Écho de notre page Facebook : février 2019

27 février 2019

Une pensée du P. Lagrange pour cette journée

Ave Maria

« Je vois clairement que la plupart de mes peines et de toutes mes difficultés sont venues de ce que je n’ai pas suivi la voie que Notre-Seigneur m’avait indiquée au noviciat : de prière et d’obéissance. La seconde ne peut être parfaite sans un grand esprit de prière : il est vrai que la prière aussi est parfois bien amère, mais c’est en elle qu’on trouve la force de la continuer. D’ailleurs mieux vaut souvent une prière pauvre et en apparence méprisée, que des consolations trop constantes, sauf ces grandes grâces qui portent en elles l’humilité, mais qui ne sont données qu’à une prière pauvre et humble, gémissante. » (Journal spirituel, Cerf, 2014, pp. 240-241.)

 

Photo : Fra Giovanni Angelico en prière par Michel Dumas (1812-1885) (école Jean-Auguste Dominique Ingres). La composition de cette œuvre traduit une dévotion profonde : l’expression du visage accompagne un geste d’offrande des pinceaux. Le manuscrit en cours d’enluminure montre le travail de création interrompu par la prière. Un sol carrelé polychrome accentue la perspective et organise la composition en profondeur. Les meubles d’esprit médiéval, les outils de l’artiste (pots de couleur, carton à dessin) et quelques accessoires de composition (un vase, un crâne, des fils qui pendent) suggèrent l’atelier de l’artiste. La figure du Bienheureux Jean de Fiesole est à la fois dépouillée et sculpturale. La lumière éclaire son visage depuis le haut. (Musées de Langres.)

 

 

22 février 2019

« Mais pour vous qui dites-vous que je suis ? » insista Jésus.

Remise des clefs à saint Pierre-détail d’une fresque de la chapelle Sixtine-Vatican, par Pietro Perugino (15e)

[…] Pierre a dit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » […] C’est sur ce point capital que Pierre prend ici position, plus nettement que personne […] montrant ainsi qu’il a bien compris la parole de Jésus : « Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé. » (Jean 6, 57.)

[…] Par son amour pour Jésus, Simon est entré dans l’intimité du Père céleste qui la lui a révélée. Jésus confirme donc, au nom de son Père, ce que Simon a dit de sa personne. Il va dire à son tour ce qu’il pense de son disciple. […] « Et moi, je te dis que tu es Pierre (Kepha) et que sur cette pierre (kepha) je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. »

[…] Ainsi Pierre serait le chef spirituel du royaume, son Maître de vérité. Un autre symbole indique le caractère universel de son pouvoir. Le chef du royaume terrestre du Christ recevra de lui les clefs que tout maître de maison confie à son fidèle majordome pendant son absence. Et parce que le royaume de la terre ne sera fondé qu’en vue du royaume des cieux, les mesures prises par Pierre sur la terre seront ratifiées dans le ciel.

[…] Le Christ avait désigné Pierre comme le fondement ; l’édifice subsistait, il avait les mêmes adversaires, il tenait bon grâce au roc sur lequel il était bâti. C’était toujours Pierre qui tenait, mais ce n’était plus la personne de Pierre ; c’était son office, délégué à celui qui avait pris sa place. La promesse du Christ ne pouvait défaillir ; son objet était désigné par le fait de la succession.

[…] Après la résurrection, Pierre prend la direction de tout. Il faisait déjà dans l’Évangile figure de chef. Ce ne pouvait être à l’insu de Jésus ; Lui, le vrai Chef, dut s’en expliquer. Il le fit en des termes grandioses pour Pierre, engageant l’avenir, un avenir alors voilé, mais que sa parole domine encore avec une clarté toujours plus vive, une action toujours plus efficace.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, pp. 284-285.)

17 février 2019

Ars-sur-Formans (France), dimanche, le 17 février 2019.

Foyer sacerdotal de Bourg-en-Bresse (Ain)

Beau soleil d’hiver en ce dimanche où j’ai eu la joie de prêcher à la messe de la basilique du saint curé d’Ars. La célébration était priante dans une église remplie et don la liturgie a bénéficié de la chorale des sœurs d’inspiration carmélitaine : des voix pures soutenues par des sons discrets des guitares bien accordées.
Ars est une ville internationale qui attire des pèlerins du monde entier.
À la messe étaient aussi présents des membres de la communauté « Cenacolo ». Cette communauté propose à des personnes ayant connu l’esclavage de la drogue un cheminement de libération psychologique et spirituelle.
Le foyer sacerdotal Jean-Paul II accueille dans un cadre campagnard des séminaristes de plusieurs continents. Son architecture moderne est originale, agréable à voir et facile à vivre. C’est ici que je loge.
Le père Lagrange, né à Bourg-en-Bresse, originaire du diocèse, a l’honneur de donner son nom à la bibliothèque et salle de travail des séminaristes. Il avait été béni par le saint curé d’Ars à l’âge de trois ans, présenté par sa mère, Élisabeth Falsan, au saint curé, patron des prêtres, en demandant la guérison de son fils malade.
La retraite pour le prêtres du diocèse commencera ce soir avec le thème « Disciples-missionnaires de Jésus-Christ à la lumière de la vie et de l’œuvre du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem ».
Avec ma prière au Vivant et me confiant aussi à votre intercession pour que la retraite porte du fruit, je vous souhaite un paisible dimanche.
Fr. Manuel Rivero O.P.

13 février 2019
Bienheureux Jourdain de Saxe o.p.

« Sainte Marie, vous avez mis dans mon cœur cette compassion viscérale pour les malheureux ; mon implacable et sauvage égoïsme a tout étouffé. Je n’ai plus cherché le prochain que pour mon agrément ; manteau donné à un pauvre, vision de Notre-Seigneur Jésus Christ. St Martin, St François, Ste Catherine de Sienne, etc, ma ceinture (1), le Bienheureux Jourdain (2). » (Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 93.)

(1) Ceinture, donnée par le Bienheureux Hyacinthe-Marie Cormier o.p. (1904-1916), Maître de l’ordre, au fr. Marie-Joseph Lagrange le jour de sa prise d’habit.

(2) Bienheureux Jourdain de Saxe (1190-1237), premier successeur de saint Dominique. Lors de son généralat, il fit entrer un millier ou plus de nouveaux frères. Pauvre à l’extrême, il aimait la compagnie des pauvres. Auteur du Libellus.

11 février 2019
Notre-Dame de Lourdes
Journée mondiale du malade

« Il ne s’agit pas seulement d’une démarche de solidarité agréable à Dieu, mais d’une identification de Jésus à la personne du malade, de l’étranger et du prisonnier. »

(Le P. Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire. Manuel Rivero o.p., Cerf, 2012, p. 145.)

« Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous. »

 

 

10 février 2019

Le 10 mars 1938, le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, rejoignait la Maison du Père dans le couvent de Saint-Maximin (Var) ; il avait quatre-vingt-trois ans et il avait accompli une œuvre colossale au service de la Bible.

Le 10 de chaque mois, frère Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange, célèbre une messe aux intentions des amis de l’association et pour la béatification du P. Lagrange.

Nous sommes actuellement 1300 inscrits (connus) sur la page Facebook. Avec les « inconnus », ce nombre doit être bien supérieur. Cela fait une belle chaîne de prière.

Prions donc ensemble, avec la prière pour la glorification du P. Lagrange qui figure en page de couverture. Confions-lui nos demandes d’intercession.

 

8 février 2019

Notre-Dame de la Compassion

Notre-Dame de la Compassion des coeurs mauvais
Kouzma Petrov Vodkine (1914-1915)
Musée Russe de St-Péterbourg

Albert Lagrange, devenu dans l’ordre dominicain Marie-Joseph Lagrange, dira de Marie qu’elle est l’humble ménagère de Nazareth, marquant par là son humilité, il l’appellera Notre-Dame de la Compassion. (Le père Lagrange et la Vierge Marie par Manuel Rivero o.p. Cerf, 2012. Extrait recension J.-C. Desmidt.)

La compassion que nous inspirent les souffrances du prochain est souvent le commencement de la charité. […] Nous sommes plus sensibles aux épreuves physiques et intellectuelles de notre prochain qu’à ses épreuves surnaturelles ; en effet nous jugeons, pour lui, d’après nous. […] Il ne faut pas expliquer la charité de Dieu, mais la faire comprendre en la montrant. Le tout est de faire voir à une âme que Dieu est bon pour elle, qu’il l’a aimée. Quand on aura dit de vous, qu’il est bon, profondément bon, et quand vous aurez dit, « nul n’est bon, que Dieu seul » (Luc 18, 19), vous gagnerez cette âme. (extrait du Journal spirituel de Marie-Joseph Lagrange, Cerf, 2014, p.26.)

 

6 février 2019

La foi

Moïse – Les dix commandements
par Rembrandt (1659) – détail

Plus j’y pense, plus il me semble que l’acte de foi renferme éminemment un acte de confiance au Père : puisqu’il faut affirmer sans comprendre, n’est-ce pas par confiance dans la Vérité et la Bonté ? (Journal spirituel du père Lagrange, Cerf, 2014, p. 294.)

La foi… pour tous, savants ou ignorants, la difficulté principale est la même, croire au monde à venir et vivre selon cette croyance. Voilà pourquoi, en dépit des subtilités, la foi est si bien définie : « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » [cf. S. Paul, épître aux Hébreux – La foi persévérante, 11, 1.] (extrait du Journal spirituel du père Lagrange, Cerf, 2014, p. 311.)

 

2 février 2019

Présentation du Seigneur au Temple
De l’évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 25-32

En commentant cet évangile, le père Lagrange met en lumière l’entrée pour la première fois du Messie dans le temple de Jérusalem dès sa naissance où il est reconnu par Syméon, habité par l’Esprit comme tous les prophètes, comme la « lumière des nations » : (extrait de Le père Lagrange et la Vierge Marie par Manuel Rivero o.p., Cerf, 2012, p.66.)

Présentation du Seigneur au Temple (détail)
Fra Angelico (15e)

Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint reposait sur lui.

Et il avait été divinement averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

Il vint donc au Temple, poussé par l’Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard,

Il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : le Nunc dimittis

« Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. »

Écrits de circonstances : L’expérience du désert par le père Marie-Joseph Lagrange o. p.

Écrits de circonstances

Extrait de la Revue biblique n° 1 (1896), Chronique

« De Suez à Jérusalem par le Sinaï » p. 621

« Garde ma loi, observe mes commandements »

Mais déjà nous sommes dans le désert : peu à peu les conversations tombent, et l’entretien commence avec la solitude, la solitude tant aimée quand on a une fois noué commerce avec son âme. La solitude a eu ses amants passionnés auxquels la civilisation ne faisait éprouver qu’une intense nostalgie du désert : comme ces grands anachorètes dont la légende disait : pris d’un amour ineffable de la solitude : incredibili solitudinis captus amore. C’est qu’elle a sa grande beauté, beauté austère, et qui ne sera jamais goûtée du grand nombre, beauté qui se révèle à ceux qui savent le mériter par la fatigue physique et la privation de ce qui fait l’attrait du monde, beauté qui se manifeste dans l’unité d’une impression très grande, presque écrasante, si on n’y trouvait Dieu. Ce n’est pas que le désert soit monothéiste, puisque les anciens Sémites n’ont su que le peupler d’êtres étranges, plus malfaisants que leurs propres dieux, mais Dieu qui attend toujours l’occasion de parler à l’âme la trouve plus facilement dans ce silence des choses. Sous le poids d’une chaleur qui faisait vibrer l’air, encore plus accablé de l’éclat d’une lumière dure aux yeux, j’ouvris le livre et je lus : « Garde ma loi, observe mes commandements. » Cette voix pénétrait jusqu’à l’esprit, transperçant de crainte ma chair si souvent rebelle, si lourde à l’élan de l’âme, si sourde aux appels divins. Il me semblait que je n’avais jamais lu ces paroles nulle part, tant elles me paraissaient graves : et je compris comment le désert avait été nécessaire au peuple de Dieu avant de pénétrer dans la Terre promise. Et si telle est la voix de la solitude dans l’accablement du plein midi, qui dira la magie enivrante de la lumière du soir ?

Chronologie du père Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs par fr. Bernard Montagnes o.p.

1850 : 1er mai. Lyon : Mariage de Claude-Pierre Lagrange (né le 27 octobre 1814 à St-Romain-sous-Gourdon, Saône-et-Loire) avec Marie-Élisabeth Falsan (née le 2 août 1826 à Lyon).

1852 : 4 septembre. Claude-Pierre Lagrange nommé notaire à Bourg-en-Bresse (Ain), où il vient d’acquérir l’étude de MFontaine au prix de 96 000 F.

1855 : 7 mars. Bourg. Naissance d’Albert-Marie-Henri Lagrange, quatrième enfant du couple, le second à survivre.

12 mars.  Baptisé à l’église Notre-Dame. Parrain : Claude-Alexandre-Albert Falsan, oncle d’Albert, demeurant à Lyon. Marraine : Marie Lagrange, tante d’Albert, religieuse de Saint-Charles à Lyon.

1858 : Ars. Albert reçoit la bénédiction de Jean-Marie Vianney.

1862 : Bourg. « Je sais m’être confessé, à 7 ans, à M. Morand, aumônier de la Visitation. » Albert suit les classes élémentaires du collège diocésain de Bourg.

1864 : Saint-Romain-sous-Gourdon. Noces d’or des grands-parents Lagrange.
Octobre : Albert L. entre au petit séminaire d’Autun en 7e. Il y restera jusqu’en 1869-1870.

1865 : Incident avec le directeur de la division des petits. « Ne pouvant me faire à des allures que je jugeais despotiques, je l’avais prié de nous lire le règlement, car je voulais bien obéir à la règle, mais non pas à l’arbitraire. Ce gamin de dix ans réclamant une constitution lui parut grotesque. »

1866 : 27 mai, fête de la Sainte Trinité. Première communion (seul Albert Falsan a pu venir remplacer les parents).
1er juin. Saint-Romain-sous-Gourdon. Décès de Louis Lagrange, père de Claude-Pierre.

1867 : 19 mai. Albert reçoit la confirmation de Mgr Thomas, évêque de La Rochelle. François-Xavier est son saint de confirmation.

1868 : Autun, en classe de quatrième. « Au petit séminaire d’Autun, on nous faisait apprendre S. Luc [en grec] par cœur dès la quatrième. »

1869 : Été. « Mon père m’avait mené au Creusot, pour voir si j’avais le goût des machines. Je tombai malade de dégoût et d’ennui. La cause était entendue. »

1870 : 25 mars, Autun. « En seconde, le jour de l’Annonciation, j’avais eu la révélation que j’entrerais dans l’ordre de Saint-Dominique. Je n’en ai qu’un vague souvenir. »
15 juillet. Dijon : Le père d’Albert le mène à Dijon pour entendre les plaidoiries d’une importante affaire. Sera-t-il avocat plus tard ? « Au musée de Dijon, je vis – et je demeurai frappé pour longtemps – l’Amour dominateur [du monde] de Rude. »
Octobre. Autun. « Nous rentrâmes à Autun. Quelques jours après nous étions chassés par des garibaldiens espagnols. » Albert suit la classe de rhétorique au collège de Bourg.

1871 : Été. « On me mena aux eaux d’Uriage. Révélation de la grande nature alpestre. Lecture de Walter Scott, Waverley. » Autres lectures : Le Tasse, Jérusalem délivrée, « mais ce fut un attrait passager. Déjà Dante m’avait pris, et il m’a gardé. »
15 août, Autun : Le séminaire incendié.
Octobre. Année de philosophie commencée à Autun. « Dès l’hiver, je dus rentrer à la maison, faible, incapable de travail ; d’ailleurs l’âme n’y était pas. »

1872 : 17 et 18 mars. Lyon. Albert passe le baccalauréat. Reçu, ses amis le conduisent à N.-D. de Fourvière.
8 mai : « De plus en plus la musique, la poésie, l’éloquence ont un plus grand prestige à mes yeux. Je veux connaître les arts et Paris. Après cela, que deviendrai-je ? Tu ris peut-être en pensant à mon ancienne vocation dominicaine. Eh bien ! c’est précisément pour la voir se renouveler et se décider de plus en plus que j’attends la première communion [des enfants]. »
Mai. Autun. Préparation au concours de Saint-Cyr.
26 mai, fête de la Sainte Trinité : Albert chargé de garder les enfants qui se préparent à la première communion. « J’ai eu une claire vision que je serais un jour dominicain. » « J’en fis même le vœu, sans en rien dire à personne. »
Été : « Je rentrai à Bourg, bachelier, mais refusé à Saint-Cyr, où d’ailleurs je ne serais rentré à aucun prix. »
14 juillet. Autun : Réunion des Conférences de Saint-Vincent de Paul. « Je vis là M. Foisset et M. Cornudet. »
21 août. Autun. Réunion des anciens du séminaire. Présents : Louis Lagrange, curé de Saint-Romain-sous-Gourdon ; Claude Lagrange, notaire à Bourg, son frère ; Louis et Albert, de Bourg, fils de Claude.
Automne. Bourg. Albert commence sa première année de droit, avec inscription à Dijon.

1873 : 23 mars. Saint-Romain-sous-Gourdon : Décès d’Antoinette-Philippe Cléau, veuve de Louis Lagrange (†1.6.1866). « On m’amena près de son lit de mort. Ce fut mon premier contact avec son mystère. »
Été : « J’allai en Suisse avec Hubert du Puy ; au Beuvray, je passai quelques jours délicieux avec M. Bulliot, poète et archéologue. 7 août : Landriot. »
Fin octobre. Paris. Claude Lagrange présente Albert à Eugène Beluze. Albert loge au Cercle catholique du Luxembourg. Albert suit les cours de droit. Inscrit aussi à la Sorbonne pour une licence ès lettres.

1874 : Paris. Étudiant en droit.

1875 : Soissons. Année de service militaire.
15 novembre. Paris. Ouverture de la faculté de droit à l’Institut catholique.

1876 : Paris. Albert prend sa 13inscription de droit à l’Institut catholique.
25 octobre. Paris. 14inscription.

1877 : 13 janvier. Paris. 15inscription.
Printemps-Été : Épisode de la « conversion » à Paris, dans l’église Saint-Sulpice. Retour à Bourg. Démarche de M. Duchêne auprès de Claude Lagrange.
3 novembre. Paris : 16inscription, toujours à l’Institut catholique. Albert choisit le P. Souaillard O.P. pour directeur de conscience. M. Hogan P.S.S., directeur à Saint-Sulpice, l’accepte comme séminariste du dehors, lui conseille de lire saint Paul selon l’ordre de son histoire.

1878 : 8 juillet. Paris. Albert reçu docteur en droit. « J’étais libre désormais de suivre ma vocation. Je compris dès lors que la vie dominicaine en était le terme. » Il s’inscrit comme stagiaire au barreau de Paris. « Ses jeunes confrères l’ont élu maître de leur conférence préparatoire aux exercices du stage » (Abel). « Il plaida pour la première fois comme défenseur d’office d’un délinquant vulgaire » (Fernessole). « Il porta quelquefois la parole devant le tribunal » (Cl.-P. Lagrange).
Été : Départ pour l’Algérie, avec Paul Beluze. Passe dans l’église des dominicains de Marseille. Va voir son frère Louis, militaire à Fort-National.
Été : Pèlerinage à Ars, où il implore « la grâce de mourir dans l’ordre de Saint-Dominique, fût-ce martyr ».
Automne : Au séminaire Saint-Sulpice d’Issy. Il suit les cours de philosophie de M. Pierre Valet P.S.S. Il prend pour directeur M. Alphonse Lafuye, économe.
21 novembre. Issy. Il prend la soutane le jour où les sulpiciens se consacrent chaque année à Marie. Il a pour condisciples Henry Hyvernat, Jacques Thomas, Eugène Jacquier.
1er décembre. Issy. Arrivée de Pierre Batiffol.

1879 : 24 mai. Paris. Décès de Paul Beluze. « Je ne parle pas de ma douleur. »
6 juin. Issy. Albert L. tonsuré ; son nom inscrit dans un cœur d’or offert par les ordinands à Notre-Dame-de-Lorette.
Août. Sélignac. « Avant la fête de l’Assomption, j’avais fait trois jours de retraite à la chartreuse de Sélignac : le P. Doussot y était encore ; il m’engagea à voir la province de Toulouse. Je pris rendez-vous avec l’abbé Castellan. »
30 août, fête de sainte Rose de Lima. Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Il obtient le consentement de ses parents pour entrer dans l’ordre des Prêcheurs.
8 septembre. Avec l’abbé Castellan, le matin à Saint-Maximin, le soir à la Sainte-Baume.
9 septembre. Marseille. Il rencontre le P. Cormier, provincial, qui lui propose de suivre la retraite du couvent de Saint-Maximin.
10 septembre. Saint-Maximin. Il arrive au couvent avec le P. Cormier, qui vient prêcher la retraite conventuelle.
19 septembre. Il quitte le couvent de Saint-Maximin, où il reviendra bientôt recevoir l’habit dominicain.
Septembre. Pèlerinage à Ars avec Pierre Batiffol et sans doute Henry Hyvernat.
5 octobre. Marseille. Le matin à l’église du Rosaire, avec son cousin Langeron. Le soir retour au couvent de Saint-Maximin.
6 octobre. Saint-Maximin. Le provincial Cormier donne l’habit dominicain à Albert Lagrange, qui reçoit le nom de frère Marie-Joseph. Le noviciat comprend douze frères, dont la moyenne d’âge est de vingt-cinq ans. Maître des novices : le P. Albert Gebhart.

1880 : 6 avril, fête de l’Annonciation (renvoyée). Saint-Maximin. Expérience spirituelle (Souvenirs personnels, p. 279).
3 mai. Saint-Maximin. Le maître des novices écrit au maître de l’ordre pour que le noviciat ne soit pas dispersé (à cause des mesures gouvernementales contre les congrégations) et trouve asile à Salamanque. Accordé par MLarroca.
30 juin. Saint-Maximin. Fausse alerte d’expulsion.
6 octobre. Saint-Maximin. Le prieur Vincent de Pascal reçoit la profession simple de quatre novices, dont celle du fr. M.-J. Lagrange. Celui-ci va passer ensuite une semaine dans sa famille, jusqu’au 13 octobre.
30 octobre. Saint-Maximin. La communauté, constamment sur le qui-vive depuis le 17 octobre, est expulsée du couvent manu militari.
4 novembre. Salamanque. La communauté de Saint-Maximin arrive au couvent Saint-Étienne où elle rétablit la vie régulière interrompue depuis la révolution de 1835. M.-J. Lagrange fait sa première année de théologie (1880-1881).
Du 25 novembre au 9 décembre. Salamanque. Séjour du P. Cormier.
5 décembre, 2dimanche de l’avent. Rétablissement de l’office de nuit.
17 et 18 décembre. Avila. Mgr Antoine Colomer, O.P., de la province des Philippines, vicaire apostolique du Tonkin oriental, évêque titulaire de Themiscyra, confère au fr. M.-J. Lagrange les quatre ordres mineurs et le sous-diaconat, avec dispense des interstices, grâce aux lettres dimissoriales accordées par Mgr Pierre Soubiranne, évêque de Belley. Le fr. M.-J. Lagrange découvre sainte Thérèse d’Avila au carmel de l’Incarnation.

1881 : 11 juin. Salamanque. « En un mot, considérer S. Thomas comme la conclusion harmonieuse de toute la doctrine catholique, et non comme le point de départ de toutes les chicanes. Ô très pure Marie, enseignez-moi à combattre les hérésies, non les catholiques. »
28 juin. Salamanque. Le provincial Cormier vient effectuer la visite canonique (ouverte le 1er juillet) et passer trois mois à Saint-Étienne.
2 juillet. Salamanque. « On photographie tous les frères » (Chronique).
14 juillet. Salamanque. « L’événement du jour est la nouvelle qu’une mission est accordée à notre province au Brésil. »
7 août : M.-J. L. va soigner sa gorge en France et retrouver sa voix presque éteinte.
7 septembre. Salamanque. Le P. Cormier nomme et installe prieur le P. Étienne Gallais.
22 septembre : Retour de M.-J. L.
23 septembre : Commencement de la retraite prêchée par le P. Cormier.
9 octobre : Le P. Cormier retourne en France.
24 novembre : Pèlerinage des frères à Alba de Tormes, au tombeau de sainte Thérèse.

1882 : 26 janvier. Salamanque. Décès de fr. Raphaël (Célestin) Goulesque.
19 avril : Pèlerinage à Alba de Tormes, à l’intention du chapitre provincial de Toulouse.
29 avril. Toulouse : Le chapitre élit le P. Réginald Colchen prieur provincial.
13 juillet. Salamanque. Arrivée du P. Henri Guillermin, nommé vicaire du provincial à Saint-Étienne durant deux mois afin de réorganiser les études.
22 juillet : M.-J. L. nommé collégial.
2 septembre : Arrivée du provincial Colchen, qui restera durant trois mois. Il prêche la retraite conventuelle à partir du 21 septembre.
28 septembre : Expérience spirituelle (Souvenirs personnels, p. 284).
8 novembre : Pèlerinage à Alba de Tormes, pour le troisième centenaire de la mort de sainte Thérèse. Grand-Messe chantée par le P. Colchen (qui retourne en France le 12 novembre).

1883 : 22 février. Salamanque. Promenade « missionnaire » des frères, M.-J. L. en tête, qui « veulent essayer si, plus tard, ils pourront faire de bons missionnaires » (Chronique).
29 avril. Lyon. Décès de Marie-Françoise Lagrange, sœur Sainte-Bernardine, marraine de M.-J. L.
2 juillet. Salamanque. Pèlerinage à Alba de Tormes avec le maître de l’ordre Larroca.
6 juillet : M.-J. L. part pour la France à cause de la très grave maladie de son père.
14 août : Retour de M.-J. L.
3 septembre : Arrivée du P. Emmanuel Manuel, qui vient prêcher la retraite conventuelle.
21 septembre. Bourg-en-Bresse. Décès de Claude-Pierre Lagrange.
22 septembre, samedi des quatre-temps. Salamanque. M.-J. L. ordonné diacre. En même temps il apprend la nouvelle de la mort de son père.
6 octobre : Profession solennelle de M.-J. L. reçue par le prieur Étienne Gallais.
22 décembre. Zamora. M.-J. L. ordonné prêtre par l’évêque de Zamora.
23 décembre. Salamanque. Première messe, à l’autel du Rosaire. Y assistent sa mère et sa sœur Thérèse.
25 décembre : M.-J. L. célèbre la messe de minuit.

1884 : 22 mai. Salamanque. M.-J. L. demande conseil à Henry Hyvernat pour étudier les langues orientales.
14 juillet : M.-J. L. reçu lecteur en théologie. Il prête « sans scrupule, avec une conviction ferme », le serment de tenenda solida S. Thomae doctrina.
Septembre : Retraite conventuelle prêchée par le P. Dominique Lambert. M.-J. L. chargé d’enseigner l’histoire ecclésiastique (1884-1885 et 1885-1886).

1885 : 23 avril. Paris. Début de la mystification ourdie par Léo Taxil au sujet de Diana Vaughan (jusqu’au 19 avril 1897).
Septembre. Salamanque. Retraite conventuelle prêchée par le P. Colchen.

1886 : Saint-Maximin. Le chapitre provincial décide le retour en France des frères exilés à Salamanque.
Août à Toulouse. Le collège de théologie s’y organise. M.-J. L. enseigne la philosophie et l’Écriture sainte en 1886-1887 et 1887-1888. En même temps il est Père maître des frères convers.

1887 : Le 8 juillet à Toulouse. M.-J. L. demande conseil à Henry Hyvernat pour se spécialiser en Écriture sainte.

1888 : Le 26 septembre à Toulouse. Le conseil provincial a décidé d’envoyer M.-J. L. à Paris étudier les langues orientales et travailler avec le P. Scheil.
2 octobre : Le couvent de Paris ne pouvant recevoir M.-J. L., le provincial Colchen demande à l’envoyer à Vienne.
27 octobre. Vienne. Arrivée de M.-J. L.

