Rosaire, radio Arc-en-ciel, le 18 mars 2019. Rosaire avec saint Joseph par Fr. Manuel Rivero O.P.

Bonsoir, chers amis du Rosaire. Demain, le 19 mars, nous célébrerons la fête de saint Joseph, le père adoptif de Jésus.
Nous allons méditer les mystères de la vie de Jésus à partir de saint Joseph tel que la révélation biblique le présente dans l’Évangile selon saint Matthieu. Si saint Luc, évangéliste, nous a transmis les événements de la naissance et de l’enfance de Jésus à partir de Marie, saint Matthieu le fait à partir de Joseph.

Faisons le signe de la croix en prenant dans nos mains la croix du chapelet :
Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo. Notre Père. 3 Ave Maria.

Premier mystère joyeux : la généalogie de Jésus

De l’Évangile selon saint Matthieu 1,1 : « Livre de la Genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham. »

Saint Matthieu révèle la nouvelle genèse, la nouvelle création, accomplie par Jésus, le Fils de Dieu fait homme, né de Marie, descendant de la tribu de David par l’adoption de Joseph. Il y a le livre de la Genèse qui dévoile l’origine du monde en Dieu. Il y a la nouvelle genèse proclamée dans l’Évangile.

Saint Joseph (détail)
Fra Angelico

Pour saint Matthieu, c’est Joseph qui assure la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament en tant que membre de la tribu de David. Le Messie devait naître de la descendance du roi David. Jésus naîtra à Bethléem, la ville de David. La généalogie de saint Matthieu aboutit à Joseph, l’époux de Marie, « de laquelle naquit Jésus, que l’on appelle Christ » (Mt 1,16).

Dieu est entré dans l’histoire des hommes. Il n’a pas reculé devant leurs turpitudes et leurs crimes. Cette histoire marquée par des infidélités, des adultères et des meurtres nous l’appelons histoire sainte parce que sanctifiée par notre Dieu trois fois saint.

Dieu a sanctifié Joseph pour la mission à accomplir : devenir l’époux aimant et fidèle de Marie d’une part et le protecteur de Jésus en tant que père adoptif et éducateur d’autre part.

Prions pour notre temps et pour notre histoire personnelle et collective, sanctifiés par Dieu.
Prions que nous accomplissions la mission que Dieu nous confie.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Devenir n°10 Saint Joseph

Deuxième mystère : l’Annonciation faite à Joseph

De l’Évangile selon saint Matthieu 1,18s : « Telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu’ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit-Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »

Joseph connaissait la droiture et la sainteté de Marie. Comme la fiancée n’habitait pas la maison du futur mari, peut-être des gens ont rapporté à Joseph la grossesse de Marie avec des commentaires malveillants. Le « ladilafé». L’Ange confirme en songe à Joseph l’honnêteté de Marie et la sainteté de l’enfant, conçu par l’Esprit-Saint.

Prions pour tous les couples et pour toutes les familles.
Prions pour que disparaissent la médisance et la calomnie, l’envie et la jalousie.

Notre Père. Avec Maria. Gloria.
CD Devenir n°10 Saint Joseph

Troisième mystère : Joseph donne le nom à l’Enfant Jésus

De l’Évangile selon saint Matthieu : « L’Ange du Seigneur dit à Joseph en songe : « Marie, ta femme, enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus, car c’est lui qui sauveras son peuple de ses péchés. »
Jamais un homme dans l’Ancien Testament n’avait reçu un telle mission : veiller sur celui qui allait libérer Israël non des peuples ennemis mais de ses péchés !

Moïse avait été choisi et envoyé pour faire sortir Israël de l’esclavage de l’Égypte vers la Terre promise. Les Juges comme Samson avaient vaincu les oppresseurs par une force physique extraordinaire, don de Dieu.

Joseph reçoit une tâche et une grâce uniques : devenir le père adoptif du Messie libérateur des puissances du mal et de la mort.

Dans l’Évangile selon saint Matthieu, c’est Joseph et non Marie qui donne le nom de Jésus à l’enfant conçu du Saint-Esprit. Le nom était accordé le huitième jour après la naissance au moment de la circoncision.

Joseph a veillé sur son épouse, Marie, et sur  l’Enfant Jésus pour qu’ensemble, en famille de Dieu, la mission du Messie puisse être menée à bien selon le plan de Dieu.

L’étymologie du mot « évêque » nous révèle le sens de cette charge : « veiller sur », « surveiller ». En ce sens, saint Joseph est le modèle des évêques, les surveillants du troupeau qui leur est confié par Dieu. Il arrive que saint Joseph soit représenté dans l’art portant le bâton fleuri d’Aaron, le grand-prêtre choisi par Dieu (cf. Nb 17, 20-25). En effet, si le grand-prêtre veillait sur le temple, saint Joseph a veillé sur son épouse, le temple de Dieu, « le buisson ardent », symbole de la présence de la divinité. Saint Paul, inspiré par l’Esprit-Saint, écrit aux chrétiens de Colosses qu’en Jésus « habite corporellement la plénitude de la divinité » (Col 2,9). La Vierge Marie a porté en son sein corporellement cette plénitude de la divinité et saint Joseph a veillé sur elle et sur le développement intégral de son fils adoptif, Jésus.

Prions pour tous ceux qui veillent sur les autres : le pape, les évêques, les prêtres, les parents, les éducateurs, les surveillants de prison …
Prions pour que les responsables veillent sur les autres sans désir de domination à l’image de saint Joseph, homme juste et chaste.
Prions pour ceux qui sont sous le patronage de saint Joseph.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Devenir n°10 Saint Joseph

Quatrième mystère : la naissance de Jésus

De l’Évangile selon saint Matthieu 1, 22s: « Tout ceci advint pour que s’accomplît cet oracle prophétique du Seigneur : Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et on l’appellera du nom d’Emmanuel », ce qui se traduit : « Dieu avec nous ». Une fois réveillé, Joseph fit comme l’Ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui sa femme ; et il ne la connut pas jusqu’au jour où elle enfanta un fils, et il l’appela du nom de Jésus. »

Joseph se montre homme de peu de paroles mais homme d’action. Saint Joseph figure dans l’histoire de la Bible et de l’Église comme « le grand silencieux ». S’il nous est possible d’accéder à l’âme de la Vierge Marie à travers ses quelques phrases retenues dans les évangiles, il n’en va pas de même pour son époux Joseph. Pas une seule phrase de lui n’a été rapportée par les évangélistes.

Pourtant ce silence non seulement ne nuit pas à sa sainteté mais il accorde une grande profondeur à sa mission. Joseph a reçu l’annonce de l’ange en songe. Il s’est levé pour accomplir la mission demandée par Dieu : prendre Marie pour épouse et veiller sur l’enfant Jésus qui va naître non pas d’un vouloir de l’homme mais de l’Esprit-Saint.

C’est pourquoi saint Matthieu, évangéliste, l’appelle « juste ». Pour nous le mot justice nous fait penser à la justice sociale et aux revendications salariales. Dans la Bible la justice équivaut à la sainteté. Joseph est juste non seulement parce qu’il a travaillé correctement dans son atelier d’artisan dans le bâtiment mais parce qu’il a ajusté sa volonté à celle de Dieu. La prière du Notre Père a pris chair en lui : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

La volonté de Dieu conduit précisément le croyant à la plus haute réalisation de son existence malgré les apparences. Nombreux sont ceux qui plaignent Joseph. Un ami m’avouait un jour : « J’ai toujours eu pitié de saint Joseph qui me semblait un personnage falot chargé d’un mauvais rôle. Il n’était pas tout à fait un mari ni tout à fait un père. Mais j’ai découvert la force de sa mission quand je suis moi-même devenu père. À la naissance de mon premier enfant, j’ai été saisi d’un sentiment étrange. Ma femme tenait dans ses bras le bébé qui venait de sortir de son sein. Il faisait partie d’elle-même. Ce n’était pas mon cas. Le bébé s’interposait maintenant entre la femme que j’aimais et moi. Recouvert de sang, ses cris ne me le rendaient pas attirant. Je me suis dit intérieurement qu’il me fallait l’accepter, l’ « adopter » et le reconnaître comme mon enfant. Et à ce moment-là, j’ai pensé à saint Joseph. Me voilà en train de vivre sa propre démarche d’ « adoption ».

Au fond, toute personne se trouve face au dilemme de l’adoption d’une manière ou d’une autre. Pas d’adoption, pas d’engagement, pas d’amour. Il me semble possible de parler d’adoption dans les différentes situations de l’existence : notre corps, notre famille, notre histoire, notre pays, notre sexe, nos travaux et missions …

Consécration au Seigneur Jésus par l’entremise de son père adoptif, saint Joseph : « Entre tes mains, saint Joseph, je remets mon corps et mon âme, ma vie et ma mort, mes projets et mes soucis matériels, ma famille et toutes les familles, le pape et tous les évêques qui veillent sur ton Église.

Saint Joseph, tu as accompli la volonté de Dieu dans la prière silencieuse, je te prends pour modèle et je me confie à ton intercession auprès de Jésus le Christ, notre Sauveur, pour adopter avec foi le contexte familial et social que je n’ai pas choisi, où Dieu m’appelle à servir saintement. Amen ! »

Notre Père. Avec Maria. Gloria.
CD Devenir n°10 Saint Joseph

Cinquième mystère : La fuite en Égypte et le retour à Nazareth

De l’Évangile selon saint Matthieu 2, 13s : « Voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; restes-y jusqu’à ce que je te le dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte. (…) Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Égypte, et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël ; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, et rentra dans la terre d’Israël. »
Joseph a sauvé l’Enfant Jésus de la menace mortelle d’Hérode. Marie et Joseph ont connu l’angoisse de l’exode. Ils ont vécu en réfugiés politiques en Égypte.

Prions pour tous les réfugiés politiques et économiques.
Prions pour ceux qui sont menacés de mort sans oublier les enfants dans le ventre de leur mère menacés par l’avortement.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Devenir n°10 Saint Joseph
…………………………
Prions : Dieu tout-puissant, à l’aube des temps nouveaux, tu as confié à saint Joseph la garde des mystères du salut ; accorde maintenant à ton Église, toujours soutenue par sa prière, de veiller sur leur achèvement. Par Jésus-Christ …

Bénédiction :
La prière de ce soir a été animée par Joëlle, Sonia, Henri à la technique, et moi-même, le frère Manuel, dominicain.
Chant sur saint Joseph par Jean Claude Gianadda. CD Devenir.
Bonne fête de saint Joseph à tous !
Bonne nuit et à lundi prochain !

CD Il est vivant n° 6 Couronnée d’étoiles

Photos: Fra Angelico. Saint Joseph. Florence. Italie.

Écho de notre page Facebook : mars 2019

31 mars 2019

Regard de Jésus (détail)
Fra Angelico (1400-1455)

Dieu seul peut rendre à la raison affaiblie par le péché son empire sur les puissances sensibles, c’est en lui qu’elle trouve sa force ; et c’est la prière qui lui donne ce regard souverain qui charme les passions indomptées et les amène soumises aux pieds de l’intelligence. (Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs. Journal spirituel, p. 109, Cerf, 2017.)

 

 

25 mars 2019

L’Annonciation à la lumière de la vie et de l’œuvre du père Lagrange
Texte paru dans la Revue du Rosaire de septembre 2010
par Fr. Manuel Rivero, o.p.

Dieu aime ce qui est petit et pauvre. Sa puissance se déploie dans la faiblesse humaine. Le père Lagrange précise que Nazareth, petit village, n’est pas cité dans l’Ancien Testament ni par l’historien juif Flavius Josèphe ni dans le Talmud. C’est là que l’ange Gabriel est apparu à Marie. Les Grecs orthodoxes placent l’Annonciation près de la fontaine de Nazareth suivant un évangile apocryphe désigné sous le nom de l’apôtre Pierre. Faute de renseignements vérifiables, nous pouvons imaginer Marie en train de prier comme aiment à la montrer les artistes chrétiens, le livre de la Parole sur ses genoux ; ou en train de nettoyer sa maison et de faire cuire le repas ; ou encore un seau d’eau fraîche sur la tête, porté avec équilibre et élégance comme le font encore beaucoup de femmes de pays pauvres.

Les Grecs se saluent en se souhaitant la joie tandis que dans les langues araméenne et hébraïque, la salutation souhaite la paix. D’où les différentes traductions possibles en français : « Je vous salue », « Paix sur toi » ou « Réjouis-toi, Marie ».

Quant à l’étymologie de Marie, une multitude de livres et d’articles ont vu le jour à la recherche de la bonne explication. Le père Lagrange retient celle de « dame » ou « princesse » en harmonie avec la pratique de l’Église qui se confie à l’intercession de la Vierge Marie sous le vocable de « Notre-Dame ».

L’évangéliste saint Luc s’est intéressé à la généalogie des femmes. Élisabeth, cousine de Marie, descend de la tribu d’Aaron. Pour le père Lagrange, il ressort de l’Évangile que non seulement Joseph mais aussi Marie descendaient de la tribu de David. L’Annonciation : « Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père », et le Benedictus : « Le Seigneur nous a suscité une corne de salut, dans la maison de David, son serviteur » (Luc 1, 69), relient la naissance de Jésus au roi David. Jésus, dont l’étymologie évoque déjà sa mission de Sauveur est né de la descendance du roi David, la tribu du Messie selon les prophéties.

La question de Marie : « Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » est interprétée par de nombreux exégètes catholiques comme un propos de virginité. Au premier siècle, de nouveaux courants ascétiques comme les Esséniens de Qumrân pratiquaient le célibat et la chasteté. « Si Marie entendait demeurer vierge, pourquoi était-elle fiancée ? » se demande le père Lagrange. Il y répond en évoquant le probable souhait de Marie d’échapper aux propositions répétées de mariage. Avec Joseph, homme juste, Marie pouvait accomplir sa vocation divine dans la paix. Par ailleurs, il nous est possible de penser en cohérence avec la foi et la droiture de Marie et de Joseph que ces deux fiancés avaient pris cette décision d’un commun accord, s’aimant avec tendresse, respect et renoncement pour le Royaume des Cieux (Voir Alonso Gómez Fernández, Tras las huellas de José. Icono del Padre y Guardián del Arca, Santo Domingo, República Dominicana, Ediciones Ama, 2008, p. 220).

À la différence de Zacharie qui n’avait pas cru et qui avait demandé un signe, Marie croit aux paroles de l’ange Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! »

Prions pour nos frères juifs. Confions-les à l’intercession de la Vierge Marie, femme cent pour cent juive et cent pour cent chrétienne, la première chrétienne, la première Église.
Prions aussi pour ceux qui n’arrivent pas à croire en la Parole de Dieu révélée dans la Bible.

 

17 mars 2019

Transfiguration (détail) (1518-1520)-Raffaello Sanzio-Pinacothèque Vaticane.

 

« La présence de Dieu est une lumière : parce que, quand on voit tous les objets en Dieu, aucun d’eux ne peut arrêter la pensée, la fixer et la détourner de sa fin suprême. Dans la nuit, on se heurte à chaque pierre du chemin ; le jour, on franchit les plus sérieux obstacles. » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, p. 109, Cerf, 2017.)

 

 

14 mars 2019

Saints Dominicains (détail) Fra Angelico ; cinquième panneau de la prédelle du Retable de Fiesole ; 1420 env. ; Londres, National Gallery.

 

« Quand nous lisons la vie des saints, d’un S. Paul, d’une sainte Perpétue, d’une Ste Thérèse, ou d’un S. Dominique, de S. Vincent de Paul ou de S. François de Sales, de S. Charles Borromée ou de Ste Jeanne de Chantal, sans parler de ceux qui sont plus hauts encore, dont les perfections nous éblouissent dans la splendeur de Dieu, nous comprenons le charme souverain qui a attiré tant d’âmes après ces âmes… Qui se donne volontiers à un autre homme ? Et pourtant on se donne aux saints, parce que la beauté de leur âme est vraiment un rayon de la beauté de Dieu <par ce qu’ils avaient Dieu, ils ont atteint la plus haute perfection de l’homme, que leur intercession vienne en aide à notre faiblesse>. » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, p. 373, Cerf, 2017.)

 

 

10 mars 2019

 

 

Marie-Joseph Lagrange (7 mars 1855 – 10 mars 1938)

Aujourd’hui est le « jour-anniversaire » de la « montée au Ciel » du père Marie-Joseph Lagrange o.p., fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. La messe est célébrée par Fr. Manuel Rivero o.p. à la mémoire du P. Lagrange, pour sa prochaine glorification et aux intentions particulières des amis de l’association. C’est aussi l’occasion à tous ceux qui aiment le P. Lagrange et qui demandent son intercession pour obtenir des grâces, de s’associer à cette célébration et de présenter à Dieu leur prière.

 

 

5 mars 2019

La vocation personnelle

Couronnement de la Vierge
Beato Angelico (1438-1440)

Devenir fils de saint Dominique, Albert Lagrange y a déjà songé à plusieurs reprises, dès le séminaire d’Autun. Comment l’appel s’est-il manifesté ? Par saint Dominique en personne, tel du moins que l’a peint Fra Angelico, tel que l’a présenté le P. Lacordaire.

« Depuis que j’avais lu les Conférences de Notre-Dame et la Vie de saint Dominique, l’idéal dominicain dominait de haut ma pensée. Je m’étais donné à saint Dominique moins après la lecture de l’œuvre (de Lacordaire), que pour avoir été séduit par la radieuse image du saint empruntée au couronnement de la Vierge par le bienheureux Angelico de Fiesole. Je ne doutais pas de l’exactitude de ce portrait : et c’était bien, en effet, ce qu’on peut imaginer de la vision aimante d’une âme pure. Longtemps avant d’entrer dans son Ordre, j’étais son fils, je le priais chaque jour. »

(Souvenirs personnels, p. 254-255, cité par B. Montagnes, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, p. 32, Cerf, 2004.)

 

3 mars 2019

La Vierge à la grenade, Sandro Botticelli, 1487, (détail), Galerie des Offices, Florence, Italie.

La Vierge à la grenade, Sandro Botticelli, 1487, (détail), Galerie des Offices, Florence, Italie.

Quel fruit ai-je porté ?

« Notre Seigneur a dit : Vous les connaîtrez à leurs fruits. Parole terrible pour moi. Durant le temps que j’ai passé plus en contact avec le monde, quel fruit ai-je porté ? » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, 26 septembre 1913, Cerf, 2014.)

 

Lecture d’image :

La symbolique chrétienne interprète les grains serrés et unis dans le sang sous une même écorce comme le Corps du Christ, c’est-à-dire l’Église, l’union des fidèles soudés par une même foi. À partir de la Renaissance, dans le domaine artistique, la grenade est associée à la Vierge et à l’enfant Jésus. On compte ainsi de nombreuses Vierges dites « à la grenade ». La grenade éclatée avec ses grains répandus est l’allégorie de la charité et des dons de l’amour généreux. (Hans Biedermann, Michel Cazenave, Encyclopédie des symboles, Librairie générale française, Paris, 1996.)

 

Écho de notre page Facebook : février 2019

27 février 2019

Une pensée du P. Lagrange pour cette journée

Ave Maria

« Je vois clairement que la plupart de mes peines et de toutes mes difficultés sont venues de ce que je n’ai pas suivi la voie que Notre-Seigneur m’avait indiquée au noviciat : de prière et d’obéissance. La seconde ne peut être parfaite sans un grand esprit de prière : il est vrai que la prière aussi est parfois bien amère, mais c’est en elle qu’on trouve la force de la continuer. D’ailleurs mieux vaut souvent une prière pauvre et en apparence méprisée, que des consolations trop constantes, sauf ces grandes grâces qui portent en elles l’humilité, mais qui ne sont données qu’à une prière pauvre et humble, gémissante. » (Journal spirituel, Cerf, 2014, pp. 240-241.)

 

Photo : Fra Giovanni Angelico en prière par Michel Dumas (1812-1885) (école Jean-Auguste Dominique Ingres). La composition de cette œuvre traduit une dévotion profonde : l’expression du visage accompagne un geste d’offrande des pinceaux. Le manuscrit en cours d’enluminure montre le travail de création interrompu par la prière. Un sol carrelé polychrome accentue la perspective et organise la composition en profondeur. Les meubles d’esprit médiéval, les outils de l’artiste (pots de couleur, carton à dessin) et quelques accessoires de composition (un vase, un crâne, des fils qui pendent) suggèrent l’atelier de l’artiste. La figure du Bienheureux Jean de Fiesole est à la fois dépouillée et sculpturale. La lumière éclaire son visage depuis le haut. (Musées de Langres.)

 

 

22 février 2019

« Mais pour vous qui dites-vous que je suis ? » insista Jésus.

Remise des clefs à saint Pierre-détail d’une fresque de la chapelle Sixtine-Vatican, par Pietro Perugino (15e)

[…] Pierre a dit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » […] C’est sur ce point capital que Pierre prend ici position, plus nettement que personne […] montrant ainsi qu’il a bien compris la parole de Jésus : « Comme mon Père qui est vivant m’a envoyé. » (Jean 6, 57.)

