Écho de notre Page Facebook : juillet 2025

10 juillet 2025

Jour-anniversaire du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange des Frères Prêcheurs.

 

 

« Sa fidélité s’enracinait dans la prière. Sa prière était « feu ».

Ci-contre : la Prière pour obtenir des grâces par l’intercession du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, o.p. et sur le site : www.mj-lagrange.org

Les personnes qui reçoivent des grâces par l’intercession du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, o.p., sont priées de le faire connaître auprès du vice-postulateur Manuel Rivero, o.p. – Dominicains – 22 avenue de la Victoire 97400 – Saint Denis de La Réunion.

 

 

 

06 juillet 2025

Épître de S. Paul aux Galates (6, 17-18)

« Désormais que personne ne me cause d’ennuis car je porte sur mon corps les marques de Jésus.

La grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit, frères, Amen ! »

Le P. Lagrange nous apporte une lumière sur ces deux phrases :

Ce souhait sera-t-il réalisé par la docilité des Galates ? Quoi qu’il en soit, Paul ne supporterait pas que désormais on lui cherche chicane, ou, littéralement, on lui cause des ennuis. […] Qu’on ne dise plus qu’il n’est pas le vrai serviteur le vrai serviteur de Jésus Christ ; il porte sur son corps les marques de sa dépendance et de sa fidélité. [en grec) Des marques, souvent de véritables tatouages ou des brûlures, usitées dès les temps préhistoriques, plus tard lettres ou signes, qui exprimaient l’appartenance d’un esclave à son maître, d’un soldat à l’armée, d’un dévot à son dieu ou à sa déesse. Ce dernier usage n’était point distinct des autres, du moins chez les anciens ; on marquait les esclaves d’un temple comme les autres. [en grec] C’est comme esclave de Jésus Christ que Paul allègue les marques qu’il a reçues, c’est-à-dire les mauvais traitements qui ont laissé des traces dans sa chair, et qui prouvent qu’il est bien le serviteur du Christ (2 Cor 11, 23 ss.). Ces marques qu’un esclave cachait soigneusement, l’Apôtre les « porte » comme des trophées. […] Il suffirait de dire que refuser de reconnaître l’autorité de Paul, serait manquer d’égard à un serviteur du Christ, et rejeter le message du Christ lui-même. On sait depuis que la grâce accordée à S. François d’Assise, le mot de stigmates a pris dans l’Église un sens nouveau.

Salut final : Paul ne termine pas par une menace, mais par un souhait affectueux. […] Il ne s’adresse pas seulement à une élite spirituelle ; tous les chrétiens ont reçu l’Esprit qui leur donne comme une seconde nature plus divine. […] Ce souhait termine bien une épître où la vie de l’esprit joue un si grand rôle, comme étant le caractère du christianisme, en opposition avec des observances charnelles.

(Épître aux Galates par le P. Marie-Joseph Lagrange des frères prêcheurs. Lecoffre-Gabalda. 1926, col. Études bibliques. PP. 166-168.)

Paroles prononcées par le P. Benoit à l’occasion de l’inhumation des restes du P. Marie-Joseph Lagrange

Le P. Lagrange, un bon ouvrier de la Parole de Dieu,

Grand serviteur de notre Mère l’Église

C’est ainsi que le décrit le père Pierre Benoit, O.P. (1906-1987), Directeur de l’École biblique de Jérusalem de 1964 à 1972, dans les paroles prononcées, le 13 novembre 1967, à l’occasion de l’inhumation de ses restes, à Jérusalem. Un homme d’un grand zèle apostolique, de sa foi aussi forte et profonde qu’intelligente et éclairée, de son humilité et de son obéissance. Plus qu’intelligent et savant : il fut doux et humble de cœur.

Basilique Saint-Étienne (Jérusalem), le 13 novembre 1967

Cette basilique consacrée au premier martyr chrétien est pleine du souvenir du P. Lagrange. Il a suivi de

P. Pierre Benoit o.p.

près les fouilles de l’ancienne église du V° siècle et l’édification de l’église nouvelle. Il a dédié le premier de ses nombreux livres à l’histoire de Saint- Étienne et de son sanctuaire. Durant près de cinquante ans il y a prié, venant entre deux travaux reposer son âme, réchauffer son cœur, éclairer son esprit auprès du Maître qui y réside. Les plus anciens d’entre nous se souviennent de l’avoir vu, au terme de chaque matinée, se recueillir ici dans un grand silence, au pied du tabernacle et de Marie.

Son grand âge et ses maladies l’ont obligé à retourner en France et il est mort là-bas, dans le couvent de Saint-Maximin où il avait pris l’habit des Prêcheurs et vécu ses premières années de vie religieuse. Durant près de trente ans il a dormi dans le petit cimetière à l’ombre de la vieille basilique rendue à l’Ordre par le P. Lacordaire. Cependant ses vieux compagnons de lutte reposaient presque tous à Saint-Étienne : le P. Mathieu Lecomte, fondateur du couvent, et les autres Pères de la première équipe, puis les disciples du P. Lagrange, les PP. Vincent, Savignac, Abel, jusqu’aux humbles Frères qui ont contribué à établir cette maison. Les fils de la seconde génération regrettaient que le P. Lagrange ne reposât pas lui aussi parmi eux, auprès de tous ces chers anciens dont il a été le chef et l’inspirateur.

Les circonstances étant devenues favorables, ils ont pu enfin réaliser leur désir. Avec l’Assistance empressée et généreuse du Gouvernement français, l’exhumation et le transfert se sont accomplis au mois d’avril dernier. Le cours des événements a déjoué ce dessein et nous avons remis la cérémonie au début de la nouvelle année scolaire. C’est ce qui nous réunit ce matin, en un groupe intime et familial d’amis, de disciples, et de disciples des disciples en présence du représentant de la France, qui a tant aidé le P. Lagrange dans son œuvre comme aussi elle a toujours trouvé en lui un fils aimant et dévoué.

Cette inhumation au centre du chœur de notre basilique veut être d’abord un geste de piété filiale, un hommage à la mémoire du vénéré Fondateur de l’École biblique, un moyen de garder son souvenir bien vivant.

Sans doute ces pauvres ossements ne sont pas grand-chose, ces ossements qui ont été retrouvés enlacés dans les racines d’un cèdre. Sans doute le P. Lagrange est-il tout autre chose et présent d’une tout autre façon. Présent auprès de Dieu, dans l’union au Christ, nous en avons la confiance ; présent dons nos cœurs qui l’aiment et l’admirent ; présent par ses écrits et par son œuvre dans tant d’esprits qu’il a aidés à voir clair et à garder la foi.

Mais nous sommes des êtres sensibles et notre pensée a besoin d’appuis matériels. La présence de ses restes mortels, sous une dalle dont l’inscription évoque ce qu’il a été et ce qu’il a fait, rappellera sans cesse son souvenir vivant à ses jeunes frères qui prieront dans cette église, aux étudiants qui fréquenteront son École, aux visiteurs et aux pèlerins de Saint-Étienne qui aimeront associer à la mémoire du premier martyr celle d’un autre témoin de la foi.

Car ce vivant souvenir du P. Lagrange doit être riche d’enseignements pour ses fils, et le souci de mieux imiter ses exemples est une autre raison de cette inhumation qui va concrétiser davantage sa présence parmi nous.

Je ne puis tenter ici un panégyrique en règle de ses vertus. Ce n’est ni possible ni nécessaire. Au fait, n’avons-nous pas à présent dans les mains ces souvenirs qui viennent d’être publiés et qui nous découvrent de façon si émouvante les ressorts secrets de son âme et de sa vie ?

Laissez-moi seulement évoquer rapidement trois traits qui me paraissent particulièrement saillants et que je souhaiterais voir gravés en nos mémoires comme le fruit précieux de cette cérémonie.

D’abord son zèle apostolique. On est frappé, en contemplant sa vie et en relisant ses souvenirs, par ce souci qui inspire toutes ses démarches de servir Dieu en travaillant au salut de ses frères. C’est pour cela qu’il a sollicité le sacerdoce et revêtu la livrée de saint Dominique. Rien chez lui d’un dilettante ni d’un pur savant qui veut satisfaire sa soif de connaître. S’il étudie, s’il enseigne, c’est uniquement au service de la Vérité, selon la devise de son Ordre, et de cette Vérité telle qu’elle nous est révélée par Dieu lui-même, dans cette Parole des Saintes Écritures qui a été la passion de toute sa vie. S’il a tant aimé cette Parole et tant écrit sur elle, ce fut avant tout et toujours pour aider les hommes à l’entendre et à trouver Dieu.

Cette Vérité, il l’a recherchée et communiquée avec une foi aussi forte et profonde qu’intelligente et éclairée. C’est le deuxième trait que je veux évoquer. Chacun sait quelle intelligence déliée et critique fut la sienne. Il suffisait de le rencontrer, et maintenant encore il suffit de le lire, pour s’en rendre compte aussitôt. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que cette raison exigeante, affamée de garantie scientifique, de rigueur dans la connaissance, s’est toujours alliée chez lui à une foi ardente, forte et simple qui guidait toutes les démarches de sa pensée. S’il a réussi mieux que d’autres à renouveler l’exégèse catholique par l’usage de la méthode historique sans ruiner les vérités de la doctrine mais en les fortifiant au contraire de toutes manières, c’est qu’il n’a jamais admis le divorce fatal de la raison et de la foi. Toujours les efforts de sa recherche critique ont été guidés et assurés par cet abandon à la Parole et à l’Esprit, qui seul procure la vraie lumière.

Il n’a pu le faire que parce qu’il a été humble et obéissant. C’est le troisième trait que je veux souligner Je ne pense pas seulement à cette humilité devant ses frères, même bien inférieurs, qui rendait son commerce si agréable, ni seulement à cette obéissance à l’égard de ses supérieurs qui le maintenant comme un enfant docile entre leurs mains. Je pense à cette humilité de l’esprit et à cette obéissance intérieure qui lui a donné de se soumettre sincèrement et pleinement au magistère de l’Église et de supporter sans se plaindre tant de faux soupçons dont sa bonne foi a été l’objet. Chacun sait les durs combats qu’il a dû mener. S’il a triomphé des oppositions mal fondées et s’il a toujours suivi les directives de l’Église, sans rien abdiquer certes de la vérité telle qu’il la voyait, mais en cherchant seulement à la mieux voir, c’est qu’il fut plus qu’intelligent et savant : il fut doux et humble de cœur.

Telles sont les grandes leçons qu’il nous laisse. Tels sont les exemples que nous aurons à cœur de suivre. Groupés dans la prière autour de son tombeau, assurés qu’il est encore parmi nous et prie avec nous, nous prierons avec lui, pour que Dieu nous accorde, à nous ses modestes disciples, à tous nos confrères dans le champ des Saintes Écritures, à tous les fils de l’Église, de surmonter comme il l’a fait les crises de la foi, qui sévissent encore de nos jours, et de travailler comme lui honnêtement, lucidement, courageusement, humblement, au service e la Parole. Il a dit de lui sur son mémento mortuaire : « fils de l’Église qu’il aurait voulu servir ».

Cher Père Lagrange, vous avez réellement bien servi notre Mère l’Église, et votre Mère l’Église l’a officiellement reconnu, obtenez-nous par vos prières de la servir, à notre tour, pour la gloire de Dieu le Père dans la lumière du Fils et la puissance de l’Esprit. Amen.

 

Écho de notre Page Facebook : juin 2025

24 juin 2025

Nativité de saint Jean Baptiste (saint Luc 1, 57-66.80)

Marie-Joseph Lagrange, O.P. Extrait de L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique, Artège, 2017. P. 52-58.

Lc 1. 57 Quant à Élisabeth, le temps fut révolu où elle devait accoucher, et elle enfanta un fils. 58 Et ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait signalé sa miséricorde envers elle, et ils se réjouissaient avec elle.

59 Et puis le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils l’appelaient du nom de son père Zacharie. 60 Et sa mère, ayant pris la parole, dit : « Non, mais il s’appellera Jean. » 61 Et ils lui dirent : « Il n’est personne dans ta parenté qui s’appelle de ce nom. » 62 Alors ils faisaient des signes à son père [pour savoir] comment il voulait qu’il s’appelât. 63 Et ayant demandé une petite tablette, il écrivit pour dire : « Jean est son nom. » Et tous de s’étonner. 64 Or aussitôt sa bouche s’ouvrit, et sa langue, et il parlait, bénissant Dieu.

65 Et tous leurs voisins furent saisis de crainte ; et dans toute la montagne de Judée, toutes ces choses étaient l’objet des entretiens. 66 Et tous ceux qui en avaient entendu parler y prenaient garde en leur cœur, en se disant : « Que sera donc cet enfant ? »

Et, en effet, la main du Seigneur était avec lui.

Le temps révolu, Élisabeth eut un fils. La nouvelle se répandit d’autant plus rapidement qu’elle était demeurée plus longtemps cachée dans une maison isolée, la présence de Marie dispensant Élisabeth de sortir pour pourvoir aux nécessités de sa maison. Ce fut une joie générale parmi les parents et les amis. Le huitième jour, on vint pour circoncire l’enfant. C’était le jour fixé par la Loi, et si formellement que les rabbins autorisaient ce léger travail même le jour du sabbat. Par la circoncision un enfant entrait dans la communauté spirituelle d’Israël, il contractait avec Dieu une sorte d’alliance, il était déjà initié à son culte. Aussi était-ce le moment de lui donner un nom, d’autant que le plus souvent le nom exprimait une louange à Dieu ou reconnaissait ses bienfaits, même dans l’humble événement d’une naissance. Il est assez étrange que les voisins, s’accordant voix au chapitre, aient proposé le nom de Zacharie, car on donnait plus volontiers à un fils le nom de son grand-père que celui de son père, pour éviter les quiproquos. Mais Zacharie étant très âgé, on se disait sans doute que la confusion ne serait pas longtemps à craindre. On agissait d’autant plus librement que, le principal intéressé étant muet, on ne songeait pas à prendre son avis. Mais Élisabeth intervint. Elle avait son droit comme mère. Dans l’antiquité patriarcale, c’étaient même Rachel et Lia, aussi les autres femmes de Jacob, qui avaient assigné des noms à leurs enfants. Élisabeth déclara nettement que l’enfant s’appellerait Jean. Les commères n’en voulaient pas démordre : Personne ne porte ce nom dans ta famille ! Enfin on s’avisa, avec force gestes, comme s’il était sourd, de consulter le père. Ce prêtre savait écrire, et peut-être avait-il ainsi renseigné Élisabeth. Il demanda une de ces tablettes en bois recouvertes de cire où l’on écrivait avec un poinçon. Il y mit seulement : Jean est son nom. Le cas était jugé et sans réplique. Après cet acte de foi et d’obéissance, sa langue fut déliée, et il parla, bénissant Dieu avec plus de sentiment encore que les autres.

Enfin son silence était rompu ! Que de questions sur son mutisme, sur cette vision qu’il avait eue dans le Temple, sur ce qu’elle avait fait pressentir de cet enfant du miracle ! La curiosité, satisfaite pour le passé, se faisait plus vive pour l’avenir, mais avec un accent d’espérance : Que sera donc cet enfant, sur lequel s’étendait si visible la main du Seigneur ?

67 Et Zacharie son père fut rempli de l’Esprit Saint, et prophétisa, disant :

I

68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,

parce qu’il est venu parmi nous, qu’Il a opéré la délivrance de son peuple,

69 Et qu’Il nous a suscité une corne de salut,

dans la Maison de David, son serviteur.

70 Comme Il l’avait dit par la bouche

de ses saints prophètes d’antan :

71 Pour nous sauver de nos ennemis,

et de la main de tous ceux qui nous haïssent,

72 Faire miséricorde à nos pères,

et se souvenir de sa sainte alliance,

73 Du serment qu’Il a juré

à Abraham, notre père,

Afin de nous permettre, 74 exempts de crainte,

délivrés des mains de nos ennemis,

De le servir 75 en sainteté et justice,

en sa présence, durant tous nos jours.

