Écho de notre page Facebook : septembre 2020

30 septembre 2020
Saint Jérôme (347-420 env.) auteur de la Vulgate

« Les Journées Lagrange » se sont tenues à Rome, les 25 et 26 octobre 2015. Dans son Avant-propos, Serge-Thomas Bonino O.P. précise que le propos de ces journées était de mettre de nouveau en valeur l’actualité de cette haute figure spirituelle et intellectuelle que fut le P. Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem, de manière à souligner combien la béatification de ce grand religieux dominicain, ce nouveau saint Jérôme selon certains, serait une grâce pour toute l’Église. De manière exemplaire, en effet, le P. Lagrange s’est voué à l’intelligence de la Parole de Dieu par une étude exigeante, savante, menée dans le cadre d’une authentique vie religieuse communautaire et, saisissant à bras-le-corps les défis intellectuels de son temps, dans une fidélité sans faille à l’Église et dans la conviction d’une harmonie profonde entre raison et foi, il a mis toutes les ressources de la rationalité exégétique au service du « salut des âmes ». Un modèle donc qu’il conviendrait hautement de mettre sur le lampadaire, pour qu’il brille pour tous ceux qui sont dans la maison (Mt 5, 15).

Illustration : Saint Jérôme (détail) par Joseph Aubert. Basilique Saint-Étienne. Jérusalem.
Marie-Joseph Lagrange à sa table de travail à St-Maximin, en 1935.

28 septembre 2020
« Quiconque reçoit cet enfant à cause de mon nom, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé : car le plus petit qui soit parmi vous tous, celui-là est grand (Luc 9, 48) »

« Celui qui a le droit de commander ne doit l’exercer que dans l’intérêt général : il est le serviteur de tous. Chacun de vous veut être le premier ? À la bonne heure ! Qu’il s’efforce d’abord d’être vraiment dans son cœur le plus petit, car c’est seulement dans cette disposition sincère, qu’il trouvera le secret de commander utilement, par la volonté résolue de servir.

(Marie-Joseph Lagrange des frères prêcheurs, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017.) »

Illustration du Centre Aletti – Au nom de Jésus.

 

27 septembre 2020
Une belle prière du père Lagrange à Marie, Reine Immaculée

« Très douce Reine Immaculée, la fête de votre Grâce a été le point de départ de ma vocation et, l’année dernière, les marques d’un grand changement en moi : vous m’avez donné un peu goût de la prière et des inspirations si bonnes que je me serais sanctifié si je les avais suivies. Aujourd’hui, je me retrouve avec d’inénarrables misères, un orgueil effrayant : mais j’ai confiance en vous. Ces deux mois de noviciat profès, je les regarde comme une époque de tâtonnements ; maintenant je vais commencer avec votre grâce à servir votre Fils Jésus. Donnez-moi de l’aimer uniquement, plus que mon âme : je serai un fils si respectueux et si aimant pour vous si vous me rendez semblable à Jésus. Partout je glorifierai, j’exalterai votre glorieux privilège, j’inviterai les pécheurs à recourir à votre miséricorde ; je sais bien, moi, que vous les aimez. Ô ma Souveraine, puissé-je mourir pour votre honneur ; que votre nom soit gravé dans mon cœur ; je me donne à vous aujourd’hui encore et à jamais. »

(Journal spirituel, Avant-propos de Manuel Rivero O.P. Cerf, 2014)

Illustration : La Vierge et l’Enfant en trône par le Maître de Vyšší Brod (Bohême vers 1350) Metropolitan Museum of Art de New York

 

26 septembre 2020
« Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » (Luc 9, 44)

« Le point capital sur lequel Jésus insistait, c’était la Passion : il ajoutait qu’elle serait suivie de la Résurrection ; mais les disciples, butés sur le scandale de la mort du Messie avant qu’il ait reçu les hommages d’Israël et des Gentils, ou plutôt livré par Israël aux Gentils, ne parvenaient pas à franchir cet obstacle pour atteindre l’espérance située au-delà. »

(Marie-Joseph Lagrange des frères prêcheurs, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Illustration : Christ par Heinrich Hofmann (1824-1911)

 

24 septembre 2020
« Qui est cet homme dont j’entends dire tant de merveilles ! » (Luc 9, 9)

La mission de Jésus était supérieure à celle d’un prophète, ce qui ne veut pas dire qu’elle devait avoir plus d’éclat. Le prophète, instrument intermittent des volontés divines, manifesté par l’austérité de sa vie, par son zèle enflammé, était le seul qui pût faire la leçon aux rois. La mission de Jésus est plus haute et plus stable. Fondateur d’une société permanente ouverte à tous les hommes, Jésus mangeait et buvait comme tout le monde, ce qui n’interdisait pas l’ascétisme, mais n’en faisait pas une loi.

Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.

Illustration : Christ parmi les docteurs par Bernardino Luini (16e) National Gallery Londres.

 

24 septembre 2020
Vanité des vanités, disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !

« Quand il me vient une pensée de vanité, croyant qu’on m’estime, dire à Jésus : « Vous voyez bien combien j’ai besoin de votre miséricorde, étant si vain ! et quelle explication des misères où je suis plongé, de mes mauvaises tendances… si avec cela je ne suis pas humble, jugez un peu » ! »

Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014.

Illustration : Des vanités du siècle. Saint Jérôme à son bureau par Joos van Cleve (15e)

 

23 septembre 2020
Saint Pio de Pietrelcina

Le Padre Pio disait : « Dans les livres nous cherchons Dieu, dans la prière nous le trouvons. La prière est la clé qui ouvre le cœur de Dieu. »

Le père Lagrange note dans son Journal spirituel (Cerf, 2014) :
« Je sens plus que jamais que toute ma force est dans la prière : cessez de prier, la nature règne. »

 

 

21 septembre 2020
Saint Matthieu
L’Appel de Lévi

Que le même homme ait porté deux noms (Matthieu – Lévi), cela est rendu vraisemblable par un usage assez courant. Mais qu’il est donc difficile, même aux chrétiens de comprendre que l’appel de Jésus est le plus noble de tous les titres !

Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège-Lethielleux, 2017, p. 153.

Illustration : L’appel de Lévi. Cappella del seminario vescovile di Verona – Centro Aletti.

 

20 septembre 2020

« Le véritable amour est gratuit, mais il ne peut être gratuit qu’en se portant sur le prochain et à la condition de ne pas rechercher le prochain pour lui et pour soi. Le pauvre cœur en souffrira, mais il n’y a qu’un cœur brisé, comme le vôtre, ô Marie, qui puisse aimer les âmes. D’ailleurs, la récompense est la contemplation : Isaïe. Sans cela la vie religieuse n’est qu’une observance pharisaïque. »

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel. Cerf, 2014.

Illustration : Isaïe. « Le Jour du Seigneur » : Isaïe, le prophète

 

19 septembre 2020
« Ô Marie, ma Mère Immaculée, sauvez-moi : ce qui m’encourage, c’est que je sens croître ma confiance en vous. Oui, vous me conduirez à Jésus, et grâce à votre intercession, il daignera me relever du bourbier de ma misère et m’introduire dans son intime familiarité en me donnant la sainte crainte de Dieu. »

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.

Illustration : Madonna – Il Sassoferrato (17e)

 

18 septembre 2020

La miséricorde de N.S. s’annonce, même avant sa naissance, par le nom qu’il prend : Jésus, Sauveur. Celui qui sauve l’honneur, la fortune, la vie, le courage de son frère est miséricordieux : que dire de celui qui sauve l’âme. (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel)

Illustration : Jésus miséricordieux : De la chapelle où se trouve l’image miraculeuse de Jésus Miséricordieux et le tombeau de Sainte Faustine

 

16 septembre 2020

La charité c’est l’amour du bien en soi. Dieu est la bonté : Dieu se veut infiniment, il se voit infiniment ; cette conformité entre sa Volonté et son Intelligence, c’est sa Bonté. Les êtres finis et contingents sont bons lorsque leur être est conforme à la volonté de Dieu. La charité est donc l’amour de Dieu. Dieu est tout à la fois l’objet premier de la charité, et le motif. C’est en passant par l’amour de Dieu que nous aimons le prochain pour chercher sa conformité avec la volonté de Dieu comme la nôtre propre.

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.

Illustration : Saint François d’Assise par Giotto.

 

15 septembre 2020
Marie au pied de la croix

« Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie, la femme de Clopas, et Marie de Magdala.» (Évangile selon saint Jean 19, 25).

« Le calice de la Rédemption fut amer pour Jésus. Ses souffrances sur la croix étaient atroces. Son cœur était meurtri par l’abandon de ses disciples, le mépris des chefs des Juifs, la lourde indifférence du grand nombre. Jusque-là, même dans ce mystère douloureux, le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère. Elle était là, pâtissant avec lui, augmentant ainsi sa torture et pourtant le consolant dans l’abandonnement des autres. »

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique, traduite par le P. C. Lavergne, o.p., Nouvelle édition, Paris, Artège-Lethielleux, éditeurs, 2017, p. 609.

Illustration : Marie au pied de la croix de Roger van der Weyden (15e)

 

15 septembre 2020
Notre Dame des Douleurs

Notre piété envers Marie voit aussi dans l’attitude de celle qui se tenait debout au pied de la Croix un indice de la place qu’elle occupe dans notre rédemption. Elle compatissait aux souffrances de son Fils, mais aussi comme son Fils elle compatissait à nos maux ; elle souffrait avec lui, s’offrait avec lui, sans rien ajouter à ses mérites infinis, mais en y joignant les siens, en s’associant intimement à l’œuvre de celui qu’elle avait donné au monde.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Évangile selon saint Jean, 5e édition.)

Illustration : Marie au pied de la croix-Icône-Atelier saint Luc

 

14 septembre 2020
La Croix était déjà pour Jésus une exaltation ; il y devait être élevé comme sauveur, afin que chacun puisse élever aussi les yeux vers lui par la foi. (M.-J. Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Jean, 5e édition.)

Illustration : La Croix soutenue par l’empereur Constantin et sainte Hélène.

 

 

14 septembre 2020
Exaltation de la Sainte Croix ou La Croix Glorieuse

 

« Ô Croix, dressez-vous dans mon âme, pour m’unir à Jésus : surtout réformer les passions et résister aux tentations. Abandonner sa volonté, se livrer à Dieu ! »

(M.-J. Lagrange o.p., Journal spirituel, 14 septembre 1883.)

 

Exaltation de la Sainte Croix-Niš-Serbia-Centro Aletti

 

12 septembre 2020
Le Saint Nom de Marie

Le frère Marie-Joseph Lagrange o.p. met en lumière à la suite d’Origène le rôle de la Vierge Marie dans l’intelligence des Écritures :

« Il sied d’être timide à la suite d’Origène. Osons le dire : les évangiles sont la part choisie de toutes les Écritures, et l’évangile de Jean est la part choisie parmi les autres ; nul ne peut en acquérir l’esprit s’il n’a pas reposé sur la poitrine de Jésus, et s’il n’a reçu de Jésus, Marie pour sa mère. Le nom de Marie, cependant, ranime la confiance. C’est par elle que nous implorons la lumière surnaturelle nécessaire à l’intelligence, quelle qu’elle soit, d’un livre si chargé de sens divins. (M.-J. Lagrange, Évangile selon saint Jean, Paris, Gabalda, 1927, Avant-propos.)

Illustration : Nativité de la Vierge Marie

 

10 septembre 2020
Père Marie-Joseph Lagrange o.p. (7 mars 1855-10 mars 1938)

La messe de ce jour-anniversaire est célébrée par fr. Manuel Rivero o.p. aux intentions particulières des amis du père Lagrange et pour sa prochaine béatification dont le processus est en cours.

Soyons nombreux à nous joindre à cette prière :

 

9 septembre 2020
Bienheureux Alain de La Roche, le père Marie-Joseph et le Rosaire

 

 

Avec la Vierge Marie, le père Lagrange a médité l’Évangile dans la prière du Rosaire. Ce Rosaire prêché au XVe siècle par le bienheureux Alain de La Roche, dominicain, est une méthode de méditation de la vie du Christ. C’est en 1955 que le frère Joseph Eyquem, dominicain, créa les Équipes du Rosaire, mouvement d’Église qui existe aujourd’hui en France et dans le monde entier.

 

Illustration : Icône Alain de La Roche

 

 

 

8 septembre 2020
Nativité de la Vierge Marie

Pour moi, tous mes vœux ont été exaucés, la Ste Vierge Marie, à laquelle je me suis consacré de nouveau à ma tonsure, m’a présenté elle-même à Saint-Maximin, le jour de sa Nativité et le jour du Très Saint Rosaire. Puisse-t-elle être toujours ma Mère, ma Maîtresse, ma Reine, ma Dame, ma Patronne, ma Protectrice, mon Avocate auprès de Jésus : puisse-t-elle me donner un peu de l’amour dont son cœur était enflammé pour Jésus :

« Ô Marie, conduisez-moi par le plus court chemin au cœur de Jésus.
Guérissez ma mère qui est votre enfant : je mets tous les miens sous la garde de votre Cœur Immaculé.
Soyez félicitée mille fois, ô Marie, pour avoir répondu avec tant d’amour aux désirs du Divin Roi. »

« Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille (oublie ton peuple et la maison de ton père) – alors le roi désirera ta beauté. (Il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui ! Psaume 45 (44) 11-12). Dans la Tente sainte, en sa présence, j’ai officié ; c’est ainsi qu’en Sion je me suis établie, (et que dans la cité bien-aimée j’ai trouvé mon repos, qu’en Jérusalem j’exerce mon pouvoir (Siracide 24, 10-11). » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel.)

 

6 septembre 2020
Admission à la profession solennelle. Deux principaux défauts extérieurs ; 1. esprit caustique, moquerie ; 2. suffisance, entêtement dans les discussions. Remède intérieur : esprit surnaturel, humilité ; extérieur, le silence. (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, 6 septembre 1883.)

Illustration : S. Dominicus. Vade Praedica.

 

 

5 septembre 2020
Un combattant, le père Lagrange
La création de l’École biblique et la crise moderniste

par Bernard Montagnes o.p.

Que de fois le P. Lagrange n’a-t-il pas reçu de ses supérieurs romains le conseil de s’en tenir, dans la bataille scientifique engagée, à une tactique défensive ! Verrouiller les portes de l’Église, laisser les combattants du dehors s’entre-déchirer, se borner à des ripostes de circonstance en attendant que les acquis obtenus par d’autres s’imposent à tous, « est-ce vraiment ainsi que l’on sert la vérité et les âmes qui risquent de se heurter et de périr ? s’interrogeait Lagrange. Ne vaut-il pas mieux exposer ma tranquillité et même ma réputation que de me taire par une prudence selon la chair ? » Plutôt que de se tenir à l’écart en gémissant sur le malheur des temps ou de se replier en cédant le terrain conquis par la critique, Lagrange préfère se jeter au combat pour ravir à l’adversaire son arme la plus efficace : « seule la critique peut guérir le mal causé par la critique », estime-t-il. L’École biblique constitue, assure-t-il au maître de l’Ordre, « la plus haute entreprise intellectuelle qui puisse être tentée, enlever l’arme de la critique aux incrédules et aux protestants sur le domaine de l’Écriture ». La loyauté scientifique exige une stratégie offensive, dont Lagrange formule l’exigence à propos des sanctuaires d’authenticité douteuse, mais qui vaut tout autant pour les interprétations accoutumées d l’Écriture : « Le grand intérêt de l’Église est que nous soyons épris de la vérité pour démolir nous-mêmes les traditions certainement fausses, tout en maintenant les vraies. » (Bernard Montagnes o.p. Le père Lagrange (1855-1938) L’exégèse catholique dans la crise moderniste – Chap. IV – Les combats du père Lagrange – Le congrès de Fribourg (1897) – Extrait.)

Illustration : P. Bernard Montagnes o.p. et Me Andreas Frühwirth o.p. Maître de l’Ordre (1891-1904)

01 septembre 2020
Le père Lagrange. L’exégèse scientifique au service de l’Église

Le R.P. Maurice Gilbert, s.j. a fait un remarquable travail de collaboration dans le cadre du dossier de béatification du père Lagrange. Aux termes de l’un de ses articles : « Le père Lagrange. L’exégèse scientifique au service de l’Église », paru dans Rivista di teologia dell’Evangelizzazione (Bologne) 9 (2005), pp. 461-476, le R.P. Maurice Gilbert cite en conclusion le saint pape Paul VI :

En s’adressant en 1974 à la Commission biblique pontificale réunie à la suite de Vatican II, Paul VI se mit à parler « d’un grand

maître de l’exégèse, un homme dans lequel ont brillé d’une manière exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le Père Lagrange. » Cet homme avait été convaincu du lien indissoluble entre l’Écriture et l’Église, convaincu qu’il ne peut y avoir contradiction entre la science vraie et la foi catholique, convaincu que l’exégèse critique doit cheminer d’un même pas avec la vie spirituelle et religieuse, convaincu enfin que seul le Magistère pontifical avait l’ultime parole dans l’interprétation de la Bible. Comme le dira le Concile Vatican II : « Il appartient aux exégètes de s’efforcer, suivant ces règles, de pénétrer et d’exposer plus profondément le sens de la Sainte Écriture, afin que, par leurs études en quelque sorte préalables, mûrisse le jugement de l’Église. (Dei Verbum, 12.)

Lire l’article en entier…

https://mj-lagrange.org/wp-content/uploads/2011/09/Gilbert-Le-Père-Lagrange.-Lexégèse-scientifique-au-service-de-lÉglise-par-RP-M.-Gilbert-avril-2017.pdf

Illustration : R.P. Maurice Gilbert s.j. et le saint pape Paul VI

Écho de notre page Facebook : août 2020

31 août 2020
La dévotion du père Lagrange à la Vierge Marie

Intellectuel et érudit, le frère Marie-Joseph Lagrange n’a rien d’un cérébral, froid et distant. Il lui arrive de prier dans les larmes à l’image de son père saint Dominique, lors de la fête du Très-Saint-Rosaire le 3 octobre 1880, et quelques jours plus tard le 6 octobre, au moment solennel de sa première profession religieuse. Mû par un ardent désir de louer, de bénir et de prêcher l’amour de Jésus-Christ, il compte sur l’intercession de sa Mère. Dominicain, il oriente tous ses efforts vers « le salut des âmes ». L’Évangile de Marie aux noces de Cana ravive sa confiance en l’intercession de la Mère Immaculée. Par sa pensée, il rejoint aussi Marie au pied de la Croix et son âme aspire au sacrifice et au service : « Impossible de compatir à la Passion sans compatir au prochain. Sainte Marie, vous avez mis dans mon cœur cette compassion viscérale pour les malheureux. » (Journal, 4 octobre 1880). Les chrétiens savent que la Vierge Marie n’est pas une mère possessive. Loin de s’enfermer dans une prière intimiste, la prière mariale du frère Marie-Joseph Lagrange manifeste le don total de lui-même par amour, au service du Règne de Dieu. (Extrait d’un article de Manuel Rivero o.p. « La dévotion du père Lagrange à la Vierge Marie ».)

Illustration : Ô Marie, Vierge Sainte, couronnée d’étoiles (Emmanuel)

 

29 août 2020
Le martyre de saint Jean Baptiste (évangile de Jésus Christ selon saint Marc
(6, 17-29)

L’emprisonnement de Jean avait été pour Jésus le signal de sa propre activité : nous en apprenons maintenant le motif. […] Hérode Antipas avait épousé Hérodiade, la femme de son frère Philippe, dit saint Marc. Selon la loi c’était un véritable adultère. En ce temps-là Jean prêchait la pénitence […] et il déclara nettement : « Il ne t’es pas permis d’avoir la femme de ton frère ! ». Pour le faire taire Hérode le jeta en prison. Révéler ce vrai motif, c’eût été ébruiter un blâme importun. Après l’agitation causée par la prédication de Jean, la crainte d’un mouvement révolutionnaire, déplaisant pour les Romains, était un motif assez plausible. Manifestement le tétrarque avait voulu donner satisfaction à la haine inquiète d’Hérodiade. Elle exigeait davantage : la mort seule arrêterait cette voix. […] Comme l’a dit admirablement M. Fouard : « L’ombre où le prophète souhaitait de s’éteindre enveloppa son martyre. Nul témoin n’a raconté comment il accueillit l’ordre inique, et dans quelle paix il mourut ». (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Illustration : Le banquet d’Hérode – Décollation de saint Jean Baptiste – Hochaltar des Ulmer Münsters (14e).

 

28 août 2020
La parabole des vierges sages et des vierges folles (25, 1-13) n’est pas sans difficultés. Il est du moins certain que tout roule sur le retard possible de l’avènement de Jésus. Assurément tout l’effet serait manqué, et Jésus n’aurait pu conclure : Veillez ! s’il avait affirmé que la parousie serait tardive. La leçon consiste plutôt en ceci qu’il ne faudrait point douter de la parousie, même si elle était tardive. On n’a jamais le droit de dire : Tous les délais sont écoulés, ce ne sera pas pour aujourd’hui, nous pouvons nous endormir.

Quand viendra le moment, que nul ne peut prévoir, chacun sera pris comme il est ; si on n’est pas prêt, on n’aura pas le temps de se préparer, et on ne pourra pas compter sur les autres. Incidemment on comprend que cette préparation doit être personnelle ; il ne suffira pas d’être des gens de la noce, il faudra certaines conditions, supposées connues par l’enseignement général.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. : L’Avènement du Fils de l’homme. Extrait Revue biblique 1904.)