[…] Par son amour pour Jésus, Simon est entré dans l’intimité du Père céleste qui la lui a révélée. Jésus confirme donc, au nom de son Père, ce que Simon a dit de sa personne. Il va dire à son tour ce qu’il pense de son disciple. […] « Et moi, je te dis que tu es Pierre (Kepha) et que sur cette pierre (kepha) je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. »

[…] Ainsi Pierre serait le chef spirituel du royaume, son Maître de vérité. Un autre symbole indique le caractère universel de son pouvoir. Le chef du royaume terrestre du Christ recevra de lui les clefs que tout maître de maison confie à son fidèle majordome pendant son absence. Et parce que le royaume de la terre ne sera fondé qu’en vue du royaume des cieux, les mesures prises par Pierre sur la terre seront ratifiées dans le ciel.

[…] Le Christ avait désigné Pierre comme le fondement ; l’édifice subsistait, il avait les mêmes adversaires, il tenait bon grâce au roc sur lequel il était bâti. C’était toujours Pierre qui tenait, mais ce n’était plus la personne de Pierre ; c’était son office, délégué à celui qui avait pris sa place. La promesse du Christ ne pouvait défaillir ; son objet était désigné par le fait de la succession.

[…] Après la résurrection, Pierre prend la direction de tout. Il faisait déjà dans l’Évangile figure de chef. Ce ne pouvait être à l’insu de Jésus ; Lui, le vrai Chef, dut s’en expliquer. Il le fit en des termes grandioses pour Pierre, engageant l’avenir, un avenir alors voilé, mais que sa parole domine encore avec une clarté toujours plus vive, une action toujours plus efficace.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, pp. 284-285.)

17 février 2019

Ars-sur-Formans (France), dimanche, le 17 février 2019.

Foyer sacerdotal de Bourg-en-Bresse (Ain)

Beau soleil d’hiver en ce dimanche où j’ai eu la joie de prêcher à la messe de la basilique du saint curé d’Ars. La célébration était priante dans une église remplie et don la liturgie a bénéficié de la chorale des sœurs d’inspiration carmélitaine : des voix pures soutenues par des sons discrets des guitares bien accordées.
Ars est une ville internationale qui attire des pèlerins du monde entier.
À la messe étaient aussi présents des membres de la communauté « Cenacolo ». Cette communauté propose à des personnes ayant connu l’esclavage de la drogue un cheminement de libération psychologique et spirituelle.
Le foyer sacerdotal Jean-Paul II accueille dans un cadre campagnard des séminaristes de plusieurs continents. Son architecture moderne est originale, agréable à voir et facile à vivre. C’est ici que je loge.
Le père Lagrange, né à Bourg-en-Bresse, originaire du diocèse, a l’honneur de donner son nom à la bibliothèque et salle de travail des séminaristes. Il avait été béni par le saint curé d’Ars à l’âge de trois ans, présenté par sa mère, Élisabeth Falsan, au saint curé, patron des prêtres, en demandant la guérison de son fils malade.
La retraite pour le prêtres du diocèse commencera ce soir avec le thème « Disciples-missionnaires de Jésus-Christ à la lumière de la vie et de l’œuvre du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem ».
Avec ma prière au Vivant et me confiant aussi à votre intercession pour que la retraite porte du fruit, je vous souhaite un paisible dimanche.
Fr. Manuel Rivero O.P.

13 février 2019
Bienheureux Jourdain de Saxe o.p.

« Sainte Marie, vous avez mis dans mon cœur cette compassion viscérale pour les malheureux ; mon implacable et sauvage égoïsme a tout étouffé. Je n’ai plus cherché le prochain que pour mon agrément ; manteau donné à un pauvre, vision de Notre-Seigneur Jésus Christ. St Martin, St François, Ste Catherine de Sienne, etc, ma ceinture (1), le Bienheureux Jourdain (2). » (Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 93.)

(1) Ceinture, donnée par le Bienheureux Hyacinthe-Marie Cormier o.p. (1904-1916), Maître de l’ordre, au fr. Marie-Joseph Lagrange le jour de sa prise d’habit.

(2) Bienheureux Jourdain de Saxe (1190-1237), premier successeur de saint Dominique. Lors de son généralat, il fit entrer un millier ou plus de nouveaux frères. Pauvre à l’extrême, il aimait la compagnie des pauvres. Auteur du Libellus.

11 février 2019
Notre-Dame de Lourdes
Journée mondiale du malade

« Il ne s’agit pas seulement d’une démarche de solidarité agréable à Dieu, mais d’une identification de Jésus à la personne du malade, de l’étranger et du prisonnier. »

(Le P. Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire. Manuel Rivero o.p., Cerf, 2012, p. 145.)

« Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous. »

 

 

10 février 2019

Le 10 mars 1938, le père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, rejoignait la Maison du Père dans le couvent de Saint-Maximin (Var) ; il avait quatre-vingt-trois ans et il avait accompli une œuvre colossale au service de la Bible.

Le 10 de chaque mois, frère Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange, célèbre une messe aux intentions des amis de l’association et pour la béatification du P. Lagrange.

Nous sommes actuellement 1300 inscrits (connus) sur la page Facebook. Avec les « inconnus », ce nombre doit être bien supérieur. Cela fait une belle chaîne de prière.

Prions donc ensemble, avec la prière pour la glorification du P. Lagrange qui figure en page de couverture. Confions-lui nos demandes d’intercession.

 

8 février 2019

Notre-Dame de la Compassion

Notre-Dame de la Compassion des coeurs mauvais
Kouzma Petrov Vodkine (1914-1915)
Musée Russe de St-Péterbourg

Albert Lagrange, devenu dans l’ordre dominicain Marie-Joseph Lagrange, dira de Marie qu’elle est l’humble ménagère de Nazareth, marquant par là son humilité, il l’appellera Notre-Dame de la Compassion. (Le père Lagrange et la Vierge Marie par Manuel Rivero o.p. Cerf, 2012. Extrait recension J.-C. Desmidt.)

La compassion que nous inspirent les souffrances du prochain est souvent le commencement de la charité. […] Nous sommes plus sensibles aux épreuves physiques et intellectuelles de notre prochain qu’à ses épreuves surnaturelles ; en effet nous jugeons, pour lui, d’après nous. […] Il ne faut pas expliquer la charité de Dieu, mais la faire comprendre en la montrant. Le tout est de faire voir à une âme que Dieu est bon pour elle, qu’il l’a aimée. Quand on aura dit de vous, qu’il est bon, profondément bon, et quand vous aurez dit, « nul n’est bon, que Dieu seul » (Luc 18, 19), vous gagnerez cette âme. (extrait du Journal spirituel de Marie-Joseph Lagrange, Cerf, 2014, p.26.)

 

6 février 2019

La foi

Moïse – Les dix commandements
par Rembrandt (1659) – détail

Plus j’y pense, plus il me semble que l’acte de foi renferme éminemment un acte de confiance au Père : puisqu’il faut affirmer sans comprendre, n’est-ce pas par confiance dans la Vérité et la Bonté ? (Journal spirituel du père Lagrange, Cerf, 2014, p. 294.)

La foi… pour tous, savants ou ignorants, la difficulté principale est la même, croire au monde à venir et vivre selon cette croyance. Voilà pourquoi, en dépit des subtilités, la foi est si bien définie : « La foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » [cf. S. Paul, épître aux Hébreux – La foi persévérante, 11, 1.] (extrait du Journal spirituel du père Lagrange, Cerf, 2014, p. 311.)

 

2 février 2019

Présentation du Seigneur au Temple
De l’évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 25-32

En commentant cet évangile, le père Lagrange met en lumière l’entrée pour la première fois du Messie dans le temple de Jérusalem dès sa naissance où il est reconnu par Syméon, habité par l’Esprit comme tous les prophètes, comme la « lumière des nations » : (extrait de Le père Lagrange et la Vierge Marie par Manuel Rivero o.p., Cerf, 2012, p.66.)

Présentation du Seigneur au Temple (détail)
Fra Angelico (15e)

Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint reposait sur lui.

Et il avait été divinement averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

Il vint donc au Temple, poussé par l’Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard,

Il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : le Nunc dimittis

« Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. »

Écrits de circonstances : L’expérience du désert par le père Marie-Joseph Lagrange o. p.

Écrits de circonstances

Extrait de la Revue biblique n° 1 (1896), Chronique

« De Suez à Jérusalem par le Sinaï » p. 621

« Garde ma loi, observe mes commandements »

Mais déjà nous sommes dans le désert : peu à peu les conversations tombent, et l’entretien commence avec la solitude, la solitude tant aimée quand on a une fois noué commerce avec son âme. La solitude a eu ses amants passionnés auxquels la civilisation ne faisait éprouver qu’une intense nostalgie du désert : comme ces grands anachorètes dont la légende disait : pris d’un amour ineffable de la solitude : incredibili solitudinis captus amore. C’est qu’elle a sa grande beauté, beauté austère, et qui ne sera jamais goûtée du grand nombre, beauté qui se révèle à ceux qui savent le mériter par la fatigue physique et la privation de ce qui fait l’attrait du monde, beauté qui se manifeste dans l’unité d’une impression très grande, presque écrasante, si on n’y trouvait Dieu. Ce n’est pas que le désert soit monothéiste, puisque les anciens Sémites n’ont su que le peupler d’êtres étranges, plus malfaisants que leurs propres dieux, mais Dieu qui attend toujours l’occasion de parler à l’âme la trouve plus facilement dans ce silence des choses. Sous le poids d’une chaleur qui faisait vibrer l’air, encore plus accablé de l’éclat d’une lumière dure aux yeux, j’ouvris le livre et je lus : « Garde ma loi, observe mes commandements. » Cette voix pénétrait jusqu’à l’esprit, transperçant de crainte ma chair si souvent rebelle, si lourde à l’élan de l’âme, si sourde aux appels divins. Il me semblait que je n’avais jamais lu ces paroles nulle part, tant elles me paraissaient graves : et je compris comment le désert avait été nécessaire au peuple de Dieu avant de pénétrer dans la Terre promise. Et si telle est la voix de la solitude dans l’accablement du plein midi, qui dira la magie enivrante de la lumière du soir ?

Chronologie du père Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs par fr. Bernard Montagnes o.p.

1850 : 1er mai. Lyon : Mariage de Claude-Pierre Lagrange (né le 27 octobre 1814 à St-Romain-sous-Gourdon, Saône-et-Loire) avec Marie-Élisabeth Falsan (née le 2 août 1826 à Lyon).

1852 : 4 septembre. Claude-Pierre Lagrange nommé notaire à Bourg-en-Bresse (Ain), où il vient d’acquérir l’étude de MFontaine au prix de 96 000 F.

1855 : 7 mars. Bourg. Naissance d’Albert-Marie-Henri Lagrange, quatrième enfant du couple, le second à survivre.

12 mars.  Baptisé à l’église Notre-Dame. Parrain : Claude-Alexandre-Albert Falsan, oncle d’Albert, demeurant à Lyon. Marraine : Marie Lagrange, tante d’Albert, religieuse de Saint-Charles à Lyon.

1858 : Ars. Albert reçoit la bénédiction de Jean-Marie Vianney.

1862 : Bourg. « Je sais m’être confessé, à 7 ans, à M. Morand, aumônier de la Visitation. » Albert suit les classes élémentaires du collège diocésain de Bourg.

1864 : Saint-Romain-sous-Gourdon. Noces d’or des grands-parents Lagrange.
Octobre : Albert L. entre au petit séminaire d’Autun en 7e. Il y restera jusqu’en 1869-1870.

1865 : Incident avec le directeur de la division des petits. « Ne pouvant me faire à des allures que je jugeais despotiques, je l’avais prié de nous lire le règlement, car je voulais bien obéir à la règle, mais non pas à l’arbitraire. Ce gamin de dix ans réclamant une constitution lui parut grotesque. »

1866 : 27 mai, fête de la Sainte Trinité. Première communion (seul Albert Falsan a pu venir remplacer les parents).
1er juin. Saint-Romain-sous-Gourdon. Décès de Louis Lagrange, père de Claude-Pierre.

1867 : 19 mai. Albert reçoit la confirmation de Mgr Thomas, évêque de La Rochelle. François-Xavier est son saint de confirmation.

1868 : Autun, en classe de quatrième. « Au petit séminaire d’Autun, on nous faisait apprendre S. Luc [en grec] par cœur dès la quatrième. »

1869 : Été. « Mon père m’avait mené au Creusot, pour voir si j’avais le goût des machines. Je tombai malade de dégoût et d’ennui. La cause était entendue. »

1870 : 25 mars, Autun. « En seconde, le jour de l’Annonciation, j’avais eu la révélation que j’entrerais dans l’ordre de Saint-Dominique. Je n’en ai qu’un vague souvenir. »
15 juillet. Dijon : Le père d’Albert le mène à Dijon pour entendre les plaidoiries d’une importante affaire. Sera-t-il avocat plus tard ? « Au musée de Dijon, je vis – et je demeurai frappé pour longtemps – l’Amour dominateur [du monde] de Rude. »
Octobre. Autun. « Nous rentrâmes à Autun. Quelques jours après nous étions chassés par des garibaldiens espagnols. » Albert suit la classe de rhétorique au collège de Bourg.

1871 : Été. « On me mena aux eaux d’Uriage. Révélation de la grande nature alpestre. Lecture de Walter Scott, Waverley. » Autres lectures : Le Tasse, Jérusalem délivrée, « mais ce fut un attrait passager. Déjà Dante m’avait pris, et il m’a gardé. »
15 août, Autun : Le séminaire incendié.
Octobre. Année de philosophie commencée à Autun. « Dès l’hiver, je dus rentrer à la maison, faible, incapable de travail ; d’ailleurs l’âme n’y était pas. »

1872 : 17 et 18 mars. Lyon. Albert passe le baccalauréat. Reçu, ses amis le conduisent à N.-D. de Fourvière.
8 mai : « De plus en plus la musique, la poésie, l’éloquence ont un plus grand prestige à mes yeux. Je veux connaître les arts et Paris. Après cela, que deviendrai-je ? Tu ris peut-être en pensant à mon ancienne vocation dominicaine. Eh bien ! c’est précisément pour la voir se renouveler et se décider de plus en plus que j’attends la première communion [des enfants]. »
Mai. Autun. Préparation au concours de Saint-Cyr.
26 mai, fête de la Sainte Trinité : Albert chargé de garder les enfants qui se préparent à la première communion. « J’ai eu une claire vision que je serais un jour dominicain. » « J’en fis même le vœu, sans en rien dire à personne. »
Été : « Je rentrai à Bourg, bachelier, mais refusé à Saint-Cyr, où d’ailleurs je ne serais rentré à aucun prix. »
14 juillet. Autun : Réunion des Conférences de Saint-Vincent de Paul. « Je vis là M. Foisset et M. Cornudet. »
21 août. Autun. Réunion des anciens du séminaire. Présents : Louis Lagrange, curé de Saint-Romain-sous-Gourdon ; Claude Lagrange, notaire à Bourg, son frère ; Louis et Albert, de Bourg, fils de Claude.
Automne. Bourg. Albert commence sa première année de droit, avec inscription à Dijon.

1873 : 23 mars. Saint-Romain-sous-Gourdon : Décès d’Antoinette-Philippe Cléau, veuve de Louis Lagrange (†1.6.1866). « On m’amena près de son lit de mort. Ce fut mon premier contact avec son mystère. »
Été : « J’allai en Suisse avec Hubert du Puy ; au Beuvray, je passai quelques jours délicieux avec M. Bulliot, poète et archéologue. 7 août : Landriot. »
Fin octobre. Paris. Claude Lagrange présente Albert à Eugène Beluze. Albert loge au Cercle catholique du Luxembourg. Albert suit les cours de droit. Inscrit aussi à la Sorbonne pour une licence ès lettres.

1874 : Paris. Étudiant en droit.

1875 : Soissons. Année de service militaire.
15 novembre. Paris. Ouverture de la faculté de droit à l’Institut catholique.

1876 : Paris. Albert prend sa 13inscription de droit à l’Institut catholique.
25 octobre. Paris. 14inscription.

1877 : 13 janvier. Paris. 15inscription.
Printemps-Été : Épisode de la « conversion » à Paris, dans l’église Saint-Sulpice. Retour à Bourg. Démarche de M. Duchêne auprès de Claude Lagrange.
3 novembre. Paris : 16inscription, toujours à l’Institut catholique. Albert choisit le P. Souaillard O.P. pour directeur de conscience. M. Hogan P.S.S., directeur à Saint-Sulpice, l’accepte comme séminariste du dehors, lui conseille de lire saint Paul selon l’ordre de son histoire.

1878 : 8 juillet. Paris. Albert reçu docteur en droit. « J’étais libre désormais de suivre ma vocation. Je compris dès lors que la vie dominicaine en était le terme. » Il s’inscrit comme stagiaire au barreau de Paris. « Ses jeunes confrères l’ont élu maître de leur conférence préparatoire aux exercices du stage » (Abel). « Il plaida pour la première fois comme défenseur d’office d’un délinquant vulgaire » (Fernessole). « Il porta quelquefois la parole devant le tribunal » (Cl.-P. Lagrange).
Été : Départ pour l’Algérie, avec Paul Beluze. Passe dans l’église des dominicains de Marseille. Va voir son frère Louis, militaire à Fort-National.
Été : Pèlerinage à Ars, où il implore « la grâce de mourir dans l’ordre de Saint-Dominique, fût-ce martyr ».
Automne : Au séminaire Saint-Sulpice d’Issy. Il suit les cours de philosophie de M. Pierre Valet P.S.S. Il prend pour directeur M. Alphonse Lafuye, économe.
21 novembre. Issy. Il prend la soutane le jour où les sulpiciens se consacrent chaque année à Marie. Il a pour condisciples Henry Hyvernat, Jacques Thomas, Eugène Jacquier.
1er décembre. Issy. Arrivée de Pierre Batiffol.

1879 : 24 mai. Paris. Décès de Paul Beluze. « Je ne parle pas de ma douleur. »
6 juin. Issy. Albert L. tonsuré ; son nom inscrit dans un cœur d’or offert par les ordinands à Notre-Dame-de-Lorette.
Août. Sélignac. « Avant la fête de l’Assomption, j’avais fait trois jours de retraite à la chartreuse de Sélignac : le P. Doussot y était encore ; il m’engagea à voir la province de Toulouse. Je pris rendez-vous avec l’abbé Castellan. »
30 août, fête de sainte Rose de Lima. Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Il obtient le consentement de ses parents pour entrer dans l’ordre des Prêcheurs.
8 septembre. Avec l’abbé Castellan, le matin à Saint-Maximin, le soir à la Sainte-Baume.
9 septembre. Marseille. Il rencontre le P. Cormier, provincial, qui lui propose de suivre la retraite du couvent de Saint-Maximin.
10 septembre. Saint-Maximin. Il arrive au couvent avec le P. Cormier, qui vient prêcher la retraite conventuelle.
19 septembre. Il quitte le couvent de Saint-Maximin, où il reviendra bientôt recevoir l’habit dominicain.
Septembre. Pèlerinage à Ars avec Pierre Batiffol et sans doute Henry Hyvernat.
5 octobre. Marseille. Le matin à l’église du Rosaire, avec son cousin Langeron. Le soir retour au couvent de Saint-Maximin.
6 octobre. Saint-Maximin. Le provincial Cormier donne l’habit dominicain à Albert Lagrange, qui reçoit le nom de frère Marie-Joseph. Le noviciat comprend douze frères, dont la moyenne d’âge est de vingt-cinq ans. Maître des novices : le P. Albert Gebhart.

1880 : 6 avril, fête de l’Annonciation (renvoyée). Saint-Maximin. Expérience spirituelle (Souvenirs personnels, p. 279).
3 mai. Saint-Maximin. Le maître des novices écrit au maître de l’ordre pour que le noviciat ne soit pas dispersé (à cause des mesures gouvernementales contre les congrégations) et trouve asile à Salamanque. Accordé par MLarroca.
30 juin. Saint-Maximin. Fausse alerte d’expulsion.
6 octobre. Saint-Maximin. Le prieur Vincent de Pascal reçoit la profession simple de quatre novices, dont celle du fr. M.-J. Lagrange. Celui-ci va passer ensuite une semaine dans sa famille, jusqu’au 13 octobre.
30 octobre. Saint-Maximin. La communauté, constamment sur le qui-vive depuis le 17 octobre, est expulsée du couvent manu militari.
4 novembre. Salamanque. La communauté de Saint-Maximin arrive au couvent Saint-Étienne où elle rétablit la vie régulière interrompue depuis la révolution de 1835. M.-J. Lagrange fait sa première année de théologie (1880-1881).
Du 25 novembre au 9 décembre. Salamanque. Séjour du P. Cormier.
5 décembre, 2dimanche de l’avent. Rétablissement de l’office de nuit.
17 et 18 décembre. Avila. Mgr Antoine Colomer, O.P., de la province des Philippines, vicaire apostolique du Tonkin oriental, évêque titulaire de Themiscyra, confère au fr. M.-J. Lagrange les quatre ordres mineurs et le sous-diaconat, avec dispense des interstices, grâce aux lettres dimissoriales accordées par Mgr Pierre Soubiranne, évêque de Belley. Le fr. M.-J. Lagrange découvre sainte Thérèse d’Avila au carmel de l’Incarnation.