1889 : 2 février. Lettre du provincial Colchen (arrivée à Vienne le 5 février) qui cède M.-J. L. à Saint-Étienne de Jérusalem pour y fonder une école d’Écriture sainte.
8 février. Vienne. M.-J. L. esquisse un programme d’études bibliques.
Juin. Jérusalem. Une circulaire annonce le projet de fonder à Saint-Étienne une faculté de langues orientales et d’Écriture sainte.
18 juillet. Vienne. M.-J. L. part pour la France.
14 août. Saint-Maximin. Arrivée de M.-J. L. Il fait part au provincial Colchen des difficultés qu’il voit au projet de Jérusalem.
25 août. Rome : Le maître de l’ordre autorise la fondation d’une école d’Écriture sainte à Jérusalem.
26 août. Rome. Le maître de l’ordre confirme que M.-J. L. est destiné à Jérusalem.
5 septembre. Vienne : M.-J. L. de retour pour un autre semestre.

1890 : 18 janvier. Toulouse. Le P. Colchen demande que M.-J. L. puisse, à la fin de son semestre d’études, faire un voyage en Orient.
5 février. Vienne : M.-J. L. reçoit la lettre du P. Colchen lui demandant d’aller à Jérusalem.
14 février. Trieste. M.-J. L. s’embarque pour Alexandrie, où il arrive le 19.
9 mars. Jaffa. Arrivée de M.-J. L., qui parvient le 10 à Jérusalem.
2 avril. Jérusalem. « Je crois que nous pouvons commencer dès le mois d’octobre prochain. »
16 avril : Début du voyage de M.-J. L. avec l’abbé Heidet et le P. Van Kasteren S.J. en Transjordanie.
15 juillet. Jaffa. M.-J. L. s’embarque en compagnie du P. Ollivier.
Août. Saint-Maximin. M.-J. L. fait sa retraite, y rencontre le provincial Gallais, le 7 août. Celui-ci voudrait le garder à Toulouse.
12 août. Rome. Rien n’est changé aux ordres concernant M.-J. Lagrange à Jérusalem.
27 septembre. Marseille. M.-J. L. s’embarque pour l’Orient.
29 septembre. Rome. M.-J. L. institué lector primarius à Saint-Étienne de Jérusalem.
6 octobre. Jérusalem : Arrivée de M.-J. L. Sa patente de lector primarius arrive le 15.
4 novembre : Commencement des cours d’études bibliques.
15 novembre : Inauguration officielle de l’École pratique d’études bibliques. Discours du P. Lagrange et du P. Séjourné.
22 décembre. Rome. Le P. Cyprien Florissone, de la province de Lyon, nommé maître des novices profès à Jérusalem ; quatre frères novices profès de Lyon (Alexis Casterot, Antonin Jaussen, Emile Princet, Abel Veillat) assignés à Saint-Étienne.

1891 : 8 janvier. Rome. Décès du maître de l’ordre Marie-Joseph Larroca.
9 mars. Jérusalem. M.-J. L. soumet au vicaire général de l’ordre le projet de Revue biblique trimestrielle.
23 mars. Rome. M.-J. L. institué vicaire de Saint-Étienne ad triennium (patente arrivée à Jérusalem le 4 avril ; il accepte le 7 avril).
5 juin, fête du Sacré-Cœur à Jérusalem, pose de la première pierre du bâtiment de l’École.
14 juillet, M.-J. L. part pour la France.
19 septembre. Lyon. le chapitre général élit maître de l’ordre André Frühwirth. Celui-ci choisit le P. Cormier comme socius français. M.-J. L. soumet au chapitre un mémoire sur les études bibliques dans l’ordre.
23 septembre. Bourg-en-Bresse. M.-J. L. expédie l’Avant-propos de la Revue biblique.
26 septembre. Marseille. Il s’embarque pour la Palestine.
2 octobre. Toulouse : il est élu prieur du couvent Saint-Romain. Élection cassée à Rome le 8 octobre.
10 octobre. Jérusalem. Il est de retour.
16 octobre. Jérusalem. Retraite conventuelle.
30 octobre. Rome. MFrühwirth prend ses fonctions de maître de l’ordre.
9 au 16 novembre. Voyage archéologique dans le midi de la Judée.
7 décembre. Jérusalem. Inauguration du bâtiment de l’École biblique.
14 décembre. Ouverture des conférences publiques de l’École.
30 décembre. Le premier numéro de la Revue biblique arrive à Jérusalem.

1892 : Février : voyage au Jourdain, auquel participent les jeunes assomptionnistes de Notre-Dame de France.
7 mars. Jérusalem, fête de S. Thomas, à laquelle sont invités les franciscains. M.-J. L. présente une étude sur S. Thomas, en français.
7 avril. Rome. Saint-Étienne est érigé en couvent formel (pouvant recevoir des novices). M.-J. L. est nommé prieur (entre en fonction le 16 avril).
21 avril. Voyage au-delà du Jourdain.
Fin mai. Rome. M.-J. L. reçu par MFrühwirth, qui lui accorde trois lettres de recommandation (au ministre des Affaires étrangères Ribot, au président du Conseil de la Propagation de la Foi, au président de la Société de secours pour les religieux expulsés). Invité par Rossi, M.-J. L. fait une communication à la Società romana per gli studi biblici sur l’inscription nabatéenne à Jérusalem.
20 juin. Sèvres. M.-J. L. remercie MFrühwirth de son accueil à Rome. Paris : Rencontre à l’Institut de France, « où j’ai été très bien vu par les plus grands savants français qui applaudissent à la fondation de l’École ».
8 juillet. Lyon.
25 juillet. Roybon.
Fin juillet. Marseille. M.-J. L. s’embarque pour Constantinople où il va solliciter le firman.
15 août. Smyrne.
30 août. Constantinople. Visite au grand vizir pour le firman de Saint-Étienne.
9 septembre. Jérusalem. Retour de M.-J. L.
17 septembre. Rome. Bref de Léon XIII (obtenu par le cardinal Zigliara) approuvant le dessein de l’École biblique et la fondation de la Revue biblique.
24 septembre. Jérusalem. Retraite conventuelle prêchée par le P. Ambroise Gardeil.
2 octobre. Paris. Mort d’Ernest Renan.
20 octobre. Constantinople. Firman du sultan autorisant la reconstruction de la basilique d’Eudocie.

1893. 25 janvier. Paris. Article de Mgr d’Hulst dans le Correspondant sur la question biblique. Voyage au Sinaï, à Aqaba.
15 mai. Jérusalem. Ouverture du congrès eucharistique international présidé par le cardinal Langénieux.
11 août : Retraite.
Été : M.-J. L. rédige la monographie Saint Étienne et son sanctuaire de Jérusalem (manuscrit soumis dès la fin de décembre à l’approbation de MFrühwirth).
15 octobre : Il prêche la fête de sainte Thérèse au Carmel du Pater (thème : l’amour de sainte Thérèse pour N.S.J.C.)
29 octobre : Il demande de supprimer son article déjà imprimé pour la Revue biblique sur la question biblique.
18 novembre. Rome. Encyclique Providentissimus Deus« La Revue biblique n’avait point à faire une soumission obséquieuse et développée comme si elle avait été visée en mauvaise part par l’encyclique. Nous fîmes suivre [la traduction française] d’une courte adhésion, non point résignée, mais joyeuse. »

1894 : 7 février. Rome. Le pape fait transmettre par le P. Granello à M.-J. L. sa bénédiction apostolique après l’adhésion de la Revue biblique à l’encyclique Providentissimus.
7 mars. Jérusalem. À la fin de la séance académique en l’honneur de S. Thomas d’Aquin, M.-J. L. interprète une pièce humoristique : poésie et philosophie se disputent, jusqu’à ce que la théologie les réconcilie.
8 mai : Fête de Jeanne d’Arc organisée par M.-J. L. pour les communautés françaises de Jérusalem. Présence d’un groupe nombreux d’officiers de marine.
24 mai : M.-J. L. demande que Saint-Étienne soit érigé en studium formel.
6 juillet. Rome. M.-J. L. passe l’examen ad gradus et reçoit le diplôme attestant qu’il est approuvé pour devenir maître des études et bachelier du studium.
11 juillet. Rome. MFrühwirth érige Saint-Étienne en studium formel.
13 juillet. Bologne. M.-J. L. est venu y rencontrer le P. Azzopardi.
22 juillet. Paris. M.-J. L. envoie à Rome le contrat avec l’éditeur Lecoffre, qui publiera désormais la Revue biblique. Batiffol deviendra secrétaire de la revue.
25 au 29 juillet. Reims. IXcongrès eucharistique international, où M.-J. L. plaide la cause de Saint-Étienne et obtient une aide pour commencer les travaux de la basilique.
21 août. Roybon. Le volume sur Saint Étienne va sortir.
25 août. Roybon.
Septembre. Genève. Xcongrès des Orientalistes, où M.-J. L. présente la mosaïque arménienne découverte à côté de l’emplacement de la basilique d’Eudocie.
8 septembre. Marseille. Départ vers la Palestine. Retour à Jérusalem le 14 septembre.
28 octobre. Rome. M.-J. L. nommé maître des études au studium de Jérusalem. Le 10 novembre, il sera nommé bachelier.
30 octobre. Jérusalem. Lecture de la patente instituant régent des études le P. Azzopardi. Sans être régent, M.-J. L. demeure directeur de la Revue biblique.

1895 : Janvier. Paris. La Revue biblique commence de paraître chez Lecoffre-Gabalda.
21 mai. Rome. Étienne le Vigoureux confirmé prieur de Saint-Étienne.
1er juin. Avila. Le chapitre général recommande aux provinciaux d’envoyer à Saint-Étienne des frères qui y apprendront les langues orientales et s’appliqueront à l’étude de la Bible.
10 octobre. Jérusalem. M.-J. L. institué sous-prieur.
9 décembre. Rome. Télégramme de MFrühwirth ; « Saint-Père bénit de tout cœur pose première pierre. »
10 décembre. Jérusalem : Bénédiction de la première pierre de la basilique de Saint-Étienne.

1896 : 4 février. Jérusalem. Départ du voyage pour l’Égypte et le Sinaï. Le P. Coconnier et Mme Galichon-Sargenton font partie de l’expédition.
5-12 février. Le Caire.
12 février. Suez.
16 février : L’expérience du désert (Revue biblique 1896, p. 621).
24 février : Sinaï (Ibid., p. 641).
5 mars : Notre-Dame de la Chaux : Décès de l’oncle curé Louis Lagrange.
7 mars. Rome. Le P. Cormier nommé procureur général, et consulteur du Saint-Office.
Février-mars : Bénéfice du voyage au Sinaï (Revue biblique 1915, p. 253).
27 avril. Paris. Article du P. Pègues sur Diana Vaughan dans l’Univers.
Commencement de l’été. Jérusalem. Visite à l’École biblique des trois jésuites Leroy, Fonck et Condamin.
2 juin. Rome. MFrühwirth écrit que le P. Azzopardi pourrait laisser la régence, que prendrait le P. Lagrange.
20 juillet. Neuilly. M.-J. L. rencontre Loisy.
6 août. Paris.
10 septembre. Jérusalem. Conversation du patriarche Piavi avec Athanase Vanhove, A.A., au sujet de l’École biblique. « C’est une école rationaliste, protestante, qui renverse toutes les traditions. »
Octobre : Voyage à Pétra (28 octobre, l’inscription nabatéenne retrouvée et estampée).
4 novembre. Rome. Le P. Azzopardi nommé maître en théologie. M.-J. L. institué régent des études (patente lue à Jérusalem le 14 novembre).
8 décembre. Jérusalem. Séance solennelle pour conférer la maîtrise au P. Azzopardi.

 

1897 : 13 janvier. Rome. Décret du Saint-Office sur la comma johannique (parvenu à Jérusalem le 9 avril, accompagné d’une carte du P. Granello).
30 janvier. Paris. Batiffol a été chargé par le recteur de l’Institut catholique Péchenard, et en dépit des sournoises intrigues de la « coterie Duchesne » d’un cours sur l’Église naissante pour les jeunes filles.
2 février. Jérusalem. Premier projet de ce qui deviendra la collection des « Études bibliques ».
15 mars : « Je me crois obligé de renoncer à l’authenticité mosaïque du Pentateuque, comme ensemble de rédaction. »
Avril : La Revue biblique (p. 318-319) annonce le congrès de Fribourg. Au programme prévu : Lagrange, « Les sources de la Genèse ».
1er avril : Le P. Pègues demande au maître de l’ordre l’autorisation d’assister à la présentation de Diana Vaughan prévue à Paris le 19 avril.
9 avril. Jérusalem. Arrivée du décret du 13 janvier.
17 avril : Loisy à Mignot. « Aucune relation n’existe plus entre la Revue biblique et moi. »
19 avril. Paris : La mystification de Léo Taxil dévoilée. Avait débuté le 23.4.1885.
25 mai. Jérusalem. Un jeune assomptionniste qui suit les cours de M.-J. L. annonce à Loisy que Von Hügel et Lagrange discuteront à Fribourg l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Déjà M.-J. L. explique à son cours le Deutéronome dans le sens de l’hypothèse documentaire.
10 juin : Le prieur de Saint-Étienne, Le Vigoureux, se plaint au maître de l’ordre de la campagne que mène le patriarche Piavi contre son couvent.
27 juin : M.-J. L. demande au maître de l’ordre l’autorisation d’aller en France pour le congrès catholique de Fribourg et le congrès des Orientalistes de Paris.
5 juillet. Rome. Permission accordée.
18 juillet. Jérusalem. M.-J. L. remercie de la permission d’aller en France.
6 août. Bourg-en-Bresse. Il voudrait rencontrer MFrühwirth à Oullins avant de partir à Fribourg. Rencontre à Oullins ou à Lyon ; Me Frühwirth désigne comme censeurs de la communication pour Fribourg le P. Berthier et le P. Gardeil.
16-20 août. Fribourg. 4congrès scientifique international des catholiques.
19 août : À la section des sciences exégétiques, communication de M.-J. L.
22 août. Roybon. M.-J. L. rend compte à MFruhwirth du congrès du Fribourg ; dit son projet de pénétrer dans l’université.
5-12 septembre. Paris. 5congrès des Orientalistes, où M.-J. L., le 8 septembre, « essaie de tirer quelques conclusions des études épigraphiques pour l’étude de l’Ancien Testament ».
Après le 3 octobre. Voyage à Petra. Embuscade dans laquelle tombent les explorateurs.
Fin novembre. Rome. Léon XIII institue à l’Apollinaire une chaire d’exégèse biblique dont est chargé le P. Genocchi.
5 décembre. Paris. F. Vigouroux met en garde Batiffol contre la publication dans la Revue biblique des « Sources du Pentateuque ». Batiffol encourage M.-J. L. à publier l’article.
16 décembre. Rome. Me  Frühwirth demande à M.-J. L. de proposer un plan pour les études bibliques à Rome.

 

1898 : Janvier. La Revue biblique publie « Les sources du Pentateuque ». S’ensuit une polémique de presse avec le journal l’Universreproduite à Jérusalem dans Saint François et la Terre sainte.
14 février : « Je me suis définitivement entendu avec Lecoffre pour l’impression de sa Genèse. »
15 avril. Jérusalem. Le patriarche Piavi dénonce « Les sources du Pentateuque » au préfet de la congrégation de la Propagande (Souvenirs personnels, p. 318).
17 avril, dimanche de Quasimodo. Inauguration de la basilique Saint-Étienne, bénite par le patriarche Piavi.
10 mai : Mémoire de M.-J. L. touchant les reproches adressés à l’École biblique.
15 mai. Rome. Suppression de l’Académie biblique.
18 juin. Jérusalem. Élection priorale, le P. Gardeil élu. Élection non confirmée.
27 juin. Rome. MFrühwirth institue le P. Le Vigoureux prieur (pour un second priorat).
19 juillet. Jérusalem. M.-J. L. reçoit une dépêche de MFrühwirth le convoquant à Rome.
Fin juillet. Rome. M.-J. L. reçu par le cardinal Satolli. D’abord pas d’audience pontificale, puis reçu par Léon XIII, qui l’a « tenu avec lui longtemps », mais sans parler de la Bible.
2 août : Statut donné à la Revue biblique par MFrühwirth (Souvenirs personnels, p. 320).
11 août. Roybon. M.-J. L. remercie MFrühwirth de l’accueil reçu à Rome.
19 août. Roybon.
8 septembre. Marseille. Départ pour Jérusalem. M.-J. L. envoie une page spécimen de la Genèse.
18 septembre. Jérusalem. Incident avec le P. Le Vigoureux.
27 octobre. Rome. MFrühwirth demande à M.-J. L. d’attendre pour publier son ouvrage.
Novembre. Toulouse. Batiffol prend ses fonctions de recteur de l’Institut catholique.
5 novembre. Paris. article du P. Méchineau dans les Études contre « Les sources du Pentateuque », traite M.-J. L. de transfuge.
24 novembre. Rome. Lettre de Léon XIII aux franciscains, contre la nouvelle exégèse.
8 décembre. Paris. Le P. Sertillanges nommé secrétaire de la Revue biblique.
31 décembre. Jérusalem. Nouvelle dénonciation envoyée à Rome par le patriarche Piavi.

 

1899 : 16 janvier. Rome. Le cardinal Satolli, préfet des Études, envoie une lettre d’approbation.
20 janvier. Rome. Réponse de la Propagande à Mgr Piavi : dossier transmis au Saint-Office.
20 janvier. Toulouse. Batiffol lance le Bulletin de littérature ecclésiastique.
11 février. Jérusalem. M.-J. L. transmet sa charge de régent des études, comme demandé par MFrühwirth, au P. Azzopardi.
16 février. Rome. MFrühwirth impose deux censeurs : Th. Esser à Rome, R. Walsh en Irlande.
21 février. Jérusalem. Rapport de M.-J. L. au cardinal Satolli (Souvenirs personnels, p. 328).
18 mars. Jérusalem. M.-J. L. accueille Fracassini.
4 juin. Rome. « Le Rme P. est tout disposé à permettre [à M.-J. L.de venir en France et à Rome, mais il ne croit pas encore le moment opportun et le prie d’attendre son avis. »
16 juillet. Rome. « Le Rme P. lui renouvelle les ordres donnés le 4 juin et d’une manière plus catégorique : ni le voyage de France ni le voyage de Rome ne sont opportuns, et il prie le P. L. d’attendre ses ordres. »
8 septembre. Rome. Encyclique de Léon XIII Depuis le jour sur l’enseignement à donner aux clercs pour parer aux nouveautés philosophiques ou exégétiques.
15 septembre. Rome. MFrühwirth renforce la censure romaine à laquelle doit être soumis tout ce qu’écrit M.-J. L.

 

1900 : 7 mars. Toulouse. M.-J. L. demandé comme professeur d’Écriture sainte à l’Institut catholique. Réponse de MFrühwirth, le 12 mars : Non expedire.
25 mars. Jérusalem. « Projet d’un commentaire complet d’Écriture sainte » (publié dans la Revue biblique de juillet).
29 mars : M.-J. L. invité à venir à Rome pour le congrès archéologique du 17 avril.
7 avril : Il quitte Jérusalem pour Rome.
12 mai : Il se trouve à Bourg-en-Bresse.
13 mai. Jérusalem. Consécration de la basilique Saint-Étienne par Mgr Duval, O.P.
24 mai : M.-J. L. à Paris, 94 rue du Bac.
8 juin. Rome. Réponse de la Propagande au patriarche touchant la dénonciation de M.-J. L.
10 juin : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
11 juin. Rome. Lettre de la Propagande à Me Frühwirth et au ministre général O.F.M.
10 juin-15 juillet. M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
18 juillet. Rome. La présence de M.-J. L. n’est pas nécessaire pour assurer sa défense ; il peut donc retourner à Jérusalem.
22 juillet. Rome. M.-J. L. doit cesser de publier des ouvrages, mais même de répondre à des attaques de revues ou de journaux.
23 juillet : Il se trouve à Lyon. Le maître de l’ordre lui enjoint de retourner au plus tôt à Jérusalem. Manifestement ses supérieurs romains préfèrent le voir loin de France, loin des polémiques de presse, spécialement de l’abbé Dessailly dans la Vérité française (14 mai), auxquelles il a pris part depuis le mois de mai ; loin aussi de toute prise de parole en public, fût-ce au séminaire de Belley.

 

1901 : 7 février, article de l’Ami du clergé, « Les théories sur la composition du Pentateuque », dont un paragraphe est entièrement dirigé contre M.-J. L. et la Revue biblique.
Juin. Jérusalem. Fin du priorat du P. Le Vigoureux.
2 juillet : Élection priorale du P. Séjourné.
11 juillet : Suite de la polémique de l’Ami du clergé.
Août : M.-J. L. se rend en France pour santé, affaires de la Revue biblique, rencontres, impression des Juges.
29 août : Il se trouve à Paris.
30 août. Rome. Léon XIII crée la « petite » commission biblique : 3 cardinaux, 12 consulteurs.
9-12 septembre : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
24 septembre : Il se trouve à Roybon. « Quinze jours d’air natal m’avaient remis. »
29 septembre. Rome. Il reçoit les insignes de maître en théologie de la main de MFrühwirth. La publication des Juges est autorisée. Il reste trois jours à Rome, puis ira s’embarquer à Marseille (la peste régnant à Naples).
11 octobre. Paris. Contrat entre M.-J. L., Hugues Vincent et Victor Lecoffre pour la collection des « Études bibliques ».
28 novembre : Suite de la polémique de l’Ami du clergé contre l’exégèse allemande.

 

1902 : 23 janvier. Rome. Première réunion de la Commission biblique sous la présidence du cardinal Parocchi.
10 mai. Bourg-en-Bresse. Décès subit d’Élisabeth Lagrange, mère de M.-J. L. La dépêche arrive à Jérusalem le 12. (Le livre des Jugespublié en 1903, est dédié : « Mariae Immaculatae Depeiparae. À la mémoire de mes parents Claude-Pierre Lagrange et Marie-Élisabeth Falsan. »)
Juillet, après les examens : M.-J. L. s’embarque pour la France.
22 août. Paris.
24 août. Rome. Le maître de l’ordre autorise M.-J. L. à prolonger son séjour en France pour donner six conférences à Toulouse.
21 octobre : Il passe une journée à Albi pour voir Mgr Mignot et le chanoine Birot.
30 octobre. Rome. Lettres apostoliques Vigilantiae instituant la « grande » Commission biblique : 5 cardinaux, 40 consulteurs.
4 novembre. Toulouse. Homélie de M.-J. L. à la messe du Saint-Esprit pour la rentrée de l’Institut catholique.
4-11 novembre. Toulouse. Les six conférences publiques sur la méthode historique.
12 novembre. Toulouse. Jubilé de l’Institut catholique. Séance solennelle de rentrée. M.-J. L. regagne Jérusalem.
Vers le 15 novembre. Paris : L’Évangile et l’Église de A. Loisy mis en vente.
1erdécembre. Paris. La Revue du clergé français publie « Lectures du R. P. Lagrange à Toulouse », résumé des conférences par le chanoine L. Maisonneuve.
18 décembre. Rome. Mémoire de Mgr Batiffol au P. Esser sur l’état actuel des controverses en France touchant les questions scripturaires (publié dans M. Loisy et le modernisme, Paris, 1932, p. 85, note 1).

 

1903 : 26 janvier. Rome. M.-J. L. nommé consulteur de la Commission biblique.
1er février. Rome. Dépêche de MFrühwirth le convoquant à Rome.
5 février. Port-Saïd. M.-J. L. est en route vers Rome, accompagné du P. Séjourné et du P. Vincent.
20 février. Rome. Réunion des consulteurs de la commission biblique à laquelle il assiste.
8 mars. Rome. Réunion des cardinaux et des consulteurs de la Commission chez le secrétaire d’État.
22 mars. Rome. Lettre de recommandation en faveur de l’École biblique accordée par MFrühwirth au P. Séjourné.
28 mars. Rome. Basi generali de l’accord conclu entre la Commission et la Revue biblique, accord approuvé par Léon XIII.
Début avril : Le pape autorise M.-J. L. à retourner à Jérusalem.
2 mai : « Retenu par une maladie assez violente, je ne fus de retour à Jérusalem que le 2 mai. »
13 mai. Jérusalem. M.-J. L. demande au cardinal Rampolla de le laisser à Jérusalem, dans l’intérêt de l’École.
22 juin. Rome. Réponse de Rampolla : Stare in decisis.
3 juillet. Rome. Ce qui aurait dû être le premier décret de la Commission biblique (texte dans F. Turvasi, Giovanni GenocchiRome, 1974, p. 222).
20 juillet. Rome. Mort de Léon XIII.
4 août. Rome. Élection de Pie X.
26 septembre. Rome. MFrühwirth nomme M.-J. L. régent des études à Jérusalem.
7 décembre. Rome. Faute d’argent, il n’est plus question de l’institut biblique projeté par Léon XIII et par Rampolla.
16 décembre. Rome. Cinq ouvrages de Loisy à l’Index.
18 décembre. Paris. M.-J. L. élu membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

 

1904 : La Revue biblique inaugure une nouvelle série pour répondre au désir du pape.
18 janvier. Rome. « Ce matin séance des consulteurs bibliques. On a annoncé que le pape approuve la décision du cardinal (pas la nôtre) de faire venir à Rome le directeur de la Revue biblique » (Genocchi à Lagrange).
23 février. Rome. Lettres apostoliques Scripturae Sanctae créant les grades en Écriture sainte, que la Commission biblique est chargée de délivrer.
28 février. Jérusalem. « Il faut que la Revue biblique offre un asile aux gens intelligents qui ne veulent pas qu’on détruise le catholicisme avec l’exégèse, soit par témérité soit par bêtise. C’est la via media et regia qu’il faut suivre » (Lagrange à Genocchi).
21 mai. Viterbe. Le chapitre général de la Quercia élit le P. Cormier maître de l’ordre. Le chapitre général recommande l’École biblique et aussi la Revue biblique.
10 juin. Rome. Bref de Pie X accordant à l’église Saint-Étienne de Jérusalem le titre de basilique mineure.
31 août. Jérusalem. « Rentré [d’un voyage en Orient] le 31 août, je ne tardai pas à recevoir l’ouvrage du R. P. Delattre, S.J. » Autour de la question biblique. Une nouvelle exégèse et les autorités qu’elle invoque, Liège-Paris, 1904.
9 octobre. Jérusalem. Réponse de M.-J. L., Éclaircissement sur la méthode historique à propos d’un livre du R. P. Delattre, S. J., Paris, Lecoffre, 1905.
4 novembre. Rome. Lettre du préposé général S. J., Louis Martin, aux provinciaux de la Compagnie sur l’étude de l’Écriture sainte (déconseillant la méthode historique).

 

1905 : Janvier. Jérusalem. M.-J. L. achève de rédiger l’article « Les Patriarches ».
Janvier. Paris. Éclaircissement imprimé et distribué (Pie X fait accuser réception le 11 février).
17 février. Rome. MCormier refuse que l’Éclaircissement soit mis sur le marché.
Mars : M.-J. L. part pour Rome, d’où il reviendra ensuite à Marseille, rejoindre le P. Vincent, pour aller se reposer à Saint-Bernard-du-Touvet.
19 avril. Rome. M.-J. L. rédige une note destinée à MCormier (concernant le recueil préparé par Dhorme).
7 mai. Rome. La Commission biblique précise ses rapports avec la Revue biblique. La revue n’est l’organe de la Commission que pour les communiqués officiels. Autrement dit, la revue n’est pas sous la tutelle de la Commission.
14 juillet : M.-J. L. nommé membre du comité général du Palestine Exploration Fund.
24 août. Roybon. Il pense rester en France jusqu’au 9 septembre.
2 septembre : Encore à Roybon.
24 octobre. Rome. MCormier refuse l’autorisation de publier « Les Patriarches » dans la Revue biblique et diffère la publication du commentaire de la Genèse.