 

27-28 août 2020
Nous fêtons cette semaine saint Augustin (354-430) Docteur de l’Église et sa mère sainte Monique (332-387). Cette dernière inculqua à son fils une solide formation chrétienne.

Dans La méthode historique – la critique biblique de l’Église (Cerf) 1966, le père Lagrange évoque souvent saint Augustin. Dans sa conférence : L’exégèse critique et le dogme :

« Puisque Jésus n’a pas lui-même fixé son enseignement par écrit, il était impossible que les termes en fussent toujours conservés d’une façon mathématique. Ceux des évangélistes sont en partie empruntés à l’Église et rendus à l’Église; elle les fournit et elle les accepte; l’auteur lui-même y a mis de sa pensée, mais l’Église y reconnaît la sienne qu’elle sait être celle de Jésus. Et c’est pour cela aussi que S. Augustin ne croyait à l’Évangile que d’après l’autorité de l’Église, et c’est de nos jours, à l’occasion de ces progrès de la critique, que le chanoine anglican Gore a écrit : « Il devient, pouvons-nous peut-être dire, de plus en plus difficile de croire en la Bible sans croire à l’Église ».

23 août 2020
“Sainte Rose de Lima : anniversaire de mon ouverture à mon père, dix ans avant. » (Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel.)

Isabel Flores de Oliva, (dite Rose de Lima) 1586-1671, sainte, tertiaire dominicaine espagnole.

« Sainte Rose de Lima, priez pour nous ! »

Illustration : Statue de sainte Rose Lima – Maison natale à Lima (Pérou). Photo Manuel Rivero o.p.

 

 

 

 

21 août 2020
Saint Pie X (élu le 4 août 1903, † 20 août 1914)

Mosaïque de saint Pie X
à l’entrée de la crypte. Lourdes.

En matière d’études bibliques, l’urgence devient celle du contrôle et même de la répression. Aussi le projet d’une institution romaine vouée à la science biblique tombe en sommeil, comme le déplore le P. Lagrange, le 29 octobre 1903, dans une lettre au P. Ambroise Gardeil : « Le Saint-Père n’est évidemment pas entré dans la pensée de Léon XIII et n’y entrera probablement pas. Ceux qui veulent démolir se passent de permission… et nous en sommes là. On travaille beaucoup ici… pour l’avenir. »

Par le Père Cormier, Maître général, familier de Pie X, le P. Lagrange sait ce que le pape pense de l’École biblique. « Le Saint-Père me dit : « En cette matière, soyez dur ; vous pouvez être assuré de l’appui du Saint-Siège » » (10 septembre 1906). « Il ne pense pas qu’à Jérusalem on soit bien enchanté de ce qu’il fait et bien empressé à la seconder efficacement con amore. Un de nos Pères […] lui a dit que les études philosophiques et théologiques souffraient de la prépondérance donnée au reste » (22 avril 1908). « L’opinion s’est répandue chez certains de nos Pères que des professeurs ont pour tactique de se taire, attendant des jours meilleurs, et prévoyant que, s’ils avaient le malheur de risquer des opinions peu agréées, le pape frapperait comme un sourd, quod est inconveniens(1) » (18 juin 1909).

Non seulement le P. Lagrange est empêché en 1907 de publier quoi que ce soit sur l’Ancien Testament, mais après son Évangile selon saint Marc (1911), la Congrégation romaine responsable des séminaires jette en 1912 un blâme public sur ses publications. C’est alors que le P. Lagrange adresse au pape une admirable lettre de soumission, dans laquelle il proteste de son intention de servir l’Église et non de la subvertir, lettre qui émut Pie X. Le P. Cormier en avertit aussitôt le P. Lagrange le 5 septembre 1912 : « J’ai eu hier l’audience du Saint-Père, qui spontanément m’a exprimé sa grande et pleine satisfaction de votre lettre, m’encourageant à la publier. J’ai ajouté que vous aviez été peiné que certains vous attribuassent d’être rationaliste et insoumis. Votre désir était, au contraire, de sauvegarder la véracité, même historique de l’Ancien Testament et vos écrits dans ce sens sont de beaucoup antérieurs aux récentes décisions. » La bienveillance de Pie X se maintient ensuite puisqu’en mars 1913, comme le P. Lagrange le raconte à Tisserant, il a reçu une bénédiction spéciale du Saint-Père par un de ses anciens amis, camérier de cape et d’épée.

Dans ses Souvenirs personnels, écrits en 1926, le P. Lagrange revient sur cet épisode : « Quand je pense à l’accueil plein de bonté que fit Pie X à ma soumission de 1912, je me dis que si je lui avais écrit alors [en 1909] une lettre filiale, pour lui ouvrir mon cœur plus complètement que je ne l’avais fait jusqu’alors, ses soupçons se seraient peut-être évanouis. Je me suis trop condamné à ne rien faire qui parût être une captatio benevolentiae (2). Et que pouvait une lettre contre les attaques sans cesse renouvelées auprès de Sa Sainteté ? » (p. 184).

(1) Ce qui ne convient pas.
(2) La captatio benevolentiae est un procédé rhétorique qui consiste à s’assurer d’entrée de jeu de la sympathie de l’interlocuteur.

Bernard MONTAGNES o.p. Les papes du père Lagrange : Pie X (extrait de l’article paru dans la Revue du Rosaire n° 197, décembre 2007. Intégralité sur www.mj-lagrange.org.

Illustration : Saint Pie X. Mosaïque Lourdes.

 

20 août 2020
Saint Bernard de Clairvaux

L’Esprit Saint est la communication, le partage, le va-et-vient, la mise en commun, le don, l’amour et la communion du Père et du Fils. Saint Bernard de Clairvaux l’appelle « le baiser du Père et du Fils ». C’est l’Esprit Saint qui réalise l’unité dans l’Amour.

(Extrait de Manuel Rivero o.p., Le père Lagrange, lumière pour la nouvelle évangélisation. Source : http://www.ucipliban.org/le-p-re-lagrange-lumi-re-pour-la-nouvelle-vang-lisation-iv/

Illustration : L’Apparition de la Vierge Marie à saint Bernard de Clairvaux par Filippo Lippi (1480). Église de la Badia, Florence.

 

15 août 2020
L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel

Le mystère du Couronnement de la Vierge a marqué la vie du père Lagrange à travers l’expression artistique de Fra Angelico, le patron des artistes. Non seulement il était séduit par la beauté de l’humble Vierge Marie couronnée au Ciel par son Fils Jésus mais aussi par le rayonnement de saint Dominique qui figure au Ciel dans le même tableau. C’est ainsi qu’il devint spirituellement fils de saint Dominique, « âme pure », bien avant d’entrer dans l’ordre des Prêcheurs.

Dans sa prière, il se tourne vers la Reine Immaculée, Reine des anges, Reine du Très Saint Rosaire, sa Reine, à qui il confie actions et soucis familiaux.

Tournons-nous vers la Vierge Marie. Que son intercession vienne au secours de toutes les victimes de ce monde !

(Manuel Rivero o.p., Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire, Cerf, 2012.)

Illustration : Couronnement de la Vierge Marie St-Dominique-1440-1441 par Beato Angelico.-Couvent-S.-Marco.-Florence.-Italie.

 

15 août 2020

L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel 

Ressuscité d’entre les morts, Jésus, dans une démarche de piété filiale, a honoré sa Mère dans son âme et dans son corps dans le mystère de l’Assomption. Désormais la Vierge Marie partage sa victoire sur la mort sans connaître la corruption du tombeau. Là où est Jésus glorifié, là se trouve aussi sa Mère, glorifiée à son tour par l’Esprit Saint sous le regard aimant du Père. […] L’instant de l’Assomption comme celui de la résurrection de Jésus sont deux événements qui appartiennent au secret de Dieu.

Confions à l’intercession de la Vierge Marie notre situation humanitaire mondiale actuelle !

(Manuel Rivero, o.p. Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des Mystères du Rosaire, Cerf, 2012.)

Illustration : Couronnement de la Vierge Marie (détail) par fra Angelico.

 

12 août 2020

À ne pas manquer ! Écoutez la conférence numérisée du père Bernard Montagnes o.p. sur le père Lagrange, par les Dominicains de Bordeaux. Voici le l’adresse du site : https://soundcloud.com/dominicains-bordeaux/pere-lagrange-fondateur-de-lecole-biblique-8-nov-1990?fbclid=IwAR1keCoCCFUCai6k852FwmqV44vDhzBMJER77dGK3krApci4xkE6k_7nWoQ

Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain de la province de Toulouse, fonde en 1890 l’École pratique d’études bibliques à Jérusalem – www.ebaf.edu/fr/

Nous avons numérisé la conférence donnée par le frère Bernard Montagnes en novembre 1990 à l’occasion du centenaire de la fondation de l’Ecole. Père Montagnes consacre plusieurs articles sur le père Lagrange et publie deux livres majeurs : « Le père Lagrange (1855-1938) : l’exégèse catholique dans la crise moderniste » (Paris, Cerf, 1995, 246 p.) et « Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique » (Paris, Editions du Cerf, 2005, 624 p.).

 

11 août 2020
Saint Claire d’Assise (1194-1253) Bonne Fête à toutes les « Claire » !

Dans son Journal spirituel le père Lagrange s’examine souvent sur sa pratique personnelle de l’esprit de pauvreté.

« Degrés de pauvreté :
1° être en fait dépouillé de tout, ne rien faire de contraire au vœu ;
2° être détaché en esprit des choses dont on a l’usage. Ex. : les prêter volontiers ;
3° faire volontiers le sacrifice des choses superflues ;
4° faire volontiers le sacrifice des choses nécessaires ;
5° quand on est malade. »

Puis, il cite sainte Angèle de Foligno : « La pauvreté est si réellement la racine et la mère de toute humilité et de tout bonheur, que l’abîme où je vois cela ne peut se décrire. L’homme qui verrait le bien de la pauvreté, l’amour de Dieu tomberait sur lui ! »

Pie XII, Lettre Apostolique (en forme brève) proclamant Ste Claire Patronne Céleste de la Télévision (21 août 1958)

Mémoire de sainte Claire, vierge. Première plante des pauvres Dames de l’Ordre des Mineurs, elle suivit saint François d’Assise et mena au couvent de Saint-Damien une vie très austère, mais riche d’œuvres de charité et de piété. Aimant par-dessus toute la pauvreté, elle n’accepta jamais de s’en écarter, pas même dans l’extrême indigence ou dans la maladie.

 

10 août 2020

 

En ce jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, nous nous unissons à la prière de frère Manuel Rivero o.p. qui célèbre la messe de ce jour aux intentions particulières confiées à l’intercession du père Lagrange et pour la béatification de cet infatigable serviteur de Dieu www.mj-lagrange.org .

 

 

Nous nous unissons également à la douleur de nos amis libanais. Que Notre-Dame du Liban les soutiennent dans les épreuves qu’ils vivent actuellement. Voici deux belles prières composées par le cardinal Etchegaray et le saint pape Jean-Paul II :

Cardinal Etchegary (15 août 2006)

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Ils sont tes enfants, ceux qui sont brisés par la haine
et ceux qui apprennent à pardonner.
Ils sont tes enfants, ceux qui sont emmurés dans la peur
et ceux qui commencent à espérer.

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Si Dieu est le Père des commencements
tu es la Mère des recommencements.
Donne à ceux qui ont perdu le goût de vivre
la force de vivre encore plus pour les autres.

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Tu aides l’homme vieilli par le péché
à retrouver un coin fleuri de son enfance.
Tu aides l’homme révolté par la violence
à rendre à Dieu les armes de son destin.

Notre-Dame du Liban, garde ton peuple,
garde-le libre, libre, libre,
dans l’intégrité de son corps et l’unité de son âme.
Pour la gloire du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Pour la gloire de ton divin Fils Jésus
Pour le service des peuples de l’Orient et de l’Occident.

Que le Liban vive du Liban
Pour que le monde entier vive de la paix.
Amen

Saint Jean Paul II (1997)

Demandons à la Vierge Marie, Notre-Dame du Liban, de veiller sur votre pays et sur ses habitants, et de Vous assister de sa Tendresse maternelle, pour être les dignes héritiers des saints de votre terre et pour faire refleurir le Liban, ce pays qui fait partie des Lieux saints que Dieu aime, parce qu’il est venu y faire sa Demeure et nous rappeler que nous avons à construire la cité terrestre, en ayant les yeux fixés sur les valeurs du Royaume. Amen.

Illustration Notre-Dame du Liban

 

9 août 2020
Belle et Bonne Journée Dominicale à tous nos amis anciens et nouveaux…. et à venir.

Merci de vous joindre à l’association des amis du père Lagrange pour faire connaître et aimer la vie et l’œuvre de ce grand amoureux de la Parole de Dieu, qui fût en même temps un grand scientifique. Nous comptons sur vous pour vous joindre, par la pensée et la prière, demain 10 août, à la messe-anniversaire qui sera célébrée par frère Manuel Rivero, o.p., Président de l’association.
Merci de votre Confiance ! UDP.

Illustration : Fra Angelico (1450-55) La Vierge à l’Annonciation- Detroit Institut of Arts

 

XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES – 5-26 OCTOBRE 2008

La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église

Extrait de l’intervention du Très Rév. P. Carlos Alfonso AZPIROZ COSTA, O.P., Maître Général de l’Ordre des Frères Prêcheurs

Dans l’histoire récente de l’Église, on a mis en lumière, non sans difficultés, les nécessités de cette interprétation « critique » du texte et donc de la Sainte Écriture (frère Marie-Joseph Lagrange O.P., 1855-1938), qui met en évidence également son fondement historique et sa richesse ; le fait qu’elle est, justement, un chant à plusieurs voix.

La foi chrétienne, par ailleurs, en tant que « religion », doit être tout d’abord considérée comme « religion de l’Esprit », parce que le Nouveau Testament est principalement le même Esprit Saint qui produit en nous la charité, et seulement dans un second temps, également en tant que « lettre », elle peut être considérée comme « religion du Livre ».

Ce processus de révélation et de salut est aussi un dévoilement de la « veritas iustitiae » de notre vie, de la « justice de Dieu » c’est-à-dire fondée sur sa miséricorde qui est le fondement permanent de la justice divine parce qu’elle en constitue la racine première et son couronnement.

 

8 août 2020
En ce jour de la solennité de Notre Père saint Dominique (1170-6 août 1221), il est bon de rappeler la lettre du Maître de l’Ordre, le 6 août 2018, annonçant pour le 6 août 2021, la mémoire des huit-cents ans du « dies natalis » de saint Dominique. Dans cette lettre, Maître Bruno Cadoré mentionne également la prochaine proposition, à l’Église, du témoignage de la sainteté du frère Marie-Joseph Lagrange, parmi tant d’autres belles et saintes figures dominicaines.

FRATRES ORDINIS PRÆDICATORUM
CURIA GENERALITIA

La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

Très chers frères et sœurs, religieux et laïcs, de l’Ordre des Prêcheurs,

Le 6 août 2021, nous ferons mémoire des huit-cents ans du dies natalis de saint Dominique, rapportée par Humbert de Roman en ces termes : « Voici, dit-il, frères très chers, ce que je vous laisse pour que vous le teniez comme des fils par droit d’héritage. Ayez la charité, gardez l’humilité, possédez la pauvreté volontaire. Ô testament de paix… ». Frère Dominique s’endormit dans la mort en laissant à ses frères ce testament de paix, les faisant héritiers de ce qui fut la passion de sa vie : vivre avec le Christ et apprendre de Lui la vie apostolique. Être configuré au Christ par sa vie évangélique et apostolique.
Telle fut la sainteté de Dominique : son ardent désir que la Lumière du Christ brille pour tous les hommes, sa compassion pour un monde en souffrance appelé à naître à sa vraie vie, son zèle pour servir une Église qui élargisse sa tente aux dimensions du monde. « En lui, j’ai rencontré un homme qui réalisait dans sa totalité la règle de vie des apôtres : je ne doute pas qu’il ne soit associé à leur gloire dans le ciel », déclarait le Pape Grégoire IX en accordant la translation .
La célébration du Jubilé de la confirmation de l’Ordre a impulsé une dynamique de renouvellement de l’engagement de l’Ordre tout entier dans la proclamation de l’Évangile. Par cette lettre, je vous invite à le faire en puisant à la source de la sainteté qui fit de Dominique un prêcheur. Comme le disait magnifiquement sainte Catherine : « Son office fut celui du Verbe, mon Fils unique. Il apparut surtout au monde comme un apôtre, tant étaient puissants la vérité et l’éclat avec lesquels il semait ma parole, dissipait les ténèbres et répandait la lumière ».

La mort de Dominique, ou la mort d’un père et d’un frère

Après une longue prédication en Italie du Nord, frère Dominique tomba gravement malade à Bologne. Nous sommes en juillet 1221, et le climat dans la ville est tellement étouffant, humide et chaud qu’il ne permet pas l’amélioration de la santé de Dominique. On décide alors de le transporter dans un petit ermitage bénédictin situé sur les premiers contreforts des collines bolognaises. Mais la mort s’approche. Providentiellement les témoignages de frère Ventura de Vérone et de frère Rodolfo de Faenza, recueillis au cours du procès de canonisation à Bologne, permettent de reconstruire les derniers moments de la vie du Saint. À ces témoignages précieux s’ajoute le récit édifiant du bienheureux Jourdain de Saxe.
Sentant déjà proche le moment de la rencontre avec le Seigneur qui l’avait séduit à l’adolescence, Dominique fit appeler quelques frères du couvent de Bologne et commença à prêcher : « Se croyant près de mourir, il appela le témoin, c’est-à-dire le prieur, et les frères. Celui-ci s’y rendit avec une vingtaine de frères et, quand ils furent autour de lui, le bienheureux, étendu sur sa couche, commença à prêcher ; il leur fit un sermon très beau et émouvant ; jamais le témoin n’entendit de sa bouche sermon plus édifiant ». Selon le bienheureux Jourdain, la prédication de Dominique sur son lit fut faite non à vingt mais à douze frères : « Sur son lit de malade, il fit appeler douze frères, parmi les plus notables, et se mit à les exciter à se montrer fervent, à promouvoir l’Ordre, à persévérer dans la sainteté ». Il est clair ici que Jourdain entend donner une lecture christologique et apostolique de Dominique et de ses frères. Frère Ventura donne, de ces derniers moments de la vie de Dominique, un récit construit selon un schéma liturgique : après avoir reçu l’onction des malades et avoir fait une confession générale, Dominique préside, comme prêtre, l’Office de recommandation de sa propre âme à Dieu, et intervient à plusieurs reprises comme si c’était à lui-même d’animer. Ainsi Dominique meurt au cours d’un acte liturgique et au cœur de la liturgie des agonisants. Frère Ventura rapporte aussi une forme de prière que Dominique adressa au Seigneur, devant ses frères, au cours de laquelle il recommanda ces derniers et confia la famille elle-même : « Frère Dominique leva les yeux et les mains vers le ciel et dit : “Père saint, vous le savez, je me suis attaché de bon cœur à faire votre volonté, et ceux que vous m’avez donnés je les ai gardés et conservés. Je vous les recommande à mon tour ; conservez-les et gardez-les” ». C’est une brève paraphrase du discours d’adieu de Jésus au cours de la dernière Cène (Jn 17, 12). Dans cette prière, nous remarquons comment Dominique reste le frère aîné, le père, le fondateur, celui qui prend en charge ses propres frères, à l’image de son Seigneur bien-aimé. Dominique prononça d’autres paroles sur son lit de mort : « Ne pleurez pas ; car je vous serai plus utile là où je vais que je ne l’aurais été ici-bas ». On a noté que les mots « utilité » et « efficacité » sont des mots que Dominique aimait répéter souvent. La charité efficace devait être une des qualités de ses fils. L’utilité de soi-même devait être plus grande comme mort que comme vivant. Dominique meurt dans le couvent de Bologne conformément à son désir. Craignant en effet d’être inhumé dans le monastère bénédictin où il avait été recueilli, il supplia qu’on le portât à nouveau au milieu de ses frères. Arrivé dans la ville et installé dans une cellule du couvent, quand on lui demanda où déposer sa sépulture, auprès des reliques de l’un ou l’autre saint, Dominique fit cette magnifique réponse : « À Dieu ne plaise que je sois enseveli ailleurs que sous les pieds de mes frères ! ». C’est là, à la lumière de ces « novissima verba », que nous découvrons non seulement une affirmation d’humilité, mais surtout l’amour profond de Dominique pour sa communauté.

