Écho de notre page Facebook : mars 2021

Mercredi saint, 31 mars 2021
Une pensée du P. Lagrange

 

J’ai attaché beaucoup trop d’importance aux belles considérations et même aux dévotes affections (sensibles) : si, après une oraison que j’ai cru fervente, je fais des actes imparfaits ou mauvais, suis-je bien avancé ? Je juge de mon état par les sentiments, je dirai presque les sensations que j’éprouve. En somme, l’homme est bon ou mauvais par les actes de la volonté.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, 6 avril 1882. Mercredi saint.)

 

 

 

 

Mardi de la Semaine sainte 30 mars 2021
Jésus dénonce la trahison
Judas dit à Jésus : « Maître, serait-ce moi ? »

Malgré le privilège d’une foi indéfectible n’assuré qu’à Pierre, Jésus lui dit : « En vérité, , je te le dis : toi-même aujourd’hui, cette nuit, avant qu’un coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. » Pierre répondit : « Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas ! » L’affection, entraînée à s’affirmer plus ardente, peut seule faire pardonner un pareil démenti. (Jn 13, 21-33. 36-38)

(Quelques phrases tirées de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange o.p. Artège, Paris, 2017.)

Illustration : Judas et Pierre demandent à Jean : « Qui est-ce ? » La Cène de Marco d’Oggiono.

 

 

Lundi 29 mars 2021
Évangile selon saint Jean 12, 1-11
« Tu demandes pourquoi elle n’a pas vendu ce parfum ? C’était afin de le conserver pour le jour de ma sépulture. »

Et en effet son cœur attentif avait été touché d’un pressentiment auquel les autres demeuraient fermés ; elle avait oint d’avance le corps du Maître tant aimé. Et ce geste était si beau, étant inspiré par une lumière divine, que Jésus annonça solennellement : partout où sera prêché l’Évangile, dans le monde entier, on parlera de ce qu’a fait cette femme, en mémoire d’elle. Prophétie réalisée dans toutes les chaires où l’on prêche la Passion.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

 

Dimanche 28 mars, dimanche des Rameaux et de la Passion de Notre Seigneur
L’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem (Marc 11, 1-10).

En ce début de la Grande Semaine, cette journée commence par l’entrée messianique à Jérusalem. Hosanna est tiré d’un psaume (118, 25), ce qui signifie « Sauve donc ». C’était devenu une acclamation, comme « Gloire, Victoire ! ». Le reste du récit est parfaitement clair, mais on se demande pourquoi Jésus, qui a toujours évité l’éclat, a accepté et presque provoqué cette explosion d’enthousiasme messianique. C’est parce qu’il appartenait à sa mission de se présenter comme Messie, afin que les Juifs ne puissent alléguer qu’il ne leur avait pas donné lieu de le reconnaître. Aussi a-t-il choisi une entrée messianique incontestable, puisqu’elle réalise une prophétie clairement messianique (Zacharie 9, 9), mais en même la plus modeste. On a souvent exagéré la magnificence de ce triomphe, car, dit-on, d’après les Orientaux, l’âne est une noble monture. En réalité les rabbins étaient embarrassés de l’humble équipage décrit par le prophète. Ce devait être une entrée de rechange, pour le cas où les Israélites ne seraient pas dignes de voir le Messie descendre des nuées du ciel. Jésus a donc su concilier ce qu’il devait à son titre, et ce qui donnait satisfaction à l’humilité de son cœur. Son triomphe est tout populaire, par les sentiments spontanés et les hommages rustiques. Cette simplicité montrait assez qu’il ne venait pas pour établir un royaume temporel ; l’aspect spécifique de cette foule qui se dépouille de ses vêtements au lieu de prendre les armes devait rassurer la vigilance des Romains. Le contraste n’en est pas moins saisissant avec les scènes de la Passion. Le peuple s’était prononcé ; il se déjugea.

En effet, le lendemain c’était le début de la Passion. Les adversaires de Jésus ne veulent pas attendre la fin de la fête, signal du retour en Galilée, et ils craignent l’agitation durant la fête. Ils n’ont pas de temps à perdre. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1935.

Illustrations : Entrée messianique de Jésus à Jérusalem par Giotto.
Le baiser de Judas par Giotto.

 

 

 

 

Jeudi 25 mars 2021
Annonciation du Seigneur

« Et voici que tu concevras et que tu enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, et il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles, et son règne n’aura pas de fin. » (Luc, 31-32).

La phrase est pour ainsi dire stéréotypée dans la bouche de l’ange quand il s’agit d’un enfant extraordinaire. – Il est probable que Luc qui a insisté sur la virginité de Marie (verset 27) : « à une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie » – pensait à ce dernier passage ; le nom d’Emmanuel ne pouvait remplacer celui de Jésus, et son contenu symbolique, « Dieu avec nous » […] Le nom le plus répandu du Messie était Fils de David.

 

Le trône de David restauré doit s’étendre à toute la maison de Jacob. […] L’ange affirme encore plus nettement qu’Isaïe (9, 6) : – « Étendu est l’empire dans une paix infinie, pour le trône de David et sa royauté, qu’il établit et qu’il affermit dans le droit et la justice. Dès maintenant et pour toujours l’amour jaloux de Yahvé Sabaot fera cela. » – que le règne n’aura pas de fin. Et comme Daniel (7, 13) : – « Je contemplais, dans les visions de la nuit. Voici, venant des nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent. Son empire est empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit. » – C’est ouvrir une porte sur le surnaturel, car ce qui est infini dans un sens sort des conditions des choses humaines. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1941.)

« Ô Vierge très pure, soyez louée et bénie par le Créateur et les créatures, et béni soit le fruit de vos entrailles, Jésus. » (Marie-Joseph Lagrange, o.p. Journal spirituel)

Illustration : Annonciation par Edward A Fellowes Prynne (1854-1921)

 

Dimanche 21 mars 2021
De l’évangile de saint Jean (12, 20-33)

Seigneur, nous voulons voir Jésus. […] Ces braves gens n’osent se présenter eux-mêmes ; ils ont vu Jésus comme tout le monde, monté sur le petit âne, mais ils voudraient l’entretenir. Nés dans le paganisme, ils ont acquis la foi en Dieu ensuite du travail personnel de leur esprit et de l’impulsion de leur cœur ; ils devaient plus que d’autres se sentir pressés de demander à Jésus plus de lumière. […]

Le vrai triomphe de Jésus sera le fruit de sa mort (23-33).

À une explosion de messianisme national, qui ne fait qu’éperonner la haine des Pharisiens dirigeants, et qui procure chez les Grecs une curiosité plus ou moins sympathique, le Messie répond en exposant sa vraie mission, où le triomphe était attaché à l’élévation sur la croix pour le salut de tout le monde. C’est comme une effusion de l’âme de Jésus, un adieu à la foule avant son adieu à ses disciples, et déjà presque un dialogue avec son Père, enfin une suprême exhortation.

Jésus accepte la mort, et instruit ceux qui veulent le suivre de la voie qui mène à la gloire (23-26) ; cependant son âme est troublée mais une voix du ciel lui rend témoignage (27-29) ; il indique quel sera son genre de mort (30-33). […] Cette voix n’est pas sans analogie avec celle de la Transfiguration. […] Il semble que cette voix ne fut entendue distinctement que par Jésus, et sans doute aussi par ses disciples. […] Après l’invocation au Père, il était évident que c’était un signe céleste.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 6e édition, 1936)

Illustration : L’heure est venue où le fils de l’homme doit être glorifié. Peinture italienne-Marco (16e)

 

Vendredi 19 mars 2021

 

Saint Joseph, priez pour nous.

Saint Joseph a caché Jésus et Marie, et maintenant il les donne : il est le grand apôtre du ciel.

Grâces soient rendues à saint Joseph qui m’a rendu la grâce de sentir la dévotion à ma Reine Immaculée. Il m’a donné la force de me taire en classe. Je vous demande encore, ô grand saint, l’humilité dans les conversations ! (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, 19 mars 1882)

 

 

 

 

Mercredi 17 mars 2021
Le Fils de Dieu use de son droit divin (Jean 5, 17-30)

Son œuvre essentielle est de donner la vie à ceux qui passent pour vivants et qui sont morts aux yeux de Dieu.

Mais qu’ils croient que Dieu l’a envoyé, qu’ils honorent le Fils, et déjà ils ont en eux-mêmes la vie éternelle.

Le Fils qui leur communique la vie reçue du Père sera leur seul juge au nom du Père, et comme sa voix fait naître à la vie spirituelle par la foi, elle retentira encore lors de la résurrection, de la vie ou de la mort. […] La fonction de juge n’ajoute rien d’essentiel, puisque celui qui croit n’est pas jugé, ayant passé de la mort à la vie. Ce qui donne au discours son caractère, c’est la révélation des rapports très étroits entre le Père et le Fils. Elle prépare à admettre entre eux l’identité de la nature divine, sans détriment de cette relation de Père à Fils et de Fils à Père qui suppose deux personnes distinctes.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, extraits p. 263-264.)

Illustration : Christ, vrai Dieu et vrai homme. (artiste inconnu)

 

Lundi 14 mars 2021
La guérison du fils du fonctionnaire royal

« Hier à la septième heure, la fièvre l’a quitté. » Le père reconnut donc que c’était l’heure à laquelle Jésus lui avait dit « Ton fils vit » ; et il crut, lui et sa maison entière. (Jean 4, 52-53)

L’homme a ajouté foi à la parole de Jésus ; maintenant que le miracle est évident pour lui, sa foi est plus ferme. C’est un effet naturel et voulu de Dieu que le miracle provoque la foi ; ce que Jésus condamnait, c’était la demande de signes. La foi peut et ordinairement doit naître sans miracles constatés personnellement. Quand Jésus se manifestait par ses paroles et sa présence, la raison de croire était suffisante. […] Il est très probable que si Jean parle encore de « toute sa maison », c’est qu’elle était connue des premiers chrétiens et avait sans doute eu sa part aux progrès de l’évangile. […] On se demande si la guérison du fils du dignitaire est le même miracle que la guérison du centurion (Mt 8, 5-13 ; Lc 7, 1-10). La principale ressemblance est que le malade est à Capharnaüm, et que la guérison se fait sans contact ; dans les deux cas celui qui demande le miracle est un personnage d’une certaine importance. Mais les divergences sont nombreuses. Dans Jean, le malade est un fils, dans Luc un serviteur, et il n’y a pas de raison de croire que Matthieu ait parlé d’un fils. Dans Jean, le père vient de Cana et insiste pour faire venir Jésus. ; le centurion a assez de foi pour demander seulement une parole. Aussi le dignitaire est-il des Juifs, à Jérusalem ou en Galilée qui demandent des miracles pour croire ; le centurion le type des gentils dont la foi surpasse celle des Israélites. […] Nous croyons donc que les deux miracles sont distincts, sans nous appuyer sur la différence du temps. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936)

 

Dimanche 14 mars 2021
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle !… » (Jean 3, 17)

Il suffit à Jésus de faire entrevoir à Nicodème le sort qui attend le Fils de l’homme, c’est-à-dire le révélateur qu’il est lui-même : il doit être élevé, et l’on pourrait croire que cette élévation le ramène au ciel d’où il est descendu. Mais non, il sera élevé comme le serpent d’airain dans le désert, attaché à un poteau : « et quiconque aura été mordu (par un serpent) et le regardera, conservera la vie (Nombres 21, 8) », pourvu qu’il mette sa confiance en Dieu qui a voulu opérer sa guérison par ce signe. – De même, lorsque le Fils de l’homme aura été élevé de cette manière, ce qu’on devait comprendre du supplice de la croix, ceux qui croiront en lui auront la vie éternelle.

Jésus a donc révélé à Nicodème les étapes encore inconnues de la vie surnaturelle. La naissance par le baptême et par l’Esprit, la foi en celui qui est venu d’en haut, révélateur et rédempteur, conduisant à la vie auprès de Dieu.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Extraits de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège Lethielleux, 2017.)

Illustration : Jésus s’entretient avec Nicodème (dessinateur inconnu)

 

Mercredi 10 mars 2021 : Tous les amis de l’association se retrouvent à l’occasion de ce Jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du P. Lagrange, le 10 mars 1938, à St-Maximin (Var).

La messe de ce jour est célébrée par Fr. Manuel Rivero o.p. Président de notre association. Confions nos demandes de grâces à l’intercession du P. Lagrange. Prions pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu et de ce grand ami de Sa Parole.

« Toute ma force est dans la prière » (P. Lagrange. Journal spirituel)

 

9 mars 2021
« Alors Pierre s’approchant [de Jésus] lui dit : « Seigneur, si mon frère pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je ?… Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui dit : « Je ne te dis pas : jusqu’à sept fois ; mais : jusqu’à soixante-dix fois sept [fois] ». »

« Pardonnons toujours et sans réticence, et nous comprendrons ce qui se passe « dans le cœur du bon Dieu quand on revient vers lui. »
(Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, Histoire d’une âme).

« La grande miséricorde de Dieu à notre égard est pour nous la meilleure exhortation à l’indulgence »
(R.P. Lagrange, un de ses commentaires sur les évangiles.)

(Deux extraits de la Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque, Lecoffre-Gabalda, 45e mille, Paris, 1942).

Illustration : Christ miséricordieux
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

 

 

 

Le 7 mars 1855 naissait à Bourg-en-Bresse Albert Lagrange,

Fête à cette époque de saint Thomas d’Aquin.

Le Docteur angélique restera sa référence théologique tout au long de son parcours d’exégète.

 

Illustration : La maison natale du P. Lagrange à Bourg-en-Bresse.

 

 

7 mars 2021
Dans l’évangile de ce jour :
« L’amour de ta maison fera mon tourment. » (Jean 2, 17)

Le père Lagrange écrit : « Le zèle de ta maison me consumera. »

Cet acte de zèle rappelle aux disciples présents le passage d’un psaume (69, 10), citation assez difficile à interpréter ? De toute façon le psaume faisait allusion à un zèle ardent, tel que celui de Jérémie (20, 9 ; 23, 9) ou du psalmiste (119, 139). Et ainsi l’application à Jésus était excellente, car ce qu’il venait de faire était un acte de zèle. C’était le temps où beaucoup de Juifs avaient montré un tel zèle, qu’on avait créé pour eux le surnom de Zélotes, désignant parfois des groupes, mais toujours une tendance à faire respecter les droits de Dieu quoi qu’il en coûte, et sans s’arrêter à aucune considération humaine, parfois avec tant d’indifférence sur le choix des moyens qu’on les nomma sicaires (cf. Le Messianisme…). Mais les disciples ne songeaient pas à comparer Jésus à l’un de ces hardis partisans ; le psaume qui leur fournissait un meilleur exemple de zèle, et pour la maison de Dieu développait longuement tout ce qu’il en avait coûté au psalmiste de montrer tant d’ardeur. D’où la question de savoir ce que signifie, même pour le psalmiste : « le zèle de ta maison m’a dévoré. »

Isolés les mots suggèrent que le zèle l’a consumé à l’intérieur comme un feu brûlant […]. « Le zèle m’a dévoré de l’intérieur » doit s’entendre : « m’a valu d’être consumé de douleurs ». […] C’était dans l’intention [de Jean] d’insinuer ce que ce zèle devait coûter à Jésus.

(extraits de Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 66-67.)

Illustration : Jésus chassant les vendeurs du Temple. Auteur inconnu, 1873.

 

6 mars 2021
La prière

 

Je suis dans les choses spirituelles comme un pauvre idiot qui vient chaque jour présenter son écuelle pour avoir sa soupe : je dois tendre à Dieu mon écuelle avec confiance. La confiance ! Elle renferme toutes les qualités de la prière ; c’est elle surtout que Jésus nous recommande dans l’Évangile. C’est de confiance qu’on manque le plus parce qu’on ne sent pas toujours l’effet sensible de la prière. Et encore, quand prie-t-on avec courage, sans en sentir l’effet ! La fin de la prière vient mieux que le commencement, dit l’Esprit Saint. Il faut envisager avec courage les commencements de la prière, qui souvent ne sont pas sans amertume. L’aridité vient, ou de la fatigue, il n’y a qu’à se résigner ; ou de la tiédeur, il faut prier, crier, supplier ; ou d’une épreuve de la bonté divine, il faut en rendre grâce, et se rappeler toujours que la prière est invincible, que la prière est la voie royale du salut et le plus sûr moyen de glorifier Dieu comme Dieu. (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 218-219.)

Illustration : Prière de St Dominique au pied de la croix-Couvent St-Marc-Florence-Fresque de Fra Angelico

 

3 mars 2021
La dernière prédication de Jésus à Jérusalem
« Celui qui parmi vous voudra devenir « grand » sera votre serviteur. Celui qui voudra parmi vous être « premier » sera votre esclave (Mt 20, 26-27).

Le P. Lagrange commente :

Parmi les chrétiens en effet, celui qui est appelé à commander doit résolument faire figure de chef. Mais il ne sera accepté comme tel que si l’on sent qu’il s’humilie en lui-même au-dessous de tous. Le Pontife romain, pasteur suprême, a voulu être appelé « le serviteur des serviteurs de Dieu ». Et tout cela pour imiter le Fils de l’homme. Car il n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Depuis cet exemple, ce mot de servir, mal famé, est devenu très noble. Révélant alors le motif intime de son abaissement charitable, dont l’heure était venue, Jésus leur dit : le Fils de l’homme venu pour servir est venu donner son âme, c’est-à-dire sa vie, comme rançon, pour un grand nombre, c’est-à-dire comme l’avait marqué le bon pasteur pour ses brebis. (extrait de L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 454.)

Illustration : Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée, Paolo Caliari dit Véronèse-vers 1565

2 mars 2021

Le Père Marie-Joseph LAGRANGE, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, ordonné prêtre à Zamora
Le diocèse de Zamora célèbre une année de retraite du 19 mars 2021 au 19 mars 2022 pour commémorer le neuvième centenaire de la restauration de son siège épiscopal.
Parmi les nombreux événements qui ont marqué son histoire figurent l’aménagement presbytéral du frère dominicain Maria-José LAGRANGE (1855-1938) qui a fondé l’École biblique de Jérusalem le 15 novembre 1890, fête de Saint-Alberto Magno, son patron de Baptême.
Exilé avec tous les dominicains de la Province de Toulouse (France) au couvent Saint Étienne de Salamanque de 1880 à 1886 à cause de la persécution antireligieuse de 1880 en France, fray Maria José LAGRANGE qui avait reçu l’ordination diaconale à Salamanque était à Zamora pour recevoir son ordination presbytérale des mains de l’évêque du diocèse Monseigneur Thomas Belesta et Cambeses le 22 décembre 1883, à la Chapelle publique du Palais épiscopal. La mère du Père Lagrange et sa sœur Thérèse étaient présents.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Président de l’association des amis du père Lagrange

2 mars 2021
Pensée du P. Lagrange

 

La dévotion à saint Joseph a crû beaucoup. D’ailleurs il m’a été donné d’inspirer l’amour envers Marie. Oh ma bonne Mère, qu’est-ce auprès de ce que je vous dois ? Vous sauverez ma pauvre âme. (Journal spirituel, éd. Cerf, 2014)

 

Photo : Consécration au Cœur sacré de Joseph. Sanctuaire de Saint Joseph Bon Espoir. Espaly.

 

 

 

1er mars 2021

« Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Et ne jugez pas, et vous ne serez point jugés ; et ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés ; absolvez, et vous serez absous. Donnez, et l’on vous donnera : une bonne mesure, serrée, tassée, débordante sera versée dans votre sein ; car on se servira envers de la mesure dont vous vous serez servis » » (Luc 6, 37-38).

Le P. Lagrange écrit pour ces deux versets :

(36) Luc parle seulement de la miséricorde « de votre Père », la miséricorde étant d’ailleurs plus spécialement dans le thème.

(37-38) Ces deux versets vont bien ensemble, puisque la charité commande aussi de ne pas juger.

(37) Non seulement on ne doit pas en vouloir à ses ennemis ni venger ses injures personnelles ; il ne faut pas même juger, c’est-à-dire, comme il est expliqué par la suite, juger que le prochain a mal agi. Il ne s’agit pas évidemment de la répression sociale ou des verdicts de la puissance judiciaire, mais des jugements prononcés intérieurement ou en paroles, sans mandat. Cela n’exclut pas non plus l’appréciation morale d’un acte ; mais ce n’est pas à nous à déclarer coupable celui lui l’a posé. Sainte Catherine de Sienne a beaucoup insisté sur ce point. On est si souvent trompé par des apparences défavorables ! et l’on n’a pas le droit de faire une enquête quand on n’a pas mission de juger. Dieu est toujours là pour nous traiter avec indulgence que nous aurons eue pour les autres. Luc développe même le conseil négatif de ne pas juger en celui d’absoudre.

(38) Luc revient à l’idée du don, préparée par celle d’absolution. La bonne mesure est déjà quelque chose de plus que la quantité strictement exigée ; la denrée est encore pressée pour que le récipient contienne davantage ; secouée, pour que les intervalles soient remplis, s’il s’agit par exemple de fruits, et elle déborde encore au moment où on la verse. Cette surabondance exprimée si fortement fixe le sens des derniers termes : on ne vous donnera pas exactement ce que vous aurez donné ; mais si vous êtes larges et bons, on sera large et bon, avec cet excès dans la récompense qui appartient aux dons de Dieu par rapport à ceux de l’homme. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, p.197-198, extraits.)

Hommage au frère Paul Amargier O.P., par le frère Manuel Rivero O.P.

Cher frère Paul,

Le 8 janvier 2021, tu as vécu ton « exode » vers le Père à l’hôpital Saint Joseph de Marseille fondé par le bienheureux abbé Fouque (+1926) avec les sœurs dominicaines de la Présentation de Tours. La prière de tes frères dominicains et de tes amis t’accompagnent dans ce passage vers la Vie éternelle. Dans le memento des défunts quand je célèbre à la messe, tu es aussi bien présent.

Merci pour tout ce que tu as apporté à l’humanité, à l’Ordre des prêcheurs et à l’Église de Marseille.