II

76 Et toi-même, petit enfant,

tu seras nommé prophète du Très-Haut ;

Car tu marcheras devant la face du Seigneur,

pour préparer ses voies,

77 Afin de donner la connaissance du salut à son peuple,

en la rémission de leurs péchés,

78 Ensuite de la miséricorde du cœur de notre Dieu,

qui l’amènera parmi nous, Astre levé d’en haut,

79 Pour éclairer ceux qui sont assis

dans les ténèbres et l’ombre de la mort,

Afin de mettre nos pieds dans le bon chemin,

sur la voie de la paix. »

80 Or l’enfant croissait et se fortifiait en esprit, et il était dans les déserts

jusqu’au jour de sa manifestation à Israël

Zacharie exprima toute cette joie et ces aspirations dans un cantique, et c’est le Benedictus que les clercs récitent chaque jour à l’office de Laudes, au moment où l’aurore apparaît. L’heureux père a été mis au courant des espérances de Marie. Sa présence, à elle seule, était pour lui une lumière qui a grandi avec la naissance de Jean, avec les confidences ravies d’Élisabeth. Aussi, entrant dans l’esprit qui sera celui de son fils, dans l’esprit d’Élisabeth inclinant son bonheur devant la dignité plus haute de Marie, il ne pense d’abord qu’à ce salut déjà commencé dans la maison de David, selon la promesse faite aux anciens prophètes, selon l’alliance et le serment juré à Abraham. Comme tous les enfants d’Israël, il escompte leur délivrance des ennemis qui les haïssent, mais pour lui ce repos ne sera que la condition la meilleure pour servir Dieu dans la justice et la sainteté.

C’est seulement après avoir ainsi béni Dieu de la venue du Fils de Marie en s’unissant à ses pensées, que Zacharie s’adresse enfin à ce petit enfant qui lui a été donné et qui sera le Prophète du Très-Haut, bien plus, qui préparera ses voies. Les voies de Dieu ce sont les voies du Messie, Jean devant précéder celui qui à la fois sera l’envoyé de Dieu, et agira comme Dieu lui-même. Désormais l’espérance de la délivrance politique s’efface dans une lumière nouvelle, comme si les vrais ennemis n’étaient autres que les offenses à Dieu. Ce sera le ministère de Jean d’annoncer le salut par la rémission des péchés, en suite de la miséricorde du Cœur de Dieu, qui fera apparaître parmi les hommes un astre levé dans les hauteurs. Les hommes, même au pays d’Israël, sont assis dans des ténèbres épaisses, attendant la lumière du jour pour se mettre en marche. Le Messie leur indiquera le bon chemin, celui de la paix, où ils trouveront le salut.

Ainsi le cantique se termine comme il avait commencé : le Fils de David apparaît sous les traits d’un être divin, dont Jean ne sera que le précurseur.

En attendant qu’il fût manifesté à Israël, l’enfant croissait, et la force de l’Esprit s’emparait de lui de plus en plus. Elle le poussa au désert pour le préparer à sa mission.

Ces quelques mots de saint Luc ne suffisent pas à ceux qui aimeraient associer des influences humaines à cette action de l’Esprit. On a imaginé que, dans son adolescence, Jean avait été initié aux doctrines et aux pratiques de ces exilés volontaires, vivant cependant en communautés sur les bords de la mer Morte, les Esséniens.

Sans rompre avec le judaïsme, ils avaient été touchés par la contagion de la pensée grecque. L’antique doctrine de Pythagore semblait revivre. Prêchant avec force la supériorité de l’âme sur le corps, de l’esprit sur la matière, les Esséniens regardaient la mort comme la délivrance de l’âme et ne se souciaient pas d’occasionner la chute des âmes dans des corps en engendrant des enfants.

Jean aurait été formé à cette discipline de l’esprit, à cet ascétisme et à des purifications incessantes[1]. Mais toute la vie du Baptiste, nous le verrons, proteste contre cette intrusion d’une philosophie étrangère. L’Esprit qui l’animait était celui de la Loi, quoique son rôle, celui du dernier des prophètes, ait été d’orienter les âmes vers un plus grand que lui.

18 juin 2025

Un exégète en quête de Dieu

Ce que l’on peut appeler le Journal spirituel du Père Lagrange permet de découvrir comment celui qui fonda l’École biblique a vécu son métier d’exégète catholique de la Bible et comment lui, dont la méthode historique allait à contre-courant de l’interprétation alors usuelle des Écritures sacrées, a fait face aux directives imposées en ce domaine par Rome.

Dès le départ de sa vie religieuse, durant le noviciat à Saint-Maximin en 1878-1880, alors que se manifestait déjà son goût passionné pour la Bible, tandis que rien ne semblait encore le destiner à une carrière scientifique d’exégète, le Père Lagrange se révèle, dans quelques notations, en quête de la sagesse divine, celle qui porte un nom propre, Jésus, celle à laquelle conduit la Mère de Dieu :

Daignez, ô Mère de la Sagesse, instruire vos enfants : votre conversation n’a pas d’amertume, votre discipline est douce, vos leçons forment l’esprit et le cœur (17.11.79).

Sainte Mère de Dieu, Marie Immaculée, daignez me donner la Sagesse, votre Fils Jésus : la Sagesse d’où procède l’amour ; mais préservez-moi de la science qui enfle (21.11.79).

Le maître est à l’intérieur ; que de fois n’ai-je pas reconnu la supériorité de ce qu’il enseigne sur ce qu’on apprend, et encore [sur] ce qu’on voit dans les livres. C’est lui qui l’enseigne : il faut l’écouter, il ne faut pas désespérer d’avance d’entendre sa voix ; la science qu’il donne est sûre, profonde, savoureuse, c’est la Sagesse. Ô bon Jésus, ô ma Mère Immaculée (18.1.80).

Ô mon Jésus, ma Sagesse, ne me quittez pas… Donnez-moi, ô Marie, votre Fils, la Sagesse, ut mecum sit et mecum laboret [Sg 9, 10 : « afin qu’elle soit et qu’elle travaille avec moi »] (15.9.80).

Ferveur de novice, dira-t-on. Soit, – encore qu’elle n’émane pas d’un adolescent exalté mais d’un homme de vingt-cinq ans, mûr comme on l’était jadis à cet âge. Elle n’a cependant rien d’éphémère puisque, une quarantaine d’années plus tard, on en retrouve l’écho dans une résolution de retraite :

L’espoir de recevoir de Marie le lait de la sagesse divine, de la connaissance de Jésus, vaut bien que je renonce à la lecture des romans. J’y renonce. Vanum est vobis ante lucem surgere [Ps 126, 2 : « c’est en vain que vous vous levez avant le jour »] (26.9.21).

Voir  : https://www.mj-lagrange.org/?p=4280

 

15 juin 2025

Solennité de la Trinité (Jean 16, 12-15)

Il y a le haut, il y a le bas

Il y a la droite, il y a la gauche.

Il y a le ciel, il y a la terre.

Un bout du monde, et l’autre bout du monde.

De haut en bas,
et de bas en haut,
la Croix unit les hommes à Dieu.

D’un bout du monde à l’autre bout du monde,
la Croix unit les hommes entre eux.

Quand je fais sur moi le signe de la Croix,
c’est tout(e) entier(e) que je me présente devant toi.

((https://catechese.catholique.fr/outils/conference-contribution/301015-signe-de-croix-gestuation/)

 

Le rôle du Saint Esprit. Le retour prochain, la foi des disciples

L’Esprit ayant été promis pour assister les Apôtres, et aussi pour les consoler du départ du Christ, l’Église a entendu son nom de Paraclet, littéralement Assistant ou Défenseur, dans le sens voisin de Consolateur. Il est surtout Assistant pour l’autorité ecclésiastique enseignante, et surtout Consolateur de tous comme l’hôte très suave de chaque âme.

Tout ce que Jésus venait de dire avait sa portée dans la perspective indéfinie entre son départ et le moment de la réunion dans l’éternité. Cependant un bonheur plus prochain était réservé aux Apôtres, sur lequel il voulut insister pour les soutenir dans l’épreuve toujours instante : « Encore un peu, et vous ne me voyez plus, et derechef encore un peu et vous me verrez. »

Cette annonce de la résurrection n’était pas nouvelle. Cependant, elle ne fut pas comprise des Apôtres qui ne savaient comment concilier : « encore un peu », avec le terme du voyage vers le Père, qui apparaissait lointain. Ils disaient donc : « Qu’entend-il par encore un peu ? Nous ne savons pas ce qu’il veut dire. » Il voulait surtout soutenir leur foi. La trahison, le procès, le crucifiement, les sarcasmes satisfaits des Juifs, allaient les submerger dans la tristesse. Mais il en était de ces douleurs comme de celles de la femme qui enfante, suivies d’une grande joie. Jésus reviendra vers ses disciples, ils le verront, le cœur dilaté. Il les entretiendra du Père ouvertement.

Puis de nouveau les temps s’étendent sans limite, le jour de la joie se prolonge et vient le jour de la prière au nom de Jésus qui trouve accès auprès du Père, sans que désormais il ait à intervenir, parce que son Père aime ceux qui ont cru en son Fils. C’est bien maintenant la séparation définitive – sur cette terre – qu’il faut envisager. Toute la carrière humaine de Jésus se résume en ces mots : « Je suis sorti du Père, et je suis venu dans le monde ; je quitte le monde et je vais vers le Père. »

Cette parole était si nette – l’arrière-plan invisible lui-même paraissant illuminé par la clarté des termes –, que les disciples crurent avoir compris. Ne prenant pas garde que leur Maître avait remis à plus tard plus de lumière, constatant seulement que sa déclaration n’était mêlée d’aucune comparaison ou parabole, ils essayent de prouver qu’ils voient clair en répétant ce dont ils étaient certains : « Nous croyons que vous êtes sorti de Dieu. » Leur bonne volonté était entière, mais leur courage allait fléchir. Jésus les en avertit[2] : « Vous serez dispersés chacun chez soi, et vous me laisserez seul. » Mais il n’est jamais seul, étant toujours avec le Père, et ainsi il est sûr de la victoire, il la tient déjà. Le dernier mot est d’avoir confiance en lui quoi qu’il en coûte.

(Extrait d’un commentaire du père Lagrange dans l’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017. P.564.)

10 juin 2025 Jour-Anniversaire de la naissance au ciel du P. Lagrange

Le P. Lagrange, un bon ouvrier de la Parole de Dieu,

Grand serviteur de notre Mère l’Église

C’est ainsi que le décrit le père Pierre Benoit, O.P. (1906-1987), Directeur de l’École biblique de

P. Pierre Benoit o.p.

Jérusalem de 1964 à 1972, dans les paroles prononcées, le 13 novembre 1967, à l’occasion de l’inhumation de ses restes, à Jérusalem. Un homme d’un grand zèle apostolique, de sa foi aussi forte et profonde qu’intelligente et éclairée, de son humilité et de son obéissance. Plus qu’intelligent et savant : il fut doux et humble de cœur.

Texte entier : https://www.mj-lagrange.org/?p=16148

8 juin 2025

Solennité de la Pentecôte

L’Esprit Saint, le grand ami (Jean 14, 1-27)

Comme un ami, chargé par ses amis de leur procurer un logement au terme de l’étape, part en avant, ainsi Jésus se rend dans la maison de son Père, où il y a beaucoup de demeures ; il le sait, puisqu’il va leur préparer des places. Puis il reviendra et les ramènera pour être avec eux. Et cependant il faut qu’ils sachent le chemin. Thomas hésite ; il entend tout cela d’un départ ordinaire : où donc exactement se rend Jésus ? Et si l’on ignore où, comment connaître la voie ? – La voie, il venait de le leur dire, c’était la foi en lui, qui est la voie, puisque c’est par lui qu’on connaît le Père. Et puisque ce chemin est une voie de l’intelligence, on le suit en appréhendant la vérité, et il est la vérité. Et cette vérité est la vie de l’âme, toujours en lui, car il est la vie. Ses disciples l’ont vu, ils ont donc déjà vu le Père.

Ils l’ont vu, mais dans l’obscurité de la foi qui leur dit que le Fils est le même que le Père. Philippe souhaiterait davantage : « Seigneur montrez-nous le Père, et cela nous suffit. » Mais la vision parfaite est réservée à l’éternité. Philippe doit se contenter de croire, ce que dans le dernier entretien de la Dédicace, Jésus avait déjà révélé aux Juifs, et qu’il énonce maintenant plus clairement : « Ne crois-tu pas que je suis en le Père et que le Père est en moi ? » Cette parole étonnante, et où les Juifs réprouvaient un blasphème, est aussi l’affirmation du Père demeurant en Jésus. Car si la meilleure raison de croire est sa parole, du moins ne peut-on récuser le témoignage des œuvres, des miracles qui sont en lui l’œuvre du Père.

Cette foi, dans les disciples, ne doit point être inactive. Des fidèles ne doivent point se troubler ; bien plus, ils devront agir, et leur Maître leur donnera les secours nécessaires ; c’est la seconde exhortation.

Leur meilleure ressource sera la prière, toujours exaucée, parce que les disciples prieront le Père au nom de Jésus, et telle est l’unité du Père et du Fils, que le Fils fera ce qu’ils demanderont, l’ordre étant désormais que le Père soit glorifié dans le Fils. Et celui qui aura la foi, armé de cette prière, fera les mêmes œuvres que Jésus, et même de plus grandes. En effet, il n’est pas sorti du pays d’Israël, et il les envoie pour convertir les gentils.

Pour cette œuvre l’amour de Dieu aussi est nécessaire, l’amour qui garde les commandements. La foi seule ne serait pas un appel suffisant au don que la prière de Jésus obtiendra du Père, celui du Paraclet, défenseur, protecteur, grand ami, qui n’est autre que l’esprit de vérité. Celui-ci assistera les disciples dans leurs voies comme la lumière, en chassant les ténèbres paralysantes, rend la confiance de marcher et d’agir. Mais cette lumière est intérieure. Le monde n’en reçoit pas le bienfait, parce qu’il regarde au dehors, où l’on ne saurait la percevoir ; les disciples en jouiront, parce qu’ils la trouveront au-dedans d’eux-mêmes.

Jésus lui-même viendra à eux. Le monde ne le verra pas, sa vie étant une vie spirituelle, mais les disciples vivant de la même vie le verront, et ils connaîtront le secret de cette union qui les rattache au Père : Jésus en eux, eux en lui, et lui en son Père.

(Extraits de L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique. Artège 2017, pp. 553-556, par Marie-Joseph Lagrange O.P.)

 

5 juin 2025

Qu’ils deviennent parfaitement un (Jean 17, 26)

Que pèsent à l’encontre de ce vœu de Jésus les amours-propres blessées, les orgueils récalcitrants, causes ordinaires des schismes, les préjugés héréditaires, ou même certains scrupules de faux nationalisme qui les perpétuent ? Mais qui ne voit que cette union s’élève bien au-dessus d’un vague sentiment de solidarité humaine ou chrétienne, et que c’est une unité dans la foi ? Seigneur Jésus, que votre prière soit exaucée !

C’est à ceux qui ont gardé l’unité que Jésus promet enfin d’être encore unis à lui dans la gloire que le Père lui a donnée par son décret éternel.

Sûr d’avoir accompli sa mission, Jésus fait maintenant appel à la justice du Père. Il la continuera d’une façon plus secrète, afin, dit-il à son Père, « que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ».

Extrait d’un commentaire du P. Marie-Joseph Lagrange dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 568.

Écho de notre Page Facebook : mai 2025

22 mai 2025

« Demeurez dans mon amour pour que votre joie soit parfaite »

Évangile selon saint Jean (15, 9-11)

9 Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez en mon amour. 10 Si vous observez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, de même que moi j’ai observé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. 11 Je vous ai dit cela, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit entière.