L’humilité d’un mendiant, pour prêcher

« [Le témoin] l’a vu aussi quelquefois aller de porte en porte demander l’aumône et recevoir son pain comme un pauvre » (Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Paul de Venise, 42)

À l’approche de sa mort, Dominique demanda donc instamment à ses frères de le ramener au couvent afin de pouvoir être enterré « sous les pieds de ses frères ».
Tel était son plus grand désir. Ce n’est là qu’un des aspects de la sainteté de celui qui, devenant prêcheur, demandait qu’on l’appelle « frère Dominique ».
Il veut être avec ses frères. En effet, il avait cette conviction que le signe de la fraternité dit déjà, en soi, quelque chose de la prédication. L’Ordre des Prêcheurs est pour Dominique un Ordre qui cherche à s’inscrire dans la trace de Jésus prêcheur, passant à travers villes et villages pour proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (cf. Mt 4, 23-25 ; Mc 1, 39 ; Lc 4, 44). Cette réalité de la fraternité est ainsi offerte comme un écho du salut qui est au cœur même de la proclamation de l’Ordre. Annoncer cette bonne nouvelle, c’est inviter chacun des interlocuteurs à découvrir au plus intime de lui-même une aspiration à vivre en ce monde sur le mode de la fraternité avec les autres. C’est aussi proclamer l’espérance que la figure de la fraternité entre les hommes anticipe la réalité du Royaume en lequel sera rassemblé le peuple de Dieu aux derniers temps. Donner ce signe est ainsi, le véritable « pupitre » de la prédication, au double titre de l’expérience concrète de la vie et de l’espérance du futur avec Dieu. Un pupitre depuis lequel – non par des discours théoriques mais à partir de l’écoute d’une Parole mise à l’épreuve de l’expérience concrète d’une vie avec et pour les autres – est proclamée, de la part de Dieu, la confiance en la capacité des humains de créer entre eux et avec Dieu, des relations qui « nourrissent la vie ».
Il demanda donc à être « sous les pieds de ses frères ». On peut probablement interpréter ce désir comme un signe d’humilité et d’abaissement. Lui qui disait qu’il serait plus utile à ses frères après sa mort veut rendre ce service en écho avec l’abaissement de Jésus, lavant les pieds de ses disciples tel un serviteur. Ainsi, cette détermination de Dominique à propos du lieu de sa sépulture pourrait bien évoquer encore son désir d’être assimilé par la grâce aux gestes même de Jésus. C’est-à-dire de Celui qui n’a pas retenu sa vie, mais a vécu sa proclamation du Royaume, l’enracinant dans le don de sa vie, offerte pour que tous aient la vie et soient accueillis dans la joie de la fraternité. Il veut continuer à être au milieu de ses frères, jusque dans la mort. Tel est le signe de ce don d’une vie « passée » à parler de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu . Ce signe manifeste ainsi le sens profond de la mendicité itinérante que Jésus a vécue, par laquelle Il a prêché en donnant sa vie. C’est aussi le signe du mendiant qui, par son geste implorant, sollicite l’hospitalité de ses contemporains en même temps qu’il offre de découvrir la vie nouvelle du Royaume. « Il est venu chez les siens… » (Jn 1,11).
Mais cette requête de Dominique exprime encore davantage car il invite ses frères à puiser leur propre sainteté dans la réalité de leur vie de prêcheurs. Il était de coutume, à l’époque, de chercher à être enterré au plus près de reliques de saints et confesseurs de la foi. En ce sens, il a souhaité être enterré au plus près de l’autel, dans l’espérance de la communion des saints. À travers sa requête, Dominique signifie que la réalité de la fraternité de ses frères est, à ses yeux, un lieu de sainteté équivalent à la valeur accordée aux témoignages des saints. Une fois encore, la sainteté peut être considérée comme le pupitre de la prédication des prêcheurs. Ceux-ci sont conviés, en tant que frères, à intégrer la foi en la communion des saints au cœur des réalités concrètes de la vie, et à y puiser la force de la parole itinérante du prêcheur. Communautés de prêcheurs, saintes prédications !!

L’humanité d’un prêcheur, à l’image du Fils

« Le bienheureux Dominique était si plein de zèle pour le salut des âmes, que sa charité et sa compassion ne s’étendaient pas seulement aux fidèles, mais même aux infidèles, aux païens, et jusqu’aux damnés de l’enfer ; il pleurait beaucoup à leur sujet » (Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 11).

« Dieu a manifesté la tendresse (benignitatem) et l’humanité de notre Sauveur en son ami Dominique : qu’Il vous transfigure à l’image de son Fils ». Cette formule de la bénédiction solennelle en la fête liturgique de saint Dominique indique le cœur de la sainteté de Dominique.
Ce dernier est le seul, dans tout le Sanctoral, à propos duquel cette « tendresse » (en français) est nommée. Et elle l’est en parlant du mystère par lequel le Fils est venu prendre sur lui notre humanité. Ce Mystère de l’Incarnation du Fils notre Sauveur est si essentiel dans la prédication de frère Dominique qu’il en est devenu comme la lumière intérieure de sa propre humanité. La vocation de Dominique à engager sa vie pour la prédication de l’Évangile le conduisit à trouver là un chemin qui le mena au plus profond de sa propre humanité. D’une certaine manière, il s’agit aussi d’une vocation à se laisser engendrer à soi-même par le mystère de la vérité qu’il proclame (longtemps je t’ai cherché…, disait déjà St Augustin). La proclamation de l’Évangile est alors offerte comme un chemin intérieur vers soi, à la rencontre de ce lieu en lequel Dieu, par son appel « construit », « établit » chacun dans sa filiation propre.
De cette « humanité » de Dominique, il me semble que certains traits ressortent tout particulièrement : la simplicité, la compassion, la frugalité, l’amitié. La lecture des témoignages recueillis par ses biographes qui l’avaient connu directement, et de ceux rassemblés pour le procès de sa canonisation, mettent unanimement en valeur tout autant la profondeur que la simplicité de l’humanité de Dominique. « Il accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa charité et, puisqu’il aimait tout le monde, tout le monde l’aimait » , « ce prêcheur qui s’émeut devant la souffrance humaine » , « qui est transporté de gratitude lorsqu’il reçoit un pain pour nourrir ses frères » comme il est transporté en Dieu lorsqu’il contemple la générosité de Sa grâce, qui n’aime rien tant que de faire de l’amitié avec les autres le mode habituel de l’offrande de la Parole de vie. Cette simple et proche humanité dont Thomas d’Aquin disait, parlant de la vie de Jésus, « il s’est fait familier… ».

L’insistance sur l’humanité de Dominique n’est pas seulement une manière de mettre en valeur ses propres qualités morales. Elle dit aussi comment il voulait être prêcheur. C’est en déployant pleinement cette humanité familière avec tous qu’il désirait rendre témoignage à Celui qui est venu établir sa demeure parmi nous, et s’effacer pour lui laisser la place dans le cœur et l’intelligence de la foi de celles et ceux qu’il rencontrait. Le bienheureux fr. Jean-Joseph Lataste, à qui on demandait ce qu’était l’Ordre des Prêcheurs, répondait que c’était « l’Ordre des amis de Dieu ». Cette réponse n’est-elle pas une manière à la fois de décrire comment les frères et les sœurs de l’Ordre désirent vivre entre eux et avec Dieu, et de désigner l’horizon de la prédication « verbo et exemplo » qu’ils et elles entendent proposer dans l’Église, sans cesse en tension vers cet horizon ultime de la communion de tous en l’amitié de Dieu ? Écho de cette parole du Christ, dont tout prêcheur voudrait à son tour se faire l’écho : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis, et établis » (Jn 15,16). Je vous appelle amis…
Au cœur de ce témoignage, résonne comme un appel ce beau mot « frère ». Dès que Dominique et Diègue commencèrent à prêcher en Lauragais, le sous-prieur qu’était Dominique insista pour demander que, désormais il soit désigné comme « frère Dominique » . Ici encore, on peut y voir un signe de sa simplicité et de son humilité : ce ne sont pas les titres, ni les positions ecclésiales, qui doivent qualifier le prêcheur, mais sa manière d’être en humanité. Est appelé « frère », l’un des membres de cette communion en l’amitié de Dieu. Est appelé « frère », l’un des membres de cette grande famille des amis de Dieu que l’Église est appelée à devenir. Il y a là, en quelque sorte, une déclaration de foi qui constitue le socle d’une compréhension théologique de l’Église, et qui invite à une pratique théologale de la prédication. Parce qu’il désire être prêcheur à la manière de Jésus au milieu de ses disciples, c’est comme frère que Dominique veut s’engager « dans l’engagement de Dieu ». Ce sera le chemin de sa sanctification : « qu’Il vous transfigure à l’image de son Fils » (Rm 8,29).

Prêcher comme et avec le Christ, chemin de sanctification

« Frère Dominique s’adonnait à la prédication assidûment et avec la plus grande diligence ; et quand il prêchait, il trouvait des accents si bouleversants que, très souvent, il s’émouvait lui-même jusqu’aux larmes et faisait pleurer ses auditeurs » (Procès de canonisation de Bologne, Déposition du frère Etienne, 37)

Ce chemin de sanctification, pour Dominique, est jalonné par les deux mystères de la miséricorde et de la vérité, qui tous deux convergent vers cette liberté si chère à la « spiritualité dominicaine ». De ce point de vue, la figure de Marie-Madeleine peut être considérée comme établie « apôtre des apôtres », appelée par le Ressuscité. Ce lieu plus intime à nous-même que nous-même est le lieu de la miséricorde. C’est-à-dire à la fois de la vérité, du réalisme et de la transparence de la rencontre avec Dieu en l’intimité de chacun, et lieu du pardon, au-delà de toute mesure humaine, et d’engendrement dans la miséricorde. Le don surabondant de la miséricorde se fait alors appel à plonger dans l’Évangile comme dans sa source vive, à plonger dans l’Évangile – lumière révélatrice du mystère de chacune de nos vies humaines – comme nous fûmes plongés dans les eaux du baptême. Demeurez dans ma Parole, ma parole est vérité. Ou, plus exactement : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres » (Jn 8, 31).
Deux textes écrits par le Pape Honorius III à l’occasion de la confirmation de l’Ordre, et de sa « recommandation » imposent aux frères de l’Ordre la prédication pour la rémission des péchés. Ils soulignent deux aspects très concrets de la vie choisie par Dominique. L’un est que le ministère de la prédication (de l’évangélisation) peut être donné aux frères de l’Ordre comme moyen propre de sanctification. L’autre est que ce ministère est imposé aux frères pour la rémission des péchés.

D’une part, leur est ainsi imposé de proclamer l’Évangile dans cette forme de vie « totalement dédiée à l’évangélisation du nom de notre Seigneur Jésus-Christ » , qui définit la prédication comme la présentation du Nom de Celui qui vient. A la fois, il s’agit de la proclamation du Nom, et de l’annonce de la venue du Royaume : « Du reste, parce que c’est le succès et non pas le combat qui obtient la couronne et que seule la persévérance, parmi toutes les vertus qui concourent dans le stade, remporte le prix proposé (1Co 9, 24), nous adressons à votre charité cette demande et cette exhortation pressante, vous en faisant commandement par ces lettres apostoliques et vous l’imposant en rémission de vos péchés : que, confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la Parole de Dieu (Ac 8, 4), en insistant à temps et à contretemps, pour accomplir pleinement et de manière digne d’éloge votre tâche de prédicateur de l’Évangile (2Tm 4, 2-5) » .
D’autre part, il s’agit de faire cela dans la mendicité, ayant choisi l’état d’abjection de la pauvreté volontaire, personnelle, certes, mais aussi collective. Le Pape souligne que ce choix rendra les prêcheurs vulnérables, les exposant à toutes sortes de difficultés et de danger. C’est pourquoi, afin de les conforter dans leur propos de salut, il leur accorde que « les indigences et les labeurs qu’ils auraient à souffrir dans l’exercice de cet office soient assignés à la satisfaction de leurs propres péchés » .
Pour les frères, ce chemin de sainteté sera celui de la « consécration à la Parole », de la consécration à la vérité, ainsi que le développe S. Thomas d’Aquin dans le Commentaire de l’Évangile selon S. Jean.
La lettre d’Honorius III du 18 janvier 1221 exprime cette « consécration » ainsi : « Celui qui ne cesse de féconder son Église par de nouveaux croyants voulut conformer nos temps modernes à ceux des origines et diffuser la foi catholique. Il vous inspira donc le sentiment d’amour filial par lequel, embrassant la pauvreté et faisant profession de vie régulière, vous consacrez toutes vos forces à faire pénétrer la Parole de Dieu, tandis que vous évangélisez par le monde le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

Le choix de Dominique a été de plonger dans la mission du Fils, et de laisser ainsi l’Esprit du Fils configurer sa propre vie à l’image de la sienne : « Et les dons que [le Christ] a faits, ce sont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs, des enseignants, afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble… » (Ep 4, 11-13). On perçoit dans ces paroles de l’apôtre Paul à la fois l’unité dans la foi et l’unité dans la connaissance du Fils de Dieu. Mais on entend aussi l’appel fait aux croyants (les « saints ») de « sortir » pour aller marcher dans les traces de la mission du Fils. En choisissant de se donner à la prédication, Dominique a fait le choix d’un chemin sur lequel il a laissé l’Esprit l’ajuster à Dieu, le justifier, le sanctifier. Mais il a fait en même temps le choix de vivre son aspiration à la sainteté comme une manière d’engager sa vie entière. Son désir était que l’Église du Christ éprouvât elle-même la joie d’être promise à la sainteté à la mesure même où elle se déploie en proclamant la bonne nouvelle de cette promesse.

La sainteté de Dominique, un rêve pour l’Église

« Devenu pasteur et chef illustre dans le peuple de Dieu, il institua par ses mérites l’ordre nouveau des Prêcheurs, l’instruisit par ses exemples, et ne cessa pas de le confirmer par d’évidents et authentiques miracles » (Grégoire IX, Bulle de canonisation)

Il me semble qu’avoir un « rêve pour l’Église » est un élément central de la sainteté de Dominique, comme ce le fut aussi pour Catherine de Sienne (« si je meurs, c’est de passion pour l’Église »). Tous deux ont donné à la prédication de l’Ordre un enracinement dans une solide ambition pour l’Église du Christ (« comme j’aimerais que ce feu soit allumé », Lc 12, 49), qui porte à la fois sur la vie et la mission de l’Église.
À la suite du concile de Vatican II, on pourrait dire que c’est l’ambition de l’Église du Christ d’être sacrement pour le monde, dans le monde. Dans le contexte actuel qui appelle si ardemment à un renouveau de l’évangélisation, c’est l’ambition de passer d’une perspective de maintien ou de renforcement des communautés ecclésiales existantes à une perspective de promotion de toutes ces communautés ecclésiales comme véritables « sujets missionnaires ».

« Comme j’ai hâte que ce feu soit allumé » (Lc 12, 49). Ce désir du Christ animait, je crois, celui de Dominique lorsqu’il était affronté aux divisions de toutes sortes qui défiguraient l’Église de son temps et mettaient en péril sa mission d’évangélisation. La force de ce désir – qui conduisit Jésus au plein consentement d’abandon suprême jusqu’à être mis en Croix – est la source à laquelle Dominique abreuvait sans cesse sa prière et son humanité : identifier sa vie à cette vie unique du Fils, donnée une fois pour toutes, pour que le monde ait la vie et qu’il l’ait en abondance (Jn 10, 10). Les représentations si paisibles de Dominique embrassant la Croix du Christ, ou scrutant inlassablement la Parole qui se révèle au fil des pages de l’Écriture, manifestent bien que, loin de toute attitude morbide, cette identification a comme objet d’ajuster son propre désir d’évangélisation à celui du Christ. Le rêve de Dominique est celui d’une Église en incessante fondation, c’est-à-dire en incessante évangélisation. Pour lui, aller jusque chez les Cumans ne signifie pas une volonté d’extension de l’Église en termes d’élargissement de son territoire, de renforcement de son pouvoir ou de son influence, voire de domination sur toute autre croyance. Il s’agit bien davantage d’un désir qui naît de l’amour du monde entier, cherchant à s’approfondir jusqu’à s’identifier à l’amour du Christ pour le monde et qui sait, de connaissance de Créateur, combien le monde humain est capable de déployer son don d’hospitalité à tous en une seule communion et à Dieu son Créateur en une commune histoire du peuple que Dieu aime.
Pour cette raison, Dominique rêve d’une Église constamment « en passage ». Il en a lui-même fait l’expérience lorsque, formé depuis son adolescence pour être un clerc, puis devenir un chanoine, il reçut sur la route de la prédication un appel venu de l’intérieur même de son ministère clérical à devenir frère. Il découvre ainsi combien ce ministère l’a préparé à se mettre au service d’une Église toujours inachevée qui porte la Parole au-delà de ses frontières. Ce passage prit la forme de cette hantise qui habitait ses nuits et sa prière. Il éprouvait alors que la communion proclamée en un même et unique Royaume ouvert à tous exigeait d’aller à la rencontre des pauvres et des pécheurs, des hérétiques et des païens. C’est une Église du pardon, de la réconciliation et de la communion dont Dominique veut être le serviteur. Cette Église « en passage » est aussi une Église que la prédication elle-même va constituer en sa diversité. Dominique, en effet, en réponse à celles et ceux qui le rejoignent par intuitions successives, va progressivement constituer avec lui une « famille de la prédication », cette « sainte prédication » dans laquelle – si chacun ayant bien sa place et son rôle particuliers, selon son propre statut et mandat ecclésial, et selon sa propre formation – tous seront solidaires en une même évangélisation. Ils seront tous animés d’un même désir de contribuer à ce que l’Église, par sa proclamation du Royaume, devienne sans cesse davantage une amie du monde annonçant le pardon, la réconciliation et la paix. À la suite de Dominique, à la table de l’aubergiste, ou au milieu de ses frères à la table du « miracle des pains », par le signe de la fraternité ils inviteront tous les hommes à prendre place à la même Table du Royaume. Fraternité, là est le signe d’une Église de communion.

Cette Église pour laquelle Dominique désire engager toute sa vie, et appelle ses frères et sœurs à le faire avec lui, est une Église amie et fraternelle, mue par une affection profonde entre ses membres et pour le peuple de Dieu au-delà de ses propres frontières. Le terrain sur lequel est envoyé le prêcheur doit être considéré, disait le Pape François aux frères capitulaires en 2016, comme « terre sacrée », comme lieu de sainteté. Dominique donnait ainsi à la prédication tant l’horizon de la contemplation de la grâce à l’œuvre dans l’histoire du monde, au-delà souvent des limites visibles de l’Église, que l’horizon de la « conversion apostolique ». Cette dernière, en effet, s’enracine dans une solidarité pour laquelle le ministère de la prédication appelle à engager sa vie entière. Ainsi le disait l’apôtre Paul : « Comme une mère qui entoure de soin ses nourrissons (…) Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies » (1Th 2,8). La question est alors que les restructurations dans l’Église aient toujours comme objectif de promouvoir, de cultiver l’affection de la communauté pour tous.
En ce sens, on peut comprendre l’intercession comme une pratique essentielle pour la consolidation de nos communautés fraternelles. L’intercession ouvre vers un double processus d’identification : d’une part, identification à ceux pour qui le Seigneur est imploré ; d’autre part, identification à Celui qui implore pour le monde. C’est aussi dans cette même perspective que l’on peut percevoir la dimension contemplative de la prière de Dominique parlant du monde à Dieu. Il ne cessait de contempler le mystère de miséricorde qui est au cœur du déploiement de la « création continuée ». La prière liturgique, à laquelle Dominique tenait tant, offre alors à la communauté de la « sainte prédication » de se laisser constituer par cet entrecroisement de l’intercession et de la contemplation, fondé dans l’écoute du mystère du salut dans l’histoire humaine tel que la sainte Écriture le révèle.

Plonger dans l’œuvre de la grâce : dans l’engagement de Dieu

« Soumettant la chair à l’esprit et la sensibilité à la raison, il devint avec Dieu un seul et même esprit et s’appliqua tout entier à le rechercher par les saints transports de l’âme, sans manquer jamais à l’amour du prochain, car il sut avec équilibre s’adonner avec zèle aux œuvres de la compassion. » (Grégoire IX, Bulle de canonisation)

Nous aimons parler de Dominique comme du prêcheur de la grâce. Il l’a été en désirant de tout son être vivre de la vie du Christ prêcheur, de sorte qu’il aurait pu reprendre les paroles de l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui prêche, mais le Christ qui prêche en moi » (Gal 2,20). Pour cela, Dominique voulait « plonger » dans la Parole, celle qui ravive le désir du cœur parce qu’elle fait entendre l’appel de chacun par son nom. Cette plongée se fait dans la trace de la plongée baptismale, comme vocation à vivre de la joie et de l’espérance de l’Évangile. Mais c’est en même temps un appel qui fait naître au cœur le désir que tous aient la vie. Il s’agit donc à la fois d’une « vocation à soi-même » ayant la teneur d’une expérience de la miséricorde, et d’une vocation à appeler les autres à devenir « amis de Dieu ».
Cette plongée dans la Parole, Dominique l’a vécue comme une plongée en pleine humanité, donnant ainsi à son engagement la densité de la corporéité. Certes, ce terme désigne la corporéité de chacun en laquelle s’incarne cette expérience du cœur : de ce point de vue, se manifeste la portée « globale », « intégrale » de la vocation à l’évangélisation. Mais ce terme désigne aussi la corporéité de l’Église. La communauté est le lieu d’ajustement à cette corporéité de l’Église. C’est ainsi faire l’expérience de la finitude et de l’inachevé, la communauté étant le lieu où chacun peut en faire l’expérience. Chacun peut éprouver sa capacité à laisser sa communauté d’appartenance et de vie être communauté de « passage » : passage de la conversion ; passage à l’homme renouvelé ; passage comme signe de communion (le « désir intime de concorde fraternelle » ). La pauvreté mendiante est peut-être un rappel de la réalité de ces passages à opérer…

Plongée dans la Parole, plongée dans l’humanité : deux chemins vers la sainteté. Un troisième chemin proposé par Dominique est celui de l’intelligence : intelligence comme lieu de l’expérience de la structure eschatologique de la raison (la « vérité ne se transforme pas, elle grandit », disait Lacordaire). L’intelligence est en effet le lieu où l’on peut éprouver comme un champ indéfini de progrès dans la vérité. Elle est aussi cette instance qui permet à chacun de structurer solidement sa foi, évitant de se perdre dans des « opinions de foi » erronées. Au fond, la conviction de Dominique, lorsqu’il accorde tant d’importance à l’étude de la Parole et de la juste doctrine, est que l’effort de l’intelligence – qui cherche la vérité – est chemin de libération des croyances qui aliènent, pour ouvrir à la contemplation de la vérité qui libère. Mais il ne s’agit pas d’une intelligence « figée », elle est sans cesse à la recherche de cette vérité, dans la contemplation de l’économie de la révélation du mystère du salut dans l’histoire. Révélation dans l’histoire, qui dévoile combien, pour le prêcheur, l’histoire est le lieu premier de la contemplation de la grâce, une « terre sacrée » où les prêcheurs sont envoyés pour écouter la Parole… Ce troisième chemin est donc celui où s’installe une sainteté qui fait confiance à l’intelligence parce que, sous la lumière de la grâce, elle fait confiance aux hommes. Elle fait confiance aux hommes dans leur histoire, parce qu’il s’agit de faire naître dans l’histoire une foi plus simple mais ô combien plus éclatante !