1881 : 11 juin. Salamanque. « En un mot, considérer S. Thomas comme la conclusion harmonieuse de toute la doctrine catholique, et non comme le point de départ de toutes les chicanes. Ô très pure Marie, enseignez-moi à combattre les hérésies, non les catholiques. »
28 juin. Salamanque. Le provincial Cormier vient effectuer la visite canonique (ouverte le 1er juillet) et passer trois mois à Saint-Étienne.
2 juillet. Salamanque. « On photographie tous les frères » (Chronique).
14 juillet. Salamanque. « L’événement du jour est la nouvelle qu’une mission est accordée à notre province au Brésil. »
7 août : M.-J. L. va soigner sa gorge en France et retrouver sa voix presque éteinte.
7 septembre. Salamanque. Le P. Cormier nomme et installe prieur le P. Étienne Gallais.
22 septembre : Retour de M.-J. L.
23 septembre : Commencement de la retraite prêchée par le P. Cormier.
9 octobre : Le P. Cormier retourne en France.
24 novembre : Pèlerinage des frères à Alba de Tormes, au tombeau de sainte Thérèse.

1882 : 26 janvier. Salamanque. Décès de fr. Raphaël (Célestin) Goulesque.
19 avril : Pèlerinage à Alba de Tormes, à l’intention du chapitre provincial de Toulouse.
29 avril. Toulouse : Le chapitre élit le P. Réginald Colchen prieur provincial.
13 juillet. Salamanque. Arrivée du P. Henri Guillermin, nommé vicaire du provincial à Saint-Étienne durant deux mois afin de réorganiser les études.
22 juillet : M.-J. L. nommé collégial.
2 septembre : Arrivée du provincial Colchen, qui restera durant trois mois. Il prêche la retraite conventuelle à partir du 21 septembre.
28 septembre : Expérience spirituelle (Souvenirs personnels, p. 284).
8 novembre : Pèlerinage à Alba de Tormes, pour le troisième centenaire de la mort de sainte Thérèse. Grand-Messe chantée par le P. Colchen (qui retourne en France le 12 novembre).

1883 : 22 février. Salamanque. Promenade « missionnaire » des frères, M.-J. L. en tête, qui « veulent essayer si, plus tard, ils pourront faire de bons missionnaires » (Chronique).
29 avril. Lyon. Décès de Marie-Françoise Lagrange, sœur Sainte-Bernardine, marraine de M.-J. L.
2 juillet. Salamanque. Pèlerinage à Alba de Tormes avec le maître de l’ordre Larroca.
6 juillet : M.-J. L. part pour la France à cause de la très grave maladie de son père.
14 août : Retour de M.-J. L.
3 septembre : Arrivée du P. Emmanuel Manuel, qui vient prêcher la retraite conventuelle.
21 septembre. Bourg-en-Bresse. Décès de Claude-Pierre Lagrange.
22 septembre, samedi des quatre-temps. Salamanque. M.-J. L. ordonné diacre. En même temps il apprend la nouvelle de la mort de son père.
6 octobre : Profession solennelle de M.-J. L. reçue par le prieur Étienne Gallais.
22 décembre. Zamora. M.-J. L. ordonné prêtre par l’évêque de Zamora.
23 décembre. Salamanque. Première messe, à l’autel du Rosaire. Y assistent sa mère et sa sœur Thérèse.
25 décembre : M.-J. L. célèbre la messe de minuit.

1884 : 22 mai. Salamanque. M.-J. L. demande conseil à Henry Hyvernat pour étudier les langues orientales.
14 juillet : M.-J. L. reçu lecteur en théologie. Il prête « sans scrupule, avec une conviction ferme », le serment de tenenda solida S. Thomae doctrina.
Septembre : Retraite conventuelle prêchée par le P. Dominique Lambert. M.-J. L. chargé d’enseigner l’histoire ecclésiastique (1884-1885 et 1885-1886).

1885 : 23 avril. Paris. Début de la mystification ourdie par Léo Taxil au sujet de Diana Vaughan (jusqu’au 19 avril 1897).
Septembre. Salamanque. Retraite conventuelle prêchée par le P. Colchen.

1886 : Saint-Maximin. Le chapitre provincial décide le retour en France des frères exilés à Salamanque.
Août à Toulouse. Le collège de théologie s’y organise. M.-J. L. enseigne la philosophie et l’Écriture sainte en 1886-1887 et 1887-1888. En même temps il est Père maître des frères convers.

1887 : Le 8 juillet à Toulouse. M.-J. L. demande conseil à Henry Hyvernat pour se spécialiser en Écriture sainte.

1888 : Le 26 septembre à Toulouse. Le conseil provincial a décidé d’envoyer M.-J. L. à Paris étudier les langues orientales et travailler avec le P. Scheil.
2 octobre : Le couvent de Paris ne pouvant recevoir M.-J. L., le provincial Colchen demande à l’envoyer à Vienne.
27 octobre. Vienne. Arrivée de M.-J. L.

1889 : 2 février. Lettre du provincial Colchen (arrivée à Vienne le 5 février) qui cède M.-J. L. à Saint-Étienne de Jérusalem pour y fonder une école d’Écriture sainte.
8 février. Vienne. M.-J. L. esquisse un programme d’études bibliques.
Juin. Jérusalem. Une circulaire annonce le projet de fonder à Saint-Étienne une faculté de langues orientales et d’Écriture sainte.
18 juillet. Vienne. M.-J. L. part pour la France.
14 août. Saint-Maximin. Arrivée de M.-J. L. Il fait part au provincial Colchen des difficultés qu’il voit au projet de Jérusalem.
25 août. Rome : Le maître de l’ordre autorise la fondation d’une école d’Écriture sainte à Jérusalem.
26 août. Rome. Le maître de l’ordre confirme que M.-J. L. est destiné à Jérusalem.
5 septembre. Vienne : M.-J. L. de retour pour un autre semestre.

1890 : 18 janvier. Toulouse. Le P. Colchen demande que M.-J. L. puisse, à la fin de son semestre d’études, faire un voyage en Orient.
5 février. Vienne : M.-J. L. reçoit la lettre du P. Colchen lui demandant d’aller à Jérusalem.
14 février. Trieste. M.-J. L. s’embarque pour Alexandrie, où il arrive le 19.
9 mars. Jaffa. Arrivée de M.-J. L., qui parvient le 10 à Jérusalem.
2 avril. Jérusalem. « Je crois que nous pouvons commencer dès le mois d’octobre prochain. »
16 avril : Début du voyage de M.-J. L. avec l’abbé Heidet et le P. Van Kasteren S.J. en Transjordanie.
15 juillet. Jaffa. M.-J. L. s’embarque en compagnie du P. Ollivier.
Août. Saint-Maximin. M.-J. L. fait sa retraite, y rencontre le provincial Gallais, le 7 août. Celui-ci voudrait le garder à Toulouse.
12 août. Rome. Rien n’est changé aux ordres concernant M.-J. Lagrange à Jérusalem.
27 septembre. Marseille. M.-J. L. s’embarque pour l’Orient.
29 septembre. Rome. M.-J. L. institué lector primarius à Saint-Étienne de Jérusalem.
6 octobre. Jérusalem : Arrivée de M.-J. L. Sa patente de lector primarius arrive le 15.
4 novembre : Commencement des cours d’études bibliques.
15 novembre : Inauguration officielle de l’École pratique d’études bibliques. Discours du P. Lagrange et du P. Séjourné.
22 décembre. Rome. Le P. Cyprien Florissone, de la province de Lyon, nommé maître des novices profès à Jérusalem ; quatre frères novices profès de Lyon (Alexis Casterot, Antonin Jaussen, Emile Princet, Abel Veillat) assignés à Saint-Étienne.

1891 : 8 janvier. Rome. Décès du maître de l’ordre Marie-Joseph Larroca.
9 mars. Jérusalem. M.-J. L. soumet au vicaire général de l’ordre le projet de Revue biblique trimestrielle.
23 mars. Rome. M.-J. L. institué vicaire de Saint-Étienne ad triennium (patente arrivée à Jérusalem le 4 avril ; il accepte le 7 avril).
5 juin, fête du Sacré-Cœur à Jérusalem, pose de la première pierre du bâtiment de l’École.
14 juillet, M.-J. L. part pour la France.
19 septembre. Lyon. le chapitre général élit maître de l’ordre André Frühwirth. Celui-ci choisit le P. Cormier comme socius français. M.-J. L. soumet au chapitre un mémoire sur les études bibliques dans l’ordre.
23 septembre. Bourg-en-Bresse. M.-J. L. expédie l’Avant-propos de la Revue biblique.
26 septembre. Marseille. Il s’embarque pour la Palestine.
2 octobre. Toulouse : il est élu prieur du couvent Saint-Romain. Élection cassée à Rome le 8 octobre.
10 octobre. Jérusalem. Il est de retour.
16 octobre. Jérusalem. Retraite conventuelle.
30 octobre. Rome. MFrühwirth prend ses fonctions de maître de l’ordre.
9 au 16 novembre. Voyage archéologique dans le midi de la Judée.
7 décembre. Jérusalem. Inauguration du bâtiment de l’École biblique.
14 décembre. Ouverture des conférences publiques de l’École.
30 décembre. Le premier numéro de la Revue biblique arrive à Jérusalem.

1892 : Février : voyage au Jourdain, auquel participent les jeunes assomptionnistes de Notre-Dame de France.
7 mars. Jérusalem, fête de S. Thomas, à laquelle sont invités les franciscains. M.-J. L. présente une étude sur S. Thomas, en français.
7 avril. Rome. Saint-Étienne est érigé en couvent formel (pouvant recevoir des novices). M.-J. L. est nommé prieur (entre en fonction le 16 avril).
21 avril. Voyage au-delà du Jourdain.
Fin mai. Rome. M.-J. L. reçu par MFrühwirth, qui lui accorde trois lettres de recommandation (au ministre des Affaires étrangères Ribot, au président du Conseil de la Propagation de la Foi, au président de la Société de secours pour les religieux expulsés). Invité par Rossi, M.-J. L. fait une communication à la Società romana per gli studi biblici sur l’inscription nabatéenne à Jérusalem.
20 juin. Sèvres. M.-J. L. remercie MFrühwirth de son accueil à Rome. Paris : Rencontre à l’Institut de France, « où j’ai été très bien vu par les plus grands savants français qui applaudissent à la fondation de l’École ».
8 juillet. Lyon.
25 juillet. Roybon.
Fin juillet. Marseille. M.-J. L. s’embarque pour Constantinople où il va solliciter le firman.
15 août. Smyrne.
30 août. Constantinople. Visite au grand vizir pour le firman de Saint-Étienne.
9 septembre. Jérusalem. Retour de M.-J. L.
17 septembre. Rome. Bref de Léon XIII (obtenu par le cardinal Zigliara) approuvant le dessein de l’École biblique et la fondation de la Revue biblique.
24 septembre. Jérusalem. Retraite conventuelle prêchée par le P. Ambroise Gardeil.
2 octobre. Paris. Mort d’Ernest Renan.
20 octobre. Constantinople. Firman du sultan autorisant la reconstruction de la basilique d’Eudocie.

1893. 25 janvier. Paris. Article de Mgr d’Hulst dans le Correspondant sur la question biblique. Voyage au Sinaï, à Aqaba.
15 mai. Jérusalem. Ouverture du congrès eucharistique international présidé par le cardinal Langénieux.
11 août : Retraite.
Été : M.-J. L. rédige la monographie Saint Étienne et son sanctuaire de Jérusalem (manuscrit soumis dès la fin de décembre à l’approbation de MFrühwirth).
15 octobre : Il prêche la fête de sainte Thérèse au Carmel du Pater (thème : l’amour de sainte Thérèse pour N.S.J.C.)
29 octobre : Il demande de supprimer son article déjà imprimé pour la Revue biblique sur la question biblique.
18 novembre. Rome. Encyclique Providentissimus Deus« La Revue biblique n’avait point à faire une soumission obséquieuse et développée comme si elle avait été visée en mauvaise part par l’encyclique. Nous fîmes suivre [la traduction française] d’une courte adhésion, non point résignée, mais joyeuse. »

1894 : 7 février. Rome. Le pape fait transmettre par le P. Granello à M.-J. L. sa bénédiction apostolique après l’adhésion de la Revue biblique à l’encyclique Providentissimus.
7 mars. Jérusalem. À la fin de la séance académique en l’honneur de S. Thomas d’Aquin, M.-J. L. interprète une pièce humoristique : poésie et philosophie se disputent, jusqu’à ce que la théologie les réconcilie.
8 mai : Fête de Jeanne d’Arc organisée par M.-J. L. pour les communautés françaises de Jérusalem. Présence d’un groupe nombreux d’officiers de marine.
24 mai : M.-J. L. demande que Saint-Étienne soit érigé en studium formel.
6 juillet. Rome. M.-J. L. passe l’examen ad gradus et reçoit le diplôme attestant qu’il est approuvé pour devenir maître des études et bachelier du studium.
11 juillet. Rome. MFrühwirth érige Saint-Étienne en studium formel.
13 juillet. Bologne. M.-J. L. est venu y rencontrer le P. Azzopardi.
22 juillet. Paris. M.-J. L. envoie à Rome le contrat avec l’éditeur Lecoffre, qui publiera désormais la Revue biblique. Batiffol deviendra secrétaire de la revue.
25 au 29 juillet. Reims. IXcongrès eucharistique international, où M.-J. L. plaide la cause de Saint-Étienne et obtient une aide pour commencer les travaux de la basilique.
21 août. Roybon. Le volume sur Saint Étienne va sortir.
25 août. Roybon.
Septembre. Genève. Xcongrès des Orientalistes, où M.-J. L. présente la mosaïque arménienne découverte à côté de l’emplacement de la basilique d’Eudocie.
8 septembre. Marseille. Départ vers la Palestine. Retour à Jérusalem le 14 septembre.
28 octobre. Rome. M.-J. L. nommé maître des études au studium de Jérusalem. Le 10 novembre, il sera nommé bachelier.
30 octobre. Jérusalem. Lecture de la patente instituant régent des études le P. Azzopardi. Sans être régent, M.-J. L. demeure directeur de la Revue biblique.

1895 : Janvier. Paris. La Revue biblique commence de paraître chez Lecoffre-Gabalda.
21 mai. Rome. Étienne le Vigoureux confirmé prieur de Saint-Étienne.
1er juin. Avila. Le chapitre général recommande aux provinciaux d’envoyer à Saint-Étienne des frères qui y apprendront les langues orientales et s’appliqueront à l’étude de la Bible.
10 octobre. Jérusalem. M.-J. L. institué sous-prieur.
9 décembre. Rome. Télégramme de MFrühwirth ; « Saint-Père bénit de tout cœur pose première pierre. »
10 décembre. Jérusalem : Bénédiction de la première pierre de la basilique de Saint-Étienne.

1896 : 4 février. Jérusalem. Départ du voyage pour l’Égypte et le Sinaï. Le P. Coconnier et Mme Galichon-Sargenton font partie de l’expédition.
5-12 février. Le Caire.
12 février. Suez.
16 février : L’expérience du désert (Revue biblique 1896, p. 621).
24 février : Sinaï (Ibid., p. 641).
5 mars : Notre-Dame de la Chaux : Décès de l’oncle curé Louis Lagrange.
7 mars. Rome. Le P. Cormier nommé procureur général, et consulteur du Saint-Office.
Février-mars : Bénéfice du voyage au Sinaï (Revue biblique 1915, p. 253).
27 avril. Paris. Article du P. Pègues sur Diana Vaughan dans l’Univers.
Commencement de l’été. Jérusalem. Visite à l’École biblique des trois jésuites Leroy, Fonck et Condamin.
2 juin. Rome. MFrühwirth écrit que le P. Azzopardi pourrait laisser la régence, que prendrait le P. Lagrange.
20 juillet. Neuilly. M.-J. L. rencontre Loisy.
6 août. Paris.
10 septembre. Jérusalem. Conversation du patriarche Piavi avec Athanase Vanhove, A.A., au sujet de l’École biblique. « C’est une école rationaliste, protestante, qui renverse toutes les traditions. »
Octobre : Voyage à Pétra (28 octobre, l’inscription nabatéenne retrouvée et estampée).
4 novembre. Rome. Le P. Azzopardi nommé maître en théologie. M.-J. L. institué régent des études (patente lue à Jérusalem le 14 novembre).
8 décembre. Jérusalem. Séance solennelle pour conférer la maîtrise au P. Azzopardi.

 

1897 : 13 janvier. Rome. Décret du Saint-Office sur la comma johannique (parvenu à Jérusalem le 9 avril, accompagné d’une carte du P. Granello).
30 janvier. Paris. Batiffol a été chargé par le recteur de l’Institut catholique Péchenard, et en dépit des sournoises intrigues de la « coterie Duchesne » d’un cours sur l’Église naissante pour les jeunes filles.
2 février. Jérusalem. Premier projet de ce qui deviendra la collection des « Études bibliques ».
15 mars : « Je me crois obligé de renoncer à l’authenticité mosaïque du Pentateuque, comme ensemble de rédaction. »
Avril : La Revue biblique (p. 318-319) annonce le congrès de Fribourg. Au programme prévu : Lagrange, « Les sources de la Genèse ».
1er avril : Le P. Pègues demande au maître de l’ordre l’autorisation d’assister à la présentation de Diana Vaughan prévue à Paris le 19 avril.
9 avril. Jérusalem. Arrivée du décret du 13 janvier.
17 avril : Loisy à Mignot. « Aucune relation n’existe plus entre la Revue biblique et moi. »
19 avril. Paris : La mystification de Léo Taxil dévoilée. Avait débuté le 23.4.1885.
25 mai. Jérusalem. Un jeune assomptionniste qui suit les cours de M.-J. L. annonce à Loisy que Von Hügel et Lagrange discuteront à Fribourg l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Déjà M.-J. L. explique à son cours le Deutéronome dans le sens de l’hypothèse documentaire.
10 juin : Le prieur de Saint-Étienne, Le Vigoureux, se plaint au maître de l’ordre de la campagne que mène le patriarche Piavi contre son couvent.
27 juin : M.-J. L. demande au maître de l’ordre l’autorisation d’aller en France pour le congrès catholique de Fribourg et le congrès des Orientalistes de Paris.
5 juillet. Rome. Permission accordée.
18 juillet. Jérusalem. M.-J. L. remercie de la permission d’aller en France.
6 août. Bourg-en-Bresse. Il voudrait rencontrer MFrühwirth à Oullins avant de partir à Fribourg. Rencontre à Oullins ou à Lyon ; Me Frühwirth désigne comme censeurs de la communication pour Fribourg le P. Berthier et le P. Gardeil.
16-20 août. Fribourg. 4congrès scientifique international des catholiques.
19 août : À la section des sciences exégétiques, communication de M.-J. L.
22 août. Roybon. M.-J. L. rend compte à MFruhwirth du congrès du Fribourg ; dit son projet de pénétrer dans l’université.
5-12 septembre. Paris. 5congrès des Orientalistes, où M.-J. L., le 8 septembre, « essaie de tirer quelques conclusions des études épigraphiques pour l’étude de l’Ancien Testament ».
Après le 3 octobre. Voyage à Petra. Embuscade dans laquelle tombent les explorateurs.
Fin novembre. Rome. Léon XIII institue à l’Apollinaire une chaire d’exégèse biblique dont est chargé le P. Genocchi.
5 décembre. Paris. F. Vigouroux met en garde Batiffol contre la publication dans la Revue biblique des « Sources du Pentateuque ». Batiffol encourage M.-J. L. à publier l’article.
16 décembre. Rome. Me  Frühwirth demande à M.-J. L. de proposer un plan pour les études bibliques à Rome.

 

1898 : Janvier. La Revue biblique publie « Les sources du Pentateuque ». S’ensuit une polémique de presse avec le journal l’Universreproduite à Jérusalem dans Saint François et la Terre sainte.
14 février : « Je me suis définitivement entendu avec Lecoffre pour l’impression de sa Genèse. »
15 avril. Jérusalem. Le patriarche Piavi dénonce « Les sources du Pentateuque » au préfet de la congrégation de la Propagande (Souvenirs personnels, p. 318).
17 avril, dimanche de Quasimodo. Inauguration de la basilique Saint-Étienne, bénite par le patriarche Piavi.
10 mai : Mémoire de M.-J. L. touchant les reproches adressés à l’École biblique.
15 mai. Rome. Suppression de l’Académie biblique.
18 juin. Jérusalem. Élection priorale, le P. Gardeil élu. Élection non confirmée.
27 juin. Rome. MFrühwirth institue le P. Le Vigoureux prieur (pour un second priorat).
19 juillet. Jérusalem. M.-J. L. reçoit une dépêche de MFrühwirth le convoquant à Rome.
Fin juillet. Rome. M.-J. L. reçu par le cardinal Satolli. D’abord pas d’audience pontificale, puis reçu par Léon XIII, qui l’a « tenu avec lui longtemps », mais sans parler de la Bible.
2 août : Statut donné à la Revue biblique par MFrühwirth (Souvenirs personnels, p. 320).
11 août. Roybon. M.-J. L. remercie MFrühwirth de l’accueil reçu à Rome.
19 août. Roybon.
8 septembre. Marseille. Départ pour Jérusalem. M.-J. L. envoie une page spécimen de la Genèse.
18 septembre. Jérusalem. Incident avec le P. Le Vigoureux.
27 octobre. Rome. MFrühwirth demande à M.-J. L. d’attendre pour publier son ouvrage.
Novembre. Toulouse. Batiffol prend ses fonctions de recteur de l’Institut catholique.
5 novembre. Paris. article du P. Méchineau dans les Études contre « Les sources du Pentateuque », traite M.-J. L. de transfuge.
24 novembre. Rome. Lettre de Léon XIII aux franciscains, contre la nouvelle exégèse.
8 décembre. Paris. Le P. Sertillanges nommé secrétaire de la Revue biblique.
31 décembre. Jérusalem. Nouvelle dénonciation envoyée à Rome par le patriarche Piavi.