Le père Lagrange commente :

(9) Qu’était-ce que demeurer en Jésus ? C’était demeurer dans son amour, dans l’amour dont il aime ses disciples comme le Père l’a aimé. Cet amour du Père pour ses Fils a toujours été exprimé jusqu’ici par le présent ; il le sera par l’aroiste. Dans notre verset il ne s’entend pas de l’amour du Père pour le Fils quand il l’engendre pour l’éternité, puisqu’il va être question de l’obéissance du Fils, mais de l’amour du Père. D’une semblable manière Jésus aimé ses disciples avant de les choisir. Ils n’ont qu’à demeurer dans cette charité qui est la sienne et non la leur, comme on le verra mieux au v. suivant. D’ailleurs « demeurer » se comprend mieux de la charité qui a été la première (Jean 4, 10 ss).

(10) L’amour de Jésus se modèle en quelque sorte sur celui du Père : la fidélité des disciples à demeurer sous cet influx divin devra se modeler sur le Fils : comme il a observé les commandements de son Père, ils devront observer les siens. On voit bien que la charité du Père pour le Fils obéit en tant qu’homme. Cyrille (appelé Constantin le Philosophe, né vers 827 ou 828 à Thessalonique et mort le 14 février 869 à Rome, et son frère Méthode, évêque de Sirmium né entre 815 et 820 à Thessalonique et mort le 6 avril 885 en Grande-Moravie, sont connus comme « les Apôtres des Slaves », c’est-à-dire ceux qui ont évangélisé les peuples slaves de l’Europe centrale. On leur attribue la conception de l’alphabet glagolitique) toujours préoccupé de maintenir dans le Christ l’unité du sujet agissant fait commencer sa docilité avant même l’Incarnation, dans le désir d’accomplir les desseins de son Père, qu’il regarde comme des commandements. Il va sans dire que cette obéissance est continuelle et provoque un nouvel amour du Père (Jn 10, 17).

(11) Le Christ aime comme il est aimé ; ses disciples obéiront comme il obéit ; à cette condition ils demeureront dans l’amour comme lui. Pourquoi cette confidence ? Pour les faire aussi participer à sa joie. C’est pour cela qu’il a dit ces choses des vv. 9 et 10, car rien ne cause autant de joie que d’être aimé, et ils savent désormais qu’ils sont aimés. L’analogie arrive ici à son terme, et l’intimité aussi, car c’est la propre joie du Christ, heureux de l’amour de son Père, qui sera dans ses disciples, de sorte que la joie dont ils sont capables sera à son comble. La joie dilate ; le cœur éprouve un sentiment de plénitude dans le bonheur.

Extrait de l’Évangile selon saint Jean, col. Études bibliques, éd. Lecoffre-Gabalda, 6e édition, 1936.

10 mai 2025

Amis de l’association des amis du père Lagrange

Vous le savez, le rayonnement de la vie et de l’œuvre du père Lagrange traverse les frontières et rejoint les cinq continents.

Comme annoncé, le 10 de chaque mois, Fr. Manuel Rivero o.p., vice-postulateur et président de l’association, célèbre la messe, pour vous, et pour la cause de béatification du père Marie-Joseph Lagrange. Que cette cause soit enfin publiquement reconnue après la reconnaissance d’un miracle.

 

 

 

 

8 mai 2025

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 mai 2025

« C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel » (Jean 6,32).

Le commentaire du P. Lagrange dans l’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 252.

Pour en venir là, il ne suffisait pas d’alléguer un miracle inférieur en somme à ce qu’avait fait Moïse, en donnant au peuple un pain venu du ciel. Les pains d’orge n’étaient pas venus du ciel ! Ils n’étaient pas venus du ciel des nuées, comme la manne. Mais il importait peu, en vérité. Le vrai pain du Ciel est celui qui sort d’auprès de Dieu et par conséquent celui qui est envoyé par Dieu. Moïse n’a pas juridiction dans cette sphère ; c’est le Père seul, le Père de Jésus, qui peut donner la vie au monde en lui donnant ce pain.

La pensée a franchi un degré. Le Fils de l’homme donnait le pain, c’est-à-dire la doctrine ; il est maintenant l’élément vital. La Loi avait déjà été comparée au pain, à l’arbre de vie : cette comparaison allait de soi. L’autre est plus difficile à entendre.

Écho de notre page Facebook : avril 2025

29 avril 2025

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380). Tertiaire dominicaine. Mystique ardente et militante de la sainteté de l’Église. Docteur de l’Église. Sainte patronne de Rome et de l’Italie. Sainte patronne de l’Europe.

Le P. Lagrange note dans son Journal spirituel, Cerf. 2014.

Chercher partout la divinité de N.S.

Prière de Ste Catherine pour les peines de l’esprit :

« Mon Seigneur, je reconnais que je suis indigne de la paix et

du repos d’esprit dont jouissent vos autres serviteurs ;

conservez-moi seulement une bonne et sainte volonté,

afin que je ne vous offense jamais. »

Prière, recueillement, fidélité à la grâce dans les détails.

 

22 avril 2025

Le pape François, fils spirituel du père Pedro Arrupe S.J. (+1991) et ami spirituel du père Marie-Joseph Lagrange O.P. (+1938)

Le Pape François a suivi les traces de son maître spirituel, le père Pedro Arrupe S.J. Le père Arrupe exerça avec amour son ministère d’aumônier de prison aux Etats-Unis notamment auprès de la population hispanique. Le pape François a privilégié ses visites évangéliques dans les prisons non seulement en Argentine mais en Italie et dans le reste du monde lors de ses voyages pontificaux.

Le père Pedro Arrupe, médecin de formation, exerça son apostolat au Japon. Jeune jésuite, le pape François exprima son désir de partir missionnaire au Japon mais ses supérieurs l’en dissuadèrent à cause de ses problèmes de santé.

Devenu supérieur général de la Compagnie de Jésus, le père Pedro Arrupe donna une forte impulsion au Service des réfugiés. En bon disciple, le pape François a toujours plaidé pour le respect de la dignité des réfugiés et pour l’accueil des immigrés.

C’est le père Arrupe qui a nommé le pape François maître des novices et provincial pendant son itinéraire jésuite en Argentine.

Nous comprenons sans peine l’attachement du pape François à la cause de béatification en cours du père Pedro Arrupe S.J.

Par ailleurs, le pape François connaissait et il estimait le père dominicain, Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem en 1890. Apprenant les souffrances et les dangers pour la santé de son ami, le frère Timothy Radcliffe O.P., ancien Maître de l’Ordre des prêcheurs, le pape François confia à la prière du père Lagrange l’opération chirurgicale grave qu’il devait subir.

Prophètes, le père Lagrange et le père Arrupe ont occupé une place de choix dans le cœur du Pape François. Par la miséricorde divine, il les a rejoints maintenant au Ciel.

Fr. Manuel Rivero O.P.

Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange O.P.

Saint-Denis/La Réunion, le 22 avril 2025.

 

20 avril 2025

Dimanche de Pâques

Christ est ressuscité ! Alleluia !

Saint Pierre et saint Jean au Saint Sépulcre

« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »

Jn 20. Pierre sortit donc et aussi l’autre disciple. Et ils se rendaient au tombeau. Or tous deux couraient ensemble. Et l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Et se penchant il voit les bandelettes gisantes ; cependant, il n’entra pas. Arrive donc aussi Simon-Pierre, qui le suivait. Il entra dans le tombeau. Il contemple les bandelettes gisantes et le suaire qui était sur sa tête, non pas gisant avec les bandelettes mais roulé séparément dans un endroit. Alors donc l’autre disciple entra aussi, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Et il vit. Et il crut. – Car, ils ne comprenaient pas encore par l’Écriture qu’il devait ressusciter des morts.

Pierre et [Jean] étaient probablement ensemble lorsque Marie de Magdala leur avait porté la fatale nouvelle de l’enlèvement du corps. Ils partirent aussitôt. Très affectés, tous deux couraient. Jean, plus jeune, courut plus vite que Pierre et arriva donc le premier. Cependant il n’entra pas sûrement par égard pour son compagnon. Il se pencha seulement et vit au-delà de la petite antichambre les bandelettes gisantes. Pierre qui le suivait entra résolument jusque dans le tombeau. Il vit lui aussi et plus nettement les bandelettes, ce qui prouvait bien qu’on n’avait pas enlevé le corps, car on l’eût pris tel quel. Et, fait plus étonnant encore, le linge qu’on avait placé sur la tête n’était pas mêlé aux bandelettes en désordre ; il était roulé seul à part. L’autre disciple entra et vit la même chose. Tous deux gardèrent le silence, saisis et recueillis, et n’échangèrent pas leurs impressions. Saint Jean dit seulement que dès lors il crut que Jésus était ressuscité, et ce fut sûrement aussi la conviction de Pierre. Jusqu’à ce moment ils n’avaient pas compris d’après l’Écriture que le Christ devait ressusciter. Il l’avait cependant annoncé lui-même à tous ses Apôtres. Mais l’événement leur paraissait tellement improbable que seule l’évidence du fait eut le pouvoir de les convaincre, et il leur apparut alors que cette consécration suprême du Messie avait été prédite (Isaïe 53,11).

Commentaire de P. Marie-Joseph Lagrange o.p. dans l’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique. Artège-Lethielleux 2017, pp.629-630.)

13 avril 2025

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Et comme il s’approchait déjà de la descente du mont des Oliviers, toute la troupe des disciples transportés de joie se prirent à louer Dieu d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils avaient vus, disant : « Béni soit celui qui vient, lui le Roi, au nom du Seigneur ; paix dans le ciel, et gloire dans les hauteurs ». (Luc 19, 37)

Commentaire du père Marie-Joseph Lagrange, o.p. dans l’évangile selon saint Luc : […] Luc introduit ici comme une pause, qui permet de donner aux paroles de la foule le caractère d’un cantique pour rendre gloire à Dieu. Cette pause laissera aux Pharisiens le temps d’intervenir, et fixera aussi la situation de la Lamentation sur Jérusalem. […]  Par opposition aux Pharisiens qui vont paraître, ceux qui figurent ici sont tous des disciples ; ils ont été entraînés par les miracles de Jésus, ils y ont vue l’action de Dieu, et ils lui en rapportent la gloire à haute voix. (cf. également  Luc Ap 19, 5 et Rm 15, 11 – citation.)

 

10 avril 2025 Jour-anniversaire du retour au Père de Fr. Marie-Joseph Lagrange, dominicain, fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem

Amis et adhérents réunis par la prière pour demander, par l’intercession du P. Lagrange, l’amélioration de la santé du Saint-Père François, notre demande de grâce personnelle et le bon rétablissement de notre président victime du Chikungunya.

Prions ensemble.

 

 

6 avril 2025 : La femme infidèle (Jn 8, 1-11)

Méditation (extrait) du P. Marie-Joseph Lagrange sur l’Évangile de ce jour.

Or, un jour, il [Jésus] fut interrompu par l’invasion d’un groupe tumultueux. On avait surpris une femme en flagrant délit d’adultère, et on l’avait conduite aux scribes et aux Pharisiens, laissant à leur zèle le soin de poursuivre le châtiment par les voies légales et devant le tribunal compétent. Le flagrant délit paraissait même justifier une exécution sommaire. De toute façon, l’occasion parut bonne de sonder les sentiments de Jésus. Il passait pour accueillir bénignement les pécheurs ; on le disait même leur ami. Oserait-il pardonner dans un cas si grave ? Suivis d’une foule surexcitée, les Pharisiens lui amènent la femme et lui exposent le cas. Assez naïvement ils découvrent leur intention secrète : « Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider de telles personnes. Toi donc, que dis-tu ? » La Loi n’était pas citée très exactement : elle condamnait à mort la femme coupable (Lv 20,10), mais n’infligeait la lapidation qu’à la fiancée infidèle (Dt 22,23s), et quelques-uns maintenaient une différence de peine. Cependant, la femme étant encore plus coupable que la fiancée, il était rationnel de lui appliquer à elle aussi le supplice le plus redouté. Aussi Jésus ne soulève-t-il aucune argutie. Mais il ne lui sied pas de se prononcer. Il n’est pas venu comme ministre d’un tribunal, obligé de condamner d’après la Loi, mais pour inviter les pécheurs à prévenir par la pénitence les jugements de Dieu. Affectant de demeurer étranger à une scène pénible, il s’était penché et écrivait du doigt sur la terre, comme pour passer le temps en attendant qu’on le laissât reprendre son enseignement, ou pour fixer par l’écriture quelques pensées. Comme il est écrit dans Jérémie (17,13) : « Ceux qui se détournent de moi seront inscrits sur la terre », saint Jérôme a pensé que Jésus écrivait les péchés des accusateurs. Ce rapprochement ingénieux suppléait au silence du texte et donnait satisfaction à la curiosité. Quelques-uns l’approuvent encore sans fondement, car les zélateurs ne se sentent pas compromis ; ils sont agacés seulement que Jésus déjoue leur calcul par une indifférence feinte, et ils insistent opiniâtrement. Il dit alors : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre. » Et en effet, c’était au dénonciateur à frapper le premier (Dt 13,10 ; 17,7).

Qu’un magistrat coupable, la honte au cœur, prononce une condamnation comme représentant de la Loi, c’est une conséquence de l’infirmité de toute justice humaine. Mais ces passionnés du droit strict auraient bien fait d’examiner leur conscience avant d’exercer tant de zèle. Les plus âgés se défient. Jésus aurait-il pénétré les secrets de leur cœur ? Leur a-t-il tendu un piège en se désintéressant si ostensiblement de la cause pour intervenir ensuite avec plus d’éclat ? Ils se défilent les premiers. Les autres justiciers en font autant. Jésus reste seul avec la femme et sans doute aussi ses disciples et quelques curieux. Il se redresse. Il interpelle la femme encore saisie d’épouvante. On voudrait l’entendre solliciter son pardon à genoux. Jésus lui dit : « Personne ne t’a condamnée ? » Toujours effarée, elle n’articule que les mots nécessaires : « Personne, Seigneur. » Jésus lui dit : « Moi non plus je ne te condamne pas », à cette mort affreuse de la lapidation. Mais il est un autre juge. Prends garde. « Va, désormais ne pèche plus. » La justice et la miséricorde se sont rencontrées. La justice ne consent pas à une absolution juridique qui ne tiendrait pas compte du caractère antisocial de la faute ; la miséricorde ne consent pas à condamner, parce qu’elle a lu le repentir dans ce cœur encore serré par l’effroi. Recommander le ferme propos, c’est supposer le repentir.

(L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, éd. 2017 Artège-Lethielleux.)

Libérer pour aimer – Conférence par le fr. Manuel Rivero O.P.

« Libérés pour aimer », par le frère Manuel Rivero O.P.

Conférence de Carême. Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 26 mars 2025

« Ô Toi, l’au-delà de tout » . Toi, qu’aucune pensée ne peut concevoir. Toi, qu’aucun mot ne peut exprimer. Toi, silence des origines, source de la vie. Toi, au-delà du temps et de l’espace. Esprit créateur. Esprit invisible. « Tu es vraiment un Dieu caché ! » (Is 45,15).

Le Dieu Très-haut s’est abaissé. Dieu, que personne n’a jamais vu, s’est manifesté en Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, né d’une femme juive, Marie. Dieu tout-puissant a voulu recevoir sa vie humaine d’une femme de notre humanité. Le Fils de Dieu s’est donné à l’humanité en recevant son humanité d’une femme, Marie. Fils de Dieu, devenu vulnérable, mendiant de l’accueil d’une jeune fille qui l’a porté dans son cœur et dans son sein ; femme d’Israël qui l’a conçu et préconçu dans sa foi et dans son espérance de la venue du Messie.