Saint Dominique, un saint pour aujourd’hui

Dans sa lettre du 11 février 1218, Honorius III recommandait ainsi l’Ordre : « Nous réclamons donc de votre dévouement et nous vous exhortons instamment, en vous en donnant l’ordre par cet écrit apostolique, de tenir pour recommandés, par égard pour nous et pour le Siège apostolique, les frères de l’Ordre des Prêcheurs, dont nous croyons le ministère utile et la vie religieuse agréable à Dieu ». En ces temps où l’Église est appelée à renouveler sans cesse son zèle pour l’évangélisation et ainsi à vivre de la joie d’être « en état permanent de mission », le témoignage de sainteté de Dominique n’est-il pas un appel pour aujourd’hui ? Au-delà de la mémoire du 6 août 1221, les célébrations de l’année 2021 peuvent être pour l’Ordre un temps favorable pour partager avec l’Église ce trésor reçu de Dominique : s’engager dans l’aventure de l’évangélisation ouvre, pour tout croyant, un chemin sur lequel vivre la joie d’être « ajusté » à Jésus, prêcheur.
C’est en étant prêcheur que Dominique reçut la grâce de la sainteté, et c’est la voie qu’il a ouverte à ses filles et à ses fils. Ainsi la sainteté de Dominique se prolonge dans celle de ses fils et filles, dans les contextes et les lieux où la prédication a porté des frères et des sœurs à proclamer la Parole et à œuvrer pour le bien de l’humanité. Comme Dominique, ils ont été attentifs aux signes des temps et désireux de servir la communion dans l’humanité et dans l’Église. En conjoignant une vie intense de prière pour que le monde ait la vie, engagement généreux pour la fraternité, et quête exigeante de la vérité, ils ont été apôtres comme saint Dominique ou saint Vincent Ferrier, docteurs comme saint Thomas d’Aquin et sainte Catherine de Sienne, martyrs, comme saint Pierre de Vérone.
Ces dernières années, d’autres figures ont été reconnues comme témoins de cette sainteté par la prédication, comme le frère Jean-Joseph Lataste, apôtre des prisons, Pier Giorgio Frassati, « l’homme des Béatitudes », figure si importante pour les jeunes aujourd’hui, le frère Giuseppe Girotti, martyr du nazisme, la Bienheureuse Marie Pousssepin, infatigable apôtre missionnaire de la charité, la Bienheureuse Marie-Alphonsine Ghattas et l’audace de sa fondation en Moyen Orient… Tout récemment, le frère Pierre Claverie, évêque d’Oran, a été reconnu martyr avec ses dix-huit compagnons d’Algérie. Tous ces saints et bienheureux illustrent ensemble le modèle de sainteté, progressivement promu dans l’Ordre depuis la canonisation de saint Dominique en 1234, qui tient dans la triade : prédicateur, docteur et martyr. L’Ordre aimerait proposer prochainement à l’Église le témoignage de sainteté du frère Marie-Joseph Lagrange, de Giorgio La Pira, laïc qui voua sa vie à servir la cité, Bartolome de Las Casas, Girolamo Savonarole…. Mais avec eux, tant d’hommes et de femmes, religieux et laïcs, ont trouvé en saint Dominique l’inspiration qui les fit choisir d’engager leur vie pour l’Évangile, de trouver leur vie en proclamant et témoignant de la bonne nouvelle du Royaume. Saint Dominique, une sainteté pour aujourd’hui !
C’est dans un esprit de profonde action de grâce pour cette voie de sainteté ouverte par saint Dominique que nous célébrerons l’anniversaire de sa mort au cours de l’année qui s’étendra du 6 janvier 2021 au 6 janvier 2022.
Action de grâce pour le chemin qu’il a ouvert devant nous et sur lequel nous désirons qu’être prêcheur soit notre voie de sanctification. Action de grâce pour les témoignages de tant de sœurs et de frères dont la sainteté est accueillie par l’Église comme un don précieux pour tous les fidèles. Action de grâce pour l’intercession auprès de Dieu que Dominique a promise à ses frères qui le pleuraient et qui constitue la force de la sainte prédication aujourd’hui. Et nous rendons grâce avec la conscience vive, une fois encore, que célébrer cette mémoire est en même temps une prière : que par l’intercession de Marie, la Mère des Prêcheurs, et de saint Dominique, les frères et les sœurs de l’Ordre, laïcs et religieux, apostoliques et monastiques, confirment la « sainte prédication » par leur service de l’humanité et de l’Église.

Fait à Sainte Sabine, le 6 août 2018,

Votre frère en saint Dominique,
fr. Bruno Cadoré, O.P.
Maître de l’Ordre des Prêcheurs

« O Spem miram quam dedisti mortis hora te flentibus
Dum post mortem promisti te pro futurum fratribus : Imple Pater quod dixisti nos tuis juvans precibus.
Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus,
Nobis opem ferens Christi, aegris medere moribus. Imple Pater… »

Prot 50/18/480 Letters to the Order

 

8 août 2020
Saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Prêcheurs.

« Ô mon Père, St Dominique, vous savez que je vous aime ! Je suis entré dans votre Ordre avec l’espérance qu’un jour je serai reçu, par vous, à la porte du Ciel et conduit, par vous, aux pieds de Notre-Dame Marie Immaculée. – Accordez-moi cette grâce, à moi et à tous mes parents, d’arriver au ciel sous votre bannière. Je vous demande encore une abondante effusion de votre Esprit dans tout l’Ordre et le noviciat. » (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.)

Une lumière se lève
Caleruega n’avait pas un siècle d’existence lorsque Dominique y naquit, entre 1171 et 1173. Spontanément formé par l’extension progressive du peuple de la région, le village s’était installé sur une plateforme, à mi-chemin d’une colline. Il n’était devenu paroisse que depuis trente ou quarante ans. L’église paroissiale romane, toute blanche encore dans ses pierres fraîchement taillées, portait le témoignage de cette jeunesse en plein élan de son essor.
Au plus haut point de la plateforme, sur un léger éperon du terrain, une grosse tour quadrangulaire dominait les routes qui s’engageaient dans un vallon. C’était le torreón, le logis du seigneur, père de saint Dominique. Mais l’enfant ne naquit point parmi les militaires dans l’inconfortable donjon. Un sanctuaire marque à quelque cent mètres de là l’emplacement du logis où l’enfant vit le jour. Une noble marraine le porta jusqu’à la paroisse. Les fonts baptismaux dans lesquels il fut baigné ont été pieusement conservés jusqu’à nous.
La lumière de la grâce qui l’enveloppa dès l’heure de son baptême fut-elle la source de la lumière que plusieurs virent briller sur son front dès l’enfance ? Aux derniers jours de sa vie, « cette sorte de splendeur » qui rayonnait sur son front, ou filtrait entre ses cils baissés pour la prière, « attirait le respect et l’affection de tous ». Transparence du regard d’un enfant au cœur spécialement aimant et pur ? Ou déjà grâce propre d’un saint dont l’unique espérance, à la suite du Christ et des apôtres, serait d’ « illuminer les hommes assis dans les ténèbres à l’ombre de la mort » ?
Sa mère, en effet, l’avait reçu en grand esprit de religion et orienté dès le premier jour en son cœur vers la cléricature. Jeanne, dont l’histoire a conservé le souvenir de beaux traits de miséricorde, lui transmit assurément sa vive sensibilité à la misère d’autrui, à toutes les misères. (Marie-Humbert Vicaire, o.p. – Saint Dominique, DDB, 1957.)

 

8 août 2020
Saint Dominique par le P. Lagrange

La sainteté consiste dans l’imitation de Notre Seigneur. Mais personne ne peut reproduire entièrement toutes les perfections de ce divin modèle. Il m’a bien fait comprendre ce matin que je devais m’appliquer surtout à retracer en moi les traits de notre Père saint Dominique. De même que Marie est pour tous les chrétiens l’océan des grâces, le seul réservoir qui nous les distribue, saint Dominique est le fleuve qui nous les apporte. Or il eut surtout, en particulier, l’esprit de prière, de pénitence, de dévotion envers la Sainte Vierge par le Rosaire, le zèle des âmes : la contemplation dans la vie active. J’ai cru comprendre aussi comment la vie apostolique avait peut-être moins de danger d’orgueil que la vie érémitique.
Demander bien assidûment l’esprit de saint Dominique.

« Ô mon Père, saint Dominique, vous savez que je vous aime ! Je suis entré dans votre Ordre avec l’espérance qu’un jour je serai reçu par vous à la porte du Ciel et conduit par vous aux pieds de Notre-Dame Marie Immaculée. – Accordez-moi cette grâce, à moi et à tous mes parents d’arriver au ciel sous votre bannière., …
Je vous demande encore une abondante effusion de votre Esprit dans tout l’Ordre et le noviciat. Fiat spiritus tuus in me duplex » [2 R 2,9]. [Que me revienne une double part de ton esprit !]
(Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.)

Illustration Saint Dominique par Joseph Aubert (19e). Basilique Saint-Étienne. Jérusalem.

 

6 août 2020
La Transfiguration du Christ sur le mont Thabor

Jésus prend les mêmes disciples [Pierre, Jacques et Jean] au Thabor et au jardin des Olives : c’est par zèle qu’il a voulu les préparer par la Transfiguration.
De même l’instruction qu’il donne après la multiplication des pains : il saisit le moment propice pour augmenter la foi.
(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, p. 35)

Illustration : Transfiguration. Le Pérugin (15e)

 

5 août 2020

Souvenir de l’Inauguration et bénédiction de l’avenue du Père Lagrange en ce samedi 21 juillet 2012 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var)

En ce samedi 21 juillet 2012, veille de la fête de sainte Marie-Madeleine, apôtre des apôtres, a eu lieu à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume l’inauguration et la bénédiction de l’avenue Père Lagrange, dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, en présence du maire de la Ville, du président du Conseil Général du Var et de nombreux amis des frères dominicains.
Mgr. Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, a béni cette nouvelle avenue ainsi que la nouvelle sculpture « Père Marie-Joseph Lagrange », œuvre d’un artiste local, Mathieu Myskowski.
Un lunch a suivi la cérémonie. Des représentants des medias s’y étaient déplacés pour témoigner de cet événement.
Les sœurs moniales dominicaines de Saint-Maximin se sont réjouies de cette démarche de la mairie.
Je vous confie à l’intercession du serviteur de Dieu, le frère Marie-Joseph Lagrange.

Fr. Manuel RIVERO, O.P.

4 août 2020
Fête du saint curé d’Ars 2020

Il y a un an, le 4 août 2019, le pape François écrivait une lettre aux prêtres
Chapelet avec le curé d’Ars, par le frère Manuel Rivero O.P.

L’an dernier, le 4 août 2019, le pape François avait envoyé une « Lettre aux prêtres à l’occasion des 160 ans de la mort de saint Jean-Marie Vianney,

Saint Jean-Marie Vianney

le curé d’Ars ». Très beau message où le Saint Père partage les souffrances et les joies apostoliques des prêtres du monde entier.
Le pape François pointe la tentation subtile qui menace ceux qui ont décidé de mener le combat spirituel pour Jésus : l’acédie, « douce tristesse », attitude de découragement et de lassitude, « le plus apprécié des élixirs du démon » selon l’expression de l’écrivain catholique Georges Bernanos. Le « bof », « je n’ai pas envie », « ça ne me dit rien », « une autre fois ». C’est ainsi que la prière et le service sont renvoyés à plus tard.
Le curé d’Ars appelait le diable ou Satan : le « Grappin », instrument utilisé par les paysans pour arracher les pommes de terre. Le diable cherche à arracher les âmes au Christ Jésus par la tentation du découragement.
La Vierge Marie, Immaculée Conception, a occupé une grande place dans la vie, la prière et la prédication du saint curé d’Ars, patron des curés du monde entier, que l’Église célèbre dans sa liturgie le 4 août.

Nous allons prier les mystères lumineux du Rosaire à la lumière de la vie et du ministère de saint Jean-Marie Vianney, connu comme le saint curé d’Ars.
Né le 8 mai 1786 à Dardilly, le saint curé est parti vers le Père le 4 août 1859 à l’âge de 73 ans. Lors de son arrivée à Ars, village de 230 habitants, le saint curé s’était exclamé : « Que c’est petit ! » Maintenant, Ars reçoit chaque année des centaines de milliers de pèlerins.
Au garçon, Antoine Givre, qui l’avait orienté sur sa route, près d’Ars, le saint curé avait dit : « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du Ciel ». Un monument commémore aujourd’hui cette rencontre devenue un symbole de la Providence.
Le père Jean-Marie Vianney aimait le rosaire. Dans sa ferveur apostolique, il avait fondé plusieurs Confréries du Rosaire, persuadé dans la lumière de la foi que la prière des membres de la Confrérie contribuait au salut de chacun.
Plusieurs événements le relient à la vie dominicaine. Le père Lacordaire, grand prédicateur de Notre-Dame de Paris, s’était rendu à Ars pour écouter, au bas de la chaire, la prédication de ce prêtre qui avait souffert de ses limites intellectuelles au séminaire. En effet, Jean-Marie Vianney avait eu du mal à faire des études de philosophie et de latin. Ayant pris du retard dans sa formation scolaire pour des raisons étrangères à sa volonté, il faillit être écarté de la prêtrise, mais le discernement spirituel des responsables de l’Église le sauva de cette menace.
Par ailleurs, Élisabeth Falsan, épouse Lagrange, la maman du futur père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, amena son fils alors qu’il était bébé et malade au curé d’Ars qui le bénit. Par la suite, le frère dominicain Marie-Joseph Lagrange se rendit, au cours de ses études théologiques, à Ars pour rencontrer le saint curé. À l’occasion de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le père Lagrange choisit d’enfouir un fragment de la soutane du curé d’Ars dans ses fondations, signe de la vocation de l’École à servir la formation des prêtres et le salut des âmes.
Faisons maintenant le signe de la croix qui est le signe de l’amour de Dieu pour nous :
Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Commençons notre prière en récitant le Credo, le Notre Père et trois Ave Maria.

Premier mystère lumineux : le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain
Commencement de l’Évangile selon saint Marc : « Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et s’en allaient vers lui tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés.
Jean était vêtu d’une peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il proclamait : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui vous baptisera avec l’Esprit Saint. »
Le baptême chrétien est donné pour la rémission des péchés. Il ne s’agit pas d’un simple rite mais du don de l’Esprit Saint, amour du Père et du Fils, qui lave l’âme des baptisés et la comble de la gloire de Dieu.
Le saint curé d’Ars a voué sa vie à la réconciliation des pécheurs avec le Christ. Le pardon accordé dans la confession des péchés fait briller la lumière du baptême. Véritable recréation de l’homme à l’image de Dieu.
Le père Jean-Marie Vianney passait des journées entières au confessionnal. Des pèlerins, par milliers, en ressortaient libérés de leurs fardeaux : « Le bon Dieu au moment de l’absolution jette nos péchés par derrière ses épaules, c’est-à-dire il les oublie, il les anéantit : ils ne reparaîtront plus jamais. » ; « Il ne sera plus question des péchés pardonnés. Ils ont été effacés, ils n’existent plus ! », disait-il.
À l’exemple de Jésus, le saint curé d’Ars aimait les pécheurs et il combattait le péché, l’orgueil et la haine de Dieu.
Lors du Synode sur l’Europe, les évêques faisaient remarquer que « le défi n’est pas tant de baptiser les nouveaux convertis que de conduire les baptisés à se convertir au Christ et à son Évangile. »
Cet amour envers sa paroisse et ses paroissiens apparaît dans le baiser de sa nouvelle terre de mission. Les prêtres ne se donnent pas les missions ; ils les reçoivent. Le saint curé d’Ars a embrassé la terre d’Ars et sa mission dans un village tout petit. Le saint pape Jean-Paul II, qui a visité Ars en pèlerin, se plaisait à rappeler que jeune vicaire de paroisse imitait le saint curé en s’agenouillant pour embrasser la terre de sa mission ; ensuite, il se rendait devant le Saint-Sacrement et il se présentait au curé. »

Il est impossible d’évangéliser sans aimer. Pour évangéliser et convertir il s’avère nécessaire de prier et d’aimer les personnes comme Jésus les aime.
Le saint curé a reçu sa paroisse des mains de Dieu. « Mon Dieu, convertissez ma paroisse ! », priait-il sachant que seule la grâce de Dieu peut accomplir des merveilles dans une âme. Tout est grâce ! Dieu seul convertit.
Prions pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme.
Prions pour la conversion pastorale des paroisses, qu’elles deviennent de plus en plus des paroisses missionnaires !
Prions pour les paroisses, communautés de communautés, qu’elles soient sacrement de la rencontre du Christ avec son Église et avec l’humanité.
Notre Père. Avec Maria. Gloria.

Deuxième mystère lumineux : les noces de Cana
De l’Évangile selon saint Jean : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Le saint curé d’Ars ne se lassait pas de prier la Vierge Marie en reprenant le « Je vous salue Marie ». La prière du rosaire évoque les couronnes de roses. Le père Jean-Marie Vianney comparait la prière mariale au parfum qui embaume tout ce qu’il touche. La prière parfume du saint parfum du Christ ceux qui se tournent vers la mère de Jésus.
Deux images bien parlantes illustrent sa prédication sur la Vierge Marie. Marie, invoquée dans les litanies comme la porte du Ciel, est présentée comme « la portière du Ciel », le Christ Jésus étant la porte qui nous introduit dans la demeure du Père.
La mère de Jésus est vue aussi comme « celle qui tient l’échelle pour monter au Paradis ». Seul Jésus conduit au Père : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Le Fils de Dieu est descendu du Ciel pour que nous montions par lui à la gloire du Père. L’échelle, c’est lui ! Et à l’heure de la mort, Marie intercède pour les pécheurs et les accueille à la Porte du Ciel.

Le saint curé d’Ars montre ainsi son sens théologique juste et innovant.
« Chef-d’œuvre de Dieu », « la plus belle des créatures », Marie intercédait sur les besoins de la paroisse d’Ars comme aux noces de Cana. Le saint curé consacra sa paroisse à Marie, conçue sans péché, Immaculée Conception, si aimée des Lyonnais, le 1er mai 1836.
Confions à l’intercession de la Vierge Marie les besoins de l’Église et de l’humanité : « Ils n’ont pas de santé ! » ; « ils n’ont pas de liberté religieuse ! » ; « ils n’ont pas de travail ! » ; « ils n’ont pas d’amour ! ».
Rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu’Il accomplit à travers le ministère des prêtres.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Troisième mystère lumineux : Jésus dans la synagogue de Nazareth
De l’Évangile selon saint Luc : « Jésus vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. »
Jésus replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture. »
Aumônier de la prison de Domenjod (Saint-Denis/La Réunion), j’ai évoqué un jour en prédication l’acédie qui peut tenailler et anéantir le moral des personnes détenues. Un jeune m’a demandé des éclaircissements à la fin de la messe : « Si j’ai bien compris « acédie » est le contraire d’ « assidu ». Oui, admirable comparaison dans l’analyse spirituelle de ce jeune condamné qui n’avait pas fait d’études en théologie.
Pour avancer dans le service du Seigneur il faut durer, rester assidus à la prière et aux rassemblements communautaires dont la messe.
Le saint curé d’Ars constatait que « plus on prie, plus on veut prier ». Comme à table, l’appétit vient en mangeant. C’est en priant que le goût de la prière revient après des temps de sécheresse.
Le témoignage évangélique et la catéchèse nourrissent la contemplation et la foi. Le saint pape Jean-Paul II enseignait que « la foi grandit quand on la partage ». Les baptisés et les prêtres se nourrissent de la connaissance de Dieu en annonçant la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Il arrive que des personnes me disent avec compassion : « Les gens ne croient plus. Votre mission de prêtre doit être difficile. » Je réponds que les financiers aimeraient avoir le même retour sur l’investissement que je découvre dans l’annonce de l’Évangile. C’est en transmettant et en expliquant le mystère de Dieu, révélé dans la Bible, que les laïcs et les prêtres font leurs les paroles de Jésus dans la synagogue de Nazareth : « Aujourd’hui s’accomplit cette parole. » L’apostolat ne va pas sans fatigue, mais il apporte aussi la joie de contempler les merveilles de Dieu qui fait briller le visage de la lumière du Christ. La contemplation ne se trouve pas uniquement dans la solitude. Les chrétiens voient Dieu en toute chose et ils contemplent toute chose dans la lumière de Dieu.
Le ministère des prêtres ne représente pas une déperdition de l’énergie divine reçue dans la prière et l’étude des saintes Écritures. Tout au contraire, c’est en transmettant la Parole de Dieu que le prêtre assiste aux merveilles accomplies dans les sacrements où Jésus vivant rencontre et sauve les hommes.
Prions pour les prêtres généreux et créatifs, prions aussi pour les prêtres fatigués, déçus et malades.
Prions pour le renouveau de l’évangélisation. Que les prêtres soient remplis du courage et de la force de l’Esprit Saint !
Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Quatrième mystère lumineux : La transfiguration de Jésus
De l’Évangile selon saint Luc : « Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, Jésus gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur fulgurante. »
Saint Luc est le seul évangéliste à préciser que Jésus s’est manifesté transfiguré, lumineux, tandis qu’il priait. La prière transfigure, illumine.
Pour le curé d’Ars, « la prière n’est pas autre chose qu’une union avec Dieu » ; « la prière est une douce amitié, une familiarité étonnante … C’est un doux entretien d’un enfant avec son Père. »
Le curé d’Ars priait de manière personnalisée pour ses paroissiens. Il avait fait marquer sur un ruban les noms de tous ses paroissiens. Et il avait suspendu ce ruban à la statue de la Vierge Marie, sur son cœur.
Il parlait de Dieu aux hommes, mais surtout, et avant tout, il parlait à Dieu de tous ceux qu’il rencontrait.