Tu as aimé l’histoire traitée de manière scientifique et tu l’as fait aimer.

Assigné à l’École Lacordaire de Marseille en 1983 avec le projet de préparer une nouvelle étape pour la vie dominicaine à Marseille après des années de crise et de douleur au point qu’un grand nombre de frères souhaitaient la fermeture du couvent. Tu m’avais reçu dans le presbytère de la paroisse de Saint-Victor où tu logeais, tout près des vestiges de l’antiquité chrétienne gardés dans la crypte de l’abbaye, véritable écrin qui contient le trésor de la mémoire des martyrs et de la prière des moines dont le pape Urbain V. Je t’avais demandé si tu pouvais participer au renouveau de la communauté dominicaine à Marseille. « Je peux apporter une aide oblique », avais-tu répondu. Oblique ? Cette réponse pour le moins originale m’avait surpris. Mais c’était mieux que rien.

Il te plaisait de rappeler que saint Dominique et saint Thomas d’Aquin étaient morts à cinquante ans. C’est à cet âge que tu avais quitté le couvent de la rue Edmond Rostand, non sans souffrance. Néanmoins tu manifestais toujours ton attachement à l’Ordre des prêcheurs. Tes visites régulières au couvent pour partager un repas de midi et la récréation sous les platanes du cloître te rendaient attachant. Tu parlais beaucoup comme les gens qui passent de longues heures dans la solitude. Tes propos intéressants étaient parfois assaisonnés d’humour. Parmi les anecdotes, il y a l’histoire d’un chat que tu avais accepté de garder dans ton appartement à la demande des amis partis en vacances. Tu avouais en évoquant la psychologie du félin que « tu habitais chez le chat ». C’était lui qui t’imposait ses mœurs et ses habitudes. Il t’arrivait de me faire rire sans que tu l’aies cherché. Aumônier de l’université de sciences, les étudiants parlaient de leur manière de passer leurs week-ends avec une fille superbe, par exemple. Toi, tu nous disais : « J’ai passé le week-end avec Urbain V ». Tu écriras ainsi sa biographie : « Urbain V : un homme, une vie, 1310-1370 ».

Poli et précis, tu pouvais réagir violemment quand il s’agissait de la morale. Le père Pierre Duménil (+2019), curé de la paroisse du Sacré-Cœur de Marseille, m’invitait souvent à participer aux rencontres avec les chefs d’entreprises afin de réfléchir sur leurs problèmes économiques à la lumière de la doctrine sociale de l’Église. Parmi les questions abordées, il y avait celle bien connue des pots-de-vin dans l’obtention des marchés. Certains entrepreneurs avouaient leur tiraillement intérieur entre leurs convictions morales et la responsabilité de faire vivre l’entreprise. Tu t’étais exclamé : « Mon c… ! ».

Fraternel et apostolique, tu ne refusais pas de rendre service. C’est ainsi que tu avais répondu favorablement à mon invitation pour parler aux étudiants. Nous nous étions donné rendez-vous à l’entrée de l’université de Provence, près de la gare. Tu étais ponctuel. La précision représentait une grande valeur à tes yeux. Tu m’as même dit : « Je suis comme Sartre, si tu me donnes rendez-vous dans quelques années, à tel endroit à telle heure, j’y serai ! ». Ce goût pour la précision tu l’as gardé. Il apparaît dans l’une de tes dernières productions : « 1215 Innocent III et le concile de Latran IV » où tu signales : « PRO MANU SCRIPTO Texte terminé le vendredi 30 mai 2014 (à 2 heures du matin) ».

Nous avons surtout travaillé ensemble pour l’édition de la plaquette « Vie dominicaine à Marseille, 1225-1992 ». Avec le frère Bernard Montagnes (+2018) d’heureuse mémoire, tu t’étais partagé la tâche de mettre en lumière le rayonnement fidèle des frères prêcheurs, dans plusieurs couvents au cœur de la cité phocéenne pendant des siècles, en traversant à l’image d’un couple amoureux, crises, guerres, maladies comme la peste … Attiré par le cinéma et l’image, je n’avais pas eu de mal à obtenir de toi des écussons et sceaux dominicains pour illustrer le texte. Tu aimais Marseille et tu la faisait aimer, non seulement par tes nombreuses publications[1] mais par l’affection et la joie que tu manifestais en faisant revivre l’histoire chrétienne de la Provence et de Marseille en particulier, tant il est vrai que nous transmettons aux autres ce que nous aimons. Le philosophe espagnol Ortega y Gasset disait que l’historien est un « prophète à l’envers »[2]. Si le prophète annonce l’avenir, l’historien annonce le passé. Si le prophète interprète l’avenir, l’historien scrute et explique le passé. La tâche de l’historien ne va pas sans des aspects mystérieux voire visionnaires. « L’histoire se fait avec des documents et des monuments », disait le père Lagrange. L’historien examine les manuscrits, les pierres, les épigraphies, les ruines et les monuments à la manière d’un plongeur qui essaie de reconstituer la vie du bateau qui gît sur le sable marin depuis des siècles. Chaque objet éveille en lui l’imaginaire mais cet imaginaire n’est pas à confondre avec la fantaisie. Ce que l’historien rêve est soumis au filtre de la raison et des critères scientifiques de vérification. L’étude du passé projette une lumière sur la vie présente, et il est vrai que rien ne peut être bien saisi sans la perspective historique. La recherche historique comporte une quête du sens de la propre vie de l’historien qui aborde la problématique d’hier avec ses questions, ses doutes et ses convictions.

À Jérusalem, en fondant l’École biblique, le père Lagrange avait tenu à faire œuvre d’historien en étudiant la Bible de manière scientifique, critique, car « tout ce qui a l’apparence de l’histoire n’est pas de l’histoire », déclarait-il.

Ta spécialité n’était pas la Bible mais le Moyen Âge. Membre émérite de l’Académie des sciences, des lettres et des arts de Marseille, tu as contribué à faire apprécier cette ville en montrant ses richesses humaines, culturelles et spirituelles. Avec le temps et la fatigue due à l’âge, tu t’étais effacé, mais le passage du temps n’efface pas ton amour envers la cité phocéenne. Tu fais partie de ces prophètes qui ont dévoilé avec génie le cœur de Marseille. Ce n’est pas sans raison que le père Jean Arnaud (+2000) appelait Marseille, souvent malfamée, « ville sainte ».

Tu as fait de l’histoire avec rigueur, selon les exigences académiques de l’université, auprès de Georges Duby, pour lequel tu étais fier de travailler de manière anonyme tout en dévoilant que dans ses livres un bon nombre de données historiques provenaient de ta recherche.

Tu as fait de l’histoire dans la lumière de la foi et non en aveugle, montrant l’action de Dieu dans les événements et dans la vie des saints. Parmi tes publications, j’ai beaucoup apprécié ton article sur saint Thomas d’Aquin dans l’Encyclopédie de la sainteté[3].

Merci, cher frère Paul, pour le respect que tu as témoigné envers les prêtres. Tu parlais des curés avec respect, estime et discrétion, qualités rares dans les échanges entre ecclésiastiques. Je ne me souviens pas t’avoir entendu critiquer les prêtres de Marseille du haut de tes connaissances. Tu aimais l’Église, tu aimais ses prêtres.

Que restera-t-il de ton œuvre ? D’autres recherches dépasseront tes découvertes. Mais il demeurera le processus mis en route et ton amour pour Marseille, cet amour dont l’apôtre Paul dit qu’ « il ne passera jamais » (I Cor 13,8).

Les talents reçus tu les as fait fructifier, puisse le Seigneur Jésus dans sa miséricorde te recevoir dans son Paradis : « Viens, serviteur fidèle ! » (cf. Mt 25,21).

Saint-Denis (La Réunion), le 2 février 2021, fête de la Chandeleur, célébrée avec ferveur en l’abbaye de Saint-Victor de Marseille.

[1] Paul Amargier – Balade dans les vieux quartiers de Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2004. – Paul Amargier – Marseille au Ve siècle, Éditions La Thune, 1998. – Paul Amargier – Marseille au Moyen Age, Éditions La Thune, 1996. – Paul Amargier/Charlet – Münzer H., L’itinéraire de Jérôme Münzer en l’an 1495 (traduction de P. Amargier et J.-L. Charlet), dans Deux voyageurs allemands en Provence et en Dauphiné à la fin du XVe siècle, Provence historique, XLI, fasc. 166, oct.-nov.-déc. 1991, pp. 586–599. – Paul Amargier – Un âge d’or du monachisme, Saint-Victor de Marseille (990-1090), P. Tacussel éditeur, 1990. – Paul Amargier – (Texte établi sous la direction de) – Cartulaire de Trinquetaille, 1972. – Paul Amargier – Dauphine de Puimichel et son entourage au temps de sa vie aptésienne (1345-1360) et André Vauchez, dans Le peuple des saints. Croyances et dévotions en Provence et Comtat Venaissin des origines à la fin du Moyen Âge, Éd. Académie de Vaucluse et CNRS, 1987 (ISBN 2906908002).

[2] Voir à ce propos : Los Dominicos y el Nuevo Mundo siglos XIX-XX. Actas del V° Congreso Internacional Querétaro, Qro. (México) 4-8 septiembre 1995, José Barrado Barquilla, OP., Santiago Rodriguez, OP., (Coordinadores), Salamanca, Editorial San Esteban, 1997, Discours inaugural prononcé par le Dr. D. Enrique García Burgos, Gouverneur de l’État de Querétaro, le 4 de septembre 1995, PP. 21-22.

[3] Histoire des saints et de la sainteté chrétienne. Tome VI. Paris. Hachette. 1986. Pages. 245-260.

 

 

Nouveau Testament-La Présentation de Jésus au Temple par fr. Marie-Joseph Lagrange O.P.

Nouveau Testament

La Présentation de Jésus au Temple[1] par Fr. Marie-Joseph Lagrange, O.P.

Article publié dans La Vie spirituelle, XXVI, 1931, p. 129-135


En ce temps-là la Vierge Marie se présenta devant la porte du Temple de Jérusalem, portant Jésus dans ses bras. On eût dit d’une vierge à la candeur de son regard, n’eût été sa tendresse pour son enfant. Joseph, son mari, lui frayait un passage dans la foule, tenant à la main un panier où étaient deux pigeons. C’était l’offrande des pauvres. Pauvres aussi étaient les vêtements du couple ; propres sans doute, mais non pas éblouissants de blancheur. Personne ne se détournait pour leur faire place. Cependant, avant qu’ils aient franchi le parvis réservé à Israël, un vieillard se présenta. Avec une insistance très douce, il prit l’enfant des bras de sa Mère étonnée, l’éleva comme pour l’offrir à Dieu, et bénit le Seigneur :

« Maintenant, ô Maître, tu laisses aller ton serviteur en paix… Mes yeux ont vu ton salut, … lumière pour éclairer les nations, et gloire de ton peuple Israël. »

Il parlait avec une conviction ardente, tournant vers Dieu des yeux baignés de joie, de ce dernier regard qui sonde déjà les splendeurs éternelles.

Deux étrangers l’entendirent. L’un était un rhéteur athénien, appelé par Hérode pour donner des conférences, l’autre un tribun romain, attaché militaire auprès du roi des Juifs.

« Ce vieillard, dit l’Athénien, semble croire que la lumière des nations luira sur les collines de Judée. Ignore-t-il donc, malgré tout ce qu’a fait Hérode pour décrasser son peuple, que depuis cinq siècles la lumière brille sur l’Attique et éclaire toutes les nations ? Faible d’abord, elle a été en grandissant, comme celle du jour, Platon surpassant Anaxagore, et Aristote étendant à toutes les sciences la vision géniale de Platon. Elle jette encore un éclat incomparable du sommet du Parthénon, véritable phare de la pensée et de la beauté.

« Ce temple, assurément, n’est pas mal, ses pierres blanches font bon effet. Il est mieux surtout que la vieille baraque des ancêtres, qu’Hérode a démolie pour s’inspirer de l’architecture des Grecs. Encore ce pylône, qui sert de porte à un sanctuaire où l’on n’entre pas, est-il trop haut pour la bicoque qui se cache derrière lui, et ce cube de maçonnerie tout au bout, plongé dans les ténèbres où il est censé abriter un Dieu invisible, fait pitié à quiconque a vu sur son trône la statue ornée d’or et d’ivoire consacrée par Phidias à notre déesse Athéna.

« Le vieil Hérode, auquel nous avons dressé deux stèles, qui soigne en ce moment aux eaux chaudes de Callirhoé ses démangeaisons cuisantes, a en effet compris où il fallait chercher la lumière. Il a bâti un théâtre où l’on représente nos tragédies ; mais quelle troupe, dieux immortels ! Peut-on seulement jouer les Perses d’Eschyle dans ce désert d’où l’on ne voit pas les flots bleus baigner l’île de Salamine ? Je sais bien, les Juifs sont très fiers de leurs livres, qu’ils disent plus anciens que les nôtres. Depuis qu’ils ont été traduits en grec, les gens d’esprit ont cru y découvrir une certaine allure sauvage qui flatte les goûts blasés. Mais leurs docteurs eux-mêmes, qui les récitent nuit et jour en hochant la tête comme les enfants dans les écoles, n’ont pas grande confiance dans leur valeur persuasive. Du moins ceux d’Égypte prétendent qu’on ne doit pas les prendre à la lettre, mais y voir des allégories qu’ils ont peine à y découvrir et surtout à faire accepter.

« — La gloire, interrompit le Romain, siège à Rome, au Capitole où l’on monte en chantant au son des buccins derrière le char du triomphateur. Hérode est plus puissant et plus riche que le fameux Salomon des Juifs, et cependant il se tient bien bas auprès d’Auguste. C’est tout au plus d’ailleurs s’il a compris la douceur des temps modernes. L’empereur doit se faire prier pour lui permettre de tuer ses enfants. Voilà comment finissent les dynasties juives. Ce vieillard désabusé par les faits, réfugié avant de mourir dans la vieille chimère du Roi d’Israël dominateur des nations, ferait mieux de s’en aller en paix, en saluant les jours meilleurs que la domination romaine inévitable fera luire sur sa patrie, grâce à la providence du Prince de la paix, du vrai Sauveur du monde, l’empereur Auguste, et de Rome éternelle. Le prince est assez bon pour tolérer la religion des Juifs dont tout le monde se moque. Il faut cependant croire qu’elle a du bon, puisqu’il fait offrir chaque jour un sacrifice dans le Temple. Cependant les Juifs feront bien, s’ils ne veulent pas passer pour des barbares arriérés, de lui rendre la politesse et d’associer à leur culte celui de Rome et d’Auguste, comme on a commencé de faire en Asie et même en Grèce.

D’ailleurs ce temple a des airs de forteresse dont il faut se défier. Notre premier soin sera, les laissant sacrifier tout à leur aise, de nous installer dans la tour Antonia — un nom romain — qui le commande. Et s’ils se révoltent, si cet enfant, devenu un grand garçon, essaie de se frotter à nous, qu’il prenne garde. Il y a encore assez d’arbres en Judée pour faire des croix. »

À quelques pas des Scribes, des Pharisiens chuchotaient entre eux : « Avec quelle ignorance ces gentils impurs ont-ils parlé du temple du Seigneur ! Ils n’ont pas même remarqué que le grand aigle d’or, placé au-dessus de la porte par Hérode pour rendre hommage aux aigles romaines, a disparu, abattu par nos disciples. Le tyran les a faits brûler vifs, mais les martyrs de Dieu seront vengés. Si le sceptre va tomber de Juda, comme vaticine ce soldat profane, c’est donc qu’il est proche le Messie, auquel il est réservé[2] ». Et l’un d’eux s’approchant de Joseph : « D’où êtes-vous, pieux Israélite ? » « Nous habitons Nazareth et nous sommes venus… » — « De Nazareth ! De Nazareth ! Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Le Messie doit sortir de Bethléem, comme nous le dirions à l’Iduméen, peu familier avec nos prophéties, si jamais il nous demande où doit naître le roi d’Israël. Il naîtra de la race de David, c’est un oracle de Dieu. D’ailleurs Dieu ne permettra pas qu’il soit élevé comme un autre enfant. Il le cachera quelque part, sans doute au ciel, et quand il apparaîtra, personne ne saurait qui il est, si Élie, le grand Élie, ne redescendait du ciel pour le manifester à Israël. Un enfant qu’on rachète pour deux colombes ne peut être le Messie. Ce Siméon, l’orgueil des docteurs ! Il faut qu’il ait perdu l’esprit. Nous allons le rayer du catalogue des Maîtres. »

Siméon avait tout entendu, mais avait gardé le silence. Les paroles des scribes lui furent douloureuses. Comme les vues du saint vieillard s’élevaient au-dessus de la sagesse de son temps ! L’Esprit-Saint, qui se joue des faibles pensées de nos faibles cœurs, qui se sert des contradictions pour nous instruire, le Maître intérieur qui lui avait révélé que l’Enfant Jésus était le Messie, lui accorda de pénétrer plus profondément dans le mystère. Jésus serait la lumière des nations, la gloire d’Israël, le prophète ne songeait pas à rétracter cet oracle. Mais à quelles conditions !

Ce n’était pas, comme le croyait le peuple, et même tant de maîtres, en triomphant : c’était en s’offrant comme victime. Et parce que ce mystère dépasse l’intelligence humaine, la contradiction des gentils et celle des Juifs devaient se perpétuer de bouche en bouche, toujours sur le même thème, avec les modulations différentes des hommes enorgueillis des lumières et de la gloire de leur temps. Alors Siméon dit à Marie : « Voici que ce petit enfant est placé pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, et pour être un signe de contradiction. » Quoi donc, Israël lui-même ne sera pas l’instrument docile de son Messie ? Lui aussi se dressera avec une contradiction encore plus insolente, plus tôt décidée à frapper et à sévir que celle du gentil, méprisant d’abord avec un sourire bientôt changé en un rictus de haine ?

Siméon l’a compris. Mais pourquoi ne garde-t-il pas pour lui ce funeste pressentiment ? Pourquoi adresser déjà à la Vierge Mère encore rayonnante de joie cette parole acérée : « Ton âme sera transpercée d’un glaive » ? C’est que tel est l’esprit du mystère, si on en pénètre le secret.

Que disait l’Écriture ? « Tout premier-né sera saint pour le Seigneur. » Qu’est-ce à dire, sera saint ? L’enfant qui vient de naître est-il donc déjà saint ? Non, c’est le Seigneur seul qui est saint. Sa sainteté, c’est sa perfection infinie, la plénitude en un seul attribut de toute sa puissance, sa sagesse et sa bonté, mais avec un aspect alors redoutable. Dieu est saint, et comme tel ne peut supporter le contact des choses impures, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas lui. Il est saint ; autant dire qu’il est comme un feu qui consume tout ce qui l’approche, à moins qu’on ne participe en quelque sorte à sa sainteté, à moins qu’on ne lui soit consacré. Les premiers nés, comme tous les autres prémices, lui appartiennent, lui sont consacrés. Il ne les rend à leurs parents qu’en échange d’un sacrifice. Et c’est pour cela que Marie et Joseph apportaient deux colombes. Quand ce sang innocent aurait coulé, leur fils leur serait rendu. Telle était la loi sévère instituée par Dieu pour un peuple indocile qui devait être guidé par la crainte ?

Mais puisque Jésus est racheté, nous demandons de nouveau : Pourquoi cette vision du glaive ? Sa mère rassurée jouira donc sans inquiétude de sa tendresse pour Dieu…son enfant, des caresses de celui qui est aussi Fils de Dieu…

Non, ce jour-là Dieu n’accepte pas l’échange. Les sacrifices de la Loi s’effacent dans la vision du sacrifice suprême. Le Père n’exige pas le sacrifice du Fils dès à présent, mais il faut qu’il soit bien entendu que Jésus est dû à une immolation. Il a dit en entrant dans le monde – « Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez donné un corps ; vous n’avez agréé ni holocaustes, ni sacrifice pour le péché. Alors j’ai dit « Me voici je viens, ô Dieu, pour faire votre volonté.[3] » Ces paroles il les répète en entrant dans le Temple de son Père. Il ne vient point en prince royal, déjà revêtu de la pourpre, pour recevoir une première investiture. Il vient comme consacré à Dieu, ainsi que toutes les autres hosties lui sont consacrées, :« Je me consacre », en se présentant en victime et Dieu a accepté cette parole.

Admirable harmonie ! C’est au moment où il ira pour consommer son sacrifice qu’il dira, priant pour ses disciples : « Père saint… », et déjà ce nom fait pressentir ce qui va suivre, « je me sanctifie », c’est-à-dire « je me consacre moi-même pour eux, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés en vérité[4]. »

Consacré, il l’était déjà au moment de sa Présentation au Temple, et nous comprenons pourquoi cette consécration présageait le sacrifice, et pourquoi le cœur de Marie, qui devait être percé, fut déjà atteint dans sa joie. Les autres mères savent bien que leurs fils leur échapperont plus tard, lorsque de vagues désirs envahiront leur âme, dont ils garderont le secret. Mais du moins dans leur enfance ils sont bien à elles : rien ne trouble les rêves de bonheur que des craintes incertaines qu’une caresse suffit à dissiper.

Marie est désormais unie au sacrifice de Jésus, parce qu’elle s’est unie à sa consécration. Elle sait, ce que saint Paul dira si bien, que ce sacrifice sera un scandale pour les Juifs, une sottise pour les Gentils. Mais elle sait aussi que la Sagesse et la Vertu de Dieu seront les plus fortes et que Jésus sera malgré tout, pour les hommes de bonne volonté, la lumière des nations, un sujet de gloire pour le véritable Israël. Déjà les Mages s’approchent vers cette lumière, déjà Hérode va inaugurer la persécution. Mais, soit en Égypte, soit à Nazareth, son Jésus sera à elle, et elle plus entièrement à lui par cette seconde acceptation, celle du sacrifice. Et cet abandon à la volonté de Dieu est lui-même une source de joie.

fr. M.-J. LAGRANGE, O. P.