 

1906 : 28 janvier. Rome. Règlement pour la censure des publications de l’École biblique (tous les articles de M.-J. L. doivent être envoyés au maître de l’ordre pour approbation préalable) approuvé par MCormier le 2 février.
27 juin. Rome. Décret de la Commission biblique sur l’authenticité mosaïque du Pentateuque.
21 juillet. Rome. M.-J. L. autorisé (par télégramme) à aller en France.
29 juillet. Jérusalem. « Je pars pour la France, où mon adresse est chez M. Lecoffre. Je pense aller à Paris en octobre. »
10 septembre. Rome. MCormier au P. R. Boulanger, au sujet de l’École biblique de Jérusalem. « Le Saint-Père me dit : En cette matière, soyez dur ; vous pouvez être assuré de l’appui du Saint-Siège. »
28 septembre. Bruxelles. M.-J. L. rend visite aux Bollandistes.
30 septembre. Paris. Il écrit sa peine de la mort de Mgr Le Camus. Il rencontre le provincial R. Boulanger. N’ayant pas obtenu la permission de donner les conférences, il va retourner à Jérusalem (Boulanger à Cormier, 8 octobre).
8 octobre. Bourg-en-Bresse. Ayant quitté Paris le 6 octobre, il décrit à X. Faucher : « J’avais une excellente occasion de donner des conférences à Paris. Le P. général a refusé pour des motifs futiles, qui dissimulent son parti pris de ne rien me laisser faire. Il me renvoie à Jérusalem où je retourne. »
Novembre. Paris. l’Académie des inscriptions et belles-lettres décerne le prix Saintour au P. Lagrange pour ses Études sur les religions sémitiques, 2éd., Paris, 1905.

 

1907 : 24 février. Jérusalem. « Je pars dans huit jours pour l’Égypte et Rome […] où je serai, s’il plaît à Dieu, le mercredi saint [27 mars]. C’est pour la commission de Studiis. » (à B. Allo).
19 mars : M.-J. L. arrive à Rome, malade.
20 mars : Genocchi le conduit chez le cardinal Svampa.
31 mars : « Tristesse poignante du jour de Pâques, 31 mars 1907.» Accueil du cardinal Rampolla (« Plus modéré, P. Lagrange, plus modéré ! Le Saint-Père est inquiet ; des évêques ont écrit »). (Souvenirs personnels, p. 166-167).
4 avril : Pie X reçoit la commission des études, présentée par le P. Cormier. Pendant ce temps, à Jérusalem, Salvatore Minocchi reçu à Saint-Étienne.
7 avril. Jérusalem. Soirée d’adieux au P. Séjourné, qui regagne la France.
8 avril. Jérusalem. Voyage de printemps, auquel M.-J. L. avait invité Minocchi.
18-27 mai. Viterbe. Le chapitre général recommande, en matière d’interprétation de la Bible, de suivre les directives du Saint-Siège et de s’inspirer de la Lettre du P. Cormier à un étudiant en Écriture sainte.
27 mai. Rome. « Le secrétaire d’État notifie au P. Cormier l’interdiction de publier la Genèse du P. Lagrange.
1er juillet. Rome. Au sujet de Fribourg, mais aussi de Jérusalem, Cormier à Desqueyroux : « Le Saint-Père m’a dit de procéder avec égards, mais tout en travaillant à mettre les choses dans le vrai. »
3 juillet. Rome : Décret Lamentabili.
12 août. Jérusalem : M.-J. L. élu prieur (le 22 juillet) accepte sa charge. Jaussen devient régent des études.
28 août. Rome. Le P. Réginald Walsh, de la province d’Irlande, sous-prieur et maître des novices au couvent romain de Saint-Clément, professeur à l’Angelicum, part pour Jérusalem effectuer la visite canonique de Saint-Étienne.
8 septembre. Rome. Encyclique Pascendi.
Octobre : « Le décret Lamentabili sane exitu et la critique historique », RB 26 (1907) 342-354.
Octobre. Jérusalem. Visite canonique de Saint-Étienne (conclusions : 15 décembre 1907).
6 octobre. Liège. Delattre publie Le critérium à l’usage de la nouvelle exégèse. Réponse au R. P. M.-J. Lagrange, Liège, Dessain, 1907 (« réplique fortement conseillée au P. Delattre par le Saint-Père lui-même », écrit un responsable jésuite de Belgique le 12 octobre 1907).
26 décembre. Rome. Cormier à Lagrange : « J’ai répondu à Mgr Baudrillart qu’il vous serait difficile, à vous, de donner les conférences demandées, mais que le P. Dhorme pourrait le faire. »

 

1908 : 23 janvier. Florence. Salvatore Minocchi frappé de suspense a divinis pour avoir prononcé une conférence sur la Genèse s’inspirant du P. Lagrange.
8 février. Rome. Cormier à Boulanger : « Au fond ils [les modernistes] nous exploitent. C’est ce que me disait dernièrement le Saint-Père pour une mauvaise affaire, où un prêtre se réfugiait derrière le P. Lagrange. »
15 février : La Riscossa rend M.-J. L. responsable de la défection de Minocchi.
23 février. Rome. Audience accordée « ces jours derniers » par Pie X à l’évêque de Grenoble, à qui le pape déclare : « P. Lagrange… aliquando claudicat ».
7 mars. Rome : Loisy excommunié vitandus.
22 mars. Rome. Le nom de M.-J. L., proposé pour une commission de savants catholiques, provoque une moue significative du cardinal Rampolla.
Juillet-Août : A. Delattre publie une nouvelle réplique : « Une lumière sous le boisseau », dans Revue apologétique, juillet-août 1908.
24 octobre. Jérusalem. Dans une lettre à l’éditeur Lecoffre, M.-J. L. envisage une nouvelle collection d’« Études palestiniennes et orientales ».
6 novembre. Jérusalem. « Du caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse. Votum du P. Lagrange, consulteur de la Commission biblique (discuté par la Commission le 20.12.1908 et le 7.3.1909 : F. Turvasi, Genocchi, p. 266-267, p. 270).

 

1909 : 15 février. La fondation des Acta Apostolicae Sedis fait que la Revue biblique cesse de servir à la promulgation des actes de la Commission biblique.
26 mars. Jérusalem. « C’est plus fort que moi ! J’ai beau ne faire que tourner autour de la Bible, je m’en préoccupe toujours, et je m’imagine que c’est mon devoir sacré, quand bien même mon repos aurait un peu à en souffrir » (à Hyvernat).
5 mai. Jérusalem : Circulaire de M.-J. L., prieur, afin de solliciter une subvention de la part des souscripteurs. Publiée dans RB de juillet.
7 mai. Rome : Lettres apostoliques Vinea electa érigeant l’Institut biblique pontifical à Rome.
1er juin : Départ de Jérusalem avec le P. Vincent pour la France.
15 juin-1er juillet : À Paris avec le P. Vincent.
21 juin. Rome. Pie X à Cormier en audience, au sujet du P. Lagrange : « Maintenant il n’y a rien, mais c’est le passé. Il ne s’applique pas assez à la théologie. »
30 juin. Rome. Décret de la Commission biblique touchant le caractère historique de Genèse 1-3.
14-16 juillet : M.-J. L. en visite à Londres avec le P. Vincent et le P. Dhorme.
17 juillet : Revenu à Paris, d’où il va à Saint-Brieuc, chez son frère, puis en Belgique (après le 27 juillet).
Août : Séjour à Roybon (Isère).
19 août. Marseille. Départ pour Jérusalem.
Octobre. Jérusalem : M.-J. L. essaie d’obtenir que l’École biblique soit reconnue d’utilité publique (à ce sujet A. Leroy-Beaulieu a consulté un membre du conseil d’État).

 

1910 : 20 mars. Jérusalem. « Je viens de terminer mon commentaire sur S. Marc ; je n’ai plus à faire que l’introduction. J’ai beaucoup travaillé pendant deux ans, et c’est ce que j’ai fait de plus sérieux. Mais je doute fort qu’il passe » (à X. Faucher).
Avril : La Revue biblique publie la cinquième et dernière liste de souscripteurs.
Juin. Rome. La thèse de Bonsirven sur le judaïsme refusée par la Commission biblique (Bonsirven à Lagrange, 14 juin 1910).
29 juin. Rome. Serment « biblique » prescrit par le motu proprio Illibatae.
14 août. Jérusalem. M.-J. L. réélu (plus exactement postulé) prieur.
1er septembre. Rome. Le motu proprio Sacrorum antistitum prescrit le serment antimoderniste, règlemente les lectures dans les séminaires (ni journaux, ni revues).
6-9 septembre. Rome. Chapitre général, qui recommande la vigilance concernant le modernisme (n° 87). Le chapitre, tout en conseillant, pour les études complémentaires, l’Angelicum à Rome, reconnaît cependant que les provinciaux peuvent envoyer des étudiants dans les collèges de l’ordre à Louvain, à Jérusalem, à Fribourg (n° 89).
6 novembre. Jérusalem : Les dominicains de Saint-Étienne, M.-J. L. en tête, signent le serment antimoderniste. Rien ne permet de douter que l’adhésion ne soit sincère.

 

1911 : Février-mars. Jérusalem : Visite du marquis Melchior de Vogüé.
1er mars : Projet de fondation dominicaine en Égypte (à Héliopolis).
3 mars : Évangile selon saint Marc sort des presses ; arrive à Jérusalem le 16 mars.
5-11 mars : M.-J. L. au Caire.
16 mars. Jérusalem. Visite des 120 officiers de l’escadre de la Méditerranée. Discours du P. Lagrange à l’issue de la messe à Sainte-Anne, le 18 mars.
16 avril, Pâques. Jérusalem. Le P. Lebreton hébergé à Sainte-Anne par les Pères Blancs.
18 avril : M.-J. L. s’embarque pour la France.
1er mai. Rome. Le P. Cormier édicte la visite par correspondance du couvent de Saint-Étienne. Sa lettre est lue publiquement à Jérusalem le 9 mai.
9-14 juin : M.-J. L. à Paris. De là, il se rend à Fribourg (pour rencontrer le P. Cormier), puis à Bourg-en-Bresse, à la fin de juin. Il donne une conférence à Besançon sur les fouilles.
16 juillet. Marseille. Départ pour Jérusalem.
3 août : M.-J. L. est fait docteur honoris causa par la faculté de théologie de l’université de Breslau (Analecta Sacri Ordinis Praedicatorum, t. X, 1911-1912, p. 158, publie le texte). Il refuse cet honneur le 18 octobre.
14 septembre : Le P. Fonck, S. J., recteur de l’Institut biblique, au cours de son voyage en Palestine, se répand en propos hostiles au P. Lagrange. Il lui rend visite. Il reconnaît avoir fait adjuger à l’Institut biblique de Rome une somme de 100 000 couronnes autrichiennes destinée à envoyer, un an sur deux, un étudiant ecclésiastique autrichien à l’École biblique de Jérusalem.
27 septembre. Jérusalem. Rapport du consul de France sur la fondation projetée par les jésuites de l’Institut biblique à Jérusalem.

 

1912 : 14 janvier. Jérusalem. M.-J. L. a commencé son S. Luc, chapitre 1er.
16 mars. Rome. Le cardinal De Lai demande au cardinal Mercier d’exclure Lagrange et Zapletal de la semaine d’ethnologie religieuse de Louvain.
29 juin. Rome. Décret de la Consistoriale désavouant le P. Lagrange. Connu à Jérusalem le 5 août. Expérience spirituelle de M.-J. L. à Aïn Karim, racontée dans les Souvenirs personnels, p. 203.
6 juillet. Jérusalem. M.-J. L. propose au P. Cormier sa démission de prieur. Acceptée par celui-ci le 12 juillet : notification reçue à Jérusalem le 26 juillet.
15 juillet. Rome. Décret du 29 juin communiqué au P. Cormier par la congrégation des Religieux.
27 juillet. Rome. Le P. Cormier fait expédier à M.-J. L. le décret du 29 juin.
5 août. Jérusalem. Arrivée du décret du 29 juin.
6 août. Jérusalem. Réponse de M.-J. L. au P. Cormier. Il demande un congé d’un an.
11 août. Jérusalem. Le P. A. Gardeil élu prieur de Saint-Étienne. Quoique confirmé le 20 août, il refuse le 26 août.
15 août. Rome. Le P. Cormier montre à Pie X la réponse qu’il a reçue de M.-J. L.
16 août. Rome. Le décret du 29 juin est publié dans les Acta Apostolicae Sedis.
17 août. Jérusalem. Lettre de M.-J. L. au pape (que Pie X, le 4 septembre, conseille au P. Cormier de publier ; elle paraîtra dans la Croix du 18 septembre).
1er septembre. Rome. Ordre que le P. Cormier donne par télégramme : M.-J. L. doit quitter Jérusalem.
3 septembre : Départ pour la France.
7 septembre. Paris. Un article de Maurice Pernot, « L’École biblique de Jérusalem et l’influence française en Orient, dans le Journal des Débats, déclenche une campagne de presse qui durera jusqu’à la fin de l’année. L’ambassadeur de France à Constantinople approuve sans réserve le point de vue de Pernot. Il communique l’article au consulat de Jérusalem.
12-22 septembre : M.-J. L. à Roybon, chez son beau-frère Rambaud.
22 septembre. Jérusalem. R. Créchet élu prieur ; confirmé le 1er octobre.
28 septembre : M.-J. L. arrive à Paris. Il s’installe à Sèvres, le 1er octobre, chez le P. Xavier Faucher.
1er novembre : À Paris, chez le P. Séjourné.
1er décembre : Il prêche l’avent à Saint-Séverin ; premier sermon, sur le pape.
14 décembre : Attendus du décret du 29 juin publiés dans l’Unità cattolica.

 

1913 : Le 14 janvier : Le neveu de M.-J. L., lieutenant Albert Rambaud, tué au Maroc.
Fin janvier : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse ; il rentrera à Paris vers le 10 février.
20 mars, jeudi saint. Jérusalem. Arrivée du P. Fonck, pour créer à Jérusalem une succursale de l’Institut biblique de Rome.
28 mars. Jérusalem. Le P. Fonck rend visite au P. Créchet, prieur de Saint-Étienne.
11 avril. Bordeaux. Le cardinal Andrieu condamne le Bulletin de la semaine à cause de sa position sur l’affaire Lagrange.
Mai : M.-J. L. de passage à Marseille.
11 mai : Il espère repartir pour Jérusalem en juillet.
5 juin. Rome. M.-J. L. « est autorisé à rentrer à Jérusalem : il doit reprendre le cours d’exégèse : on loue son intention d’étudier les épîtres de S. Paul (AGOP IV, 296, p. 450).
12 juin. Paris. M.-J. L. avertit E. Tisserant de son prochain retour à Jérusalem : il reste à Paris jusqu’au 20 juin, il partira le 4 juillet de Marseille. « Le P. général ne me dit pas d’aller à Rome. »
Entre le 17 et le 28 juin : M.-J. L. convoqué à Rome, reçu par Pie X.
21 juin. Paris. Prix Lefèvre-Deumier accordé à M.-J. L. par l’Académie des sciences morales et politiques.
3 juillet : M.-J. L. accueille le cercueil de son neveu Albert Rambaud à Marseille.
4 juillet : Funérailles d’Albert Rambaud à Roybon.
5 juillet : M.-J. L. s’embarque à Marseille.
12 juillet : De retour à Jérusalem.
10 octobre. Jérusalem. Le P. Fonck arrive, accompagné d’une dizaine d’étudiants.

 

1914 : Le 8 mars. Jérusalem. M.-J. L. espère terminer le Commentaire aux Romains vers le mois d’octobre.
12 mai. Jérusalem. Il rentre d’un voyage à Chypre.
30 mai. Jérusalem. Conclusion de la visite canonique effectuée par le P. Gabriel Horn. Les Pères de Saint-Étienne auraient souhaité une forme d’hommage à M.-J. L., qui n’a aucune charge, ni dans le couvent ni dans le collège. M.-J. L. remercie qu’on l’ait laissé ainsi, libre de travailler. Il se déclare prêt à renoncer à la direction de la RB si le maître de l’ordre le désire.
4 août. Jérusalem. Départ des mobilisables : Vincent, Abel, Petitot, Dhorme, Carrière.
8 août. Jérusalem. Départ de Savignac.
20 août. Rome. Mort de Pie X (pape depuis le 4 août 1903).
3 septembre. Rome. Élection de Benoît XV.
10 octobre : Le manuscrit du Commentaire aux Romains arrive à Rome. L’avant-propos, dans l’imprimé, porte la date du 15 octobre, fête de sainte Thérèse.
14 décembre. Jérusalem. Lettre d’adieux de M.-J. L. au P. Vincent. Testament spirituel. Même jour : Arrestation et expulsion des dominicains français.
15 décembre : Les prisonniers sont emmenés à Naplouse, puis à Damas ; de là, après deux jours d’attente, ils sont transférés à Beyrouth. De Beyrouth au Pirée, ils font la traversée sur un bateau italien.

 

1915 : 5 janvier : M.-J. L. arrive à Rome avec trois autres dominicains de Jérusalem (Créchet, Génier, Synave) et le frère Martin Grillet.
8 janvier. Rome. M.-J. L. reçu en audience par Benoît XV.
Mi-janvier : M.-J. L. s’installe à Paris chez le P. Séjourné. Il prêche le carême à Saint-Philippe-du-Roule (1er dimanche, 21 février – Pâques, 4 avril).
9 mars. Paris. Un de ses auditeurs du jeudi lui demande une bibliographie sur les évangiles.
Juillet : Voyage à Fribourg.
Septembre : Il prêche une retraite à Toulouse, une autre à Sorèze. Il fait sa retraite à Prouilhe.
1er-10 novembre : Il prêche à Grenoble.
Avent. Paris. Il prêche à Saint-Honoré-d’Eylau.

 

1916 : Carême. Paris : Il prêche à Saint-Philippe-du-Roule. « Ce sont des leçons sur l’Évangile. Cela vide l’église, mais quelques personnes aiment beaucoup cela. Je m’accorde un succès d’estime » (à Hyvernat, 10.4.1916).
Juillet : Lagrange à Lausanne. On lui conseille de se faire opérer.
3 août. Fribourg (Suisse) : Le chapitre général élit le P. Louis Theissling maître de l’ordre.
18 août. Roybon. M.-J. L. fait son obédience, par lettre, au nouveau maître de l’ordre.
7 septembre. Roybon : Il soumet au P. Theissling la décision (à prendre par le maître de l’ordre) concernant l’opération chirurgicale. Il a pris, en effet, l’engagement de prêcher les dimanches de Neuilly.
11 octobre. Lyon. Il est opéré à la clinique Saint-Charles. Deux mois plus tard, il n’est pas encore sorti de la clinique.

 

1917 : 15 janvier. Lyon. Sorti enfin de clinique, il séjourne chez sa cousine Mme Frachon. Il a encore besoin de soins, et le P. Vincent, infirmier militaire, lui fait les pansements. Il s’occupe de l’épître aux Galates.
2 mars. Lyon. Toujours chez Mme Frachon, encore des problèmes de santé à la suite de l’opération.
1er juillet : Article « Les Français et les Allemands en Palestine. Souvenirs », dans la Revue pratique d’apologétique 24 (1917) 385-404.
Décembre-Janvier. Paris. Conférences à l’Institut catholique : Le sens du christianisme d’après l’exégèse allemande. D’abord prévues du 11 avril au 20 juin 1918, mais avancées « afin de pouvoir aller à Jérusalem, si je suis enfin remis » (à B. Allo, 9 déc.).
16 décembre. Paris. Te Deumchangé à Notre-Dame pour la libération de Jérusalem par les Anglais.

 

1918 : Février. Jérusalem. Jaussen et Savignac sont déjà rentrés à Saint-Étienne.
16 juillet. Roybon. « Je viens encore de passer sur le billard, comme disent les troupiers. »
7 septembre. Roybon : Il est encore au repos.
9 septembre : Il part pour Rome. Benoît XV lui accorde une audience.
4 octobre. Rome. Audience du cardinal Van Rossum, président de la Commission biblique (F. Turvasi, Genocchi, p. 363).
5 octobre. Rome. M.-J. L. rédige, à destination du P. Theissling, un « dossier du couvent de Saint-Étienne de Jérusalem ». Abel est rentré à Jérusalem.
6 novembre : M.-J. L. quitte Rome. Il s’embarque, le 7 novembre, à Tarente, avec sir Mark Sykes, sur un torpilleur anglais.
11 novembre : Il arrive à Port-Saïd.
12 novembre : Il arrive à Jérusalem (avec le lieutenant E. Tisserant), après 47 mois d’absence.
8 décembre. Jérusalem : Te Deum à Sainte-Anne. Discours du P. Lagrange.

 

1919 : 26 janvier. Jérusalem : M.-J. L. en est au chapitre X du S. Luc.
26 avril. Jérusalem. Le retour des Pères permet de procéder à une élection priorale : Dhorme élu.
19 juin. Jérusalem. M.-J. L. a rédigé un mémoire (non retrouvé) afin que l’École biblique soit reconnue d’utilité publique, ou rattachée à l’Institut de France, mémoire remis à la mission française de Syrie.
29 juin. Rome : Lettre de Benoît XV concernant la fondation à Jérusalem d’une succursale de l’Institut biblique de Rome.
29 septembre. Jérusalem : M.-J. L. a fini S. Luc.
11 décembre. Paris. À la direction de l’enseignement supérieur, projet d’union entre la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis en vue des travaux scientifiques relatifs à la Palestine.
26 décembre. Paris. Rapport d’Haussoulier à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, envisage la création à Jérusalem d’une École française d’archéologie distincte de l’École biblique.
26 décembre. Jérusalem. Le cardinal Dubois, chargé d’une mission diplomatique et religieuse en Syrie et Palestine, célèbre la fête de saint Étienne chez les dominicains.

1919-1920 : Seul élève de l’École biblique, Joseph Chaine (« Journée et menus propos du Père Lagrange », dans Mémorial Lagrange, Paris, 1940, p. 355-360).

 

1920 : 7 janvier. Jérusalem. Conférence de M.-J. L. sur Sion et le Golgotha, en présence du cardinal Dubois.
20 février. Jérusalem. Lettre de l’École biblique au Haut-Commissariat de France à Beyrouth sur le projet de fondation d’une autre école française.
21 avril. Rome. Décret du Saint-Office contre l’article de J. Touzard « Moïse et Josué » dans le DAFC. Met fin à la carrière scientifique de Touzard.
28 avril. Jérusalem. M.-J. L. a déjà commencé son S. Matthieu.
Mai. Rome : Le Manuel biblique de Brassac dénoncé au Saint-Office par des évêques français.
24-29 mai : Le chapitre général de Corias, afin de promouvoir les études bibliques dans l’ordre, recommande au maître de l’ordre d’inciter les prieurs provinciaux à envoyer des étudiants à Saint-Étienne de Jérusalem.
14 août. Jérusalem. M.-J. L. demande « que le gouvernement de la République, ou l’Académie des inscriptions et belles-lettres si elle en a le mandat, ratifie les avances qui nous sont faites par le consortium américain, c’est-à-dire déclarer plus ou moins officiellement que nous avons son agrément pour représenter la France comme institution archéologique à Jérusalem ».
15 septembre. Rome. Encyclique Spiritus Paraclitus.
15 octobre. Paris. Accord de l’Académie des inscriptions et belles-lettres avec l’École biblique de Jérusalem, qui devient École française d’archéologie.
3 novembre : L’École américaine, l’École anglaise et l’École française de Jérusalem se groupent pour former un institut tricéphale d’archéologie palestinienne.
9 novembre. Rome. Publication suspendue du livre d’Alberto Colunga, O.P., Introductio theologico-historica in sacram scripturam universam.
9 novembre. Jérusalem. « On nous reconnaît comme École archéologique française et les Anglais nous traitent avec les Américains sur le pied d’un consortium. C’est un très beau succès, mais je suis trop homme d’Église par tout mon fond pour ne pas souhaiter encore plus de bienveillance du Saint-Siège » (à B. Allo).
31 décembre. Jérusalem. « Tout le monde se jette sur l’à-côté pour ne pas s’exposer. J’ai été tenté de le faire, mais c’est trop tard » (à E. Tisserant).

 

1921. 23 février. Jérusalem. Adieux du détachement français à Saint-Étienne (photographie publiée dans L’Illustration de mars 1921). Les militaires reviennent le 26 offrir un crucifix au P. Lagrange.
Juin : M.-J. L. se trouve en France pour raison de santé. Le 11, il bénit le mariage d’une nièce.
26 juin-5 juillet. Paris. Il séjourne au 34 rue du Bac.
10 juillet. Rome : « Devant ceux qui pourraient suspecter ou redouter son enseignement [celui de l’École biblique], je déclare que j’en prends une entière responsabilité. La loyauté et l’orthodoxie du R. P. Lagrange en font actuellement pour moi aucun doute » (Theissling au provincial de Toulouse).
Juillet : M.-J. L. se repose à Roybon.
3 septembre. Bourg-en-Bresse. Visite dans sa famille.
7 septembre. Marseille. Il s’embarque pour Jérusalem, où il est de retour le 14.
Le 20 septembre. Paris. Décret accordant la Légion d’honneur à M.-J. L. (Journal Officiel du 22 septembre).

 

1922 : 22 janvier. Rome. Mort de Benoît XV. Pie XI élu le 6 février.
30 janvier. Jérusalem. Remise de la Légion d’honneur à Lagrange et à Carrière.
4 avril. Jérusalem. Le Maître de l’ordre Louis Theissling vient effectuer la visite canonique de Saint-Étienne. Visites et cérémonies.
10 avril : Ouverture de la visite canonique.
11 avril : Rapport écrit de M.-J. L. au maître de l’ordre touchant les difficultés qu’a eu à subir l’École biblique.
15 avril : Conclusion de la visite. Le P. Theissling quitte Jérusalem le 19 avril.
24 mai. Jérusalem. M.-J. L. part pour Le Caire, où il reste jusqu’au 3 juin.
13 juin. Jérusalem. Dhorme réélu prieur.
23 juin. Rome. « Rapport confidentiel adressé à S. S. Pie XI par le P. Louis Theissling, maître général des dominicains, sur la visite du couvent Saint-Étienne à Jérusalem.
28 juin. Rome. Audience accordée par Pie XI au P. Theissling au sujet de l’École biblique.
30 juin. Rome. Conclusions de la visite canonique adressées à Jérusalem.
14 juillet. Jérusalem. M.-J. L. a une alerte de santé, à la fin de la messe.
20 juillet. Rome. Theissling à M.-J. L. « J’ai présenté à Sa Sainteté vos commentaires, et je puis ajouter que le Saint-Père m’en a témoigné sa gratitude et m’a exprimé son admiration pour vos travaux. »
Août. Jérusalem : M.-J. L. se met au S. Jean.
13 octobre. Paris. Rapport d’Edmond Pottier à l’Académie des inscriptions et belles-lettres sur la fondation de l’École française de Jérusalem et sur ses travaux.
29 octobre. Jérusalem. M.-J. L. demande, à cause de sa santé défaillante, d’être relevé de la direction de l’École et de la RB.
18 novembre. Rome. Le P. Theissling accepte de faire droit aux instances de M.-J. L., mais lui demande de rester à Jérusalem.
28 novembre. Jérusalem. M.-J. L. propose le nom de Dhorme pour lui succéder.
11 décembre. Rome. Le P. Theissling demande à Dhorme et remercie M.-J. L. de lui avoir conseillé le nom de celui-ci.