Louons le Seigneur pour les prêtres, les catéchistes et les parents qui initient à la prière.
Louons le Seigneur pour les enfants qui ont le bonheur de découvrir la prière dans la Bible et surtout la prière de Jésus dans l’Évangile.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Cinquième mystère lumineux : La Cène
De l’Évangile selon saint Matthieu : « Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. »
« Il n’y a rien de si grand que l’Eucharistie », s’exclamait le curé d’Ars. Le Corps du Christ n’est pas une récompense pour les purs. C’est pourquoi le père Jean-Marie Vianney prêchait : « Ne dites pas que vous n’en êtes pas digne. C’est vrai : vous n’en êtes pas digne, mais vous en avez besoin. »
Les prêtres continuent l’œuvre de la Rédemption : c’est le Christ qui parle et qui baptise par eux, c’est le Christ qui consacre le pain et le vin à travers leurs paroles …
« Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ne serviraient de rien » , déclarait le saint curé d’Ars.
Au mois de juin dernier, lors de la messe de fin d’année à l’école du Sacré-Cœur, deux enfants sont venus à ma rencontre dans la cour pour me saluer. Une petite fille de 7 ans me dit : « Tu viens à la place de Jésus. » Belle théologie du sacerdoce où le prêtre agit « in personna Christi capitis », c’est-à-dire « dans la personne du Christ, Tête de l’Église ». Le prêtre représente le Christ, il le « rend-présent ». Lieutenant du Christ, le prêtre « tient-lieu » du Christ. C’est le Christ qui consacre comme l’explicite la prière eucharistique : « C’est pourquoi nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons. Sanctifie-les par ton Esprit … ».
En 1990, le cardinal Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, avait enseigné lors du Symposium de Philadelphie sur la mission et la formation des prêtres : « La charge effrayante de l’Eucharistie réside en ce que le prêtre a le droit de parler avec le « Je » du Christ. Devenir prêtre et être prêtre implique un constant mouvement vers une telle identification. »
Prions le Père d’envoyer des vocations presbytérales à son Église.
Prions pour les séminaristes et pour les formateurs dans les séminaires.

Confions au Saint-Esprit les prêtres qui se sentent seuls ou isolés afin qu’ils retrouvent auprès de leur évêque et des fidèles soutien et réconfort.
Prions pour l’amitié entre les prêtres, source de joie et de dynamisme missionnaire.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
…………………………………………………………………
Prière attribuée au curé d’Ars
Acte d’amour
« Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie.
Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer.
Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement.
Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on n’y aura jamais la douce consolation de vous aimer.
Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire.
Ah ! Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, et de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime.
Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il. »
Bénédiction : Que le Seigneur nous bénisse et nous garde, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Saint-Denis (La Réunion), le 30 juillet 2020.

 

2 août 2020
Et ayant donné l’ordre de faire étendre les foules sur l’herbe et pris les cinq pains et les deux poissons, levant les yeux vers le ciel, il dit la bénédiction, et après les avoir rompus, il donna les pains aux disciples, et les disciples les distribuèrent aux foules. Et ils mangèrent tous et furent rassasiés. (Matthieu 14, 19-20.)

Le père Lagrange commente dans un extrait : Alors Jésus solennellement, car tous les évangélistes ont remarqué qu’il pria, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction et rompit les pains qu’il remit à ses disciples pour être distribués. De même pour les poissons. Tous mangèrent à leur faim. Puis Jésus ordonna qu’on ramassât les restes, consistait à ramasser les miettes de pain tombées de la table.

L’intention de Jésus est assez évidente, de donner à cette réfection improvisée, qu’on aurait pu prendre sur le pouce, le caractère d’un vrai repas. […] Il serait faux de dire que le sacrement de l’eucharistie fut institué ce jour-là en faveur de toute une foule. Mais c’était déjà un prélude que le Maître proposait à la réflexion.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège Lethielleux, p. 243-244.)

Ilustration : Le miracle des cinq pains et deux poissons (détail) par Raffaellino del Garbo (1503)

2 août 2020
Le père Lagrange dans l’arène (1904-1911)
Le 4 juillet [1907] un décret du Saint-Office [Lamentabili sane exitu] était publié condamnant soixante-cinq propositions sans nom d’auteur. […] Ainsi mis en éveil, il [Lagrange] avait promptement retrouvé quelques-uns des passages de ses écrits, livres ou articles, dont l’auteur des propositions aurait pu s’inspirer avec plus ou moins de liberté. Le résultat faisait la preuve que l’immense et obscure proposition était composée de mots empruntés au père Lagrange dans une bonne demi-douzaine de passages hétéroclites, arrachés à leur contexte et recousus ensemble au moyen de quelques particules complaisantes : or, car, mais, etc. qui dissimulaient le rapiéçage tendancieux. […] Le R.P. général se contenta de remercier le P. Lagrange de lui avoir fourni cette documentation […] et sans donner le moindre éclaircissement […] lui renouvela les conseils de prudence et de soumission à l’Église.

Mon maître ne devait avoir que longtemps après et tout à fait fortuitement la clef de l’énigme. Sa Sainteté Pie X avait en haute estime le P. Cormier, dont il avait fait, si je ne me trompe, son confesseur. Dans un entretien privé, il lui demanda un jour s’il connaissait vraiment bien le P. Lagrange, ses dispositions religieuses et le caractère de son activité exégétique. Sur la réponse très nettement affirmative que le Général se sentait tout à fait en droit de donner, puisqu’il l’avait lui-même admis à la vie dominicaine, avait suivi toute sa formation et depuis des années contrôlait personnellement ou par des théologiens de son choix toute sa production scientifique, le pape prit dans son bureau un dossier qu’il tendit au P. Cormier en disant : « Alors je désirerais avoir votre avis sur ces propositions, tirées des écrits du P. Lagrange. On m’assure qu’il manque de solide formation théologique et on me presse en ce moment de condamner les théories exprimées ici, qui méritent en effet de l’être. Le P. Cormier prit la liberté de signaler que le père Lagrange avait donné depuis longtemps d’assez sérieuses preuves de son savoir théologique pour que l’Ordre ait pu lui conférer canoniquement la maîtrise. La lecture des propositions le persuada d’emblée qu’elles ne représentaient d’aucune façon les idées du P. Lagrange et il s’en porta garant auprès du souverain pontife. […]

(Nous vous conseillons de lire la suite dans le livre passionnant du fr. Louis-Hugues Vincent : Le père Lagrange. Sa vie et son œuvre. Parole et Silence, 2013.)

Illustration : Bienheureux Hyacinthe-Marie Cormier (1832-1916) et le Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange (1855-1938).

Méditations des mystères lumineux par fr. Manuel Rivero

Rosaire, radio Arc-en-ciel, le lundi 15 juin 2020

Bonsoir, chers amis du rosaire, au lendemain de la fête du Corps et du Sang du Seigneur, le Saint-Sacrement qui unit à Dieu pour ne faire qu’un avec lui, nous allons prier les mystères lumineux avec la Vierge Marie, la mère de Jésus, qui a accompagné son divin Fils depuis sa conception jusqu’au Calvaire, demeurant fidèle dans l’espérance avec les apôtres au Cénacle, lors de la Pentecôte.

À la mort de Judas, les apôtres ont cherché un remplaçant qui aurait suivi Jésus tout au long de sa vie publique, depuis son baptême dans les eaux du Jourdain jusqu’à l’Ascension au Ciel. Ils avaient choisi Matthias par tirage au sort car il réunissait ces conditions.

La Vierge Marie, Reine des apôtres, a accompagné Jésus, non seulement depuis le baptême par Jean le Baptiste jusqu’à l’Ascension, comme aiment à le représenter les artistes chrétiens dans les icônes, mais elle est présente depuis son Incarnation par le Saint-Esprit à l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte comme nous le précise saint Luc dans les Actes des apôtres. Qui, mieux qu’elle, la mère de Jésus, toute sainte, pourra nous conduire dans notre recherche de la volonté de Dieu ? La Vierge Marie guide l’Église comme Mère du Verbe fait chair et comme modèle de foi. Guide unique et sûre, Marie, notre sœur dans la foi, fait route avec nous, ne nous laissant pas seuls dans les épreuves et les doutes de notre existence.

Nous allons faire le signe de la croix, signe de l’Amour absolu, fidèle et sans conditions de notre Dieu pour l’humanité :

Tous : Au nom du Père, de Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo. Notre Père. 3 Ave Maria.
CD Sœur Agathe n° 1 Mon âme a soif de toi.
 

Premier mystère lumineux : Le baptême de Jésus dans le Jourdain

De l’Évangile selon saint Marc 1, 9-11 : « Il advint qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Et aussitôt, remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix vint des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur ».

En se faisant baptiser par son cousin, Jean le Baptiste, Jésus a rejoint la foule de pécheurs assoiffés de purification.

La descente de Jésus dans les eaux du Jourdain annonce notre descente dans la mort de Jésus, mort au péché, et notre participation à sa remontée du tombeau, résurrection spirituelle, mystère que nous vivons depuis notre baptême.

Au Jourdain, le baptême de Jésus représente une épiphanie trinitaire. Le Père a parlé pour reconnaître son Fils bien-aimé et l’Esprit Saint est descendu sur Jésus sous la forme d’une colombe.

Quant à nous, nous avons été baptisés, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Nous sommes devenus ainsi les temples de la Sainte Trinité, habités par l’amour de Dieu.

Rendons grâce à Dieu pour notre baptême. Prions pour tous ceux qui nous ont conduit jusqu’au baptistère de lumière : nos parents, le parrain et la marraine, le prêtre et les fidèles de l’Église.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 2 Ô prends pitié

Deuxième mystère lumineux : Les noces de Cana

De l’Évangile selon saint Jean 2,1s : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : ‘Ils n’ont pas de vin.’ Jésus lui dit : ‘Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée.’ Sa mère dit aux servants : ‘Tout ce qu’il vous dira, faites-le’ ».

Saint Jean souligne la foi de Marie en son Fils Jésus. Le miracle de Cana inaugure la vie publique de Jésus dans le quatrième évangile. Ce n’est pas sans raisons que Jésus a accompli son premier miracle lors de la célébration d’un mariage. Il est venu célébrer les noces du Christ et de l’Église, passer une alliance entre Dieu et l’humanité sauvée, l’Église.

Jésus sanctifie le mariage. Saint Dominique s’est battu pour défendre la beanté du corps humain et la sainteté du mariage face aux cathares pour qui le ventre de la femme était le laboratoire qui reproduisait le mal. Le Fils de Dieu s’est fait homme. Dieu aime notre humanité, notre corps, ce qui n’exclut pas, tout au contraire, le besoin de la grâce surnaturelle pour que le corps animé par l’âme, créée par Dieu, resplendisse de sa gloire en dépassant les voluptés charnelles.

Le poète Stéphane Mallarmé (+1898) dans son poème « Brise marine » écrivait : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. »

Le sacrement du mariage apporte la joie de l’Esprit Saint aux époux qui accomplissent la volonté de Dieu en s’aimant et en aimant les enfants.

Loin d’en faire une idole, l’Église en proposant le sacrement du mariage, qui va à l’encontre du concubinage à la mode, accorde une grande valeur à l’amour humain qui vient après l’amour de Dieu et enraciné en lui.

Par l’influence des médias, nous sommes souvent devant une attitude païenne qui divinise la relation sentimentale et sexuelle sans âme, sans prière, sans relation à Dieu. L’union conjugale demeure une affaire d’âme ; autrement l’expérience de Mallarmé s’avère aussi juste que décevante : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres ».

À Cana, Jésus a manifesté sa gloire et ses disciples crurent en lui. La gloire de Dieu évoque le poids de son amour, sa beauté et sa lumière.

La grâce du mariage vient embellir, poétiser, l’union de l’homme et de la femme, la revêtant d’une lumière divine, en lui donnant son sens et son but : l’union à Dieu.

Le poète guadeloupéen, Saint-John Perse, prix Nobel de littérature en 1960, disait de la poésie : « L’amour est son foyer, l’insoumission sa loi » (Discours de réception du Prix Nobel de littérature en 1960).

À Cana, souffle le grand vent de la liberté de l’Esprit. La puissance de la prière de la mère de Jésus fait avancer l’histoire. La joie succède à la tristesse.

Un exemple montre aussi le lien entre le sacrement du mariage, la célébration de la messe et l’ordination presbytérale. Quand le saint pape Paul VI fut ordonné prêtre, la nappe de l’autel de sa première messe fut tirée de la robe de mariée de sa mère.

Prions pour les couples en difficulté et pour les enfants qui en souffrent
Prions pour les couples qui se préparent au mariage.
Prions pour que l’amour grandisse dans toutes les familles.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 3 : Goûtez et voyez

Troisième mystère lumineux : Jésus dans la synagogue de Nazareth

De l’Évangile selon saint Luc 4,16s : « Jésus vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.’

Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ‘Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture’ ».

« Aujourd’hui », ce mot clé de la révélation divine exprime l’action de l’Esprit Saint dans la synagogue de Nazareth et dans notre histoire personnelle et collective.

Riche de cette expérience de la grâce divine qui nous précède et nous guide, le prophète Isaïe s’exclame : « Tout ce que nous faisons, c’est toi qui l’accomplis en nous » (Isaïe 26,12).

Pendant le confinement, de nombreuses personnes ont expérimenté la présence aimante de l’Esprit de Jésus dans la prière. Ils témoignent de ce temps de paix et de plénitude. Ils souhaitent vivre autrement aujourd’hui qu’avant le confinement.

Viens Esprit Saint sur tous ceux qui ont vécu difficilement le confinement à cause de la maladie ou pour d’autres raisons : disputes familiales, pertes financières, solitude …

Viens Esprit Saint faire du neuf dans le déconfinement ! Puisse la foi et la prière grandir maintenant plus que jamais !

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n°4 : Jésus à toi ma vie

Quatrième mystère lumineux : L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel et son Couronnement comme Reine de la création

Du livre d’Esther au chapitre septième :

« Le roi et Aman allèrent banqueter chez la reine Esther, et ce deuxième jour, pendant le banquet, le roi dit encore à Esther : ‘Dis-moi ce que tu demandes, reine Esther, c’est accordé d’avance ! Dis-moi ce que tu désires ; serait-ce la moitié de mon royaume, c’est chose faite !’ (…) Alors Esther dit : ‘ Le persécuteur, l’ennemi, c’est Aman, c’est ce misérable !’ À la vue du roi et de la reine, Aman fut glacé de terreur. Furieux, le roi se leva et quitta le banquet pour gagner le jardin du palais, cependant qu’Aman demeurait près de la reine Esther pour implorer la grâce de la vie, sentant trop bien que le roi avait décidé sa perte.

Quand le roi revint du jardin dans la salle du banquet, il trouva Aman effondré sur le divan, où Esther était étendue. ‘Va-t-il après cela faire violence à la reine chez moi, dans le palais ?’ s’écria-t-il. À peine, le mot était-il sorti de sa bouche qu’un voile fut jeté sur la face d’Aman. Harbona, un des eunuques, dit en présence du roi : ‘Justement il y a une potence de cinquante coudées qu’Aman a fait préparer pour ce Mardochée qui a parlé pour le bien du roi ; elle est toute dressée dans sa maison.’ – ‘ Qu’on l’y pende’, ordonna le roi. Aman fut donc pendu à la potence dressée par lui pour Mardochée et la colère du roi s’apaisa ».

Esther est une femme juive, très belle, déportée en Perse, et élevée par son cousin et tuteur Mardochée. Devenue épouse du roi Assuérus, Esther intercède pour Mardochée et pour son peuple juif qu’Aman cherche à éliminer.

Aman sera pendu au gibet qu’il avait préparé pour Mardochée et le roi Assuérus épargnera de la mort le peuple juif, grâce à l’intercession d’Esther.

Les Pères de l’Église ont vu dans Esther la figure de la Vierge Marie, avocate, qui intercède pour l’humanité et en son nom auprès de son Fils Jésus, le Roi de l’univers.

Confions à la Vierge Marie, notre avocate, tous nos projets, nos souffrances et nos joies.
Confions surtout à la Reine des cieux, les humiliés et les opprimés.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 6 Magnificat

Cinquième mystère lumineux : La Cène

De l’Évangile selon saint Jean 6, 32s : « Jésus dit à ses disciples : ‘C’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du Ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde.’ Les disciples dirent alors à Jésus : ‘Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là.’ Jésus leur dit : ‘ Je suis le pain de vie’ ».

« De la Trinité à l’eucharistie, de l’eucharistie à la Trinité », tel était le titre d’un beau petit livre du frère dominicain de la Province de Toulouse, le frère Marie-Vincent Bernardot, fondateur des éditions du Cerf.

En effet, l’amour de Dieu – Père, Fils et Saint-Esprit – rayonne et donne la vie au cosmos et à l’humanité. L’amour qui part du Père, source de tout don parfait, par le Fils, le Verbe créateur, dans la communion de l’Esprit Saint, tend à se répandre et cet amour divin aboutit à l’eucharistie, sacrement de l’amour.

En célébrant la messe, nous assistons au déploiement créateur de la sainte Trinité. Le Père rassemble la communauté chrétienne en attirant les fidèles vers son Fils pour qu’ils soient nourris de l’amour de l’Esprit Saint.

Quand les chrétiens écoutent la Parole de Dieu, l’Esprit Saint répand dans leurs cœurs la grâce de l’intelligence de la foi pour qu’ils accueillent les mots humains de la Bible dans leur puissance de révélation divine. Sans cette grâce intérieure accordée par l’Esprit Saint à ceux qui cherchent Dieu dans l’écoute de la Parole, les textes bibliques ne seraient perçus que dans leur richesse sapientielle comme un simple joyau de la littérature. Mais la lumière de l’Esprit Saint, la proclamation de la Parole de Dieu représente un dialogue d’amour entre le Christ et son Église.

L’Esprit Saint a formé le corps du Verbe fait chair dans le sein de la Vierge Marie. L’Esprit Saint transforme le pain et le vin présentés à l’offertoire dans le Corps et le Sang de Jésus le Christ. Dans l’épiclèse de la prière eucharistique, le prêtre pose ses mains sur la patène et le calice pour que l’Esprit Saint accomplisse le grand miracle de la transsubstantiation.

Au cours de la prière eucharistique, l’Esprit Saint fait de l’assemblée des fidèles « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (prière eucharistique n°3).

Le même Esprit Saint transfigure les cœurs des croyants pour qu’ils deviennent « une éternelle offrande à la gloire de Dieu » (prière eucharistique n°3).

Alors que la tentation courbe les hommes qui cherchent à se donner eux‑mêmes la vie et le bonheur dans un repli sur soi, l’Esprit Saint tourne leur cœur vers Dieu, les ouvrant aux merveilles de la grâce divine.

Au terme de la messe, le président envoie l’assemblée témoigner de l’amour trinitaire célébré. Saint Augustin enseignait : « Tu as vu la charité, tu as vu la Trinité ».

À la messe, nous vivons la Pentecôte continuée, sacrement de l’amour pour devenir témoins de l’amour de Dieu par toute notre vie.

Rendons grâce à la sainte Trinité, présente et agissante dans nos vies et en particulier dans la messe.
Adorons la sainte Trinité dans la messe et par toute notre vie.
Vivons la messe comme la nourriture indispensable pour apprendre à aimer à l’exemple du Christ Jésus !

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 9 : En moi

Prions le Seigneur : Seigneur Jésus Christ, dans l’admirable sacrement du Corpus Christi, tu nous as laissé le mémorial de ta Passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton Corps et de ton Sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de la rédemption. Toi qui vis et règnes avec le Père dans l’union du Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles. Amen.