 

1899 : 16 janvier. Rome. Le cardinal Satolli, préfet des Études, envoie une lettre d’approbation.
20 janvier. Rome. Réponse de la Propagande à Mgr Piavi : dossier transmis au Saint-Office.
20 janvier. Toulouse. Batiffol lance le Bulletin de littérature ecclésiastique.
11 février. Jérusalem. M.-J. L. transmet sa charge de régent des études, comme demandé par MFrühwirth, au P. Azzopardi.
16 février. Rome. MFrühwirth impose deux censeurs : Th. Esser à Rome, R. Walsh en Irlande.
21 février. Jérusalem. Rapport de M.-J. L. au cardinal Satolli (Souvenirs personnels, p. 328).
18 mars. Jérusalem. M.-J. L. accueille Fracassini.
4 juin. Rome. « Le Rme P. est tout disposé à permettre [à M.-J. L.de venir en France et à Rome, mais il ne croit pas encore le moment opportun et le prie d’attendre son avis. »
16 juillet. Rome. « Le Rme P. lui renouvelle les ordres donnés le 4 juin et d’une manière plus catégorique : ni le voyage de France ni le voyage de Rome ne sont opportuns, et il prie le P. L. d’attendre ses ordres. »
8 septembre. Rome. Encyclique de Léon XIII Depuis le jour sur l’enseignement à donner aux clercs pour parer aux nouveautés philosophiques ou exégétiques.
15 septembre. Rome. MFrühwirth renforce la censure romaine à laquelle doit être soumis tout ce qu’écrit M.-J. L.

 

1900 : 7 mars. Toulouse. M.-J. L. demandé comme professeur d’Écriture sainte à l’Institut catholique. Réponse de MFrühwirth, le 12 mars : Non expedire.
25 mars. Jérusalem. « Projet d’un commentaire complet d’Écriture sainte » (publié dans la Revue biblique de juillet).
29 mars : M.-J. L. invité à venir à Rome pour le congrès archéologique du 17 avril.
7 avril : Il quitte Jérusalem pour Rome.
12 mai : Il se trouve à Bourg-en-Bresse.
13 mai. Jérusalem. Consécration de la basilique Saint-Étienne par Mgr Duval, O.P.
24 mai : M.-J. L. à Paris, 94 rue du Bac.
8 juin. Rome. Réponse de la Propagande au patriarche touchant la dénonciation de M.-J. L.
10 juin : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
11 juin. Rome. Lettre de la Propagande à Me Frühwirth et au ministre général O.F.M.
10 juin-15 juillet. M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
18 juillet. Rome. La présence de M.-J. L. n’est pas nécessaire pour assurer sa défense ; il peut donc retourner à Jérusalem.
22 juillet. Rome. M.-J. L. doit cesser de publier des ouvrages, mais même de répondre à des attaques de revues ou de journaux.
23 juillet : Il se trouve à Lyon. Le maître de l’ordre lui enjoint de retourner au plus tôt à Jérusalem. Manifestement ses supérieurs romains préfèrent le voir loin de France, loin des polémiques de presse, spécialement de l’abbé Dessailly dans la Vérité française (14 mai), auxquelles il a pris part depuis le mois de mai ; loin aussi de toute prise de parole en public, fût-ce au séminaire de Belley.

 

1901 : 7 février, article de l’Ami du clergé, « Les théories sur la composition du Pentateuque », dont un paragraphe est entièrement dirigé contre M.-J. L. et la Revue biblique.
Juin. Jérusalem. Fin du priorat du P. Le Vigoureux.
2 juillet : Élection priorale du P. Séjourné.
11 juillet : Suite de la polémique de l’Ami du clergé.
Août : M.-J. L. se rend en France pour santé, affaires de la Revue biblique, rencontres, impression des Juges.
29 août : Il se trouve à Paris.
30 août. Rome. Léon XIII crée la « petite » commission biblique : 3 cardinaux, 12 consulteurs.
9-12 septembre : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse.
24 septembre : Il se trouve à Roybon. « Quinze jours d’air natal m’avaient remis. »
29 septembre. Rome. Il reçoit les insignes de maître en théologie de la main de MFrühwirth. La publication des Juges est autorisée. Il reste trois jours à Rome, puis ira s’embarquer à Marseille (la peste régnant à Naples).
11 octobre. Paris. Contrat entre M.-J. L., Hugues Vincent et Victor Lecoffre pour la collection des « Études bibliques ».
28 novembre : Suite de la polémique de l’Ami du clergé contre l’exégèse allemande.

 

1902 : 23 janvier. Rome. Première réunion de la Commission biblique sous la présidence du cardinal Parocchi.
10 mai. Bourg-en-Bresse. Décès subit d’Élisabeth Lagrange, mère de M.-J. L. La dépêche arrive à Jérusalem le 12. (Le livre des Jugespublié en 1903, est dédié : « Mariae Immaculatae Depeiparae. À la mémoire de mes parents Claude-Pierre Lagrange et Marie-Élisabeth Falsan. »)
Juillet, après les examens : M.-J. L. s’embarque pour la France.
22 août. Paris.
24 août. Rome. Le maître de l’ordre autorise M.-J. L. à prolonger son séjour en France pour donner six conférences à Toulouse.
21 octobre : Il passe une journée à Albi pour voir Mgr Mignot et le chanoine Birot.
30 octobre. Rome. Lettres apostoliques Vigilantiae instituant la « grande » Commission biblique : 5 cardinaux, 40 consulteurs.
4 novembre. Toulouse. Homélie de M.-J. L. à la messe du Saint-Esprit pour la rentrée de l’Institut catholique.
4-11 novembre. Toulouse. Les six conférences publiques sur la méthode historique.
12 novembre. Toulouse. Jubilé de l’Institut catholique. Séance solennelle de rentrée. M.-J. L. regagne Jérusalem.
Vers le 15 novembre. Paris : L’Évangile et l’Église de A. Loisy mis en vente.
1erdécembre. Paris. La Revue du clergé français publie « Lectures du R. P. Lagrange à Toulouse », résumé des conférences par le chanoine L. Maisonneuve.
18 décembre. Rome. Mémoire de Mgr Batiffol au P. Esser sur l’état actuel des controverses en France touchant les questions scripturaires (publié dans M. Loisy et le modernisme, Paris, 1932, p. 85, note 1).

 

1903 : 26 janvier. Rome. M.-J. L. nommé consulteur de la Commission biblique.
1er février. Rome. Dépêche de MFrühwirth le convoquant à Rome.
5 février. Port-Saïd. M.-J. L. est en route vers Rome, accompagné du P. Séjourné et du P. Vincent.
20 février. Rome. Réunion des consulteurs de la commission biblique à laquelle il assiste.
8 mars. Rome. Réunion des cardinaux et des consulteurs de la Commission chez le secrétaire d’État.
22 mars. Rome. Lettre de recommandation en faveur de l’École biblique accordée par MFrühwirth au P. Séjourné.
28 mars. Rome. Basi generali de l’accord conclu entre la Commission et la Revue biblique, accord approuvé par Léon XIII.
Début avril : Le pape autorise M.-J. L. à retourner à Jérusalem.
2 mai : « Retenu par une maladie assez violente, je ne fus de retour à Jérusalem que le 2 mai. »
13 mai. Jérusalem. M.-J. L. demande au cardinal Rampolla de le laisser à Jérusalem, dans l’intérêt de l’École.
22 juin. Rome. Réponse de Rampolla : Stare in decisis.
3 juillet. Rome. Ce qui aurait dû être le premier décret de la Commission biblique (texte dans F. Turvasi, Giovanni GenocchiRome, 1974, p. 222).
20 juillet. Rome. Mort de Léon XIII.
4 août. Rome. Élection de Pie X.
26 septembre. Rome. MFrühwirth nomme M.-J. L. régent des études à Jérusalem.
7 décembre. Rome. Faute d’argent, il n’est plus question de l’institut biblique projeté par Léon XIII et par Rampolla.
16 décembre. Rome. Cinq ouvrages de Loisy à l’Index.
18 décembre. Paris. M.-J. L. élu membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

 

1904 : La Revue biblique inaugure une nouvelle série pour répondre au désir du pape.
18 janvier. Rome. « Ce matin séance des consulteurs bibliques. On a annoncé que le pape approuve la décision du cardinal (pas la nôtre) de faire venir à Rome le directeur de la Revue biblique » (Genocchi à Lagrange).
23 février. Rome. Lettres apostoliques Scripturae Sanctae créant les grades en Écriture sainte, que la Commission biblique est chargée de délivrer.
28 février. Jérusalem. « Il faut que la Revue biblique offre un asile aux gens intelligents qui ne veulent pas qu’on détruise le catholicisme avec l’exégèse, soit par témérité soit par bêtise. C’est la via media et regia qu’il faut suivre » (Lagrange à Genocchi).
21 mai. Viterbe. Le chapitre général de la Quercia élit le P. Cormier maître de l’ordre. Le chapitre général recommande l’École biblique et aussi la Revue biblique.
10 juin. Rome. Bref de Pie X accordant à l’église Saint-Étienne de Jérusalem le titre de basilique mineure.
31 août. Jérusalem. « Rentré [d’un voyage en Orient] le 31 août, je ne tardai pas à recevoir l’ouvrage du R. P. Delattre, S.J. » Autour de la question biblique. Une nouvelle exégèse et les autorités qu’elle invoque, Liège-Paris, 1904.
9 octobre. Jérusalem. Réponse de M.-J. L., Éclaircissement sur la méthode historique à propos d’un livre du R. P. Delattre, S. J., Paris, Lecoffre, 1905.
4 novembre. Rome. Lettre du préposé général S. J., Louis Martin, aux provinciaux de la Compagnie sur l’étude de l’Écriture sainte (déconseillant la méthode historique).

 

1905 : Janvier. Jérusalem. M.-J. L. achève de rédiger l’article « Les Patriarches ».
Janvier. Paris. Éclaircissement imprimé et distribué (Pie X fait accuser réception le 11 février).
17 février. Rome. MCormier refuse que l’Éclaircissement soit mis sur le marché.
Mars : M.-J. L. part pour Rome, d’où il reviendra ensuite à Marseille, rejoindre le P. Vincent, pour aller se reposer à Saint-Bernard-du-Touvet.
19 avril. Rome. M.-J. L. rédige une note destinée à MCormier (concernant le recueil préparé par Dhorme).
7 mai. Rome. La Commission biblique précise ses rapports avec la Revue biblique. La revue n’est l’organe de la Commission que pour les communiqués officiels. Autrement dit, la revue n’est pas sous la tutelle de la Commission.
14 juillet : M.-J. L. nommé membre du comité général du Palestine Exploration Fund.
24 août. Roybon. Il pense rester en France jusqu’au 9 septembre.
2 septembre : Encore à Roybon.
24 octobre. Rome. MCormier refuse l’autorisation de publier « Les Patriarches » dans la Revue biblique et diffère la publication du commentaire de la Genèse.

 

1906 : 28 janvier. Rome. Règlement pour la censure des publications de l’École biblique (tous les articles de M.-J. L. doivent être envoyés au maître de l’ordre pour approbation préalable) approuvé par MCormier le 2 février.
27 juin. Rome. Décret de la Commission biblique sur l’authenticité mosaïque du Pentateuque.
21 juillet. Rome. M.-J. L. autorisé (par télégramme) à aller en France.
29 juillet. Jérusalem. « Je pars pour la France, où mon adresse est chez M. Lecoffre. Je pense aller à Paris en octobre. »
10 septembre. Rome. MCormier au P. R. Boulanger, au sujet de l’École biblique de Jérusalem. « Le Saint-Père me dit : En cette matière, soyez dur ; vous pouvez être assuré de l’appui du Saint-Siège. »
28 septembre. Bruxelles. M.-J. L. rend visite aux Bollandistes.
30 septembre. Paris. Il écrit sa peine de la mort de Mgr Le Camus. Il rencontre le provincial R. Boulanger. N’ayant pas obtenu la permission de donner les conférences, il va retourner à Jérusalem (Boulanger à Cormier, 8 octobre).
8 octobre. Bourg-en-Bresse. Ayant quitté Paris le 6 octobre, il décrit à X. Faucher : « J’avais une excellente occasion de donner des conférences à Paris. Le P. général a refusé pour des motifs futiles, qui dissimulent son parti pris de ne rien me laisser faire. Il me renvoie à Jérusalem où je retourne. »
Novembre. Paris. l’Académie des inscriptions et belles-lettres décerne le prix Saintour au P. Lagrange pour ses Études sur les religions sémitiques, 2éd., Paris, 1905.

 

1907 : 24 février. Jérusalem. « Je pars dans huit jours pour l’Égypte et Rome […] où je serai, s’il plaît à Dieu, le mercredi saint [27 mars]. C’est pour la commission de Studiis. » (à B. Allo).
19 mars : M.-J. L. arrive à Rome, malade.
20 mars : Genocchi le conduit chez le cardinal Svampa.
31 mars : « Tristesse poignante du jour de Pâques, 31 mars 1907.» Accueil du cardinal Rampolla (« Plus modéré, P. Lagrange, plus modéré ! Le Saint-Père est inquiet ; des évêques ont écrit »). (Souvenirs personnels, p. 166-167).
4 avril : Pie X reçoit la commission des études, présentée par le P. Cormier. Pendant ce temps, à Jérusalem, Salvatore Minocchi reçu à Saint-Étienne.
7 avril. Jérusalem. Soirée d’adieux au P. Séjourné, qui regagne la France.
8 avril. Jérusalem. Voyage de printemps, auquel M.-J. L. avait invité Minocchi.
18-27 mai. Viterbe. Le chapitre général recommande, en matière d’interprétation de la Bible, de suivre les directives du Saint-Siège et de s’inspirer de la Lettre du P. Cormier à un étudiant en Écriture sainte.
27 mai. Rome. « Le secrétaire d’État notifie au P. Cormier l’interdiction de publier la Genèse du P. Lagrange.
1er juillet. Rome. Au sujet de Fribourg, mais aussi de Jérusalem, Cormier à Desqueyroux : « Le Saint-Père m’a dit de procéder avec égards, mais tout en travaillant à mettre les choses dans le vrai. »
3 juillet. Rome : Décret Lamentabili.
12 août. Jérusalem : M.-J. L. élu prieur (le 22 juillet) accepte sa charge. Jaussen devient régent des études.
28 août. Rome. Le P. Réginald Walsh, de la province d’Irlande, sous-prieur et maître des novices au couvent romain de Saint-Clément, professeur à l’Angelicum, part pour Jérusalem effectuer la visite canonique de Saint-Étienne.
8 septembre. Rome. Encyclique Pascendi.
Octobre : « Le décret Lamentabili sane exitu et la critique historique », RB 26 (1907) 342-354.
Octobre. Jérusalem. Visite canonique de Saint-Étienne (conclusions : 15 décembre 1907).
6 octobre. Liège. Delattre publie Le critérium à l’usage de la nouvelle exégèse. Réponse au R. P. M.-J. Lagrange, Liège, Dessain, 1907 (« réplique fortement conseillée au P. Delattre par le Saint-Père lui-même », écrit un responsable jésuite de Belgique le 12 octobre 1907).
26 décembre. Rome. Cormier à Lagrange : « J’ai répondu à Mgr Baudrillart qu’il vous serait difficile, à vous, de donner les conférences demandées, mais que le P. Dhorme pourrait le faire. »

 

1908 : 23 janvier. Florence. Salvatore Minocchi frappé de suspense a divinis pour avoir prononcé une conférence sur la Genèse s’inspirant du P. Lagrange.
8 février. Rome. Cormier à Boulanger : « Au fond ils [les modernistes] nous exploitent. C’est ce que me disait dernièrement le Saint-Père pour une mauvaise affaire, où un prêtre se réfugiait derrière le P. Lagrange. »
15 février : La Riscossa rend M.-J. L. responsable de la défection de Minocchi.
23 février. Rome. Audience accordée « ces jours derniers » par Pie X à l’évêque de Grenoble, à qui le pape déclare : « P. Lagrange… aliquando claudicat ».
7 mars. Rome : Loisy excommunié vitandus.
22 mars. Rome. Le nom de M.-J. L., proposé pour une commission de savants catholiques, provoque une moue significative du cardinal Rampolla.
Juillet-Août : A. Delattre publie une nouvelle réplique : « Une lumière sous le boisseau », dans Revue apologétique, juillet-août 1908.
24 octobre. Jérusalem. Dans une lettre à l’éditeur Lecoffre, M.-J. L. envisage une nouvelle collection d’« Études palestiniennes et orientales ».
6 novembre. Jérusalem. « Du caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse. Votum du P. Lagrange, consulteur de la Commission biblique (discuté par la Commission le 20.12.1908 et le 7.3.1909 : F. Turvasi, Genocchi, p. 266-267, p. 270).

 

1909 : 15 février. La fondation des Acta Apostolicae Sedis fait que la Revue biblique cesse de servir à la promulgation des actes de la Commission biblique.
26 mars. Jérusalem. « C’est plus fort que moi ! J’ai beau ne faire que tourner autour de la Bible, je m’en préoccupe toujours, et je m’imagine que c’est mon devoir sacré, quand bien même mon repos aurait un peu à en souffrir » (à Hyvernat).
5 mai. Jérusalem : Circulaire de M.-J. L., prieur, afin de solliciter une subvention de la part des souscripteurs. Publiée dans RB de juillet.
7 mai. Rome : Lettres apostoliques Vinea electa érigeant l’Institut biblique pontifical à Rome.
1er juin : Départ de Jérusalem avec le P. Vincent pour la France.
15 juin-1er juillet : À Paris avec le P. Vincent.
21 juin. Rome. Pie X à Cormier en audience, au sujet du P. Lagrange : « Maintenant il n’y a rien, mais c’est le passé. Il ne s’applique pas assez à la théologie. »
30 juin. Rome. Décret de la Commission biblique touchant le caractère historique de Genèse 1-3.
14-16 juillet : M.-J. L. en visite à Londres avec le P. Vincent et le P. Dhorme.
17 juillet : Revenu à Paris, d’où il va à Saint-Brieuc, chez son frère, puis en Belgique (après le 27 juillet).
Août : Séjour à Roybon (Isère).
19 août. Marseille. Départ pour Jérusalem.
Octobre. Jérusalem : M.-J. L. essaie d’obtenir que l’École biblique soit reconnue d’utilité publique (à ce sujet A. Leroy-Beaulieu a consulté un membre du conseil d’État).

 

1910 : 20 mars. Jérusalem. « Je viens de terminer mon commentaire sur S. Marc ; je n’ai plus à faire que l’introduction. J’ai beaucoup travaillé pendant deux ans, et c’est ce que j’ai fait de plus sérieux. Mais je doute fort qu’il passe » (à X. Faucher).
Avril : La Revue biblique publie la cinquième et dernière liste de souscripteurs.
Juin. Rome. La thèse de Bonsirven sur le judaïsme refusée par la Commission biblique (Bonsirven à Lagrange, 14 juin 1910).
29 juin. Rome. Serment « biblique » prescrit par le motu proprio Illibatae.
14 août. Jérusalem. M.-J. L. réélu (plus exactement postulé) prieur.
1er septembre. Rome. Le motu proprio Sacrorum antistitum prescrit le serment antimoderniste, règlemente les lectures dans les séminaires (ni journaux, ni revues).
6-9 septembre. Rome. Chapitre général, qui recommande la vigilance concernant le modernisme (n° 87). Le chapitre, tout en conseillant, pour les études complémentaires, l’Angelicum à Rome, reconnaît cependant que les provinciaux peuvent envoyer des étudiants dans les collèges de l’ordre à Louvain, à Jérusalem, à Fribourg (n° 89).
6 novembre. Jérusalem : Les dominicains de Saint-Étienne, M.-J. L. en tête, signent le serment antimoderniste. Rien ne permet de douter que l’adhésion ne soit sincère.

 

1911 : Février-mars. Jérusalem : Visite du marquis Melchior de Vogüé.
1er mars : Projet de fondation dominicaine en Égypte (à Héliopolis).
3 mars : Évangile selon saint Marc sort des presses ; arrive à Jérusalem le 16 mars.
5-11 mars : M.-J. L. au Caire.
16 mars. Jérusalem. Visite des 120 officiers de l’escadre de la Méditerranée. Discours du P. Lagrange à l’issue de la messe à Sainte-Anne, le 18 mars.
16 avril, Pâques. Jérusalem. Le P. Lebreton hébergé à Sainte-Anne par les Pères Blancs.
18 avril : M.-J. L. s’embarque pour la France.
1er mai. Rome. Le P. Cormier édicte la visite par correspondance du couvent de Saint-Étienne. Sa lettre est lue publiquement à Jérusalem le 9 mai.
9-14 juin : M.-J. L. à Paris. De là, il se rend à Fribourg (pour rencontrer le P. Cormier), puis à Bourg-en-Bresse, à la fin de juin. Il donne une conférence à Besançon sur les fouilles.
16 juillet. Marseille. Départ pour Jérusalem.
3 août : M.-J. L. est fait docteur honoris causa par la faculté de théologie de l’université de Breslau (Analecta Sacri Ordinis Praedicatorum, t. X, 1911-1912, p. 158, publie le texte). Il refuse cet honneur le 18 octobre.
14 septembre : Le P. Fonck, S. J., recteur de l’Institut biblique, au cours de son voyage en Palestine, se répand en propos hostiles au P. Lagrange. Il lui rend visite. Il reconnaît avoir fait adjuger à l’Institut biblique de Rome une somme de 100 000 couronnes autrichiennes destinée à envoyer, un an sur deux, un étudiant ecclésiastique autrichien à l’École biblique de Jérusalem.
27 septembre. Jérusalem. Rapport du consul de France sur la fondation projetée par les jésuites de l’Institut biblique à Jérusalem.