 

1923 : 2 février. Rome. Le P. Theissling nomme Dhorme directeur de l’École et de la Revue.
11 février. Jérusalem. Pour faciliter la succession, M.-J. L. propose de se retirer.
16 février. Jérusalem. M.-J. L. au secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; il demande à être relevé de sa fonction et remplacé par Dhorme.
Fin février : S. Matthieu sort des presses.
Du 31 mai au 7 juin : E. Tisserant à Saint-Étienne de Jérusalem.
16 juin. Rome. Lettre du cardinal Gasparri répondant à l’hommage du S. Matthieu (publiée dans Analecta Sacri Ordinis Praedicatorum, t. XVI, 1923-1924, p. 194).
22 juin. Jérusalem. M.-J. L. confirme ses dispositions ultimes rédigées le 14.12.1914.
1er juillet : Départ pour la France.
14 juillet. Saint-Maximin. Le provincial de Toulouse, Bonhomme, fait état d’une conversation qu’il vient d’avoir avec M.-J. L. afin que celui-ci reste à Saint-Maximin, où sa présence est souhaitée par le prieur du couvent comme par le maître des novices.
19 juillet. Roybon. M.-J. L. adresse une lettre de remerciement au Saint-Père.
22 juillet. Rome. Le P. Caterini, procureur général, vicaire du maître de l’ordre, accepte de donner M.-J. L. à Saint-Maximin.
26 août. Jérusalem. Dhorme demande au maître de l’ordre que M.-J. L. reste à Jérusalem.
Septembre : Le provincial de Toulouse apprend la décision du P. Theissling : M.-J. L. doit retourner à Jérusalem.
18 octobre. Jérusalem. Retour de M.-J. L.
12 décembre. Rome : Le Manuel biblique ou Cours d’Écriture sainte de Louis Bacuez et Fulcran Vigouroux, refondu par Auguste Brassac, en usage dans tous les séminaires tenus par les sulpiciens, est mis à l’Index.
17 décembre. Paris. Condamnation de Brassac annoncée par les Débats et par la Croix du 18.
20 décembre : Émotion de Condamin, de Batiffol.
26 décembre : La nouvelle parvient à Jérusalem.
31 décembre. Rome. Publication du décret du 12 décembre dans AAS 19 (1923) 615. Suit, p. 616-619, la lettre du cardinal Merry del Val au supérieur de Saint-Sulpice, datée du 22 décembre.

 

1924 : Janvier. Les publications de l’École biblique sont indirectement visées par la condamnation de Brassac.
21 janvier. Rome. « Note sur les ouvrages publiés par le P. Lagrange », rédigée par le P. J. Vosté, O.P., sans doute à la demande du P. Theissling.
23 janvier. Rome : Theissling à Dhorme : des menaces pèsent sur l’École biblique.
24 janvier : Le bruit court de la prochaine mise à l’Index de la Méthode historique, ou même de la collection des « Études bibliques », à l’exception de l’archéologie et de la géographie.
13 février. Rome. Theissling à Dhorme : « La menace dirigée contre le P. Lagrange, et qui n’était que trop réelle, peut être considérée maintenant comme dissipée. »
12 mars. Rome. Le Saint-Office notifie la soumission des sulpiciens A. Brassac et J. Ducher.
5 mai. Rome : Instructions du Saint-Office pour contrôler strictement l’étude et l’enseignement de la Bible.
7 juin. Rome. Article du P. Vaccari, S. J., dans la Civiltà cattolica. Brassac a été condamné parce qu’il suivait les principes de l’école large (c’est-à-dire ceux enseignés par le P. Lagrange dans la Méthode historique).
27 juin, fête du Sacré-Cœur. Jérusalem. Avant-propos du S. Jean.
29 octobre. Jérusalem. Arrivée de l’abbé Bruno de Solages (qui restera jusqu’au 30 juin suivant).
10 décembre : Pauline Lagrange, sœur aînée de M.-J. L., épouse de Vincent Rambaud, est mourante.
12 décembre. Jérusalem. Après une syncope et une crise d’angoisse, M.-J. L. rédige son testament. Le 13, il part pour la France.
19 décembre. Marseille. En arrivant, il apprend que Pauline est décédée le 16.
20 décembre : Il demande au maître de l’ordre s’il doit passer par Rome à son retour. Réponse : oui.

 

1925 : Janvier. Voyage à Rome. Crise cardiaque. Audience accordée par Pie XI.
10 janvier. Nice. M.-J. L. à la villa « Malgré tout », chez Mme Galichon-Sargenton.
21 janvier. Paris. Le président du conseil Édouard Herriot, dans un débat à la Chambre, demande la suppression de l’ambassade de France auprès du Vatican.
28 janvier. Jérusalem. M.-J. L. de retour. Le lendemain, syncope. Repos forcé.
2 mai. Rome. Mort du maître de l’ordre Louis Theissling.
Août. Jérusalem : Le P. Savignac élu prieur.
18 octobre. Jérusalem. Première pierre du Biblicum. Le prieur Savignac y assiste seul, à cause de la retraite conventuelle à Saint-Étienne. Compte rendu publié dans la Croix du 5 novembre.
26 novembre. Rome. J.-B. Frey, spiritain, nommé secrétaire de la Commission biblique et E. Ruffini, consulteur.

 

1926 : 29 janvier. Jérusalem. À l’issue de la messe, M.-J. L. a une crise cardiaque. Il va se reposer à la Trappe de Latroun. « Je suis au repos absolu », écrit-il le 4 février.
7 février : Il est de retour à Saint-Étienne.
3 mars : De nouveau à Latroun jusqu’au 7 mars.
31 mars. Jérusalem. E. Tisserant à Saint-Étienne jusqu’au 5 avril.
Mars-avril : M.-J. L. rédige ses Souvenirs personnels (publiés 41 ans plus tard).
20 avril. Jérusalem. Il envoie un article sur Aristote à la Revue thomiste.
22 mai : Le chapitre général élit Bonaventure Garcia Paredes, maître de l’ordre.
Mai : M.-J. L. se repose en France. Il passe la majeure partie du mois de juin à Saint-Maximin, où, le 8 juillet, les lecteurs demandent que Pègues, régent, soit remplacé par Lagrange. Refus catégorique du provincial Tapie.
Août : M.-J. L. à Roybon.
Début septembre : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, chez sa cousine Falsan.
Mi-septembre : À Montpellier, où du 20 au 30 septembre, il prêche la retraite aux sœurs de Sainte-Marie-des-Tourelles. La nuit du 29 au 30, crise et hospitalisation.
1er novembre : Une nouvelle crise à Marseille rend impossible l’embarquement prévu le 3 novembre. Le 6 novembre, il est hospitalisé à l’hôpital Saint-Joseph.
Mi-novembre. Marseille. Sur son lit d’hôpital, il décide d’écrire L’Évangile de J.-C.
24 décembre. Marseille. Il est encore à l’hôpital, d’où il espère sortir dans une quinzaine de jours.

 

1927 : Janvier. Convalescence à Hyères.
Février-avril : M.-J. L. à Saint-Maximin, où il prépare la 3édition du S. Jean.
28-29 avril : À Marseille, pour embarquer vers Jérusalem, « dernière étape de ma vie de Bédouin nomade », « ma dernière étape en ce monde ».
4 mai : De retour à Jérusalem, après onze mois et demi d’absence.
28-29 juin : M.-J. L. docteur honoris causa de la faculté de théologie de Louvain (pour le 5centenaire de l’université), en même temps que Batiffol, Mercati, Schmidt,
Juillet : Le doctorat de M.-J. L. dénoncé à Rome.
22 juillet. Jérusalem. M.-J. L. commence à rédiger L’Évangile de J.-C.
7 septembre : Le P. Pègues écarté de Saint-Maximin par décision de Pie XI.
Décembre. Jérusalem : Retour des troubles cardiaques de M.-J. L. Repos forcé.

 

1928 : Mi-février. Manuscrit de L’Évangile de J.-Cterminé et envoyé à Rome pour examen.
Mars : « Confidences » sur les années de séminaire à Autun, dans la revue des anciens élèves Hier et aujourd’hui.
24 avril : M.-J. L. va se soigner à l’hôpital de Jaffa (jaunisse).
4 mai : Il revient à Jérusalem, un peu remis.
Mai : La Vie spirituelle (fondée par le P. Bernadot à Saint-Maximin) rattachée à la province de Paris, où Bernadot et Lajeunie vont pour fonder la Vie intellectuelle.
23 juin. Rome. L’Évangile de J.-C. est en cours d’examen. Des plaintes sont parvenues au Saint-Office contre M.-J. L. pour sa préface au livre du P. Mac Nabb.
12 août : L’Évangile de J.-Cdédié à Léon XIII (« Je ne suis guère à la page, avec mon attachement pour Léon XIII, mais la reconnaissance n’est pas interdite aux religieux » à E. Tisserant, 2.12.1928).
6 décembre. Paris. P. Batiffol, présentant L’Évangile de J.-Cdans la Croixévoque ses souvenirs communs du temps du séminaire d’Issy.

 

1929 : Mi-janvier. Jérusalem : M.-J. L. apprend le décès de son ami Batiffol († 13.1.1929) ; choc très rude ; recrudescence des crises cardiaques.
20 mars : Il s’embarque pour la France. Il doit réorganiser les études d’Écriture sainte au studium de Saint-Maximin, où il reste d’avril à juin et où il donne des cours d’introduction historique au Nouveau Testament.
12 avril. Saint-Maximin. Visite d’E. Tisserant, de Mme Sargenton, du chanoine Tellier de Poncheville ; du P. Vincent, le 13.
8 juin : M.-J. L. délégué par le provincial Bonhomme pour représenter l’ordre au VIIcentenaire de l’université de Toulouse.
Après le 10 juillet. Roybon. M.-J. L. met en chantier son manuel de critique textuelle du Nouveau Testament.
29 juillet : De Roybon, le prieur de Saint-Étienne, Savignac, demande au vicaire de l’ordre que M.-J. L. retourne à Jérusalem, tandis que, de Marseille, le provincial de Toulouse, Bonhomme, lui, réclame que M.-J. L. soit assigné à Saint-Maximin. M.-J. L. demeure à la disposition du vicaire de l’ordre pour lui obéir.
5 août. Rome. Décision prise par le vicaire de l’ordre, M.-J. L. doit rester à Jérusalem.
19 août. Culoz. M.-J. L. chez son cousin Albert Férier. Puis à Roybon, où, le dimanche matin 1er septembre, il a une crise cardiaque.
10 septembre. Marseille : Pour s’embarquer le 12.
17 septembre. Jérusalem : Il est de retour.
22 septembre : Le provincial de Paris, Martin Gillet, élu maître de l’ordre (charge vacante depuis la démission forcée de Paredes le 30 mars 1929).
7 novembre. Jérusalem : Crise cardiaque de M.-J. L.
9-13 novembre : Au repos à Jaffa.

 

1930 : 9 janvier. Nouvelle crise cardiaque, à la suite de laquelle M.-J. L. est envoyé au vicariat du Caire.
1ermars : Il est de retour à Jérusalem.
25 mars. Rome. Lettre du cardinal Pacelli, secrétaire d’État, remerciant M.-J. L. au nom du pape pour L’Évangile de J.-C.
24 avril. Jérusalem. M.-J. L. remercie le maître de l’ordre pour la lettre du cardinal.
6 juillet. Rome : Augustin Bea, S. J., nommé président de l’Institut biblique à Rome.
29 juillet. Jérusalem. Entretien d’Albert Gélin avec M.-J. L. Le 31 juillet, ils sont ensemble à Bethléem.
7 septembre. Jérusalem. Crise cardiaque.
5-6 octobre. Jérusalem. Fête de famille pour le 50anniversaire de la profession de M.-J. L.
7 octobre : Malgré la retraite conventuelle, M.-J. L. va prendre quelques jours de repos à l’hôpital de Jaffa, jusqu’au 15 octobre.
8-15 octobre : À Jaffa, il rédige les « Notes sur ma vie » (publiées dans les Souvenirs personnels).

 

1931 : 20 janvier. Il part faire un séjour en Égypte, d’où il retournera le 19 février.
Février : Il reçoit la visite au Caire de Maurice Pernot (Débats, 13.3.1938).
27 février. Jérusalem. M.-J. L. accompagné de Vincent et de Carrière, visite le musée du Biblicum.
2 juillet : De Huissen (Hollande), le P. Gillet annonce au prieur de Saint-Étienne que Dhorme ne retournera pas à Jérusalem. Lettre reçue à Jérusalem le 9 juillet.
12 juillet. Jérusalem. M.-J. L. au P. Gillet au sujet du « départ » de Dhorme.
29 juillet et 6 août. Paris. Dhorme explique au P. Gillet ses raisons de quitter l’ordre.
16 août : M.-J. L. au repos à Abey (Liban).
Septembre : Lettres où s’exprime la détresse de M.-J. L. devant la défection de Dhorme.
13-21 octobre. Jérusalem. Visite du P. Lemonnyer, vicaire du P. Gillet, pour réorganiser l’École biblique.
3 novembre. Rome. M.-J. L. nommé régent, Savignac bachelier, Abel maître des étudiants.
13 novembre. Paris. L’Académie des inscriptions et belles-lettres nomme M.-J. L. directeur de l’École, à la place de Dhorme.
28 novembre. Jérusalem. B. Carrière élu prieur (sa confirmation arrive le 13 décembre).
10 décembre. Jérusalem. Arrivée du P. Festugière.
23 décembre : Enthousiasme pour M.-J. L. au séminaire de Fano. Le recteur, inquiet, consulte la congrégation des Séminaires.

 

1932 : 6 janvier. M.-J. L. se rend à Suez (voir le commandant C. Bourdon). Il est accueilli par le P. Athanase, O.F.M., curé de la paroisse latine de Port-Tewfiq. De là, il va se reposer au Caire.
23 janvier. Rome. Encyclique du P. Gillet sur les études. Le maître de l’ordre tente d’obtenir que l’École biblique de Jérusalem devienne la faculté d’études bibliques de l’Angelicum.
11 février. Jérusalem. M.-J. L. hospitalisé à l’hôpital français jusqu’au 27 février.
12 mai. Jérusalem : Le journal hébreu Haaretz annonce que Paul Dhorme a quitté l’ordre dominicain et l’Église catholique.
29 mai : M.-J. L. à Ismaïlia, en route pour la France.
5 juin – 12 juin : À Saint-Maximin, où il fait deux conférences.
15 juin : Au couvent de Montpellier durant plusieurs jours.
Fin juin : À Paris, le provincial Padé et le régent Chenu lui cèdent le P. Benoit et lui promettent le P. de Vaux en 1933. Reçu très cordialement par le cardinal Verdier, par le nonce Maglione (très satisfait du livre M. Loisy et le modernisme). Il rencontre aussi E. Tisserant.
Août : Chez François Ferrier à Culoz.
11 août : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.
Début septembre : À Roybon, d’où il part le 5.
7 septembre. Marseille : Il s’embarque pour Jérusalem, où il arrive le 15.
1er décembre. Jérusalem. Arrivée du P. Gillet, accompagné du P. Garde, pour la visite canonique, qui sera clôturée le 8. Le P. Gillet se fait remettre par M.-J. L. une copie dactylographiée de ses Souvenirs personnels.
12 décembre : Le P. Gillet et le P. Garde partent pour Beyrouth.

 

1933 : Janvier. Rome : Rapport du P. Gillet à Pie XI après la visite canonique de Saint-Étienne.
4 février : M.-J. L. part pour l’Égypte, où il reste jusqu’au 28 février.
16 février : Conférence de M.-J. L. à l’inauguration du Cercle thomiste du Caire.
9 avril. Jérusalem. Visite à Saint-Étienne du roi Albert de Belgique et de la reine Élisabeth.
11 avril : Épreuves de l’article « L’inspiration des livres saints à propos d’un ouvrage récent », dont la censure romaine n’autorisera pas la publication.
12 mai. Jérusalem. Le P. Vincent, directeur de la RB, proteste contre le refus que les censeurs de Rome ont opposé à l’article de M.-J. L.
27 mai. Rome. Le P. Raymond Louis explique au P. Vincent pourquoi l’article de M.-J. L. était inopportun.
5 juin. Jérusalem. M.-J. L. insiste pour obtenir le P. de Vaux à l’automne.
27 juillet. Jérusalem. M.-J. Lagrange reçoit la décoration de l’ordre de Léopold.
7 août : Il part pour Abey (Liban), où il va passer trois semaines chez les capucins.
4 novembre. Jérusalem. Arrivée du P. de Vaux.
15 décembre. Jérusalem. Réponse (négative) de M.-J. L. à Antoine Malvy, S. J., qui lui avait suggéré de se porter candidat au fauteuil de Bremond à l’Académie.
24 décembre. Jérusalem. Jubilé d’ordination (pour lequel M.-J. L. a reçu la bénédiction apostolique) fêté dans l’intimité.
25 décembre : Le P. Mallon, S. J., supérieur du Biblicum, envoie une lettre de félicitations.

 

1934 : Le 18 janvier. M.-J. L. va passer trois semaines en Égypte. La photographie « officielle » (reproduite dans la RB de 1938), exécutée par un photographe du Caire, date sans doute de ce moment-là.
15 mars. Jérusalem : Conférence de Massignon à Saint-Étienne sur le P. de Foucauld.
Été : M.-J. L. en France. 6 juillet à Saint-Maximin ; 19 juillet, 30 juillet, à Roybon ; 11 août, il rencontre le P. Gillet à Aix-les-Bains ; 20 août, à Saint-Cyr ; 21 août, il rencontre à Vienne l’abbé Venard ; 6 septembre, à Roybon.
11 septembre. Marseille. Entretien avec le P. Genevois sur le P. Cormier. Il s’embarque le 12 et sera de retour à Jérusalem le 18. Sur le bateau rencontre avec Bernard d’Orgeval.
30 septembre, fête de saint Jérôme. Jérusalem : Le P. Bea, S. J., (venu installer le P. Lobignac supérieur du Biblicum) invite M.-J. L. à déjeuner. « Notre conversation a été extrêmement courtoise » (à Gillet, 6.11.1934).
15 octobre. Jérusalem. M.-J. L. constitue un dossier d’archives de 122 pièces sur l’École et sur la question biblique.
19 décembre. Jérusalem. Le P. Vincent Hermel élu prieur de Saint-Étienne.

 

1935 : 26 janvier. Jérusalem. Arrivée du prieur Hermel. Arrivée de Jean Guitton (qui restera jusqu’au 15 mars).
29 janvier. Jérusalem. Si Saint-Étienne doit être rattaché à la province de Paris, M.-J. L. demande à être rendu à sa province de Toulouse.
6 mars. Jérusalem. Arrivée du « Cahier de la Nouvelle Journée », 28 : L’œuvre exégétique et historique du P. Lagrange.
7 mars. Jérusalem. Fête dans l’intimité des 80 ans de M.-J. L. jubilaire ; Thellier de Poncheville le harangue (Compte rendu dans l’Année dominicaine, avril 1935, p. 124-125). Photographie de la communauté.
Avril : M.-J. L. au Caire. Au retour, le P. Lavaud voyage avec lui du Caire à Jérusalem, où il vient fêter Pâques (21 avril).
14 mai. Jérusalem. M.-J. L. adresse à Rome, pour la cause de béatification, les lettres reçues du P. Cormier.
16 mai. Rome : Article de l’Osservatore romano pour le jubilé de M.-J. L., « nouveau fondateur de la science biblique ». Reproduit dans la Croix du 3 juillet.
27 juillet. Jérusalem. Pour raison de santé, M.-J. L. va devoir quitter Jérusalem.
4 août. Jérusalem. Dispositions relatives à ses papiers personnels. Le reste du mois d’août, malade, il se repose à Abey (Liban).
10 septembre. Jérusalem. Les médecins jugent nécessaire son départ en Europe.
21 septembre. Rome. Patente d’assignation de M.-J. L. à la province de Toulouse signée par le P. Gillet.
29 septembre. Rome. Le chapitre général fait l’éloge de l’École biblique (discours du P. Gillet, Acta p. 32 ; Actan° 89) et rend hommage à M.-J. L. jubilaire (Acta n° 22).
2 octobre. Jérusalem : lettre de remerciement de M.-J. L. au P. Gillet.
6 octobre, fête du Rosaire : M.-J. L. quitte Jérusalem, après des adieux discrets.
12 octobre : Il débarque à Marseille et arrive, le soir même, à Saint-Maximin.
6 décembre : Le provincial Vayssière désire que M.-J. L. soit accepté comme maître en théologie dans la province (et devienne de droit membre du conseil provincial et du chapitre provincial).

 

1936 : 12 janvier. Saint-Maximin. M.-J. L. s’apprête à aller déposer pour la cause du P. Cormier. Il attend la visite de Mgr Tisserant.
Février. Saint-Maximin : Il reçoit la visite de Joseph Chaine.
27 février : Il achève un séjour de convalescence à l’Institut héliothérapique de Cannes.
27 février : Il dépose à Marseille pour la cause du P. Cormier. « J’aurais été peiné de mourir sans lui avoir payé ma dette de reconnaissance. »
1er mars : À Montpellier (jusqu’au 25 mars), sollicité par les sœurs des Tourelles.
4 avril, veille des Rameaux. Saint-Maximin : Paul Claudel rencontre M.-J. L.
4 mai : Conférence à Aix-en-Provence sur la Vie de Jésus de Mauriac. Répétée à Lyon le 20 mai, à un groupe d’universitaires catholiques. (« Si j’avais su que [Mauriac] souffre d’un cancer ou de tuberculose à la gorge, avant de commencer cette campagne, probablement je ne l’aurais pas entreprise. Ce mal cruel explique assez son pessimisme ! » écrit-il le 1er juin.)
19 juin. Rome. Tisserant et Mercati nommés à la Commission biblique.
Juillet : M.-J. L. à la Sainte-Baume. Doit-il retourner à Jérusalem comme le P. Benoit le demande ?
21-30 juillet : Chapitre provincial à la Sainte-Baume, auquel participe M.-J. L., entendu particulièrement sur la question des études. Éloge que le chapitre fait de lui : Acta, Postulationes n° 1.
Août : M.-J. L. à Roybon.
Septembre : Retraite à Saint-Maximin.
22 septembre. Saint-Maximin. Il rédige ses dispositions ultimes.
6 octobre. Saint-Maximin : E. Tisserant est venu le visiter ; M.-J. L., malade, l’a reçu au lit.
Octobre : Supplique adressée au Vatican, sur initiative de Joseph Chaine et de Jean Guitton, « Remarques sur la situation faite aux savants catholiques de France en ce qui concerne les études bibliques ».
18 novembre. Saint-Maximin. Promenade de la communauté à La Rouvière. M.-J. L. lit un poème à l’adresse du prieur Thomas Lacrampe.
2 décembre. Montpellier : Conférence sur le retour à la Bible. Le 7 et le 14, conférences à la salle des œuvres sur l’Orphisme et le Christianisme. Instructions aux sœurs des Tourelles.
18 décembre. Toulouse. Conférence sur le retour de la Bible. Le lendemain, conférence aux séminaristes de l’Institut catholique sur le prologue de Jean.

 

1937 : Janvier. Les sœurs des Tourelles donnent à M.-J. L. une photographie de la Vierge d’Autun. « J’ai fait mes études au petit séminaire de cette ville ; c’est pourquoi je suis très dévot à cette image de Marie » (5 janvier). « Elle préside à ma table de travail » (22 février).
20 avril : Conférence à Aix sur la véracité des récits évangéliques.
Mai. Saint-Maximin : M.-J. L. rédige ses « Souvenirs de Salamanque », publiés dans La Vie dominicaine.
Juillet : À Roybon, où, le 5 août, il rédige son testament. Le 12, il notifie à Jean Gabalda les dispositions prises le 5 relativement à sa succession.
10-25 août : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, chez Mlle Falsan.
Du 25 août – 1er septembre : À Chadefaud, par Barrèges (Puy-de-Dôme), session chez Marcel Légaut. Le P. René d’Ouince, S. J., nouveau directeur des Études, se trouve parmi les auditeurs (Un prophète en procèsParis, 1970, t. I, p. 86-87). Gérard Soulages a aussi évoqué ses souvenirs (Fidélité et ouverture, mai 1992, p. 42-43).
4 septembre : M.-J. L. arrive à Montpellier, où il espère voir Guillaumont et Daumas. Il en repart le 7 septembre.
19 septembre. Saint-Maximin : Il rédige une « Note pour les droits d’auteur après ma mort » afin que ses droits reviennent à l’École biblique.
19 septembre : Il demande à Rome s’il peut se remettre à la Genèse.
Octobre : Il accepte de donner deux cours réguliers aux étudiants dominicains, un sur la Genèse, un sur le Nouveau Testament.
4 octobre. Rome. L’article sur « les Patriarches » (composé à l’imprimerie le 28 septembre) est interdit de publication.
21 octobre. Le P. Hugues Vincent vient passer deux semaines à Saint-Maximin, d’où il repart pour Jérusalem le 2 novembre.
20 décembre. Épreuves de l’article sur Dhorme, L’évolution religieuse d’Israël (cet article est daté du 21 novembre). Ne sera pas autorisé non plus par la censure de Rome.
31 décembre : Conférence à Toulon, à ses instituteurs.
Décembre : Joseph Chaine et Jean Guitton à Rome effectuent des démarches afin d’obtenir que la Genèse de M.-J. L. puisse paraître.

 

1938 : Le 2 janvier. Saint-Maximin. M.-J. L. reçoit J. Chaine et J. Guitton, à leur retour de Rome.
3 janvier : Il adresse un appel au P. Cordovani, maître du Sacré Palais.
12 janvier. Rome. L’interdiction de l’article sur Dhorme est maintenue.
16 janvier. Jérusalem : Le P. Vincent, mécontent des embarras créés par la censure romaine, transmet la direction de la RB au P. de Vaux.
30 janvier : Réunion à Toulon avec les instituteurs.
20 février : Le manuscrit de Genèse I-XI remis aux dominicaines des Tourelles pour dactylographie.
24 février – 1er mars. Montpellier. M.-J. L. donne une conférence aux séminaristes, à la demande de l’évêque. Causeries diverses (aux Tourelles, chez Mme Reynès-Monlaur, dans des groupes d’étudiants). Guitton lui communique le dernier livre de Loisy. Excursion à Saint-Guilhem-du-Désert en compagnie de quelques amis.
1ermars : De retour à Saint-Maximin.
2 mars : Visite du P. F.-M. Braun, O. P.
3 mars : M.-J. L. écrit au P. Vincent que la semaine de Montpellier avait « secoué [sa] torpeur intellectuelle ».
4 mars : Cours sur la Passion dans S. Jean et dans les synoptiques.
5 mars : Correction des épreuves pour la RB « L’authenticité mosaïque de la Genèse et la théorie des documents ».
8 mars : M.-J. L. « grippé » ; très forte fièvre ; congestion pulmonaire.
9 mars : Évolution brutale de la maladie. M.-J. L. remercie le médecin, reçoit l’extrême-onction. « Je m’abandonne à Dieu ». Dans la nuit, celui qui le veille entend un murmure : « Jérusalem… Jérusalem… »
10 mars : M.-J. L. s’éteint vers 9 heures, entouré de la prière des frères.
12 mars : Obsèques présidées par Mgr Simeone, évêque de Fréjus-Toulon. Inhumation dans le cimetière conventuel.
17 mars : Service funèbre en la basilique de Saint-Étienne à Jérusalem.

201901

 

 

 

Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique par Bernard Montagnes. Recension par Pierre Gendron

Bernard Montagnes. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique

 

Source : Spiritualité 2000

Livre du mois, Décembre 2008

Responsable de la chronique : Jacques Sylvestre, o.p.

L’auteur du compte rendu : Pierre Gendron

Le père Lagrange, dominicain, né à Bourg-en-Bresse au nord de Lyon le 7 mars 1855, mort à Saint-Maximin dans le midi de la France le 10 mars 1938, est célèbre pour avoir fondé l’École biblique de Jérusalem en 1890 (devenue, en 1920, École biblique et archéologique française) et, en 1892, la Revue biblique. Ses restes ont été transférés en 1967 au couvent de Saint-Étienne, à Jérusalem, où il a passé la plus grande partie de son existence.