Bénédiction

 

La prière de ce soir a été animée par Sonia, sœur Marie-Thérèse, Henri à la technique et moi-même, le frère Manuel, dominicain.
Les chants ont été choisis dans le CD de sœur Agathe : « Je te cherche mon Dieu ».
CD Sœur Agathe n°10 : Abba

Photos : chasuble du père Lacordaire O.P.

Écho de notre page Facebook : juillet 2020

31 juillet 2020
Saint Ignace de Loyola, priez pour nous !

Aujourd’hui, Belle fête de saint Ignace de Loyola, s.j., « chevalier de la Vierge Marie ». Saint Ignace, en son temps, n’a pas été à l’abri de préjugés absurdes et de calomnies.

Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Matthieu 13,57.

Une des gloires du P. Marie-Joseph Lagrange est d’avoir dissipé les ténèbres de ces préjugés qui, d’une part, refusaient à notre culture la réflexion sur l’une de ses bases et, d’autre part, infantilisaient la foi religieuse sous couleur de la protéger. Il a attiré vers l’étude de la Bible d’excellents esprits et les a formés par la meilleure des pédagogies, celle de l′ « école pratique » qu’il ouvrit à Jérusalem il y a cent ans. « École pratique », ce titre, en lui-même hommage discret à l’institution de Victor Duruy, implique tout un programme dans lequel la connaissance des textes s’enrichit de celle des langues et du milieu d’origine. Avant d’aborder l’exégèse, il fallait savoir assez de grec et d’hébreu et ne pas se contenter du latin. Bien plus, l’École proposait d’entrée à ses élèves une connaissance directe et concrète de la Terre sainte, le P. Lagrange étant persuadé comme saint Jérôme que bien des pages de l’Écriture sainte s’éclairent lorsqu’on a parcouru Jérusalem, la Judée et les terres adjacentes. Les hommes ne sont pas séparables des paysages qu’ils peuplent : leurs mœurs, leurs institutions, leurs parlers contiennent bien des vestiges des temps bibliques, car la Palestine de 1890 avait sans doute moins changé depuis eux qu’elle ne l’a fait en notre siècle.

(André Caquot aux membres de l’Académie des sciences et des belles lettres, 1990.)

 

30 juillet 2020
Le zèle conquérant du P. Lagrange

Durant les prodromes de la crise de 1898 à 1904, le P. Louis-Hugues Vincent écrit dans son livre ci-dessous mentionné : « Loin de décourager son zèle conquérant les résistances variées, qui s’opposaient à sa méthode exégétique, stimulaient plus que jamais, chez le P. Lagrange, le désir de faire apprécier la Parole de Dieu, source de toute vérité surnaturelle, en la faisant mieux comprendre et en la défendant plus efficacement contre des attaques prétendant résulter de la teneur même des Livres sacrés, au nom d’une interprétation soi-disant scientifique. Dans ses méditations assidues fécondées par la prière, il s’était, depuis les premières années de sa vie dominicaine intimement persuadé que le but suprême de l’Écriture sainte est de rendre témoignage au Christ et à son Père, et que par conséquent l’objet essentiel de son étude était d’apprendre « à aimer Dieu pour lui-même et le prochain par amour pour Dieu », suivant l’admirable observation de saint Augustin. Les âmes contemplatives, dont la vie s’alimente aux sources de la Révélation dans la Bible, n’ont que faire des investigations de la critique et des connaissances accessoires exigées par l’herméneutique, pourvu qu’elles ne s’écartent jamais des principes d’une saine théologie, ni de l’enseignement de l’Église. Ces recherches techniques ne sembleraient, à première vue, pas moins inutiles pour le peuple chrétien en général, dont la foi s’éclaire sur la foi confiante des simples fidèles, même les plus cultivés, est souvent ébranlée par les assertions audacieuses de savants qui se targuent d’avoir méthodiquement éliminé de la Bible toute trace et jusqu’à la possibilité d’intervention surnaturelle et ramené l’Évangile lui-même sur un plan purement humain. N’est-il pas, dès lors, indispensable que les pasteurs, auxquels incombe la charge des âmes, soient le mieux possible en mesure de leur rendre la paix et la sécurité par la solution rationnelle et bien motivée de leurs doutes provoqués par le rationalisme envahissant ?

VINCENT Louis-Hugues : Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre. Parole et Silence. 2013, p. 171-172.

Illustration : PP. Vincent et Lagrange (détail). Photothèque de l’École biblique de Jérusalem.

 

 

30 juillet 2020

Le Royaume des Cieux comparable à un filet que l’on jeté à la mer (Matthieu 13, 47)

Un commentaire du père Lagrange sur cette page de saint Matthieu : « Et comme on était au bord du lac, qu’il n’avait guère parlé que de l’agriculture ou du ménage, Jésus termine par une comparaison qui met en scène les pécheurs. Déjà, il avait promis à Pierre de le faire pêcheur d’hommes. C’est encore cela, le règne de Dieu. Le grand filet ramène les poissons, bons et mauvais. Tant que la pêche n’est pas terminée, on les laisse grouiller ensemble ? À la fin du temps se fera le discernement des bons et des mauvais, et, ce sera pour toujours. » (LAGRANGE Marie-Joseph. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège-Lethielleux, 2017.)

 

 

28 juillet 2020
Une opulente moisson, et non la moindre, dilatée sur une quinzaine d’années. À peu près exactement à l’heure où le père Lagrange venait de s’installer à Saint-Maximin

Huit grands ouvrages publiés en seize ans dans la collection des Études bibliques (*), sans parler de trois ou quatre livres d’actualités de plus modique envergure quoique de non moindre importance (**), ni des centaines d’articles, notices et comptes rendus critiques ayant parfois autant de portée qu’un gros volume : tel était le bilan de la moisson prodigieuse du P. Lagrange, dont j’avais à présenter l’unité, le rythme et l’esprit, mais en m’interdisant d’en souligner la qualité.

N’allait-elle pas être définitivement close à cette date du 6 octobre 1935 ?

(VINCENT Louis-Hugues. Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre aux éditions Parole et Silence, 2013.)

(*) Rappelons-en l’évolution chronologique : 1921, Commentaire de saint Luc ; 1923, Commentaire de saint Matthieu ; 1925, Commentaire de saint Jean ; 1926, Synopse évangélique grecque ; 1928, L’Évangile de Jésus Christ ; 1931, Le Judaïsme avant Jésus Christ ; 1933, Histoire ancienne du canon du Nouveau Testament ; 1935, Critique textuelle. La critique rationnelle.

(**) Citons seulement : 1922, Édition abrégée du commentaire de saint Marc ; 1931, La morale de l’Évangile ; 1932, Monsieur Loisy et le Modernisme, pour ne rien dire de maintes notices familiales sans relation avec son œuvre scripturaire et non mises dans le commerce.

Illustration : P. Lagrange à sa table de travail. Photothèque de l’École biblique et archéologique de Jérusalem

27 juillet 2020
Le P. Lagrange, directeur spirituel du P.Vincent.
Convictions et sentiments nécessaires pour animer une vie religieuse.

Une longue lettre de mon cher maître, écrite au terme de la retraite, fut pour moi comme l’émouvante synthèse de la direction spirituelle et intellectuelle qu’il n’avait cessé de m’inculquer depuis tantôt quarante-cinq ans. Une brève allusion me laissait entrevoir l’angoisse qu’il avait éprouvée, comme à l’habitude, au début des exercices en comparant ce qu’il appelait « l’affadissement lamentable » de sa vie intérieure à l’idéal généreux poursuivi durant son lointain noviciat dans ce même couvent [St-Maximin]. Un recours plus filial que jamais à la protection de la Très Sainte Vierge avait cependant rétabli la paix dans son âme et dans son cœur en y ravivant la plus humble confiance dans la miséricorde divine et l’amour de Notre Seigneur. En termes paternels, mais persuasifs, il me rappelait quelles convictions et quels sentiments devaient animer ma vie religieuse et mon labeur : foi intense, humilité sincère, ardent amour de Jésus, désir agissant d’être utile aux âmes suivant les directives de son Église, énergie résolue devant les épreuves, abandon aux desseins mystérieux de Notre Père qui est au ciel.

(VINCENT L.-H. Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre aux éditions Parole et Silence, 2013.)

 

26 juillet 2020
L’antique loi morale et l’esprit de l’Évangile

[…] Les choses anciennes sont les vieilles leçons de l’expérience humaine, qui servent de véhicule à la parole nouvelle de l’Évangile. Ce serait une réponse de plus à la question : pourquoi les paraboles ? Elles ont l’avantage de tabler sur une sagesse antique pour initier à la révélation. Mais la comparaison du trésor suggère plutôt qu’il s’agit du contenu de la parole. D’une certaine façon le neuf ne pouvait s’allier au vieux (Mt 9, 16 ss), mais d’autre part Jésus était venu non détruire, mais perfectionner (v. 17). Le docteur du règne de Dieu devra dans son enseignement concilier le respect dû à l’antique loi morale et l’esprit de l’évangile ? Les scribes des pharisiens n’admettaient que la tradition des anciens, et réglaient tout par leur autorité. Le scribe du règne de Dieu mettra en avant la révélation nouvelle. On peut même lire sans subtilité dans cette parole que le prédicateur devra adapter la prédication des dogmes anciens aux besoins des âmes, mais sans les changer (cf. 1 Jn 2, 7 s.).

(LAGRANGE Marie-Joseph o.p. L’Évangile selon saint Matthieu, 1941)

 

 

26 juillet 2020
Tirer de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes (Mt 13, 52)

 

Dans son encyclique « La joie de l’Évangile », le pape François exhorte l’Église à vivre « en sortie, en partance » et à « primerear » (1) c’est-à-dire à prendre des initiatives missionnaires. Dans son souci permanent du salut des âmes, le père Lagrange a enseigné en tirant du trésor de la Parole de Dieu du neuf et de l’ancien (2)

(Manuel Rivero o.p. Le frère Marie-Joseph Lagrange, la sainteté de l’intelligence de la foi.)

(1) Pape François, Exhortation apostolique « La joie de l’Évangile », Paris, Téqui, 2013, n°24.

(2) Mt 13, 52 : « Tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ».

Illustration : Dessin de Jean-François Kieffer

25 juillet 2020
La clef de la Sainte Écriture est l’amour de Dieu pour nous

À l’heure où le frère Marie-Joseph Lagrange inaugurait son noviciat, il avançait dans sa vingt-cinquième année, savait l’exacte portée de sa détermination longuement mûrie sous les influences de la grâce et il s’enrôlait au service exclusif de Dieu, joyeusement et de plein cœur. La perspective d’une vie studieuse vouée spécialement aux Divines Écritures avait eu, sans doute, un rôle assez décisif dans le choix qui l’avait acheminé vers la religion dominicaine. […] Les lois canoniques du noviciat initial n’admettaient la possibilité d’aucune spécialisation scientifique ; mais comme elles favorisaient excellemment l’étude spirituelle de la Parole de Dieu dans la Bible, pleine autorisation fut donnée au frère Marie-Joseph de faire des Livres saints sa lecture principale et le thème à peu près constant de ses méditations. De ce contact assidu, prolongé toute une année, résultèrent chez lui cette connaissance précise de la Révélation divine et cette familiarité rare avec toutes les données de l’Ancien et du Nouveau Testament qui seront plus tard si caractéristiques de son enseignement et de son apostolat. Dès ce moment, le généreux novice, qui concentrait toutes ses énergies sur la transformation intérieure impliquée par sa vocation, découvrait que « la clef de la Sainte Écriture est l’amour de Dieu pour nous » et qu’il y faut, avant tout, « chercher les caractères de Jésus, puisqu’il a daigné, pour nous, revêtir des caractères ». Il entendait, par conséquent surtout « la lire en adorant et en demander l’intelligence à la Très Sainte Vierge en même temps que la grâce de la pratiquer ».

(VINCENT Louis-Hugues, Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre. « Origines et premières activités 1855-1890 » Éd. Parole et Silence, 2013).

Illustration : 1880. Fr. Marie-Joseph Lagrange. Fonds photographique de l’École biblique de Jérusalem.

 

 

22 juillet 2020
Sainte Marie-Madeleine
La dévotion du père Marie-Joseph Lagrange O.P. à sainte Marie-Madeleine
Fr. Manuel Rivero O.P.

Tout au long de sa vie dominicaine, le père Marie-Joseph Lagrange a été attiré par la figure de sainte Marie-Madeleine. Le couvent royal de Saint-Maximin où il a reçu l’habit le 6 octobre 1879 avait été bâti pour honorer les reliques de l’amie fidèle de Jésus, présente sur le Calvaire et dans le jardin de Jérusalem au matin de Pâques. Les Frères prêcheurs de Saint-Maximin l’invoquaient souvent. Ils avaient la coutume de prier l’office quotidien de Marie-Madeleine calqué sur le petit office de la Vierge Marie.
Sainte Marie-Madeleine veille aussi comme patronne sur la Province dominicaine de Toulouse. La tradition provençale adhère à sa présence à la grotte de la Sainte-Baume (Var) et ses reliques seraient conservées en la basilique de Saint-Maximin, objet de la dévotion populaire depuis des siècles.
En contemplant la conversion de l’ « apôtre des apôtres » comme l’appelle la liturgie byzantine, le père Lagrange a senti au plus profond de lui-même « un doux encouragement » venant de la sainte à entrer dans la vie religieuse alors qu’il s’inquiétait des exigences de l’idéal de saint Dominique : « Entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs m’effrayait ; Ste Marie-Madeleine m’encourageait doucement. »
Pendant son noviciat, il note dans son « Journal spirituel » ses prières à sainte Marie-Madeleine : « Ste Marie-Madeleine, priez pour nous. »
Novice, il admirait l’amour de sainte Marie-Madeleine envers le Seigneur et il aspire à vivre la charité envers ses frères dominicains en imitant l’humilité de Marie-Madeleine agenouillée devant Marie comme fra Angelico aimait à le représenter reliant la toute-pécheresse jadis habitée par sept démons et la toute-pure Marie. Dans la vision théologique du patron des artistes, Fra Angelico montre Marie-Madeleine qui soutient Marie, debout sur le Calvaire, au plus haut de sa douleur. Marie-Madeleine manifeste l’œuvre de la grâce divine qui relève les pécheurs les remettant à la première place : « Ô Jésus, je n’ai rien à moi, vous avez pris mon âme comme une fille sans dot : mais cela même rend votre amour persévérant, généreux, libéral ; vous connaissez mes besoins, vous savez que je ne puis les satisfaire, vous êtes tout-puissant et vous m‘aimez. Si j’avais quelque chose de bon de mon fond, je me hâterais de le jeter loin de moi pour m’abandonner à votre amour ; je n’ai rien et je m’en glorifie : c’est un titre à votre amour.
Nos faiblesses sont la raison de nos privilèges. Le Fils de Dieu a exposé son honneur aux yeux des anges pour épouser la pauvre humanité tombée ; il a voulu une Mère Immaculée ; mais au-dessous, dans la région des saints, celle dont il est dit qu’elle a beaucoup aimé est Marie-Madeleine. (On dit qu’au ciel elle occupe la place de Lucifer). Me considérer auprès de mes frères comme Ste Marie-Madeleine aux pieds de Marie Immaculée. »
Dans sa prière de feu, le père Lagrange prie au pied de la Croix de Jésus à la suite de saint Dominique tel que Fra Angelico le représente dans le cloître du couvent saint Marc de Florence (Italie). Il désire partager la foi douloureuse de la Vierge Marie, de sainte Marie-Madeleine et de saint Jean : « Permettez-moi, ô Jésus, de me tenir constamment au pied de la Croix avec votre Mère Immaculée, Ste Marie-Madeleine et St Jean. »
Bénéficiaire des grâces reçues par la prière de sainte Marie-Madeleine, le père Lagrange n’hésite pas à exprimer sa reconnaissance : « Je remercie tous les saints et singulièrement St Dominique, St Joseph, St Paul, le vénérable curé d’Ars, St Thomas d’Aquin, Ste Marie Madeleine, Ste Philomène et tous ceux qui ont intercédé particulièrement pour moi sans que je le sache. »
Plus tard, dans ses épreuves spirituelles, le père Lagrange se tournera aussi vers sainte Marie-Madeleine : « J’entre en retraite comme un malade à l’hôpital : vos plaies, ô Jésus, et mes plaies …
Ste Marie, je m’abandonne à votre conduite. Refugium peccatorum, ne me rejetez pas. Ste Marie-Madeleine, St Joseph, St Dominique, mon St ange gardien, aidez-moi, priez pour moi. »
Le 3 septembre 1889, le père Lagrange se fit inscrire à la confrérie de sainte Marie-Madeleine à la grotte de la Sainte-Baume , signe manifeste de sa dévotion à la sainte.
Lors de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le 5 juin 1891, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, le père Lagrange, vicaire de la maison, place une médaille de sainte Marie-Madeleine dans les fondements de la nouvelle institution : « Des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du rosaire, de Saint Benoît, de Sainte Madeleine et du pape Léon XIII étaient jointes au parchemin. »
Le père dominicain, archéologue de l’École biblique, Louis-Hugues Vincent, ami et disciple fidèle du père Lagrange, signale que son maître appelait la sainte « Marie-Magdeleine » plutôt que Marie-Madeleine.
Lors de son année terrible en 1912, quand il doit quitter Jérusalem, victime des dénonciations sans fondement objectif, le père Lagrange choisit le jour du sermon sur sainte Marie-Madeleine , le 7 juillet, pour présenter sa démission.
À l’occasion de la rédaction du commentaire de la Synopse en 1927, après son opération à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille, le père Lagrange choisit la vulgarisation de ses travaux exégétiques, au service de la foi des prêtres et des laïcs, pour le salut des âmes, « L’Évangile de Jésus-Christ » : « À ma joyeuse surprise, dans la soirée du 22 juillet, fête de sainte Marie-Magdeleine – comme le P. Lagrange disait le plus volontiers -, mon maître m’annonça très incidemment qu’il avait commencé le matin même d’écrire « sur l’Évangile » ; et comme je demandais naïvement quel nouveau commentaire il se proposait d’entreprendre, il répondit : « celui de la Synopse » : par quoi il m’était facile de saisir qu’il abordait enfin une Vie de Notre-Seigneur. »
Après la Vierge Immaculée, le père Lagrange ne cachait pas sa prédilection pour sainte Marie-Madeleine, « à cause de son héroïque esprit de pénitence et de son ardent amour pour Notre-Seigneur. »
De retour à Saint-Maximin en 1935, au sommet de sa vie, le père Lagrange aimait célébrer la messe en la crypte de la basilique. Mystique de la Bible, homme complet, le père Lagrange rayonnait spirituellement et intellectuellement unissant la foi et la science, la prière et l’enseignement.

 

21 juillet 2020
Une Vie du père Lagrange

 

 

 

 

 

 

Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre par le père Louis-Hugues Vincent aux éditions Parole et Silence, 2013.

Nul n’était mieux qualifié pour rendre hommage au P. Lagrange, ainsi que le P. Vincent l’a fait après la mort de son maître, décédé au couvent de Saint-Maximin le 10 mars 1938. Son premier hommage, publié dans la Revue biblique de juillet 1938, RB 47 (1938) 321-354, porte la date du 26 avril, soit environ six semaines après la mort du maître. […] Enfin, en 1951, le 15 novembre, le P. Vincent mettait le point final aux 423 pages du manuscrit de son œuvre majeure, le Père Lagrange, sa vie et son œuvre, prêt pour l’impression. […]

L’intérêt du document tient au fait qu’il est la parole d’un témoin, d’un familier, mieux : d’un intime, privilège dont aucun historien ne peut se flatter (Introduction de Montagnes Bernard, dominicain, Président de la Commission historique diocésaine pour la Cause du P. Lagrange. 1er octobre 2012).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20 juillet 2020
L’esprit de pauvreté et de patience du père Lagrange

Après son retour autorisé à Jérusalem, en 1913, le père Lagrange demeure anxieux car la légitimité de l’exégèse n’est toujours pas reconnue : « Après tout j’ai le bénéfice de l’obéissance ; je suis où Dieu me veut, dans la pauvreté, l’obéissance, loin du monde et de la séduction des arts, ce vieil enchantement. Je ferai ce qu’a assigné l’obéissance ; je suis prêt à faire ce qu’on me demandera. Donner des approbations bruyantes, chercher à plaire n’est pas exigé. – Silence (3.10.13) » ; (MONTAGNES Bernard, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 200

Illustration : Le P. Lagrange dans le jardin de Jérusalem vers 1914. Collection photothèque de l’École biblique de Jérusalem.