[1] Luc, 2, 22-38.
[2] Épître aux Hébreux, 10, 5 ss.
[3] Épître aux Hébreux, 10, 5 ss.
[4] S. Jean, 17, 11-19.

Écho de notre page Facebook : février 2021

28 février 2021
La Transfiguration du Seigneur
(Deuxième dimanche de Carême)

Commentaire du père Lagrange

 Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie ». C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ». Soudain, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux (Marc 9, 2-10).

Dans son commentaire de la Transfiguration, le père Lagrange relie la scène du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean le Baptiste, la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe et le dévoilement de la gloire qui est cachée sous le voile de la chair de Jésus. À Césarée de Philippe, Pierre reconnaît Jésus comme le Christ ou Messie : « Tu es le Christ » (Marc 8, 29). Au baptême, le Père s’adresse du haut des cieux à Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Marc 1, 11). Tandis que lors de la Transfiguration, le Père révèle à Pierre, Jacques et Jean que Jésus est son Fils à qui il faut obéir : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; écoutez-le ».

C’est dans la solitude et le silence, « à l’écart » – « une expression favorite de Marc (1) » – que Jésus manifeste sa gloire aux trois disciples qui seront présents à Gethsémani : « Plus d’un Père (2) a pensé que les témoins étaient les mêmes parce que le souvenir de la lumière éclatante devait les préserver contre le scandale de l’agonie. Pierre a été choisi, comme le chef désigné, Jean était le plus aimé, Jacques son frère ne le quittait pas et devait être le premier des Apôtres à verser son sang pour l’évangile (3) ».

Pour le père Lagrange, Moïse est le personnage principal par rapport au prophète Élie. Lors de l’Exode, le Seigneur s’adressait à Moïse depuis la nuée. Quand Moïse s’entretenait avec Dieu sur la montagne son visage rayonnait. Le père Lagrange perçoit dans la voix du Père la réponse à la prière de Jésus : « La réponse lui vint d’en haut, en forme d’une nuée. Cette nuée n’était pas un simple nuage. Les disciples furent saisis d’effroi lorsqu’ils la virent s’interposer entre le soleil et eux, comme pour envelopper Moïse et Élie avec Jésus. Une voix se fit entendre : “ Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le.” Alors ils comprirent que la voix était celle du Père, sortant de cette même nuée, qui autrefois, dans le désert du Sinaï, demeurait au-dessus du Tabernacle (4) pendant que la gloire du Seigneur y pénétrait (Exode 40, 34). C’était alors une indication sensible de la présence bienveillante de Dieu parmi son peuple ; elle apparaissait une dernière fois, car désormais Dieu se manifestait par son Fils (5) ».

Fr. Manuel Rivero o.p.
Président de l’Association des Amis du Père Lagrange

 

(1) LAGRANGE (Marie-Joseph), Évangile selon saint Marc. Troisième édition, Paris, Librairie Victor Lecoffre-J. Gabalda Éditeur, 1920, p. 216.

(2) Par « Père », le père Lagrange entend un des Pères de l’Église : anciens écrivains chrétiens reconnus pour la valeur de leur doctrine, la sainteté de leur vie et l’approbation de l’Église.

(3) LAGRANGE (Marie-Joseph), L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. LAVERGNE o.p. Nouvelle édition, Artège-Lethielleux, 2017, p. 291.

(4) Tabernacle : Tente du Rendez-vous ou de la rencontre de Yahvé et de son peuple (Exode 29, 42s). Elle contenait l’arche de l’alliance avec les tables de la Loi (Exode 25, 16).

(5) LAGRANGE (Marie-Joseph), L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. LAVERGNE o.p. Nouvelle édition, Artège-Lethielleux, 2017, p. 293.

Photo : La Transfiguration – Institut Périchorèse. Atelier d’iconographie

 

25 février 2021
Pensée du P. Lagrange

 

Je sens une joie toute fraîche d’être religieux ; il me semble que toutes choses sont nouvelles pour moi dans l’Ordre de St-Dominique :

« Ô mon Dieu, faites-moi la grâce d’y vivre et d’y mourir, sans dignité. »

(Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 128.)

 

Photo. P. Lagrange 1880

 

 

 

23 février 2021
La prière des disciples
« Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens » (Mt 6, 7)

Un retour sur l’évangile de ce jour avec quelques extraits (succincts) du riche commentaire du P. Lagrange sur le Pater :

On continue à prétendre que le Pater n’est point une prière propre aux chrétiens, mais une prière inspirée par l’esprit juif. Or si Jésus n’a point exclu d’autres formules de prière, il a bien entendu remettre à ses disciples la forme qui leur convenait le mieux. Les Juifs ont aussi une prière, qui est la prière par excellence (Tephillah) ; c’est elle qui peut servir de point de comparaison.
Le Pater est plus ordonné, plus concis ; ce ne sont que des avantages de forme. Il est conçu dans un esprit tout différent.

« Notre Père qui es aux cieux : que ton nom soit sanctifié » :
Toute prière commence par des louanges, c’était le moyen de se concilier la bienveillance de celui qu’on priait. Jésus réduit cette louange à quelques mots : « notre Père qui es dans les cieux (Aug.). Encore n’est-ce point ici un procédé pour se faire bien voir, mais un encouragement pour celui qui prie.
Le « nom » de Dieu est précisément cet aspect par où l’être inaccessible se manifeste à nous, et qui nous permet d’entrer en relations avec lui.

« Que ton règne arrive, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » :
La venue du règne dépend de Dieu, mais outre que la prière des hommes est déjà une préparation à ce règne, il dépend d’eux aussi de le procurer, comme l’explique la troisième demande, en faisant la volonté de Dieu. En effet le règne de Dieu existe déjà, et son exercice est parfait dans le ciel où les anges font la volonté de Dieu.

« Donne aujourd’hui notre pain de ce jour » :
Il suffit de supposer que la prière est faite le matin.

« Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes remettons leurs dettes à nos débiteurs » :
La formule de Mt « nos dettes » garde l’image transcrite par Lc en « nos péchés ». Il faut avoir pardonné si l’on veut être pardonné. Lc exprime la même pensée avec nuance : si nous-mêmes pardonnons, combien plus Dieu pardonnera !

« Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal » :
En nous induisant par le jeu des circonstances dans une occasion de péché, il ne nous induit pas en tentation comme ferait le démon, qui nous sollicite au mal. Nous lui demandons néanmoins de faire plus pour nous, par une providence spéciale, d’arranger notre vie de façon que nous ne soyons pas trop induits à pécher.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Matthieu, Lecoffre-Gabalda, 1941, pp. 126-133)

 

21 février 2021
Comprendre l’évangile de ce jour avec le P. Lagrange

La retraite dans le désert (Mc 1, 12-13)

L’Esprit qui venait de descendre sur Jésus le pousse au désert, Jésus y est tenté par Satan, mais servi par les anges, ayant pour toute société les bêtes. […] Satan le tente, évidemment pour le faire déchoir de son rang et le détourner de sa mission ; les anges le servent par toutes sortes de bons offices.

Le thème de la prédication de Jésus (Mc 1, 14-15)

Jean [Baptiste] fut livré, c’est-à-dire à ses ennemis, dans le cas particulier à Hérode Antipas. […] Jésus vient en Galilée […] ou plutôt il y retourne. Il vient en prêchant, et non pas pour y prêcher. La prédication n’est pas réservée à la Galilée. Aussitôt que Jésus est en route, il annonce l’évangile de Dieu. Le thème n’est plus le baptême de pénitence, mais la bonne nouvelle du salut accordé par Dieu. […] Il s’agit plutôt ici de la bonne nouvelle donnée au nom de Dieu, et contenant ce qu’il propose de faire. […] Le temps est révolu la mesure est pleine ; il n’y a plus rien à ajouter. […] Il est clair que, par le baptême de Jésus, le temps nouveau annoncé par Jean Baptiste est arrivé. Le règne de Dieu est le temps du salut où Dieu doit régner plus complètement que par le passé (cf. Lagrange, Le Messianisme, p. 148-157). Ce règne est de sa nature éternel, mais il sera comme inauguré par le salut accordé par Dieu. On comprend, d’après cette donnée, comment le règne est à la fois présent et futur. Il est approché puisque Dieu a commencé son œuvre par le baptême de l’Esprit ; on pourra en parler comme d’un temps à venir tant qu’il n’aura pas été reconnu par les hommes, et accepté par eux comme un bienfait. […] Dans Marc la pénitence précède la foi à l’Évangile et en quelque sorte y dispose. La foi à la bonne nouvelle du salut fait entrer dans les desseins de Dieu.

On trouve les mots « croyez à l’Évangile » plus naturels dans la bouche d’un catéchiste que dans celle de Jésus, car l’Évangile est ainsi déjà connu. Mais pourquoi Jésus n’aurait-il pas regardé l’annonce du règne de Dieu comme une bonne nouvelle. […] Le parallélisme très accentué est en faveur de l’authenticité de la forme : le temps accompli, condition négative à laquelle répond la pénitence ; le règne approche, condition positive à laquelle il faut adhérer par la foi.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1911, p. 14-17.)

Photo: Tentation de Jésus par Tentation de Jésus au désert-Julius Schnorr von Carolsfeld (1860).

19 février 2021
Une question sur le jeûne (Mt 9, 14-15)

Le jeûne fait partie du troisième conflit de Jésus avec les Pharisiens. Le premier étant : Jésus remet les péchés. Le deuxième : la bonté de Jésus avec les pêcheurs. Le troisième : l’esprit nouveau et la question sur le jeûne.

À la rigueur, la parabole pourrait opposer seulement le festin de noces au temps qui suivra ; néanmoins elle semble plus tragique : l’époux venant à mourir, ses amis pratiqueront « alors » le jeûne spontané des personnes en deuil. L’application discrète à la mort et à l’ascension de Jésus donne au jeûne de ses disciples sa pleine signification. La pièce d’étoffe non foulée et le vin nouveau symbolisent l’Évangile qui requiert d’être reçu tel quel, dans son originalité vivifiante, sans compromission avec l’ancien régime. (Note du P. Ceslas Lavergne dans la Synopse des quatre évangiles d’après la Synopse grecque traduite en français par le P. Lagrange. Lecoffre-Gabalda, 1999, p. 63.)

 

16 février 2021
L’inintelligence des Apôtres (Marc 8, 14-21)
« Gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode »

Commentaire de l’évangile de ce jour par le P. Lagrange

Au moment de passer sur l’autre rive, il était prudent de se munir de pains ; pris à la maison ou chez des amis, ils revenaient moins cher. Et on pouvait à l’occasion manger dans la barque. Or les disciples négligèrent cette précaution et il ne se trouva qu’un pain demeuré là par aventure, lorsque leur attention fut excitée par une parole du Seigneur. Les pharisiens avaient lié partie avec les courtisans d’Hérode. L’esprit des deux groupes était bien différent ; on pouvait cependant comparer leur action sur le peuple au levain qui soulève une masse insipide et affaissée. Cette fermentation, dans l’ordre physique une corruption, était un symbole de la corruption morale. Les disciples devaient s’en préserver, évitant également l’hypocrisie des pharisiens et l’attachement non dissimulé d’Hérode au plaisir et à l’ambition. La parole était mystérieuse ; les disciples ne firent aucun effort pour en deviner le sens. Le mot levain amène dans leur esprit l’image des pains. Ils s’aperçoivent de leur oubli. Comme on fait en voyage, ils se disputent en rejetant les uns sur les autres la responsabilité : chacun comptait sur son voisin. Mais cela valait-il une dispute ? Ce n’est pas l’avis du Maître. Il ne leur avait jamais promis, à ce moment même il ne leur promet pas, de les nourrir toujours par un miracle. Mais, en ce cas de nécessité, ils devraient s’en rapporter à lui. Et, puisqu’il est question de pains, il leur rappelle les deux circonstances où les a multipliés. Les disciples n’ont pas oublié les menus détails ; ils savent les redire. Mais le sens profond des choses leur a échappé. Marc tient évidemment à le faire remarquer. Notre inintelligence du surnaturel nous aide à juger celle des Apôtres très vraisemblable, et nous interdit de les en blâmer.

(L’Évangile selon S. Marc, Lecoffre-Gabalda, 4e éd. corrigée, 1935, p. 77-78.)

Photo : Digital  catholic missionaries

14 février 2021
La guérison d’un lépreux (Marc 1, 40-45)

Relecture de l’évangile de ce jour avec les mots du père Lagrange :

v. 40 : « Si tu veux, tu peux me rendre pur. » Marc introduit la scène par son présent historique et la rend très sensible. Le lépreux tombe aux genoux de Jésus en le priant et en faisant appel à son pouvoir. […] La maladie du lépreux a dû être longue et pénible, puisqu’il supplie si instamment Jésus de le purifier (c’est-à-dire de le rendre à la santé), la lèpre étant le type des maladies impures et des impuretés légales. Il est certainement en faute, puisqu’il a pénétré dans une maison, mais il compte sur la bonté non moins que sur la puissance de Jésus.

v. 41 : « Je le veux, sois purifié ! » Son état était très douloureux, puisque Jésus a pitié de lui. […] Jésus rend pure la chair du lépreux ; il ne peut être souillé par elle. […]

v. 42 : Et en effet la lèpre disparaît aussitôt. […]

v. 43 : « Et s’adressant à lui avec sévérité… » […] Jésus parle d’un ton qui n’admet pas de réplique. Il chasse le lépreux, non plus évidemment à cause du péril de la contagion qui n’existe plus, mais parce qu’il n’est pas encore en règle avec la Loi.

v. 44 : « Garde-toi de ne rien dire à personne ». […] Jésus a fait le miracle par bonté, et il souhaitait qu’il demeurât inconnu.

v. 45 : « Mais lui, à peine sorti… » […] Il résulte de la publication indiscrète donnée au miracle que Jésus ne peut plus entrer publiquement dans une ville sans être incommodé par la foule. […] Aussi n’est-il pas obligé d’aller dans une autre ville, mais de se tenir dans des lieux non habités. Ce qui n’empêche pas qu’on vienne à lui de tous côtés. C’est la première explosion de l’admiration populaire, ainsi que l’empressement intéressé auprès du thaumaturge, qui se manifestent librement, parce que les pouvoirs publics n’ont pas encore pris ombrage.

(L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1911.)

 

Photo : Si tu le veux..

 

13 février 2021

 

Bienheureuse Vierge Marie

Bien penser à la Vierge Marie en récitant le Rosaire.
(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 165.)

 

Photo : Perle par perle, méditations du Saint Rosaire.

 

 

 

11 février 2021
Notre-Dame de Lourdes

Message du pape François
à l’occasion de la 29e Journée mondiale du malade 2021

« Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtes tous frères (Mt 23, 8). » La relation de confiance à la base du soin des malades

Chers frères et sœurs ! 
La célébration de la 29ème Journée Mondiale du Malade, qui aura lieu le 11 février 2021, mémoire de Notre-Dame de Lourdes, est un moment propice pour réserver une attention spéciale aux personnes malades et à celles qui les assistent, aussi bien dans les lieux dédiés aux soins qu’au sein des familles et des communautés. Ma pensée va en particulier vers tous ceux qui, dans le monde entier, souffrent des effets de la pandémie du coronavirus. Je tiens à exprimer à tous, spécialement aux plus pauvres et aux exclus, que je suis spirituellement proche d’eux et les assurer de la sollicitude et de l’affection de l’Église.

Lire la suite

Le P. Lagrange n’avait pas une solide constitution physique. Dans son livre « Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre », le frère Louis-Hugues Vincent o.p., fait souvent allusion aux hospitalisations, convalescences du père Lagrange. En voici une :

[En 1932]« Au cours d’un nouveau séjour à l’hôpital Saint-Vincent à Ismaïliah […], on garde un souvenir de ce grand malade, dont l’âme si surnaturelle rayonnait sur tous ceux qui l’entouraient. (Document V. T.R.P Athanase, curé de la paroisse latine de Port-Tewfiq (Canal de Suez). P. 643.

« Ô bon silence, il fait trouver Dieu partout ! Invoquer Marie très pure sous différents vocables : N.D. de Pureté, à Lourdes, – des Anges, à l’oratoire, – N.D. des Pauvres, – N.D. des Vœux, au chœur, – N.D. de Fidélité, au jardin des novices, – N.D. de Consolation, à l’atrium, – N.D. de Vérité, dans la cellule
(Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 208).

Photo : intérieur d’une salle de l’hôpital Saint-Vincent à Ismaïlia, en 1932.

10 février 2021

 

En la fête de sainte Scholastique, jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du P. Lagrange, nous unissons notre prière à celle de fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du P. Lagrange, qui célèbre la messe de ce jour pour que la sainteté de la vie du P. Lagrange soit enfin publiquement reconnue. Les intentions confiées à l’intercession du Serviteur de Dieu pour : Soucila, Jean, Henri, Sylvie et pour celles qui sont chères au cœur de nos amis de l’association.

« Très douce Mère, prenez-les sous votre garde, ce sont vos enfants. » P. Lagrange.

Photo : Pierre tombale du P. Lagrange dans la basilique St-Étienne de Jérusalem avec l’inscription : « Ici repose Frère Marie-Joseph Lagrange Fondateur de l’École biblique de Jérusalem. Infatigable interprète des Saintes Écritures. Dans la Paix du Christ. 07 mars 1855-10 mars 1938. »

 

 

7 février 2021
Relecture de l’évangile de ce jour avec les mots du père Lagrange
 
Guérison de la belle-mère de Simon (Mc 1, 29-39)
v. 31 : […] Marc se borne à mettre en lumière le miracle. […] Marc est le seul à nommer André, Jacques et Jean, il fait pénétrer Jésus auprès de la malade, avec le geste de la soulever. Tout est vu, tout est naturel – sauf le miracle. La meilleure explication de cette précision graphique, c’est que Marc tenait les faits d’un témoin oculaire, vraisemblablement de saint Pierre.

Guérisons le soir
v. 32 : […] La nouvelle de la guérison de la belle-mère de Simon s’est rapidement ébruitée dans la petite ville, surtout grâce à l’oisiveté du sabbat, qui favorise les promenades dans les rues.

v. 33 : La porte est celle de la maison de Simon, où l’on est demeuré.

v. 34 : […] Le mot de Messie n’est pas prononcé d’après les meilleurs textes. Les démons savaient qui était Jésus, non pas seulement quelle était sa mission. Jésus appartient au monde surnaturel sur lequel les démons sont censés plus éclairés que les hommes. Assurément ce n’est pas seulement depuis le baptême qu’ils sont informés.

Jésus quitte secrètement Capharnaüm
v. 35 : Un lieu désert n’est pas le désert (car les environs de Capharnaüm étaient cultivés), mais un endroit retiré et solitaire. Donc, pendant que tous dormaient encore dans la maison, Jésus se lève et va prier. […] les dispositions de ceux de Capharnaüm n’étaient pas si parfaites. Leur importunité est à charge à Jésus, et il est vraisemblable qu’ils sont plus empressés à demander des miracles qu’à se convertir. La prière de Jésus, après cette journée si remplie, et sans qu’il ait à implorer une grâce spéciale, marque l’inspiration normale de son âme. […] Saint Thomas enseigne que Jésus devait prier comme homme. […]

v. 36 : Quand il fit jour, on s’aperçut du départ de Jésus. On voit par la suite qu’il n’avait pas l’intention de se séparer de ses nouveaux disciples. Il pensait bien qu’ils sauraient le rejoindre. Ce sont eux qui le cherchent, et Simon à leur tête, qui commence à jouer le rôle principal.

v. 37 : Tous cherchaient aussi Jésus, s’informant de lui à la porte, mais sans se mettre à sa recherche d’une façon méthodique. Cette universalité (restreinte à « beaucoup ») marque bien l’entraînement de la curiosité plus que le désir d’une vie meilleure.

v. 38 : […] Jésus explique à ses disciples qu’il n’a pas voulu satisfaire davantage l’empressement de ceux de Capharnaüm, parce qu’il doit prêcher aussi à d’autres. […]

Mission en Galilée
v. 39 « Dans toute la Galilée » ne se rattache pas à « il alla », mais il explique simplement de quelles synagogues il s’agit ; « dans toutes les synagogues de Galilée ». Cette mission étend à tout le pays ce qui s’est passé dans la synagogue de Capharnaüm, prédication et expulsion des démons. Le rôle de Jésus est donc uniquement religieux, utile aux hommes, redoutable aux démons ; l’objet de la prédication est naturellement celui qui a été indiqué au v. 15 : « Le temps est accompli, et le règne de Dieu est proche : faites pénitence, et croyez à l’évangile. »)

(L’Évangile selon saint Marc par le P. M.-J. Lagrange O.P. Lecoffre-Gabalda, 1911.)

Photo : guérison de la belle-mère de Simon (auteur inconnu)
Jésus se retire pour prier (auteur inconnu)

6 février 2021
Faut-il s’intéresser au père Lagrange ?
Fr. Jean-Michel Poffet o. p.
Directeur de l’École biblique de Jérusalem (1999-2008)

S’il est un domaine d’actualité, c’est bien celui des rapports entre l’intelligence et la foi. De tout temps l’Église a cherché à honorer la quête intellectuelle à l’intérieur de l’acte de foi : pensons à saint Irénée, à saint Augustin, à saint Thomas. Mais notre époque vit cette question à nouveaux frais : à l’intérieur de notre Église et à l’extérieur. À l’intérieur, car depuis plus d’un siècle (c’était l’époque du père Lagrange), la critique historique ne cesse de poser des questions nouvelles, à partir de l’archéologie, des découvertes littéraires ou épigraphiques. Comment comprendre la Bible ? En quoi est-elle historique ? Quelle est la part littéraire des récits ? Quel fondement historique peut-on et doit-on défendre ? À l’extérieur de l’Église où le contact avec les autres traditions religieuses devient quotidien. La religion est souvent associée au fanatisme ou au fondamentalisme. Enfin, l’approche subjective et affective des traditions religieuses est de plus en plus envahissante. Dans ces conditions, donner aux fidèles l’exemple du père Lagrange revêt une importance et une actualité particulières. Il a, durant toute sa vie, cherché la vérité à travers l’étude de la Bible. Il a accepté les questions posées par les savants de son temps, cherchant non seulement à leur répondre mais aussi à mieux poser les questions. Pour lui, la vérité ne peut être qu’une : il n’y a pas une vérité pour les savants et une autre pour les croyants. Le père Lagrange soulignait la nécessité d’une recherche patiente de la vérité par l’étude. Et il le faisait sans crainte, puisant son courage dans la prière et la confiance qu’un jour la vérité triompherait.