Un jour, à midi, près du puits de Jacob, Jésus a mendié de l’eau à une femme samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Jésus a soif. Dans l’une des sept paroles prononcées sur la croix, Jésus a crié sa soif physique mais surtout sa soif de la conversion des hommes.

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile », avons-nous entendu en recevant l’imposition des cendres au début du Carême. Conversion veut dire retournement, « faire demi-tour », changer de mentalité et de manière d’agir, se retourner et retourner son cœur à la manière dont un paysan retourne la terre sèche pour qu’elle reçoive l’eau et la lumière qui vont la rendre féconde.

En rencontrant Jésus, au bord du puits de Jacob, la vie de cette femme de Samarie a connu une conversion, un retournement. En évoquant son histoire conjugale, les paroles de Jésus ont provoqué un choc en cette femme qui s’est sentie rejointe par un grand prophète. Non par un donneur de leçons mais par le Messie, habité par le respect et l’amour.

Sur les lignes de fracture
Jésus s’est révélé en Samarie, lieu de passage entre la Galilée et Jérusalem. D’anciennes querelles religieuses opposaient les habitants de la Judée aux Samaritains. Lors de l’installation des colonies étrangères en Samarie par l’Assyrie au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, des cultes païens avaient remplacé l’adoration du Dieu vivant d’Israël. Parmi ces divinités païennes figuraient Nergal, dieu de la violence et de la mort.

Ce culte de la mort perdure aujourd’hui dans les guerres diaboliques qui entraînent des morts, des handicapés et des destructions.
L’avortement, désignée comme interruption volontaire de grossesse, fait disparaître des millions de vies chaque année. Par exemple, en Espagne, depuis la loi de 1985, ont eu lieu deux millions et demi d’avortements. Les relations humaines en pâtissent et le pays vieillit.

Les moyens de communication qui déversent chaque jour un grand nombre d’images de violence risquent de nous anesthésier face aux souffrances provoquées volontairement. Comme nous vivons chaque jour pendant des heures devant des écrans, nous sommes menacés de confondre le réel et le virtuel. Malheureusement certaines tragédies dans notre île de La Réunion le montrent. Des jeunes accomplissent des actes graves sans penser aux conséquences. On peut tuer pour voir ce que cela produit comme effet. On manque de respect envers des représentations religieuses en ignorant probablement la blessure morale profonde que ces atteintes aux symboles représentent. En un mot, nous devenons irresponsables et inconscients. La loi restant la loi, de dures sanctions tombent qui brisent l’existence des jeunes et des familles.

La Samarie, région de passage, annonce déjà la pâque de Jésus : passage de la mort à la résurrection, passage de la violence au pardon, passage de la haine à l’amour, passage de l’exclusion à l’inclusion.

Jésus choisit les lignes de fracture de l’humanité pour accomplir sa mission de réconciliation et de salut : lignes de rupture entre Samaritains et Judéens, entre le culte à rendre à Jérusalem et celui du mont Garizim, en Samarie.

À l’image de la croix avec ses deux bras, vertical vers Dieu le Père, et horizontal vers toute l’humanité, Jésus relie en sa Personne et avec Dieu et avec les autres. Jamais un homme sur la terre n’est allé aussi loin dans l’union avec Dieu ; jamais un homme n’a vécu une telle communion fraternelle. Par sa croix, Jésus agit à la manière d’un ascenseur qui élève vers Dieu le Père et en même temps, par ses bras étendus, il rassemble les hommes en son Corps total, le Christ total.

Nous comprenons sans peine l’étonnement de cette femme samaritaine quand Jésus non seulement lui adresse la parole mais il lui demande à boire. Les Juifs fuient les Samaritains et les Samaritains, qui se sentent méprisés par les Juifs, éprouvent du ressentiment envers ceux qui s’estiment meilleurs religieux et plus purs qu’eux.

Dans la parabole du bon Samaritain, Jésus bouleverse les convenances sociales de Jérusalem jusqu’à la provocation. Alors que le prêtre et le lévite de la parabole ignorent l’homme blessé par des brigands, un Samaritain réagit avec générosité envers cette victime qui gît au bord de la route.

Le bienheureux frère Pierre Claverie O.P., évêque d’Oran en Algérie, martyr le 1er août 1996, en compagnie de son chauffeur musulman Mohamed, a donné sa vie sur la ligne de rupture entre musulmans et chrétiens. Français, né en Algérie, parlant parfaitement l’arabe littéraire, dominicain de la Province de France, le frère Pierre a voué son existence au dialogue interreligieux. Théologien à la pensée lumineuse, le frère Pierre n’avait rien d’un philosophe relativiste mais il n’hésitait pas à affirmer : « J’ai besoin de la vérité des autres ». Chaque être humain cherche Dieu ; personne ne possède la vérité ; personne ne peut posséder Dieu. Ce n’est que dans la foi que les fidèles s’approchent du mystère du Seigneur afin de progresser dans la vérité par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la charité fraternelle.

Les lignes de rupture sont en nous et autour de nous. Notre enfance porte des failles : fissures provoquées par l’injustice, l’abandon, la souffrance et le manque d’amour ; lignes de rupture dans les relations avec nos parents ; rêves disloqués ; échecs et frustrations.

Aujourd’hui, près de nous ou pas trop loin de nous, les conflits sociaux et militaires opposent des personnes et des nations au point de craindre une guerre mondiale par morceaux.

Sur la croix, Jésus a étendu ses mains transpercées pour unir les ennemis en seul Homme nouveau, en détruisant le mur de la haine afin de réconcilier tous les hommes en un seul Corps (cf. Ep 2, 14-17).

Les lignes de fracture sont diverses entre riches et pauvres, hommes et femmes, ignorants et savants … Élevé en croix, Jésus attire à lui tous les hommes par la puissance du pardon qui libère de la condamnation à mort qui concerne tous les hommes pécheurs. Chacun d’entre nous peut se considérer comme condamné à mort et amnistié par Jésus. Le Seigneur a annulé nos dettes en clouant sur la croix l’acte du jugement qui provoque notre chute.

Aujourd’hui, Jésus vient guérir nos blessures et unifier nos cœurs fissurés. À la suite de Jésus et à son exemple, Dieu nous appelle. Il veut que nous devenions des artisans de paix sur les lignes de fracture partout où nous sommes : famille, vie professionnelle, économique, politique et ecclésiale.

La prière, source d’eau vive
Là où ont régné des puissances de mort, Jésus apporte l’eau vive : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘’Donne-moi à boire’’, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive ».

Cette femme, terre à terre, pense à l’eau du puits : « Tu n’as rien pour puiser et le puits est profond », autour de 10 mètres. Mais Jésus fait référence à une autre eau, l’eau vive, c’est-à-dire l’Esprit Saint qui donne la vie : « L’eau que je donnerai deviendra source d’eau jaillissant en vie éternelle ».

La source de la vie éternelle se trouve cachée au plus profond de nous-mêmes, dans le fond sans fond de notre âme. Par sa Parole, Jésus met en route la femme samaritaine vers son propre cœur afin de prier et d’adorer Dieu « dans l’esprit et la vérité ».
Dieu est esprit. Dieu est prière, c’est-à-dire dialogue éternel du Père, du Fils et de l’Esprit saint. Relation sans domination dans l’amour. Amour en expansion comme le cosmos lui-même.

Peu à peu, cette femme passe de l’éros à l’agapè. Éros, mot grec, évoque l’amour soif. Agapè, mot grec aussi, désigne l’amour source, oblatif.

Tout à coup, l’âme de cette femme samaritaine s’élargit en accueillant la vie nouvelle de l’Esprit Saint. Son dialogue avec Jésus devient prière « en esprit et en vérité » ; l’eau vive de l’Esprit Saint jaillit en elle en source inépuisable.

À Lourdes, lors des apparitions, la Vierge Marie a demandé à Bernadette d’aller boire à la source de la grotte. Bernadette a commencé par creuser dans la terre. L’eau était boueuse. Petit à petit, l’eau est devenue claire.

Grâce à l’Évangile, nous prenons conscience de la boue de notre péché. En demeurant fidèles à la prière, nous rejoignons la grâce de notre baptême. Nous voici dans la clarté !

Le cœur de la femme samaritaine devient de plus en plus clair au fur et à mesure qu’elle dialogue avec Jésus. Ces échanges la transforment à la racine. Elle sent en elle la libération des ténèbres de l’ignorance et du péché. Elle rayonne dans l’amour de la vie, de Dieu et des proches.

En ce Carême, l’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour nous placer sur les lignes de fracture qui nous concernent. Avec Jésus, chaque chrétien affronte le combat spirituel contre son ego, contre le diable, le diviseur, contre les forces de mort.
Librement et dans l’allégresse, en laissant sa cruche par terre, la femme samaritaine, figure de l’Église en sortie, a couru vers son village en témoin d’une rencontre extraordinaire : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-il point le Christ ? » (Jn 4, 29).

C’est ainsi que la femme samaritaine devient apôtre auprès de ses voisins. Elle ne peut pas contenir son bonheur d’avoir rencontré Jésus qui l’a sauvé de la tristesse en lui ouvrant un chemin de lumière pour aimer de manière nouvelle. Sa peur du quand dira-t-on a été vaincue par sa foi. En découvrant personnellement Jésus, les voisins font à leur tour l’expérience de la présence de Dieu tout près d’eux, en eux. Ils croient non sur un ouï-dire mais par eux-mêmes. La femme samaritaine est dépassée par les événements. Le Royaume des cieux est arrivé en Samarie, terre et population maudites par les citoyens de la capitale, Jérusalem.

Nous comprenons pourquoi le père Marie-Joseph Lagrange (+10 mars 1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem en 1890, serviteur de Dieu, a commencé son commentaire de ce chapitre quatrième de l’Évangile selon saint Jean sur la femme samaritaine en l’intitulant : « La merveille des merveilles ».
Ceux qui accueillent avec foi Jésus, l’envoyé du Père, font leur le Magnificat de la Vierge Marie : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles ».

Le bienheureux père Jean-Joseph Lataste (+10 mars 1869) s’est aussi exclamé « j’ai vu des merveilles », en contemplant la conversion des femmes détenues de la prison de Cadillac près de Bordeaux. Envoyé par son supérieur prêcher une retraite spirituelle dans cette prison, le frère Lataste a reculé en sentant la mauvaise odeur des couloirs de cet établissement pénitentiaire ; homme de foi et de prière, il s’est repris en faisant un pas en avant pour dire « mes chères sœurs ». Voilà la conversion : faire un pas en avant pour aimer.

Le père Lataste n’aurait jamais imaginé que l’annonce de l’Évangile pouvait transfigurer les cœurs et les visages de ces femmes fatiguées et tristes. Pourtant, en adorant le Saint-Sacrement pendant des heures, ces femmes détenues se relevaient « comme les fleurs après la pluie ». Libérées de leurs fautes et du poids de leur passé, devenues justes et innocentes par la miséricorde du Seigneur, ces femmes ont aussi eu accès à la vie religieuse apostolique grâce à la fondation par le père Lataste des religieuses dominicaines de Béthanie qui accueillent dans leur sein des femmes au passé simple et au passé compliqué.

« La main de Dieu qui relève celles qui sont tombées est la même main qui soutient celles qui s’estiment justes », aimait à prêcher le père Jean-Joseph Lataste. Tous les hommes sont pécheurs ; tous peuvent devenir justes ; tous se situent sur le même plan, au même niveau : le salut par la foi. Tous sauvés par Jésus !

Les plus grands saints sont les plus grands sauvés, comme le montre la Vierge Marie Immaculée, sauvée de tout péché par une grâce venant de la mort et de la résurrection de son Fils Jésus. Le pape François cite le dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir ». Voilà la bonne nouvelle, l’Évangile !

Il n’y a pas que la prison matérielle avec ses murs et ses lourdes portes. Beaucoup d’autres prisons enferment les hommes et les femmes : la cupidité, les drogues, l’alcool, l’obsession de la reconnaissance sociale, le culte de l’ego, la pornographie …

Nous célébrons le 20 décembre l’anniversaire de la libération de l’esclavage annoncée officiellement le 20 décembre 1848. Faire mémoire, c’est bien ; agir pour la libération de nouveaux esclavages contemporains, c’est mieux. Parmi ces esclavages figure la pornographie. Ses images sont ineffaçables comme certains feutres dont les marques restent gravées sur des tableaux. Les images pornographiques reviennent sans cesse ; elles poussent à l’accomplissement ; en devenant une addiction, la pornographie appelle davantage de violence.

Des relations sexuelles sans respect ni dialogue font basculer de nombreuses personnes dans les prisons réunionnaises, saturées de condamnées dont trente-cinq pour cent relèvent des violences conjugales. Il s’agit d’une véritable épidémie qui fait souffrir plus que le chikungunya.

Le saint pape Paul VI a exhorté l’Église au dialogue et à la conversation comme chemin de sagesse et de résolution des conflits. Le père Henri Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame au service de la sainteté des couples, pensait que le problème des relations entre l’homme et la femme résidait dans l’ignorance réciproque et le non-dit, cellule cancéreuse en reproduction permanente et véritable bombe à retardement qui explose par des paroles et des gestes à des moments inattendus. Le père Caffarel aimait à dire que le couple a besoin d’être sauvé. Bien au-delà des déclarations doucereuses sur l’amour, le père Caffarel fondait l’amour durable sur le Christ qui sauve de l’aveuglement et du désir de domination. Pour grandir dans l’amour, il a proposé le devoir de s’asseoir, rendez-vous que le couple prend régulièrement pour désamorcer la violence qui réside en chacun à travers l’écoute et le dialogue. Trois questions favorisent l’ouverture des cœurs et la libération de la parole : « est-ce que ça va ? ; est-ce que quelque chose te dérange ? ; qu’est-ce que tu souhaiterais ? ». Sans couper la parole même si les propos sont durs, l’écoute et l’échange ouvrent de nouveaux chemins. Cela suppose du courage et du travail ! Très rares sont ceux qui déclarent être fatigués de dialoguer. Nous investissons davantage de temps devant nos écrans pour des informations sans intérêt majeur que dans le dialogue qui guérit et développe l’amour.

Jésus a dialogué avec la femme samaritaine. Avec les disciples d’Emmaüs, il a pratiqué la maïeutique socratique qui aide l’interlocuteur à « accoucher » de ses pensées et de ses sentiments. Jésus ne s’impose pas ; il éveille le meilleur de l’autre, « sa meilleure version » selon l’expression à la mode. Hölderlin (+1873), le philosophe et poète allemand, a écrit : « Dieu a créé l’homme, comme la mer a fait les continents, en s’en retirant ».

En ce carême, nous sommes attirés par le Christ Jésus pour faire du neuf avec lui, en synergie. La devise de l’ACI (Action Catholique), présente à La Réunion, garde sa pertinence : « Regarder, discerner, transformer ».

La démarche synodale proposée par l’Église repose sur cette méthode d’analyse des situations sociales qui peut se vivre individuellement ou en groupe. En communauté, dans la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, les chrétiens sont appelés à investir leur intelligence dans le discernement et la transformation sociale. Quand on dit de quelqu’un qu’il est intelligent, il convient de demander : « intelligent en quoi ? ». Il y a plusieurs types d’intelligence : intelligence du commerce, intelligence des langues, intelligence des sciences, intelligence émotionnelle … N’oublions pas l’intelligence de la foi et la sainteté de l’intelligence.

La France peut se réjouir de compter récemment parmi ses fils des penseurs chrétiens qui ont illuminé l’Église de leur intelligence de la foi, et au-delà de l’Église visible la vision de l’homme et des relations sociales. Je pense à Emmanuel Mounier (+1950), philosophe personnaliste qui a inspiré un grand nombre de politiques ainsi qu’à Jacques Maritain (+1973), qui aimait à rassembler avec son épouse Raïssa poètes, artistes et philosophes, comme nous pouvons le découvrir dans leur livre « Les grandes amitiés ».