 

1912 : 14 janvier. Jérusalem. M.-J. L. a commencé son S. Luc, chapitre 1er.
16 mars. Rome. Le cardinal De Lai demande au cardinal Mercier d’exclure Lagrange et Zapletal de la semaine d’ethnologie religieuse de Louvain.
29 juin. Rome. Décret de la Consistoriale désavouant le P. Lagrange. Connu à Jérusalem le 5 août. Expérience spirituelle de M.-J. L. à Aïn Karim, racontée dans les Souvenirs personnels, p. 203.
6 juillet. Jérusalem. M.-J. L. propose au P. Cormier sa démission de prieur. Acceptée par celui-ci le 12 juillet : notification reçue à Jérusalem le 26 juillet.
15 juillet. Rome. Décret du 29 juin communiqué au P. Cormier par la congrégation des Religieux.
27 juillet. Rome. Le P. Cormier fait expédier à M.-J. L. le décret du 29 juin.
5 août. Jérusalem. Arrivée du décret du 29 juin.
6 août. Jérusalem. Réponse de M.-J. L. au P. Cormier. Il demande un congé d’un an.
11 août. Jérusalem. Le P. A. Gardeil élu prieur de Saint-Étienne. Quoique confirmé le 20 août, il refuse le 26 août.
15 août. Rome. Le P. Cormier montre à Pie X la réponse qu’il a reçue de M.-J. L.
16 août. Rome. Le décret du 29 juin est publié dans les Acta Apostolicae Sedis.
17 août. Jérusalem. Lettre de M.-J. L. au pape (que Pie X, le 4 septembre, conseille au P. Cormier de publier ; elle paraîtra dans la Croix du 18 septembre).
1er septembre. Rome. Ordre que le P. Cormier donne par télégramme : M.-J. L. doit quitter Jérusalem.
3 septembre : Départ pour la France.
7 septembre. Paris. Un article de Maurice Pernot, « L’École biblique de Jérusalem et l’influence française en Orient, dans le Journal des Débats, déclenche une campagne de presse qui durera jusqu’à la fin de l’année. L’ambassadeur de France à Constantinople approuve sans réserve le point de vue de Pernot. Il communique l’article au consulat de Jérusalem.
12-22 septembre : M.-J. L. à Roybon, chez son beau-frère Rambaud.
22 septembre. Jérusalem. R. Créchet élu prieur ; confirmé le 1er octobre.
28 septembre : M.-J. L. arrive à Paris. Il s’installe à Sèvres, le 1er octobre, chez le P. Xavier Faucher.
1er novembre : À Paris, chez le P. Séjourné.
1er décembre : Il prêche l’avent à Saint-Séverin ; premier sermon, sur le pape.
14 décembre : Attendus du décret du 29 juin publiés dans l’Unità cattolica.

 

1913 : Le 14 janvier : Le neveu de M.-J. L., lieutenant Albert Rambaud, tué au Maroc.
Fin janvier : M.-J. L. à Bourg-en-Bresse ; il rentrera à Paris vers le 10 février.
20 mars, jeudi saint. Jérusalem. Arrivée du P. Fonck, pour créer à Jérusalem une succursale de l’Institut biblique de Rome.
28 mars. Jérusalem. Le P. Fonck rend visite au P. Créchet, prieur de Saint-Étienne.
11 avril. Bordeaux. Le cardinal Andrieu condamne le Bulletin de la semaine à cause de sa position sur l’affaire Lagrange.
Mai : M.-J. L. de passage à Marseille.
11 mai : Il espère repartir pour Jérusalem en juillet.
5 juin. Rome. M.-J. L. « est autorisé à rentrer à Jérusalem : il doit reprendre le cours d’exégèse : on loue son intention d’étudier les épîtres de S. Paul (AGOP IV, 296, p. 450).
12 juin. Paris. M.-J. L. avertit E. Tisserant de son prochain retour à Jérusalem : il reste à Paris jusqu’au 20 juin, il partira le 4 juillet de Marseille. « Le P. général ne me dit pas d’aller à Rome. »
Entre le 17 et le 28 juin : M.-J. L. convoqué à Rome, reçu par Pie X.
21 juin. Paris. Prix Lefèvre-Deumier accordé à M.-J. L. par l’Académie des sciences morales et politiques.
3 juillet : M.-J. L. accueille le cercueil de son neveu Albert Rambaud à Marseille.
4 juillet : Funérailles d’Albert Rambaud à Roybon.
5 juillet : M.-J. L. s’embarque à Marseille.
12 juillet : De retour à Jérusalem.
10 octobre. Jérusalem. Le P. Fonck arrive, accompagné d’une dizaine d’étudiants.

 

1914 : Le 8 mars. Jérusalem. M.-J. L. espère terminer le Commentaire aux Romains vers le mois d’octobre.
12 mai. Jérusalem. Il rentre d’un voyage à Chypre.
30 mai. Jérusalem. Conclusion de la visite canonique effectuée par le P. Gabriel Horn. Les Pères de Saint-Étienne auraient souhaité une forme d’hommage à M.-J. L., qui n’a aucune charge, ni dans le couvent ni dans le collège. M.-J. L. remercie qu’on l’ait laissé ainsi, libre de travailler. Il se déclare prêt à renoncer à la direction de la RB si le maître de l’ordre le désire.
4 août. Jérusalem. Départ des mobilisables : Vincent, Abel, Petitot, Dhorme, Carrière.
8 août. Jérusalem. Départ de Savignac.
20 août. Rome. Mort de Pie X (pape depuis le 4 août 1903).
3 septembre. Rome. Élection de Benoît XV.
10 octobre : Le manuscrit du Commentaire aux Romains arrive à Rome. L’avant-propos, dans l’imprimé, porte la date du 15 octobre, fête de sainte Thérèse.
14 décembre. Jérusalem. Lettre d’adieux de M.-J. L. au P. Vincent. Testament spirituel. Même jour : Arrestation et expulsion des dominicains français.
15 décembre : Les prisonniers sont emmenés à Naplouse, puis à Damas ; de là, après deux jours d’attente, ils sont transférés à Beyrouth. De Beyrouth au Pirée, ils font la traversée sur un bateau italien.

 

1915 : 5 janvier : M.-J. L. arrive à Rome avec trois autres dominicains de Jérusalem (Créchet, Génier, Synave) et le frère Martin Grillet.
8 janvier. Rome. M.-J. L. reçu en audience par Benoît XV.
Mi-janvier : M.-J. L. s’installe à Paris chez le P. Séjourné. Il prêche le carême à Saint-Philippe-du-Roule (1er dimanche, 21 février – Pâques, 4 avril).
9 mars. Paris. Un de ses auditeurs du jeudi lui demande une bibliographie sur les évangiles.
Juillet : Voyage à Fribourg.
Septembre : Il prêche une retraite à Toulouse, une autre à Sorèze. Il fait sa retraite à Prouilhe.
1er-10 novembre : Il prêche à Grenoble.
Avent. Paris. Il prêche à Saint-Honoré-d’Eylau.

 

1916 : Carême. Paris : Il prêche à Saint-Philippe-du-Roule. « Ce sont des leçons sur l’Évangile. Cela vide l’église, mais quelques personnes aiment beaucoup cela. Je m’accorde un succès d’estime » (à Hyvernat, 10.4.1916).
Juillet : Lagrange à Lausanne. On lui conseille de se faire opérer.
3 août. Fribourg (Suisse) : Le chapitre général élit le P. Louis Theissling maître de l’ordre.
18 août. Roybon. M.-J. L. fait son obédience, par lettre, au nouveau maître de l’ordre.
7 septembre. Roybon : Il soumet au P. Theissling la décision (à prendre par le maître de l’ordre) concernant l’opération chirurgicale. Il a pris, en effet, l’engagement de prêcher les dimanches de Neuilly.
11 octobre. Lyon. Il est opéré à la clinique Saint-Charles. Deux mois plus tard, il n’est pas encore sorti de la clinique.

 

1917 : 15 janvier. Lyon. Sorti enfin de clinique, il séjourne chez sa cousine Mme Frachon. Il a encore besoin de soins, et le P. Vincent, infirmier militaire, lui fait les pansements. Il s’occupe de l’épître aux Galates.
2 mars. Lyon. Toujours chez Mme Frachon, encore des problèmes de santé à la suite de l’opération.
1er juillet : Article « Les Français et les Allemands en Palestine. Souvenirs », dans la Revue pratique d’apologétique 24 (1917) 385-404.
Décembre-Janvier. Paris. Conférences à l’Institut catholique : Le sens du christianisme d’après l’exégèse allemande. D’abord prévues du 11 avril au 20 juin 1918, mais avancées « afin de pouvoir aller à Jérusalem, si je suis enfin remis » (à B. Allo, 9 déc.).
16 décembre. Paris. Te Deumchangé à Notre-Dame pour la libération de Jérusalem par les Anglais.

 

1918 : Février. Jérusalem. Jaussen et Savignac sont déjà rentrés à Saint-Étienne.
16 juillet. Roybon. « Je viens encore de passer sur le billard, comme disent les troupiers. »
7 septembre. Roybon : Il est encore au repos.
9 septembre : Il part pour Rome. Benoît XV lui accorde une audience.
4 octobre. Rome. Audience du cardinal Van Rossum, président de la Commission biblique (F. Turvasi, Genocchi, p. 363).
5 octobre. Rome. M.-J. L. rédige, à destination du P. Theissling, un « dossier du couvent de Saint-Étienne de Jérusalem ». Abel est rentré à Jérusalem.
6 novembre : M.-J. L. quitte Rome. Il s’embarque, le 7 novembre, à Tarente, avec sir Mark Sykes, sur un torpilleur anglais.
11 novembre : Il arrive à Port-Saïd.
12 novembre : Il arrive à Jérusalem (avec le lieutenant E. Tisserant), après 47 mois d’absence.
8 décembre. Jérusalem : Te Deum à Sainte-Anne. Discours du P. Lagrange.

 

1919 : 26 janvier. Jérusalem : M.-J. L. en est au chapitre X du S. Luc.
26 avril. Jérusalem. Le retour des Pères permet de procéder à une élection priorale : Dhorme élu.
19 juin. Jérusalem. M.-J. L. a rédigé un mémoire (non retrouvé) afin que l’École biblique soit reconnue d’utilité publique, ou rattachée à l’Institut de France, mémoire remis à la mission française de Syrie.
29 juin. Rome : Lettre de Benoît XV concernant la fondation à Jérusalem d’une succursale de l’Institut biblique de Rome.
29 septembre. Jérusalem : M.-J. L. a fini S. Luc.
11 décembre. Paris. À la direction de l’enseignement supérieur, projet d’union entre la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis en vue des travaux scientifiques relatifs à la Palestine.
26 décembre. Paris. Rapport d’Haussoulier à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, envisage la création à Jérusalem d’une École française d’archéologie distincte de l’École biblique.
26 décembre. Jérusalem. Le cardinal Dubois, chargé d’une mission diplomatique et religieuse en Syrie et Palestine, célèbre la fête de saint Étienne chez les dominicains.

1919-1920 : Seul élève de l’École biblique, Joseph Chaine (« Journée et menus propos du Père Lagrange », dans Mémorial Lagrange, Paris, 1940, p. 355-360).

 

1920 : 7 janvier. Jérusalem. Conférence de M.-J. L. sur Sion et le Golgotha, en présence du cardinal Dubois.
20 février. Jérusalem. Lettre de l’École biblique au Haut-Commissariat de France à Beyrouth sur le projet de fondation d’une autre école française.
21 avril. Rome. Décret du Saint-Office contre l’article de J. Touzard « Moïse et Josué » dans le DAFC. Met fin à la carrière scientifique de Touzard.
28 avril. Jérusalem. M.-J. L. a déjà commencé son S. Matthieu.
Mai. Rome : Le Manuel biblique de Brassac dénoncé au Saint-Office par des évêques français.
24-29 mai : Le chapitre général de Corias, afin de promouvoir les études bibliques dans l’ordre, recommande au maître de l’ordre d’inciter les prieurs provinciaux à envoyer des étudiants à Saint-Étienne de Jérusalem.
14 août. Jérusalem. M.-J. L. demande « que le gouvernement de la République, ou l’Académie des inscriptions et belles-lettres si elle en a le mandat, ratifie les avances qui nous sont faites par le consortium américain, c’est-à-dire déclarer plus ou moins officiellement que nous avons son agrément pour représenter la France comme institution archéologique à Jérusalem ».
15 septembre. Rome. Encyclique Spiritus Paraclitus.
15 octobre. Paris. Accord de l’Académie des inscriptions et belles-lettres avec l’École biblique de Jérusalem, qui devient École française d’archéologie.
3 novembre : L’École américaine, l’École anglaise et l’École française de Jérusalem se groupent pour former un institut tricéphale d’archéologie palestinienne.
9 novembre. Rome. Publication suspendue du livre d’Alberto Colunga, O.P., Introductio theologico-historica in sacram scripturam universam.
9 novembre. Jérusalem. « On nous reconnaît comme École archéologique française et les Anglais nous traitent avec les Américains sur le pied d’un consortium. C’est un très beau succès, mais je suis trop homme d’Église par tout mon fond pour ne pas souhaiter encore plus de bienveillance du Saint-Siège » (à B. Allo).
31 décembre. Jérusalem. « Tout le monde se jette sur l’à-côté pour ne pas s’exposer. J’ai été tenté de le faire, mais c’est trop tard » (à E. Tisserant).

 

1921. 23 février. Jérusalem. Adieux du détachement français à Saint-Étienne (photographie publiée dans L’Illustration de mars 1921). Les militaires reviennent le 26 offrir un crucifix au P. Lagrange.
Juin : M.-J. L. se trouve en France pour raison de santé. Le 11, il bénit le mariage d’une nièce.
26 juin-5 juillet. Paris. Il séjourne au 34 rue du Bac.
10 juillet. Rome : « Devant ceux qui pourraient suspecter ou redouter son enseignement [celui de l’École biblique], je déclare que j’en prends une entière responsabilité. La loyauté et l’orthodoxie du R. P. Lagrange en font actuellement pour moi aucun doute » (Theissling au provincial de Toulouse).
Juillet : M.-J. L. se repose à Roybon.
3 septembre. Bourg-en-Bresse. Visite dans sa famille.
7 septembre. Marseille. Il s’embarque pour Jérusalem, où il est de retour le 14.
Le 20 septembre. Paris. Décret accordant la Légion d’honneur à M.-J. L. (Journal Officiel du 22 septembre).

 

1922 : 22 janvier. Rome. Mort de Benoît XV. Pie XI élu le 6 février.
30 janvier. Jérusalem. Remise de la Légion d’honneur à Lagrange et à Carrière.
4 avril. Jérusalem. Le Maître de l’ordre Louis Theissling vient effectuer la visite canonique de Saint-Étienne. Visites et cérémonies.
10 avril : Ouverture de la visite canonique.
11 avril : Rapport écrit de M.-J. L. au maître de l’ordre touchant les difficultés qu’a eu à subir l’École biblique.
15 avril : Conclusion de la visite. Le P. Theissling quitte Jérusalem le 19 avril.
24 mai. Jérusalem. M.-J. L. part pour Le Caire, où il reste jusqu’au 3 juin.
13 juin. Jérusalem. Dhorme réélu prieur.
23 juin. Rome. « Rapport confidentiel adressé à S. S. Pie XI par le P. Louis Theissling, maître général des dominicains, sur la visite du couvent Saint-Étienne à Jérusalem.
28 juin. Rome. Audience accordée par Pie XI au P. Theissling au sujet de l’École biblique.
30 juin. Rome. Conclusions de la visite canonique adressées à Jérusalem.
14 juillet. Jérusalem. M.-J. L. a une alerte de santé, à la fin de la messe.
20 juillet. Rome. Theissling à M.-J. L. « J’ai présenté à Sa Sainteté vos commentaires, et je puis ajouter que le Saint-Père m’en a témoigné sa gratitude et m’a exprimé son admiration pour vos travaux. »
Août. Jérusalem : M.-J. L. se met au S. Jean.
13 octobre. Paris. Rapport d’Edmond Pottier à l’Académie des inscriptions et belles-lettres sur la fondation de l’École française de Jérusalem et sur ses travaux.
29 octobre. Jérusalem. M.-J. L. demande, à cause de sa santé défaillante, d’être relevé de la direction de l’École et de la RB.
18 novembre. Rome. Le P. Theissling accepte de faire droit aux instances de M.-J. L., mais lui demande de rester à Jérusalem.
28 novembre. Jérusalem. M.-J. L. propose le nom de Dhorme pour lui succéder.
11 décembre. Rome. Le P. Theissling demande à Dhorme et remercie M.-J. L. de lui avoir conseillé le nom de celui-ci.

 

1923 : 2 février. Rome. Le P. Theissling nomme Dhorme directeur de l’École et de la Revue.
11 février. Jérusalem. Pour faciliter la succession, M.-J. L. propose de se retirer.
16 février. Jérusalem. M.-J. L. au secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ; il demande à être relevé de sa fonction et remplacé par Dhorme.
Fin février : S. Matthieu sort des presses.
Du 31 mai au 7 juin : E. Tisserant à Saint-Étienne de Jérusalem.
16 juin. Rome. Lettre du cardinal Gasparri répondant à l’hommage du S. Matthieu (publiée dans Analecta Sacri Ordinis Praedicatorum, t. XVI, 1923-1924, p. 194).
22 juin. Jérusalem. M.-J. L. confirme ses dispositions ultimes rédigées le 14.12.1914.
1er juillet : Départ pour la France.
14 juillet. Saint-Maximin. Le provincial de Toulouse, Bonhomme, fait état d’une conversation qu’il vient d’avoir avec M.-J. L. afin que celui-ci reste à Saint-Maximin, où sa présence est souhaitée par le prieur du couvent comme par le maître des novices.
19 juillet. Roybon. M.-J. L. adresse une lettre de remerciement au Saint-Père.
22 juillet. Rome. Le P. Caterini, procureur général, vicaire du maître de l’ordre, accepte de donner M.-J. L. à Saint-Maximin.
26 août. Jérusalem. Dhorme demande au maître de l’ordre que M.-J. L. reste à Jérusalem.
Septembre : Le provincial de Toulouse apprend la décision du P. Theissling : M.-J. L. doit retourner à Jérusalem.
18 octobre. Jérusalem. Retour de M.-J. L.
12 décembre. Rome : Le Manuel biblique ou Cours d’Écriture sainte de Louis Bacuez et Fulcran Vigouroux, refondu par Auguste Brassac, en usage dans tous les séminaires tenus par les sulpiciens, est mis à l’Index.
17 décembre. Paris. Condamnation de Brassac annoncée par les Débats et par la Croix du 18.
20 décembre : Émotion de Condamin, de Batiffol.
26 décembre : La nouvelle parvient à Jérusalem.
31 décembre. Rome. Publication du décret du 12 décembre dans AAS 19 (1923) 615. Suit, p. 616-619, la lettre du cardinal Merry del Val au supérieur de Saint-Sulpice, datée du 22 décembre.

 

1924 : Janvier. Les publications de l’École biblique sont indirectement visées par la condamnation de Brassac.
21 janvier. Rome. « Note sur les ouvrages publiés par le P. Lagrange », rédigée par le P. J. Vosté, O.P., sans doute à la demande du P. Theissling.
23 janvier. Rome : Theissling à Dhorme : des menaces pèsent sur l’École biblique.
24 janvier : Le bruit court de la prochaine mise à l’Index de la Méthode historique, ou même de la collection des « Études bibliques », à l’exception de l’archéologie et de la géographie.
13 février. Rome. Theissling à Dhorme : « La menace dirigée contre le P. Lagrange, et qui n’était que trop réelle, peut être considérée maintenant comme dissipée. »
12 mars. Rome. Le Saint-Office notifie la soumission des sulpiciens A. Brassac et J. Ducher.
5 mai. Rome : Instructions du Saint-Office pour contrôler strictement l’étude et l’enseignement de la Bible.
7 juin. Rome. Article du P. Vaccari, S. J., dans la Civiltà cattolica. Brassac a été condamné parce qu’il suivait les principes de l’école large (c’est-à-dire ceux enseignés par le P. Lagrange dans la Méthode historique).
27 juin, fête du Sacré-Cœur. Jérusalem. Avant-propos du S. Jean.
29 octobre. Jérusalem. Arrivée de l’abbé Bruno de Solages (qui restera jusqu’au 30 juin suivant).
10 décembre : Pauline Lagrange, sœur aînée de M.-J. L., épouse de Vincent Rambaud, est mourante.
12 décembre. Jérusalem. Après une syncope et une crise d’angoisse, M.-J. L. rédige son testament. Le 13, il part pour la France.
19 décembre. Marseille. En arrivant, il apprend que Pauline est décédée le 16.
20 décembre : Il demande au maître de l’ordre s’il doit passer par Rome à son retour. Réponse : oui.