Ce qui est paradoxal, c’est qu’il ait dû mener son combat au cœur de l’Église en étant soupçonné, inquiété (jamais condamné), et malgré tout il a gardé confiance dans l’Église, faisant peu de cas d’un triomphe solitaire. Il préférait s’effacer s’il le fallait. Mais jamais il n’a écrit contre sa conscience. Impressionné par sa fidélité et son obéissance, le Pape l’a confirmé dans sa mission. Le père Lagrange est donc un exemple impressionnant de quête de la vérité, patiente et fidèle, au service d’une foi éclairée et en dialogue avec les questions posées par la culture. N’avons-nous pas besoin d’un tel exemple aujourd’hui ?

Les pèlerins qui passent à l’École biblique de Jérusalem et au couvent Saint-Étienne s’intéressent-ils au père Lagrange ?

Je dois à la vérité de dire que le père Lagrange n’est pas une personnalité mondialement connue comme Mère Teresa. Les foules ne se précipitent pas pour venir se recueillir sur sa tombe. Et pourtant, je suis frappé de voir combien les prêtres – jeunes et anciens –, les biblistes et tant de chrétiens soucieux de se former dans la foi, nous interrogent sur le père Lagrange. Et très vite on en vient aux questions d’aujourd’hui : science et foi, lecture critique et lecture croyante des Écritures etc. Le père Lagrange apparaît alors comme quelqu’un qui non seulement a tracé un chemin de lumière dans le passé, mais bien comme un frère aîné « infatigable interprète des textes sacrés » comme le dit l’inscription de sa pierre tombale.

Pouvez-vous citer quelques témoignages de personnes marquées dans leur foi par l’exemple et par l’œuvre du père Lagrange ?

Je sais que le pape Jean-Paul II avait une immense admiration pour l’exemple et l’œuvre du père Lagrange. Citons aussi ses premiers collaborateurs, en particulier le père Vincent, frère et ami de toujours. Les ténors de la troisième génération de l’École biblique : le père de Vaux, archéologue et exégète de l’Ancien Testament, et le père Benoit, exégète du Nouveau Testament, ont toujours eu une vénération pour le fondateur de l’œuvre à laquelle eux-mêmes allaient donner leur vie. Pensons aussi au père Montagnes qui a consacré tant d’articles et d’ouvrages au père Lagrange : on y repère une profonde estime pour le frère et le Maître. Je n’ai pas la prétention de me comparer à ces grandes figures. Mais que l’on me permette de dire qu’à peine nommé directeur de l’École biblique, alors que j’enseignais à l’Université de Fribourg en Suisse, je me suis mis à étudier les écrits de notre fondateur : j’y ai découvert une inspiration quotidienne. Sa figure m’apparaît aujourd’hui beaucoup plus grande que ce que j’en percevais auparavant. Le Père Lagrange reste de nos jours encore, dans ses intuitions fondamentales, d’une justesse et d’une actualité étonnantes.

(Source : La Revue du Rosaire, n° 193, septembre 2007)

Photo : P. Marie-Joseph Lagrange à son bureau à St-Maximin, 1937.
Fr. Jean-Michel Poffet o.p. durant la diffusion de l’un de ses cours sur l’Apocalypse.

Voir aussi :

https://www.ebaf.edu/actualite-cause-de-beatification/

 

2 février 2021
La Présentation de Jésus au Temple[1]
par fr. Marie-Joseph Lagrange, O.P.
Article dans La Vie spirituelle, XXVI, 1931, p. 129-135

En ce temps-là la Vierge Marie se présenta devant la porte du Temple de Jérusalem, portant Jésus dans ses bras. On eût dit d’une vierge à la candeur de son regard, n’eût été sa tendresse pour son enfant. Joseph, son mari, lui frayait un passage dans la foule, tenant à la main un panier où étaient deux pigeons. C’était l’offrande des pauvres. Pauvres aussi étaient les vêtements du couple ; propres sans doute, mais non pas éblouissants de blancheur. Personne ne se détournait pour leur faire place. Cependant, avant qu’ils aient franchi le parvis réservé à Israël, un vieillard se présenta. Avec une insistance très douce, il prit l’enfant des bras de sa Mère étonnée, l’éleva comme pour l’offrir à Dieu, et bénit le Seigneur :

« Maintenant, ô Maître, tu laisses aller ton serviteur en paix… Mes yeux ont vu ton salut, … lumière pour éclairer les nations, et gloire de ton peuple Israël. »

Il parlait avec une conviction ardente, tournant vers Dieu des yeux baignés de joie, de ce dernier regard qui sonde déjà les splendeurs éternelles.

Deux étrangers l’entendirent. L’un était un rhéteur athénien, appelé par Hérode pour donner des conférences, l’autre un tribun romain, attaché militaire auprès du roi des Juifs.

« Ce vieillard, dit l’Athénien, semble croire que la lumière des nations luira sur les collines de Judée. Ignore-t-il donc, malgré tout ce qu’a fait Hérode pour décrasser son peuple, que depuis cinq siècles la lumière brille sur l’Attique et éclaire toutes les nations ? Faible d’abord, elle a été en grandissant, comme celle du jour, Platon surpassant Anaxagore, et Aristote étendant à toutes les sciences la vision géniale de Platon. Elle jette encore un éclat incomparable du sommet du Parthénon, véritable phare de la pensée et de la beauté.

« Ce temple, assurément, n’est pas mal, ses pierres blanches font bon effet. Il est mieux surtout que la vieille baraque des ancêtres, qu’Hérode a démolie pour s’inspirer de l’architecture des Grecs. Encore ce pylône, qui sert de porte à un sanctuaire où l’on n’entre pas, est-il trop haut pour la bicoque qui se cache derrière lui, et ce cube de maçonnerie tout au bout, plongé dans les ténèbres où il est censé abriter un Dieu invisible, fait pitié à quiconque a vu sur son trône la statue ornée d’or et d’ivoire consacrée par Phidias à notre déesse Athéna.

« Le vieil Hérode, auquel nous avons dressé deux stèles, qui soigne en ce moment aux eaux chaudes de Callirhoé ses démangeaisons cuisantes, a en effet compris où il fallait chercher la lumière. Il a bâti un théâtre où l’on représente nos tragédies ; mais quelle troupe, dieux immortels ! Peut-on seulement jouer les Perses d’Eschyle dans ce désert d’où l’on ne voit pas les flots bleus baigner l’île de Salamine ? Je sais bien, les Juifs sont très fiers de leurs livres, qu’ils disent plus anciens que les nôtres. Depuis qu’ils ont été traduits en grec, les gens d’esprit ont cru y découvrir une certaine allure sauvage qui flatte les goûts blasés. Mais leurs docteurs eux-mêmes, qui les récitent nuit et jour en hochant la tête comme les enfants dans les écoles, n’ont pas grande confiance dans leur valeur persuasive. Du moins ceux d’Égypte prétendent qu’on ne doit pas les prendre à la lettre, mais y voir des allégories qu’ils ont peine à y découvrir et surtout à faire accepter.

« — La gloire, interrompit le Romain, siège à Rome, au Capitole où l’on monte en chantant au son des buccins derrière le char du triomphateur. Hérode est plus puissant et plus riche que le fameux Salomon des Juifs, et cependant il se tient bien bas auprès d’Auguste. C’est tout au plus d’ailleurs s’il a compris la douceur des temps modernes. L’empereur doit se faire prier pour lui permettre de tuer ses enfants. Voilà comment finissent les dynasties juives. Ce vieillard désabusé par les faits, réfugié avant de mourir dans la vieille chimère du Roi d’Israël dominateur des nations, ferait mieux de s’en aller en paix, en saluant les jours meilleurs que la domination romaine inévitable fera luire sur sa patrie, grâce à la providence du Prince de la paix, du vrai Sauveur du monde, l’empereur Auguste, et de Rome éternelle. Le prince est assez bon pour tolérer la religion des Juifs dont tout le monde se moque. Il faut cependant croire qu’elle a du bon, puisqu’il fait offrir chaque jour un sacrifice dans le Temple. Cependant les Juifs feront bien, s’ils ne veulent pas passer pour des barbares arriérés, de lui rendre la politesse et d’associer à leur culte celui de Rome et d’Auguste, comme on a commencé de faire en Asie et même en Grèce.

D’ailleurs ce temple a des airs de forteresse dont il faut se défier. Notre premier soin sera, les laissant sacrifier tout à leur aise, de nous installer dans la tour Antonia — un nom romain — qui le commande. Et s’ils se révoltent, si cet enfant, devenu un grand garçon, essaie de se frotter à nous, qu’il prenne garde. Il y a encore assez d’arbres en Judée pour faire des croix. »

À quelques pas des Scribes, des Pharisiens chuchotaient entre eux : « Avec quelle ignorance ces gentils impurs ont-ils parlé du temple du Seigneur ! Ils n’ont pas même remarqué que le grand aigle d’or, placé au-dessus de la porte par Hérode pour rendre hommage aux aigles romaines, a disparu, abattu par nos disciples. Le tyran les a faits brûler vifs, mais les martyrs de Dieu seront vengés. Si le sceptre va tomber de Juda, comme vaticine ce soldat profane, c’est donc qu’il est proche le Messie, auquel il est réservé[2] ». Et l’un d’eux s’approchant de Joseph : « D’où êtes-vous, pieux Israélite ? » « Nous habitons Nazareth et nous sommes venus… » — « De Nazareth ! De Nazareth ! Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Le Messie doit sortir de Bethléem, comme nous le dirions à l’Iduméen, peu familier avec nos prophéties, si jamais il nous demande où doit naître le roi d’Israël. Il naîtra de la race de David, c’est un oracle de Dieu. D’ailleurs Dieu ne permettra pas qu’il soit élevé comme un autre enfant. Il le cachera quelque part, sans doute au ciel, et quand il apparaîtra, personne ne saurait qui il est, si Élie, le grand Élie, ne redescendait du ciel pour le manifester à Israël. Un enfant qu’on rachète pour deux colombes ne peut être le Messie. Ce Siméon, l’orgueil des docteurs ! Il faut qu’il ait perdu l’esprit. Nous allons le rayer du catalogue des Maîtres. »

Siméon avait tout entendu, mais avait gardé le silence. Les paroles des scribes lui furent douloureuses. Comme les vues du saint vieillard s’élevaient au-dessus de la sagesse de son temps ! L’Esprit-Saint, qui se joue des faibles pensées de nos faibles cœurs, qui se sert des contradictions pour nous instruire, le Maître intérieur qui lui avait révélé que l’Enfant Jésus était le Messie, lui accorda de pénétrer plus profondément dans le mystère. Jésus serait la lumière des nations, la gloire d’Israël, le prophète ne songeait pas à rétracter cet oracle. Mais à quelles conditions !

Ce n’était pas, comme le croyait le peuple, et même tant de maîtres, en triomphant : c’était en s’offrant comme victime. Et parce que ce mystère dépasse l’intelligence humaine, la contradiction des gentils et celle des Juifs devaient se perpétuer de bouche en bouche, toujours sur le même thème, avec les modulations différentes des hommes enorgueillis des lumières et de la gloire de leur temps. Alors Siméon dit à Marie : « Voici que ce petit enfant est placé pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, et pour être un signe de contradiction. » Quoi donc, Israël lui-même ne sera pas l’instrument docile de son Messie ? Lui aussi se dressera avec une contradiction encore plus insolente, plus tôt décidée à frapper et à sévir que celle du gentil, méprisant d’abord avec un sourire bientôt changé en un rictus de haine ?

Siméon l’a compris. Mais pourquoi ne garde-t-il pas pour lui ce funeste pressentiment ? Pourquoi adresser déjà à la Vierge Mère encore rayonnante de joie cette parole acérée : « Ton âme sera transpercée d’un glaive » ? C’est que tel est l’esprit du mystère, si on en pénètre le secret.

Que disait l’Écriture ? « Tout premier-né sera saint pour le Seigneur. » Qu’est-ce à dire, sera saint ? L’enfant qui vient de naître est-il donc déjà saint ? Non, c’est le Seigneur seul qui est saint. Sa sainteté, c’est sa perfection infinie, la plénitude en un seul attribut de toute sa puissance, sa sagesse et sa bonté, mais avec un aspect alors redoutable. Dieu est saint, et comme tel ne peut supporter le contact des choses impures, c’est-à-dire de tout ce qui n’est pas lui. Il est saint ; autant dire qu’il est comme un feu qui consume tout ce qui l’approche, à moins qu’on ne participe en quelque sorte à sa sainteté, à moins qu’on ne lui soit consacré. Les premiers nés, comme tous les autres prémices, lui appartiennent, lui sont consacrés. Il ne les rend à leurs parents qu’en échange d’un sacrifice. Et c’est pour cela que Marie et Joseph apportaient deux colombes. Quand ce sang innocent aurait coulé, leur fils leur serait rendu. Telle était la loi sévère instituée par Dieu pour un peuple indocile qui devait être guidé par la crainte ?

Mais puisque Jésus est racheté, nous demandons de nouveau : Pourquoi cette vision du glaive ? Sa mère rassurée jouira donc sans inquiétude de sa tendresse pour Dieu…son enfant, des caresses de celui qui est aussi Fils de Dieu…

Non, jour-là Dieu n’accepte pas l’échange. Les sacrifices de la Loi s’effacent dans la vision du sacrifice suprême. Le Père n’exige pas le sacrifice du Fils dès à présent, mais il faut qu’il soit bien entendu que Jésus est dû à une immolation. Il a dit en entrant dans le monde – « Vous n’avez voulu ni sacrifice, ni oblation, mais vous m’avez donné un corps ; vous n’avez agréé ni holocaustes, ni sacrifice pour le péché. Alors j’ai dit « Me voici je viens, ô Dieu, pour faire votre volonté.[3] » Ces paroles il les répète en entrant dans le Temple de son Père. Il ne vient point en prince royal, déjà revêtu de la pourpre, pour recevoir une première investiture. Il vient comme consacré à Dieu, ainsi que toutes les autres hosties lui sont consacrées, :« Je me consacre », en se présentant en victime et Dieu a accepté cette parole.

Admirable harmonie ! C’est au moment où il ira pour consommer son sacrifice qu’il dira, priant pour ses disciples : « Père saint… », et déjà ce nom fait pressentir ce qui va suivre, « je me sanctifie », c’est-à-dire « je me consacre moi-même pour eux, afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés en vérité[4]. »

Consacré, il l’était déjà au moment de sa Présentation au Temple, et nous comprenons pourquoi cette consécration présageait le sacrifice, et pourquoi le cœur de Marie, qui devait être percé, fut déjà atteint dans sa joie. Les autres mères savent bien que leurs fils leur échapperont plus tard, lorsque de vagues désirs envahiront leur âme, dont ils garderont le secret. Mais du moins dans leur enfance ils sont bien à elles : rien ne trouble les rêves de bonheur que des craintes incertaines qu’une caresse suffit à dissiper.

Marie est désormais unie au sacrifice de Jésus, parce qu’elle s’est unie à sa consécration. Elle sait, ce que saint Paul dira si bien, que ce sacrifice sera un scandale pour les Juifs, une sottise pour les Gentils. Mais elle sait aussi que la Sagesse et la Vertu de Dieu seront les plus fortes et que Jésus sera malgré tout, pour les hommes de bonne volonté, la lumière des nations, un sujet de gloire pour le véritable Israël. Déjà les Mages s’approchent vers cette lumière, déjà Hérode va inaugurer la persécution. Mais, soit en Égypte, soit à Nazareth, son Jésus sera à elle, et elle plus entièrement à lui par cette seconde acceptation, celle du sacrifice. Et cet abandon à la volonté de Dieu est lui-même une source de joie.

Fr. M.-J. LAGRANGE, O. P.

[1] Luc, 2, 22-38.
[2] Épître aux Hébreux, 10, 5 ss.
[3] Épître aux Hébreux, 10, 5 ss.
[4] S. Jean, 17, 11-19.

 

1er février 2021
« Sors, esprit impur, de cet homme » (Marc 5, 20).

Enseignement du père Lagrange :
Jésus permet aux démons – qu’ils chassent – d’aller où ils veulent. Et cela tourne à leur confusion. La population craignant de nouveaux dommages fait comprendre à Jésus que sa présence est indésirable. Par bonté, Jésus charge l’homme délivré de publier le bienfait du Seigneur. « La mission de Jésus est de guérir les âmes, dit le P. Lagrange, il ne s’inquiète pas des intérêts temporels. En donnant une permission, il prend la responsabilité, mais comme Dieu lorsqu’il permet aux fléaux d’exercer leurs ravages. C’est un bienfait que de restreindre l’action des démons à cet ordre inférieur ».
(Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange o.p. par le R.P. C. Lavergne o.p. Lecoffre-Gabalda, 1999, p. 94.)

Cet homme aussi fut un apôtre, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ, 2017, p. 215.)

Photo crédit : Jean Marie Pirot, Arcabas, né en 1926
Le possédé de Gerasa, Musée d’art sacré contemporain, église saint Hugues de Chartreuse, Isère, prédelle du chœur, 1985.

Reliques : Information pour tous nos amis qui nous demandent souvent des reliques du Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange o.p.

Information pour tous nos amis qui nous demandent souvent des reliques du Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange o.
Ce qui ne nous empêche pas de prier pour sa glorification et de confier à son intercession les grâces dont avons besoin.

Information de la Congrégation des causes des saints, extrait de l’Instruction « Les reliques dans l’Église : authenticité et conservation. Rome 2017.

Information pour la conservation des reliques dans l’Église

Les reliques ont toujours fait l’objet dans l’Église d’une particulière vénération et attention, parce que le corps des Bienheureux et des Saints, destiné à la résurrection, a été sur la terre le temple vivant de l’Esprit Saint et l’instrument de leur sainteté, qui a été reconnue par le Siège Apostolique à travers la béatification et la canonisation. Les reliques des Bienheureux et des Saints ne peuvent être exposées à la vénération des fidèles sans un certificat spécial de l’autorité ecclésiastique, qui en garantit l’authenticité.

Traditionnellement, sont considérées comme reliques insignes le corps des Bienheureux et des Saints, ou les parties importantes de celui-ci, ou encore la totalité des cendres provenant de sa crémation. Les Évêques diocésains, les Éparques, ceux qui leurs sont assimilés par le droit, et la Congrégation des Causes des Saints réservent à ces reliques une attention et une vigilance particulières pour en assurer la conservation et la vénération et pour éviter tout abus. Elles sont par conséquent conservées dans des reliquaires spécifiques scellés et placés en des lieux qui en garantissent la sécurité, en respectent le caractère sacré et en favorisent le culte.

Sont considérées comme reliques non insignes les petits fragments du corps des Bienheureux et des Saints ainsi que les objets qui ont été en contact direct avec leur personne. Elles doivent être si possible conservées dans des reliquaires scellés. Elles sont de toute façon conservées et honorées dans un esprit religieux, en évitant toute forme de superstition et de commerce.

La même discipline s’applique aussi à la dépouille mortelle (exuviae) des Serviteurs de Dieu et des Vénérables, dont les causes de béatification et de canonisation sont en cours. Tant qu’ils ne sont pas élevés à la gloire des autels à travers la béatification ou la canonisation, leur dépouille mortelle ne peut jouir d’aucun culte public, ni des privilèges qui sont réservés seulement au corps de qui a été béatifié ou canonisé. Les reliques dans l’Église

 

Relics in the Church have always received particular veneration and attention because the body of the Blesseds and of the Saints, destined for the resurrection, has been on earth the living temple of the Holy Spirit and the instrument of their holiness, recognized by the Apostolic See through beatification and canonization. The relics of the Blesseds and of the Saints may not be displayed for the veneration of the faithful without a proper certificate of the ecclesiastical authority who guarantees their authenticity.

The body of the Blesseds and of the Saints or notable parts of the bodies themselves or the sum total of the ashes obtained by their cremation are traditionally considered significant relics. Diocesan Bishops, Eparchs, those equivalent to them in law and the Congregation for the Causes of the Saints reserve for these relics a special care and vigilance in order to assure their preservation and veneration and to avoid abuses. They are, therefore, preserved in properly sealed urns and are kept in places that guarantee their safety, respect their sacredness and encourage their cult.

Little fragments of the body of the Blesseds and of the Saints as well as objects that have come in direct contact with their person are considered non-significant relics. If possible, they must be preserved in sealed cases. They are, however, preserved and honored with a religious spirit, avoiding every type of superstition and illicit trade.

A similar discipline is applied also to the mortal remains (exuviae) of the Servants of God and the Venerables, whose Causes of beatification and canonization are in progress. Until they are elevated to the honors of the altars through beatification or canonization, their mortal remains may not enjoy any public cult nor those privileges which are reserved only to the body of someone who has been beatified or canonized. Relics in the Church

Témoignage : Le frère Jean-Marie Mérigoux O.P. (1938-2020) et son attachement au père Marie-Joseph Lagrange par Fr. Manuel Rivero O.P.