Le pape Benoît XVI avait déclaré un jour aux séminaristes français de Rome : « Il y a trois grands théologiens français au XXe siècle : le frère Yves Congar (+1995), dominicain ; le père Henri de Lubac (+1991), jésuite, et le père Marie-Joseph Lagrange (+1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem ».

Le Carême appelle aussi à s’engager dans l’intelligence de la foi et dans la conversion des relations sociales.

La femme samaritaine a discerné en Jésus le Sauveur ; son témoignage a transformé ses voisins, qui ont rencontré le Messie d’Israël grâce à elle.
Posséder la vie, c’est bien ; la transmettre, c’est encore mieux. Croire et prier, c’est bien, témoigner du Christ pour que les autres aient la Vie en abondance, c’est encore mieux.

En ce sens, parmi les efforts du Carême, brille la transmission de l’Évangile en famille, dans nos paroisses, dans nos rencontres amicales, « dans les rues et sur les places » aussi, comme le dit le refrain d’une chanson. Pour cela, il faut se former.

Les frères dominicains de Toulouse ont fondé il y a un peu plus de vingt ans une université numérique « DOMUNI-universitas » qui permet d’étudier la théologie, la philosophie et les sciences sociales à distance. À La Réunion, une dizaine de laïcs et de prêtres étudient par Internet la théologie et ils se retrouvent une fois par mois pour partager leurs recherches et leurs questions. La bonne volonté ou « la foi du charbonnier » ne suffisent pas à l’heure de « rendre raison de l’espérance qui est en nous » (I P 3,15). Mon grand-père maternel qui était charbonnier connaissait quand même le latin qu’il avait appris au petit séminaire, mais aujourd’hui il y a peu de charbonniers dans notre île.

Les chrétiens discernent la volonté de Dieu au cœur de l’histoire qui est en train de se faire ; loin de rester passifs, ils représentent une force de propositions positives et réalistes en aimant le débat contradictoire avec des responsables politiques et sur les réseaux sociaux ; ensemble, avec toute personne de bonne volonté, les croyants incarnent ici et maintenant le commandement de l’amour du prochain.

Le saint pape Jean-Paul II qui a traversé l’allée centrale de cette cathédrale, a écrit : « La foi grandit quand on la donne ».

En rigueur de termes, seul Dieu donne la foi qui est une grâce surnaturelle, mais nous pouvons aider les autres à découvrir Jésus dans l’Évangile, vécu ici et maintenant.

Je voudrais finir avec cette belle prière du père Guy Gilbert, humble apôtre auprès des délinquants :
« Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu’il a créé.
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider et soigner.
Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’amour, mais toi tu peux apprendre à l’autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire des miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui-même mais il a préféré compter sur toi. »

Image : chasuble du père Lacordaire O.P.

« Progresser dans la vérité » Journée d’étude du 9 mars 2024, à Nice

18 mars 2025

DOMUNI a édité le livre :  https://www.domuni.eu/press/fr/livre/progresser-dans-la-verite/

Regards sur la vie et l’oeuvre du Père Marie-Joseph Lagrange, OP

Le débat entre traditionalisme et progressisme repose sur une vision réductrice de l’homme, le scindant en deux camps opposés. Mais comment dépasser ce clivage dans un monde aux pensées fluides et fragmentées ? Le père Marie-Joseph Lagrange offre une réponse lumineuse. Sa vie consacrée à l’étude scientifique de la Bible visait à extraire du trésor évangélique « du neuf et de l’ancien » (Mt 13,52).

En pionnier, il scruta les textes bibliques comme un géologue explore des strates, reliant foi et raison. Sa vision, incarnée dès la fondation de l’École biblique de Jérusalem en 1890, était de « grandir dans le progrès de la Vérité ». Par son exégèse et sa vie dominicaine fidèle, il inspira de nombreux disciples. À l’image de ce saint, toujours jeune de l’amour de Dieu, foi et raison restent inséparables pour éclairer la marche humaine.

Avec la collaboration de l’Association des amis du père Lagrange, de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, de Domuni-Universitas, plus particulièrement frère Olivier-Thomas Venard, frère Olivier Poquillon, frère Martin Staszak, sœur Marie Monnet, frère Michel Van Aerde, Mgr Yousif Mirkis, frère Emmanuel Dumont, ainsi que le cardinal Timothy Radcliffe, OP

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Écho de notre Page Facebook : mars 2025

27 mars 2025
Prions pour le rétablissement de notre Pape François afin qu’il soit rempli des grâces du Saint-Esprit.
Lors de l’opération très grave du frère Timothy Radcliffe O.P., ancien Maître de l’Ordre des prêcheurs, au mois d’août 2021, le Pape François avait confié cet événement douloureux et dangereux à l’intercession du père Lagrange.
Le frère Timothy Radcliffe est bien sorti de l’opération. Devenu cardinal, il continue de prêcher l’Évangile sur plusieurs continents.
Puisse l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange devenir source de grâces pour notre Pape François, en retrouvant santé et rayonnement apostolique au service de la foi au Christ Jésus et de la paix dans le monde.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange.
Saint-Denis/La Réunion, le 27 mars 2025.
Rappel d’un message du 13 août 2021 :
Prière pour frère Timothy Radcliffe,
Chers frères, chères soeurs, chères amies, chers amis,
Fr. Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, nous informe avoir eu une longue conversation zoom avec frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre. Fr. Timothy doit subir lundi prochain, 16 août, une très grave opération car son cancer à la joue d’il y a quelques années s’est maintenant diffusé dans sa mâchoire qu’il va falloir enlever et remplacer des os prélevés dans la jambe + greffe de peau, etc. Une très grosse opération qui doit durer la journée et pourrait le laisser plusieurs mois sans pouvoir parler, ni peut-être manger. Le chirurgien a parlé de 18 mois de récupération. Le fr. Timothy est serein mais grave aussi, car nul ne sait comment tout cela va évoluer.
Fr. Jean-Jacques Pérennès lui a dit que nous allions intercéder auprès du P. Lagrange qui a besoin d’un miracle pour être béatifié. Inscrivons dans notre prière cette intention particulière pour frère Timothy.
Fraternellement,
Fr. Manuel Rivero o.p.
26 mars 2025
« Libérés pour aimer », par le frère Manuel Rivero O.P.
Conférence de Carême. Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 26 mars 2025
« Ô Toi, l’au-delà de tout » . Toi, qu’aucune pensée ne peut concevoir. Toi, qu’aucun mot ne peut exprimer. Toi, silence des origines, source de la vie. Toi, au-delà du temps et de l’espace. Esprit créateur. Esprit invisible. « Tu es vraiment un Dieu caché ! » (Is 45,15).
Le Dieu Très-haut s’est abaissé. Dieu, que personne n’a jamais vu, s’est manifesté en Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, né d’une femme juive, Marie. Dieu tout-puissant a voulu recevoir sa vie humaine d’une femme de notre humanité. Le Fils de Dieu s’est donné à l’humanité en recevant son humanité d’une femme, Marie. Fils de Dieu, devenu vulnérable, mendiant de l’accueil d’une jeune fille qui l’a porté dans son cœur et dans son sein ; femme d’Israël qui l’a conçu et préconçu dans sa foi et dans son espérance de la venue du Messie.
Un jour, à midi, près du puits de Jacob, Jésus a mendié de l’eau à une femme samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Jésus a soif. Dans l’une des sept paroles prononcées sur la croix, Jésus a crié sa soif physique mais surtout sa soif de la conversion des hommes.
« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile », avons-nous entendu en recevant l’imposition des cendres au début du Carême. Conversion veut dire retournement, « faire demi-tour », changer de mentalité et de manière d’agir, se retourner et retourner son cœur à la manière dont un paysan retourne la terre sèche pour qu’elle reçoive l’eau et la lumière qui vont la rendre féconde.
En rencontrant Jésus, au bord du puits de Jacob, la vie de cette femme de Samarie a connu une conversion, un retournement. En évoquant son histoire conjugale, les paroles de Jésus ont provoqué un choc en cette femme qui s’est sentie rejointe par un grand prophète. Non par un donneur de leçons mais par le Messie, habité par le respect et l’amour.
Sur les lignes de fracture
Jésus s’est révélé en Samarie, lieu de passage entre la Galilée et Jérusalem. D’anciennes querelles religieuses opposaient les habitants de la Judée aux Samaritains. Lors de l’installation des colonies étrangères en Samarie par l’Assyrie au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, des cultes païens avaient remplacé l’adoration du Dieu vivant d’Israël. Parmi ces divinités païennes figuraient Nergal, dieu de la violence et de la mort.
Ce culte de la mort perdure aujourd’hui dans les guerres diaboliques qui entraînent des morts, des handicapés et des destructions.
L’avortement, désignée comme interruption volontaire de grossesse, fait disparaître des millions de vies chaque année. Par exemple, en Espagne, depuis la loi de 1985, ont eu lieu deux millions et demi d’avortements. Les relations humaines en pâtissent et le pays vieillit.
Les moyens de communication qui déversent chaque jour un grand nombre d’images de violence risquent de nous anesthésier face aux souffrances provoquées volontairement. Comme nous vivons chaque jour pendant des heures devant des écrans, nous sommes menacés de confondre le réel et le virtuel. Malheureusement certaines tragédies dans notre île de La Réunion le montrent. Des jeunes accomplissent des actes graves sans penser aux conséquences. On peut tuer pour voir ce que cela produit comme effet. On manque de respect envers des représentations religieuses en ignorant probablement la blessure morale profonde que ces atteintes aux symboles représentent. En un mot, nous devenons irresponsables et inconscients. La loi restant la loi, de dures sanctions tombent qui brisent l’existence des jeunes et des familles.
La Samarie, région de passage, annonce déjà la pâque de Jésus : passage de la mort à la résurrection, passage de la violence au pardon, passage de la haine à l’amour, passage de l’exclusion à l’inclusion.
Jésus choisit les lignes de fracture de l’humanité pour accomplir sa mission de réconciliation et de salut : lignes de rupture entre Samaritains et Judéens, entre le culte à rendre à Jérusalem et celui du mont Garizim, en Samarie.
À l’image de la croix avec ses deux bras, vertical vers Dieu le Père, et horizontal vers toute l’humanité, Jésus relie en sa Personne et avec Dieu et avec les autres. Jamais un homme sur la terre n’est allé aussi loin dans l’union avec Dieu ; jamais un homme n’a vécu une telle communion fraternelle. Par sa croix, Jésus agit à la manière d’un ascenseur qui élève vers Dieu le Père et en même temps, par ses bras étendus, il rassemble les hommes en son Corps total, le Christ total.
Nous comprenons sans peine l’étonnement de cette femme samaritaine quand Jésus non seulement lui adresse la parole mais il lui demande à boire. Les Juifs fuient les Samaritains et les Samaritains, qui se sentent méprisés par les Juifs, éprouvent du ressentiment envers ceux qui s’estiment meilleurs religieux et plus purs qu’eux.
Dans la parabole du bon Samaritain, Jésus bouleverse les convenances sociales de Jérusalem jusqu’à la provocation. Alors que le prêtre et le lévite de la parabole ignorent l’homme blessé par des brigands, un Samaritain réagit avec générosité envers cette victime qui gît au bord de la route.
Le bienheureux frère Pierre Claverie O.P., évêque d’Oran en Algérie, martyr le 1er août 1996, en compagnie de son chauffeur musulman Mohamed, a donné sa vie sur la ligne de rupture entre musulmans et chrétiens. Français, né en Algérie, parlant parfaitement l’arabe littéraire, dominicain de la Province de France, le frère Pierre a voué son existence au dialogue interreligieux. Théologien à la pensée lumineuse, le frère Pierre n’avait rien d’un philosophe relativiste mais il n’hésitait pas à affirmer : « J’ai besoin de la vérité des autres ». Chaque être humain cherche Dieu ; personne ne possède la vérité ; personne ne peut posséder Dieu. Ce n’est que dans la foi que les fidèles s’approchent du mystère du Seigneur afin de progresser dans la vérité par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la charité fraternelle.
Les lignes de rupture sont en nous et autour de nous. Notre enfance porte des failles : fissures provoquées par l’injustice, l’abandon, la souffrance et le manque d’amour ; lignes de rupture dans les relations avec nos parents ; rêves disloqués ; échecs et frustrations.
Aujourd’hui, près de nous ou pas trop loin de nous, les conflits sociaux et militaires opposent des personnes et des nations au point de craindre une guerre mondiale par morceaux.
Sur la croix, Jésus a étendu ses mains transpercées pour unir les ennemis en seul Homme nouveau, en détruisant le mur de la haine afin de réconcilier tous les hommes en un seul Corps (cf. Ep 2, 14-17).
Les lignes de fracture sont diverses entre riches et pauvres, hommes et femmes, ignorants et savants … Élevé en croix, Jésus attire à lui tous les hommes par la puissance du pardon qui libère de la condamnation à mort qui concerne tous les hommes pécheurs. Chacun d’entre nous peut se considérer comme condamné à mort et amnistié par Jésus. Le Seigneur a annulé nos dettes en clouant sur la croix l’acte du jugement qui provoque notre chute.
Aujourd’hui, Jésus vient guérir nos blessures et unifier nos cœurs fissurés. À la suite de Jésus et à son exemple, Dieu nous appelle. Il veut que nous devenions des artisans de paix sur les lignes de fracture partout où nous sommes : famille, vie professionnelle, économique, politique et ecclésiale.
La prière, source d’eau vive
Là où ont régné des puissances de mort, Jésus apporte l’eau vive : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘’Donne-moi à boire’’, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Cette femme, terre à terre, pense à l’eau du puits : « Tu n’as rien pour puiser et le puits est profond », autour de 10 mètres. Mais Jésus fait référence à une autre eau, l’eau vive, c’est-à-dire l’Esprit Saint qui donne la vie : « L’eau que je donnerai deviendra source d’eau jaillissant en vie éternelle ».
La source de la vie éternelle se trouve cachée au plus profond de nous-mêmes, dans le fond sans fond de notre âme. Par sa Parole, Jésus met en route la femme samaritaine vers son propre cœur afin de prier et d’adorer Dieu « dans l’esprit et la vérité ».
Dieu est esprit. Dieu est prière, c’est-à-dire dialogue éternel du Père, du Fils et de l’Esprit saint. Relation sans domination dans l’amour. Amour en expansion comme le cosmos lui-même.
Peu à peu, cette femme passe de l’éros à l’agapè. Éros, mot grec, évoque l’amour soif. Agapè, mot grec aussi, désigne l’amour source, oblatif.
Tout à coup, l’âme de cette femme samaritaine s’élargit en accueillant la vie nouvelle de l’Esprit Saint. Son dialogue avec Jésus devient prière « en esprit et en vérité » ; l’eau vive de l’Esprit Saint jaillit en elle en source inépuisable.
À Lourdes, lors des apparitions, la Vierge Marie a demandé à Bernadette d’aller boire à la source de la grotte. Bernadette a commencé par creuser dans la terre. L’eau était boueuse. Petit à petit, l’eau est devenue claire.
Grâce à l’Évangile, nous prenons conscience de la boue de notre péché. En demeurant fidèles à la prière, nous rejoignons la grâce de notre baptême. Nous voici dans la clarté !
Le cœur de la femme samaritaine devient de plus en plus clair au fur et à mesure qu’elle dialogue avec Jésus. Ces échanges la transforment à la racine. Elle sent en elle la libération des ténèbres de l’ignorance et du péché. Elle rayonne dans l’amour de la vie, de Dieu et des proches.
En ce Carême, l’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour nous placer sur les lignes de fracture qui nous concernent. Avec Jésus, chaque chrétien affronte le combat spirituel contre son ego, contre le diable, le diviseur, contre les forces de mort.
Librement et dans l’allégresse, en laissant sa cruche par terre, la femme samaritaine, figure de l’Église en sortie, a couru vers son village en témoin d’une rencontre extraordinaire : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-il point le Christ ? » (Jn 4, 29).
C’est ainsi que la femme samaritaine devient apôtre auprès de ses voisins. Elle ne peut pas contenir son bonheur d’avoir rencontré Jésus qui l’a sauvé de la tristesse en lui ouvrant un chemin de lumière pour aimer de manière nouvelle. Sa peur du quand dira-t-on a été vaincue par sa foi. En découvrant personnellement Jésus, les voisins font à leur tour l’expérience de la présence de Dieu tout près d’eux, en eux. Ils croient non sur un ouï-dire mais par eux-mêmes. La femme samaritaine est dépassée par les événements. Le Royaume des cieux est arrivé en Samarie, terre et population maudites par les citoyens de la capitale, Jérusalem.
Nous comprenons pourquoi le père Marie-Joseph Lagrange (+10 mars 1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem en 1890, serviteur de Dieu, a commencé son commentaire de ce chapitre quatrième de l’Évangile selon saint Jean sur la femme samaritaine en l’intitulant : « La merveille des merveilles ».
Ceux qui accueillent avec foi Jésus, l’envoyé du Père, font leur le Magnificat de la Vierge Marie : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles ».
Le bienheureux père Jean-Joseph Lataste (+10 mars 1869) s’est aussi exclamé « j’ai vu des merveilles », en contemplant la conversion des femmes détenues de la prison de Cadillac près de Bordeaux. Envoyé par son supérieur prêcher une retraite spirituelle dans cette prison, le frère Lataste a reculé en sentant la mauvaise odeur des couloirs de cet établissement pénitentiaire ; homme de foi et de prière, il s’est repris en faisant un pas en avant pour dire « mes chères sœurs ». Voilà la conversion : faire un pas en avant pour aimer.
Le père Lataste n’aurait jamais imaginé que l’annonce de l’Évangile pouvait transfigurer les cœurs et les visages de ces femmes fatiguées et tristes. Pourtant, en adorant le Saint-Sacrement pendant des heures, ces femmes détenues se relevaient « comme les fleurs après la pluie ». Libérées de leurs fautes et du poids de leur passé, devenues justes et innocentes par la miséricorde du Seigneur, ces femmes ont aussi eu accès à la vie religieuse apostolique grâce à la fondation par le père Lataste des religieuses dominicaines de Béthanie qui accueillent dans leur sein des femmes au passé simple et au passé compliqué.
« La main de Dieu qui relève celles qui sont tombées est la même main qui soutient celles qui s’estiment justes », aimait à prêcher le père Jean-Joseph Lataste. Tous les hommes sont pécheurs ; tous peuvent devenir justes ; tous se situent sur le même plan, au même niveau : le salut par la foi. Tous sauvés par Jésus !
Les plus grands saints sont les plus grands sauvés, comme le montre la Vierge Marie Immaculée, sauvée de tout péché par une grâce venant de la mort et de la résurrection de son Fils Jésus. Le pape François cite le dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir ». Voilà la bonne nouvelle, l’Évangile !
Il n’y a pas que la prison matérielle avec ses murs et ses lourdes portes. Beaucoup d’autres prisons enferment les hommes et les femmes : la cupidité, les drogues, l’alcool, l’obsession de la reconnaissance sociale, le culte de l’ego, la pornographie …
Nous célébrons le 20 décembre l’anniversaire de la libération de l’esclavage annoncée officiellement le 20 décembre 1848. Faire mémoire, c’est bien ; agir pour la libération de nouveaux esclavages contemporains, c’est mieux. Parmi ces esclavages figure la pornographie. Ses images sont ineffaçables comme certains feutres dont les marques restent gravées sur des tableaux. Les images pornographiques reviennent sans cesse ; elles poussent à l’accomplissement ; en devenant une addiction, la pornographie appelle davantage de violence.
Des relations sexuelles sans respect ni dialogue font basculer de nombreuses personnes dans les prisons réunionnaises, saturées de condamnées dont trente-cinq pour cent relèvent des violences conjugales. Il s’agit d’une véritable épidémie qui fait souffrir plus que le chikungunya.
Le saint pape Paul VI a exhorté l’Église au dialogue et à la conversation comme chemin de sagesse et de résolution des conflits. Le père Henri Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame au service de la sainteté des couples, pensait que le problème des relations entre l’homme et la femme résidait dans l’ignorance réciproque et le non-dit, cellule cancéreuse en reproduction permanente et véritable bombe à retardement qui explose par des paroles et des gestes à des moments inattendus. Le père Caffarel aimait à dire que le couple a besoin d’être sauvé. Bien au-delà des déclarations doucereuses sur l’amour, le père Caffarel fondait l’amour durable sur le Christ qui sauve de l’aveuglement et du désir de domination. Pour grandir dans l’amour, il a proposé le devoir de s’asseoir, rendez-vous que le couple prend régulièrement pour désamorcer la violence qui réside en chacun à travers l’écoute et le dialogue. Trois questions favorisent l’ouverture des cœurs et la libération de la parole : « est-ce que ça va ? ; est-ce que quelque chose te dérange ? ; qu’est-ce que tu souhaiterais ? ». Sans couper la parole même si les propos sont durs, l’écoute et l’échange ouvrent de nouveaux chemins. Cela suppose du courage et du travail ! Très rares sont ceux qui déclarent être fatigués de dialoguer. Nous investissons davantage de temps devant nos écrans pour des informations sans intérêt majeur que dans le dialogue qui guérit et développe l’amour.
Jésus a dialogué avec la femme samaritaine. Avec les disciples d’Emmaüs, il a pratiqué la maïeutique socratique qui aide l’interlocuteur à « accoucher » de ses pensées et de ses sentiments. Jésus ne s’impose pas ; il éveille le meilleur de l’autre, « sa meilleure version » selon l’expression à la mode. Hölderlin (+1873), le philosophe et poète allemand, a écrit : « Dieu a créé l’homme, comme la mer a fait les continents, en s’en retirant ».
En ce carême, nous sommes attirés par le Christ Jésus pour faire du neuf avec lui, en synergie. La devise de l’ACI (Action Catholique), présente à La Réunion, garde sa pertinence : « Regarder, discerner, transformer ».
La démarche synodale proposée par l’Église repose sur cette méthode d’analyse des situations sociales qui peut se vivre individuellement ou en groupe. En communauté, dans la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, les chrétiens sont appelés à investir leur intelligence dans le discernement et la transformation sociale. Quand on dit de quelqu’un qu’il est intelligent, il convient de demander : « intelligent en quoi ? ». Il y a plusieurs types d’intelligence : intelligence du commerce, intelligence des langues, intelligence des sciences, intelligence émotionnelle … N’oublions pas l’intelligence de la foi et la sainteté de l’intelligence.
La France peut se réjouir de compter récemment parmi ses fils des penseurs chrétiens qui ont illuminé l’Église de leur intelligence de la foi, et au-delà de l’Église visible la vision de l’homme et des relations sociales. Je pense à Emmanuel Mounier (+1950), philosophe personnaliste qui a inspiré un grand nombre de politiques ainsi qu’à Jacques Maritain (+1973), qui aimait à rassembler avec son épouse Raïssa poètes, artistes et philosophes, comme nous pouvons le découvrir dans leur livre « Les grandes amitiés ».
Le pape Benoît XVI avait déclaré un jour aux séminaristes français de Rome : « Il y a trois grands théologiens français au XXe siècle : le frère Yves Congar (+1995), dominicain ; le père Henri de Lubac (+1991), jésuite, et le père Marie-Joseph Lagrange (+1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem ».
Le Carême appelle aussi à s’engager dans l’intelligence de la foi et dans la conversion des relations sociales.
La femme samaritaine a discerné en Jésus le Sauveur ; son témoignage a transformé ses voisins, qui ont rencontré le Messie d’Israël grâce à elle.
Posséder la vie, c’est bien ; la transmettre, c’est encore mieux. Croire et prier, c’est bien, témoigner du Christ pour que les autres aient la Vie en abondance, c’est encore mieux.
En ce sens, parmi les efforts du Carême, brille la transmission de l’Évangile en famille, dans nos paroisses, dans nos rencontres amicales, « dans les rues et sur les places » aussi, comme le dit le refrain d’une chanson. Pour cela, il faut se former.
Les frères dominicains de Toulouse ont fondé il y a un peu plus de vingt ans une université numérique « DOMUNI-universitas » qui permet d’étudier la théologie, la philosophie et les sciences sociales à distance. À La Réunion, une dizaine de laïcs et de prêtres étudient par Internet la théologie et ils se retrouvent une fois par mois pour partager leurs recherches et leurs questions. La bonne volonté ou « la foi du charbonnier » ne suffisent pas à l’heure de « rendre raison de l’espérance qui est en nous » (I P 3,15). Mon grand-père maternel qui était charbonnier connaissait quand même le latin qu’il avait appris au petit séminaire, mais aujourd’hui il y a peu de charbonniers dans notre île.
Les chrétiens discernent la volonté de Dieu au cœur de l’histoire qui est en train de se faire ; loin de rester passifs, ils représentent une force de propositions positives et réalistes en aimant le débat contradictoire avec des responsables politiques et sur les réseaux sociaux ; ensemble, avec toute personne de bonne volonté, les croyants incarnent ici et maintenant le commandement de l’amour du prochain.
Le saint pape Jean-Paul II qui a traversé l’allée centrale de cette cathédrale, a écrit : « La foi grandit quand on la donne ».
En rigueur de termes, seul Dieu donne la foi qui est une grâce surnaturelle, mais nous pouvons aider les autres à découvrir Jésus dans l’Évangile, vécu ici et maintenant.
Je voudrais finir avec cette belle prière du père Guy Gilbert, humble apôtre auprès des délinquants :
« Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu’il a créé.
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider et soigner.
Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’amour, mais toi tu peux apprendre à l’autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire des miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui-même mais il a préféré compter sur toi. »
Image : chasuble du père Lacordaire O.P.