 

16 juillet 2020 (site B)
La vocation du père Lagrange

Sainte Marie-Madeleine
(détail) Giotto di Bondone (13e)

Invité par le T.R.P. Cormier, qui l’avait accueilli avec la plus délicate bonté à son passage à Marseille, l’ayant autorisé à participer aux exercices de la retraite conventuelle qui suivrait immédiatement la fête de sainte Marie-Madeleine, l’abbé Lagrange s’y plongea tout entier avec la plus ardente ferveur. Ravi d’entrer dans un Ordre où le service divin et le culte de Marie tenaient une si grande place, il s’alarmait un peu de l‘éminente pureté et de l’austérité persévérante qui avaient caractérisé tous ses saints au cours des siècles, mais se sentait « doucement encouragé par sainte Marie-Madeleine et par la vigilance toute maternelle de la Sainte Vierge », qui l’avait si manifestement protégé depuis son enfance. Dès la fin de la retraite, il vint à Bourg dire adieu à ses parents, dont il sentit mieux encore alors le douloureux mais toujours silencieux sacrifice. En une visite furtive à l’église de son baptême et à la « Vierge Noire », il les confia au « Cœur Immaculé de Marie » en retour de son propre sacrifice, et il partit, au soir du 4 octobre. À l’aube du jour suivant, il était de nouveau dans cette église du couvent de Marseille où il avait reçu, l’année précédente, un signe si décisif, pour lui, de l’appel de Dieu. On y célébrait la fête du Rosaire et à l’issue de la solennité, il s’empressa de revenir, le soir même, au couvent de Saint-Maximin. Dès le lendemain, il prenait l’habit dominicain, recevait dans l’Ordre le nom de « frère Marie-Joseph » et commençait aussitôt son noviciat. C’était le 6 octobre 1879.
(VINCENT Louis-Hugues, Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre.)

 

 

16 juillet 2020
Le père Lagrange vénérait Notre-Dame du Mont-Carmel.

Fête de Notre-Dame du Mont-Carmel

Beauté, silence habité et action

Beauté de la Vierge Marie
À la grotte de Lourdes, le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, la Vierge Marie était apparue pour la dernière fois à Bernadette Soubirous. Apparition silencieuse, où « la Dame de la grotte était plus belle que jamais », selon le témoignage de la sainte voyante. Par ailleurs, sainte Bernadette de Lourdes déclarait que la Vierge Marie était tellement belle que l’on voudrait mourir pour la revoir.
La mère de Jésus resplendit de la lumière de son Fils ressuscité. Celle qui a participé aux souffrances du Calvaire où « une épée a transpercé son âme » ( Évangile selon saint Luc 2,35), rayonne maintenant du bonheur de Dieu lui-même.
Silence habité de la Vierge Marie
La Vierge Marie n’est pas bavarde ; elle n’est pas muette ni inhibée non plus. Femme de silence, Marie garde les paroles et les événements de la vie de son fils Jésus dans son cœur. Ce silence manifeste son dialogue intérieur avec le Père de Jésus.
Silence d’amour, silence de mère attentive aux difficultés qui oppriment le cœur de chacun.
Il y a des silences vides. Il est des silences de plénitude. Dieu est silence. Saint Jean de la Croix (+1591), le grand mystique espagnol, carme, enseigne que « le Père n’a dit qu’une parole : son Fils. Il la dit toujours dans le silence, un silence sans fin. C’est dans le silence qu’elle peut être entendue. » (Maximes. 147).
La liturgie parle des « silences sacrés » qui ne sont pas des pauses ni des parenthèses, mais de grands moments de communion avec Dieu.
Les amis et les artistes témoignent à leur tour de la richesse du silence : « Heureux les amis qui s’aiment assez pour se taire ensemble ! » (+ 1914 Charles Péguy). Les musiciens ont perçu dans le silence l’expression la plus haute de la musique et comme son point d’orgue. L’écrivain Sacha Guitry (+1957) s’exclamait à son tour : « Ô privilège du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui » (Cf. Toutes réflexions faites).
Dans le mystère de la divine Trinité, la Parole jaillit du silence du Père dans l’Esprit Amour, Amour qui unit le Père et le Fils.
Les paroles de la Vierge Marie naissent du silence du Père qui a engendré Jésus en elle dans l’amour de l’Esprit Saint.
Le silence qui suit la prière mariale est encore un silence de Marie. D’ailleurs, le but du chapelet ou rosaire, si paradoxal que cela puisse paraître, n’est rien d’autre que le silence qui remplace dans le cœur le tumulte intérieur des idées par l’union transformante avec Dieu.

Maternité spirituelle de la Vierge Marie
À la différence de l’apôtre saint Pierre qui a reçu la grâce et la mission du gouvernement et de la prédication, la Vierge Marie a été investie d’une mission de maternité physique mais surtout spirituelle. Vocation autre et très haute, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place dans le Peuple de Dieu. À chaque messe, l’Église la cite en premier lieu dans toutes les prières eucharistiques, avant les apôtres.
Avant tout, la Vierge Marie brille comme un modèle de foi et d’intercession auprès de l’humanité. Sa prière, confiante, respectueuse et attentive aux besoins des hommes, attire l’intervention salvifique de Jésus le Christ. À Cana, Jésus avait changé l’eau en vin en réponse aux paroles compatissantes de sa mère : « Ils n’ont pas de vin » (Évangile selon saint Jean 2,3).
Donnée comme mère spirituelle au disciple Jean, qui représentait la communauté chrétienne sur le Calvaire, la mère de Jésus devient la Mère spirituelle des disciples de Jésus. Tout au long de l’histoire de l’Église, sur les différents continents, les chrétiens ont témoigné de cette présence spirituelle et bienfaisante de la Vierge Marie.
Les sociologues ne cachent pas leur étonnement devant la force et le courage de tant de millions d’hommes, de femmes et des enfants, qui ont fait face à la persécution, à la maladie et à la pauvreté, grâce à leur attachement à la dévotion mariale notamment par la prière du chapelet.
La maternité spirituelle de la Vierge Marie se déploie dans sa prière. En la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, les catholiques se tournent vers leur « Mère spirituelle » pour lui confier leurs projets, leurs joies et leurs peines. D’innombrables ex-voto nous rappellent les merveilles accomplies par Dieu envers l’humanité en détresse à la prière de Marie. Patronne des marins souvent exposés aux tempêtes, invoquée sous le vocable « Stella maris », « Étoile de la mer », Marie veille sur ses enfants. « Souvenons-nous que l’on n’a jamais entendu dire que ceux qui ont imploré son aide aient été laissés sans consolation. »
Fr. Manuel Rivero O.P.
Saint-Denis/La Réunion, le 8 juillet 2020.

 

13 juillet 2020

 

 

Nous souhaitons une bonne fête à tous les amis de l’association portant le beau prénom d’ « Henri ».

Le troisième prénom du père Lagrange était :  « Henri ».

Saint Henri (1024). Empereur germanique qui renforça l’influence de l’Église sur la société et qui soutint la réforme entreprise, à l’époque, par les moines de Cluny.

 

 

 

 

13 juillet 2020
Bienheureux Jacques de Voragine o.p. (1228-1298)
Auteur de la Légende dorée, voici une traduction en français à partir de celle en italien par Valerio Ferrua o.p. d’un texte du Mariale Aureo (1) par Jacopo da Varagine. Le père Lagrange l’a peut-être lu ? Le voici :

L’amour de Marie
L’amour de Marie s’adressait à son propre Fils, à Dieu et aux créatures.

L’amour de Marie pour le Fils
La bienheureuse Vierge Marie aimait sans aucun doute son Fils d’un amour profond ; elle aimait Dieu d’un amour séraphique ; elle aimait les autres créatures d’un amour ordonné.
Elle aimait son propre Fils profondément et cela peut se prouver. Dans le Christ se trouvait une triple réalité, c’est-à-dire la chair, l’âme et la divinité. Analogiquement, existaient dans la mère trois réalités : chair, cœur et esprit. Il s’établit donc entre la mère et le Fils un triple lien : de chair à chair, selon la nature ; de cœur à cœur, selon l’amitié ; d’esprit à divinité, selon la grâce.
Marie aimait donc le Christ d’un amour naturel comme chaque mère son propre fils ; d’un amour de grâce, comme une créature son créateur, d’un amour d’amitié, comme une amante son amoureux. Et l’amour de la Mère pour son Fils était tel que toute sa personne s’était, d’une certaine manière, transformée en amour. Comme le fer plongé dans le feu devient lui-même feu, ainsi Marie, ardente de charité, devint elle-même charité parce que tout entière elle se transforma et fondit en amour : Mon âme s’est fondue… (Cantiques des Cantiques 5, 6). Marie, en fait, était tout atteinte d’amour, comme dit l’épouse : Je suis totalement imprégnée par la charité (ibid. 4, 9).

L’amour de Marie pour Dieu
Marie aimait Dieu d’un amour séraphique, comme dit Denis l’Aéropagite(2) dans la Hiérarchie céleste : « L’amour des séraphins est mobile, subtil, chaud et aussi ardent que possible ».
L’amour de Dieu rendit Marie mobile, c’est-à-dire prompte à croire en Dieu et la rendit subtile, c’est-à-dire humble pour se soumettre à Lui. Comme l’orgueil rend l’homme rustre, ainsi l’humilité l’affine et le rend subtil. Marie met ces deux aspects en évidence quand elle dit : Je suis la servante du Seigneur (Luc 1, 38) – c’est l’humilité dans sa soumission à Dieu ; et : Qu’il m’advienne selon ta parole (Luc 1, 39) – c’est la magnanimité à croire. À ce propos, Bernard de Clairvaux(3) dit : « Tant d’humilité ne diminua pas sa magnanimité, de même que la grande magnanimité ne l’empêcha pas de se sentir humble, et par conséquent, en croyant à la promesse elle resta magnanime. » Le privilège de la grâce divine vis-à-vis des serviteurs de Dieu est que l’humilité ne les rend pas pusillanimes et la magnanimité ne les rend pas arrogants.
L’amour rendit Marie chaleureuse, c’est-à-dire très fervente. Immédiatement elle atteignit les sommets de la perfection comme l’atteste le fait que dès le Sauveur conçu, elle « se rendit en hâte vers le haut pays […] elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth » (Luc 1, 39-40). Saint Ambroise(4) écrit : « Elle se rendit vers le haut pays non parce qu’elle fut incrédule quant au signe, non parce qu’elle fut incertaine quant au message, non parce qu’elle douta de la contre-épreuve, mais parce qu’elle était contente de son vœu, désireuse de se consacrer à un service, en proie à la joie la plus intense. » Où aurait-elle bien pu aller, désormais comblée par Dieu, si ce n’est monter vers le haut ? Et cela, « en hâte » parce que la grâce de l’Esprit Saint ne tolère pas les retards. Et Bède(5) dans une homélie dit : « Elle se rendit vers le haut pays, elle qui avait goûté la douceur des citadins du ciel ; humblement, elle se rendit aux sommets de la vertu. » Ambroise énumère quelques raisons pour expliquer cette « hâte ». Avant tout, parce que la bienheureuse Vierge Marie ne voulait pas rester longtemps en public. Elle était poussée par une joie irrésistible. Elle nous enseigne que ceux qui sont remplis de l’Esprit Saint doivent être pleins de ferveur. La grâce l’avait rendue si fervente que seul l’amour de Dieu aurait pu l’apaiser. Elle avait peine à supporter n’importe quel amour terrestre et elle aspirait ardemment et exclusivement à l’amour de Dieu : « Dites à mon aimé que je me languis d’amour » (Cantique des Cantiques 5, 8).

L’amour de Marie pour les créatures
En troisième lieu, Marie aimait toutes les créatures d’un amour ordonné. Selon Augustin(6) : « les degrés de l’amour sont au nombre de quatre. Tout d’abord, nous devons aimer ce qui est au-dessus de nous, c’est-à-dire Dieu ; puis, nous-même, ensuite ce qui se trouve à côté de nous, c’est-à-dire notre prochain, enfin ce qui nous est inférieur. » La bienheureuse Vierge Marie eut un amour ordonné parce qu’elle aima avec respect celui qui lui était supérieur, c’est-à-dire Dieu ; et avec douceur celui qui se trouvait à côté d’elle, c’est-à-dire son Fils ; elle aima avec sagesse elle-même et avec miséricorde le genre humain, inférieur à elle. » Dans cet échelonnement elle peut dire d’elle-même : « Je suis la mère du bel amour et de la crainte, de la connaissance et de la sainte espérance » (Siracide 24, 24). Marie fut la mère du bel amour quant au Fils qui était aimable pour sa propre beauté et qu’elle aima tendrement ; et de la crainte de Dieu qu’elle aima d’un respectueux amour filial. Elle fut mère de la connaissance d’elle-même, qu’elle aima avec sagesse et de la sainte espérance, quant au genre humain qu’elle aima avec miséricorde.

(1) Mariale Aureo, version italienne de Fr. Valerio Ferrua, o.p., traduction française de Marie-Thérèse Calmet. Cf. La Revue du Rosaire, n° 203 et suivants.
(2) Denis l’Aéropagite, retenu au Moyen Âge comme un disciple de saint Paul, vécut au VIe siècle.
(3) Bernard de Clairvaux (1090-1153), saint, moine, docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 203, juillet-août 2008.
(4) Ambroise (339-397), saint, évêque de Milan, docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 205, octobre 2008.
(5) Bède (Beda) le Vénérable (672-735), docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 207, décembre 2008.
(6) Augustin Aurelio (354-430), saint, évêque d’Hippone (aujourd’hui Annaba, Algérie), docteur de l’Église, théologien. Cf. La Revue du Rosaire, n° 204, septembre 2008.

12 juillet 2020
La bonne terre, c’est la bonne volonté (Mt 13, 23)

Le grain, c’est la parole ou la doctrine de Jésus. Nous touchons donc à l’allégorie. Mais on serait bien embarrassé de rendre compte ainsi de tous les autres termes. Le grain est toujours le même, toujours aussi bon, en quelque endroit qu’il tombe, et aussi la parole. Mais lorsqu’une tentation subite de Satan empêche la parole d’agir avant même qu’elle ait été méditée, l’enlève de l’esprit avant qu’elle soit arrivée jusqu’au cœur, n’est-ce point dans l’ordre moral ce qui se passe lorsque le grain tombé sur le chemin est dévoré par les oiseaux ? De même ce sol pierreux est l’image des natures mobiles, enthousiastes, mais promptes au découragement. Ces épines qui étouffent le grain, ce sont les désirs des richesses et autres soucis du monde qui absorbent l’activité et paralysent les bons désirs. La bonne terre, c’est la bonne volonté (Lagrange Marie-Joseph o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, éd. 2017, p. 202).

Illustration : Icône. Jésus semeur.

 

Jour anniversaire de la naissance au ciel du père Lagrange
Aujourd’hui, 10 juillet, messe célébrée par fr. Manuel Rivero o.p. aux intentions des membres de l’association des amis du père Lagrange et pour la béatification de ce grand serviteur de Dieu. En union de prière : https://www.mj-lagrange.org

Terminer par les Litanies de la Vierge Marie à la lumière de la vie et de l’œuvre du père Lagrange :

Marie, Immaculée, mène-nous tout droit au Cœur de Jésus
Marie, conçue sans péché, priez pour nous.
Marie, fille chérie du Père, priez pour nous.
Marie, la bien-aimée du Saint-Esprit, priez pour nous.
Marie, la mère et l’amie de Notre Seigneur Jésus, priez pour nous.
Marie, Mère du Verbe, priez pour nous.
Marie, servante de la sainte famille, priez pour nous.
Marie, humble ménagère de Nazareth, priez pour nous.
Marie, dernière servie, priez pour nous.
Marie, femme juive, qui a accompli les rites de Purification à la naissance de Jésus, priez pour nous.
Marie, notre Mère, priez pour nous.
Marie, Reine du Ciel, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des anges, priez pour nous.
Marie, Vierge fidèle, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des pauvres, priez pour nous.
Marie, Notre- Dame de l’obéissance, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la pauvreté, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la chasteté, priez pour nous.
Marie, notre appui dans l’action, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des Neiges, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de pureté, priez pour nous.
Marie, Maîtresse de Sapience, priez pour nous.
Marie, Maîtresse des études théologiques, priez pour nous.
Marie, Mère de la Sagesse, priez pour nous.
Marie, Reine de la Vérité, priez pour nous.
Marie, la Lumière, priez pour nous.
Marie, Mère des initiatives apostoliques, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des commencements, priez pour nous.
Marie, patronne des Prêcheurs, priez pour nous.
Marie, Reine du Carmel, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame du détachement des biens terrestres, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame d’Autun, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de La Salette, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de Fourvière, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la Merci, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la Garde, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame del Pilar, priez pour nous.
Marie, notre Avocate, priez pour nous.
Marie, notre Guide, priez pour nous.

(Rivero Manuel o.p., Le père Lagrange et la Vierge Marie, Cerf, 2012.)

Illustration : La Vierge de Banneux

 

8 juillet 2020
Un témoignage de Maurice Zundel sur l’œuvre du père Lagrange

Si vous pensez au néant de l’exégèse catholique entre 1890 et 1900,, à l’époque où le Père Lagrange fondait l’École biblique de Jérusalem, si vous considérez les conséquences de cet immense travail, si vous lisez la Revue biblique, si vous constatez qu’aujourd’hui, après soixante ou soixante-dix ans de travail, l’exégèse catholique est au premier plan de l’érudition, si vous voyez les résultats des travaux de l’Institut biblique de Rome, qui a suivi l’ École biblique de Jérusalem, et les autres Instituts qui se sont inspirés de la fondation du Père Lagrange, le pionnier en la matière, vous devez comprendre l’utilité d’un ordre savant, livré à des travaux de longue haleine qui ne peuvent être poursuivis avec continuité que par une équipe étroitement soudée et qui demeure, que la mort ne peut dévaster parce que, d’une génération monastique à l’autre, le flambeau est transmis.
(Zundel Maurice, Émerveillement et pauvreté, Éd. St-Augustin, 2009.)

 

5 juillet 2020
Invitation à accepter le joug du Christ (Mt 11, 25-30)

Recevez mes leçons, non pas parce que je suis plus instruit que vous, mais parce que je suis doux et humble de cœur.
C’est par sa modestie et sa douceur que Jésus prépare les esprits à recevoir sa doctrine.
(Extrait du commentaire du P. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, p. 348-349.)

 

 

3 juillet 2020
Saint Thomas, apôtre

Le pain d’Élie…, les sentiments d’un saint Thomas… Par l’Eucharistie, nous prenons contact avec le Dieu vivant. (P. Lagrange, Journal spirituel, 23 février 1909)

Surnommé Didyme, Thomas l’apôtre, qui signifie jumeau en araméen (aussi en arabe et en hébreu) est incontournable pour comprendre la naissance de la chrétienté en Orient et en Inde. Dans un résumé de l’histoire de l’Église d’Orient, saint Thomas est qualifié de « homme sensible et courageux, sceptique et incrédule, mais témoin passionné et convaincu de tout ce qu’il avait vu par ses yeux et touché de ses mains, qui fut le premier héros de la conquête de l’Orient ».

https://oeuvre-orient.fr/actualites/saint-thomas-apotre-missionnaire-en-inde/

Bonne Fête à tous ceux qui se prénomment « Thomas » !

 

Illustration : L’incrédulité de saint Thomas. Artiste inconnu.

Témoignage-Hommage de Mgr Charles Molette en faveur du père Lagrange

 

P. Ambroise-Marie Carré o.p.

Le 17 septembre 1994, le R. P. A. M. Carré, o. p. de l’Académie française, Commandeur de la Légion d’Honneur remettait la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à Mgr Charles Molette, Prélat d’honneur de Sa Sainteté.

 

Mgr Charles Molette, académicien, historien, biographe, succédait à Mgr André Decourtray à l’Académie française.

Mgr Charles Molette

Dans la très belle réponse de Mgr Charles Molette au R. P. A.-M. Carré, nous avons relevé quelques courts extraits mais combien significatifs sur le Père Lagrange :

[…] Permettez-moi, mon Père, de me tourner vers la grande figure du père Lagrange, votre aîné dans l’Ordre de saint Dominique ; ne pouvons-nous pas espérer sa prochaine béatification, après celle du Très Révérend Père Cormier ? Cette grande figure du père Lagrange, en effet, nous montre jusqu’où […] un authentique savant, qui étudiait le témoignage de l’Écriture sur le Christ, fut appelé à souffrir dans son combat pour la vérité de l’Évangile. Et par un double procès : d’une part, celui que lui opposait l’intelligentsia de l’antidogmatisme le plus virulent, soucieux de défendre un psittacisme tenant lieu de fidélité.

[…] Il m’incombe donc, puisqu’il s’agit de mon entrée dans notre premier Ordre national, de voir dans le présent adoubement un encouragement de la nation à ne pas déserter le service de la vérité méconnue, bafouée, battue en brèche. Un mot, dont le père Lagrange lui aussi a éprouvé la vérité des termes, exprime la portée de ce combat :

« Les vérités battues en brèche s’imposent avec plus d’insistance à ceux qui en sont souvent d’involontaires victimes » (lettre du 24 février 1968 du cardinal Wojtyla, archevêque de Cracovie, au père de Lubac). https://www.aaef-asso.fr/fichiers/images/Bulletins/AAEF_bulletin_42NB.pdf

 

Écho de notre Page Facebook : juin 2020

 

30 juin 2020

« La présence de Dieu est une lumière : parce que, quand on voit tous les
objets en Dieu, aucun d’eux ne peut arrêter la pensée, la fixer et la détourner
de sa fin suprême : dans la nuit, on se heurte à chaque pierre du chemin ; le
jour, on franchit les plus sérieux obstacles » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel).

Illustration : Chemin de lumière. Vitrail de Kim en Joong o.p.