Le frère Jean-Marie Mérigoux est parti vers le Seigneur le 7 novembre 2020 en la fête de tous les saints de l’Ordre des Prêcheurs.
C’est au cours de la célébration de l’eucharistie et dans la prière du rosaire que je le confie à Jésus-Christ, miséricordieux.
Le frère Jean-Marie aimait la figure spirituelle du père Marie-Joseph Lagrange ainsi que ses écrits. Il préparait habituellement ses prédications à l’aide des commentaires évangéliques du père Lagrange qui lui apportaient des précisions lumineuses sur le texte sacré.
Lors de la préparation de la nouvelle édition de l’Évangile de Jésus-Christ du fondateur de l’École biblique de Jérusalem, œuvre de belle vulgarisation des travaux exégétiques, le frère Jean-Marie avait insisté pour que je publie aussi la synopse des quatre évangiles en français du R.P.C Lavergne d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange[1]. Cette synopse fut publiée à Barcelone en 1926. Elle place saint Luc en premier, car cet évangéliste est considéré comme étant le plus rigoureux dans la présentation chronologique des faits. Saint Jean figure en quatrième et dernière position non seulement à cause de la date estimée pour sa rédaction mais aussi en fonction de la plénitude de la Révélation qu’il apporte. Dans sa préface datée de la fête de la Pentecôte de 1925, à Jérusalem, le père Lagrange confiait les fruits spirituels de cette synopse grecque à l’intercession de la Vierge Marie, « Reine du Très-Saint Rosaire ».
Pour ce faire, le père Ceslas Lavergne avait découpé la traduction des évangiles que le père Lagrange avait effectuée et présentée dans ses commentaires aux quatre évangiles. Par conséquent, la traduction du grec évangélique en français est bien l’œuvre du père Lagrange.
Le frère Jean-Marie Mérigoux avait la délicatesse de m’offrir son exemplaire personnel de la Synopse des quatre évangiles en français du père C. Lavergne[2] de manière à faciliter la présentation de la nouvelle édition de L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique[3].
Le père Ceslas Lavergne évoque dans son introduction à la Synopse le désir du père Lagrange d’y voir une dimension spirituelle qui clôturait habituellement ses recherches scientifiques au service de la Bible : « Enfin, mon cher maître m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : « Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah ! que ces traces sont lumineuses ! qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, chapitre XI) ». Et elle ajoutait : « C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là, je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux  » (Histoire d’une âme, chapitre VIII) ».
Merci cher frère Jean-Marie pour tout ce que tu nous apporté par ton exemple et par ta charité fraternelle.
Que la Vierge du Rosaire et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face intercèdent pour toi à l’heure de ton passage vers le Père !
Saint-Denis (La Réunion), le 7 janvier 2021.
________________________________________
[1] Maria-Iosephus Lagrange, O.P. sociatis curis R.P. Ceslai Lavergne eiusdem ordinis, Synopsis evangelica, textum graecum quattuor evangeliorum recensuit et iuxta ordinem chronologicum Lucae praersertim et Ioannis concinnavit. Barcinone, Apud « Editorial Alpha », 1926.
[2] Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange par le R.P.C. Lavergne O.P. ; Paris, Librairie Lecoffre. J.Gabalda et Cie, éditeurs. 1942.
[3] M.-J. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique du père Ceslas Lavergne. Préface de Jean-Michel Poffet O.P. ; présentation du Manuel Rivero O.P. Paris. Groupe Élidia, éditions Artège-Lethielleux. 2017.

Écho de notre page Facebook : janvier 2021

Belle et Sainte Année 2021, sous la protection de la Vierge Marie

et de saint Joseph !

 

30 janvier 2021
« Tout à coup la tempête s’élève… (Marc 4, 37) »

Enseignement du père Lagrange :
… Les disciples s’adressent à lui comme à un compagnon quelque peu inerte, dont cependant ils attendent du secours, sans bien savoir comment. Lui cependant parle à la mer comme à une puissance hostile. Aurait-il reconnu une embûche de Satan, désireux de se débarrasser de lui dans un incident vulgaire ? Plus vraisemblablement il se sert du style sémitique qui traitait comme des personnes les grandes forces de la nature, surtout les Eaux. Le vent et la mer obéissent. Et lui à son tour interpelle ses disciples comme ferait un nautonnier plus hardi, en élevant cependant leurs regards vers sa personne, en laquelle ils devaient se confier. N’avaient-ils donc pas encore compris ? Non ! car même alors ils se demandent d’où peut lui venir cette puissance. C’est déjà quelque chose cependant qu’ils ne disent pas : « Quelle puissance Dieu lui a-t-il donc donnée ? » mais : « Qui donc est-il ? ».

C’est ainsi que nous saisissons sur le vif les rapports de Jésus avec les siens. Aucune déclaration retentissante de sa part, aucune exigence de respect. Et insensiblement, au fil des choses, la lumière grandit dans ces âmes simples, et la distance s’établit au sein de l’intimité.

(L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1935, p.41-42.)

Photo : La tempête apaisée. Icône orthodoxe.

 

28 janvier 2021
Prière selon saint Thomas d’Aquin (1225-1274)
Fêté le 28 janvier. Patron des universités, collèges et écoles catholiques.

Mets de l’ordre dans ma vie, ô mon Dieu,
Et ce que tu veux que je fasse donne-moi de le connaître,
Accorde-moi de l’accomplir comme il faut
Et comme il est utile à mon âme.

Donne-moi de te craindre
Sans tomber dans le désespoir,
D’être vrai sans malice,
De faire le bien sans me faire valoir,
De reprendre le prochain sans hauteur,
L’édifiant de parole et d’exemple sans double jeu.

Donne-moi, Seigneur, un cœur vigilant
Que nulle curiosité n’éloigne loin de toi ;
Un cœur noble que nulle affection déplacée n’entraîne ;
Un cœur droit
Que nulle arrière-pensée ne fasse dévier ;
Un cœur ferme
Que nulle tribulation ne brise ;
Un cœur libre
Que nulle passion violente ne subjugue.

 

27 janvier 2021
La parabole du Semeur – Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 4,20
Enseignement du père Lagrange

On ne saurait dissimuler une certaine gaucherie dans la rédaction de Marc. Elle provient de ce que, au lieu de reprendre chaque situation de la parabole pour en indiquer le sens dans l’ordre de la prédication, il a mêlé la parabole et son explication, mettant en scène par exemple « ceux qui sont le long du chemin » pour dire que le cas du grain tombé le long du chemin est semblable à celui des hommes qui entendent la parole, mais chez lequel elle n’a aucune action, parce que Satan en détruit l’effet. S’il était permis d’être encore plus précis, on songerait à ceux qui n’ont pas la foi. Quel effet peut leur produire la prédication la plus solide et la plus touchante ? Parmi les auditeurs de Jésus, c’étaient peut-être des païens, qui, au lieu de réfléchir, se moquaient. D’autres auditeurs, nombreux sûrement, acclamaient la doctrine nouvelle du Maître, si douce aux pauvres et aux affligés. Mais si les chefs spirituels de la nation les menaçaient de leur défaveur, ils se disaient que peut-être Jésus se trompait, et se scandalisaient de ce qui les avait charmés. Aujourd’hui le respect humain serait d’autre sorte, imposé au nom d’une fausse science. La catégorie de ceux qui sont entraînés par le courant du monde a toujours été la même. Les bons sont ceux qui écoutent – car il faut même pour cela prendre de la peine –, qui adhèrent à la parole par le cœur, et qui la mettent en pratique. La métaphore des fruits et leur nombre est un retour aux termes de la comparaison.

(L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1935, p. 36-37.)

Photo : Hortus Deliciarum (12e) par Herrade de Landsberg, manuscrit alsacien du couvent du mont Saint-Odile – La parabole du Semeur.

 

 

25 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J8
« Afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit entière » (Jn 15,11)

C’est la grande joie du christianisme que rien ne peut altérer. Il prêche la discipline, l’abnégation, l’acceptation des souffrances, mais de tout cela c’est l’abandon de celui qui se sait aimé, et la tristesse est absorbée dans la joie. L’amour descendu du Père va plus loin que chaque disciple : il faut qu’il rayonne entre eux. « Et ce n’est pas un amour pour rire » [sainte Angèle de Foligno. Cette citation figure dans le Journal spirituel, du père Lagrange, Cerf, 2014, p. 236].

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 559).

Photo : Le peintre de la joie-P. Kim En Joong o.p.

 

23 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J6
« Que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16)

[…] Mais ce choix est le meilleur encouragement à aller où il les enverra, pour faire le fruit qu’ils connaissent bien, amener les hommes au règne de Dieu. […]

Ce ne sont que quelques paroles. Mais elles renferment le secret de la vie spirituelle, le principe de tout apostolat. Les amis de Jésus vivront désormais de sa vie, et feront son œuvre. Ils sont en Dieu par la charité, et cette charité est un amour d’amitié, et le commandement par excellence. C’est toute la théologie de la grâce, dont les développements sont admirables, mais qu’elle est claire et savoureuse à sa source !

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 559).

 

22 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J5
« Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai adressée. » (Jn 15,3)

Ici, [la parabole de la vigne est interrompue] Jésus s’adresse directement à ses disciples. Étaient-ils exposés à ce nettoyage de la part du Père, douloureux sans doute et inquiétant ? Non, ils sont déjà purs, comme il leur a été dit (Jn 13,10). Si cela n’exclut pas tout progrès, il se fera désormais en union avec le cep. Pour tous les disciples d’ailleurs, ce n’est pas le Père qui a opéré directement ce bon effet ; c’est la parole prononcée par le Fils, dont nous savons par ailleurs que le Père la lui avait confiée (Jn 14,10) : « C’est un trait caractéristique du quatrième évangile que cette vertu rédemptrice de la parole de Dieu » […]. Cependant Paul aussi a dit que l’évangile est une énergie divine pour le salut (Rm 1,16), et Pierre que c’est un germe de régénération (I P 1,23). La parole de Jésus a éclairé les âmes des disciples ; elle a aussi pénétré en eux par la foi, dissipant l’erreur, chassant le péché par leur adhésion de charité au Christ (Ac 15,9) : cela dans l’ordre de l’exécution. Mais le premier principe de ce changement fut la parole elle-même, parole qui est esprit de vie (Jn 6,63), tout comme la vie est une lumière (Jn 1,4).

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, sixième édition, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 402-403.)

Photo : Émondés par la parole

 

21 janvier 2020
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J4
« Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père » (Jn 15,15).

Les disciples ne cessent pas d’être des serviteurs, et Paul tiendra à l’honneur de prendre ce titre, mais Jésus ne leur donne plus ce nom, parce que certains serviteurs, dépositaires de la pensée de leur maître, sont devenus ses amis : c’est le cas puisque Jésus a fait connaître aux siens tout ce qu’il a entendu de son Père, c’est-à-dire ce qui concernait sa mission (8,26 : « J’ai beaucoup à dire à votre sujet et à juger : mais celui qui m’a envoyé est véridique, et ce que j’ai entendu de lui, c’est de cela que je parle dans le monde »). […] Ici l’amour de Jésus a précédé ; mais seulement après la confidence que les disciples prennent le rang d’ami : « parce que », et non pas « ensuite » ou « en signe de quoi ».

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, sixième édition, Lecoffre-Gabalda, 1936)

 

20 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J3
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15, 12).

Au moment de mourir, plus d’un grand homme a tenu à laisser aux siens une dernière pensée, la plus intime, par laquelle il vivra encore en eux. C’est ce que Jésus fait aussi, mais il fonde une communauté qui devra être animée de son esprit, il fait de cette pensée une loi : la loi de ses disciples sur la charité fraternelle, non pas telle que les hommes la peuvent concevoir, mais telle que lui-même l’a éprouvée. C’est sur ce dernier point qu’est l’accent. […] Jésus, lui, veut que la société religieuse qu’il fonde ait pour ciment l’amour, tel que les hommes doivent le comprendre dans la lumière de son Incarnation et les sentiments de son Cœur. En cela le commandement est vraiment nouveau (cf. Jn 13,34).

Dans Jn 15,12 le contexte est beaucoup plus naturel, surtout selon le mode sémitique où un mot appelle un mot. Ayant parlé des commandements, Jésus cite celui qui les résume tous (cf. Mc 12,31), d’autant que son accomplissement continue la douce série de la charité. Venu du Père au Christ, du Christ aux disciples, elle se répand parmi eux, et d’après son exemple.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean. Lecoffre-Gabalda, 1936)

Photo :  Le lavement des pieds par Youngsung Kim, peintre sud-coréen.

 

 

 

19 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens avec le père Lagrange-J2
« Demeurez en moi comme je demeure en vous » (Jn 15, 4).

Jésus ne parle plus de venir vers ses disciples pour demeurer en eux (14, 23). Cette union est ici supposée acquise : il faut seulement la conserver. Bossuet : « Notre union avec Jésus-Christ présuppose, premièrement, une même nature entre lui et nous, comme les branches de la vigne sont de la même nature que la tige… (Ces paroles) présupposent, secondement, une intime union entre lui et nous, jusqu’à faire un même corps avec lui, comme le sarment et les branches de la vigne font un même corps avec la tige. Elles présupposent, en troisième lieu, une influence intérieure de Jésus Christ sur nous, telle qu’est celle de la tige sur les branches, qui en tirent tout le suc dont elles sont nourries » (Méditations…). On sait que la même doctrine a été présentée par Paul plusieurs fois sous les images d’un corps dont Jésus est la tête (Col 1,18, etc.), ou d’un édifice dont il est le fondement (Ep 2, 20-22). Mais qui ne voit que la manière de Jean, moitié parabole et moitié allégorie, est celle qui nous paraît la plus naturelle sur les lèvres de Jésus ? Le ton est pénétrant et l’accent persuasif. Après l’invitation, l’explication qui en montre le bien fondé d’après les termes de la parabole-allégorie. – L’action du libre arbitre est très marquée : Jésus restera […] si les disciples restent. Et cependant ils ne peuvent faire aucun fruit, c’est-à-dire une œuvre bonne dans l’ordre du salut, sans la sève qu’ils lui empruntent. Mystère insondable, dont les termes sont posés avec la simplicité familière et imagée des synoptiques, plutôt que comme faisant partie d’un raisonnement paulinien. (L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 403.)

Photo : Cristo, La Vite, Victor (1674). Musée des Icônes, Venise (Italie)

 

18 janvier 2021
Semaine de prière pour l’unité des chrétiens-J1
Appelés par Dieu
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis (Jean 15,16). »

C’est Jésus qui a choisi ses disciples, mais non pas seulement comme amis, […] ceux que nous nommons par excellence les apôtres […]. Il les a choisis, non pas de toute éternité par la prédestination à la gloire, mais pour leur donner une vocation spéciale. Ils ont pu penser qu’ils l’avaient choisi pour Maître ; c’est lui qui les a choisis pour disciples. Ce sens résulte aussi de ce qui suit, Jésus les a constitués en dignité […] ou du moins investis d’une mission […]. Le sens de ce mot est clair : c’est aller, aller à ses affaires, suivre son chemin […]. Il est très bien choisi pour indiquer le rôle des apôtres, mais ne saurait se ramener à la parabole de la vigne sans une violente subtilité, comme si par exemple les branches s’étendaient, s’allongeaient. Il faut donc reconnaître que Jésus parle ici en clair, et que l’image de la vigne est tout au plus rappelée […] : encore comprend-t-on aussitôt que les fruits sont des œuvres solides et durables : puisqu’ils se produisent durant les courses des disciples, ce sont plutôt des fruits d’apostolat que des œuvres personnelles. Nous avons donc dans ce passage la clef de tout ce discours. À quelque moment qu’il ait été prononcé, c’est un programme de l’apostolat : le principe en est l’union à Jésus, mais les apôtres auront une œuvre à remplir […]. Le programme des œuvres étant tracé – et il y a de quoi effrayer l’humaine faiblesse – la prière est le moyen de le réaliser.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936 p.408-409.)

Photo : Appel des disciples (détail), Masaccio, 1425, Chapelle Brancacci, Florence.

 

 

17 janvier 2021
« Voici l’Agneau de Dieu. »
« Rabbi, où demeures-tu ? » « Venez et voyez ! » (Jn 1, 36-39)

Ce récit, plus détaillé que ne le sont d’ordinaire ceux du quatrième évangile, a l’aspect d’un souvenir lointain, caressé dans la mémoire, comme il arrive des événements qui ont changé le cours de notre vie. Le Christ s’y montre avec moins d’empire que dans la vocation des bords du lac, mais avec plus de séduction persuasive. Cette première entrevue explique d’ailleurs très bien comment la vocation définitive, dont Jean, ne parle pas, a été si vite menée.

[…] Les deux disciples de Jean suivent Jésus, non pas comme ses disciples mais dans l’intention de lui parler. La première démarche vient d’eux, mais provoquée par les paroles du Baptiste, qui parurent en singulière harmonie avec la douceur et la candeur que respirait toute la personne de Jésus. […] Si les deux disciples suivent Jésus dans une telle circonstance, c’est qu’ils attendent de lui un bien de l’ordre moral. Cette question est posée à tout lecteur de l’évangile. Les deux répondent par une interrogation, parce que, dans leur pensée, les choses qu’ils cherchent sont trop importantes pour être traitées sur le grand chemin. Ils disent Rabbi, quoique Jésus n’ait pas l’allure d’un docteur de profession, mais aussi était-ce souvent un simple titre de politesse (Monsieur), – Quoique Jean donne l’explication littérale : « celui qui enseigne ». […] La réponse est agréablement calquée sur la demande, mais comme la demande impliquait plus que ne disaient les termes, la réponse a dû être accompagnée d’un sourire : Vous verrez où je demeure ; soyez les bienvenus. Et en effet c’est bien ce qu’ils virent. Quand nous voudrions savoir ce qui s’est dit, Jean le tait et insiste sur des minuties ; on peut cependant en déduire que l’entretien fut long.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936.)

Photo : Les deux disciples de Jean suivent Jésus. Chapelle du Centre Aletti, Rome.

 

 

16 janvier 2021
Bienheureuse Vierge Marie

« Pour moi, tous mes vœux ont été exaucés, la Sainte Vierge Marie, à laquelle je me suis consacré de nouveau à ma tonsure, m’a présenté elle-même à Saint-Maximin, le jour de sa Nativité et le jour du Très Saint Rosaire. Puisse-t-elle être toujours ma Mère, ma Maîtresse, ma Reine, ma Dame, ma Patronne, ma Protectrice, mon Avocate auprès de Jésus : puisse-t-elle me donner un peu de l’amour dont son cœur était enflammé pour Jésus. »

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 42.)

Photo : Vierge Marie et l’Enfant Jésus par Lorenzo Tiepolo (1776 env). Linares Gallery, Madrid, Spain.

 

 

 

15 janvier 2021
« Je te le dis, lève-toi, prends ton grabat et retire-toi dans ta maison. » (Mc 2, 11)

Si donc Jésus opère un miracle quand il le veut, et tel que tous les assistants puissent en juger, ils devront l’en croire sur sa parole. À ce moment il se dit « Fils de l’homme » ; et il ne fait pas le miracle pour apparaître en Messie, le Roi attendu par Israël, mais pour prouver qu’il a le droit de remettre les péchés. C’était, dès sa première déclaration, insister moins sur les honneurs dus à sa personne que sur son pouvoir spirituel, sur le but qu’il poursuivait, sur le salut qu’il venait donner à l’âme, lui qui était un fils de l’homme comme tous les autres, mais cependant le Fils de l’homme par excellence. Ce que signifiait ce titre, personne alors n’eût pu l’analyser avec exactitude ; il était accommodé à la carrière humaine du Sauveur dans l’humilité et la souffrance, et devait être remplacé ensuite par le nom de Christ et de Seigneur, lorsqu’il eut compris que cet Homme était uni à la nature divine de telle sorte que le Fils de l’homme était aussi le Fils de Dieu.

En harmonie avec la gravité des circonstances, l’ordre de Jésus est formel, précis, impérieux. On peut croire que ceux rendirent gloire à Dieu furent plutôt la masse de l’assemblée que les scribes dont les pensées avaient été pénétrées et confondues.

(Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre, 1935, p.16-17.)

Photo : Guérison du paralytique de Capharnaüm. Missel franciscain (15e) Attribution à Jean Colombe.

 

13 janvier 2021
Information pour tous nos amis qui nous demandent souvent des reliques du Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange o.p.

Ce qui ne nous empêche pas de prier pour sa glorification et de confier à son intercession les grâces dont avons besoin.

Information de la Congrégation des causes des saints, extrait de l’Instruction « Les reliques dans l’Église : authenticité et conservation. Rome 2017.

Information pour la conservation des reliques dans l’Église

Les reliques ont toujours fait l’objet dans l’Église d’une particulière vénération et attention, parce que le corps des Bienheureux et des Saints, destiné à la résurrection, a été sur la terre le temple vivant de l’Esprit Saint et l’instrument de leur sainteté, qui a été reconnue par le Siège Apostolique à travers la béatification et la canonisation. Les reliques des Bienheureux et des Saints ne peuvent être exposées à la vénération des fidèles sans un certificat spécial de l’autorité ecclésiastique, qui en garantit l’authenticité.

Traditionnellement, sont considérées comme reliques insignes le corps des Bienheureux et des Saints, ou les parties importantes de celui-ci, ou encore la totalité des cendres provenant de sa crémation. Les Évêques diocésains, les Éparques, ceux qui leurs sont assimilés par le droit, et la Congrégation des Causes des Saints réservent à ces reliques une attention et une vigilance particulières pour en assurer la conservation et la vénération et pour éviter tout abus. Elles sont par conséquent conservées dans des reliquaires spécifiques scellés et placés en des lieux qui en garantissent la sécurité, en respectent le caractère sacré et en favorisent le culte.

Sont considérées comme reliques non insignes les petits fragments du corps des Bienheureux et des Saints ainsi que les objets qui ont été en contact direct avec leur personne. Elles doivent être si possible conservées dans des reliquaires scellés. Elles sont de toute façon conservées et honorées dans un esprit religieux, en évitant toute forme de superstition et de commerce.

La même discipline s’applique aussi à la dépouille mortelle (exuviae) des Serviteurs de Dieu et des Vénérables, dont les causes de béatification et de canonisation sont en cours. Tant qu’ils ne sont pas élevés à la gloire des autels à travers la béatification ou la canonisation, leur dépouille mortelle ne peut jouir d’aucun culte public, ni des privilèges qui sont réservés seulement au corps de qui a été béatifié ou canonisé. Les reliques dans l’Église

 

Relics in the Church have always received particular veneration and attention because the body of the Blesseds and of the Saints, destined for the resurrection, has been on earth the living temple of the Holy Spirit and the instrument of their holiness, recognized by the Apostolic See through beatification and canonization. The relics of the Blesseds and of the Saints may not be displayed for the veneration of the faithful without a proper certificate of the ecclesiastical authority who guarantees their authenticity.