25 mars 2025

Solennité de l’Annonciation du Seigneur – Luc 1. 26-38

Nazareth. Nazareth en Galilée. Début des années 30 du siècle dernier… Une foule de pèlerin se presse dans les rues, à la découverte de la Grotte de l’Annonciation ou de la tombe du Juste… peut-être celle de st. Joseph. Le Père Lagrange a dû croiser ces pèlerins, qui sont des pèlerins déçus par ce qu’ils voyaient des lieux saints, c’est-à-dire pas grand-chose car il n’y a pas grand-chose à voir. Alors, persuadé que la gloire de Marie est dans son intérieur, il se propose d’écrire quelque chose sur la vie cachée de Marie à Nazareth. Voici ce texte1 :
« Que faisait Marie à Nazareth ? Nous n’en savons rien. Savons-nous seulement ce qu’y fit Jésus ? Il travaillait dans ce qu’on ose à peine appeler l’atelier de celui qui passait pour son père. Il allait à la synagogue le samedi. Il vivait dans la compagnie de Marie, sa mère, de saint Joseph, sans doute aussi de quelques parents et amis puisque la sainte famille n’était pas un monastère avec sa clôture […]. Ainsi Marie, dans son adolescence, s’occupait des soins du ménage, allait à la fontaine, la cruche couchée sur sa tête, en revenait la cruche droite et bien en équilibre sur son front. Elle tissait peut-être et cousait. Quand nous aurions établi tout cela, nous serions plus en repos sur l’exactitude de ces traits de la vie d’une jeune fille à Nazareth ; nous ne saurions rien de plus de Marie. […] Et c’est cette insignifiance même, le vide apparent de ces journées grises – en dépit du beau soleil – qui peine nos pèlerins les mieux disposés. […] Pouvons-nous nous figurer ainsi Notre-Dame, la Reine du Ciel, la très sainte Vierge destinée à être l’auguste mère de Dieu […] dans une vie si ordinaire, cette gaine de petites choses, l’existence commune d’une fillette dans un village ignoré, sans que rien la distingue d’une Rachel ou d’une Sarah, qui vont avec elle sur le chemin, dont le rêve est de trouver un Jacob ou un Lévi selon leur cœur […]. »
C’est ainsi, explique encore le P. Lagrange qu’en Marie, à Nazareth, allait s’accomplir la chose la plus extraordinaire qui soit : « Un ange a abordé Marie […] dans le silence de sa demeure, si simple qu’on pouvait à peine la nommer une maison […] et l’ange a proposé à Marie, au nom de Dieu, d’être la mère du Messie […] ; elle apprend maintenant le secret des secrets, la merveille des merveilles, comment la sainteté de Dieu, qui se plaisait aux retranchements et aux abaissements de la créature, aujourd’hui […] ferait œuvre de fécondité ».
C’est cela l’Annonciation. C’est quand, dans un admirable échange, comme disent les Pères de l’Église, Dieu prend notre chair et nous donne part à sa nature divine. Mais c’est aussi, plus prosaïquement peut-être, quand il prépare, dans l’ordinaire des travaux et des jours, des choses extraordinaires ; quand son ange nous visite dans ces journées qui ne sont remplies de rien ; quand il fait œuvre de fécondité dans le vide apparent de nos vies comme il a fait œuvre de fécondité dans l’apparente insignifiance de la vie de Marie, tout au long de ces journées grises où pourtant s’accomplissaient les promesses faites à Abraham et où commençait à briller l’étoile de la Rédemption.

Fr. Joël Boudaoura OP

Monastère Notre-Dame de Chalais Prédications 2022-2023

Illustration : Annonciation dans la Cathédrale de Segorbe (Royaume de Valence) Auteur anonyme XIVe

 

19 mars 2025

Saint Joseph, antidote d’« un catholicisme zombie » par Fr. Manuel Rivero O.P.
 