Le regard du P. Lagrange, tel qu’on peut le voir sur la photo de couverture du livre de Bernard Montagnes, est la première chose qui retient l’attention dans la présentation matérielle de l’ouvrage. On peut rappeler ici ce qu’écrivait Péguy, dans le Mystère des Saints Innocents : « Toutes les soumissions du monde ne valent / pas un beau regard d’homme libre. / Ou plutôt toutes les soumissions d’esclaves du monde / me répugnent et je donnerais tout [dit Dieu] / Pour un beau regard d’homme libre, / Pour une belle obéissance et tendresse et dévotion / d’homme libre… »

Cette biographie critique n’est pas une hagiographie. Mais on sait que la béatification du P. Lagrange est en bonne voie ; et si l’on parle maintenant de sainteté à son sujet, cela tient assurément à la manière dont il a incarné cette obéissance d’homme libre. Ce trait apparaît d’autant plus méritoire chez lui qu’il était connu pour sa franchise. Comme le fait remarquer l’auteur, à la fin de son livre : « Religieux de parfaite régularité, en tout irréprochable, le P. Lagrange faisait de l’obéissance un absolu, mais jusque dans l’obéissance il se comportait en homme libre. »

Le fondateur de l’École biblique fut un pionnier de l’exégèse historico-critique, à un moment où cette méthode d’interprétation des Écritures paraissait trop novatrice, trop subversive pour être acceptée volontiers par les autorités de l’Église catholique, qui l’obligèrent à abandonner ses travaux sur l’Ancien Testament. Son biographe raconte de manière détaillée quels combats le P. Lagrange eut à soutenir, et quelle suspicion et quel désaveu il eut à subir de la part du Saint-Siège. Le prix à payer pour donner droit de cité à la modernité historique et critique dans les études bibliques a été lourd pour ce savant ; mais le bienfait a été immense pour l’Église.

L’auteur explique comment le P. Lagrange a continué contre vents et marées son labeur scientifique, en dépit de toutes les tracasseries qui ont marqué sa carrière, convaincu qu’il était du profit que le croyant devait trouver dans la critique historique pour comprendre la Parole de Dieu. S’inspirant du programme de la Revue biblique, il s’était très tôt signalé en publiant La Méthode historique, un recueil de conférences de vulgarisation prononcées à Toulouse en 1902, et qui est devenu un manifeste après coup, par la manière dont l’ouvrage a été reçu.

Une façon de saisir l’actualité du P. Lagrange aujourd’hui est de relire le Message du dernier synode sur la Parole de Dieu, qui s’est tenu à Rome du 5 au 26 octobre 2008. À titre d’exemple, on peut faire ressortir deux points particulièrement importants de cet examen. D’abord, on observe que le synode est animé par un souci constant d’éviter l’écueil du fondamentalisme. Il propose un voyage spirituel qui, partant de l’éternité et de l’infinité de Dieu, nous conduit « jusqu’à nos maisons et le long des rues de nos cités » ; avant tout, il réaffirme clairement que Jésus Christ est la Parole de Dieu faite chair, homme et histoire (I, 3). Le P. Lagrange ne disait pas autre chose.

En fait, l’orientation préconisée en exégèse par le P. Lagrange n’a été avalisée qu’après sa mort par le pape Pie XII, dans l’encyclique Divino afflante Spiritu, en 1943. Elle fut plus tard confirmée par le concile Vatican II, et le synode ne fait que reprendre cet enseignement. La Bible est chair, dit le synode, « elle exprime dans des langues particulières, dans des formes littéraires et historiques, dans des conceptions liées à une culture antique, elle conserve la mémoire d’événements souvent tragiques. […] Elle nécessite une analyse historique et littéraire, qui s’actualise à travers les diverses méthodes et approches offertes par l’exégèse biblique » (II, 5).

De plus, le synode encourage ouvertement une forme de dialogue œcuménique dont le P. Lagrange, avec ses limites, qui étaient réelles, fut à sa manière un précurseur. Ce deuxième point est lié au premier dans la mesure où il s’agit de regrouper toutes les forces s’opposant à un fondamentalisme qui nie l’incarnation. Confronté à la réalité d’un monde sécularisé, le synode rappelle que « dans la maison de la Parole, nous rencontrons aussi les frères et sœurs des autres Églises et communautés ecclésiales », et il conclut : « Ce lien doit toujours être renforcé par […] le dialogue exégétique, l’étude et la confrontation des différentes interprétations des Écritures » (III, 10).

En dépit des entraves que subissait le P. Lagrange, la Revue bibliquea ouvert une véritable brèche dans le mur qui séparait catholiques et protestants. C’est une conséquence directe des efforts du P. Lagrange pour faire face au drame intellectuel que constituait pour l’Église catholique le choc de l’exégèse critique de la Bible venu des universités protestantes d’Allemagne. Dans ce contexte, le P. Lagrange ne manque pas de revendiquer avec une émotion non dissimulée les mérites de la Revue biblique : « Le courrier me montre à quel point nous sommes en vue dans le monde protestant. […] N’est-ce pas quelque chose de voir reconnaître […] que nous travaillons avec compétence et une parfaite loyauté, tout en étant soumis à l’Église ? […] Ils nous ont tant reproché de négliger la Bible ! »

Cet ouvrage a de belles qualités. Bernard Montagnes, dominicain de la province de Toulouse, à laquelle appartenait le P. Lagrange, a été bien servi dans son travail par son expérience d’archiviste. Il traite son sujet d’abord en historien, un peu comme l’a fait Jacques Le Goff pour saint Louis. Respectueuse des faits, sa biographie est un guide sûr qui mérite son appellation de critique ; elle se consulte comme un dossier permettant de juger sur pièces. Destiné à faire connaître la figure du P. Lagrange, on peut souhaiter que ce livre puisse également faire découvrir le message d’espérance qu’a voulu apporter ce grand serviteur de la Parole.

 

Pierre Gendron

 

Le Journal spirituel du père Marie-Joseph Lagrange 1879-1932. Recension par Laurent Camiade

Paris, Cerf, 2014, 530 p., 29 €

 

Les notes spirituelles regroupées dans ce livre important ne furent pas rédigées pour être publiées, mais servirent de mémoire spirituelle au célèbre père Marie-Joseph Lagrange (1855‑1938), dominicain et fondateur de la très réputée École biblique et archéologique française de Jérusalem. Indiquons tout d’abord que sans une notice historique puisée ailleurs, on est parfois bien en peine de comprendre telle ou telle allusion aux difficultés rencontrées, que le père ne détaille pas. Peut-être est-ce la principale lacune de cette publication, qui comporte certes des notes utiles, regroupées en fin d’ouvrage, mais suppose connue la biographie de l’auteur. La présentation succincte laisse apparaître le texte à l’état presque brut, même si elle offre quand même la traduction française des passages écrits dans différentes langues (latin, hébreu, grec, arabe, syriaque, allemand ou anglais).

Si la période du noviciat à Saint-Maximin (1879-1880) et des études à Salamanque (1884‑1886) est retracée à peu près au quotidien, le père Lagrange ne tenait pas ce “journal” régulièrement, mais surtout pendant des temps de retraite et pour y inscrire entretemps quelques résolutions ou de rares repères chronologiques. Il relisait parfois ses notes et y inscrivait en marge des remarques. La période de 1914 à 1921 ne comporte pas de notes. Un cahier datant de cette époque a pu être perdu ou détruit. Pas de notes non plus après 1932.

Ceux qui connaissent l’immense travail théologique et scientifique réalisé par le père Lagrange trouveront sans doute ici matière à sentir davantage l’âme du chercheur, l’unité intérieure qui était la sienne, mais aussi ses doutes, ses scrupules et ses épreuves. Le père Lagrange s’attache souvent dans ses notes à décrire ses motions spirituelles. On perçoit son ambition de se perfectionner et sa progressive prise de conscience que seule la miséricorde de Dieu pourra répondre pleinement à ce désir de sainteté. Le beau témoignage laissé de ses années de formation indique aussi des traits de l’enseignement spirituel reçu, avec une insistance sur l’humilité, l’amour de la croix, l’obéissance, les relations fraternelles, mais aussi la distance avec la famille, la méfiance vis-à-vis des attachements trop humains. Il se montre sans concession avec lui-même, se reprochant souvent (ce que semblent lui renvoyer sans ménagement ses condisciples) une tendance de jeunesse à se montrer sentencieux et une grande difficulté à accepter d’avoir tort en public. Peu à peu, avec la maturité, il semble que ce trait de caractère s’atténue, en tout cas, il n’en parle plus guère, jusqu’à ce que vienne l’épreuve des interdictions et blâmes du Saint-Siège à partir de 1907, où la question reviendra sous une autre forme. Le profil spirituel du père Lagrange est marqué par un attachement fort à la Vierge Marie qui ne cesse de lui donner des signes de sa présence affectueuse et qu’il prie toujours de le conduire à Jésus, même dans les périodes d’obscurité. La mention très fréquente des mots Ave Maria signifie qu’en écrivant, l’auteur s’arrête souvent pour réciter un Je vous salue Marie. La nuit spirituelle est souvent mentionnée, comme absence de consolation. Il la reçoit comme un don de Dieu pour le purifier de ses attachements aux grâces sensibles (ce qui indique bien l’assimilation de la doctrine de Jean de la Croix). Sa spiritualité, qui semble longtemps axée sur l’effort, la conscience du péché, des bonnes résolutions à tenir, entrevoit pourtant dès septembre 1882 (p. 189-190) la place de la miséricorde et d’une progression spirituelle plus liée à la grâce. Cette dimension est autre que la seule imitation volontariste du Seigneur et consiste à entrer dans les sentiments du Fils envers Dieu d’abord par le fond de l’âme.

Le père Lagrange fera à plusieurs reprises l’expérience de la purification de l’intention apostolique à travers un « dégoût presque insurmontable pour l’étude » et « un état d’impuissance intérieure »qu’il dit devoir « embrasser avec joie »(p. 255). Cette expérience, par nature paradoxale, arrive à certain moment où il se reproche un « amour déréglé pour l’étude » (p. 261). Plus tard, il précisera cette tension en cherchant à se garder spécialement de la vaine curiosité dans l’étude, pour travailler davantage à ce qui pourra être utile à l’Église. Il se juge sévèrement et gardera toujours l’impression d’avoir gaspillé ses capacités, voire d’être passé à côté de sa vie. Sans doute, plongé dans les responsabilités autour de l’École biblique, ne se rendit-il pas compte du rayonnement et du bienfait pour l’Église de l’œuvre apostolique qu’il a initiée. La tiédeur qu’il se reproche ne s’accorde pas avec l’admirable prière qu’il rédige en plein contexte où s’exprime son sentiment de nuit spirituelle : « Si quelque chose me fait encore espérer, mon Dieu, c’est que vous me sevrez, me tenez dans la solitude, ne permettez pas que je goûte hors de vous des joies que je ne trouve plus qu’en vous. Je vous appartiens, mon Sauveur, par ma consécration ancienne, par mes anciens serments, par d’anciens serments, par d’anciens sacrifices… Ayez pitié de moi. Rendez-moi à ma bonne Mère, qui gémit de ma tiédeur. Ô Marie, tendez-moi les bras, dissipez les nuages, les faux prétextes, les mauvaises raisons qui m’éloignent de Jésus… Parlez, je vous écoute. » (27/03/1891, p. 267). C’est que de plus en plus alors, le père Lagrange se reproche une certaine mollesse, une absence de mortification et une curiosité intellectuelle. Durant sa retraite de septembre 1892, il fait le récit sans concession de son enfance et de sa vocation « pour voir combien j’avais baissé », car ce sentiment de s’être assoupi spirituellement en regard de ses désirs anciens de sainteté reste un scrupule qui perturbe longtemps son âme.

À partir de 1895, le père Lagrange prend le parti de l’exégèse historique et de la doctrine de « l’inspiration large » (p. 366), mais cette option à laquelle il tâche de rester fidèle tout en se soumettant au contrôle de l’autorité ecclésiastique, l’amène à regretter les troubles et l’inquiétude qui en découlent. Au cours des années de tourmente où les options intellectuelles prises sont malmenées par l’autorité de l’Église qui le soupçonne de modernisme, où le cap tenu par ses supérieurs n’est pas clair, on perçoit que sa préoccupation spirituelle est d’abord celle de l’obéissance. Le père Lagrange veut servir le Christ et l’Église dans l’ordre dominicain. Les épreuves proviennent, pour lui, de la main de Jésus : « de ses mains percées pour nous, de son Cœur Sacré » (p. 387). Il se lance dans l’étude des Évangiles par amour pour Jésus et avec l’espoir, toujours, de “revenir à mon ancienne ferveur”. « Aucune étude autant que l’Évangile, écrit le père Lagrange, ne m’approchera de sa personne, ne me fera goûter ses enseignements. »

Laurent CAMIADE

 

 

http://moodle-adae.ict-toulouse.fr/module_paiement/recensions.php?id=74

Transcription : www.mj-lagrange

0119

Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie. Son oeuvre par Louis-Hugues Vincent. Recension par Philippe Roy-Lysencourt

Recension par Philippe Roy-Lysencourt

Institut d’étude du christianisme, Strasbourg

 

In Laval théologique et philosophie

L’innovationreligieuse, vol. 72, N° 3, octobre 2016

Source Érudit.org

 

La biographie que le père Louis-Hugues Vincent a consacrée au père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et de la Revue biblique, a mis du temps à paraître.

En effet, l’auteur la termina en 1951 et elle ne fut publiée… qu’en 2013, cinquante-trois ans après sa mort ! C’est que les autorités dominicaines craignaient que cette publication ne provoquât des polémiques qui porteraient préjudice à l’École biblique. Il faut dire que les querelles qui avaient dressé l’Institut biblique de Rome contre l’École biblique des dominicains avaient été rudes et qu’on craignit longtemps pour la survie de cette dernière.

Le père Louis-Hugues Vincent (1872-1960), dominicain spécialiste de l’archéologie palestinienne, auteur de nombreux livres et articles, a passé une grande partie de sa vie à Jérusalem. Il vivait au couvent Saint-Étienne, auprès du père Lagrange dont il fut l’un des plus proches collaborateurs et qu’il considérait comme un maître auquel il devait tout « dans l’ordre intellectuel, moral et religieux » (p. 15). Malgré cela, dans le livre qu’il lui a consacré il ne voulait pas faire œuvre apologétique (ce qu’il n’a peut-être pas tout à fait réussi) et il s’est gardé d’apporter des appréciations personnelles.

Dans l’avant-propos, daté du 15 novembre 1951, le père Vincent spécifie que l’ouvrage «  n’est pas une biographie composée suivant les règles du genre » (p. 15). C’est vrai. Au niveau formel, on peut relever qu’il n’y a ni introduction ni conclusion et que l’ouvrage est composé de huit chapitres qui ne comportent aucune sous-partie. Quant au fond, l’enquête fut minimale, les sources sont peu nombreuses et les références laissent à désirer. L’auteur, qui l’assume, a composé son livre essentiellement à partir de ses souvenirs du père Lagrange, personnage avec lequel il vécut dans une étroite intimité pendant quarante-six ans. Pourtant, cet ouvrage est plus qu’un livre de souvenirs. Il s’agit d’un témoignage qui, selon les mots du rédacteur, « se restreint […] à l’expérience acquise de son œuvre scientifique en une vie permanente dans son sillage » (p. 19). Néanmoins, le père Vincent a pu profiter de la Revue biblique,de quelques papiers que lui a légués le père Lagrange, ainsi que de deux documents écrits par ce dernier : 1) ses Notes intimes dans lesquelles il consignait le cheminement de sa vie intérieure, que l’auteur, par pudeur, a utilisées sans les exploiter ; 2) ses Souvenirs, écrits sur l’insistance de ses disciples, à la condition « que son récit demeurerait strictement un document de famille » (p. 18). De plus, les liens amicaux du père Vincent avec le père Lagrange l’ont mis en relation avec la famille de son maître. Il a pu y quérir les confidences de ses proches sur son enfance et sa jeunesse. Notons que la première partie de la vie de l’exégète est traitée rapidement, puisque l’auteur ne consacre que vingt-neuf pages à ses trente-cinq premières années. Il s’en justifie ainsi : « J’ai trop souvent entendu mon maître taxer de stérilité la part excessive attachée souvent dans les biographies à la description anecdotique méticuleuse des années initiales, pour m’y aventurer à son propos » (p. 16). Certes, mais lorsqu’elle est bien faite, la présentation des premières années d’un homme peut être extrêmement importante pour mieux le connaître et pour comprendre certaines de ses réactions.

Dans cet ouvrage, le but du père Vincent était de montrer le lien intime entre la vie et l’œuvre du père Lagrange. Cet objectif est atteint, car la coordination entre la vie et l’œuvre de l’exégète et théologien dominicain est bien mise en évidence, et l’on voit très bien la cohérence de son œuvre malgré la variété des sujets qu’il a abordés tout au long de sa vie. À ce propos, soulignons que la production scientifique du père Lagrange est présentée d’une façon tout à fait compréhensible pour les non-spécialistes. Néanmoins, il faut ajouter que le lecteur se retrouve, tout au long de la biographie, face à une énumération chronologique un peu fastidieuse des écrits du père Lagrange. De plus, ils sont traités avec une importance très variable, selon une logique qui peut parfois laisser perplexe : quelques-uns sont abordés assez longuement tandis que d’autres sont seulement mentionnés. L’auteur s’en explique en spécifiant qu’il devait « s’efforcer de présenter la production scientifique sous une forme aisément intelligible au lecteur le moins spécialisé » (p. 21). Cet argument nous semble peu convaincant pour justifier, par exemple, que le père Vincent s’attarde davantage sur un compte rendu fait par le père Lagrange que sur un livre qu’il a lui-même écrit. Néanmoins, cet ouvrage nous permet d’appréhender les positions doctrinales du père Lagrange et son rôle dans l’évolution du mouvement biblique. On y découvre aussi un homme d’une scrupuleuse soumission à Rome et à ses supérieurs au milieu des controverses délicates auxquelles il fut mêlé, ainsi qu’un religieux dont la vie fut gouvernée par son idéal de sainteté.

L’ouvrage est complété par quelques annexes, par une petite bibliographie, par une carte de la Palestine au temps de Jésus, ainsi que par un index des noms de personnes. On y trouve également une prière pour la glorification du père Marie-Joseph Lagrange, dont l’enquête canonique a été ouverte officiellement par Mgr Joseph Madec, alors évêque de Fréjus-Toulon (diocèse dans lequel est mort le père Lagrange), par décret du 15 décembre 1987.

Pour conclure, cet ouvrage, rédigé par l’un de ses plus proches disciples, est un témoignage important sur le père Lagrange et son œuvre. Pour ceux qui voudraient approfondir la question, on peut renvoyer au livre de Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique (Paris, Cerf, 2005, 624 p.).

 

 

Philippe ROY-LYSENCOURT

Institut d’Étude du Christianisme, Strasbourg

Transcription : www.mj-lagrange.org

0119

Hommage au père Lagrange pour ses noces d’or par Gonzague Ryckmans

Hommage-Témoignage

Le Père Lagrange

Gonzague Ryckmans[1]

 

In La Revue catholique des idées et des faits 

XIIIannée, n° 39

Vendredi 22 décembre 1933

Aujourd’hui même, 22 décembre, le P. Lagrange fête à Jérusalem ses noces d’or sacerdotales. Dans l’intimité de sa famille religieuse, au milieu de ses disciples de choix qui sont devenus ses collaborateurs, et – le terme est du P. Lagrange lui-même – ses maîtres, dans le cadre de cette École biblique dont chaque pierre lui a coûté tant de labeurs et de soucis, il rendra grâces à Dieu pour ces cinquante années de vie sacerdotale et religieuse consacrées tout entières au service indéfectible de la vérité. Si elles ne furent exemptes ni de joies ni surtout d’épreuves, elles furent sans tache. En les évoquant, l’illustre jubilaire pourra redire la parole de l’Écriture : Ætas senectutis, vita immaculata[2].

Il est né sous le signe de saint Thomas d’Aquin, le 7 mars 1855. Mais la vocation dominicaine ne se manifesta qu’après un passage à la Faculté de droit – où le futur exégète fut brillamment reçu au doctorat – suivi de trois années passées au séminaire d’Issy. C’est en 1879 qu’il entra au noviciat de Saint-Maximin. Quelques années d’études de théologie dogmatique à Salamanque, et d’exégèse à l’Université de Vienne ; une initiation scientifique due au contact personnel de l’abbé Thomas[3], l’un des précurseurs de la critique biblique en France, suffirent à donner au jeune dominicain une exacte compréhension de l’indiscutable médiocrité des études scripturaires chez les catholiques.

Non pas que la Bible jouât chez eux un moins grand rôle que chez les protestants. Mais ces derniers la tenaient pour l’unique règle de foi : leur recours à l’original et aux versions les amenèrent à user largement des méthodes de la critique. Les rationalistes à leur tour adoptèrent celles-ci pour montrer que certains passages ayant été altérés ou donnant lieu à plusieurs variantes entre lesquelles l’hésitation était possible, le caractère surnaturel intrinsèque et littéral des Livres saints ne s’imposait pas avec l’évidence que les protestants se plaisaient à reconnaître. Quant aux catholiques, forts des témoignages de la tradition et de l’autorité de l’Église, ils cherchaient dans l’Écriture, parole de Dieu, les fondements de la doctrine, les règles de la vie morale, les exemples proposés à l’édification du chrétien.

Mais, à part quelques hommes, tel Van Hoonacker[4] à Louvain, rares étaient ceux qui s’occupaient des Livres saints comme objet d’étude scientifique. On négligeait l’hébreu et le grec pour s’en tenir au latin de la Vulgate, les questions d’authenticité étaient résolues d’autorité, d’un point de vue uniquement doctrinal et dogmatique.

De plus en plus les catholiques ressemblaient à une armée menacée d’un siège, qui se retrancherait dans ses positions avec le seul objectif de repousser les assauts de l’ennemi, sans même s’inquiéter de savoir si elle pourrait lutter avec lui à armes égales.

Et c’était le moment où les écoles mythiques déniaient à l’Ancien comme au Nouveau Testament leur valeur historique ; quant aux évolutionnistes, ils ajustaient les Écritures aux cadres de l’histoire religieuse a priorisuivant les principes d’une évolution de l’humanité, où le monothéisme ne se serait dégagé que progressivement d’un polythéisme matériel et barbare. Appliquant ces principes à la Bible, ils bouleversaient les notions reçues, révisaient la date de composition des Livres saints, et remettaient en question leur authenticité. Dans tous ces systèmes, « la révélation et la rédemption disparaissent, il n’y a plus d’intervention directe de Dieu dans l’histoire de l’humanité ; la religion catholique dont on respecte l’idéal de justice et de sainteté, a eu tort de lier sa fortune à des légendes sans valeur[5] ».

Renan[6] était alors à son apogée. Fait étrange : son œuvre qui suscité tant de passions contradictoires a été surfaite par ses amis dans ce qu’elle a de plus médiocre, et sous-estimée par ses adversaires là où elle méritait qu’il lui fût rendu justice. Sa mission de Phénicie, où il se révéla un pionnier de l’exploration archéologique, ses travaux sur l’épigraphie sémitique, et notamment la part prépondérante qu’il a prise à la fondation et à la rédaction du  Corpus inscriptionum semiticarum, lui assurent une place honorable parmi les orientalistes. Mais ce ne sont pas ces titres-là qui lui ont valu une statue à Tréguier et une enseigne de la rue dans les plus banales sous-préfectures. Pour le grand public, Renan est l’homme de l’Histoire d’Israël, de la Vie de Jésus et des Apôtres où, en un style prestigieux, il a mis à la portée des lecteurs français les théories des écoles libérales allemandes. « Sa négation du christianisme, entière et passionnée, était mise au service d’un sentiment religieux qu’il proposait comme étant d’une essence plus rare, sans y assujettir les autres plus que lui-même. Il ne parlait pas de Jésus sans un accent tendre et dévot, donnant ainsi satisfaction à ce qui resterait en France, en dehors du christianisme, de vague religiosité[7]. »

Quelques apologistes faisaient de leur mieux pour parer les coups. Parmi eux, M. Vigouroux se trouvait au premier rang. Son érudition considérable s’efforçait de faire appel aux découvertes modernes, tant en matière scientifique qu’historique, pour établir contre les adversaires l’accord de la Bible et de la science. « On peut douter, a dit trop cruellement de lui M. Loisy[8], qu’il y ait, par ailleurs, rendu de bien grands services à la cause qu’il défendait. En réfutant la critique, il a fait connaître la critique, et comme il l’a fort insuffisamment réfutée, en dépit de sa bonne volonté, parce que la critique n’était pas toujours réfutable, il a révélé à beaucoup d’esprit les défauts de la position catholique[9] ».

La grande faiblesse de Vigouroux[10] et des « apologistes » de son époque, le P. Lagrange la signalait dès 1892 : elle résultait de l’attitude purement défensive dans laquelle ils se cantonnaient. « Rien de plus fâcheux, dira-t-il plus tard, quand il s’agit de la recherche de la vérité, que ces allusions plus ou moins voilées à une consigne, que les mots de concession, et surtout de tactique, comme si nous occupions une position qu’il faut défendre par d’habiles dispositions et par tous les stratagèmes[11]. »

Et encore : « De toute façon une défense perpétuelle de la Bible ne rend pas justice à sa dignité. Elle est l’œuvre de Dieu, le trésor sans prix confié à l’Église, une source de lumière, un principe d’action morale et religieuse. Elle doit être étudiée en elle-même, dans son texte primitif, dans son milieu, avec le concours de la philologie, de l’archéologie, de l’histoire[12]. » C’est là toute la raison d’être et aussi le programme d’une École biblique, en même temps que le motif de son établissement à Jérusalem.

Au début de 1890, le P. Lagrange visitait pour la première fois les Lieux saints. À la fin de la même année l’École ouvrait ses portes. La voie de son fondateur était tracée : voici quarante-trois ans qu’il l’a suivie sans dévier. Appliquer aux problèmes d’exégèse et de critique biblique que la théologie ne résout pas la méthode scientifique dans le respect absolu de l’autorité de l’Église ; « former des spécialistes qui ne soient pas des tributaires des sciences qu’ils combattent[13] », qui deviennent eux-mêmes des maîtres et travaillent, au même titre que les savants indépendants, au progrès de la science à laquelle ils ont voué leur activité, voilà ce qui conférera aux exégètes l’autorité, et à leurs travaux un prestige jusque-là compromis.

Il recruta aussitôt une admirable pléiade de jeunes auxquels il distribua selon les aptitudes des lots du terrain à défricher.

Dans les locaux de fortune, sans bibliothèque, s’improvisant tour à tour professeur d’exégèse des deux Testaments, d’hébreu, d’assyrien, d’épigraphie, d’archéologie, alimentant en grande partie la Revue biblique qu’il fondait en 1902, parcourant à cheval – et souvent non sans danger – la Palestine, la Transjordanie, la péninsule du Sinaï, il marque de son empreinte son école et ses élèves. De l’avis de saint François de Sales, « la bonne façon d’apprendre, c’est d’étudier, la meilleure, c’est d’écouter, et la très bonne, c’est d’enseigner[14] ». C’est la « très bonne », sans conteste, qu’a pratiquée le P. Lagrange, et elle lui a réussi.

Avec une sûreté de coup d’œil dont on reste confondu, il entrevoit la solution des problèmes les plus divers, en indiquant la marche à suivre pour y parvenir. Dans le premier fascicule de la Revue biblique il établit les données de la localisation de la Jérusalem antique à l’encontre de la tradition moderne ; les fouilles qui se poursuivent encore aujourd’hui sur la colline d’Ophel[15]sont venues pleinement confirmer ces vues. Que d’intuitions aussi géniales – résultat d’un labeur acharné – dans les identifications et localisations relevant de la topographie, dans l’interprétation des anciennes inscriptions, dans la discussion des systèmes d’exégèse, des théories critiques et historiques les plus variées !

La haute tenue scientifique de la Revue biblique lui assura d’ailleurs les collaborations les plus flatteuses. À Louvain, où l’on suivait avec sympathie ces débuts pleins d’espérances, les professeurs Lamy, Van Hoonacker, Ladeuze et Coppieters lui apportèrent les plus précieux concours.