The body of the Blesseds and of the Saints or notable parts of the bodies themselves or the sum total of the ashes obtained by their cremation are traditionally considered significant relics. Diocesan Bishops, Eparchs, those equivalent to them in law and the Congregation for the Causes of the Saints reserve for these relics a special care and vigilance in order to assure their preservation and veneration and to avoid abuses. They are, therefore, preserved in properly sealed urns and are kept in places that guarantee their safety, respect their sacredness and encourage their cult.

Little fragments of the body of the Blesseds and of the Saints as well as objects that have come in direct contact with their person are considered non-significant relics. If possible, they must be preserved in sealed cases. They are, however, preserved and honored with a religious spirit, avoiding every type of superstition and illicit trade.

A similar discipline is applied also to the mortal remains (exuviae) of the Servants of God and the Venerables, whose Causes of beatification and canonization are in progress. Until they are elevated to the honors of the altars through beatification or canonization, their mortal remains may not enjoy any public cult nor those privileges which are reserved only to the body of someone who has been beatified or canonized. Relics in the Church

 

 

13 janvier 2021
L’humble de cœur désire être aux yeux des hommes ce qu’il est aux yeux de Dieu. Il faut épouser l’humilité comme saint François a épousé la pauvreté, par un vrai mariage mystique. Ne pas se pousser au premier plan, affirmer son moi, occuper les autres de son estime, de son affection.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 16.)

Photo : Le mariage de saint François avec Dame Pauvreté. Panneau de la face arrière du retable de Borgo san Sepolcro. 1437-1444, par Sassetta. Chantilly. Musée Condé.

Ce groupe, l’une des huit petites scènes qui accompagnent le panneau central de l’extase de saint François, montre le saint en train de passer l’anneau au doigt de « Dame pauvreté », qui s’harmonisent avec les courbes du cadre. Entre François et les Vertus part une blanche route sinueuse à travers la vallée vers un magnifique fond naturel de montagnes.

 

 

12 janvier 2021
Guérison d’un possédé (Marc 1, 21-28)
« Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu »

Un « saint de Dieu », c’est une personne qui lui est spécialement consacrée, qui lui est unie par la raison et par le cœur, qui lui appartient à la façon d’un objet employé uniquement à son service. « Le » saint de Dieu est celui qui est tout cela d’une manière spéciale et même unique (Lc 4,34 ; Jn 6,69). Cette sainteté était comme l’antithèse de l’impureté de ceux qui sont éloignés de Dieu. Jésus dédaigne de dire au démon son fait, mais il lui impose silence et le chasse. L’esprit ne sort pas sans causer à sa victime un ébranlement sensible, avec le cri qui accompagne une telle commotion.

Marc donne à la stupeur des assistants un double motif. Ce n’est pas seulement le miracle de ce commandement qui ne souffre pas de réplique, c’est l’autorité dans l’enseignement, déjà signalée. Le premier miracle de Jésus dans son évangile est donc présenté nettement comme une confirmation de son autorité doctrinale. C’est dans ces termes que la renommée du nouveau et véritable Maître se répand tout d’abord. Il s’exposait ainsi à l’inimitié des scribes, inflexibles défenseurs de leurs méthodes, mais il se posait à jamais comme le révélateur des secrets que son Père n’avait point encore communiqués. Avec quelle force Paul a prêché cela aux Éphésiens !

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre, 1935, p. 9-10.)

Photo : Guérison d’un possédé (détail). Livre d’Heures du Duc de Berry (enluminure du 15e).

 

10 janvier 2021
C’était le 10 mars 1938, le père Lagrange entrait dans la Paix du Seigneur, laissant une œuvre immense au service de l’Église.
En ce jour-anniversaire, la messe est célébrée par Fr. Manuel Rivero o.p. auquel nous pouvons nous joindre avec la prière pour la glorification du Serviteur de Dieu :

« Père Saint, tu as mis en serviteur le frère Marie-Joseph Lagrange, le désir de la vérité et un goût passionné pour la Parole de Dieu. À la lumière de la Loi de Moïse, des Prophètes et des Psaumes, il a scruté le mystère de Jésus-Christ et son cœur est devenu brûlant. Avec la Vierge Marie, il a médité l’Évangile dans la prière du rosaire. Il a voué son existence à l’étude scientifique de la Bible dans l’harmonie évangélique de la foi et de la raison afin de sauver les âmes perturbées par la critique scientifique. Ceux qui l’ont connu ont témoigné de sa foi rayonnante et de son exemplaire obéissance dans les épreuves. Nous te prions, Père, de hâter le jour où l’Église reconnaîtra publiquement la sainteté de sa vie, afin que son exemple bienfaisant entraîne nos frères à croire en la Parole de Dieu. Que l’intercession du frère Marie-Joseph Lagrange nous obtienne les grâces dont nous avons besoin, et en particulier : pour notre amie Soucila, bienfaitrice de notre association, qui lutte contre la maladie. Pour les amis qui nous ont quittés. Pour tous ceux qui nous sont chers et auxquels nous pensons particulièrement. Nous te le demandons, Père, au nom de ton Fils Jésus Christ, dans la communion du Saint-Esprit, un seul Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen. »

 

10 janvier 2021
Le Baptême du Christ
« Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je me suis complu (Mc 1,11). »

[…] Signal de sa mission, il est désigné à d’autres comme investi des droits qu’il tient de son Père. […] Le baptême de Jean invitait les Juifs à la pénitence. Celui de Jésus sera proposé à toutes les nations comme l’initiation par la foi à la vie divine de sa résurrection, et il sera donné au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Mt 28,19), du Père qui l’a nommé au baptême son Fils bien-aimé, du Saint-Esprit qui s’est empressé vers lui avec amour. […] Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour comprendre que le baptême de Jésus fut une très grande chose. L’Église célèbre le baptême du Christ le jour octaval de l’Épiphanie. C’était bien, après l’épiphanie de sa Nativité, sa seconde épiphanie d’entrée en scène, et cela d’après le style des rois qui se arguaient d’origine divine : nous le comprenons aujourd’hui mieux que jamais.

Le croyant y a toujours vu un admirable dessein de Dieu : il ne s’étonne pas que la voix du Père qui retentit dans l’éternité ait été entendue sur les bords du Jourdain par le Fils incarné, et que le Saint-Esprit, nœud du Père et du Fils, ait paru comme un lien entre le ciel et la terre.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Photo : Le baptême du Christ. Fresque de Fra Angelico 1441-1443, Couvent de Saint-Marc, Florence, Italie.

Nota. Pour la France uniquement : Derniers livres disponibles au siège social à Nice. 32 euros. Frais de port inclus.

Écrire en joignant un chèque de 32 euros. Frais de port inclus : Association des Amis du Père Lagrange -Couvent des Dominicains-9 rue Saint-François-de-Paule-06357-Nice Cedex

 

8 janvier 2021
« Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. » Et étendant la main Jésus le toucha, disant : « Je le veux, sois purifié ! » Et aussitôt la lèpre le quitta. (Luc 5, 12-13)

La vraie lèpre est incurable, et l’on eût pu espérer d’en être purifié, ce n’eût été que par une intervention extraordinaire de Dieu (2 Rois 5,7). La crainte de la contagion, la répugnance inspirée par la maladie, l’impureté légale qui infectait le malade, avait déterminé le législateur à le reléguer loin des autres, avec un attirail lugubre qui le faisait reconnaître, l’obligeant même à crier : « Impur, impur ! » pour se dénoncer aux passants (Lévitique 13,45).

On voit quelle était l’audace du lépreux qui entre dans un lieu habité, même dans une maison, et s’approche de Jésus. Il avait violé la Loi ; mais il était à plaindre, et sa foi était entière. Le premier mouvement du Maître est la compassion. Le lépreux a fait appel à sa volonté : Oui, il veut. On lui demande une purification : il l’accorde. Et il ajoute un geste qu’aucun lépreux n’aurait osé implorer, qui est devenu l’instinct des âmes héroïques, il touche cet homme impur. C’était son droit à Lui ; d’autant qu’à son contact la lèpre disparaît.

Photo : La guérison d’un lépreux. Dessin d’Alexandre Bida (19e)

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017, p. 147.)

Nota. Pour la France seulement : Derniers livres disponibles au siège social à Nice. 32 euros. Frais de port inclus.

Adresse : Association des Amis du Père Lagrange -Couvent des Dominicains-9 rue Saint-François-de-Paule-06357-Nice Cedex 4. Téléphone secrétariat : 06.80.84.03.43.

 

 

7 janvier 2020

Le frère Jean-Marie Mérigoux O.P. (1938-2020) et son attachement au père Marie-Joseph Lagrange
Fr. Manuel Rivero O.P.
Le frère Jean-Marie Mérigoux est parti vers le Seigneur le 7 novembre 2020 en la fête de tous les saints de l’Ordre des Prêcheurs.
C’est au cours de la célébration de l’eucharistie et dans la prière du rosaire que je le confie à Jésus-Christ, miséricordieux.
Le frère Jean-Marie aimait la figure spirituelle du père Marie-Joseph Lagrange ainsi que ses écrits. Il préparait habituellement ses prédications à l’aide des commentaires évangéliques du père Lagrange qui lui apportaient des précisions lumineuses sur le texte sacré.
Lors de la préparation de la nouvelle édition de l’Évangile de Jésus-Christ du fondateur de l’École biblique de Jérusalem, œuvre de belle vulgarisation des travaux exégétiques, le frère Jean-Marie avait insisté pour que je publie aussi la synopse des quatre évangiles en français du R.P.C Lavergne d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange[1]. Cette synopse fut publiée à Barcelone en 1926. Elle place saint Luc en premier, car cet évangéliste est considéré comme étant le plus rigoureux dans la présentation chronologique des faits. Saint Jean figure en quatrième et dernière position non seulement à cause de la date estimée pour sa rédaction mais aussi en fonction de la plénitude de la Révélation qu’il apporte. Dans sa préface datée de la fête de la Pentecôte de 1925, à Jérusalem, le père Lagrange confiait les fruits spirituels de cette synopse grecque à l’intercession de la Vierge Marie, « Reine du Très-Saint Rosaire ».
Pour ce faire, le père Ceslas Lavergne avait découpé la traduction des évangiles que le père Lagrange avait effectuée et présentée dans ses commentaires aux quatre évangiles. Par conséquent, la traduction du grec évangélique en français est bien l’œuvre du père Lagrange.
Le frère Jean-Marie Mérigoux avait la délicatesse de m’offrir son exemplaire personnel de la Synopse des quatre évangiles en français du père C. Lavergne[2] de manière à faciliter la présentation de la nouvelle édition de L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique[3].
Le père Ceslas Lavergne évoque dans son introduction à la Synopse le désir du père Lagrange d’y voir une dimension spirituelle qui clôturait habituellement ses recherches scientifiques au service de la Bible : « Enfin, mon cher maître m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : « Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah ! que ces traces sont lumineuses ! qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, chapitre XI) ». Et elle ajoutait : « C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là, je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux  » (Histoire d’une âme, chapitre VIII) ».
Merci cher frère Jean-Marie pour tout ce que tu nous apporté par ton exemple et par ta charité fraternelle.
Que la Vierge du Rosaire et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face intercèdent pour toi à l’heure de ton passage vers le Père !
Saint-Denis (La Réunion), le 7 janvier 2021.
________________________________________
[1] Maria-Iosephus Lagrange, O.P. sociatis curis R.P. Ceslai Lavergne eiusdem ordinis, Synopsis evangelica, textum graecum quattuor evangeliorum recensuit et iuxta ordinem chronologicum Lucae praersertim et Ioannis concinnavit. Barcinone, Apud « Editorial Alpha », 1926.
[2] Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange par le R.P.C. Lavergne O.P. ; Paris, Librairie Lecoffre. J.Gabalda et Cie, éditeurs. 1942.
[3] M.-J. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique du père Ceslas Lavergne. Préface de Jean-Michel Poffet O.P. ; présentation du Manuel Rivero O.P. Paris. Groupe Élidia, éditions Artège-Lethielleux. 2017.

 

 

6 janvier 2021
Qui étaient ces mages [venus rendre hommage au nouveau-né] ? Les anciens, en Occident surtout, ont vu en eux des prêtres de la religion des Perses. C’est le sens officiel du mot. Mais on l’employait aussi pour désigner des astronomes, un peu astrologues, car en Orient, mise à part la grande école d’astronomie d’Alexandrie, on ne se préoccupait guère des étoiles, et des planètes surtout pour pénétrer la destinée des enfants nés sous tel ou telle influence. […] Nous devons simplement nous représenter quelques hommes graves, appliqués à l’étude du ciel, désireux d’y lire l’avenir, et spécialement préoccupés de l’avènement d’un grand roi, attendu par les Juifs de ce temps.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ, Artège, 2017, p. 69-71.)

Photo : Epiphany from Conception Abbey, Missouri, USA.

 

 

5 janvier 2021
Première multiplication des pains (Marc 34-44)
Ou la bonté compatissante du Sauveur.

La prédication des Douze avait donc augmenté en Galilée l’effet produit par l’action de Jésus. Marc s’est surpassé lui-même en décrivant ce flot mis en branle avec l’alternance du flux et du reflux. Enfin l’empressement de la foule l’emporte. Comme précédemment (3, 20), les disciples ne trouvaient plus le temps de manger. Et cependant Jésus désirait leur donner du repos. C’est le texte qu’on cite volontiers aux ouvriers apostoliques quand ils éprouvent le besoin de reprendre des forces spirituelles dans la retraite. L’idée est très juste. Mais il faut admirer ici avec quelle condescendance le Sauveur, loin de disposer des faits selon son plan, se complaît à régler sa conduite selon les circonstances, c’est-à-dire selon le bien que lui propose son Père. « Déjà l’heure était avancée ; s’étant approchés de lui, ses disciples disaient « L’endroit est désert et déjà l’heure est tardive. Congédie-les, afin qu’ils aillent dans les hameaux et les bourgs des environs, et s’achètent de quoi manger. » Or il répondit et leur dit : »Donnez-leur vous-même à manger. » Les disciples s’étant informés dirent à Jésus : « Cinq pains et deux poissons. »» […]  Les groupes étaient plus ou moins nombreux selon la répartition par familles ou par clans, les chiffres de cent et de cinquante étant approximatifs. Jésus élève les yeux dans l’attitude de la prière, et l’Église, dans le Canon de la Messe, a ajouté ce geste au récit de la Cène. La bénédiction consacre la nourriture à Dieu, afin qu’il l’ait pour agréable. En comptant lui-même les pains et en partageant les poissons, le Seigneur se réserve l’action miraculeuse qui multiplie les morceaux ; ce fut bien un miracle, et des plus extraordinaires, puisqu’il y avait là cinq mille hommes.

S’il était permis de préférer parmi les choses divines, on dirait que cet immense prodige nous est spécialement précieux, et comme attestation de la bonté compatissante du Sauveur.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Marc. « Études bibliques » Lecoffre, 1935, p. 61-62)

Photo : Ambrosius Francken I (circa 1544/1545-1618), “Multiplication of the Loaves and Fish”

 

3 janvier 2021
« Toutes les nations se prosterneront devant toi » (Psaume 71/72)
Épiphanie du Seigneur

Entrés dans l’humble étable qui servait de maison, les mages virent l’Enfant, avec Marie sa mère, se prosternèrent devant lui, et ouvrant leurs sacoches de voyage offrirent les présents dont ils s’étaient munis pour le petit roi : de l’or, de l’encens et de la résine parfumée qu’on nommait la myrrhe. Plus tard on y a vu des symboles : l’encens est réservé à Dieu, l’or va au roi, la myrrhe fut employée dans la sépulture du Christ. Les bons mages avaient apporté ce que les étrangers venaient de préférence chercher dans leur pays. L’instinct de leur cœur les mit à la hauteur d’un symbolisme expressif et touchant.

(Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ, Artège, 2017, p. 71.)

Photo : L’Adoration des mages. Enluminure du missel de Jacques de Beaune (16e)

 

1er janvier 2021
Sainte Marie, Mère de Dieu

 

La Vierge Marie, la Mère du Verbe fait chair, représente le passage obligé pour entrer dans le mystère de l’Incarnation. Il est impossible de comprendre l’humanité de Jésus sans penser au rôle de sa Mère qui l’a accueilli dans son cœur et dans son corps et qui l’a donné au monde pour son salut. C’est sur ses genoux que le Fils de Dieu fait homme a appris à parler et à prier. Les paroles de Marie sont devenues les paroles de Jésus. La Parole de Jésus a fait renaître sa Mère. La Parole de Dieu révélée par Jésus, et en lui, a engendré les paroles de foi et de service de sa Mère.

(Manuel, Rivero o.p. Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire, Cerf, 2012.)

 

Cette année, le pape François invite à prendre le père adoptif du Christ, en exemple, et a pour cela décrété la célébration d’une « Année saint Joseph », jusqu’au 8 décembre 2021. « Après Marie, mère de Dieu, aucun saint n’a occupé autant de place dans le magistère pontifical que Joseph, son époux. »

150e anniversaire de la proclamation de Saint Joseph comme Patron de l’Église catholique.

Photo : Sculpture Marie et l’Enfant par Maïté Roche.
Photo : saint Joseph and Jesus, detail Fresco in the St Joseph Chapel, St Benedict’s Abbey, Atchison.

 

Méditer les Mystères Joyeux du Rosaire par fr. Manuel Rivero o.p.