Le 19 mars, saint Joseph, le père adoptif de Jésus, est célébré avec ferveur et foi dans l’Église catholique.
L’Évangile l’appelle homme « juste » , c’est-à-dire un homme juif qui connaissait la Loi de Moïse et qui la mettait en pratique. En unissant la foi et la science, la prière et le travail, saint Joseph a goûté l’union à Dieu en partageant les expériences heureuses et douloureuses d’Israël. Chaque samedi, il se rendait à la synagogue de Nazareth pour célébrer la Loi proclamée en hébreu et commentée en langue araméenne, sa langue maternelle. Combien de fois, Jésus, adolescent, l’a écouté avec un cœur brûlant.
Sanctifier la famille
Homme d’action, saint Joseph accomplit la volonté de Dieu. Silencieux, il médite dans la lumière de la foi les paroles de l’Ange du Seigneur qui l’exhorte à assumer sa responsabilité d’époux et de père adoptif de l’enfant que Marie porte en son sein par l’action de l’Esprit Saint. Homme fort, orienté vers l’avenir, il change son projet initial en réponse à la révélation de l’Ange. La mission que Dieu lui confie dépasse celle des prophètes et des chefs de son Peuple. Il doit accompagner, protéger et éduquer Jésus « qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,21).
Avec son épouse, Marie, Joseph s’engage dans le service du salut de l’humanité par l’Incarnation du Verbe. Gardien du mystère de la maternité divine de Marie, partageant la même foi, Joseph fait preuve d’amour, de prudence et d’endurance.
Le père adoptif de Jésus met en lumière la grandeur de la vie ordinaire. Le concile Vatican II a souligné l’appel universel à la sainteté dans l’Église . Les chrétiens ont pour vocation la sanctification de la famille, du travail, de l’économie et de la politique.
La demande de la prière du Notre Père « que ton Nom soit sanctifié » correspond à cette sanctification de toutes les dimensions de la personne et de la vie sociale. Habité par la grâce de l’Esprit Saint, saint Joseph a veillé sur son épouse, Marie. À l’image du grand-prêtre de l’Ancien Testament qui veillait sur le Temple, saint Joseph a trouvé Dieu en aimant Marie, « nouvelle arche d’Alliance » , demeure de Dieu. L’Arche de l’Alliance contenait la manne et les tables de la Loi . Marie portait en son sein Jésus, le Verbe fait chair, Loi nouvelle d’amour et Pain de Vie descendu du Ciel . Dans un beau sermon, saint Bernard (+1153) a mis en parallèle le patriarche Joseph, fils de Jacob, et Joseph, époux de Marie. Si dans l’Ancien Testament, Joseph, intendant de Pharaon, avait mis les blés en réserve pour tout le peuple d’Égypte et non pour lui-même ; dans le Nouveau Testament, Joseph, père adoptif de Jésus « reçut le Pain vivant du ciel afin de le conserver aussi bien pour lui que pour le monde entier . »
Pour le père Marie-Joseph Lagrange (+1938), fondateur de l’École biblique de Jérusalem, «Dieu le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère ». Il me semble que les chrétiens peuvent en dire la même chose au sujet de saint Joseph. Par l’amour de son père adoptif, l’âme de Jésus a été imprégnée de la joie de Dieu le Père.
Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, témoigner par le travail
Artisan charpentier-maçon, saint Joseph s’est sanctifié dans son atelier au service des clients qui avaient besoin d’une maison, d’une armoire, d’une table ou d’une chaise. Ses journées comportaient des hauts et des bas, des réussites commerciales et des heures de soucis économiques pour nourrir sa famille. Il a sanctifié la création l’imprégnant de son intelligence, de son amour et de sa prière. Ceux qui le fréquentaient dans les relations professionnelles ont été attirés vers Dieu par son témoignage.
Saint Josemaría Escrivá de Balaguer (+1975) a excellé dans la mise en valeur de la sainteté vécue au travail quotidien : « « Dieu vous appelle à le servir dans et à partir des tâches civiles, matérielles, séculières de la vie humaine : c’est dans un laboratoire, dans la salle d’opération d’un hôpital, dans une chaire d’université, à l’usine, à l’atelier, aux champs, dans le foyer familial et au sein de l’immense panorama du travail. C’est là que Dieu nous attend chaque jour : il y a quelque chose de divin qui se cache dans les situations les plus ordinaires et c’est à chacun d’entre vous qu’il appartient de le découvrir » ».
Le primat de la personne sur le capital
Le philosophe chrétien Emmanuel Mounier (+1950) a développé une philosophie du personnalisme communautaire avec le primat de la personne sur le capital, le primat du spirituel sur le matériel, à l’opposé de l’individualisme. Il arrive souvent que la foi en Dieu soit remplacée non pas par l’athéisme mais par l’idolâtrie où le marché devient « dieu », la finance « une déesse » et le bien-être « un veau d’or ». La pensée de Mounier a inspiré l’enseignement du saint Pape Jean-Paul II sur le travail dans l’encyclique Laborens exercens du 14 septembre 1981 qui proclame le primat du travail sur le capital et de la personne sur la propriété privée. « Un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde », clame la Jeunesse ouvrière chrétienne (J.O.C.).
La destination universelle des biens
Le pape François évoque les trois T nécessaires pour la vie : un toit, une terre et un travail.
La doctrine sociale de l’Église enseigne la destination universelle des biens : La terre est à tous et Dieu en est le propriétaire ; les hommes n’étant que ses gestionnaires. C’est pourquoi, en cas d’extrême besoin, le principe de la propriété privée de biens s’efface au profit de la vie de l’homme. La propriété privée ne figure pas dans le Credo. Elle n’est pas sacrée. En revanche, la vie de tout homme porte au plus profond d’elle-même une dignité et une vocation sacrées : « La gloire de Dieu est l’homme vivant et la vie de l’homme est de voir Dieu », enseigne saint Irénée de Lyon. C’est en ce sens que le pape François plaide pour un revenu universel qui garantisse à chacun sa dignité humaine sans déchoir dans la misère .
La foi vivante de saint Joseph représente un antidote contre « un catholicisme zombie » qui n’aurait qu’une influence indirecte et vague sur les réalités familiales, économiques et politiques.
L’exemple de saint Joseph invite à commencer par la conversion personnelle avant de vouloir changer le monde, car la tentation est grande pour chacun d’aspirer à transformer la société mais sans vouloir se mettre en cause.
Saint Joseph a accepté de changer son projet de vie pour faire la volonté de Dieu. Il l’a fait avec réalisme, de manière intégrale, spirituelle et matérielle. Son travail et la transmission de son savoir-faire font partie du Salut de l’humanité par Jésus le Christ, ouvrier lui-même.
Saint-Denis (La Réunion), le 19 mars 2025.
Image : Saint Joseph par Fra Angelico, couvent saint Marc (Florence. italie)

 

18 mars 2025

PROGRESSER DANS LA VÉRITÉ

Pour se procurer le compte rendu de la Journée d’étude qui s’est déroulée à Nice, le 9 mars 2024, voici l’adresse du site DOMUNI  : https://www.domuni.eu/press/fr/livre/progresser-dans-la-verite/

17 mars 2025

En 1928, [parut] L’Évangile de Jésus Christ, explication populaire de cette Synopse [la Synopse grecque], allégée de tout appareil critique, sans mots grecs ni hébreux : la seule vie de Jésus que le Père Lagrange crut pouvoir écrire, non point, suivant la remarque hasardée d’un maître du protestantisme libéral, par une concession excessive à l’école critique qu’il combattait, mais parce que son étude approfondie des évangiles lui avait fait comprendre que « toute tentative de faire revivre le Christ s’efface devant leur parole inspirée ». Parmi tous les ouvrages du Père Lagrange aucun ne fut composé avec plus de cœur. Il valut à son auteur la consolation de recevoir une lettre élogieuse de S. Em. le Cardinal Pacelli, Secrétaire d’État, le félicitant au nom de Sa Sainteté le Pape Pie XI, « d’avoir ajouté à la série des Études bibliques ces pages qui sont un nouveau coup de sonde dans le domaine sans fond de la Parole divine ». Le Doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris déclarait de son côté : « Dans ce livre, le Père ne donne pas seulement le résultat de ses travaux critiques, mais encore le fruit de ses méditations. C’est ce qui lui mérite la sympathie et le respect, même de ceux qui ne partage pas sa foi et sa théologie. » (Lettre du 25 mars 1930.)

Qui souhaiterait entrer dans le vif des convictions religieuses du Père Lagrange ne saurait mieux faire que de lire attentivement le dernier chapitre de ce livre : l’un des plus beaux qu’il ait écrits. On y voit comment, […] il contemplait dans une lumière croissante le dogme de la divinité de Notre-Geigneur, affirmé par Jésus lui-même, recueilli par les Apôtres et confié à l’Église pour le salut des âmes. Autrement dit, ce qu’il percevait comme partie essentielle de l’Évangile, « c’était l’insertion de la divinité dans l’humanité, la nature humaine participant par la grâce à la nature divine, une telle prodigalité de dons, des exigences si hautes qu’une raison trop courte en est écrasée plutôt qu’attirée ». Devant ce donné immense, conforme aux pieuses croyances de son enfance, que quarante ans de recherches opiniâtres n’avaient fait que confirmer, il se plaçait devant l’alternative suprême : « On est tenté de dire que c’est trop beau ! Mais en dehors, il n’y a rien qui compte pour nous, rien qui porte la marque de l’infini. Nous voilà en face du néant. Où aller Seigneur ? Il ne reste qu’à se renfermer dans un doute fastidieux ou désespéré. Ou plutôt à se serrer autour de Pierre, qui dit toujours : ‘Vous avez les paroles de la vie éternelle’ et à s’abandonner à l’étreinte de Dieu en Jésus Christ. » (cf. p. 675, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique. Éd. Artège Lethielleux, 2017.)

Extrait de M. J. Braun. Préface de S. E. le cardinal Tisserant. L’Œuvre du Père Lagrange. Étude et Bibliographie). Ed. L’Imprimerie St-Paul. Fribourg, Suisse. 1943.

LUNDI 10 MARS 2025 : COUVENT DES DOMINICAINS DE NICE

Chapelet pour la glorification du Serviteur de Dieu,

Le Père Marie-Joseph LAGRANGE, o.p.

Bourg-en-Bresse 1855/ Saint Maximin 1938

Par Fr. Antoine-Marie Berthaud, o.p.

L’Association des amis du père LAGRANGE a pour but de faire connaître sa vie et son œuvre en vue de son procès de béatification. Le père Massimo MANCINI étant le postulateur de sa cause et le frère Manuel RIVERO le vice-postulateur.

Dominicain, fondateur de l’Ecole Biblique de Jérusalem, (il y a vécu 45 ans) le père LAGRANGE serviteur passionné de la Parole de Dieu, a voué son existence à l’étude scientifique de la bible dans l’harmonie évangélique de la foi et de la raison afin de sauver les âmes perturbées par la critique scientifique.

Nous fêtons ce jour son retour au Père le 10 mars 1938 il y a 87 ans.

Prions ensemble le père LAGRANGE pour qu’il nous obtienne les grâces dont nous avons besoin.

Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen

Je crois en Dieu, …

Notre Père, …

Aux intentions du pape François et pour sa santé :

            En l’honneur du Père à qui vous avez dit oui, pour la grâce de la Foi,

           Je vous salue Marie, …

En l’honneur du Fils que vous avez porté dans votre sein, pour la grâce de l’Espérance

           Je vous salue Marie, …

En l’honneur de l’Esprit Saint qui vous a couverte de son ombre, pour la grâce de la charité

           Je vous salue Marie, …

            1er MYSTERE JOYEUX : L’Annonciation

Luc 1,34 « Comment cela va-t-il se faire ? »

Le père Lagrange précise que Nazareth petit village, n’est pas cité dans l’Ancien Testament. Dieu choisit ce qui est petit.

Marie, aide-nous dans nos choix du quotidien, à faire ce qui est conforme à la volonté de Votre Divin Fils

Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père…

TOUS : O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde

O Marie conçue sans péché    TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !

            2ème MYSTERE JOYEUX : La Visitation

Luc 1,43 « Et comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? »

Le père Lagrange « Pour que toute gloire soit rendue au Seigneur Marie répondant à la félicitation d’Elisabeth avoue que toutes les générations la diront bienheureuse »

Marie, apprends-nous à nous, comme toi, à nous détacher de la vaine gloire et à vivre une charité active

Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père…

TOUS : O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde

O Marie conçue sans péché    TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !

3ème MYSTERE JOYEUX : La Nativité

Luc 2,8 « Il y avait des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit »

Le père Lagrange : ces pasteurs, habitués à la présence de Dieu se montrèrent dociles à la voix céleste.

Marie, donne – nous la grâce de la contemplation

Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père…

TOUS : O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde

O Marie conçue sans péché    TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !

4ème MYSTERE JOYEUX : La Présentation au Temple

Luc 2,34 « Cet enfant doit être un signe en butte à la contradiction et toi-même une épée te transpercera l’âme »

Le père Lagrange : Le vieillard Siméon eut le pressentiment comme du résultat final de la contradiction qui devait conduire Jésus à la mort, une mort salutaire à tant d’autres

Marie, donne-nous de rester dans la Vérité de l’Evangile et protège-nous de ceux qui ont le projet de combattre la vie de sa conception à sa mort naturelle.

Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père…

TOUS : O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde

O Marie conçue sans péché    TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !

 

5ème MYSTERE JOYEUX : Le Recouvrement au Temple

Luc 2,48 « Mon enfant pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ton père et moi nous te cherchons angoissés »

Le père Lagrange vénère Joseph, son saint patron, comme le grand silencieux contemplatif du Mystère.

Marie, avec Joseph -en ce mois qui lui est dédié- protégez nos familles, et voyez la douleur des mères qui perdent un enfant.

Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père…

TOUS : O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde

O Marie conçue sans péché    TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !

Apparition de l’ange aux enfants de Fatima. Il dit « ne craignez pas je suis l’ange de la Paix ». Priez avec moi :

« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, et ne vous aiment pas. »

 

Notre Dame du Très Saint Rosaire                                               Priez pour nous

Notre Dame de la Paix                                                                       Priez pour nous

Saint Joseph                                                                                           Priez pour nous

Saint Dominique                                                                                  Priez pour nous

Sainte Catherine de Sienne                                                            Priez pour nous

Saints et Saintes de l’Ordre des Prêcheurs                             Priez pour nous

Nos Saints anges gardiens                                                              Veillez sur nous

Père Marie Joseph Lagrange, Serviteur de Dieu                     Priez pour nous

S’il y a un prêtre : Le Seigneur soit avec vous … (et Bénédiction)

Si c’est un laïc : An nom du Père et du Fils et du Saint Esprit…

pere.marie.joseph.lagrange@gmail.com

site internet : www.mj-lagrange.org

 

10 mars 2025

Tous les amis de l’association se retrouvent à l’occasion de ce Jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du P. Lagrange.

La messe de ce jour est célébrée à La Réunion par Fr. Manuel Rivero o.p. Président de notre association. Confions nos demandes de grâces à l’intercession du P. Lagrange. Prions pour la  santé du pape François, pour la Paix et pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu et de ce grand ami de Sa Parole en la personne du père Marie-Joseph Lagrange, dominicain.

« Toute ma force est dans la prière » (P. Lagrange. Journal spirituel)

 

 

 

7 février 2025

Les amis et sympathisants de l’association du Père Marie-Joseph Lagrange sont invités à se joindre

 

Lundi 10 mars 2025, 87ème anniversaire de la naissance au Ciel du père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem,

  • Couvent des Dominicains, 9 rue Saint-François-de-Paule à Nice
  • Chapelet, à 11 heures 15, avec Fr. Antoine-Marie.
  • Messe à 12 heures 05, célébrée par Fr. Richard Beaud O.P.

 

 

 

 

 

1er mars 2025

 

 

À tous nos amis réunionnais

En ces moments dramatiques, nous vous confions à la Vierge Marie, protectrice, qu’Elle vous aide à surmonter toutes les difficultés que vous rencontrez. Nous sommes de tout cœur avec vous par la prière.

Écho de notre Page Facebook : février 2025

 

20 février 2025

« Mais vous », insista Jésus, « qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8, 29)

Pierre répondit : Vous êtes le Messie !
Tous ayant été consultés, Pierre répond donc au nom de tous. Mais il n’a pas pris le temps de recueillir les suffrages. Soit qu’il s’en tînt pour assuré, soit qu’il ait suivi son caractère ardent et primesautier, il affirme sans hésiter ce que lui dicte sa foi et son amour. Ainsi Jésus est le Messie, annoncé et attendu, voilà ce que Pierre croit de toute son âme.

Le récit de saint Marc s’arrête là, et aussi celui de saint Luc qui l’a suivi, selon son habitude. Il a quelque chose d’incomplet. Comment se fait-il que Jésus, après avoir interrogé ses disciples sur l’opinion des autres et sur la leur propre, ne leur dise pas à son tour ce qu’il en est dans la réalité ? Manifestement il n’a pas questionné pour savoir, mais pour instruire. Une sèche recommandation de ne rien dire de lui à personne pouvait passer pour un désaveu aussi bien que pour une approbation. Peut-être saint Marc s’en est-il tenu là parce que Pierre n’avait pas coutume de se faire honneur de la suprême félicitation que le Christ lui avait adressée.

La réponse, exigée par les circonstances, se trouve dans saint Matthieu, et elle s’adapte à une confession de Pierre plus complète. Pierre a dit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Et cela aussi est en situation.

Extrait d’un commentaire : Marie-Joseph Lagrange, o.p. L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique. Artège-Lethielleux. 2017. pp.281-285.

 

20 février 2025

Adhésion 2025

Chers membres et amis de notre association,

Après la période des vœux pour cette nouvelle année 2025 que nous espérons riche en découverte et en partage ; ensemble, continuons à promouvoir la cause du Père Lagrange.