 

1925 : Janvier. Voyage à Rome. Crise cardiaque. Audience accordée par Pie XI.
10 janvier. Nice. M.-J. L. à la villa « Malgré tout », chez Mme Galichon-Sargenton.
21 janvier. Paris. Le président du conseil Édouard Herriot, dans un débat à la Chambre, demande la suppression de l’ambassade de France auprès du Vatican.
28 janvier. Jérusalem. M.-J. L. de retour. Le lendemain, syncope. Repos forcé.
2 mai. Rome. Mort du maître de l’ordre Louis Theissling.
Août. Jérusalem : Le P. Savignac élu prieur.
18 octobre. Jérusalem. Première pierre du Biblicum. Le prieur Savignac y assiste seul, à cause de la retraite conventuelle à Saint-Étienne. Compte rendu publié dans la Croix du 5 novembre.
26 novembre. Rome. J.-B. Frey, spiritain, nommé secrétaire de la Commission biblique et E. Ruffini, consulteur.

 

1926 : 29 janvier. Jérusalem. À l’issue de la messe, M.-J. L. a une crise cardiaque. Il va se reposer à la Trappe de Latroun. « Je suis au repos absolu », écrit-il le 4 février.
7 février : Il est de retour à Saint-Étienne.
3 mars : De nouveau à Latroun jusqu’au 7 mars.
31 mars. Jérusalem. E. Tisserant à Saint-Étienne jusqu’au 5 avril.
Mars-avril : M.-J. L. rédige ses Souvenirs personnels (publiés 41 ans plus tard).
20 avril. Jérusalem. Il envoie un article sur Aristote à la Revue thomiste.
22 mai : Le chapitre général élit Bonaventure Garcia Paredes, maître de l’ordre.
Mai : M.-J. L. se repose en France. Il passe la majeure partie du mois de juin à Saint-Maximin, où, le 8 juillet, les lecteurs demandent que Pègues, régent, soit remplacé par Lagrange. Refus catégorique du provincial Tapie.
Août : M.-J. L. à Roybon.
Début septembre : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, chez sa cousine Falsan.
Mi-septembre : À Montpellier, où du 20 au 30 septembre, il prêche la retraite aux sœurs de Sainte-Marie-des-Tourelles. La nuit du 29 au 30, crise et hospitalisation.
1er novembre : Une nouvelle crise à Marseille rend impossible l’embarquement prévu le 3 novembre. Le 6 novembre, il est hospitalisé à l’hôpital Saint-Joseph.
Mi-novembre. Marseille. Sur son lit d’hôpital, il décide d’écrire L’Évangile de J.-C.
24 décembre. Marseille. Il est encore à l’hôpital, d’où il espère sortir dans une quinzaine de jours.

 

1927 : Janvier. Convalescence à Hyères.
Février-avril : M.-J. L. à Saint-Maximin, où il prépare la 3édition du S. Jean.
28-29 avril : À Marseille, pour embarquer vers Jérusalem, « dernière étape de ma vie de Bédouin nomade », « ma dernière étape en ce monde ».
4 mai : De retour à Jérusalem, après onze mois et demi d’absence.
28-29 juin : M.-J. L. docteur honoris causa de la faculté de théologie de Louvain (pour le 5centenaire de l’université), en même temps que Batiffol, Mercati, Schmidt,
Juillet : Le doctorat de M.-J. L. dénoncé à Rome.
22 juillet. Jérusalem. M.-J. L. commence à rédiger L’Évangile de J.-C.
7 septembre : Le P. Pègues écarté de Saint-Maximin par décision de Pie XI.
Décembre. Jérusalem : Retour des troubles cardiaques de M.-J. L. Repos forcé.

 

1928 : Mi-février. Manuscrit de L’Évangile de J.-Cterminé et envoyé à Rome pour examen.
Mars : « Confidences » sur les années de séminaire à Autun, dans la revue des anciens élèves Hier et aujourd’hui.
24 avril : M.-J. L. va se soigner à l’hôpital de Jaffa (jaunisse).
4 mai : Il revient à Jérusalem, un peu remis.
Mai : La Vie spirituelle (fondée par le P. Bernadot à Saint-Maximin) rattachée à la province de Paris, où Bernadot et Lajeunie vont pour fonder la Vie intellectuelle.
23 juin. Rome. L’Évangile de J.-C. est en cours d’examen. Des plaintes sont parvenues au Saint-Office contre M.-J. L. pour sa préface au livre du P. Mac Nabb.
12 août : L’Évangile de J.-Cdédié à Léon XIII (« Je ne suis guère à la page, avec mon attachement pour Léon XIII, mais la reconnaissance n’est pas interdite aux religieux » à E. Tisserant, 2.12.1928).
6 décembre. Paris. P. Batiffol, présentant L’Évangile de J.-Cdans la Croixévoque ses souvenirs communs du temps du séminaire d’Issy.

 

1929 : Mi-janvier. Jérusalem : M.-J. L. apprend le décès de son ami Batiffol († 13.1.1929) ; choc très rude ; recrudescence des crises cardiaques.
20 mars : Il s’embarque pour la France. Il doit réorganiser les études d’Écriture sainte au studium de Saint-Maximin, où il reste d’avril à juin et où il donne des cours d’introduction historique au Nouveau Testament.
12 avril. Saint-Maximin. Visite d’E. Tisserant, de Mme Sargenton, du chanoine Tellier de Poncheville ; du P. Vincent, le 13.
8 juin : M.-J. L. délégué par le provincial Bonhomme pour représenter l’ordre au VIIcentenaire de l’université de Toulouse.
Après le 10 juillet. Roybon. M.-J. L. met en chantier son manuel de critique textuelle du Nouveau Testament.
29 juillet : De Roybon, le prieur de Saint-Étienne, Savignac, demande au vicaire de l’ordre que M.-J. L. retourne à Jérusalem, tandis que, de Marseille, le provincial de Toulouse, Bonhomme, lui, réclame que M.-J. L. soit assigné à Saint-Maximin. M.-J. L. demeure à la disposition du vicaire de l’ordre pour lui obéir.
5 août. Rome. Décision prise par le vicaire de l’ordre, M.-J. L. doit rester à Jérusalem.
19 août. Culoz. M.-J. L. chez son cousin Albert Férier. Puis à Roybon, où, le dimanche matin 1er septembre, il a une crise cardiaque.
10 septembre. Marseille : Pour s’embarquer le 12.
17 septembre. Jérusalem : Il est de retour.
22 septembre : Le provincial de Paris, Martin Gillet, élu maître de l’ordre (charge vacante depuis la démission forcée de Paredes le 30 mars 1929).
7 novembre. Jérusalem : Crise cardiaque de M.-J. L.
9-13 novembre : Au repos à Jaffa.

 

1930 : 9 janvier. Nouvelle crise cardiaque, à la suite de laquelle M.-J. L. est envoyé au vicariat du Caire.
1ermars : Il est de retour à Jérusalem.
25 mars. Rome. Lettre du cardinal Pacelli, secrétaire d’État, remerciant M.-J. L. au nom du pape pour L’Évangile de J.-C.
24 avril. Jérusalem. M.-J. L. remercie le maître de l’ordre pour la lettre du cardinal.
6 juillet. Rome : Augustin Bea, S. J., nommé président de l’Institut biblique à Rome.
29 juillet. Jérusalem. Entretien d’Albert Gélin avec M.-J. L. Le 31 juillet, ils sont ensemble à Bethléem.
7 septembre. Jérusalem. Crise cardiaque.
5-6 octobre. Jérusalem. Fête de famille pour le 50anniversaire de la profession de M.-J. L.
7 octobre : Malgré la retraite conventuelle, M.-J. L. va prendre quelques jours de repos à l’hôpital de Jaffa, jusqu’au 15 octobre.
8-15 octobre : À Jaffa, il rédige les « Notes sur ma vie » (publiées dans les Souvenirs personnels).

 

1931 : 20 janvier. Il part faire un séjour en Égypte, d’où il retournera le 19 février.
Février : Il reçoit la visite au Caire de Maurice Pernot (Débats, 13.3.1938).
27 février. Jérusalem. M.-J. L. accompagné de Vincent et de Carrière, visite le musée du Biblicum.
2 juillet : De Huissen (Hollande), le P. Gillet annonce au prieur de Saint-Étienne que Dhorme ne retournera pas à Jérusalem. Lettre reçue à Jérusalem le 9 juillet.
12 juillet. Jérusalem. M.-J. L. au P. Gillet au sujet du « départ » de Dhorme.
29 juillet et 6 août. Paris. Dhorme explique au P. Gillet ses raisons de quitter l’ordre.
16 août : M.-J. L. au repos à Abey (Liban).
Septembre : Lettres où s’exprime la détresse de M.-J. L. devant la défection de Dhorme.
13-21 octobre. Jérusalem. Visite du P. Lemonnyer, vicaire du P. Gillet, pour réorganiser l’École biblique.
3 novembre. Rome. M.-J. L. nommé régent, Savignac bachelier, Abel maître des étudiants.
13 novembre. Paris. L’Académie des inscriptions et belles-lettres nomme M.-J. L. directeur de l’École, à la place de Dhorme.
28 novembre. Jérusalem. B. Carrière élu prieur (sa confirmation arrive le 13 décembre).
10 décembre. Jérusalem. Arrivée du P. Festugière.
23 décembre : Enthousiasme pour M.-J. L. au séminaire de Fano. Le recteur, inquiet, consulte la congrégation des Séminaires.

 

1932 : 6 janvier. M.-J. L. se rend à Suez (voir le commandant C. Bourdon). Il est accueilli par le P. Athanase, O.F.M., curé de la paroisse latine de Port-Tewfiq. De là, il va se reposer au Caire.
23 janvier. Rome. Encyclique du P. Gillet sur les études. Le maître de l’ordre tente d’obtenir que l’École biblique de Jérusalem devienne la faculté d’études bibliques de l’Angelicum.
11 février. Jérusalem. M.-J. L. hospitalisé à l’hôpital français jusqu’au 27 février.
12 mai. Jérusalem : Le journal hébreu Haaretz annonce que Paul Dhorme a quitté l’ordre dominicain et l’Église catholique.
29 mai : M.-J. L. à Ismaïlia, en route pour la France.
5 juin – 12 juin : À Saint-Maximin, où il fait deux conférences.
15 juin : Au couvent de Montpellier durant plusieurs jours.
Fin juin : À Paris, le provincial Padé et le régent Chenu lui cèdent le P. Benoit et lui promettent le P. de Vaux en 1933. Reçu très cordialement par le cardinal Verdier, par le nonce Maglione (très satisfait du livre M. Loisy et le modernisme). Il rencontre aussi E. Tisserant.
Août : Chez François Ferrier à Culoz.
11 août : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.
Début septembre : À Roybon, d’où il part le 5.
7 septembre. Marseille : Il s’embarque pour Jérusalem, où il arrive le 15.
1er décembre. Jérusalem. Arrivée du P. Gillet, accompagné du P. Garde, pour la visite canonique, qui sera clôturée le 8. Le P. Gillet se fait remettre par M.-J. L. une copie dactylographiée de ses Souvenirs personnels.
12 décembre : Le P. Gillet et le P. Garde partent pour Beyrouth.

 

1933 : Janvier. Rome : Rapport du P. Gillet à Pie XI après la visite canonique de Saint-Étienne.
4 février : M.-J. L. part pour l’Égypte, où il reste jusqu’au 28 février.
16 février : Conférence de M.-J. L. à l’inauguration du Cercle thomiste du Caire.
9 avril. Jérusalem. Visite à Saint-Étienne du roi Albert de Belgique et de la reine Élisabeth.
11 avril : Épreuves de l’article « L’inspiration des livres saints à propos d’un ouvrage récent », dont la censure romaine n’autorisera pas la publication.
12 mai. Jérusalem. Le P. Vincent, directeur de la RB, proteste contre le refus que les censeurs de Rome ont opposé à l’article de M.-J. L.
27 mai. Rome. Le P. Raymond Louis explique au P. Vincent pourquoi l’article de M.-J. L. était inopportun.
5 juin. Jérusalem. M.-J. L. insiste pour obtenir le P. de Vaux à l’automne.
27 juillet. Jérusalem. M.-J. Lagrange reçoit la décoration de l’ordre de Léopold.
7 août : Il part pour Abey (Liban), où il va passer trois semaines chez les capucins.
4 novembre. Jérusalem. Arrivée du P. de Vaux.
15 décembre. Jérusalem. Réponse (négative) de M.-J. L. à Antoine Malvy, S. J., qui lui avait suggéré de se porter candidat au fauteuil de Bremond à l’Académie.
24 décembre. Jérusalem. Jubilé d’ordination (pour lequel M.-J. L. a reçu la bénédiction apostolique) fêté dans l’intimité.
25 décembre : Le P. Mallon, S. J., supérieur du Biblicum, envoie une lettre de félicitations.

 

1934 : Le 18 janvier. M.-J. L. va passer trois semaines en Égypte. La photographie « officielle » (reproduite dans la RB de 1938), exécutée par un photographe du Caire, date sans doute de ce moment-là.
15 mars. Jérusalem : Conférence de Massignon à Saint-Étienne sur le P. de Foucauld.
Été : M.-J. L. en France. 6 juillet à Saint-Maximin ; 19 juillet, 30 juillet, à Roybon ; 11 août, il rencontre le P. Gillet à Aix-les-Bains ; 20 août, à Saint-Cyr ; 21 août, il rencontre à Vienne l’abbé Venard ; 6 septembre, à Roybon.
11 septembre. Marseille. Entretien avec le P. Genevois sur le P. Cormier. Il s’embarque le 12 et sera de retour à Jérusalem le 18. Sur le bateau rencontre avec Bernard d’Orgeval.
30 septembre, fête de saint Jérôme. Jérusalem : Le P. Bea, S. J., (venu installer le P. Lobignac supérieur du Biblicum) invite M.-J. L. à déjeuner. « Notre conversation a été extrêmement courtoise » (à Gillet, 6.11.1934).
15 octobre. Jérusalem. M.-J. L. constitue un dossier d’archives de 122 pièces sur l’École et sur la question biblique.
19 décembre. Jérusalem. Le P. Vincent Hermel élu prieur de Saint-Étienne.

 

1935 : 26 janvier. Jérusalem. Arrivée du prieur Hermel. Arrivée de Jean Guitton (qui restera jusqu’au 15 mars).
29 janvier. Jérusalem. Si Saint-Étienne doit être rattaché à la province de Paris, M.-J. L. demande à être rendu à sa province de Toulouse.
6 mars. Jérusalem. Arrivée du « Cahier de la Nouvelle Journée », 28 : L’œuvre exégétique et historique du P. Lagrange.
7 mars. Jérusalem. Fête dans l’intimité des 80 ans de M.-J. L. jubilaire ; Thellier de Poncheville le harangue (Compte rendu dans l’Année dominicaine, avril 1935, p. 124-125). Photographie de la communauté.
Avril : M.-J. L. au Caire. Au retour, le P. Lavaud voyage avec lui du Caire à Jérusalem, où il vient fêter Pâques (21 avril).
14 mai. Jérusalem. M.-J. L. adresse à Rome, pour la cause de béatification, les lettres reçues du P. Cormier.
16 mai. Rome : Article de l’Osservatore romano pour le jubilé de M.-J. L., « nouveau fondateur de la science biblique ». Reproduit dans la Croix du 3 juillet.
27 juillet. Jérusalem. Pour raison de santé, M.-J. L. va devoir quitter Jérusalem.
4 août. Jérusalem. Dispositions relatives à ses papiers personnels. Le reste du mois d’août, malade, il se repose à Abey (Liban).
10 septembre. Jérusalem. Les médecins jugent nécessaire son départ en Europe.
21 septembre. Rome. Patente d’assignation de M.-J. L. à la province de Toulouse signée par le P. Gillet.
29 septembre. Rome. Le chapitre général fait l’éloge de l’École biblique (discours du P. Gillet, Acta p. 32 ; Actan° 89) et rend hommage à M.-J. L. jubilaire (Acta n° 22).
2 octobre. Jérusalem : lettre de remerciement de M.-J. L. au P. Gillet.
6 octobre, fête du Rosaire : M.-J. L. quitte Jérusalem, après des adieux discrets.
12 octobre : Il débarque à Marseille et arrive, le soir même, à Saint-Maximin.
6 décembre : Le provincial Vayssière désire que M.-J. L. soit accepté comme maître en théologie dans la province (et devienne de droit membre du conseil provincial et du chapitre provincial).

 

1936 : 12 janvier. Saint-Maximin. M.-J. L. s’apprête à aller déposer pour la cause du P. Cormier. Il attend la visite de Mgr Tisserant.
Février. Saint-Maximin : Il reçoit la visite de Joseph Chaine.
27 février : Il achève un séjour de convalescence à l’Institut héliothérapique de Cannes.
27 février : Il dépose à Marseille pour la cause du P. Cormier. « J’aurais été peiné de mourir sans lui avoir payé ma dette de reconnaissance. »
1er mars : À Montpellier (jusqu’au 25 mars), sollicité par les sœurs des Tourelles.
4 avril, veille des Rameaux. Saint-Maximin : Paul Claudel rencontre M.-J. L.
4 mai : Conférence à Aix-en-Provence sur la Vie de Jésus de Mauriac. Répétée à Lyon le 20 mai, à un groupe d’universitaires catholiques. (« Si j’avais su que [Mauriac] souffre d’un cancer ou de tuberculose à la gorge, avant de commencer cette campagne, probablement je ne l’aurais pas entreprise. Ce mal cruel explique assez son pessimisme ! » écrit-il le 1er juin.)
19 juin. Rome. Tisserant et Mercati nommés à la Commission biblique.
Juillet : M.-J. L. à la Sainte-Baume. Doit-il retourner à Jérusalem comme le P. Benoit le demande ?
21-30 juillet : Chapitre provincial à la Sainte-Baume, auquel participe M.-J. L., entendu particulièrement sur la question des études. Éloge que le chapitre fait de lui : Acta, Postulationes n° 1.
Août : M.-J. L. à Roybon.
Septembre : Retraite à Saint-Maximin.
22 septembre. Saint-Maximin. Il rédige ses dispositions ultimes.
6 octobre. Saint-Maximin : E. Tisserant est venu le visiter ; M.-J. L., malade, l’a reçu au lit.
Octobre : Supplique adressée au Vatican, sur initiative de Joseph Chaine et de Jean Guitton, « Remarques sur la situation faite aux savants catholiques de France en ce qui concerne les études bibliques ».
18 novembre. Saint-Maximin. Promenade de la communauté à La Rouvière. M.-J. L. lit un poème à l’adresse du prieur Thomas Lacrampe.
2 décembre. Montpellier : Conférence sur le retour à la Bible. Le 7 et le 14, conférences à la salle des œuvres sur l’Orphisme et le Christianisme. Instructions aux sœurs des Tourelles.
18 décembre. Toulouse. Conférence sur le retour de la Bible. Le lendemain, conférence aux séminaristes de l’Institut catholique sur le prologue de Jean.

 

1937 : Janvier. Les sœurs des Tourelles donnent à M.-J. L. une photographie de la Vierge d’Autun. « J’ai fait mes études au petit séminaire de cette ville ; c’est pourquoi je suis très dévot à cette image de Marie » (5 janvier). « Elle préside à ma table de travail » (22 février).
20 avril : Conférence à Aix sur la véracité des récits évangéliques.
Mai. Saint-Maximin : M.-J. L. rédige ses « Souvenirs de Salamanque », publiés dans La Vie dominicaine.
Juillet : À Roybon, où, le 5 août, il rédige son testament. Le 12, il notifie à Jean Gabalda les dispositions prises le 5 relativement à sa succession.
10-25 août : À Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, chez Mlle Falsan.
Du 25 août – 1er septembre : À Chadefaud, par Barrèges (Puy-de-Dôme), session chez Marcel Légaut. Le P. René d’Ouince, S. J., nouveau directeur des Études, se trouve parmi les auditeurs (Un prophète en procèsParis, 1970, t. I, p. 86-87). Gérard Soulages a aussi évoqué ses souvenirs (Fidélité et ouverture, mai 1992, p. 42-43).
4 septembre : M.-J. L. arrive à Montpellier, où il espère voir Guillaumont et Daumas. Il en repart le 7 septembre.
19 septembre. Saint-Maximin : Il rédige une « Note pour les droits d’auteur après ma mort » afin que ses droits reviennent à l’École biblique.
19 septembre : Il demande à Rome s’il peut se remettre à la Genèse.
Octobre : Il accepte de donner deux cours réguliers aux étudiants dominicains, un sur la Genèse, un sur le Nouveau Testament.
4 octobre. Rome. L’article sur « les Patriarches » (composé à l’imprimerie le 28 septembre) est interdit de publication.
21 octobre. Le P. Hugues Vincent vient passer deux semaines à Saint-Maximin, d’où il repart pour Jérusalem le 2 novembre.
20 décembre. Épreuves de l’article sur Dhorme, L’évolution religieuse d’Israël (cet article est daté du 21 novembre). Ne sera pas autorisé non plus par la censure de Rome.
31 décembre : Conférence à Toulon, à ses instituteurs.
Décembre : Joseph Chaine et Jean Guitton à Rome effectuent des démarches afin d’obtenir que la Genèse de M.-J. L. puisse paraître.