En même temps qu’elle tient le public au courant des progrès de la science, une revue stimule les travailleurs qui ont la charge de l’alimenter ; elle les force à mettre au point les résultats de leurs recherches et leur permet d’amorcer des œuvres de vaste envergure, qu’ils publieront plus tard en volumes séparés.

Marchant toujours de l’avant, conscient des services immenses que rendrait une vaste collection de commentaires scientifiques de l’Écriture sainte doublés de travaux de première main traitant des différentes sciences auxiliaires, le P. Lagrange fonda en 1900 la collection d’ « Études bibliques » qui allait donner aux catholiques un droit de cité définitif et incontesté dans le domaine de la Bible et de l’orientalisme. Comme toujours, il paya largement de sa personne. Il y débuta par des commentaires sur l’Ancien Testament et des études sur les religions sémitiques.

Mais il ne tarda pas à abandonner ces disciplines à ses élèves devenus eux-mêmes des spécialistes, et à des collaborateurs de choix, pour se cantonner dans l’étude de saint Paul, des Évangiles et du milieu juif à l’époque de Jésus-Christ. Ses commentaires sur les Épîtres aux Romains et aux Galates, ses quatre volumes consacrés aux Évangiles, condensés plus tard dans son admirable étude sur l’Évangile de Jésus Christ,ses enquêtes sur Le Messianisme chez les Juifs et sur Le Judaïsme avant Jésus Christ font de lui le maître incontesté de l’exégèse et de la critique néo-testamentaires.

« Certaines sciences, a dit M. Paul Hazard, sont si difficiles et si compliquées, qu’elles demeurent pour ainsi dire interdites au grand public ; elles demandent, pour être abordées seulement, une initiation préalable ; elles exigent une vertu d’ascétisme qui ne saurait être communément répandue. Résister à cette contagion du facile, qui est un des maux les plus évidents de notre société moderne, pour maintenir au contraire le sens du difficile et du rare : résister aux puissances de légèreté et d’illusion, qui tendraient à nous faire croire que, seuls, le présent et l’immédiat sont dignes de notre attention ; montrer par l’exemple ce que les études désintéressées ont non seulement d’élevé dans leur principe, mais nécessaire à la vie d’une nation ; former loin des succès brillants des successeurs qui reprendront le même sillon[16] », telle est la noble mission des écoles et des groupements scientifiques qui se consacrent dans le silence et le recueillement à la recherche de la vérité. Ce sens du difficile et du rare « transparaît dans toute l’œuvre du P. Lagrange, dans la minutie et la précision des plus humbles recherches critiques, dans l’accumulation infatigable d’une érudition exactement informée, sur lesquelles s’élèvera ensuite la brillante synthèse semblable à l’édifice bâti sur le roc.

Parvenu au soir de sa carrière, l’illustre savant peut mesurer avec une joie intime et profonde le chemin parcouru depuis un demi-siècle. Il y a tout d’abord son œuvre de prédilection, son École, l’École biblique et archéologique de Jérusalem,, officiellement reconnue par le gouvernement français dans le magnifique couvent de Saint-Étienne, à l’ombre de la basilique byzantine dédiée par Eudocie au premier martyr, à l’endroit même où il rendit témoignage au Christ.

Cette École, modèle des institutions similaires établies à Jérusalem ou ailleurs, pourvue d’une bibliothèque sans rivale en Orient et d’un outillage scientifique parfait, rayonne aujourd’hui par le monde. Ses professeurs sont des maîtres incontestés, ses élèves peuplent les établissements scientifiques, depuis la Bibliothèque vaticane et les universités jusqu’aux séminaires les plus lointains.

La Revue biblique, la collection d’Études bibliques, et les publications plus spécialisées sont devenues des instruments de travail indispensables dans le monde savant. La critique biblique catholique a été restituée dans sa dignité et dans son prestige, elle est aujourd’hui affranchie de cette pénible sujétion à l’égard de la critique indépendante à laquelle il lui fallait demander des armes pour la combattre. L’esprit scientifique pénètre peu à peu les travaux de vulgarisation et les manuels, telle la précieuse collection Verbum salutis qui ne ménage pas sa gratitude au P. Lagrange et à ses collaborateurs pour la dette contractée à leur égard.

Moisson splendide ! Elle n’a pas levé seulement sous la chaude caresse du soleil d’Orient, elle a connu aussi les heures sombres et les orages.

Léon XIII, qui aimait les hommes ardents et passionnés pour le vrai, et dont un des grands soucis fut la restauration des études philosophiques et exégétiques dans l’Église, ne ménagea pas ses encouragements au jeune fondateur de l’École de Jérusalem. Il comprenait l’ardeur de ceux qui se trouvent engagés dans la mêlée ; lorsqu’il leur arrivait de ne pas mesurer exactement leurs coups, il avait le secret de les modérer discrètement et avec une paternelle indulgence. Ses lettres Providentissimus et Vigilantiae témoignent de sa volonté de garantir aux travailleurs la pleine liberté scientifique dans le respect absolu du dogme dont il était le gardien.

Survint la crise moderniste. Le danger se manifesta surtout là où l’on était le moins paré à subir le choc. En adressant les félicitations de l’Épiscopat belge à la Faculté de théologie de Louvain cinq fois centenaire, S. Em. le cardinal van Roey rappelait l’attachement de cette institution aux doctrines orthodoxes, allant de pair « avec une saine modernité, et c’est précisément, ajoutait-il, cette note sagement progressive qui a préservé notre École théologique du modernisme[17] ».

Et l’œuvre constructive du P. Lagrange fut, contre les idées de M. Loisy, un antidote plus efficace que de volumineuses réfutations. Mais la nécessité d’une réaction immédiate et ferme se faisait impérieusement sentir. La tempête amène des remous dans les régions que l’on pourrait croire à l’abri de l’orage. Aujourd’hui le recul du temps donne un singulier relief à la sérénité et à l’humilité avec laquelle certains hommes, qui plaçaient au-dessus de tout la fidélité à la Foi et la soumission à l’Église, subirent l’épreuve. Qui n’a jamais rien produit ne craint pas le désaveu, suivant l’avertissement donné par le sage Boèce[18] dans ses Consolations : Si tacuisses, philosophus mansisses[19].

 Le P. Lagrange comprit que le sceau de l’adversité est la marque suprême de la faveur de Dieu. Il fit sienne la devise de Montalembert : Virtus virescit vulnere[20].

Il s’était remis résolument au travail, lorsque la guerre vint disperser professeurs et élèves et menacer l’École d’une ruine irréparable. Les Turcs y installèrent leur état-major. La bibliothèque ne fut épargnée que grâce à l’intervention d’amis sûrs. Le P. Lagrange fut déporté, puis expulsé, et pendant quatre ans, par un miracle d’énergie, il parvint à maintenir presque seul la Revue biblique, avec l’aide de quelques rares collaborateurs. Dès la nouvelle de la prise de Jérusalem par les Anglais, il s’embarque et veille à ce que tout soit prêt à accueillir les siens au lendemain de la victoire. Celle-ci le trouva remis à la tâche.

Aujourd’hui il n’a plus qu’une ambition : celle de poursuivre en paix son labeur dans son humble cellule de moine, entouré de fidèles et filiales amitiés qui veillent sur sa verte vieillesse.

Le secret de cette vie ? L’amour de Dieu et de l’Église ; la passion de la vérité et de la recherche scientifique, le détachement absolu qui seul, permet de poursuivre dans la solitude un travail opiniâtre et acharné.

Dès 7 heures du matin, chaque jour, sa messe et son action de grâces terminées, le P. Lagrange se retire dans sa cellule. Jusqu’à midi il est retranché de parmi les vivants, invisible, presque inabordable. C’est à peine si on l’entrevoit, haute et massive silhouette, voûtée par l’âge, se diriger d’un pas quelque peu traînant vers la bibliothèque, où il va contrôler une référence, consulter un ouvrage. Le regard fatigué paraît absent ; les traits sont figés sous le calot en bataille ; d’un geste nerveux il caresse la barbe grisonnante. De son écriture menue et régulière il remplit d’innombrables feuillets. Sa pensée est intensément concentrée pendant ces heures qu’il ne sacrifie à personne. Il ne s’interrompt qu’à l’office de midi. Religieux exemplaire, il est assidu à sa stalle. Puis ce sera la détente à la récréation qui suit le repas. Il y témoigne d’une simplicité et d’une fraîcheur d’âme exquises, secoué d’un rire silencieux aux mots d’esprit qui ne manquent pas de fuser. Jamais sa conversation n’est banale. Sa parole est mesurée, sa courtoisie, héritée d’une vieille lignée bourgeoise de la province française, ne se dément pas. Il est, je pense, un des derniers humanistes. Les classiques grecs et latins sont ses compagnons de choix aux heures lourdes du jour, et plus tard l’après-midi se passe à dépouiller les revues les plus diverses, à corriger les épreuves, à prendre contact avec les piles de livres qu’apporte chaque courrier.

S’il faut en croire Anatole France, « on ne peut bien mépriser les honneurs que quand on les a obtenus ». C’est là peut-être le raffinement de l’orgueil. Le vrai détachement consiste à méprises les honneurs qu’on n’a pas recherchés.

À part quelques titres académiques qu’il n’a jamais brigués, quelques distinctions dont il n’arbore pas les insignes, le P. Lagrange met sa seule fierté à porter la robe blanche de saint Dominique, sur laquelle il a jeté un éclat incomparable. Sa gloire à lui, c’est d’avoir été le champion de la vérité, d’avoir consacré sa vie à réaliser l’idéal proposé par Léon XIII : Ne veritatis impar sit cum errore concertatio[21]. Sa récompense, c’est la restauration des sciences bibliques dans le respect de la Révélation et de la Rédemption, restauration due pour la plus grande part  à l’immense labeur « de celui que l’on doit saluer comme le premier des exégètes catholiques[22]

 

 

Source : https://donum.uliege.be/expo/revue_catholique/pdf/P00209D-1933-12-22.pdf

Transcription : www.mj-lagrange.org

0119

 

[1][Gonzague Ryckmans (1887-1969) chanoine, orientaliste, archéologue, docteur ès langues sémitiques belge.]

[2]Sap. IV, 9.

[3][Jacques-Bernard Thomas (1853-1893), prêtre, théologien, professeur d’hébreu et d’Écriture sainte.]

[4][Albin van Hoonacker (1857-1933), hébraisant, professeur à l’université de Louvain, belge.]

[5]Revue biblique,1892, p. 7.

[6][Ernest Renan (1823-1892) philologue, philosophe, historien, écrivain français.]

[7]M.-J. Lagrange, M. Loisy et le Modernisme, Paris, 1932, p. 52.

[8][Alfred Loisy (1857-1940) prêtre et théologien catholique français.]

[9]Choses passées, Paris, 1013, pp. 58-59.

[10][Fulcran Vigouroux (1837-1915) p.s.s., exégète, professeur d’hébreu et d’Écriture sainte.]

[11]Revue biblique, 1905, pp. 298-299.

[12]M. Loisy et le Modernisme, p. 14.

[13]Revue biblique,1902, p. 314.

[14]Intr. à la vie dévote,éd. d’Annecy, pp. 10-11.

[15][colline occupée par les ruines de la cité de David.]

[16]Paul Hazard, Le 4eCentenaire du Collège de France, dans Revue des Deux mondes, 15 juin 1931, p. 839.

[17]Le Vecentenaire de la Faculté de théologie de l’Université de Louvain, Bruges, 1932, p. 164.

[18][Boèce (480-524) Philosophe et homme politique latin.]

[19][Si tu t’étais tu t’étais tu, tu serais resté un philosophe.]

[20][la blessure renforce le courage.]

[21]Lettre Vigilantiae.[parce que la vérité n’est pas désavantagée dans la lutte contre l’erreur]

[22]J. Coppens dans Revue d’Histoire ecclésiastique, 1933, p. 955.

Ancien Testament : Les sources du Pentateuque par Fr. Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs

Ancien Testament

Le P. Lagrange, dès le début de sa carrière, a donné une série d’études sur l’œuvre de Moïse, question capitale dont dépend presque toute l’histoire de l’Ancien Testament. Parmi ces études il faut citer en premier lieu : Les sources du Pentateuque, texte de la fameuse conférence donnée au congrès scientifique des catholiques de Fribourg en août 1897. (Extrait de L’Œuvre exégétique du R. P. Lagrange. L’Ancien Testament. Le Sémitisme par Joseph Chaine (1888-1948), exégète, élève et disciple du P. Lagrange, Cahiers de la Nouvelle Journée, 28)

In Revue biblique internationale (1898), tome VII, p. 10-32

 

La première théorie raisonnée sur les sources du Pentateuque est catholique et française.[1]

Jean Astruc[2] de Montpellier, mort à Paris en 1766, publia en 1753 ses « conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moyse s’est servi pour composer le livre de la Genèse. » Il déclare dans son avertissement : « Cet ouvrage estoit composé depuis quelque tems, mais j’hésitois à le publier, dans la crainte que les pretendus Esprits-forts, qui cherchent à s’étaier de tout, ne pussent en abuser pour diminuer l’autorité du Pentateuque. Un homme instruit, & trez zelé pour la Religion à qui je l’ai communiqué, a dissipé mes scrupules. Il m’a assuré, que ce que je supposois sur les Mémoires, dont Moyse s’estoit servi pour composer la Genèse, avoit esté déja avancé, quant au fond, par plusieurs Auteurs dans des Ouvrages trez aprouvez ; que l’application particuliere que je faisois de cette supposition, en distribuant la Genèse en plusieurs colonnes, qui representoient ces mémoires, n’alteroit en rien le Texte du Livre de la Genèse, ou ne l’alteroit pas plus que la division, qu’on en avoit faite en Chapitres & en Versets ; & qu’ainsi, loin de pouvoir jamais préjudicier à la Religion, elle ne pouvoit au contraire que lui estre trez avantageuse, en ce qu’elle servoit à écarter, ou à éclaircir plusieurs difficultez, qui se presentoient en lisant ce Livre, & sous le poids desquelles les Commentateurs ont esté jusqu’ici presque accablez. Sur son avis, j’ai donc pris le parti de donner cet Ouvrage, & de le soumettre au jugement des Personnes éclairées, dont j’écouterai les observations avec plaisir. Je proteste d’avance trez sincerement, que si ceux qui ont droit d’en décider, & dont je dois respecter les décisions, trouvent mes conjectures ou fausses, ou dangereuses, je suis prêt à les abandonner, ou pour mieux dire, je les abandonne, dés à présent. Jamais la prévention pour mes idées ne prévaudra chez moi à l’amour de la Vérité et de la Religion. »

J’ai reproduit intégralement ces belles paroles, parce qu’elles expriment bien les sentiments des catholiques qui admettent des sources dans le Pentateuque, et non plus seulement, comme Astruc, dans la Genèse.

Il faut reconnaître pourtant que jusqu’à présent les espérances d’Astruc ne se sont pas réalisées, peut-être précisément parce que les catholiques ont abandonné l’étude des sources à « ces prétendus esprits forts », que nous appellerons simplement les critiques indépendants. C’est dans le protestantisme qu’on a poursuivi le problème. Les protestants conservateurs ont longtemps maintenu l’unité et l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Depuis la mort de Keil[3] et la conversion de Frantz Delitzsch[4] aux idées qu’il avait combattues toutes sa vie, la lutte a cessé, surtout en Allemagne : tous les critiques bibliques protestants s’entendent pour reconnaître, au moins dans les grandes lignes, les principaux documents dont le Pentateuque est composé. Non que ces documents eux-mêmes soient considérés comme des unités irrésolubles. La tendance qui prévaut aujourd’hui est toute à l’émiettement des documents. Kraetzchmar[5] déclare ouvertement que Jahviste et Élohiste sont des groupes qui représentent le travail de plusieurs générations et qu’il n’y a rien de plus erroné que de voir des individus dans les sigles J et E qui désignent ces sources[6]. Il est donc vrai de dire, que même pour les critiques indépendants, le problème littéraire n’est qu’entamé et qu’une longue carrière s’ouvre aux travailleurs.

Cependant, la question littéraire étant encore peu avancée, tandis que chacun classait, distinguait, datait à sa manière, un système s’est produit qui s’est proposé de reconstruire sur des bases nouvelles toute l’histoire d’Israël. On n’a pas hésité en effet – aussitôt que Kuenen[7] et Welhausen[8]ont eu brillamment généralisé les travaux de Vatke[9], de George[10], de Graf[11], de Reuss qui fut peut-être le premier à tracer la voie –, à créer une histoire d’Israël, une archéologie biblique, une théologie de l’Ancien Testament, d’après un système où tout se développe logiquement. Dès lors les discussions très épineuses de textes, auxquelles peu de personnes pouvaient prendre part, ont été épargnées au grand public, et celui-ci, séduit par un arrangement très habile des faits et des textes s’est laissé entraîner au torrent de la nouvelle école. On avait quitté le terrain littéraire, pour entrer dans le domaine de l’histoire. Les protestations n’ont pas manqué. Dillmann[12] a refusé de se rendre, mais si son érudition exceptionnelle lui faisait un rang à part, son système n’a pas de point d’appui solide, ses adhérents diminuent chaque jour.

En Allemagne et en Hollande, tout cède à l’engouement général. L’Angleterre suit, avec ce respect de la tradition qui tempère ses audaces, elle accepte en atténuant. La protestation de M. Sayce[13], appuyée sur les découvertes épigraphiques, a eu un immense retentissement dans le public, sans émouvoir le monde savant.

En Amérique, M. W. H. Green[14] s’est attaché à montrer les points faibles de la critique subjective[15], mais l’influence appartient dans les nouvelles universités à des professeurs venus d’Allemagne.

En France, les protestants ont tous accepté la solution littéraire, et quelques juifs rationalistes se sont complus à pousser aux dernières limites le rajeunissement des documents. Cette haute fantaisie, d’entrain français, est demeurée sans écho. Cependant M. Halévy[16] continue dans la Revue sémitiqueses attaques contre l’école grafienne, et quelques catholiques lui empruntent des arguments, sans songer qu’il n’admet nullement l’authenticité mosaïque du Pentateuque.

Cependant quelques-uns, comme M. Hommel[17], font deux parts dans la critique moderne : acceptant les conclusions littéraires généralement reçues, ils cherchent à se dérober aux théorèmes historiques des grafiens ; mais parce que les conclusions littéraires de cette école sont souvent le résultat d’une philosophie de l’histoire aussi sûre d’elle-même que la théologie du Discours sur l’Histoire universelle[18], il est impossible de rejeter ses conclusions historiques sans remanier ses conclusions littéraires, et jusqu’à présent on n’a rien fait de complet dans ce sens. Telle est, en peu de mots, la situation en dehors de l’Église.

Chose remarquable ! C’est dans le sein de l’Église qu’on a démontré pour la première fois scientifiquement que le Pentateuque ne pouvait être tout entier l’œuvre de Moïse. Richard Simon[19] était catholique et français. Ce qui n’empêche pas l’ironie de l’histoire, où, pour la nommer par son nom – l’ignorance du grand public –, d’attribuer à ceux qui le suivent dans cette voie une note de protestantisme allemand. L’Allemagne protestante judaïsait alors à plaisir. Elle avait accepté la grande synagogue d’Esdras tout entière, avec le système de l’infaillibilité du texte massorétique, et, peu s’en faut, la révélation des points voyelles au Sinaï ? Richard Simon crut faire œuvre de bon catholique, en montrant que cet esclavage de la lettre ne remplaçait pas avantageusement l’autorité de l’Église. Cette voix ne fut pas écoutée, et le dix-huitième siècle ne sut pas défendre la Bible contre les sarcasmes de Voltaire. Après la Révolution, les vraies facultés de théologie n’existaient plus. Ceux qui ont eu l’honneur de former un clergé français digne de l’ancien n’avaient guère le loisir de s’occuper de critique, et il faut reconnaître que l’enseignement dans les séminaires ne pouvait être qu’élémentaire. Il fallut s’en tenir aux thèses classiques, et l’écho des discussions littéraires ne parvint que faiblement jusqu’à nous. On se réveilla au bruit mené par l’école grafienne. La nouvelle histoire d’Israël avait tout l’air d’une machine dirigée contre la Révélation. Les apologistes qui la faisaient connaître pour la réfuter en extrayaient naturellement les passages les plus osés, les plus subjectifs, les plus dangereux. Tandis que le monde protestant avait vu sans sourciller cet ébranlement de l’histoire biblique, les catholiques ne pouvaient tolérer de sang-froid qu’on démolît le surnaturel. Dans ce péril, toute concession parut une compromission, toute indulgence une lâcheté. En France, on est toujours sûr d’avoir les rieurs de son côté quand on raille la critique et l’archéologie. On imprimait récemment que l’école allemande est justiciable d’un Labiche[20]. Mais dans une matière si sérieuse, la plaisanterie n’est pas de saison. Beaucoup de savants catholiques sont frappés de l’accord de tous les hommes spéciaux qui ont abordé la question critique en elle-même. Aussi peut-on dire qu’en ce moment nos maîtres sont partagés entre le double esprit également catholique de saint Augustin et de saint Jérôme. Les uns tiennent avant tout à conserver intact le dépôt de la tradition. Ils distinguent assurément la tradition divine des simples opinions transmises, mais ils craignent de tout céder en abandonnant quelque chose. Les autres, non moins attachés à l’Église, ne peuvent souffrir qu’on lui insulte en se moquant de l’insuffisance scientifique de ses théologiens ; ils espèrent, en démolissant eux-mêmes des défenses qui sont devenues une gêne, non seulement conserver, mais encore conquérir. Où est le juste milieu ? Il n’est peut-être pas inutile de se souvenir qu’Augustin errait en empêchant Jérôme de mettre au service de l’Église l’excellent instrument critique qui est devenu une partie de la Vulgate, et que Jérôme ne tenait pas assez de compte, dans ses opinions sur le canon, de l’autorité surnaturelle qui seule pouvait déterminer l’origine des Livres saints.

Les théologiens catholiques doivent se tenir en garde contre ce double excès. Attendre tranquillement que les systèmes adverses se soient ruinés mutuellement, c’est ne pas comprendre que si les reconstructions sont fragiles, la négation s’affermit de plus en plus. Suivre aveuglément un système à la mode pour montrer que les catholiques, eux aussi, font œuvre de critique, c’est sacrifier étourdiment au goût de l’indépendance. La critique n’est pas tout, il y a la discipline des âmes. Mieux vaut ignorer un détail littéraire que de mettre en péril le principe d’autorité dont nous vivons. L’Église ne procède jamais d’une manière révolutionnaire. Mais il semble que le moment est venu où on ne peut plus rester dans l’inaction sans compromettre le salut des âmes, sans éloigner de l’Église des forces intellectuelles qui lui sont encore attachées ; il semble qu’à marcher en avant, on peut en gagner beaucoup d’autres. Allons donc en avant, mais avec respect. Avant d’aborder le problème, nous devons savoir dans quelle mesure cela est permis. Nous avons donc à résoudre d’abord certaines questions préjudicielles : les raisons qui ont empêché jusqu’à présent les catholiques d’aborder l’examen des sources du Pentateuque, ces raisons sont-elles décisives ?

Première question préjudicielle : la rédaction des Livres saints

Les Orientaux sont des gens du livre, comme disait Mahomet. Ils l’estiment plus que ne font les Occidentaux et le respectent moins. Comment expliquer cette antithèse qui a tout l’air d’un paradoxe ? Par ce fait que le livre est plus impersonnel en Orient qu’en Occident. Planant au-dessus des esprits sans porter l’empreinte subjective d’un esprit particulier, il a toute la valeur d’une autorité supérieure, dont les origines ont quelque chose de mystérieux. Le livre vaut par lui-même, parce qu’il est écrit. Aujourd’hui encore les Orientaux s’informent peu des auteurs d’un livre. Ils l’estiment donc davantage comme livre. Mais ils respectent moins son texte. Cette autorité générale qui régit tout le monde est aussi le bien de tout le monde. On se soucie peu de la reproduction littérale des mots quand on le copie, et on se croit permis d’en faire d’amples extraits qui figureront d’autant mieux dans un nouvel ouvrage qu’ils avaient moins de caractère individuel dans leur première situation. Non qu’il n’y ait entre les livres des différences profondes ; ils diffèrent comme livres autant que les nôtres, mais ce n’est pas par une relation visible avec leurs auteurs. L’Orient pratique la communauté dans la pensée et dans le livre comme dans l’organisation sociale. Il serait exagéré de dire que l’Oriental ne copie pas un livre sans le mettre à jour, mais il est certain aussi que nous avons été dupes de la fidélité tardive des Juifs à leur texte sacré. La liberté dans l’emprunt et dans la reproduction des sources caractérise, par exemple, l’œuvre de Josèphe plus que celle d’un écrivain classique quelconque.

Il résulte de tout cela que les rapports de la critique textuelle et de la critique littéraire sont autres lorsqu’il s’agit des ouvrages classiques et de la Bible, écrite tout entière en vertu de l’inspiration divine, mais selon les procédés littéraires des Orientaux.

Pour nous modernes, et peut-être aussi pour les auteurs gréco-romains, ces rapports sont nettement tranchés. L’ouvrage sort tout rédigé des mains de l’auteur. Les copistes pourront y pratiquer certaines altérations ; fussent-elles volontaires, elles n’ont pas le caractère d’un remaniement voulu, perpétré avec autorité. L’esprit, souvent malavisé, que déploie le copiste pour faire une correction, vise la reconstitution du texte primitif. À son tour la critique littéraire peut bien entreprendre de déterminer les influences littéraires qu’a subies l’auteur, les documents qu’il a consultés, les histoires qu’il a recueillies, elle ne se trouve presque jamais en présence d’un ouvrage composé par apports successifs. Si c’est le cas pour l’Iliade et l’Odyssée, nous touchons déjà à l’Orient, et en tous cas la question des sources de Tite Live n’a pas le même caractère que la question des sources de Josèphe. Or ce sont ces principes qui nous ont guidés jusqu’ici dans l’étude de l’Ancien Testament. Les anciens commentateurs n’ont jamais hésité à appliquer au texte inspiré la critique textuelle qu’ils ont pratiquée avec honneur. Ils ont reculé devant l’exercice de la critique littéraire parce qu’ils ont cru Moïse auteur du Pentateuque, tel que nous le possédons, sauf quelques gloses, n’imaginant pas qu’on pût et qu’on dût le traiter autrement que les œuvres de Virgile ou de Thucydide. Avec notre formation classique, l’idée ne nous vient même pas d’une rédaction sans cesse poursuivie.

Il faut donc montrer, par un exemple précis, que le travail de rédaction se poursuivait encore après la version des Septante : deux récits parallèles mis bout à bout dans la version grecque ont été fondues dans le texte massorétique.