Rosaire, radio Arc-en-ciel, le 28 décembre 2020
Fr. Manuel Rivero O.P.
Bonsoir, chers amis du Rosaire. Nous vivons dans la splendeur de la Gloire de Dieu qui brille sur les bergers au soir de Noël. Le Verbe s’est fait chair. La lumière de Dieu a brillé dans nos ténèbres. La nature humaine a été élevée très haut jusqu’à l’union avec Dieu par le mystère de l’Incarnation. En devenant homme, le Fils de Dieu s’est uni d’une certaine manière à tout homme. Tout homme, toute femme et tout enfant dès le sein de la mère sont une histoire sacrée.
Ce soir nous allons méditer les mystères joyeux du Rosaire de manière à accueillir dans notre cœur l’Enfant Jésus qui veut naître dans la crèche de notre âme pour grandir dans la connaissance et l’amour de Dieu.
Faisons le signe de la croix en prenant dans notre main la croix du chapelet :
Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo. Notre Père. 3 Ave Maria. Gloria.
Premier mystère joyeux : l’Annonciation
De l’Évangile selon saint Luc 1, 26s : « Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie ».
Marie a reçu une mission de la part de Dieu : devenir la mère du Messie. Avec intelligence, dans le dialogue de foi avec Dieu, Marie se consacre corps et âme à la maternité divine de Jésus, le Fils de Dieu, envoyé par le Père, le Verbe de Dieu qui prend chair en elle.
Femme juive, Marie imite la foi d’Abraham à qui Dieu avait dit : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! » (Gn 12,1-2).
Dieu appelle Marie comme il avait choisi Moïse. La vocation de Marie a des traits communs avec celle de Moïse :
« Dieu appela Moïse du milieu du buisson : « Moïse, Moïse », dit-il, et il répondit : « Me voici ». (Ex 3,4).
« Le Seigneur dit : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte. J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs ; oui, je connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre plantureuse et vaste, vers une terre qui ruisselle de lait et de miel. » (Ex 3, 7-8).
« Maintenant va, je t’envoie auprès de Pharaon, fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites. » (Ex 3,10). « Je serai avec toi » (Ex 3, 12).
Mais Jésus, le fils de Marie, ne sera pas un libérateur militaire mais le Fils de Dieu « qui sauvera son peuple de ses péchés », comme l’ange l’avait révélé à Joseph, père adoptif.
Marie a répondu à l’ange avec foi et disponibilité comme le prophète Isaïe : « J’entendis la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? « Et je dis : « Me voici, envoie-moi » (Is 6, 8).
Marie, prophète, humble servante du Seigneur, a répondu au Seigneur comme l’avait fait le jeune prophète Jérémie : « La parole du Seigneur me fut adressée en ces termes : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré ; comme prophète des nations, je t’ai établi. Et je dis : « Ah ! Seigneur, vraiment, je ne sais pas parler, car je suis un enfant ! » (Jr 1, 4-6).
Marie, comblée de grâce, Immaculée dès le sein de sa mère, annonce et donne à l’humanité le Messie.
Prions pour que ceux qui entendent dans leur cœur l’appel de Dieu répondent comme Abraham, Moïse, Isaïe, Jérémie et la Vierge Marie.
Prions pour que la vie des enfants soit respectée dès la conception dans le sein de leur mère car Dieu donne la vie, l’âme et la bénédiction aux enfants dans le sein de leur mère.
Prions pour les mamans qui ont perdu leur bébé dans la douleur et pour les bébés dont la croissance a été interrompue volontairement.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°3. Viens, Seigneur.
Deuxième mystère joyeux: la Visitation de Marie à Élisabeth
De l’Évangile selon saint Luc 1, 41s : « Il advint dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d’Esprit saint. Alors elle poussa un grand cri et dit : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! »
Élisabeth aussi est prophète. Elle dit le mystère de Dieu. Comblée d’Esprit Saint, Élisabeth se réjouit de l’arrivée de sa cousine Marie qui porte en elle le Messie, source de toute bénédiction : « Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! ».
Deux bébés communiquent alors qu’ils sont dans le sein de leurs mères. Dans le sein de Marie, l’Enfant Jésus transmet la joie messianique au bébé qui tressaille dans l’Esprit Saint, c’est-à-dire Jean le Baptiste.
La révélation biblique met en lumière la dignité sacrée des enfants, aimés et habités par Dieu.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », s’exclamait déjà Rabelais au XVIe siècle.
Tout ce qui est techniquement possible n’est pas nécessairement bon. Aujourd’hui le danger est grand d’appliquer les découvertes et les possibilités apportées par la science sans passer par la conscience.
Dès le ventre de sa mère, l’enfant a des droits. Il n’est pas une chose, un amas de cellules, mais un être humain en devenir. Si le bébé n’était pas un être humain en devenir il ne le deviendrait jamais. C’est pourquoi il mérite le respect.
L’enfant représente un don de Dieu. Il n’est pas là pour faire plaisir aux parents. Sa vie a un sens. Les parents sont au service de l’enfant ; l’enfant n’est pas au service de l’épanouissement des parents. Pour les parents, l’arrivée de l’enfant constitue une grâce et une tâche, une mission et non un objet de consommation.
Prions pour que la dignité des fœtus humains et des enfants soit respectée.
Prions pour les scientifiques et pour les politiques, députés et sénateurs. Prions pour les juristes, les philosophes et les théologiens. Ensemble, en conscience, ils ont à travailler pour le bien de l’enfant.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°7. A celui qui nous aime. Magnificat.
Troisième mystère joyeux : la naissance de Jésus à Bethléem
De l’Évangile selon saint Matthieu 2, 13s : « Après le départ des mages, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte. »
Joseph, le père adoptif de Jésus, a joué un rôle important dans la Rédemption de l’humanité. Il fait partie du mystère de l’Incarnation. Pour le Fils de Dieu, devenir homme dépasse la génétique. L’Incarnation comprend l’entrée dans l’histoire, la culture, la langue et la foi du peuple d’Israël. Joseph, par sa paternité, fait partie du don de l’humanité au Fils de Dieu.
Dieu a voulu naître dans une famille avec un père et une mère. La maternité de Marie est façonnée et enrichie par la paternité adoptive de son époux, Joseph. Jésus, enfant, a eu devant ses yeux, dans ses oreilles et surtout dans son cœur l’exemple de l’amour d’un homme et d’une femme, d’un père et d’une mère.
Des adultes et des enfants avouent souffrir de l’absence d’un père. Nombreux sont ceux qui n’ont jamais appelé un homme « papa », pour des raisons diverses : refus d’assumer la paternité, abandon du foyer et de l’enfant, décès … L’enfant dit alors que sa mère fait office de mère et de père. Il le vit comme un manque.
Des lois cherchent maintenant à officialiser l’absence du père dans la famille comme la PMA (Procréation Médicalement Assistée) ouverte à toutes les femmes en couple ou célibataires.
Une chose est de vivre avec les contraintes de l’existence humaine comme l’absence de père et une autre chose est de l’organiser officiellement. La doctrine sociale de l’Église y voit une erreur et une atteinte portée aux droits de l’’enfant à grandir avec un père et une mère.
Prions pour les pères qui ont abandonné leurs enfants et leur épouse.
Prions pour les enfants qui on éprouvé l’absence du père dans leur famille.
Prions pour que les gouvernements favorisent l’épanouissement de la famille telle que Dieu l’a voulue dans la révélation biblique.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°11. Béni le fruit divin.
Quatrième mystère joyeux : La Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et la purification de la Vierge Marie.
De l’Évangile selon saint Luc 2, 33s : « Syméon bénit le père et la mère de Jésus et il dit à sa mère : « Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël : il doit être un signe en butte à la contradiction, – et toi-même, une épée te transpercera l’âme !- afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. »
Le chrétien ne ressemble pas à un billet de 100,00 euros qui fait plaisir à tout le monde. Disciple de Jésus, le chrétien agit en signe de contradiction envers une vision matérialiste et marchande de la vie humaine.
Éclairé par l’Évangile et la doctrine sociale de l’Église, le chrétien interpelle les autorités politiques sur les décisions à prendre.
Les responsables politiques ainsi que leurs partis dépendent financièrement des groupes financiers qui les soutiennent.
Les puissances financières cherchent la rentabilité à court terme, alors que le bien commun exige des politiques à moyen et long terme. Il arrive que la dignité de la personne humaine et la terre, « notre maison commune », soient exploitées cruellement. Le propriétaire de la terre est bien Dieu ; les hommes n’en sont que gestionnaires et ils doivent en rendre des comptes.
Prions pour ceux qui souffrent persécution à cause de la défense de la foi chrétienne, des droits de l’homme et de la doctrine sociale de l’Église.
Prions afin que l’Esprit Saint réveille les consciences et encourage les chrétiens à se battre pour le respect de l’enfant, des couples et de la famille.
Prions pour que l’écologie intégrale soit promue dans l’Église et dans la société.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°13. Dans mon amour éternel.
Cinquième mystère joyeux : Jésus parmi les docteurs de la Loi au Temple de Jérusalem
De l’Évangile selon saint Luc 2, 46s : « Il advint, au bout de trois jours, que les parents trouvèrent Jésus dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. »
Nous sommes de plus en plus intellectuels et riches en informations de toute sorte. Mais sommes-nous devenus intelligents et sages ? Avons-nous le discernement de ce qu’il faut faire et de ce qu’il convient d’éviter ? Avons-nous appris à aimer ? Développons-nous nos connaissances sur le mystère de Dieu ? Avons-nous appris l’art de vivre heureux ? Sommes-nous en train de devenir meilleurs ou allons-nous à la dérive au gré des modes et des courants de pensée ?
Quand nous entendons dire « un tel est intelligent ! », il serait opportun de demander « intelligent en quoi ? » Il y en a qui sont intelligents dans le commerce ou dans la mécanique mais qui s’avèrent incapables de communiquer avec leur conjoint et d’éduquer leurs enfants. Avons-nous aussi l’intelligence de la foi ? Car la foi est connaissance et lumière.
L’épître aux Hébreux au chapitre 11, verset 1, enseigne : « La foi est la possession des biens que l’on espère et la connaissance des réalités que l’on ne voit pas ». Formule apparemment contradictoire qui montre l’entrée dans le mystère de Dieu par la grâce. Par la foi, l’Esprit Saint nous est donné et nous connaissons l’invisible par la Parole de Dieu qui fait voir dans l’âme par la lumière de l’Esprit de Jésus ressuscité.
Demandons au Seigneur Jésus l’intelligence de la foi et la sagesse qui vient de Dieu.
Rendons grâce au Père de Jésus qui nous a révélé son projet de Salut et son Amour dans le don de l’Esprit Saint !
Demandons au Seigneur de nous donner des scientifiques qui ne soient pas des scientistes, des politiques qui ne soient pas esclaves du pouvoir et de l’argent, des citoyens qui ne soient pas suivistes mais protagonistes.
Demandons au Seigneur de nous donner de bons théologiens moralistes qui puissent éclairer l’Église et l’humanité sur les choix à faire en bioéthique.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°15. Sur tes murailles.
………………………………………………………………………………………
Prions : Puisqu’en ce jour, Seigneur, les saints Innocents ont annoncé ta gloire, non point par la parole, mais par leur seule mort, fais que notre vie tout entière témoigne de la foi que notre bouche proclame. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.
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Et voici mes vœux pour 2021 !
Que nous tirions des enseignements des erreurs et des péchés de 2020 afin qu’ils deviennent de l’engrais pour 2021 !
Que le Seigneur nous accorde la santé non pas pour oublier ceux qui souffrent mais pour les servir !
Que le Seigneur développe nos missions, notre travail et nos finances non pour être possédés par nos possessions mais pour aider les faibles !
Que le Seigneur nous accorde l’amour non pour vivre l’« égoïsme à deux » mais pour le faire rayonner de manière universelle dans la lumière de l’espérance !
Remettons entre les mains de Dieu ce que nous sommes, ce que nous avons, nos projets et nos peurs, nos relations et nos souffrances.
Confions-nous à l’intercession de la Vierge Marie qui veillera sur nous chaque jour comme une Mère demeure attentive à ses enfants.
Ne dites pas « les temps sont mauvais », soyez bons et l’année 2021 sera bonne !
Belle et sainte année 2021 !
Bénédiction :
La prière de ce soir a été animée par Joëlle, Sonia, Henri à la technique et moi-même le frère Manuel, dominicain.
Introduction au Salve Regina : CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°24. Salve.
Introduction à la prière à saint Dominique : CD Monastère des Dominicaines Notre-Dame de Beaufort n°23. Tropaire à saint Dominique.
Photo : Vierge Marie. Corse.

Neuvaine de prières proposée par le Diocèse de Belley-Ars

7 décembre 2020
Une belle initiative du diocèse de Belley-Ars, diocèse de naissance du P. Lagrange. Unissons-nous tous à cette prière.
Dieu notre Père, Seigneur de l’univers et Maître de l’histoire, toujours attentif aux cris de ceux qui t’invoquent, nous nous tournons vers toi avec confiance et nous te supplions de nous libérer de cette grave épidémie comme le firent nos ancêtres dans la foi.
Prions avec le Père Marie-Joseph LAGRANGE, pour que nous ayons à cœur de mieux vivre selon la Parole de Dieu méditée chaque jour :
Toi le Dieu de bonté et de tendresse qui nous a envoyé ton Fils pour nous sauver, écoute nos prières et prends pitié de nous.
Je vous salue Marie,
Viens Esprit de Sainteté…
Notre Père.

Écho de notre page Facebook : décembre 2020

31 décembre 2020
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Lc 1, 1).

 

Ce dogme du Verbe est donc le dernier mot de l’évangile sur Jésus Christ, mais tel que saint Jean l’a compris, il rappelle un autre sens encore de l’évangile. L’Évangile n’est pas seulement un livre, car il serait ainsi l’apanage d’une catégorie savante, et il a été donné à tous. Il n’est pas seulement une doctrine, car la doctrine suppose encore des recherches et un privilège des lettrés, et il a été donné au petits et aux simples.
Il faut donc que nous le considérions tel que saint Paul l’a défini : « La vertu de Dieu pour le salut de quiconque croit. » Conçu de la sorte, l’Évangile n’est plus une réalité du passé : il est présent à toutes les générations et à tous dans chaque génération. C’est le Verbe, Parole divine, qui use de son privilège d’éternité pour adresser à tous les siècles son appel.

(Marie-Joseph Lagrange L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 674.)

Photo : Saint Jean l’Évangéliste, In principio de Jean Colombe, enlumineur (15e). Musée du Louvre.

 

30 décembre 2020
Cependant l’Enfant grandissait et se fortifiait, se remplissant de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui (Lc 2, 40).

Jésus était donc rentré à Nazareth avec Marie, sous la conduite prudente de Joseph.
[…] Jésus eut en lui, comme en d’autres, quelque chose de l’influence de sa Mère. Sa grâce, sa finesse exquise, sa douceur indulgente n’appartiennent qu’à lui.

Mais c’est bien là que se distinguent ceux qui ont senti souvent leur cœur comme détrempé par la tendresse maternelle, leur esprit affiné par les causeries avec la femme vénérée et tendrement aimée qui se plaisait à les initier aux nuances les plus délicates de la vie.
Et si Joseph a appris à son fils adoptif l’art de raboter des planches, ne s’est-il pas offert à lui comme le modèle de l’ouvrier consciencieux, du plus pieux des Israélites ? Nous n’entendrons plus parler de Joseph dans l’Évangile. Il ne devait pas avoir de part à la prédication, étant le grand silencieux », contemplateur du mystère. Il était mort quand commença à annoncer le règne de Dieu celui que les gens de Nazareth nommaient : « Le fils de Marie ».

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017.)

Photo : Atelier de Joseph, charpentier, avec Jésus enfant et Marie par Modesto Faustini (1886-90) Sanctuaire de la Santa Casa (Loreto), intérieur.

 

29 décembre 2020
Les observances légales ou Présentation de Jésus au Temple : Jésus lumière des nations. (Luc 2, 22-35).

« Le Sauveur promis et annoncé à Israël, né dans Israël, devait se présenter comme l’héritier de la promesse faite à Abraham sanctionnée par l’institution religieuse de la circoncision. La Loi de Moïse avait conservé ce rite. Les parents de Jésus, sa mère et son père adoptif, n’ayant reçu du ciel aucune autre instruction, ne pouvaient que se conformer à cette loi, en pieux Israélites. Jésus fut donc circoncis le huitième jour, et on lui donné le nom de Jésus, indiqué par l’ange à Marie et à Joseph. […] Siméon prenant l’enfant dans ses bras, ce véritable héritier d’Isaïe salue celui qui répandra le salut sur tous les peuples, étant la lumière des nations, sans cesser d’être la gloire d’Israël. Mais cette lumière ne percera pas toutes les ténèbres. […] et parce que l’enfant paraissait endormi dans la passivité de son âge, c’est au cœur de sa Mère qu’il adresse le trait douloureux de sa prophétie : « Voici qu’il est place pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël, et pour être en butte à la contradiction, et ton âme sera transpercée d’un glaive ». Première douleur profonde de la Mère, frappée la première en attendant d’être associée à la Passion de son Fils.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration : Présentation de Jésus au Temple (détail) Fresque de Fra Angelico (1440-1441). Couvent St-Marc-Florence.

 

29 décembre 2020
Fête de La Sainte Famille, modèle de tout foyer chrétien

 

 

Un héritage de famille
La tradition chrétienne parvient à Albert Lagrange par héritage de famille.
« Vous avez reçu un solide esprit de foi dans votre famille, dont le cardinal de Reims me faisait l’éloge il y a quelques jours. » Ainsi s’adressait, en 1907, le [bienheureux] P. Cormier, maître de l’ordre des Prêcheurs, au P. Lagrange. (Cité par B. Montagnes, Exégèse et obéissance. Correspondance Cormier-Lagrange (1904-1916) et dans Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique.)

Illustration : La Sainte Famille à l’agneau par Raphaël (1507) Musée du Prado.

 

 

28 décembre 2020
Les Saints Innocents

[…] Un ange du Seigneur vint donc prévenir Joseph, toujours dans son sommeil. Il lui ordonnait de fuir en Égypte avec l’enfant et sa mère, car Hérode allait chercher à faire périr l’enfant. Joseph obéit aussitôt.

[…] Hérode pensait-il encore aux mages ? On lui rappelle qu’ils ne revenaient pas ; il s’informa, apprit qu’ils avaient disparu sans tenir compte de ses ordres. Ainsi il avait été joué par ces naïfs contemplateurs de planètes ! Il entra dans une de ces fureurs qui ont rendu son nom exécrable, qui faisaient dire à Auguste que mieux valait être le porc d’Hérode que son fils ; car il ne mangeait pas de porc et faisait périr ses propres enfants. Son testament contenait des clauses barbares, afin que l’on fût bien obligés de pleurer à sa mort. Il n’est pas rare qu’une terreur superstitieuse succède à l’incrédulité. Le meurtre d’une vingtaine d’enfants comptait peu pour assurer la tranquillité de son trône contre une tentative effrontée. Ne pouvant atteindre les mages, il se vengea sur les compétiteurs désignés par eux et fit massacrer les enfants nouveau-nés à Bethléem et sur son territoire. Pour faire bonne mesure, on remonta jusqu’à deux ans en arrière.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration : Les Saints Innocents par William Charles Thomas Dobson (19e)

 

26 décembre 2020
Saint Étienne, premier martyr, saint patron des diacres, saint patron de la Basilique St-Étienne et de l’École biblique et archéologique de Jérusalem

Chargé par les apôtres du soin des pauvres et des veuves, le diacre Étienne ne devait pas tarder à prendre dans l’esprit du peuple de Jérusalem une place qui le mît en vue, aux yeux des ennemis du Christ, comme à ceux de ses fidèles. Objet de suspicion, puis de haine pour les scribes et les pharisiens, il fut bientôt appelé au tribunal des Princes et des Prêtres, accusé d’impiété et mis en demeure de défendre sa tête. Peu soucieux de sa vie, mais empressé à glorifier son Maître, il le montra, dans la lumière des prophéties, promis au peuple d’Israël comme l’unique rédempteur auquel il fallait croire pour être sauvé dans le temps et dans l’éternité.

Un arrêt de mort punit son courage. Traîné hors de la ville par la populace dont Saul excitait la rage, il fut lapidé à quelques pas de la porte de Damas, et mourut en pardonnant à ses bourreaux, les yeux au ciel, où il voyait Jésus dans la gloire de son Père.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., Saint Étienne et son sanctuaire à Jérusalem – Introduction du P. Marie-Joseph Ollivier o.p., extrait.)

[…] l’évidence [archéologique] traditionnelle fixe la basilique d’Eudocie au lieu du martyre de saint Étienne. La cause est donc jugée de toutes manières : c’est bien le sanctuaire de la lapidation de saint Étienne que la Providence a rendu à des mains catholiques et qu’il s’agit de relever. […] Ce n’est donc pas sans une sage disposition de la Providence qu’une école biblique a été fondée au lieu du martyre de saint Étienne. Il ne suffisait pas du culte religieux à ce confesseur de la foi. Ceux qui sont chargés de l’honorer par la prière publique doivent aussi hériter de son amour pour la vérité, et de son zèle à la prêcher sans crainte.

Or, nous l’avons vu, Étienne parlant à des Juifs puisait tous ses arguments dans l’Écriture sainte dont l’Esprit Saint lui avait connaître le sens divin. […] En inaugurant les études scripturaires, théologiques, historique à l’emplacement de l’ancien monastère d’Eudocie, les dominicains ne font d’ailleurs que reprendre la tradition de son premier abbé, Gabrielos, merveilleusement doué pour les études, qui parlait le grec, le syriaque et le latin. […] L’Écriture sainte a Dieu pour auteur, mais il a plu à Dieu de se servir pour l’écrire d’instruments humains ; la pensée divine avant d’arriver à l’homme a dû, par conséquent, passer par l’esprit et par le cœur d’autres hommes.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., Saint Étienne et son sanctuaire à Jérusalem, extraits, éd. Picard, 1894).

Illustration : Saint Étienne (auteur inconnu)
Statue de saint Étienne dans la cour du cloître de la Basilique et de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.

 

 

25 décembre 2020

 

Joyeuse fête de la Nativité !
La Vierge Marie et l’Enfant Jésus, le Prince de la Paix, vénérés, en la Basilique St-Pierre de Rome, par le pape François. Comme nous l’avons vu lors de la célébration de ce 24 décembre.
Nous pouvons, nous aussi, prier devant cette belle œuvre de Sassoferrato (Giovanni Battista Salvi), (Madonna col Bambino), ca. 1650. (NDLR)

Illustration La Madone et l’Enfant par Sassoferrato (Giovanni BattistaSalvi).ca 1650.

 

 

 

 

25 décembre 2020 : Sainte Fête de la Nativité du Seigneur à tous !
« Aujourd’hui dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ! » (Lc 2, 11)

L’ange dit [aux bergers] : « Ne craignez point ! » Car il venait lui aussi annoncer la bonne nouvelle. L’évangile est donc bien un message du ciel à la terre […] Ils trouveront un enfant dans une mangeoire, non pas abandonné dans sa nudité comme cet étrange berceau le donnerait à croire, mais enveloppé de langes. Et comme si le ciel s’associait à cette joie, une troupe nombreuse de l’armée céleste apparut encore, louant ce Dieu d’Israël qui avait voulu être nommé Iahvé des armées d’En-Haut, et qui allait être reconnu pour l’unique Dieu du monde :

 

« Gloire à Dieu dans les hauteurs,
Et paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté ! »

(Marie-Joseph Lagrange avec la synopse évangélique, p. 64, Artège, 2017.)

Illustration : Gloria in excelsis Deo (détail) par D. Ghirlandaio (15e).
L’Adoration des bergers (détail) par Georges de la Tour (1643).

 

24 décembre 2020

 

De Nazareth à Bethléem pour le recensement de tout l’empire romain ordonné par l’empereur Auguste. (Lc 2, 1-3)

Marie et Joseph, désormais inséparables, furent amenés à prendre le chemin de Bethléem. C’est là que Jésus devait naître d’après les prophéties. […] Joseph devait donc, comme descendant de David, se rendre à Bethléem. […] Joseph et Marie s’engagèrent donc sur la route qui de Nazareth conduisait à Jérusalem, puis à Bethléem, distance longue à parcourir dans la situation de Marie. (Marie-Joseph Lagrange o.p. Extraits de l’Évangile de Jésus Christ, Artège, 2017.)

Illustration : Marie et Joseph sur la route de Bethléem (auteur inconnu).

 

23 décembre 2020
« Que sera donc cet enfant ? » Et en effet, la main du Seigneur était sur lui (Lc 1,66)

 

« Jean est son nom. » Le cas était jugé et sans réplique. Avec cet acte de foi et d’obéissance, sa langue fut déliée, et il parla, bénissant le Seigneur avec plus de sentiment encore que les autres. Enfin son silence était rompu ! Que de questions sur son mutisme, sur cette vision qu’il avait eue dans le Temple, sur ce qu’elle avait fait pressentir de cet enfant du miracle ! La curiosité, satisfaite pour le passé, se faisait plus vive pour l’avenir, mais avec un accent d’espérance : Que sera donc cet enfant, sur lequel s’étendait si visible la main de Dieu ?

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ p. 52-53, Artège, 2017.)

Illustration : Fra Angelico (1453) – Zacharie privé de paroles écrit « Jean est nom »

 

 

22 décembre 2020
Magnificat

Ce qui est propre au « Magnificat », c’est que cette fois les expressions ne sont pas trop fortes pour dire ce qui s’est opéré en Marie, et qu’elles paraissent à peine suffisantes pour exprimer l’humilité de celle qui glorifie le Seigneur. […] Tout est donc en situation dans le « Magnificat » même dans cette part indispensable d’honneur rendu aux attributs du Seigneur ; ce n’est point l’enthousiasme d’un disciple de Jésus, écrivant à la lumière de ses miracles et de sa résurrection, mais la joie discrète d’une fille de David, d’une fille d’Abraham, remontant le cours des âges pour y rencontrer la promesse, et qui la sait accomplie en elle, rayonnante déjà de l’auréole promise à son front de mère par l’acclamation suppliante de toutes les générations. Et, en effet, toutes les générations accomplissent cette prophétie en la saluant Mère de Dieu.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration : Vierge Marie, un détail de Fra Angelico (15e)

 

21 décembre 2020
Heureuse celle qui a cru que s’accomplirait ce qui a été dit de la part du Seigneur (Lc 1, 45)

Marie put arriver le quatrième jour après avoir quitté Nazareth, et entrant dans cette maison amie elle rencontra Élisabeth. La première, elle la salua avec la cordialité d’une parente, la déférence d’une jeune fille pour une femme âgée, une grâce souriante indiquant qu’elle n’ignorait rien. Alors s’opéra ce qu’avait annoncé l’ange à Zacharie, que son fils serait rempli de l’Esprit Saint avant sa naissance : l’enfant tressaillit dans le sein d’Élisabeth. C’était comme un pressentiment obscur de l’approche de Celui dont il devait annoncer la venue parmi les hommes. Sa mère, elle aussi, fut rempli de l’Esprit de Dieu et pleinement éclairée sur la dignité de la Mère du Messie. Elle l’a salua donc à son tour en s’écriant dans un transport sacré : « Vous êtes bénie parmi les femmes, et le fruit de votre sein est béni ! Et d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Dès que le son de votre salutation est arrivé à mes oreilles, l’enfant a tressailli dans mon sein. Bienheureuse celle qui a cru que s’accomplirait ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur. »

(Extraits de L’Évangile de Jésus Christ par Marie-Joseph Lagrange o.p., p.50-51, Artège, 2017.)