 

1938 : Le 2 janvier. Saint-Maximin. M.-J. L. reçoit J. Chaine et J. Guitton, à leur retour de Rome.
3 janvier : Il adresse un appel au P. Cordovani, maître du Sacré Palais.
12 janvier. Rome. L’interdiction de l’article sur Dhorme est maintenue.
16 janvier. Jérusalem : Le P. Vincent, mécontent des embarras créés par la censure romaine, transmet la direction de la RB au P. de Vaux.
30 janvier : Réunion à Toulon avec les instituteurs.
20 février : Le manuscrit de Genèse I-XI remis aux dominicaines des Tourelles pour dactylographie.
24 février – 1er mars. Montpellier. M.-J. L. donne une conférence aux séminaristes, à la demande de l’évêque. Causeries diverses (aux Tourelles, chez Mme Reynès-Monlaur, dans des groupes d’étudiants). Guitton lui communique le dernier livre de Loisy. Excursion à Saint-Guilhem-du-Désert en compagnie de quelques amis.
1ermars : De retour à Saint-Maximin.
2 mars : Visite du P. F.-M. Braun, O. P.
3 mars : M.-J. L. écrit au P. Vincent que la semaine de Montpellier avait « secoué [sa] torpeur intellectuelle ».
4 mars : Cours sur la Passion dans S. Jean et dans les synoptiques.
5 mars : Correction des épreuves pour la RB « L’authenticité mosaïque de la Genèse et la théorie des documents ».
8 mars : M.-J. L. « grippé » ; très forte fièvre ; congestion pulmonaire.
9 mars : Évolution brutale de la maladie. M.-J. L. remercie le médecin, reçoit l’extrême-onction. « Je m’abandonne à Dieu ». Dans la nuit, celui qui le veille entend un murmure : « Jérusalem… Jérusalem… »
10 mars : M.-J. L. s’éteint vers 9 heures, entouré de la prière des frères.
12 mars : Obsèques présidées par Mgr Simeone, évêque de Fréjus-Toulon. Inhumation dans le cimetière conventuel.
17 mars : Service funèbre en la basilique de Saint-Étienne à Jérusalem.

201901

 

 

 

Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique par Bernard Montagnes. Recension par Pierre Gendron

Bernard Montagnes. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique

 

Source : Spiritualité 2000

Livre du mois, Décembre 2008

Responsable de la chronique : Jacques Sylvestre, o.p.

L’auteur du compte rendu : Pierre Gendron

Le père Lagrange, dominicain, né à Bourg-en-Bresse au nord de Lyon le 7 mars 1855, mort à Saint-Maximin dans le midi de la France le 10 mars 1938, est célèbre pour avoir fondé l’École biblique de Jérusalem en 1890 (devenue, en 1920, École biblique et archéologique française) et, en 1892, la Revue biblique. Ses restes ont été transférés en 1967 au couvent de Saint-Étienne, à Jérusalem, où il a passé la plus grande partie de son existence.

Le regard du P. Lagrange, tel qu’on peut le voir sur la photo de couverture du livre de Bernard Montagnes, est la première chose qui retient l’attention dans la présentation matérielle de l’ouvrage. On peut rappeler ici ce qu’écrivait Péguy, dans le Mystère des Saints Innocents : « Toutes les soumissions du monde ne valent / pas un beau regard d’homme libre. / Ou plutôt toutes les soumissions d’esclaves du monde / me répugnent et je donnerais tout [dit Dieu] / Pour un beau regard d’homme libre, / Pour une belle obéissance et tendresse et dévotion / d’homme libre… »

Cette biographie critique n’est pas une hagiographie. Mais on sait que la béatification du P. Lagrange est en bonne voie ; et si l’on parle maintenant de sainteté à son sujet, cela tient assurément à la manière dont il a incarné cette obéissance d’homme libre. Ce trait apparaît d’autant plus méritoire chez lui qu’il était connu pour sa franchise. Comme le fait remarquer l’auteur, à la fin de son livre : « Religieux de parfaite régularité, en tout irréprochable, le P. Lagrange faisait de l’obéissance un absolu, mais jusque dans l’obéissance il se comportait en homme libre. »

Le fondateur de l’École biblique fut un pionnier de l’exégèse historico-critique, à un moment où cette méthode d’interprétation des Écritures paraissait trop novatrice, trop subversive pour être acceptée volontiers par les autorités de l’Église catholique, qui l’obligèrent à abandonner ses travaux sur l’Ancien Testament. Son biographe raconte de manière détaillée quels combats le P. Lagrange eut à soutenir, et quelle suspicion et quel désaveu il eut à subir de la part du Saint-Siège. Le prix à payer pour donner droit de cité à la modernité historique et critique dans les études bibliques a été lourd pour ce savant ; mais le bienfait a été immense pour l’Église.

L’auteur explique comment le P. Lagrange a continué contre vents et marées son labeur scientifique, en dépit de toutes les tracasseries qui ont marqué sa carrière, convaincu qu’il était du profit que le croyant devait trouver dans la critique historique pour comprendre la Parole de Dieu. S’inspirant du programme de la Revue biblique, il s’était très tôt signalé en publiant La Méthode historique, un recueil de conférences de vulgarisation prononcées à Toulouse en 1902, et qui est devenu un manifeste après coup, par la manière dont l’ouvrage a été reçu.

Une façon de saisir l’actualité du P. Lagrange aujourd’hui est de relire le Message du dernier synode sur la Parole de Dieu, qui s’est tenu à Rome du 5 au 26 octobre 2008. À titre d’exemple, on peut faire ressortir deux points particulièrement importants de cet examen. D’abord, on observe que le synode est animé par un souci constant d’éviter l’écueil du fondamentalisme. Il propose un voyage spirituel qui, partant de l’éternité et de l’infinité de Dieu, nous conduit « jusqu’à nos maisons et le long des rues de nos cités » ; avant tout, il réaffirme clairement que Jésus Christ est la Parole de Dieu faite chair, homme et histoire (I, 3). Le P. Lagrange ne disait pas autre chose.

En fait, l’orientation préconisée en exégèse par le P. Lagrange n’a été avalisée qu’après sa mort par le pape Pie XII, dans l’encyclique Divino afflante Spiritu, en 1943. Elle fut plus tard confirmée par le concile Vatican II, et le synode ne fait que reprendre cet enseignement. La Bible est chair, dit le synode, « elle exprime dans des langues particulières, dans des formes littéraires et historiques, dans des conceptions liées à une culture antique, elle conserve la mémoire d’événements souvent tragiques. […] Elle nécessite une analyse historique et littéraire, qui s’actualise à travers les diverses méthodes et approches offertes par l’exégèse biblique » (II, 5).

De plus, le synode encourage ouvertement une forme de dialogue œcuménique dont le P. Lagrange, avec ses limites, qui étaient réelles, fut à sa manière un précurseur. Ce deuxième point est lié au premier dans la mesure où il s’agit de regrouper toutes les forces s’opposant à un fondamentalisme qui nie l’incarnation. Confronté à la réalité d’un monde sécularisé, le synode rappelle que « dans la maison de la Parole, nous rencontrons aussi les frères et sœurs des autres Églises et communautés ecclésiales », et il conclut : « Ce lien doit toujours être renforcé par […] le dialogue exégétique, l’étude et la confrontation des différentes interprétations des Écritures » (III, 10).

En dépit des entraves que subissait le P. Lagrange, la Revue bibliquea ouvert une véritable brèche dans le mur qui séparait catholiques et protestants. C’est une conséquence directe des efforts du P. Lagrange pour faire face au drame intellectuel que constituait pour l’Église catholique le choc de l’exégèse critique de la Bible venu des universités protestantes d’Allemagne. Dans ce contexte, le P. Lagrange ne manque pas de revendiquer avec une émotion non dissimulée les mérites de la Revue biblique : « Le courrier me montre à quel point nous sommes en vue dans le monde protestant. […] N’est-ce pas quelque chose de voir reconnaître […] que nous travaillons avec compétence et une parfaite loyauté, tout en étant soumis à l’Église ? […] Ils nous ont tant reproché de négliger la Bible ! »

Cet ouvrage a de belles qualités. Bernard Montagnes, dominicain de la province de Toulouse, à laquelle appartenait le P. Lagrange, a été bien servi dans son travail par son expérience d’archiviste. Il traite son sujet d’abord en historien, un peu comme l’a fait Jacques Le Goff pour saint Louis. Respectueuse des faits, sa biographie est un guide sûr qui mérite son appellation de critique ; elle se consulte comme un dossier permettant de juger sur pièces. Destiné à faire connaître la figure du P. Lagrange, on peut souhaiter que ce livre puisse également faire découvrir le message d’espérance qu’a voulu apporter ce grand serviteur de la Parole.

 

Pierre Gendron

 

Le Journal spirituel du père Marie-Joseph Lagrange 1879-1932. Recension par Laurent Camiade

Paris, Cerf, 2014, 530 p., 29 €

 

Les notes spirituelles regroupées dans ce livre important ne furent pas rédigées pour être publiées, mais servirent de mémoire spirituelle au célèbre père Marie-Joseph Lagrange (1855‑1938), dominicain et fondateur de la très réputée École biblique et archéologique française de Jérusalem. Indiquons tout d’abord que sans une notice historique puisée ailleurs, on est parfois bien en peine de comprendre telle ou telle allusion aux difficultés rencontrées, que le père ne détaille pas. Peut-être est-ce la principale lacune de cette publication, qui comporte certes des notes utiles, regroupées en fin d’ouvrage, mais suppose connue la biographie de l’auteur. La présentation succincte laisse apparaître le texte à l’état presque brut, même si elle offre quand même la traduction française des passages écrits dans différentes langues (latin, hébreu, grec, arabe, syriaque, allemand ou anglais).

Si la période du noviciat à Saint-Maximin (1879-1880) et des études à Salamanque (1884‑1886) est retracée à peu près au quotidien, le père Lagrange ne tenait pas ce “journal” régulièrement, mais surtout pendant des temps de retraite et pour y inscrire entretemps quelques résolutions ou de rares repères chronologiques. Il relisait parfois ses notes et y inscrivait en marge des remarques. La période de 1914 à 1921 ne comporte pas de notes. Un cahier datant de cette époque a pu être perdu ou détruit. Pas de notes non plus après 1932.

Ceux qui connaissent l’immense travail théologique et scientifique réalisé par le père Lagrange trouveront sans doute ici matière à sentir davantage l’âme du chercheur, l’unité intérieure qui était la sienne, mais aussi ses doutes, ses scrupules et ses épreuves. Le père Lagrange s’attache souvent dans ses notes à décrire ses motions spirituelles. On perçoit son ambition de se perfectionner et sa progressive prise de conscience que seule la miséricorde de Dieu pourra répondre pleinement à ce désir de sainteté. Le beau témoignage laissé de ses années de formation indique aussi des traits de l’enseignement spirituel reçu, avec une insistance sur l’humilité, l’amour de la croix, l’obéissance, les relations fraternelles, mais aussi la distance avec la famille, la méfiance vis-à-vis des attachements trop humains. Il se montre sans concession avec lui-même, se reprochant souvent (ce que semblent lui renvoyer sans ménagement ses condisciples) une tendance de jeunesse à se montrer sentencieux et une grande difficulté à accepter d’avoir tort en public. Peu à peu, avec la maturité, il semble que ce trait de caractère s’atténue, en tout cas, il n’en parle plus guère, jusqu’à ce que vienne l’épreuve des interdictions et blâmes du Saint-Siège à partir de 1907, où la question reviendra sous une autre forme. Le profil spirituel du père Lagrange est marqué par un attachement fort à la Vierge Marie qui ne cesse de lui donner des signes de sa présence affectueuse et qu’il prie toujours de le conduire à Jésus, même dans les périodes d’obscurité. La mention très fréquente des mots Ave Maria signifie qu’en écrivant, l’auteur s’arrête souvent pour réciter un Je vous salue Marie. La nuit spirituelle est souvent mentionnée, comme absence de consolation. Il la reçoit comme un don de Dieu pour le purifier de ses attachements aux grâces sensibles (ce qui indique bien l’assimilation de la doctrine de Jean de la Croix). Sa spiritualité, qui semble longtemps axée sur l’effort, la conscience du péché, des bonnes résolutions à tenir, entrevoit pourtant dès septembre 1882 (p. 189-190) la place de la miséricorde et d’une progression spirituelle plus liée à la grâce. Cette dimension est autre que la seule imitation volontariste du Seigneur et consiste à entrer dans les sentiments du Fils envers Dieu d’abord par le fond de l’âme.

Le père Lagrange fera à plusieurs reprises l’expérience de la purification de l’intention apostolique à travers un « dégoût presque insurmontable pour l’étude » et « un état d’impuissance intérieure »qu’il dit devoir « embrasser avec joie »(p. 255). Cette expérience, par nature paradoxale, arrive à certain moment où il se reproche un « amour déréglé pour l’étude » (p. 261). Plus tard, il précisera cette tension en cherchant à se garder spécialement de la vaine curiosité dans l’étude, pour travailler davantage à ce qui pourra être utile à l’Église. Il se juge sévèrement et gardera toujours l’impression d’avoir gaspillé ses capacités, voire d’être passé à côté de sa vie. Sans doute, plongé dans les responsabilités autour de l’École biblique, ne se rendit-il pas compte du rayonnement et du bienfait pour l’Église de l’œuvre apostolique qu’il a initiée. La tiédeur qu’il se reproche ne s’accorde pas avec l’admirable prière qu’il rédige en plein contexte où s’exprime son sentiment de nuit spirituelle : « Si quelque chose me fait encore espérer, mon Dieu, c’est que vous me sevrez, me tenez dans la solitude, ne permettez pas que je goûte hors de vous des joies que je ne trouve plus qu’en vous. Je vous appartiens, mon Sauveur, par ma consécration ancienne, par mes anciens serments, par d’anciens serments, par d’anciens sacrifices… Ayez pitié de moi. Rendez-moi à ma bonne Mère, qui gémit de ma tiédeur. Ô Marie, tendez-moi les bras, dissipez les nuages, les faux prétextes, les mauvaises raisons qui m’éloignent de Jésus… Parlez, je vous écoute. » (27/03/1891, p. 267). C’est que de plus en plus alors, le père Lagrange se reproche une certaine mollesse, une absence de mortification et une curiosité intellectuelle. Durant sa retraite de septembre 1892, il fait le récit sans concession de son enfance et de sa vocation « pour voir combien j’avais baissé », car ce sentiment de s’être assoupi spirituellement en regard de ses désirs anciens de sainteté reste un scrupule qui perturbe longtemps son âme.

À partir de 1895, le père Lagrange prend le parti de l’exégèse historique et de la doctrine de « l’inspiration large » (p. 366), mais cette option à laquelle il tâche de rester fidèle tout en se soumettant au contrôle de l’autorité ecclésiastique, l’amène à regretter les troubles et l’inquiétude qui en découlent. Au cours des années de tourmente où les options intellectuelles prises sont malmenées par l’autorité de l’Église qui le soupçonne de modernisme, où le cap tenu par ses supérieurs n’est pas clair, on perçoit que sa préoccupation spirituelle est d’abord celle de l’obéissance. Le père Lagrange veut servir le Christ et l’Église dans l’ordre dominicain. Les épreuves proviennent, pour lui, de la main de Jésus : « de ses mains percées pour nous, de son Cœur Sacré » (p. 387). Il se lance dans l’étude des Évangiles par amour pour Jésus et avec l’espoir, toujours, de “revenir à mon ancienne ferveur”. « Aucune étude autant que l’Évangile, écrit le père Lagrange, ne m’approchera de sa personne, ne me fera goûter ses enseignements. »

Laurent CAMIADE

 

 

http://moodle-adae.ict-toulouse.fr/module_paiement/recensions.php?id=74

Transcription : www.mj-lagrange

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Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie. Son oeuvre par Louis-Hugues Vincent. Recension par Philippe Roy-Lysencourt

Recension par Philippe Roy-Lysencourt

Institut d’étude du christianisme, Strasbourg

 

In Laval théologique et philosophie

L’innovationreligieuse, vol. 72, N° 3, octobre 2016

Source Érudit.org

 

La biographie que le père Louis-Hugues Vincent a consacrée au père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem et de la Revue biblique, a mis du temps à paraître.

En effet, l’auteur la termina en 1951 et elle ne fut publiée… qu’en 2013, cinquante-trois ans après sa mort ! C’est que les autorités dominicaines craignaient que cette publication ne provoquât des polémiques qui porteraient préjudice à l’École biblique. Il faut dire que les querelles qui avaient dressé l’Institut biblique de Rome contre l’École biblique des dominicains avaient été rudes et qu’on craignit longtemps pour la survie de cette dernière.

Le père Louis-Hugues Vincent (1872-1960), dominicain spécialiste de l’archéologie palestinienne, auteur de nombreux livres et articles, a passé une grande partie de sa vie à Jérusalem. Il vivait au couvent Saint-Étienne, auprès du père Lagrange dont il fut l’un des plus proches collaborateurs et qu’il considérait comme un maître auquel il devait tout « dans l’ordre intellectuel, moral et religieux » (p. 15). Malgré cela, dans le livre qu’il lui a consacré il ne voulait pas faire œuvre apologétique (ce qu’il n’a peut-être pas tout à fait réussi) et il s’est gardé d’apporter des appréciations personnelles.

Dans l’avant-propos, daté du 15 novembre 1951, le père Vincent spécifie que l’ouvrage «  n’est pas une biographie composée suivant les règles du genre » (p. 15). C’est vrai. Au niveau formel, on peut relever qu’il n’y a ni introduction ni conclusion et que l’ouvrage est composé de huit chapitres qui ne comportent aucune sous-partie. Quant au fond, l’enquête fut minimale, les sources sont peu nombreuses et les références laissent à désirer. L’auteur, qui l’assume, a composé son livre essentiellement à partir de ses souvenirs du père Lagrange, personnage avec lequel il vécut dans une étroite intimité pendant quarante-six ans. Pourtant, cet ouvrage est plus qu’un livre de souvenirs. Il s’agit d’un témoignage qui, selon les mots du rédacteur, « se restreint […] à l’expérience acquise de son œuvre scientifique en une vie permanente dans son sillage » (p. 19). Néanmoins, le père Vincent a pu profiter de la Revue biblique,de quelques papiers que lui a légués le père Lagrange, ainsi que de deux documents écrits par ce dernier : 1) ses Notes intimes dans lesquelles il consignait le cheminement de sa vie intérieure, que l’auteur, par pudeur, a utilisées sans les exploiter ; 2) ses Souvenirs, écrits sur l’insistance de ses disciples, à la condition « que son récit demeurerait strictement un document de famille » (p. 18). De plus, les liens amicaux du père Vincent avec le père Lagrange l’ont mis en relation avec la famille de son maître. Il a pu y quérir les confidences de ses proches sur son enfance et sa jeunesse. Notons que la première partie de la vie de l’exégète est traitée rapidement, puisque l’auteur ne consacre que vingt-neuf pages à ses trente-cinq premières années. Il s’en justifie ainsi : « J’ai trop souvent entendu mon maître taxer de stérilité la part excessive attachée souvent dans les biographies à la description anecdotique méticuleuse des années initiales, pour m’y aventurer à son propos » (p. 16). Certes, mais lorsqu’elle est bien faite, la présentation des premières années d’un homme peut être extrêmement importante pour mieux le connaître et pour comprendre certaines de ses réactions.

Dans cet ouvrage, le but du père Vincent était de montrer le lien intime entre la vie et l’œuvre du père Lagrange. Cet objectif est atteint, car la coordination entre la vie et l’œuvre de l’exégète et théologien dominicain est bien mise en évidence, et l’on voit très bien la cohérence de son œuvre malgré la variété des sujets qu’il a abordés tout au long de sa vie. À ce propos, soulignons que la production scientifique du père Lagrange est présentée d’une façon tout à fait compréhensible pour les non-spécialistes. Néanmoins, il faut ajouter que le lecteur se retrouve, tout au long de la biographie, face à une énumération chronologique un peu fastidieuse des écrits du père Lagrange. De plus, ils sont traités avec une importance très variable, selon une logique qui peut parfois laisser perplexe : quelques-uns sont abordés assez longuement tandis que d’autres sont seulement mentionnés. L’auteur s’en explique en spécifiant qu’il devait « s’efforcer de présenter la production scientifique sous une forme aisément intelligible au lecteur le moins spécialisé » (p. 21). Cet argument nous semble peu convaincant pour justifier, par exemple, que le père Vincent s’attarde davantage sur un compte rendu fait par le père Lagrange que sur un livre qu’il a lui-même écrit. Néanmoins, cet ouvrage nous permet d’appréhender les positions doctrinales du père Lagrange et son rôle dans l’évolution du mouvement biblique. On y découvre aussi un homme d’une scrupuleuse soumission à Rome et à ses supérieurs au milieu des controverses délicates auxquelles il fut mêlé, ainsi qu’un religieux dont la vie fut gouvernée par son idéal de sainteté.

L’ouvrage est complété par quelques annexes, par une petite bibliographie, par une carte de la Palestine au temps de Jésus, ainsi que par un index des noms de personnes. On y trouve également une prière pour la glorification du père Marie-Joseph Lagrange, dont l’enquête canonique a été ouverte officiellement par Mgr Joseph Madec, alors évêque de Fréjus-Toulon (diocèse dans lequel est mort le père Lagrange), par décret du 15 décembre 1987.

Pour conclure, cet ouvrage, rédigé par l’un de ses plus proches disciples, est un témoignage important sur le père Lagrange et son œuvre. Pour ceux qui voudraient approfondir la question, on peut renvoyer au livre de Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique (Paris, Cerf, 2005, 624 p.).