Texte des Septante (Gen 47) :

Premier récit

1. Joseph vint annoncer au Pharaon : « Mon père et mes frères et leurs troupeaux et leurs bœufs et tout ce qui leur appartient sont venus du pays de Chanaan, et voici qu’ils sont dans le pays de Gessen. » 2. Et de ses frères il en prit cinq qu’il présenta à Pharaon. 3. Et Pharaon dit aux frères de Joseph : « Quelle est votre occupation ? » et ils dirent au Pharaon : « Tes serviteurs sont pasteurs de troupeaux, nous et nos pères. » 4. Et ils dirent au Pharaon : « Nous sommes venus pour séjourner dans le pays, car il n’y a pas de pâturage pour les troupeaux de tes serviteurs, car la famine a prévalu dans le pays de Chanaan : maintenant donc nous habiterons dans le pays de Gessen. » 5. Pharaon dit à Joseph : « Qu’ils habitent dans le pays de Gessen, et si tu sais qu’il y a parmi eux des gens habiles, établis-les chefs de mes troupeaux. »

Deuxième récit placé à la suite du premier

 

Jacob et ses fils vinrent en Égypte vers Joseph, et Pharaon roi d’Égypte l’apprit. Et Pharaon dit à Joseph : « Ton père et tes frères sont venus vers toi. 6. Voici, le pays d’Égypte est devant toi, fais habiter ton père et tes frères dans le meilleur pays. 7. Et Joseph introduisit Jacob son père et le présenta à Pharaon etc…

Il est manifeste que nous avons ici un double récit de l’arrivée de Jacob en Égypte. Je n’ai pas cité ce doublet pour prouver l’existence de plusieurs documents, il n’est pas en cela plus frappant que beaucoup d’autres, mais pour montrer authentiquement comment de pareils doublets étaient fondus dans un seul récit par des rédacteurs soucieux de l’unité. Voici le texte massorétique traduit dans notre Vulgate :

  1. Joseph vint et annonça à Pharaon : « Mon père et mes frères et leur petit et leur gros bétail et tout ce qui est à eux sont venus du pays de Chanaan et les voici dans le pays de Gosen. 2. Et parmi ses frères il en prit cinq et les présenta à Pharaon. 2. Et Pharaon dit à ses frères : « Quelle est votre occupation ? » Et ils dirent à Pharaon : « Tes serviteurs sont pasteurs de troupeaux, nous comme nos pères. 4. Et ils dirent à Pharaon : « Nous sommes venus pour séjourner dans le pays, car il n’y a pas de pâturage pour les troupeaux de tes serviteurs, car la famine s’est aggravée dans le pays de Chanaan. Et maintenant que tes serviteurs habitent dans le pays de Gosen. 5. Et Pharaon dit à Joseph : « Ton père et tes frères sont venus vers toi. 6. Le pays d’Égypte est devant toi : fais habiter ton père et tes frères dans le meilleur du pays de Gosen, et si tu sais qu’il y a parmi eux des hommes de valeur, tu les nommeras chefs des troupeaux qui sont à moi. 7. Et Joseph amena Jacob son père et il l’introduisit devant Pharaon, etc.

Le texte massorétique a pratiqué une soudure. Il a supprimé quelques mots pour dissimuler la répétition qui accusait d’une manière trop flagrante la juxtaposition des deux documents. On se demande souvent comment les critiques reconnaissent la main du rédacteur. Ce n’est pas toujours facile : ici nous le voyons à l’œuvre grâce au témoignage de la version ecclésiastique grecque. J’ai dit un rédacteur : c’est en tout cas un copiste qui s’est cru le droit de remanier son texte et par conséquent de le rédiger. Les études très précises et très minutieuses de M. Touzard[21] montrent combien sont nombreuses les divergences entre plusieurs textes qui n’ont pu avoir qu’un seul original. Dans tous ces cas avons-nous affaire à des copistes ou à des rédacteurs ? ce sera peut-être une question de mots. Après qu’un texte a été tellement accepté de tous qu’on l’a traduit, on peut le considérer comme définitivement rédigé ; nous appellerons donc changements de copiste relevant de la critique textuelle tous ceux qui ont suivi les Septante, et il n’y aura aucune raison de leur supposer la grâce de l’inspiration. Mais ces copistes auront pris quelquefois de si étranges libertés qu’en fait ils relèvent de la critique littéraire. Peu importent les mots ! Ce qu’il importe de constater, c’est l’existence de pareils changements rédactionnels à une époque tardive. S’ils se sont produits peu avant la pétrification définitive du texte massorétique, que ne peut-on supposer pour les temps primitifs ? Évidemment les Hébreux n’entendaient pas comme nous l’inviolabilité du droit de l’auteur. Il faut reconnaître le fait. Pourquoi refuser dès lors l’examen de tous les cas similaires ? La conception classique sur la rédaction des livres ne saurait nous lier comme théologiens, et c’est elle qui avait donné naissance à une théorie particulière de la canonicité et de l’inspiration. On supposait le livre saint rédigé toujours tout d’une pièce et déposé près de l’arche sans que personne osât en changer une ligne, et on ne comprenait pas qu’une série de remaniements pût se produire sans porter atteinte à son caractère sacré. Or ces deux scrupules avaient déjà été levés d’une manière excellente par Richard Simon. Il avait compris que la critique textuelle n’expliquait pas tout, et qu’on faisait de son temps un abus de ses ressources – comme lorsque l’on suppose de nos jours tant de chiffres altérés par les copistes –, et il concédait sans peine que les rédacteurs successifs avaient grâce et mission pour introduire des changements. « Le principe que nous venons d’établir touchant la liberté que les prophètes ou écrivains publics ont eue de changer quelque chose dans les Livres sacrés, nous doit faire prendre garde à ne pas multiplier si facilement les diverses leçons dans le texte hébreu… C’est pourquoi il ne faut pas attribuer toutes ces diversités à la négligence des copistes, puisqu’une partie peut être attribuée à ceux qui ont compilé les mémoires… »[22]

Certaines répugnances obscurément perçues sont plus fortes que des raisons positives contre un progrès permis. On éprouve de la peine à voir les Livres saints composés, retouchés, remaniés, compilés par des inconnus… On ne voit pas la grâce de l’inspiration descendant sur eux comme sur Moïse… On a rencontré cette théorie d’une rédaction successive formulée sans égards ni respect, peut-être avec persiflage… On ne veut pas voir dans les Livres saints avec Renan[23] un conglomérat de fragments mal digérés comme la nourriture d’un boa. Mais en réalité ces choses n’ont rien d’indigne de Dieu. Le don de l’inspiration était à coup sûr exceptionnel dans chaque cas particulier, mais il était répandu très abondamment dans l’Ancien Testament. C’était comme une esquisse de cette assistance de l’Esprit Saint accordée à l’Église. L’auteur des Paralipomènes[24] a cherché un peu partout les matériaux de son histoire. Les théologiens se sont souvent demandé si ces textes étaient inspirés. Il ne leur répugnait donc pas de voir pratiquer ce qu’on appelle « la dissection d’un corps saint ». Traduire, transcrire, développer un ouvrage sacré est assurément licite et peut être le résultat de l’inspiration. Harmoniser dans un seul corps des ouvrages même inspirés, et pour cela les réduire à certaines proportions, ce n’est pas les disséquer sans respect, c’est en faire l’usage auquel ils étaient définitivement destinés dans les vues de la Providence. Et si Dieu a pu permettre que certains livres saints se perdissent, n’a-t-il pas pu diriger l’opération qui sauvait du moins une partie de certains autres ? On sait d’ailleurs que si le dogme de l’inspiration exige que le dernier rédacteur ait été inspiré, il n’est pas nécessaire d’admettre l’inspiration des documents qu’il emploie.

En résumé, la première raison qui nous empêche d’appliquer au Pentateuque les règles de la critique interne, c’est cette opinion, reçue des classiques et des massorètes, que les Livres saints rédigés d’un trait avaient été reproduits avec la même exactitude scrupuleuse que le texte massorétique actuel l’a été depuis le deuxième siècle. Ce préjugé ne pouvant tenir contre les faits, nous ne sommes pas obligés d’attribuer à l’auteur primitif la rédaction définitive.

Deuxième question préjudicielle : l’évolution législative

Si le Pentateuque a subi des changements rédactionnels proprement dits, peut-on dire qu’ils ont atteint même la substance des lois, de manière à ce que nous trouvions dans ce Code plusieurs législations successives ?

Cette évolution serait tout à fait conforme à la nature. En dehors de la loi morale, dont les principes premiers sont absolus, toute loi bonne tient compte des circonstances. Elle ne régit pas l’homme en soi, l’homme métaphysique, mais l’homme concret, l’homme historique, placé dans un milieu social, avec des droits et des devoirs spéciaux qu’il s’agit de déterminer. Ces relations changeant avec le temps – même en Orient –, il est nécessaire que la législation suive le cours des choses.

Mais, dira-t-on, il s’agit d’une loi divine, qui sans être contraire à la nature, ne dépend pas cependant de ses fluctuations : elle domine l’histoire, et c’est malgré lui que le peuple d’Israël y a été ramené en dépit de ses tendances spontanées. — Cette raison est décisive pour le fond même de la loi, mais non pour des modifications accessoires. Rien n’empêche d’admettre l’évolution divine d’une loi divine, surtout d’une loi divine qui n’était pas définitive, et cette seule hypothèse fait évanouir mainte grave difficulté proposée contre la Bible.

Il est incontestable que certaines dispositions du Pentateuque paraissent contradictoires. Depuis longtemps les harmonistes donnent des solutions qui sont possibles chacune en particulier, mais dont l’ensemble constitue une impossibilité morale. Que l’on admette une législation qui évolue, l’apparence même de contradiction disparaît. Les deux dispositions se contredisent en ce sens que l’une abroge l’autre, mais le rédacteur ne se contredit pas en rapportant deux dispositions successives. Il est d’ailleurs parfaitement possible, et dans les idées anciennes, qu’un code contienne différents stages de la législation. Les constitutions des Frères Prêcheurs ont, dans leur texte, des statuts qu’on n’a pas voulu abroger mais auxquels les dispositions suivantes dérogent nettement. L’avantage de cette pratique est de témoigner un plus grand respect à la loi des ancêtres. L’inconvénient est d’offrir quelque obscurité, mais ce n’est pas un obstacle dans une société vivante qui connaît sa législation par l’usage et avec une autorité constituée pour l’expliquer. M. Vigouroux[25] a cru que l’hypothèse d’une succession dans les lois était le seul moyen de résoudre la difficulté touchant l’unité d’autel. Moïse aurait d’abord permis les autels multiples, puis restreint cette liberté pour le temps du désert, et statué enfin que, le Temple bâti, c’est-à-dire après 400 ans, la liberté d’autel serait définitivement abolie. C’est dire que sur ce point capital la législation a passé par différentes phases, et seule la ressource d’une vue prophétique sauvegarde ici la mosaïcité de la législation. En tous cas c’est admettre que la loi quoique divine, quoique révélée, a pu changer et s’accommoder aux besoins du peuple, et c’est uniquement pour ne pas sacrifier l’authenticité mosaïque qu’on ne fait pas usage de cette solution obvie dans les autres cas.

Mais on objecte la formule : Dieu dit à Moïse d’établir telle ou telle loi. Des termes si précis supposent nécessairement que la loi est d’origine mosaïque. Que si l’on accorde à nos premières observations que la rédaction n’est pas nécessairement mosaïque, on demande du moins que la mesure ait été réellement édictée par Moïse ; sinon nous sommes dans le domaine de la fiction. Des prêtres auraient trompé le peuple en lui donnant comme la loi révélée par Dieu à Moïse leurs propres élucubrations, et pour mettre les noms propres, Esdras aurait impudemment mystifié ses contemporains en leur présentant comme la loi de Moïse le code sacerdotal qu’il venait de forger à Babylone.

C’est en effet ainsi que plusieurs critiques comprennent les choses, et c’est très malsonnant : sous cette forme c’est absolument inacceptable.

Mais ne pouvons-nous dépouiller le fait des commentaires rationalistes ? La formule dit bien que la loi est d’origine divine et d’origine mosaïque. Mais les prêtres de Jérusalem n’avaient-ils pas le droit de promulguer une loi au nom de Dieu ? Le Deutéronome (XVII, 11) leur donne expressément compétence, non seulement pour résoudre les questions de fait, mais aussi pour fixer les points de droit. On sait avec quelle facilité la jurisprudence se transforme en législation dans une civilisation où la distinction n’est pas exactement marquée entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif. Une coutume établie peut toujours être écrite et devient un texte de loi. S’il y avait bien jugé, si les mesures prises étaient conformes à la loi primitive, la loi était d’origine mosaïque en même temps que divine, non pas immédiatement, mais médiatement. On prononce le nom de fiction. Mais dans l’ordre législatif – surtout chez les anciens –, la fiction jouait un grand rôle, une fiction très légitime. Nous disions tout à l’heure que la loi évolue nécessairement. Cependant il est de la nature de la loi d’être éternelle. Les hommes savent ce que vaut l’éternité qu’ils donnent, et cependant ils statuent pour toujours. Et il importe qu’il en soit ainsi, car la loi est dans les sociétés l’élément stable qui règle les rapports mobiles des particuliers entre eux. Comment les anciens, qui tenaient plus que nous à ce principe, arrivaient-ils à le concilier avec les mutations indispensables ? Par la fiction. Plutôt que d’abroger la loi, on étendait son domaine à des cas qu’elle n’avait pas prévus. On donnait une action comme si on y avait droit. On traitait une propriété comme si elle se trouvait dans la situation légale. On jugeait en apparence d’après la loi ancienne pour faire prévaloir l’équité contre cette même loi. Ici je suis déjà dans l’hypothèse du droit romain. Ce droit s’est formé lentement par une réaction incessante de la raison et de la justice naturelle contre les barrières étroites des vieux statuts religieux de la cité romaine, et la fiction a été la transaction nécessaire entre des principes opposés. Dès lors son rôle a cessé d’être raisonnable et légitime. Mais si au lieu d’évoluer en sens inverse de l’ancien droit, la législation nouvelle n’avait été que le développement des antiques formules, ce n’eût plus été une fiction de donner la nouvelle loi comme une émanation des Douze tables, et en tous cas cette fiction eût été aussi légitime que celle qui exprime la filiation des cités par des noms d’hommes ou que celle qui supprime plusieurs membres dans une généalogie.

Prétendait-on que la formule exprime une révélation personnelle ? — Mais dans les cas mêmes où il s’agirait d’une disposition strictement mosaïque, rien ne nous oblige de croire à une révélation proprement dite. La loi ancienne est révélée dans son ensemble en ce sens qu’elle est approuvée par Dieu. Dieu a révélé à Moïse ce qu’il a jugé opportun de lui faire connaître, mais sa législation n’a aucun des caractères de la législation jacobine qui crée tout à nouveau pour régir l’homme intègre et absolu. Parmi les usages existants il a accepté les uns et repoussé les autres ; ce qu’il a fait au Sinaï il a pu le faire plus tard, par le canal ordinaire de l’autorité et sans recourir à des révélations spéciales. La formule : Dieu dit à Moïse signifie donc simplement : voici une loi émanée de l’autorité divine dans l’esprit du premier législateur. Cette interprétation ne fait pas disparaître toutes les difficultés ! Nous aurons à prouver contre un grand nombre de critiques qu’il y a eu une législation mosaïque et que les lois du Code sacerdotalen sont une conclusion normale, mais du moins nous pourrons considérer ces lois comme postérieures à Moïse non seulement dans leur rédaction mais encore dans leur thème spécial. Et nous serons affranchis d’un second préjugé juif, très opposé à une exégèse loyale des lois[26]

Troisième question préjudicielle : Le témoignage de la Bible

Ce témoignage est contenu dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

Parlons d’abord de l’Ancien Testament.

On a prétendu prouver d’après lui que Moïse est l’auteur de tout le Pentateuque. Cela n’est dit nulle part ; les termes sont trop vagues pour être pris dans un sens si absolu. Il semble même que lorsque nous lisons : « Iahvé dit à Moïse : écris cela comme souvenir dans un livre[27] » (Ex XVII, 14), cela prouve deux choses : la première, que Moïse avait écrit quelque chose là-dessus ; la deuxième, qu’il n’avait pas écrit tout le reste.

Même réflexion pour Num. XXXIII, 2 et pour Ex XXIV, 7.

Au contraire, le Deutéronome est donné comme l’œuvre de Moïse (Deut XXXI, 24). Le texte ne doit pas s’appliquer à tout le Deutéronome tel que nous l’avons, mais du moins il vise l’ensemble de cette loi ; cela est indiscutable. Cependant devrons-nous nécessairement le considérer comme une affirmation catégorique de ce fait que Moïse a rédigé le Deutéronome ; est-ce un enseignement formel de l’écrivain sacré ?

Si on a admis nos observations préliminaires, il n’y a pas lieu de prendre plus à la lettre la formule : Moïse a écrit, que la formule : Dieu a dit à Moïse. Si Moïse n’était pour rien dans le Deutéronome, ce livre serait entièrement pseudépigraphe, or l’exemple de la Sagesse de Salomon semble prouver qu’un livre pseudépigraphique peut être inspiré. Mais nous n’en sommes pas réduits à cette solution. Qu’est-ce que le Deutéronome ? Une seconde loi en effet, une révision législative qui prend pour base le code de l’alliance (Ex XX-XXIII). Si le code de l’alliance est mosaïque, le Deutéronome l’est aussi. On pouvait donc le donner comme tel. Le rédacteur a été logique. Il a mis le nom de Moïse à ce qu’il considérait, avec raison, ou plutôt, à ce que toute la tradition considérait comme son œuvre. Si nous prouvons contre les rationalistes que les coutumes rédigées étaient anciennes, conformes au droit mosaïque, ou du moins raisonnablement conclues de prémisses anciennes, la pseudépigraphie ne porte plus que sur la rédaction que les Hébreux considéraient comme flottante. Soyons logiques nous aussi, et ne nous scandalisons pas d’un procédé qui paraissait si naturel.

Il résulte en tous cas des textes qu’une très ancienne tradition attribuait à Moïse même la rédaction de certains récits et de certaines lois. Aucun argument de critique interne ne prévaudra là, contre. Cette croyance a permis aux législateurs d’attribuer à Moïse les lois qu’ils composaient dans son esprit. Mais les textes qui les renferment ne distinguent pas clairement la part de chacun. Ils ne nous empêchent donc pas d’appliquer la critique interne pour discerner le fondement des constructions postérieures pourvu que nous ne révoquions pas en doute leur affirmation principale.

On appliquera les mêmes solutions aux textes du Nouveau Testament. L’autorité de N.-S. Jésus-Christ ne doit pas être mise en cause. Il savait mieux que nous ce qu’il en était de l’origine du Pentateuque. Nous ne sommes pas de ceux qui limitent sa science, même comme homme. Mais si on nous a suivi jusqu’à présent, on a compris que la proposition : Moïse a écrit la loi, était vraie quant au fond, quoiqu’elle ne pût s’appliquer à la rédaction complète de cette loi. Le Sauveur n’avait pas assurément à redresser toutes les opinions des Pharisiens ; c’eût été compromettre le résultat de sa mission dans une controverse stérile. Il venait pour ramener les cœurs à Dieu, non pour traiter des problèmes littéraires. On le comprend si bien qu’on n’insiste que sur un seul texte. On dit : Jésus n’avait pas à réfuter toutes les erreurs, mais il ne pouvait du moins en approuver directement aucune. Or si Moïse n’est pas l’auteur du Pentateuque, le Seigneur a approuvé directement une erreur en disant : Nolite putare, quia ego accusaturus sim vos apud Patrem ; est qui accusat vos, Moyses, in quo speratis. Si enim crederitis Moysi, crederetis et mihi : de me enim ille scripsit. Si autem illius litteris non creditis, quomodo verbis meis credetis ? (Jo V, 45-47)[28].

Ce passage ne prouve rien touchant l’ensemble du Pentateuque. À supposer que le Sauveur parle expressément de ce qu’a fait l’homme nommé Moïse, cela prouve seulement qu’il a écrit quelque chose qui se rapportait à Jésus-Christ. Mais en réalité la personne de Moïse n’est ici qu’à la surface. L’opposition est entre le livre écrit et les paroles. Les Juifs n’espéraient pas en la personne de Moïse, mais en la toraque tout le monde connaissait sous le nom de Moïse. Leur erreur consiste à se confier en la loi, qu’ils ne comprennent pas, et qui les conduisait au Messie. Voilà l’erreur que le Sauveur désapprouve : la question littéraire du Pentateuque ne se posait même pas.

Les textes bibliques ne prouvent donc pas que Moïse a rédigé le Pentateuque. Mais ne sont-ils pas plus forts joints à la tradition ?

Quatrième question préjudicielle : la Tradition

Dans l’Église catholique, la tradition est parallèle à l’Écriture. Le dogme est contenu dans la tradition orale venue des Apôtres comme dans leurs écrits. De même que l’Église reconnaît dans l’Écriture un enseignement divin, mais qui n’est de foi que lorsqu’elle en a fixé le sens, de même les traditions ne sont déterminées que par ses déclarations. Et de même qu’on ne peut sans témérité s’écarter du sens dogmatique généralement admis par les théologiens, de même on ne peut rejeter une tradition qu’ils ont reconnue comme important à la foi. Que si une tradition ne touche pas à la foi, le consentement même unanime des Pères ne suffit pas à la rendre certaine : c’est la règle de Melchior Cano[29] : Omnium etiam sanctorum auctoritas in eo genere quaestionum, quas ad fidem diximus minime pertinere, fidem quidem probabilem facit, certam tamen non facit[30].

Ce grand théologien avait remarqué que certains théologiens scolastiques sont trop portés à aller au bout de leurs raisonnements, sans s’apercevoir qu’à un certain moment les opinions deviennent libres : Quo loco sane arguendi sunt scholastici nonnulli, qui ex opinionum, quas in schola acceperunt, praejudiciis viros alias catholicos notis gravioribus inurunt, idque tanta facilitate, ut merito rideantur[31].

Cano ajoutait que même dans les questions qui ressortissent à la théologie, on peut distinguer certaines modalités qui n’intéressent pas également la foi : Altera ad philosophiae magis rationem expediunt quam fidei ; altera ad fidem pertinent moresque Christiano populo necessarios[32]. Tels sont les principes ; telle est la liberté laissée aux bons catholiques, et je ne pense pas que personne veuille la restreindre sans mandat en formulant contre ses frères une γραφή άσεδείας: Pro fide etiam cum vitae discrimine pugna sit ; pro his, quae fidei non sunt, sit pugna, si ita placet, sed incruenta sit tamen[33]. C’est encore Cano qui parle.

Appliquons donc ces principes à la tradition touchant le Pentateuque. Et d’abord n’y aurait-il pas dans cette tradition une double modalité ?

Moïse est le législateur d’Israël, le mosaïsme est à la base de toute l’histoire du peuple de Dieu, voilà la tradition historique. Moïse a rédigé le Pentateuque que nous possédons, voilà la tradition littéraire. Évidemment ces deux aspects sont différents, et ce qui établit solidement la première tradition peut être de nulle valeur relativement à la seconde, quoique la seconde comporte nécessairement la première. Or je ne vois pas que cette distinction si simple ait été faite par les défenseurs de l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Ils établissent solidement que toute l’histoire d’Israël ne peut s’expliquer sans Moïse et concluent qu’il a composé le Pentateuque ; ou pour prouver la même thèse ils allèguent des textes où Moïse est nommé législateur des Hébreux. Évidemment la conclusion contient plus que les prémisses. Il faut sortir de cette confusion. On n’abandonne pas la tradition pour en mieux discerner les éléments, dût-on renoncer à ceux qui ne faisaient pas partie de la substance traditionnelle.

Il est vrai que la tradition a été attaquée tout entière, et c’est ce qui justifie la méthode des écrivains catholiques, plus pressés de répondre à des attaques bruyantes que soucieux de faire eux-mêmes œuvre de critiques. On a rejeté la formule : la Loi et les prophètes, pour la remplacer par je ne sais quelles chimères de monothéisme moral, créé par les prophètes, la loi n’étant jamais que l’écho de la prédication. Ainsi la tradition historique elle-même est attaquée. Mais quant à celle-là, nous devons la défendre. La Bible ne serait plus l’histoire du salut si elle dénaturait à ce point cette histoire. La foi est menacée quand les grands faits du règne de Dieu deviennent incertains. D’ailleurs je ne sache pas que la démonstration soit faite contre nous, aucune raison de critique interne ne m’oblige à en venir là, et toutes les raisons d’une sage critique historique nous forcent à reconnaître à Moïse le rôle historique que lui attribue la tradition. Mais il n’en résulte pas que Moïse a écrit le Pentateuque entier.

On croit généralement que les deux traditions se valent. Il faut donc établir que la tradition littéraire n’a pas la même portée que la tradition historique et que certains indices nous permettent de récuser les conclusions extrêmes de ceux qui l’allèguent comme une autorité décisive.

L’unanimité n’est déjà plus absolue lorsqu’il s’agit de l’étendue de ce qui est attribué à Moïse. Quelques-uns ont été conséquents, ils veulent que Moïse ait écrit – comme prophète –, même le récit de sa mort. En général on le donne à Josué, sans aucune raison traditionnelle, simplement parce que cela paraît plus plausible. Quelques-uns vont plus loin et admettent des gloses. Voilà une porte ouverte à la critique interne.

Et c’est que le fait de la composition intégrale d’un livre n’est pas facile à constater. Parmi les traditions fausses qui se sont imposées à la crédulité des théologiens par le canal des historiens et des exégètes, la plupart sont de l’ordre littéraire. Des théologiens et des conciles ont attribué à Denys l’Aréopagite des écrits que tous les hommes compétents lui refusent.

On pourrait citer maint autre exemple. Si, comme nous l’avons montré, on continuait la rédaction des Livres saints, quel témoin a pu constater le fait littéraire de la composition totale ?

L’assemblée de Néhémie peut-être ; mais nous sommes loin de Moïse. Il est impossible, assurément, que le peuple ait été victime de la fraude littéraire qu’on suppose : Esdras venant lire ses élucubrations et faisant accroire au peuple que c’est la loi de Moïse reçue dans la nation depuis longtemps. Mais si le livre lu par Esdras existait déjà, s’il contenait le Deutéronome, conforme lui-même au Code de l’alliance où était la législation primitive, le peuple était témoin, beaucoup plutôt du fait historique de la mosaïcité de la législation que des modalités de la composition de son Code.

Est-il possible cependant qu’une refonte générale ait passé inaperçue ? — Mais on peut se demander en effet si la tradition n’a pas gardé la mémoire d’une rédaction opérée au temps d’Esdras. Voici les passages du Talmud[34] : « La Tora était oubliée des Israélites, jusqu’à ce qu’Esdras vint de Babylone et la restaura » (Soukka 20a). « Quoique la Tora n’ait pas été donné par lui (Esdras), l’écriture a cependant été écrite par lui » (Sanhedrin 21b).

Ces passages peuvent et doivent être interprétés d’une action matérielle d’Esdras, parce qu’alors la tradition mosaïque avait prévalu, mais ne sont-ils pas un indice ?

L’histoire du quatrième livre d’Esdras n’est pas non plus sans intérêt, un intérêt plutôt théologique qu’historique, puisque ce livre n’est qu’une fiction juive sans autorité. Le fait intéressant est que plusieurs Pères des plus graves ont admis, soit sur l’autorité de ce livre, soit d’après une tradition courante, que les Livres saints, ayant été perdus au moment de la captivité de Babylone, ont été reconstitués par Esdras sous Artaxercès.

On remarquera que, dans leur opinion, Esdras a été inspiré pour recevoir le texte ancien, mais il n’en est pas moins vrai que dès lors toute l’autorité du Pentateuque repose sur l’autorité d’Esdras inspiré, et que pendant plus de cent ans la tradition littéraire a été complètement interrompue. Il est aussi permis, sans manquer de respect à ces grands hommes, de constater avec quelle facilité ils recevaient une tradition juive de second ordre[35]. Si l’on ajoute à cela la crédulité avec laquelle des Pères de premier rang ont admis l’histoire des cellules des Septante qui conduisait à l’inspiration de leur version, on concédera qu’en matière littéraire, la tradition des Pères n’a pas la même autorité qu’en matière dogmatique. On ne voit pas qu’ils soient sur ce point les simples rapporteurs de la tradition des Apôtres. Ils ont suivi les opinions juives, victimes trop souvent de la manie pseudépigraphe qui régnait alors dans le monde juif.

Les Juifs en effet croyaient alors tout savoir touchant leurs origines, et leur impudence en imposait aux chrétiens. Les exagérations même de leur tradition devraient nous la rendre suspecte. Ils ont fait remonter au Sinaï l’origine des points-voyelles, ils ont créé de toutes pièces la grande synagogue, et des chrétiens ont fait fond sur tout cela pour résister aux conciles catholiques. Les catholiques n’ont pas été aussi loin que les protestants dans cet esclavage de la lettre, mais il serait temps de distinguer plus nettement la tradition apostolique des opinions juives. Nous admettons que les paroles du Sauveur ont été, dans une certaine mesure, transformées par la catéchèse primitive ; nous avons dans les évangiles deux formes du Pater, et nous ne nous croyons pas obligés de soutenir que Jésus-Christ les a prononcées toutes deux : pourquoi devons-nous croire que Moïse ait écrit les deux rédactions du Décalogue ?

