soit des périls et de la guerre qu’il faudra affronter, la paix de celui qui va être meurtri par le monde pour obéir à son Père, (semble indiquer un legs), dont par conséquent les disciples jouiront plus tard ; mais sa mort est imminente, et, si l’on peut dire, sa succession déjà ouverte. On conçoit qu’en promettant l’assistance on donne dès à présent l’assurance de la paix et la paix elle-même, disposition spirituelle qui se communique sans formalités. Et en effet les disciples ont besoin de cette paix dès à présent. Ce qui prouve que Jésus ne parle pas spécialement de la paix avec Dieu, par opposition au péché, mais d’une paix fondée sur le secours de Dieu, et affronte la guerre. La prédiction du retour devait encourager les disciples dans leur propre intérêt, puisqu’il allait leur préparer des places. Maintenant abordant un motif encore plus noble, il leur dit que si seulement ils avaient eu jusqu’à présent de l’affection pour lui, ils devraient se réjouir parce qu’il va vers le Père. Le reproche est de ceux que l’on fait aimablement pour amener la protestation : mais oui, je vous aime. Que Jésus vienne vers son Père, c’était assurément un sujet de joie pour lui et ce devrait en être un pour ses disciples. Mais il ajoute un trait spécial une raison de la joie de ce retour : c’est que son Père est plus grand que lui.

10 mai 2022 : jour-anniversaire de la naissance au Ciel du fr. Marie-Joseph Lagrange, o.p.

 

 

Nous sommes en communion avec fr. Manuel Rivero, o.p. qui célèbre la messe de ce jour aux intentions personnelles confiées par chaque adhérent à l’association et pour la béatification du P. Lagrange. Pour faire avancer sa cause, un miracle est attendu.

https://www.mj-lagrange.org

Illustration : Smolenskaya-La Vierge Marie, icône orthodoxe chrétienne.

 

 

7 mai 2022

Suivant la tradition, le mois de mai est consacré à Marie, mois de dévotion particulière pour demander à la Vierge Marie de porter nos prières à Dieu particulièrement aujourd’hui en ce temps incertain dû à la folie humaine.

Marie, reine de la pensée du P. Lagrange

Pour le père Lagrange, Marie était reine de sa pensée, c’est à toute occasion qu’il invoquait son secours, avec la tendresse et la confiance d’un fils, et qu’il se plaisait à lui consacrer ses travaux.

Sous le regard de Jésus et de Marie, la vie du père Lagrange trouvait force et lumière et cette grande paix surnaturelle qui, le rendant insensible aux remous de la vaine gloire ou des craintes puériles, lui faisait dominer toutes les situations dans une volonté de servir si habituelle qu’elle avait fini par régler les divers moments de sa journée.

Au moment de la crucifixion : « Notre piété envers Marie voit aussi, dans l’attitude de celle qui se tenait au pied de la croix, un indice de la place qu’elle occupe dans notre rédemption. Elle compatissait aux souffrances de son Fils, elle compatissait à nos maux ; elle souffrait avec lui, sans rien ajouter à ses mérites infinis, mais y joignant les siens ; en s’associant à l’œuvre de celui qu’elle avait donné au monde pour le sauver, non moins participante de son œuvre à sa mort qu’à sa naissance (cf. commentaire du P. Lagrange dans son Évangile selon saint Jean).

Ces quelques phrases se trouvent dans le livre du P. F.-M. Braun, o.p., L’Œuvre du père Lagrange, Imprimerie Saint-Paul, 1943.

Prière pour l’Ukraine

Dieu notre Père, Père de la famille humaine, daigne prendre en pitié le peuple ukrainien agressé sur sa propre terre, et délivre-le de ses ennemis. Donne-lui de retrouver sa juste autonomie dans ses frontières et de pouvoir décider par lui-même de son avenir.

Père, nous te prions pour son agresseur, et nous te demandons de venir toucher son cœur, pour que cessent les combats et qu’il quitte l’Ukraine.

Père, enlève aussi du cœur de tout être humain les germes de haine, de domination, de division, et l’esprit de vengeance ; mets-en chacun un esprit de respect, de paix, de pardon, un désir de réconciliation et de fraternité.

Père, tu as envoyé dans le monde ton Fils Jésus, le Prince de la paix, pour libérer l’humanité des forces du mal. Il a déclaré bienheureux les artisans de paix ; fais à ses disciples la grâce de l’amour désintéressé, de l’humilité, du courage, pour qu’ils soient promoteurs de la paix dans le monde.

Que la Vierge Marie, Reine de la paix, veille sur l’Ukraine et sur le monde entier !

+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

Illustration : Hodegetria ou Notre Dame de Kiev, soutien des humbles. Icône dont l’auteur est inconnu.

Ukrainienne priant.

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