Illustration : La Visitation par Giotto di Bondone (1306), détail, Chapelle Scrovegni, Padoue (Italie).

 

20 décembre 2020 – 4e Dimanche de l’Avent 
« Il sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35).

Cette foi, c’est la pleine lumière, celle du moins que projette dans la raison un mystère qui la surpasse. L’enfant qui doit naître n’aura d’autre Père que Dieu. Certes ce n’est pas l’opération divine dans le sein de Marie qui en fera ce qu’il est déjà, le Fils de Dieu. Sa génération reste éternelle, et le Messie n’aura pas d’autre personnalité que Lui. Mais cette opération donnant naissance à une nature humaine sans autre action humaine, on peut dire qu’elle sera la cause de la sainteté hors pair de l’enfant, et la raison pour laquelle on lui donnera un titre auquel il a droit éternellement, celui de Fils de Dieu. […] Le salut du genre humain commençait. Cette bonne nouvelle fut aussitôt connue au ciel. Elle allait se répandre peu à peu sur la terre. (M.-J. Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique), p. 45-49, Artège, 2017).

Illustration : Madonna del Parto de la Pieve de Montefiesole, Pontassieve (Italie). Antonio di Francesco da Venezia (14e).

 

19 décembre 2020
« Ne crains pas ! » (Lc 1, 13)

L’ange lui dit: « Ne crains pas ! », parole que Jésus prononcera souvent, car désormais le message de Dieu n’est point une menace : c’est la bonne nouvelle.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration Apparition de l’ange à Zacharie (William Blake-1799-1800)

 

 

18 décembre 2020
Se mettre à l’écoute du Seigneur

Voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, disant : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme, car ce qui est conçu en elle est l’ouvrage de l’Esprit Saint (Mt 1, 20).

Comme Luc, Matthieu a conscience de l’élévation de ces âmes choisies. Tandis que les Apôtres seront si longtemps sans comprendre le vrai rôle du Messie, Joseph est averti, comme Zacharie, qu’il sera le Libérateur du péché. Puis, selon sa coutume, dont nous avons ici le premier exemple, l’évangéliste fait allusion à la prophétie de l’Emmanuel dans Isaïe, la plus claire sur l’enfant-Dieu : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous ». […] Réveillé de son sommeil, digne par sa confiance des confidences de Marie, Joseph prit sa femme chez lui, et, quand elle eut un fils, il lui donna son nom de Jésus. C’est donc lui qui introduisit Jésus dans le monde comme descendant de David. (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, p. 57-58, Artège, 2017.)

Illustration : Le songe de Joseph par López Portaña, Vicente en 1791-1792, (Valencia, 1772-Madrid, 1850). Musée national du Prado, Madrid.

 

17 décembre 2020
La généalogie de Jésus (Mt 1, 1-17) (Lc 3, 23-38) suivant la synopse évangélique

Joseph en effet descendait de David. Saint Luc et saint Matthieu sont d’accord sur ce point, qui ne semble pas avoir été contesté du vivant du Sauveur. On ne pouvait le saluer Messie sans le croire fils de David. Il l’était par Joseph, que tout le monde regardait comme son père.

Saint Matthieu a fourni dès le début de son évangile son livret de généalogie. Jésus étant l’objet de la promesse faite à Abraham, il convenait de remonter à ce père des autres patriarches, Isaac et Jacob. […] Il eût été plus intéressant à nos yeux de connaître la lignée de Marie, qui seule a transmis à Jésus le sang de David, et nous n’avons aucun élément pour la reconstruire. Dans la pensée de saint Luc, la descendance davidique intéressait surtout les Juifs. Et comme Jésus est le Sauveur du monde et non seulement le Messie des Juifs, il a voulu remonter plus haut que David, jusqu’au père du genre humain, Adam, qui fut de Dieu, non point comme fils, mais comme sa créature. De cette façon Jésus est dans l’humanité un nouveau point de départ qui correspond à celle de la création.
(Marie-Joseph Lagrange o.p., Extraits de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration :
Painting from the Cathedral at Limburg showing the genealogy of Our Lady and Our Lord, also known as the Tree of Jesse. Spring Grove PA USA

 

15 décembre 2020
La parabole des deux fils (Mt 21, 28-32)

La doctrine de Jésus, tout en étant conforme aux fondements de la Loi, pouvait bien dérouter les chefs ; mais ils n’avaient pas à reprocher à Jean une innovation quelconque. Il ne prêchait que la pénitence, thème classique. Et vous ne l’avez pas cru ! C’est précisément le grief que craignaient les chefs […] Ces pécheurs, types de ceux qui disent non et après se convertissent, sont bien ceux qui font la volonté du Père. Pourquoi donc, en les voyant les chefs ne les ont-ils pas imités ? Ils sont convaincus par les faits de n’avoir pas reconnu l’autorité de Jean, et (par leur aveu) d’être plus éloignés du royaume de Dieu que les personnes qu’ils méprisent. L’argument suppose que la prédication de Jean et celle de Jésus ont le même terme ; c’était la doctrine du Sauveur. (Extrait de Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Matthieu, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 412-413).

Illustration Les deux fils, Mt 21, 28-32 par A.N. Mironov, 2012.

14 décembre 2020

Saint Jean de la Croix, carme, mystique espagnol (1542-1591).

Par le Journal spirituel du père Lagrange on connaît la grande dévotion du père Lagrange pour sainte Thérèse d’Avila, laquelle aidée par saint Jean de la Croix réforma le Carmel.

Dans ce même Journal spirituel, le père Lagrange écrit : 18 octobre 1928 – Premier jour de la retraite prêchée par le R.P. Petitot sur la doctrine de S. Jean de la Croix – 28 octobre 1928 – Fin de la retraite sur S. Jean de la Croix […] La bonne résolution est d’être fidèle à une méditation de 10h10 à 11h40… et à une lecture spirituelle, le soir. « Ayez pitié de nous, Bon Jésus. Ô Dame Sainte Marie… Dieu, confirmez ce que vous avez opéré en nous. »

Illustration : Saint Jean de la Croix. Portrait attribué à Zurbaràn.

 

 

13 décembre 2020
Gaudete : Dimanche de la joie : « Chercher la lumière »

L’expérience de la vie porte à conclure que le monde n’est pas ordonné pour la vie présente, à moins de nier la Providence. C’est un monde détraqué, qui suit son cours, au milieu duquel Dieu opère des actes surnaturels, sans qu’ils servent à rétablir suffisamment l’ordre : tout commence ici-bas, mais tout finit ailleurs. Cette situation ne satisfait pas notre esprit, mais elle est conforme à l’enseignement de la foi, et dès lors il ne faut plus s’appuyer que sur la foi, rester dans son obscurité mystérieuse, faire taire les raisonnements humains, tout ce qui peut être un objet de scandale, à suivre son sens propre. Cela n’empêche pas de chercher la lumière, mais il la faut chercher le plus possible directement en Dieu, soit dans la Création, soit dans l’Écriture, soit dans les vérités que l’Église nous enseigne. (M.-J. Lagrange. Journal spirituel, 12 septembre 1894, Cerf, 2014).

Illustration : Dans la lumière de l’Esprit Saint

11 décembre 2020
Qui marche à ta suite, Seigneur, aura la lumière de vie (Ps 1)

La volonté qui aime Dieu est libre parce qu’elle s’agrandit : dès lors les objets bornés ne l’égalent plus. (Ils ne l’égalent jamais absolument, mais ils peuvent l’absorber presque tout entière). – Dieu.

Que de fois j’ai désiré trouver un homme éclairé de la lumière de Dieu, qui m’indiquât ses voies : la Sainte Vierge me l’a donné et m’a montré par des signes non douteux que je devais l’écouter comme son serviteur et son représentant. Il faut donc le faire.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, Cerf, 2014)
Illustration : Youngsung Kim

 

10 décembre 2020
Messe-anniversaire du départ au Ciel du père Marie-Joseph Lagrange o.p.
En ce temps de l’Avent, nous marchons vers Bethléem.

Et, comme le 10 de chaque mois, nous nous retrouvons en union de prières avec fr. Manuel Rivero o.p. Confions nos intentions de prières à l’intercession de la Vierge Marie et du père Lagrange o.p. pour la prochaine béatification de ce grand ami de Dieu.

Une intention fervente spéciale pour frère Hugues-François Rovarino o.p. Directeur général du pèlerinage du Rosaire toujours hospitalisé et dont la convalescence sera longue.

Ô Marie, sauvez votre enfant ! (P. Lagrange, dans son Journal spirituel)

 

 

 

8 décembre 2020
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie
Prière du P. Lagrange à la Très douce Reine Immaculée

« Très douce Reine Immaculée, la fête de votre Grâce a été le point de départ de ma vocation et, l’année dernière, les marques d’un grand changement en moi : vous m’avez donné un peu goût de la prière et des inspirations si bonnes que je me serais sanctifié si je les avais suivies. Aujourd’hui, je me retrouve avec d’inénarrables misères, un orgueil effrayant : mais j’ai confiance en vous. Ces deux mois de noviciat profès, je les regarde comme une époque de tâtonnements ; maintenant je vais commencer avec votre grâce à servir votre Fils Jésus. Donnez-moi de l’aimer uniquement, plus que mon âme : je serai un fils si respectueux et si aimant pour vous si vous me rendez semblable à Jésus. Partout je glorifierai, j’exalterai votre glorieux privilège, j’inviterai les pécheurs à recourir à votre miséricorde ; je sais bien, moi, que vous les aimez. Ô ma Souveraine, puissé-je mourir pour votre honneur ; que votre nom soit gravé dans mon cœur ; je me donne à vous aujourd’hui encore et à jamais. »

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, 7 décembre 1880, Cerf, 2014, p. 112.)

Photo : Solennité de L’Immaculée Conception, Ordo Praedicatorum.

 

7 décembre 2020
Une belle initiative du diocèse de Belley-Ars, diocèse de naissance du père Marie-Josep Lagrange o.p.
Nous nous unissons tous à cette prière.

Dieu notre Père, Seigneur de l’univers et Maître de l’histoire, toujours attentif aux cris de ceux qui t’invoquent, nous nous tournons vers toi avec confiance et nous te supplions de nous libérer de cette grave épidémie comme le firent nos ancêtres dans la foi.

Prions avec le Père Marie-Joseph LAGRANGE, pour que nous ayons à cœur de mieux vivre selon la Parole de Dieu méditée chaque jour :

Toi le Dieu de bonté et de tendresse qui nous a envoyé ton Fils pour nous sauver, écoute nos prières et prends pitié de nous.

Je vous salue Marie,

Viens Esprit de Sainteté…

Notre Père.

https://catholique-belley-ars.fr/…/neuvaine-a…

 

 

 

7 décembre 2020
La guérison du paralytique (Lc 5, 24-25)

« Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a autorité sur la terre pour remettre les péchés, Jésus s’adressa à celui qui était paralysé : « Je te le dit, lève-toi ! et, prenant ta couchette, va dans ta maison ! » »

Aussitôt l’homme se lève et emporte son grabat. Tous éclatent en transports et bénissent Dieu, car il ne vient pas à la pensée que le dépositaire d’un pouvoir aussi extraordinaire ait blasphémé. L’inouï de cette rémission des péchés est couvert par un miracle facile à constater, l’état du malade étant désespéré pour que ses amis aient eu recours à ce stratagème. La foule est surtout sensible à l’éclat extérieur du miracle.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017, p. 150-151).

Illustration : Guérison du paralytique par Jan Sanders van Hemessen (1495-1580) Art Institute Chicago.

 

5 décembre 2020

Dans son Journal spirituel, le père Lagrange note à la date du 5 décembre 1880 :

 

Lever de nuit (1) « Tout ce qui est fait n’est rien, j’ai besoin, ô mon Dieu, d’une grâce d’humilité plus grande que toutes les grâces que vous m’avez faites : ayez pitié de mon misérable orgueil, daignez me rendre humble. Très douce Marie, accordez-moi cette grâce le jour de la fête de la Grâce, Immaculée ! »
(1) Office de nuit, rétabli à Salamanque, ce jour-là jusqu’au jeudi 9 décembre.
(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 111.)

Illustration : Par opposition au dogme de l’Immaculée Conception (Nouvelle cathédrale de Salamanque), cette représentation de l’Immaculée Conception (17e) fut profanée en 1864.

3 décembre 2020
Le père Lagrange, missionnaire.
Le père Lagrange invoque souvent le patron des missions, saint François-Xavier, patron de sa confirmation , dans son cœur è cœur avec Dieu. Il accomplit sa mission d’exégète en missionnaire.
Le fondateur de l’Ecole biblique de Jérusalem, au cours de la retraite de 1893, note dans son Journal spirituel , à la date du 13 août : « Je vous rends grâce d’avoir réalisé les aspirations de ma jeunesse à la vie missionnaire, hors de ma patrie. »
Fr. Manuel Rivero O.P.
Fête de saint François-Xavier, patron du diocèse de La Réunion.
En ce 3 décembre, l’Église catholique célèbre saint François-Xavier , jésuite, patron des missions avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et patron du diocèse de La Réunion.
Né en Navarre en Espagne en 1506, François-Xavier fait ses études à Paris où il rencontre saint Ignace de Loyola avec qui il fondera la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre à Venise en Italie, François-Xavier sera envoyé par Ignace aux Indes pour remplacer un autre jésuite prévu pour cette mission mais qui était tombé malade. Saint François-Xavier était poussé vers l’Asie dans un grand élan de générosité et de foi. Parti de Lisbonne, il sillonna les océans dont l’océan Indien pour rejoindre Goa (Inde), Singapour et le Japon. Son rêve était de parvenir en Chine mais il mourra sur l’île de Sancian aux portes du continent chinois le 3 décembre 1552. Il avait 46 ans.

Convoqué par le pape Paul III dans le cadre de la réforme protestante, le concile de Trente (1545-1563) engendra un grand mouvement missionnaire dont la Compagnie de Jésus fait partie.

Aussi bien sur les bateaux au cours des traversées en mer qu’à terre lors de ses missions pour lesquelles il avait été nommé Nonce apostolique, saint François-Xavier consacre ses journées aux soins des malades et à l’annonce de l’Évangile en accordant la grâce du baptême à des dizaines de milliers de personnes. Les enfants lui réclament des prières car la foi grandit avec la prière et par la foi ils recevaient la vie de Dieu dans leur âme.
Il contemple les merveilles que Dieu réalise par la catéchèse et les sacrements. Il n’hésite pas à interpeller les étudiants en théologie de l’université de Paris qui investissent leur temps dans les belles lettres tandis que des centaines de milliers de personnes ignorent en Asie le mystère du Salut.
Saint François-Xavier était fasciné par la rencontre avec les cultures et les religions orientales. Pour communiquer au cours des missions, il faisait appel aux interprètes. Il parlait le basque, l’espagnol, le français et le portugais ; il ânonnait le tamoul, le malais et le japonais.

Quand j’étais lycéen au pays basque espagnol, j’ai eu la grâce de participer à une route spirituelle sur les pas de saint François-Xavier, en marchant depuis Pampelune en Espagne jusqu’au château de Xavier, ancienne propriété que la mère de saint François-Xavier, Maria de Azpilicueta, avait apportée en dot à son mariage. C’était un 3 décembre. Ce pèlerinage avait lieu dans la nuit. Il faisait tellement froid que nous avions mis des papiers journaux sur nos visages pour nous réchauffer. Mais la joie habitait nos cœurs !

Saint François-Xavier a été canonisé en même temps que saint Ignace de Loyola et sainte Thérèse d’Avila en 1622 par le pape Grégoire XV. Ce fut une grande fête populaire.
Dans l’église du Gesù à Rome se trouve dans un reliquaire le bras droit de saint François-Xavier qui a baptisé tant et tant de personnes. Dans cette même église jésuite sont vénérées les reliques du fondateur, saint Ignace de Loyola. Plus récemment, les restes du père Pedro Arrupe, ancien Général de la Compagnie de Jésus, missionnaire au Japon, y ont pris place pour honorer son élan missionnaire. Le pape François, jésuite lui-même, exhorte les catholiques à vivre « en sortie », à la rencontre des autres.
Puisse l’intercession de saint François-Xavier attirer la bénédiction divine sur La Réunion !
Fr. Manuel Rivero O.P.
Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).

3 décembre 2020
Bâtir sur le roc (Mt 7, 24-27)

Le père Lagrange nous dit : Il faut agir. Mais agir pour faire la volonté du Père : « Ce n’est pas quiconque me dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon Père. » Depuis que cette parole a été dite, les penseurs chrétiens ont sondé la valeur des actions morales et les conditions de la perfection chrétienne. De plus en plus leur enseignement se résume en ce point que toute la perfection consiste à s’unir à la volonté de Dieu, à l’accomplir selon ses forces, ou du moins à s’y abandonner. Une seule parole de Jésus faisait déjà toute la lumière. (Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017, p. 177.)

Illustration de Thomas lettering Co.

 

 

 

2 décembre 2020
La compassion de Jésus (Mt 15, 29-37)

Dans son commentaire de cette parabole, le père Lagrange écrit : « Il se passa alors ce qu’on pouvait attendre de la bonté de Jésus. Toute cette foule était là depuis trois jours ; on amenait sans cesse de nouveaux malades ; avec les guérisons la masse augmentait. Ce spectacle inouï faisait tout oublier. Après avoir récompensé leur foi par ces miracles, Jésus eut pitié d’eux-mêmes, qui n’avaient rien à manger, et ne voulu pas les renvoyer à jeun, car quelques-uns étaient venus de loin et ils étaient exposés à défaillir en route. On était alors dans les chaleurs de l’été, si lourdes dans cette cuvette basse entourée de montagnes. Cette foi les Apôtres avaient une petite provision de sept pains, à peine suffisante pour eux, et quelques poissons fournis par la pêche. Jésus prit les pains et, rendant grâces, il les rompit et les fit distribuer par ses disciples. Il fit de même pour les poissons. Quatre mille hommes furent ainsi rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles des morceaux qui étaient restés. » (L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017, p. 275.)

Illustration : Milagro de los panes y los peces de Juan de Espinal-Ayuntamiento de Sevilla-1750.

 

1er décembre 2020

Dans la lumière de l’Esprit Saint, il revient à chacun de discerner en Jésus la présence du Messie révélé et d’orienter son existence par rapport à lui : « on tombe ou on se relève, selon qu’on prend parti pour lui » (M.-J. Lagrange, Évangile selon saint Luc, p. 87).

Jésus deviendra cause – signe – de salut ou de catastrophe selon l’attitude prise à son égard. Le père Lagrange met l’accent sur la connaissance du Christ plutôt que sur la morale. C’est par le discernement de la vérité révélée en Jésus que l’homme parvient au salut par la foi. D’où la nécessité d’annoncer par la prédication la manifestation de Jésus Messie.

Illustration : The Virgin of the Holy Spirit (Peruvian, Cuzco School, Late 17e)

Private Collection, Madrid, since ca. 1940.
This visionary depiction of the Virgin Mary with attendant saints and angels is a superb example of the art of the Cuzco School. The arrival of the Spanish bishop Manuel de Mollinedo y Angulo in Cuzco in the early 1670’s led to the emergence of a distinctive regional school of painting in the Peruvian city—one that combined traditional European iconography with the artistic techniques and stylistic predilections of the local populace.  The Bishop was a great patron and promoter of the arts, particularly of religious paintings, and painter’s workshops abounded in the city in the seventeenth and into the eighteenth centuries. Like so many paintings of the period, the Virgin of the Holy Spirit is a stylized and decorative treatment of the subject, one consonant with the ornamental preferences of the arts in the city, yet with a legibility permitting the communication of its religious content to the viewer.

The Virgin is here depicted in the center of the composition, floating before a brilliant blue sky, and dressed in a lavish, gold-trimmed red garment and blue mantle. Her halo is inscribed “Per Maria Cum Maria Et In Maria” (For Maria, With Maria, and In Maria), and the vignette in the lower center contains a version of Psalm 103 intended to be recited as a prayer for the intercession of the Virgin: “Interiora B[eata] Virginis/ Benedict anima mea Domin[o]/ et omnia Interiora mea/ Nomine Sancto eius” (Praise the Lord, O my soul: and all that is within me praise his holy Name). The Virgin is the central focus of the painting and the object both of the viewer’s devotion and that of the cast of holy figures that surround her. In the upper center, God the Father looks down upon her, blessing her. He is accompanied by two archangels—Michael on his left and Gabriel, the annunciate angel, on his right. On either side of the Virgin float two putti that hold banderoles inscribed “Ave” and “Maria.” In the lower register, Saint Dominic, the Christ child, and Saint Francis look up at her.

The iconographic type of our painting appears to be unique in Colonial Painting.  Here the Virgin Mary is shown with the Holy Spirit descending upon her from heaven, represented by the white dove represented just above her folded hands. While most paintings of the period follow established iconographic models, no known prototype of this image, either in painted or print form, is known.
© 2020 Robert Simon Fine Art, Inc.