La tradition des Pères aurait-elle été fixée par le concile de Trente ? — Mais on sait qu’en se prononçant sur la canonicité, il a évité de trancher la question d’authenticité. On peut objecter cependant que le concile de Trente, en nommant le Pentateuque de Moïse, a du moins exprimé son opinion sur ce fait. Mais quand il serait vrai qu’il ait posé une règle disciplinaire sans le dire, on ne peut étendre la mesure au delà de ce qui se pratique pour l’épître aux Hébreux dont l’origine a été discutée dans le Concile. Ceux mêmes qui se croient obligés de dire que saint Paul en est l’auteur admettent un rédacteur – non point seulement un scribe –, qui lui aurait donné sa forme littéraire. Nous demandons, il est vrai, quelque chose de plus pour le Pentateuque, mais il sera toujours le Pentateuque de Moïse si ce grand homme a jeté les fondements de sa législation. Nous revenons donc toujours à la distinction du problème littéraire et de la tradition historique.

La tradition historique est claire, elle a les vraies notes d’une tradition qui oblige et qui dirige. La tradition littéraire est loin d’avoir la même valeur. Elle ne paraît pas assez assurée pour être obligatoire, et même si nous voulions l’interpréter dans un sens positif, nous dirions qu’elle représente un double courant. Chez les Juifs, on a toujours tendu à outrer la tradition mosaïque en faisant remonter au Sinaï les moindres détails du texte ; mais les Pères ont conservé le souvenir d’une tradition qui attribuait à Esdras un travail de refonte sur toute l’Écriture et en particulier sur le Pentateuque. La conciliation s’est opérée en admettant qu’Esdras n’avait été inspiré que pour reproduire de mémoire la lettre ancienne, et il est incontestable que l’opinion juive a prévalu. Mais cette lacune de plus de cent ans, cette reconstitution des Écritures tantôt de mémoire, tantôt en compilant des fragments, sont des signes d’incertitude dans la tradition. Elle demeure ferme sur l’inspiration d’Esdras, mais nous laisse libres de discuter par des moyens littéraires un problème littéraire. La réaction commencée contre les racontars du Talmud peut faire un pas de plus sans détruire les fondements du judaïsme qui sont aussi ceux de notre religion.

Cinquième question préjudicielle : la valeur historique

C’est de beaucoup le point le plus délicat. D’abord à cause des habitudes prises. Depuis si longtemps on argumente du Pentateuque mosaïque dans les traités apologétiques ! Et il faut convenir que la difficulté est très grave en elle-même. On la formule ainsi : « Tout le monde admet que le récit de Moïse est vrai s’il est réellement de lui, tandis qu’on peut prétendre qu’il est indigne de foi et n’est qu’un tissu de mythes s’il a été écrit à une date postérieure[36]. » En d’autres termes on tient à l’authenticité pour établir la véracité.

Plusieurs distinctions sont ici nécessaires.

Devons-nous d’abord concéder qu’un récit postérieur aux faits, même de plusieurs siècles, soit fatalement indigne de foi et un tissu de mythes ? Ce serait mettre Moïse en fâcheuse posture par rapport à l’histoire des patriarches, sans même remonter plus haut. Comment savait-on au moment de l’exode ce qui s’était passé en Chanaan quatre cents ans ou même deux cents ans plus tôt ? Moïse pouvait avoir des documents… mais ces documents ont pu être conservés et utilisés après lui. En d’autres termes, la date de la rédaction importe moins en pareil cas que l’existence de sources écrites. Or, sur ce point, la réaction commencée par M. Sayce[37] est d’autant plus en progrès que le pays de Chanaan nous apparaît davantage comme un pays d’écriture.

Nous avons jugé imprudent d’engager sur une question littéraire l’autorité de N.-S., de l’Écriture et de la Tradition. S’obstiner à soutenir l’unité rigoureuse du Pentateuque est une imprudence du même genre qui sacrifie le principal à l’accessoire. Nous serions dans une situation plus difficile si le Pentateuque était rigoureusement un, car de dater cette unité de Moïse, personne n’y consentira, et nous ne saurons plus comment on peut se fier à un auteur écrivant si loin des faits, sans qu’on puisse affirmer qu’il ait eu des sources. Qu’on admette au contraire un rédacteur respectueux des vieux documents qu’il juxtapose plutôt que de les altérer, nous sommes sur un terrain plus solide.

D’ailleurs en pareille matière on ne peut raisonner a priori, et pour examiner les faits, il faudrait avoir fixé l’âge de chaque document. Disons cependant que la position que nous fait la critique littéraire n’est pas aussi mauvaise qu’on le suppose généralement. Trois documents contiennent toute l’histoire du Pentateuque, l’Élohiste, le Jahviste et le Code sacerdotal, qu’il vaudrait mieux nommer l’histoire des institutions religieuses d’Israël. Chacun de ces documents a utilisé celui qui l’a précédé : on prétend même – à tort selon nous –, que le Code sacerdotal n’avait d’autre source que ses deux prédécesseurs déjà mis en œuvre par le Deutéronome. Qui ne voit que dans cette situation il ne peut être question de contradiction réelle et fondamentale entre les auteurs si soucieux de se suivre les uns les autres qu’on a pu les fondre dans un même tout ? Et n’avons-nous pas, pour assurer la véracité de l’histoire d’Israël, trois témoins au lieu d’un ? Que le dernier l’ait comprise autrement que le premier, qu’importe ? le rédacteur assure la rectitude de notre jugement en les mettant en parallèle. Ne disons-nous pas que si les divergences des Synoptiques nous imposent une tâche impossible à réaliser à vouloir absolument les mettre dans le même moule, leur accord sur les points essentiels dans cette indépendance de pensée est le meilleur critère de la véracité des faits.

Mais voici la vraie difficulté : on prétend que le Code sacerdotal a altéré la vérité de parti pris, qu’il a généralisé, systématisé, idéalisé l’histoire. Avant de résoudre cette objection nous pourrions demander : Qu’est-ce que la vérité historique telle qu’on l’entendait alors en Judée ?

Distinguons du moins. Nous tenons à la véracité des faits racontés pour deux raisons. Ils sont en quelque manière les grandes lignes du règne de Dieu sur la terre, ils font partie de l’histoire du salut, ils sont étroitement liés au dogme lui-même. De plus, l’histoire qui les rapporte est une histoire divine, un livre inspiré ne peut ni errer ni mentir.

Il est évident que, sous le premier aspect, nous ne tenons qu’aux faits principaux. Si les faits du salut étaient contenus dans un livre humain, les erreurs de détail nous importeraient fort peu. Nous soumettons à une critique sévère même la liturgie de l’Église, en prenant presque pour règle d’en suspecter les éléments trop miraculeux. La réflexion est de Melchior Cano : Sed esto ; quaedam in publicis Ecclesiae precibus habeantur ambigua, quaedam etiam falsa in quibus, praesertim quoties de miraculis incidit sermo, ficta rerepias fortasse plura, quae jure ac merito reprobantur[38].Et cependant l’histoire de l’Église de Jésus-Christ nous est aussi chère que celle de la Synagogue. Pourvu qu’elle tienne debout, nous n’insistons pas sur les détails transmis même par la voie sainte de la Liturgie. De même pour l’histoire des Hébreux ; ce qui nous importe, c’est le fond des choses.

Donc, je le répète, c’est parce que la Bible est un livre inspiré que nous tenons à la véracité même des détails, et nous avons raison, puisque Dieu, auteur principal de l’Écriture, ne peut ni se tromper ni nous tromper.

Seulement si ces détails n’importent pas par eux-mêmes, nous pouvons nous demander si Dieu a réellement voulu nous les enseigner, ou s’il s’en est servi comme des éléments matériels d’un enseignement supérieur ; en d’autres termes, si les ouvrages en question ne manqueraient pas de réalité historique uniquement parce que le genre qu’ils ont choisi excluait cette réalité des détails, d’où nous pourrions conclure qu’elle ne nous est pas proposée absolument par l’auteur. J’ai déjà traité de cette façon l’histoire de la chute : on peut appliquer les mêmes principes à l’histoire du Code sacerdotal, c’est-à-dire non plus à l’histoire primitive, mais à l’histoire idéalisée. Dans les deux cas il y a un fond historique, enseigné au moyen de formes accidentelles que l’auteur ne donne pas comme vraies en elles-mêmes, mais comme une formule plus ou moins précise de la vérité. Pour l’histoire idéalisée, il y a cette difficulté de plus que l’auteur a l’air plus maître de lui, plus libre dans l’expression et qu’il semble choisir comme de propos délibéré des accessoires trompeurs. Même dans ce cas nous ne devons pas nous laisser aller aux apparences, et on s’est trop souvent trompé, si cette exactitude a fait l’impression d’une affirmation stricte et positive, il faut s’en prendre à la tradition juive qui a peu à peu gagné parmi nous, tandis que les premiers Pères étaient si portés à contempler dans l’Écriture surtout la vérité idéale. Entrons dans l’esprit des contemporains du Code sacerdotal, dans l’esprit d’Ézéchiel, et demandons-nous comment la tradition catholique entend Ézéchiel lui-même.

Devant Dieu tout est présent : toute affirmation divine est essentiellement vraie, qu’elle porte sur le passé ou sur l’avenir. Toute prophétie inspirée est donc aussi vraie que toute histoire inspirée ; or qui va chercher une réalité historique dans les prophéties d’Ézéchiel sur la restauration d’Israël ? Rien ne s’est réalisé à la lettre, tout s’est réalisé selon l’esprit. C’était comme une esquisse du règne de Dieu. Pourquoi ne pas imaginer qu’un contemporain, tablant d’ailleurs sur des faits authentiques, ait donné à l’ancienne histoire cette régularité qui la rendait propre à devenir la figure de l’avenir ? Que cherchaient les premiers Pères dans la description du Tabernacle ? Le Christ et toujours le Christ. Ils avaient le sentiment très profond de la valeur figurative et symbolique des éléments détaillés d’une chose d’ailleurs très réelle.

Observons encore que le Pentateuque est une loi. Les éléments historiques n’y sont pas à dédaigner, mais, dans le Code sacerdotal surtout l’histoire n’est qu’un cadre. Interdira-t-on au législateur, surtout à cette époque, de présenter la législation sous une forme figurée ? Un cas de conscience, avec tous les détails les plus précis, contient-il une histoire vraie ? et ne peut-on pas dire par exemple, que l’histoire des filles de Salphaad ressemble à une série de casus[39] ? Et surtout interdira-t-on à Dieu de faire écrire l’histoire du peuple ancien de manière à ce qu’elle figurât mieux la loi nouvelle que par le terre à terre de la réalité historique ?

L’histoire du royaume de Dieu n’est pas une histoire ordinaire, et partout où il n’y a pas affirmation catégorique, il n’y a ni erreur ni mensonge.

Si cette conception répugne, c’est surtout parce qu’il devient impossible de savoir exactement à quoi s’en tenir par rapport à certaines circonstances. L’inconvénient serait grave s’il mettait en question les grands faits, ce qui n’est pas, même selon la critique, puisqu’ils sont garantis par les autres sources ; et quant aux détails, il faut bien s’y résigner parce qu’il est inévitable. Prenons pour exemple la chronologie. Si vous ne voulez pas la prendre pour un thème systématique, une réduction des périodes historiques à certains éléments, vous devrez néanmoins rester dans un doute éternel, tant à cause des variations dans les manuscrits que de l’impossibilité de faire coïncider les chiffres avec les histoires. Il faudra les supposer altérés à chaque instant. De toutes manières la précision des faits vous échappe. Dieu n’a pas voulu vous instruire de ces choses qui ne servent pas au salut. Mais il ne vous a pas non plus induit en erreur par des procédés historiques si étrangers à nos habitudes, et tout le mal vient de vous qui préférez la littéralité juive à l’instinct des Pères qui montaient plus haut.

D’ailleurs nous donnons ici des solutions extrêmes et radicales qui préservent la parole de Dieu du reproche d’erreur en toute hypothèse. Il devient chaque jour plus évident que le Code sacerdotal lui-même avait ses sources propres. Il est impossible de le convaincre de mensonge, et si on lui reproche de systématiser au lieu de rechercher minutieusement le fait concret, on ne peut l’en convaincre que par lui-même. C’est donc par lui-même que nous savons qu’il ne veut plus à ce moment faire de l’histoire, et dès lors qui trompe-t-il, et que peut-on lui reprocher de ce chef ?

Si donc il s’agit de la véracité de l’Écriture comme inspirée, elle est mise hors de cause par une exégèse légitime, et s’il s’agit des grands faits qui seuls importent à la théologie, ils seront mis hors de cause par une défense critique et loyale. Dans les deux cas nous avons intérêt à étudier de près la composition du Pentateuque, persuadés que l’histoire qui sortira du discernement des sources sera toujours l’histoire de la Révélation d’après la parole de Dieu. ¨

Jérusalem

                                                                                                              Fr. M.-J. Lagrange

 

Transcription Association des Amis du Père Lagrange

www.mj-lagrange.org

0119

 

[1]Lu au congrès scientifique des catholiques à Fribourg, août 1897.

[2][Jean Astruc (1684-1766), médecin théoricien français, auteur de dissertations philosophiques et d’un important ouvrage de critique biblique sur la Genèse.]

[3][Carl Friedrich Keil (1807-1888), exégète protestant allemand.]

[4][Frantz Delitzsch (1813-1890), théologien luthérien, hébraïsant.]

[5][Otto Richard Kraetzschmar (1867-1902), théologien protestant allemand.]

[6]Zatw(1897) p. 91. [Zeitschrift fur die Alttest. Wissenschaft (Journal de l’Ancien Testament. Science).]

[7][Abraham Kuenen (1828-1891), théologien protestant néerlandais.]

[8][Julius Wellhausen (1844-1918), théologien protestant allemand.]

[9][Johann Karl Wilhelm Vatke (1806-1882), théologien protestant allemand.]

[10][Leopold George (1811-1873), philosophe allemand.]

[11][Karl Heinrich Graf (1815-1869), théologien protestant, bibliste et orientaliste allemand.]

[12][Christian Friedrich August Dillmann (1823-1894), orientaliste et bibliste allemand.]

[13]The « higher criticism » and the verdict of the monuments. 5th ed. London, 1895. [Archibald Henry Sayce (1845-1933), assyriologue et linguiste anglais.]

[14][William Henry Green (1825-1900), orientaliste américain, spécialisé dans l’étude de l’hébreu.]

[15]Unity of the Book of Genesis.New York, 1895.

[16][Joseph Halévy (1827-1917), linguiste, archéologue et géographe français. Spécialiste de langues et d’archéologie orientales. Professeur d’éthiopien et de sabéen. Fondateur de la Revue sémitique et d’histoire ancienne.]

[17][Fritz Hommel (1854-1936), orientaliste allemand.]

[18][Jacques-Bénigne Bossuet, éd. Mabre-Cramoisy, 1681.]

[19][Richard Simon (1638-1712) exégète français.]

[20][Eugène Labiche (1815-1888), dramaturge français, célèbre auteur de vaudevilles.]

[21][Jules Touzard (1867-1938) p. s. s., professeur d’Écriture sainte, d’hébreu et de syriaque.]

[22]Histoire critique du V. T., chap. III.

[23][Ernest Renan (1823-1892), écrivain, philologue, philosophe et historien français.]

[24][Livres des Chroniques]

[25][Fulcran Vigouroux (1837-1915) p. s. s., théologien, bibliste français.]

[26]« Je scay qu’il est défendu expressément dans le Deutéronome d’ajouter ou de diminuer quoy que ce soit à la parole de Dieu, mais on peut répondre avec l’Auteur du Livre intitulé Cozri, que cette défense ne regarde que les personnes privées, et non pas ceux que Dieu avait chargé d’interpréter sa volonté. » (Rich. Simon, chap. II). [Richard Simon (1638-1712), exégète français, père de l’exégèse moderne.]

[27]Les LXX n’ont pas rendu l’article mass. dans le livre :et quand même la leçon mass. serait la meilleure, elle n’indiquerait pas un livre commencé dans lequel on écrit tout. (Kœnig, Einleitung, p. 135. [Johann Friedrich König (1619-1664) théologien luthérien allemand.])

[28][Ne pensez pas que c’est moi qui vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur sera Moïse, en qui vous mettez votre espoir. Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi ; car c’est de moi qu’il a écrit.]

[29][Melchior Cano (1509-1560), dominicain, théologien, philosophe et évêque espagnol.]

[30]VII, 3.

[31]VII, 4.

[32]Ibid.

[33]VIII, 5.

[34]D’après Kœnig, p. 244.

[35]Voici les textes, la plupart d’après James, The fourth Book of Ezra, p. XIXVII.

  1. Irénée, III, 21-2 […]. Clément d’Alexandrie, Stromates, I, 22 et I, 21. Tertullien, De cultu feminorum, I, 3 : « Hierosolymis Babylonia expugnatione deletis omne instrumentum Judaicae litteraturae per Esdram constat restauratum. » S. Jérôme, Adv. Helvidium, 7 : « Sive Moysen dicere volueris auctorem Pentateuthi, sive Ezram, ejusdem instauratorem operis, non recuso. » S. Basile, Ep. Ad Chilonem […]. S. Chrysostome ne paraît pas faire allusion au IVed’Esdras, mais son témoignage n’en est que plus important lorsqu’il fait d’Esdras un compilateur, hom. VIII ad Haebr. […]. Orig., p. 524 in Psalms […]. Pseudo-Ath. Synopsis : Léonce de Byzance, de sectis, p. 428 ; Isidore de Séville, Origines, VI, 3 et De vita et morte Sanct. LXI : « Esdras sacrae scriptor historiae atque alter lator legis post Moysen. Hic etiam legem incensam ex gentibus renovavit. » (Optat, éd. Dupin, p. 114.)

[36]Vigouroux, Manuel biblique, I, p. 320.

[37][Archibald Sayce (1845-1933), linguiste, archéologue, historien, égyptoloque]

[38]XI, 5.

[39]Num. XXVI, 33, 1-7, XXXVI, 6-10.

La vie de l’association des amis du père Lagrange depuis sa création et Voeux 2019

 

L’Association des Amis du Père Lagrange, créée le 15 novembre 2007 en la fête de saint Albert le Grand o. p., patron de baptême du père Lagrange, a été reconnue par la préfecture des Alpes-Maritimes le 10 décembre 2007. Le but de cette association 1901 est de promouvoir la Cause de béatification du Père Lagrange ainsi que la connaissance de l’œuvre et de la spiritualité de cette figure intellectuelle et mystique qui fonda l’École biblique de Jérusalem le 15 novembre 1890. Parmi les membres fondateurs de cette association figurent le postulateur de l’Ordre des prêcheurs et le vice-postulateur, le prieur provincial de la province dominicaine de Toulouse et le prieur provincial de la province de France, le directeur de l’École biblique de Jérusalem représentant le couvent Saint-Étienne et l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Tous ceux qui estiment le Père Lagrange peuvent soutenir sa cause de béatification par la prière, leur adhésion ou leur don envoyé à l’adresse suivante : Association des Amis du père Lagrange, couvent des Dominicains, 9 rue Saint-François-de-Paule, FR 06357 Nice Cedex 4 – France.

Activités avant et depuis sa création

En 2004, le fr. Manuel Rivero est rédacteur de la Revue du Rosaire dans laquelle une page mensuelle est réservée « Pour la béatification du serviteur de Dieu le père Marie-Joseph Lagrange o.p. » afin de faire connaître la cause du P. Lagrange par des articles relatant sa vie, son œuvre et sa spiritualité. La prière pour la glorification du serviteur de Dieu est composée par fr. Manuel Rivero demandant au lecteur de prier le P. Lagrange pour l’obtention de grâces par son intercession. Prière diffusée régulièrement sur cette page ayant donné lieu à des réponses sur des grâces obtenues. Cette insertion a donné lieu à de nombreux courriers.

En 2005, le pèlerinage du Rosaire a pris en charge la rédaction d’un livret souvenir « La Bible résiste-t-elle à la critique scientifique? »  distribué au cours du pèlerinage.

En 2007, Création d’une association pour permettre une meilleure organisation administrative et financière pour la diffusion de documents.

En 2008, Célébration à Saint-Maximin du 70eanniversaire de la mort du père Lagrange, messe, conférence et chapelet médité à la lumière de la vie du P. Lagrange

Début d’inscription d’adhérents.

Préparation et édition du livre « Prier 15 jours avec le père Lagrange » par fr. Manuel Rivero. Large diffusion et information.

Ce livre est traduit en espagnol par le fr. Jarvis Sy OP et paraît dans les librairies espagnoles en août 2008.

Vida Nueva fait paraître dans ses pages à l’occasion du 70e anniversaire de la mort du P. Lagrange, un article de fr. Manuel Rivero sur la vie et l’œuvre du P. Lagrange.

Biblia consacre une page au P. Lagrange dans son n° 67 : Un bibliste en odeur de sainteté.

Octobre 2008, départ du fr. Manuel Rivero en Haïti (2008-2011) ; à Marseille (2011-2014) et à La Réunion (2014-…..).

En 2009, édition par l’association de feuillets en couleur comportant une brève biographie avec de brèves citations, des images et des marque-pages avec la prière.

«  Le père Lagrange est entré dans la joie de son Seigneur, le 10 mars 1938, au couvent de Saint-Maximin (Var), fr. Manuel Rivero propose de prier pour la cause de béatification du P. Lagrange, soit personnellement, soit en communauté, le jour anniversaire de sa naissance au ciel, c’est-à-dire le 10 de chaque mois. »

À l’occasion du 150anniversaire de la mort du Curé d’Ars, diffusion sur le site des évêques de France, Zenit,  d’un article : L’influence du saint curé d’Ars dans la vie et l’œuvre du père Lagrange.

Envoi de textes du P. Lagrange au site « Une minute avec Marie » du P. Lagrange, pour diffusion.

Pour l’année du sacerdoce envoi à vocation.org d’une page « Être la mère d’un prêtre : la maman du père Marie-Joseph Lagrange ».

Envoi au site Instituto del Verbo Encarnado – Argentina d’un article en espagnol paru dans « Escritos del Veda », revue théologique dominicaine de Valence (Espagne) « Puede la biblia resistir la critiqua cientifica? La vida y obéra del padre Lagrange, fundador de la escuela biblica y arqueologia francesa de Jérusalem. »

Le diocèse de Belley-Ars crée une page sur le père Marie-Joseph Lagrange.

2009-2010, création avec MG-Imprimerie d’un dépliant de quatre pages, en français, comportant une brève biographie et quelques pensées du père Lagrange. Adaptation de ce dépliant en 6 versions étrangères : allemand, anglais, chinois, créole haïtien, espagnol, italien, malgache, Tagalog qui peuvent être téléchargés à partir du site www.mj-lagrange.org.

23 septembre 2010, conférence à Nice de fr. Manuel Rivero : « Où en est la béatification du père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem »

Septembre 2010à Bourg-en-Bresse, pays du père Lagrange, une adhérente de l’association crée un Groupe fraternel dominicain Marie-Joseph Lagrange. Ce groupe se rassemble pour prier.

En 2011, information par mailing internet aux membres de la famille dominicaine, prieurs provinces Toulouse, de France, groupement fraternels, fraternités, monastères à l’occasion du feuillet de présentation en plusieurs langues.

Envoi de photo, image, bulletin d’adhésion, commande aux prieurs, monastères, couvents, membres fraternités.

Fin 2011, dans la Revue du Rosaire, la page réservée au P. Lagrange est supprimée. Remplacée par une lettre d’information annuelle envoyée aux adhérents par mail ou par courrier suivant le cas.

2012, parution du livre, « Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire » par fr. Manuel Rivero, aux éditions du Cerf.

Publication par le Synode des évêques et Zenit de l’article du fr. Manuel Rivero « Le père Lagrange, lumière pour la Nouvelle Évangélisation ». 

Création d’un site internet et d’une page Facebook pour élargir la diffusion, aujourd’hui 1290 « j’aime » et 1255  «  abonnés »

Grâce à la Page Facebook, une communion de prières s’est créée, le 10 de chaque mois, au cours de la messe célébrée, ce jour-là, par fr. Manuel Rivero : messe aux intentions des adhérents et pour la béatification du père Lagrange.

21 juillet 2012, à la demande de fr. Manuel Rivero auprès de M. le maire de Saint-Maximin, Bernard Pey, inauguration et bénédiction de l’avenue Père Lagrange, du rond-point et de la nouvelle sculpture « Père Marie-Joseph Lagrange » (créée par Mathieu Myskowski),en présence de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, de M. Bernard Pey, maire,  du représentant du Conseil général du Var et de fr. David Macaire o.p., dont Zenit en a fait l’écho le 22 juillet 2012. 

Présentation du P. Lagrange et de sa cause de béatification par fr. Manuel Rivero également relatée sur Zenit (Anita Bourdin) les 9, 10, 11, 12, 13  juillet 2012.

De 2008 à 2012, en collaboration avec fr. Bernard Montagnes o.p. : corrections orthographiques et modifications des textes du Summarium et Informatio et envoi des documents au postulateur, le 14 mai 2012.

2013, nouvelles orientations de la Congrégation de la cause des saints. 

2013, préparation pour l’édition du manuscrit du fr. Louis-Hugues Vincent o.p. : «  Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre», Éditions Parole et Silence.

23 février 2013, conférence de fr. Manuel Rivero, vice-postulateur, à Bourg-en-Bresse : « Le Père M.-J. Lagrange, O.P (1855-1938), Un burgien sur le chemin de la sainteté. Sa vie, son œuvre, sa sainteté ».

2014, préparation pour l’édition du manuscrit du père Lagrange, son « Journal spirituel« . Éditions du Cerf.

Juin 2014, conférence par fr. Manuel Rivero, à Autun : P. Marie-Joseph Lagrange. Un personnage qui a vécu à Autun.

Octobre 2014, conférence du fr. Manuel Rivero, à St-Denis : Le Journal spirituel pour grandir en sainteté

2017, après une longue préparation, envoi du texte chez Artège-Lethielleux pour la réédition de « L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique traduite par le P. Ceslas », du P. Lagrange.

25 janvier 2017, conférence par fr. Manuel Rivero à Bourg-en-Bresse : « L’apport du P. Lagrange à l’intelligence de la Foi ».

11 mai 2017, la Secrétairerie d’État, Mgr Paolo Borgia remercie fr. Manuel Rivero au nom du pape François pour l’envoi de l’exemplaire du livre L’Évangile de Jésus Christ.

9 mars 2018, conférence de fr. Manuel Rivero à l’Université catholique de Madagascar : « Le P. Lagrange et la sainteté de l’intelligence de la foi« .

14 mai 2018, conférence de fr. Manuel Rivero à Salamanca : « La santidad de la inteligencia de la fe fray Lagrange« .

Par courriel, nous recevons des demandes d’intercession, des grâces obtenues, des demandes de reliques.

Aujourd’hui, l’association compte, avec adresses mail et par courrier : 70 et 20 = 90 adhérents.

Nous faisons paraître régulièrement sur la page Facebook de courts textes du père Lagrange ou sur le père Lagrange ; textes qui sont reportés sur le site internet dans la rubrique « Écho de notre page Facebook » pour ceux n’accédant pas à Facebook. 

Sur le site internet www.mj-lagrange.org sont mis en ligne de nombreux textes du père Lagrange et sur le père Lagrange ainsi que d’autres informations.

 

 

Janvier 2019 

Nous vous présentons nos vœux pour une Bonne et Sainte Année 2019 et vous remercions de votre soutien.

 

Ceux qui veulent rejoindre ou renouveler leur adhésion à l’association peuvent le faire au moyen du bulletin sur site : 

 cliquer ici : Association des amis du père Lagrange – Adhésion