 

 

Philippe ROY-LYSENCOURT

Institut d’Étude du Christianisme, Strasbourg

Transcription : www.mj-lagrange.org

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Hommage au père Lagrange pour ses noces d’or par Gonzague Ryckmans

Hommage-Témoignage

Le Père Lagrange

Gonzague Ryckmans[1]

 

In La Revue catholique des idées et des faits 

XIIIannée, n° 39

Vendredi 22 décembre 1933

Aujourd’hui même, 22 décembre, le P. Lagrange fête à Jérusalem ses noces d’or sacerdotales. Dans l’intimité de sa famille religieuse, au milieu de ses disciples de choix qui sont devenus ses collaborateurs, et – le terme est du P. Lagrange lui-même – ses maîtres, dans le cadre de cette École biblique dont chaque pierre lui a coûté tant de labeurs et de soucis, il rendra grâces à Dieu pour ces cinquante années de vie sacerdotale et religieuse consacrées tout entières au service indéfectible de la vérité. Si elles ne furent exemptes ni de joies ni surtout d’épreuves, elles furent sans tache. En les évoquant, l’illustre jubilaire pourra redire la parole de l’Écriture : Ætas senectutis, vita immaculata[2].

Il est né sous le signe de saint Thomas d’Aquin, le 7 mars 1855. Mais la vocation dominicaine ne se manifesta qu’après un passage à la Faculté de droit – où le futur exégète fut brillamment reçu au doctorat – suivi de trois années passées au séminaire d’Issy. C’est en 1879 qu’il entra au noviciat de Saint-Maximin. Quelques années d’études de théologie dogmatique à Salamanque, et d’exégèse à l’Université de Vienne ; une initiation scientifique due au contact personnel de l’abbé Thomas[3], l’un des précurseurs de la critique biblique en France, suffirent à donner au jeune dominicain une exacte compréhension de l’indiscutable médiocrité des études scripturaires chez les catholiques.

Non pas que la Bible jouât chez eux un moins grand rôle que chez les protestants. Mais ces derniers la tenaient pour l’unique règle de foi : leur recours à l’original et aux versions les amenèrent à user largement des méthodes de la critique. Les rationalistes à leur tour adoptèrent celles-ci pour montrer que certains passages ayant été altérés ou donnant lieu à plusieurs variantes entre lesquelles l’hésitation était possible, le caractère surnaturel intrinsèque et littéral des Livres saints ne s’imposait pas avec l’évidence que les protestants se plaisaient à reconnaître. Quant aux catholiques, forts des témoignages de la tradition et de l’autorité de l’Église, ils cherchaient dans l’Écriture, parole de Dieu, les fondements de la doctrine, les règles de la vie morale, les exemples proposés à l’édification du chrétien.

Mais, à part quelques hommes, tel Van Hoonacker[4] à Louvain, rares étaient ceux qui s’occupaient des Livres saints comme objet d’étude scientifique. On négligeait l’hébreu et le grec pour s’en tenir au latin de la Vulgate, les questions d’authenticité étaient résolues d’autorité, d’un point de vue uniquement doctrinal et dogmatique.

De plus en plus les catholiques ressemblaient à une armée menacée d’un siège, qui se retrancherait dans ses positions avec le seul objectif de repousser les assauts de l’ennemi, sans même s’inquiéter de savoir si elle pourrait lutter avec lui à armes égales.

Et c’était le moment où les écoles mythiques déniaient à l’Ancien comme au Nouveau Testament leur valeur historique ; quant aux évolutionnistes, ils ajustaient les Écritures aux cadres de l’histoire religieuse a priorisuivant les principes d’une évolution de l’humanité, où le monothéisme ne se serait dégagé que progressivement d’un polythéisme matériel et barbare. Appliquant ces principes à la Bible, ils bouleversaient les notions reçues, révisaient la date de composition des Livres saints, et remettaient en question leur authenticité. Dans tous ces systèmes, « la révélation et la rédemption disparaissent, il n’y a plus d’intervention directe de Dieu dans l’histoire de l’humanité ; la religion catholique dont on respecte l’idéal de justice et de sainteté, a eu tort de lier sa fortune à des légendes sans valeur[5] ».

Renan[6] était alors à son apogée. Fait étrange : son œuvre qui suscité tant de passions contradictoires a été surfaite par ses amis dans ce qu’elle a de plus médiocre, et sous-estimée par ses adversaires là où elle méritait qu’il lui fût rendu justice. Sa mission de Phénicie, où il se révéla un pionnier de l’exploration archéologique, ses travaux sur l’épigraphie sémitique, et notamment la part prépondérante qu’il a prise à la fondation et à la rédaction du  Corpus inscriptionum semiticarum, lui assurent une place honorable parmi les orientalistes. Mais ce ne sont pas ces titres-là qui lui ont valu une statue à Tréguier et une enseigne de la rue dans les plus banales sous-préfectures. Pour le grand public, Renan est l’homme de l’Histoire d’Israël, de la Vie de Jésus et des Apôtres où, en un style prestigieux, il a mis à la portée des lecteurs français les théories des écoles libérales allemandes. « Sa négation du christianisme, entière et passionnée, était mise au service d’un sentiment religieux qu’il proposait comme étant d’une essence plus rare, sans y assujettir les autres plus que lui-même. Il ne parlait pas de Jésus sans un accent tendre et dévot, donnant ainsi satisfaction à ce qui resterait en France, en dehors du christianisme, de vague religiosité[7]. »

Quelques apologistes faisaient de leur mieux pour parer les coups. Parmi eux, M. Vigouroux se trouvait au premier rang. Son érudition considérable s’efforçait de faire appel aux découvertes modernes, tant en matière scientifique qu’historique, pour établir contre les adversaires l’accord de la Bible et de la science. « On peut douter, a dit trop cruellement de lui M. Loisy[8], qu’il y ait, par ailleurs, rendu de bien grands services à la cause qu’il défendait. En réfutant la critique, il a fait connaître la critique, et comme il l’a fort insuffisamment réfutée, en dépit de sa bonne volonté, parce que la critique n’était pas toujours réfutable, il a révélé à beaucoup d’esprit les défauts de la position catholique[9] ».

La grande faiblesse de Vigouroux[10] et des « apologistes » de son époque, le P. Lagrange la signalait dès 1892 : elle résultait de l’attitude purement défensive dans laquelle ils se cantonnaient. « Rien de plus fâcheux, dira-t-il plus tard, quand il s’agit de la recherche de la vérité, que ces allusions plus ou moins voilées à une consigne, que les mots de concession, et surtout de tactique, comme si nous occupions une position qu’il faut défendre par d’habiles dispositions et par tous les stratagèmes[11]. »

Et encore : « De toute façon une défense perpétuelle de la Bible ne rend pas justice à sa dignité. Elle est l’œuvre de Dieu, le trésor sans prix confié à l’Église, une source de lumière, un principe d’action morale et religieuse. Elle doit être étudiée en elle-même, dans son texte primitif, dans son milieu, avec le concours de la philologie, de l’archéologie, de l’histoire[12]. » C’est là toute la raison d’être et aussi le programme d’une École biblique, en même temps que le motif de son établissement à Jérusalem.

Au début de 1890, le P. Lagrange visitait pour la première fois les Lieux saints. À la fin de la même année l’École ouvrait ses portes. La voie de son fondateur était tracée : voici quarante-trois ans qu’il l’a suivie sans dévier. Appliquer aux problèmes d’exégèse et de critique biblique que la théologie ne résout pas la méthode scientifique dans le respect absolu de l’autorité de l’Église ; « former des spécialistes qui ne soient pas des tributaires des sciences qu’ils combattent[13] », qui deviennent eux-mêmes des maîtres et travaillent, au même titre que les savants indépendants, au progrès de la science à laquelle ils ont voué leur activité, voilà ce qui conférera aux exégètes l’autorité, et à leurs travaux un prestige jusque-là compromis.

Il recruta aussitôt une admirable pléiade de jeunes auxquels il distribua selon les aptitudes des lots du terrain à défricher.

Dans les locaux de fortune, sans bibliothèque, s’improvisant tour à tour professeur d’exégèse des deux Testaments, d’hébreu, d’assyrien, d’épigraphie, d’archéologie, alimentant en grande partie la Revue biblique qu’il fondait en 1902, parcourant à cheval – et souvent non sans danger – la Palestine, la Transjordanie, la péninsule du Sinaï, il marque de son empreinte son école et ses élèves. De l’avis de saint François de Sales, « la bonne façon d’apprendre, c’est d’étudier, la meilleure, c’est d’écouter, et la très bonne, c’est d’enseigner[14] ». C’est la « très bonne », sans conteste, qu’a pratiquée le P. Lagrange, et elle lui a réussi.

Avec une sûreté de coup d’œil dont on reste confondu, il entrevoit la solution des problèmes les plus divers, en indiquant la marche à suivre pour y parvenir. Dans le premier fascicule de la Revue biblique il établit les données de la localisation de la Jérusalem antique à l’encontre de la tradition moderne ; les fouilles qui se poursuivent encore aujourd’hui sur la colline d’Ophel[15]sont venues pleinement confirmer ces vues. Que d’intuitions aussi géniales – résultat d’un labeur acharné – dans les identifications et localisations relevant de la topographie, dans l’interprétation des anciennes inscriptions, dans la discussion des systèmes d’exégèse, des théories critiques et historiques les plus variées !

La haute tenue scientifique de la Revue biblique lui assura d’ailleurs les collaborations les plus flatteuses. À Louvain, où l’on suivait avec sympathie ces débuts pleins d’espérances, les professeurs Lamy, Van Hoonacker, Ladeuze et Coppieters lui apportèrent les plus précieux concours.

En même temps qu’elle tient le public au courant des progrès de la science, une revue stimule les travailleurs qui ont la charge de l’alimenter ; elle les force à mettre au point les résultats de leurs recherches et leur permet d’amorcer des œuvres de vaste envergure, qu’ils publieront plus tard en volumes séparés.

Marchant toujours de l’avant, conscient des services immenses que rendrait une vaste collection de commentaires scientifiques de l’Écriture sainte doublés de travaux de première main traitant des différentes sciences auxiliaires, le P. Lagrange fonda en 1900 la collection d’ « Études bibliques » qui allait donner aux catholiques un droit de cité définitif et incontesté dans le domaine de la Bible et de l’orientalisme. Comme toujours, il paya largement de sa personne. Il y débuta par des commentaires sur l’Ancien Testament et des études sur les religions sémitiques.

Mais il ne tarda pas à abandonner ces disciplines à ses élèves devenus eux-mêmes des spécialistes, et à des collaborateurs de choix, pour se cantonner dans l’étude de saint Paul, des Évangiles et du milieu juif à l’époque de Jésus-Christ. Ses commentaires sur les Épîtres aux Romains et aux Galates, ses quatre volumes consacrés aux Évangiles, condensés plus tard dans son admirable étude sur l’Évangile de Jésus Christ,ses enquêtes sur Le Messianisme chez les Juifs et sur Le Judaïsme avant Jésus Christ font de lui le maître incontesté de l’exégèse et de la critique néo-testamentaires.

« Certaines sciences, a dit M. Paul Hazard, sont si difficiles et si compliquées, qu’elles demeurent pour ainsi dire interdites au grand public ; elles demandent, pour être abordées seulement, une initiation préalable ; elles exigent une vertu d’ascétisme qui ne saurait être communément répandue. Résister à cette contagion du facile, qui est un des maux les plus évidents de notre société moderne, pour maintenir au contraire le sens du difficile et du rare : résister aux puissances de légèreté et d’illusion, qui tendraient à nous faire croire que, seuls, le présent et l’immédiat sont dignes de notre attention ; montrer par l’exemple ce que les études désintéressées ont non seulement d’élevé dans leur principe, mais nécessaire à la vie d’une nation ; former loin des succès brillants des successeurs qui reprendront le même sillon[16] », telle est la noble mission des écoles et des groupements scientifiques qui se consacrent dans le silence et le recueillement à la recherche de la vérité. Ce sens du difficile et du rare « transparaît dans toute l’œuvre du P. Lagrange, dans la minutie et la précision des plus humbles recherches critiques, dans l’accumulation infatigable d’une érudition exactement informée, sur lesquelles s’élèvera ensuite la brillante synthèse semblable à l’édifice bâti sur le roc.

Parvenu au soir de sa carrière, l’illustre savant peut mesurer avec une joie intime et profonde le chemin parcouru depuis un demi-siècle. Il y a tout d’abord son œuvre de prédilection, son École, l’École biblique et archéologique de Jérusalem,, officiellement reconnue par le gouvernement français dans le magnifique couvent de Saint-Étienne, à l’ombre de la basilique byzantine dédiée par Eudocie au premier martyr, à l’endroit même où il rendit témoignage au Christ.

Cette École, modèle des institutions similaires établies à Jérusalem ou ailleurs, pourvue d’une bibliothèque sans rivale en Orient et d’un outillage scientifique parfait, rayonne aujourd’hui par le monde. Ses professeurs sont des maîtres incontestés, ses élèves peuplent les établissements scientifiques, depuis la Bibliothèque vaticane et les universités jusqu’aux séminaires les plus lointains.

La Revue biblique, la collection d’Études bibliques, et les publications plus spécialisées sont devenues des instruments de travail indispensables dans le monde savant. La critique biblique catholique a été restituée dans sa dignité et dans son prestige, elle est aujourd’hui affranchie de cette pénible sujétion à l’égard de la critique indépendante à laquelle il lui fallait demander des armes pour la combattre. L’esprit scientifique pénètre peu à peu les travaux de vulgarisation et les manuels, telle la précieuse collection Verbum salutis qui ne ménage pas sa gratitude au P. Lagrange et à ses collaborateurs pour la dette contractée à leur égard.

Moisson splendide ! Elle n’a pas levé seulement sous la chaude caresse du soleil d’Orient, elle a connu aussi les heures sombres et les orages.

Léon XIII, qui aimait les hommes ardents et passionnés pour le vrai, et dont un des grands soucis fut la restauration des études philosophiques et exégétiques dans l’Église, ne ménagea pas ses encouragements au jeune fondateur de l’École de Jérusalem. Il comprenait l’ardeur de ceux qui se trouvent engagés dans la mêlée ; lorsqu’il leur arrivait de ne pas mesurer exactement leurs coups, il avait le secret de les modérer discrètement et avec une paternelle indulgence. Ses lettres Providentissimus et Vigilantiae témoignent de sa volonté de garantir aux travailleurs la pleine liberté scientifique dans le respect absolu du dogme dont il était le gardien.

Survint la crise moderniste. Le danger se manifesta surtout là où l’on était le moins paré à subir le choc. En adressant les félicitations de l’Épiscopat belge à la Faculté de théologie de Louvain cinq fois centenaire, S. Em. le cardinal van Roey rappelait l’attachement de cette institution aux doctrines orthodoxes, allant de pair « avec une saine modernité, et c’est précisément, ajoutait-il, cette note sagement progressive qui a préservé notre École théologique du modernisme[17] ».

Et l’œuvre constructive du P. Lagrange fut, contre les idées de M. Loisy, un antidote plus efficace que de volumineuses réfutations. Mais la nécessité d’une réaction immédiate et ferme se faisait impérieusement sentir. La tempête amène des remous dans les régions que l’on pourrait croire à l’abri de l’orage. Aujourd’hui le recul du temps donne un singulier relief à la sérénité et à l’humilité avec laquelle certains hommes, qui plaçaient au-dessus de tout la fidélité à la Foi et la soumission à l’Église, subirent l’épreuve. Qui n’a jamais rien produit ne craint pas le désaveu, suivant l’avertissement donné par le sage Boèce[18] dans ses Consolations : Si tacuisses, philosophus mansisses[19].

 Le P. Lagrange comprit que le sceau de l’adversité est la marque suprême de la faveur de Dieu. Il fit sienne la devise de Montalembert : Virtus virescit vulnere[20].

Il s’était remis résolument au travail, lorsque la guerre vint disperser professeurs et élèves et menacer l’École d’une ruine irréparable. Les Turcs y installèrent leur état-major. La bibliothèque ne fut épargnée que grâce à l’intervention d’amis sûrs. Le P. Lagrange fut déporté, puis expulsé, et pendant quatre ans, par un miracle d’énergie, il parvint à maintenir presque seul la Revue biblique, avec l’aide de quelques rares collaborateurs. Dès la nouvelle de la prise de Jérusalem par les Anglais, il s’embarque et veille à ce que tout soit prêt à accueillir les siens au lendemain de la victoire. Celle-ci le trouva remis à la tâche.

Aujourd’hui il n’a plus qu’une ambition : celle de poursuivre en paix son labeur dans son humble cellule de moine, entouré de fidèles et filiales amitiés qui veillent sur sa verte vieillesse.

Le secret de cette vie ? L’amour de Dieu et de l’Église ; la passion de la vérité et de la recherche scientifique, le détachement absolu qui seul, permet de poursuivre dans la solitude un travail opiniâtre et acharné.

Dès 7 heures du matin, chaque jour, sa messe et son action de grâces terminées, le P. Lagrange se retire dans sa cellule. Jusqu’à midi il est retranché de parmi les vivants, invisible, presque inabordable. C’est à peine si on l’entrevoit, haute et massive silhouette, voûtée par l’âge, se diriger d’un pas quelque peu traînant vers la bibliothèque, où il va contrôler une référence, consulter un ouvrage. Le regard fatigué paraît absent ; les traits sont figés sous le calot en bataille ; d’un geste nerveux il caresse la barbe grisonnante. De son écriture menue et régulière il remplit d’innombrables feuillets. Sa pensée est intensément concentrée pendant ces heures qu’il ne sacrifie à personne. Il ne s’interrompt qu’à l’office de midi. Religieux exemplaire, il est assidu à sa stalle. Puis ce sera la détente à la récréation qui suit le repas. Il y témoigne d’une simplicité et d’une fraîcheur d’âme exquises, secoué d’un rire silencieux aux mots d’esprit qui ne manquent pas de fuser. Jamais sa conversation n’est banale. Sa parole est mesurée, sa courtoisie, héritée d’une vieille lignée bourgeoise de la province française, ne se dément pas. Il est, je pense, un des derniers humanistes. Les classiques grecs et latins sont ses compagnons de choix aux heures lourdes du jour, et plus tard l’après-midi se passe à dépouiller les revues les plus diverses, à corriger les épreuves, à prendre contact avec les piles de livres qu’apporte chaque courrier.

S’il faut en croire Anatole France, « on ne peut bien mépriser les honneurs que quand on les a obtenus ». C’est là peut-être le raffinement de l’orgueil. Le vrai détachement consiste à méprises les honneurs qu’on n’a pas recherchés.

À part quelques titres académiques qu’il n’a jamais brigués, quelques distinctions dont il n’arbore pas les insignes, le P. Lagrange met sa seule fierté à porter la robe blanche de saint Dominique, sur laquelle il a jeté un éclat incomparable. Sa gloire à lui, c’est d’avoir été le champion de la vérité, d’avoir consacré sa vie à réaliser l’idéal proposé par Léon XIII : Ne veritatis impar sit cum errore concertatio[21]. Sa récompense, c’est la restauration des sciences bibliques dans le respect de la Révélation et de la Rédemption, restauration due pour la plus grande part  à l’immense labeur « de celui que l’on doit saluer comme le premier des exégètes catholiques[22]

 

 

Source : https://donum.uliege.be/expo/revue_catholique/pdf/P00209D-1933-12-22.pdf

Transcription : www.mj-lagrange.org

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[1][Gonzague Ryckmans (1887-1969) chanoine, orientaliste, archéologue, docteur ès langues sémitiques belge.]

[2]Sap. IV, 9.

[3][Jacques-Bernard Thomas (1853-1893), prêtre, théologien, professeur d’hébreu et d’Écriture sainte.]

[4][Albin van Hoonacker (1857-1933), hébraisant, professeur à l’université de Louvain, belge.]

[5]Revue biblique,1892, p. 7.

[6][Ernest Renan (1823-1892) philologue, philosophe, historien, écrivain français.]

[7]M.-J. Lagrange, M. Loisy et le Modernisme, Paris, 1932, p. 52.

[8][Alfred Loisy (1857-1940) prêtre et théologien catholique français.]

[9]Choses passées, Paris, 1013, pp. 58-59.

[10][Fulcran Vigouroux (1837-1915) p.s.s., exégète, professeur d’hébreu et d’Écriture sainte.]

[11]Revue biblique, 1905, pp. 298-299.

[12]M. Loisy et le Modernisme, p. 14.

[13]Revue biblique,1902, p. 314.

[14]Intr. à la vie dévote,éd. d’Annecy, pp. 10-11.

[15][colline occupée par les ruines de la cité de David.]

[16]Paul Hazard, Le 4eCentenaire du Collège de France, dans Revue des Deux mondes, 15 juin 1931, p. 839.

[17]Le Vecentenaire de la Faculté de théologie de l’Université de Louvain, Bruges, 1932, p. 164.

[18][Boèce (480-524) Philosophe et homme politique latin.]

[19][Si tu t’étais tu t’étais tu, tu serais resté un philosophe.]

[20][la blessure renforce le courage.]

[21]Lettre Vigilantiae.[parce que la vérité n’est pas désavantagée dans la lutte contre l’erreur]

[22]J. Coppens dans Revue d’Histoire ecclésiastique, 1933, p. 955.