Nous vous remercions pour votre engagement et votre intérêt qui font de notre association un lieu dynamique et vivant par la prière.

Qui dit nouvelle année, dit aussi renouvellement de votre adhésion. Continuons ensemble le chemin vers la béatification du P. Lagrange. (Voir le bulletin d’adhésion joint, à nous retourner complété. D’avance merci.)

En annexe, le formulaire de renouvellement ou votre adhésion 2025.

Nous comptons sur votre fidélité.

Bien fraternellement dans le Christ avec ma prière quotidienne pour vous.

Fr. Manuel Rivero O.P.

 

10 février 2025

Père Marie-Joseph Lagrange, o.p. Serviteur de Dieu (1855-1938)

Jour-anniversaire

Comme, vous le savez, chaque mois le 10, jour-anniversaire de la mort du P. Lagrange, une messe est célébrée par fr. Manuel Rivero o.p. président de l’Association des Amis du Père Lagrange. À cette occasion, les membres de l’association confient à l’intercession du P. Lagrange les grâces qui leur sont chères. Un miracle, pourquoi pas ? Ce qui permettra de faire avancer sa cause. Les vertus du P. Lagrange tout au long de sa sainte vie, pour faire accepter ses travaux, ont bien été entre autres la Foi et l’Espérance, « Oratoire et laboratoire. »

Mon Dieu, augmentez ma foi, fortifiez mon espérance, faites que je vous aime ! (M.-J. Lagrange. Journal spirituel.)

Écho de notre page Facebook : janvier 2025

28 janvier 2025

Saint Thomas d’Aquin O. P. (1225-1274), prêtre. Docteur de l’Église.

Extrait d’un texte du P. Bernard Montagnes O.P. (1924-2018)

Le thomisme du père Lagrange

Thomisme de commande ou thomisme de conviction ?

La preuve n’est plus à faire que le thomisme du P. Lagrange n’est pas un thomisme de commande (imposé aussi bien qu’affecté), dont le vernis s’écaillerait à la première occasion, mais un thomisme de conviction, dont la certitude l’inspire en permanence. Y a-t-il rien de plus conforme à l’esprit de saint Thomas que la « confiance dans la force de la vérité » ?

« Il me tarde, comme à vous, qu’on puisse étudier la question simplement pour découvrir la vérité, qui ne peut être contraire à ce qu’enseigne l’Église. Mais beaucoup veulent qu’on ne dise rien que ce qui va directement à l’édification, sans prendre garde que ce qui édifie le plus, ce qui est le propre de l’Église, c’est de rechercher toujours la vérité. »

La fidélité à saint Thomas a maintenu Lagrange et son École dans le droit fil de la vérité. Aussitôt après le décret Lamentabili (3.7.1907) et l’encyclique Pascendi (8.9.1907) dont Sylvain Leblanc, en 1931, affectait de croire que les condamnations frappaient autant Lagrange (ou Batiffol) que Loisy, le fondateur de l’École biblique pouvait constater :

« J’ai vu avec plaisir que pas une revue, même des plus antipathiques, n’a fait allusion à nous comme englobés dans les documents pontificaux. Je crois que nous le devons à notre fidélité à saint Thomas (24.11.1907). (Mgr Sevin) m’a toujours dit que mon attachement à la doctrine de saint Thomas m’avait préservé d’erreur (1.11.1912). »

Ce que le P. Lagrange a trouvé dans le thomisme peut se résumer en trois observations.

  1. Une école de rigueur : la formation thomiste constitue, estimait-il, « une admirable gymnastique de l’esprit qui le rend assez souple, assez subtil pour éviter les à-peu-près, les généralisations confuses, et qu’aucune érudition ne peut remplacer ; la critique est nette et claire, ou elle n’est qu’une accumulation d’observations sans pertinence ». Aussi, dès 1896, affichait-il son propos :

« Il serait temps de faire pénétrer en exégèse les nettes et fortes conceptions de la scolastique. Je ne regrette pas de l’avoir fait, je voudrais seulement le mieux faire, et je suis persuadé que l’opposition à la bonne exégèse ne viendra jamais des grands théologiens. »

Sur la capacité des théologiens à reconnaître les bienfaits de la critique, le P. Lagrange dut déchanter. Dans sa recension de l’Évangile et l’Église, publiée en avril 1903, il soutient (contre son ancien condisciple Gayraud) qu’ « il ne suffit pas de rendre la critique responsable de tout le mal » dont souffre l’Église ; les théologiens, déplore-t-il, y ont leur propre part de responsabilité :

« Il faut bien le reconnaître : après tant d’années de renaissance la scolastique est moins en crédit que jamais auprès des jeunes générations – et, phénomène bien remarquable –, surtout où elle semblait plus absolument triompher seule. C’est que ce discrédit tient moins à elle-même qu’à la manière dont elle est pratiquée. Trop souvent les théologiens ont considéré l’exégèse et l’histoire comme des rivales importunes, sans s’apercevoir qu’en les éliminant ils détruisaient leur propre base. »

  1. Une école de liberté : chez Thomas d’Aquin, le P. Lagrange avait découvert « une charte de liberté et de progrès ». Ce mot admirable qualifierait aussi bien ce que représenta l’encyclique Aeterni Patris pour toute une génération de dominicains : la scolastique baroque, avec ses controverses d’école, congédiée ; les sources bibliques et patristiques revisitées ; la puissance novatrice, qui fut au principe du thomisme, renouvelée ; saint Thomas dans la jeunesse de sa pensée retrouvée. Est venu ensuite, au temps de Pie X, le carcan des vingt-quatre thèses thomistes, dont les promoteurs auraient voulu faire l’équivalent des décrets de la Commission biblique. Ainsi, d’école de liberté, le thomisme est-il devenu ce système d’oppression que dénonçait sévèrement mais justement le P. de Lubac.
  2. Une école de sagesse, capable de renouveler la lecture de la Bible, de se mesurer avec les problèmes les plus urgents, d’opérer la synthèse de la culture et de la foi, de réconcilier la science et la prière. Concilier au lieu d’opposer, non par une juxtaposition bâtarde, mais par une synthèse cohérente – le vrai découvert par l’investigation critique ne pouvant se trouver en contradiction avec le vrai révélé par la parole biblique –, quoi de plus conforme à l’inspiration de saint Thomas ?

Pour finir, peut-être faut-il évoquer une parenté plus intime. Le P. Lagrange, pas plus que Thomas d’Aquin, « n’a travaillé dans la paix, mais dans le conflit et dans la hâte ». À lui aussi, on peut transposer ce que Maritain écrivait de saint Thomas, « si anxieux de savoir qu’il allait poser son front sur l’autel pour avoir la lumière (…). C’est qu’il était responsable de la plus lourde des tâches (…) ; la moindre faute aurait tout perdu ». En travaillant à arracher l’arme de la critique aux adversaires pour la retourner au bénéfice des croyants, le P. Lagrange s’engageait dans un combat acharné, où les coups les plus douloureux ne venaient pas du dehors. Sciens et prudens manum misi in ignem, répétait-il après saint Jérôme : en toute connaissance de cause, j’ai plongé la main dans le brasier. N’évoquait-il pas sa propre expérience lorsque, dans les conférences de Toulouse, il rappelait Thomas d’Aquin condamné par Étienne Tempier et par Robert Kilwardby ?

« Nous ne pouvons plus nous représenter les saints sans leur auréole, et leur doctrine nous apparaît toujours comme un rayon bienfaisant qui a lui sur un monde charmé.

Ils ont eu leurs difficultés, et la lutte contre les ennemis du dehors n’a pas toujours été le principal objet de leurs secrètes angoisses.

Ils ont passé par ces épreuves sans y succomber ».

Sans y succomber, comprenons sans renoncer ni l’un ni l’autre à leur grand dessein, recommandé par saint Augustin, de ravir aux Égyptiens leurs vases d’or : ce que Thomas d’Aquin avait réalisé pour la philosophie d’Aristote, M.-J. Lagrange l’a accompli pour la critique biblique, au profit des enfants de Dieu.

25 janvier 2025

L’union de saint Joseph à l’humanité et à la divinité de Jésus
Fr. Manuel Rivero O.P.
Saint Joseph appelé « le grand silencieux » ne nous a pas laissé une seule parole dans la mémoire des Évangiles. Homme de foi et d’action, Joseph
a reçu une mission de la part de Dieu, annoncée en songe par l’Ange du Seigneur (cf. Mt. 1, 20-25), et il l’a menée à son accomplissement dans la force et la tendresse propres à un époux, l’époux de Marie, et de père adoptif de l’enfant Jésus : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Pour saint Luc l’évangéliste, Marie brille comme la grande figure du commencement de l’Incarnation du Fils de Dieu. En revanche, pour saint Matthieu l’évangéliste, c’est Joseph qui joue un rôle capital dans l’Incarnation. En effet, c’est grâce à la foi et à la dynastie davidique de Joseph, que Marie reçoit un époux et l’enfant Jésus un père adoptif qui l’élève et l’enracine dans la descendance du roi David. Le Messie devait provenir de la maison du roi David, qui était né à Bethléem.
Marie et Joseph reçoivent des missions différentes et complémentaires. Marie deviendra par sa foi dans le Verbe fait chair, annoncé par l’ange Gabriel, la mère du « Fils du Très-Haut » (Lc 1, 32), et aussi la mère du Messie, roi : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 32-33).
Dans le mystère de l’Incarnation, Marie est unie au Fils de Dieu par sa maternité divine. Mère de l’humanité du Fils de Dieu fait homme, Jésus, Marie participe à la divinité à travers le corps de son fils Jésus, qui est son propre corps. « Né d’une femme », dira saint Paul (Ga 4,4). Jésus ne ressemble physiquement qu’à sa mère.
La participation à l’union hypostatique
En revanche, Joseph va aussi participer à la divinité de Jésus, non pas à la manière de Marie en lui donnant son code génétique, mais par son ministère de père adoptif. C’est ainsi que l’humanité de Jésus sera façonnée par la présence aimante et protectrice de Joseph, par son exemple d’humanité droite et fervente dans la prière au Dieu d’Israël, sans oublier la transmission d’un savoir-faire en tant que charpentier.
Le saint pape Jean-Paul II a écrit à propos de la paternité humaine de Joseph: « Sa paternité ne découle pas de la génération ; et pourtant, elle n’est pas « apparente » ou seulement « substitutive », mais elle possède pleinement l’authenticité de la paternité humaine, du rôle du père dans la famille. Il y a là une conséquence de l’union hypostatique : l’humanité assumée dans l’unité de la Personne divine du Verbe-Fils, Jésus-Christ. Avec l’humanité est aussi « assumé » dans le Christ tout ce qui est humain et, en particulier, la famille, première dimension de son existence sur terre. Dans ce contexte est aussi « assumée » la paternité humaine de Joseph .»
Le mot « hypostatique » nécessite définition et explication. Son étymologie provient « du grec hypostasis qui veut dire substance, réalité, et, par extension : personne.
Le Christ ayant une nature divine et une nature humaine n’est cependant qu’une seule personne (hypostase) d’où l’expression d’union hypostatique ». Le théologien jésuite, François Suarez (+ 1617), professeur à l’université de Salamanque, avait déjà présenté la paternité de saint Joseph comme une participation au mystère de l’Incarnation dans la lumière du mystère de Dieu .
La collaboration de saint Joseph à l’union hypostatique du Verbe qui a pris chair en Marie représente une médiation extrinsèque, différente de l’union de Marie à Jésus dans sa maternité, « chair de sa chair ». Il s’agit d’une coopération morale, éducative, spirituelle en tant que père éducateur de Jésus. Il convient aussi de souligner la participation de saint Joseph au mystère de l’Incarnation de Jésus à travers l’amour à l’égard de Marie, son épouse ; tant il est vrai que le meilleur cadeau qu’un père puisse offrir à son fils est d’aimer sa mère. En aimant Marie, Jésus a grandi « en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Lc 2,52).
Aujourd’hui, la Vierge Marie continue d’exercer sa maternité divine en tant que Mère de l’Église par son intercession auprès de son fils Jésus le Christ. Lors des noces de Cana, Marie avait vu le manque de vin qui allait gâcher la joie du mariage. Sans que personne lui demande quoi que ce soit, elle présenta humblement à Jésus les besoins des époux : « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2,3). La Vierge Marie intercède de manière universelle pour tous les hommes. « Mère de miséricorde », « Mater misericordiae » chante le Salve Regina, Marie manifeste son amour catholique pour tous, croyants ou pas.
Les derniers papes ont mis en lumière la sainteté de saint Joseph, notamment depuis Léon XIII avec son grand souci de justice sociale. Le pape Pie XI consacra la Russie à saint Joseph le 19 mars 1930. Pie XII mit la fête du 1er mai sous le patronage de saint Joseph, ouvrier. Saint Jean XXIII confia à saint Joseph le Concile Vatican II. Plus récemment, le pape François a donné à l’Église la belle Lettre apostolique Patris corde, datée du 8 décembre 2020.
Sainte Thérèse d’Avila (+1582) confia la fondation du premier Carmel d’Avila à saint Joseph. Dans sa « Vie », elle avoue ne pas connaître des personnes qui auraient été déçues en se tournant avec foi à saint Joseph.
Aussi pouvons-nous confier à l’intercession de saint Joseph nos projets, notre vie de prière, les soucis matériels et immobiliers, la vie des époux, la mission des évêques dont il est le patron, et de tous les hommes de bonne volonté.
Saint-Denis (La Réunion), le 25 janvier 2025, en la fête de la conversion de saint Paul, apôtre.

 

10 janvier 2025 Messe-Anniversaire

La messe de ce jour est célébrée par Fr. Manuel Rivero OP, président de l’association des amis du père Lagrange OP. Célébration au cours de laquelle vos intentions particulières sont confiées à l’intercession du père Lagrange et pour sa prochaine béatification. Et pourquoi pas, demandons à Marie de parler à l’oreille de son Fils pour que notre prière soit exaucée.

 

 

5 janvier 2025

L’Adoration des Mages

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or voici que des mages venus de l’orient arrivèrent à Jérusalem guidés par une étoile. Or, l’étoile qu’ils avaient vue s’arrêta juste au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Ils se réjouirent d’une très grande joie et se prosternant, ils lui offrèrent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe (voir Matthieu 2, 1-12).

Qui étaient ces mages ? Les anciens, en Occident surtout, on a vu en eux des prêtres de la religion des Perses. C’est le sens officiel du mot.  […] Nous devons simplement nous représenter quelques hommes graves appliqués à l’étude du ciel, désireux d’y lire l’avenir, et spécialement préoccupés de l’avènement d’un grand roi, attendu par les Juifs de ce temps. […] Balaam, le prophète du pays de Moab, avait annoncé qu’une étoile sortirait de Jacob, qu’un sceptre s’élèverait d’Israël.

[…] Or les mages avaient vu se lever à l’orient un astre nouveau, vraisemblablement une comète. Tout le monde se tenait pour assuré que c’était le présage d’un règne glorieux. […] La comète, si c’en était une, faisait donc l’office de guide, et saint Matthieu lui en prête les allures. […] Entrés dans l’humble étable qui servait de maison, les mages virent l’Enfant, avec Marie, sa mère, ils se prosternèrent devant Lui, et ouvrant leurs sacoches de voyage offrirent les présents dont ils s’étaient munis pour le petit roi : de l’or, de l’encens et de la résine parfumée qu’on nommait la myrrhe. Plus tard on y a vu des symboles : l’encens est réservé à Dieu, l’or va au roi, la myrrhe fut employée dans la sépulture du Christ.

(Marie-Joseph Lagrange O.P. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 69.)

1er janvier 2025

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Douce Année 2025

Tous nos vœux de paix, de justice et de fraternité.

« Vierge Marie, je vous offre de nouveau tout mon être et toutes ses opérations : conduisez-nous au Cœur de Jésus. » (Journal spirituel du P. Lagrange)