 

29 juin 2020
Les apôtres saint Pierre et saint Paul dans la vie de saint Dominique et celle du père Lagrange

Rome,1216, le pape Honorius III donne son accord, à saint Dominique, pour la création de l’ordre des Prêcheurs. Un jour que saint Dominique priait à Saint-Pierre pour la conservation et la dilatation de son ordre, il fut ravi à lui-même. Les deux apôtres Pierre et Jean lui apparurent, Pierre lui présentant un bâton, Paul un livre, et il entendit une voix qui lui disait : « Va et prêche, car c’est pour cela ‘que tu es élu’ » et en même temps, il voyait ses disciples se répandant deux à deux par tout le monde pour évangéliser. Depuis ce jour, il porta constamment avec lui les épîtres de saint Paul et l’évangile de Matthieu, et soit qu’il fût en voyage, soit qu’il habitât la ville, il ne marchait qu’un bâton à la main. (Vie de saint Dominique par le R.P. Frère Henri-Dominique Lacordaire, 1841.)

Le bâton et le livre offerts symbolisent aussi : science et persévérance. Deux qualités du père Lagrange.

Illustration : Apparition de saint Pierre et de saint Paul à saint Dominique (détail du Couronnement de la Vierge par Fra Angelico (15e) Musée du Louvre).

 

28 juin 2020
Saint Irénée, évêque de Lyon, Martyr, Père de l’Église

Le père Lagrange a commenté en exégète et en homme de foi les Évangiles où Jésus agit comme le révélateur (1) du Père qui est Amour. Disciple heureux du Docteur Angélique, le père Lagrange utilise tous les moyens scientifiques et culturels à sa portée pour dire à travers ces médiations le mystère de Celui qui est Esprit. Sensible et attaché à la beauté, il ne cherche pas l’émotion dans des propos pieux mais la vérité. (Manuel Rivero o.p. Le père Lagrange, lumière pour la nouvelle évangélisation.)

(1) Saint Irénée de Lyon : « Dès le commencement, le Fils est le révélateur du Père, puisqu’il est dès le commencement avec le Père ; les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père, tout cela, à la façon d’une mélodie harmonieusement composée, il l’a déroulé devant les hommes, en temps opportun, pour leur profit » (Contre les hérésies, IV, 20, 7, traduction A. Rousseau, Paris, Éditions du Cerf, 1984, p. 473-474)

28 juin 2020

 

Aujourd’hui Fr. Manuel Rivero o.p. Président de l’association des amis du père Lagrange fête le quarantième anniversaire de son ordination presbytérale.

Nous nous unissons pour souhaiter un Joyeux Anniversaire, Fr. Manuel !

Rendons grâce à Dieu pour ces quarante années de « serviteur fidèle ». Avec notre prière.

 

27 juin 2020
Saint Cyrille d’Alexandrie, patriarche d’Alexandrie en Égypte au Ve siècle, écrivain fécond, pourfendeur d’hérésies, président du Concile d’Éphèse qui établit le dogme de Marie Mère de Dieu, Theotokos. Évêque, Docteur, Père de l’Église.

Un peu d’histoire

L’actuelle basilique Saint-Étienne à Jérusalem est édifiée sur le site d’une grande église byzantine dont la cérémonie de dédicace fut présidée en l’an 439 par l’illustre patriarche d’Alexandrie, Saint Cyrille. On rapporte qu’à cette occasion y furent transférées les reliques d’Étienne, le premier martyr du christianisme.

Le lieu est pétri d’une histoire qui ne fut pas épargnée par la violence. La basilique byzantine fut détruite par les Perses en 614. Une petite chapelle fut alors érigée qui desservit par la suite une léproserie. Les Croisés la restaurèrent en 1099. Mais en 1187 ils la démolirent, pour empêcher les armées de Saladin de s’en servir comme ouvrage militaire durant leur siège de la Ville sainte.

Vers la fin du 19e siècle, les Frères prêcheurs ont la volonté de rétablir une maison dominicaine dans la Ville sainte. Une basilique est reconstruite et consacrée le 13 mai 1900. Référence pour les biblistes du monde entier, le père Marie-Joseph Lagrange qui fonda l’École Biblique et Archéologique Française en 1890 repose depuis 13 novembre 1967 dans le chœur de cette basilique. (Commentaire de Philippe Jeannin o.p. lors de la messe de Noël 2010 à Jérusalem. Source : RTS.ch.)

Illustration : Basilique St-Étienne. Au centre, signalée par des fleurs, la tombe du P. Lagrange. Photo domjer.

 

24 juin 2020
Nativité de saint Jean Baptiste

« Ce n’est pas pour rien que Jésus a été nommé par Saint Jean Baptiste (et Isaïe) l’agneau de Dieu : l’agneau type du novice simple… »

(M.-J. Lagrange, Journal spirituel, mars 1880.)

Illustration : Saint Jean Baptiste et l’Agneau (détail) Murillo (17e) Musée du Prado.

 

22 juin 2020
Mémoire de la Sainte Vierge Marie

« Rien qui ne soit pour Jésus ; mais aussi rien qui ne soit offert à Marie pour Jésus. Prier Jésus, toujours, par Marie, toujours ; ne les isoler jamais. Jésus dans les bras de Marie. »

(M.-J. Lagrange, Journal spirituel, 21 avril 1880.)

Illustration : Vierge du Rosaire (détail) BE Murillo (17e). Musée du Prado.

 

20 juin 2020
Cœur Immaculé de Marie

 

“Ô Vierge Marie ! Ne m’abandonnez pas ! Je m’abandonne entièrement à vous. Je ne m’inquiète de rien : beaucoup de grâces, je remets tout entre vos mains. Je m’efforcerai seulement de bien faire les exercices dans les dispositions de votre Cœur Immaculé ! Aimer Jésus sans tant m’inquiéter de ce qui se passe en moi.

(M.-J. Lagrange O.P., Journal spirituel)

Illustration : Cœur Immaculé de Marie (vitrail)-Photo Lawrence OP.

 

19 juin 2020
Solennité du Sacré-Cœur de Jésus

 

« La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus par la vertu d’obéissance. »
(M.-J. Lagrange O.P., Journal spirituel, le 16 octobre 1891.)

 

 

Illustration : Sacré-Cœur de Jésus-Broderie d’or-H. van Severen-St.Niklaas (1900) Nicholas Church-Ghent-Belgium.

 

 

 

14 juin 2020
Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

« Ô mon Jésus, n’abandonnez pas cette maison à cause de moi : vous le voyez je ne désire que la remettre en des mains plus dignes. Cachez-moi dans votre Très Saint Sacrement, faites-moi vivre de votre vie cachée d’adoration, d’action invisible. »

(Marie-Joseph Lagrange, St-Étienne-Jérusalem, le 22 septembre 1894, Journal spirituel).

Illustration : Ecce Panis Angelorum-Photo de Lawrence Lew OP.

 

 

 

10 juin 2020 : Jour-anniversaire de la naissance au ciel du père Lagrange (10 mai 1938).

 

 

C’est le jour de notre rendez-vous mensuel de prière. Confions à l’intercession du P. Lagrange nos demandes de grâces. Elles seront portées par Fr. Manuel Rivero o.p. au cours de la messe célébrée ce jour.

Toute information sur les grâces reçues sont les bienvenues. Elles aideront à faire avancer le dossier de béatification du père Lagrange. www.mj-lagrange.org

 

Chers amis,
Ce mercredi 10 juin 2020, je célébrerai la messe en la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion à 12h10 pour la cause de béatification du père Lagrange et pour les amis de grand spirituel. Fr. Manuel.

 

08 juin 2020
La foi

« Heureux sommes-nous d’avoir été choisis par Jésus pour lui rendre témoignage dans des temps si durs aux croyants… » (Journal spirituel, 22 décembre 1907).

Illustration : Matthieu 5,2-Fresque de l’église de St-Germain-en-Laye par Amaury-Duval (19e)

 

 

 

 

Dimanche 7 juin 2020
La Très Sainte Trinité

« Dans l’ignorance où nous sommes de Dieu, il nous est doux de savoir qu’il est Père, par conséquent infiniment tendre et indulgent ; Fils incarné pour nous, vivant en nous pour nous faire participer à ce qu’il tient du Père : Esprit vivifiant et sanctificateur, principe de charité. Oh ! Que cette révélation de la Trinité des personnes divines nous est utile, et qu’il en faut remercier Notre Seigneur ! » (M.-J. Lagrange o.p., Journal spirituel, 10 octobre 1895).

Illustration : Solennité de la Sainte Trinité-OP ND du Rosaire et de Ste Catherine de Sienne-Cabra (Irlande)-Icône de Melanie Weidner.

Bonne Fête à toutes les mamans de la terre et du ciel !

 

 

 

5 juin 2020
La dévotion du père Lagrange au Sacré-Cœur de Jésus par Fr. Manuel Rivero O.P.

[Il y a 129 ans,] la première pierre de l’École biblique de Jérusalem fut posée le 5 juin 1891 en la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le parchemin de l’inauguration signalait que cette École était destinée à développer les études bibliques sous le patronage de Notre-Dame du Rosaire. Le père Lagrange avait averti que dans les fondations de l’École les fouilleurs trouveraient des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du Rosaire, de saint Benoît, de sainte Marie-Madeleine et du pape Léon XIII qui régnait à ce moment-là [Cf. Le père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels. Préface du P. Benoît, o.p. Paris. Éd. du Cerf. 1967. P. 38].

Le pape Léon XIII pensait que cette consécration au Sacré-Cœur s’harmonisait avec le lieu de la lapidation de saint Étienne, sur lequel était bâtie l’École biblique et la basilique Saint-Étienne. Le pape Léon XIII exhortait le père Lagrange et les frères dominicains en ces termes : « Oui, consacrez toute votre œuvre et l’église au Sacré-Cœur de Jésus. Le Sacré-Cœur ne peut être mieux que là, car lorsque saint Étienne voyait les cieux ouverts et Jésus debout à la droite de son Père, Jésus se montrait à lui avec ses plaies, celles de ses pieds et de ses mains, celle de son cœur ! » [Cf. LAGRANGE Marie-Joseph, Saint Étienne et son sanctuaire à Jérusalem. Paris, éd. Alphonse Picard et fils, 1894. p. 173].

Illustration : Saint Étienne-Vision de la gloire de Jésus-Icône de Sœur Marie-Paul, moniale bénédictine du Mont des Oliviers à Jérusalem.

Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le P. Lagrange

31 mai 2020
Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le père Lagrange
Testimonianza di P. Athos Antoniani su P. Giuseppe Girotti, domenicano, beatificato il 26 aprile 2014 ad Alba.

Era un uomo libero. Ci diceva che bisognava credere solo nella Bibbia come Parola di Dio, essendo tutta ispirata. Ci spiegava che Dio parla agli uomini nella storia come un Padre con il proprio figlio, adattandosi alle sue capacità di comprensione. Si rifaceva all’insegnamento di padre Maria Giuseppe Lagrange, suo professore all’Ecole Biblique di Gerusalemme, dove aveva conseguito il titolo di «Prolita di Sacra Scrittura». Di lui padre Girotti diceva: «un maestro immortale nel mondo biblico e orientalistico, martoriato dal Santo Uffizio di Roma per la sua grande speculazione teologica e la sua laboriosa ricerca positiva».

https://www.consolata.org/new/index.php/mission/nostridiconoarch/15204-io-allievo-di-girotti : Io allievo di Girotti – Avril 2014

Écho de notre page Facebook : mai 2020

 

31 mai 2020
Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le père Lagrange
Testimonianza di P. Athos Antoniani su P. Giuseppe Girotti, domenicano, beatificato il 26 aprile 2014 ad Alba.

Era un uomo libero. Ci diceva che bisognava credere solo nella Bibbia come Parola di Dio, essendo tutta ispirata. Ci spiegava che Dio parla agli uomini nella storia come un Padre con il proprio figlio, adattandosi alle sue capacità di comprensione. Si rifaceva all’insegnamento di padre Maria Giuseppe Lagrange, suo professore all’Ecole Biblique di Gerusalemme, dove aveva conseguito il titolo di «Prolita di Sacra Scrittura». Di lui padre Girotti diceva: «un maestro immortale nel mondo biblico e orientalistico, martoriato dal Santo Uffizio di Roma per la sua grande speculazione teologica e la sua laboriosa ricerca positiva».

https://www.consolata.org/new/index.php/mission/nostridiconoarch/15204-io-allievo-di-girotti : Io allievo di Girotti – Avril 2014

 

 

Dimanche 31 mai 2020
L’Esprit de Pentecôte
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et cela dit, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront maintenus (Jn 20, 21-23) ».

Paroles que le P. Lagrange commente ainsi : Ce que Jésus donne à ses apôtres est donc quelque chose de surnaturel que l’on doit rattacher à l’action de l’Esprit Saint, représenté dans l’Ancien Testament surtout comme vivifiant, et que Jésus lui-même a désigné comme un Aide dans l’ordre de la vérité. […] L’allusion à l’Esprit s’entend assez : remettre les péchés, c’est donner la vie spirituelle (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon saint Jean).

29 mai 2020
Le saint Pape Paul VI et le père Marie-Joseph Lagrange 0.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, serviteur de Dieu.
Saint-Denis (La Réunion), le 29 mai 2019, fête de saint Paul VI, pape (+6 août 1978).
Fr. Manuel Rivero O.P. (président de l’association des amis du père Lagrange).

Pour fêter le saint pape Paul VI, l’Église a choisi la date de son ordination presbytérale le 29 mai 1920. Âgé uniquement de 23 ans, il avait reçu une dispense pour recevoir le sacrement de l’ordre. Pour sa première messe, le père Giovanni Battista Montini avait choisi une nappe d’autel taillée sur une robe de sa mère. Beau symbole qui reliait la maternité physique et la maternité spirituelle. Le père Marie-Joseph Lagrange voyait dans les mères des prêtres une plénitude heureuse de maternité.
Nommé archevêque de Milan, c’est un élève du père Lagrange à Jérusalem, le cardinal Eugène Tisserant qui préside la consécration épiscopale en la basilique de Saint-Pierre à Rome le 12 décembre 1954.
Lors de la célébration du Concile Vatican II, Monseigneur Montini invite son ami Jean Guitton, ancien élève du père Lagrange à Jérusalem, comme observateur.
Le 14 mars 1974, lors de la réception des membres de la Commission biblique pontificale, le Pape Paul VI avait mis en valeur l’apport du père Lagrange à l’étude critique de la Bible (Doc. Cath. 71 (1974), p. 326) : « Cette connexion essentielle entre la Bible et l’Église ou, si vous préférez, cette lecture de la Sainte Écriture in medio Ecclesiae, confère aux exégètes de l’Écriture sainte, et tout particulièrement à vous, membres qualifiés de la Commission biblique pontificale, une fonction importante au service de la parole de Dieu. Aussi nous sentons-nous encouragés à regarder avec sympathie, bien plus, à soutenir et à donner vigueur à ce caractère ecclésial de l’exégèse contemporaine. Votre travail ne consiste donc pas simplement à expliquer des textes anciens, à rapporter des faits de manière critique ou à remonter à la forme primitive et originelle d’un texte ou d’une page sacrée. C’est le devoir primordial de l’exégète de présenter au peuple de Dieu le message de la Révélation, d’exposer la signification de la parole de Dieu en elle-même et par rapport à l’homme contemporain, de donner accès à la Parole, au-delà de l’enveloppe des signes sémantiques et des synthèses culturelles, parfois éloignés de la culture et des problèmes de notre temps. Quelle grande mission vous incombe vis-à-vis de l’Église comme de toute l’humanité ! Quelle contribution à l’évangélisation du monde contemporain !
Pour illustrer cette responsabilité et pour vous défendre des fausses pistes dans lesquelles l’exégèse risque souvent de se fourvoyer, nous allons emprunter les paroles d’un grand maître de l’exégèse, d’un homme dans lequel ont brillé de façon exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le P. Lagrange. En 1918, après avoir tracé le bilan négatif des diverses écoles de l’exégèse libérale, il dénonçait les racines de leur échec et de leur faillite dans ces causes : opportunisme doctrinal, caractère unilatéral de la recherche et étroitesse rationaliste de la méthode. « Dès la fin du XVIIIe siècle, écrivait-il, le christianisme se mettait à la remorque de la raison ; il fallut plier les textes à la mode du jour. Cet opportunisme inspira les commentaires des rationalistes. » Et il continue : «Tout ce que nous demandons de cette exégèse indépendante, c’est qu’elle soit purement scientifique. Elle ne le sera tout à fait qu’en se corrigeant d’un autre défaut commun à toutes les écoles que nous avons énumérées. Toutes ont été einseitig, ne regardant que d’un seul côté. » (M.J. Lagrange, Le Sens du christianisme d’après l’exégèse allemande, Paris, Gabalda, 1918,pp. 323, 324, 328). Le P. Lagrange mettait en cause un autre caractère des critiques : le dessein arrêté de ne pas accepter le surnaturel.
Ces remarques conservent, aujourd’hui encore, un caractère d’urgence et d’actualité. On peut y ajouter aussi, pour les expliciter, une invitation à ne pas exagérer ni à transgresser les possibilités de la méthode exégétique adoptée, à ne pas en faire une méthode absolue comme si elle permettait, et elle seulement, d’accéder à la Révélation divine. Il faut se garder également d’une remise en question systématique visant à affranchir toute expression de la foi d’un solide fondement de certitude.
Ces chemins aberrants seront évités si l’on suit la règle d’or de l’herméneutique théologique énoncée par le Concile Vatican II : celui-ci demande d’interpréter les textes bibliques « en prêtant attention au contenu et à l’unité de l’Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de toute l’Église et de l’analogie de la foi » (Dei Verbum, n°12). « On ne saurait retrouver le sens du christianisme – c’est encore le P. Lagrange qui parle – par un groupement de textes si l’on ne pénètre pas jusqu’à la raison d’être du tout. C’est un organisme dont le principe vital est unique. Or il est découvert depuis longtemps, et c’est l’incarnation de Jésus-Christ, le salut assuré aux hommes par la grâce de la rédemption. En cherchant ailleurs, on s’exposerait à faire fausse route. » (Op. cit.,p. 325) Exprimer le message signifie donc avant tout recueillir toutes les significations d’un texte et les faire converger vers l’unité du mystère, qui est unique, transcendant, inépuisable, et que nous pouvons par conséquent aborder sous de multiples aspects. À cette fin, la collaboration de beaucoup de personnes sera nécessaire pour analyser le processus d’insertion de la parole de Dieu dans l’histoire – ce que saint Jean Chrysostome a désigné sous le terme de sunkatabasis ou « condescensio » (Hom. 17,1, in Gn 3,8 ; PG ,53, 134), – selon la variété des langages et des cultures humaines : cela permettra de saisir en chaque page le sens universel et immuable du message, et de le proposer à l’Église, pour une intelligence véritable de la foi dans le contexte moderne et une application salutaire aux graves problèmes qui tourmentent les esprits réfléchis à l’heure actuelle. Il vous revient, à vous exégètes, d’actualiser, selon le sens de l’Église vivante, la Sainte Écriture, pour qu’elle ne demeure pas seulement un monument du passé mais qu’elle se transforme en source de lumière, de vie et d’action. C’est seulement de la sorte que les fruits de l’exégèse pourront servir à la fonction kérygmatique de l’Église, à son dialogue, s’offrir à la réflexion de la théologie systématique et à l’enseignement moral, et devenir utilisables pour la pastorale dans le monde moderne. »
Aumônier des étudiants, le père Montini avait fait la connaissance d’Aldo Moro qui deviendra par la suite Premier Ministre en Italie pendant une longue durée. Aldo Moro, laïc dominicain, sera victime des Brigades Rouges : enlèvement, séquestration et finalement assassinat au bout de 55 jours, le 9 mai 1978. Le pape Paul VI prononcera à cette occasion une émouvante homélie.
C’était quelques mois avant son « départ » vers le Père, le 6 août 1978, fête de la Transfiguration de Jésus, même date que celle du « départ » vers Dieu de saint Dominique, le 6 août 1221, à Bologne.

 

27 mai 2020

Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. (Jean 17, 17)
La sainteté par le P. Lagrange

« Nous appartenons au Christ et les fruits que nous produisons pour Dieu sont ceux qui conduisent à la sainteté ? » [C’est à peine si Paul a parlé de fruits du péché ; en tout cas ils n’étaient pas un bien pour les pécheurs. Les fidèles serviteurs de Dieu possèdent un fruit qui leur est propre, qui est bien à eux, constituant peu à peu le patrimoine de la sainteté, ayant pour terme et pour fin la vie éternelle (Marie-Joseph Lagrange, Épître aux Romains 6,22)].

 

Jeudi 21 mai 2020
Ascension du Seigneur (Mt 28, 16-20)

Belle fête de l’Ascension en pensant aussi au bienheureux frère Cormier O.P; qui a aimé et soutenu le père Lagrange ! Fr. Manuel.

La mission des Apôtres dérive du pouvoir du Christ.

Commentaire du père Lagrange dans L’Évangile selon saint Matthieu (1941) : Aussi le Christ promet-il à ses apôtres une assistance spéciale. Elle est nommée une présence, c’est-à-dire spirituelle, car ces paroles ne peuvent signifier qu’un adieu. […] Ces dernières paroles du Seigneur sont consolantes, surtout pour nous qui pouvons constater l’accomplissement miraculeux de tout ce petit discours. Les mots pressés sont chargés de sens : les apôtres reçoivent une mission qui s’étend à toutes les nations ; elle tient en trois offices, qui n’ont jamais cessé d’être remplis. L’affirmation de la puissance accordée au ressuscité se vérifie par l’assistance qu’il a donnée, ou plutôt par cette présence dont tous les fidèles sont pénétrés.

 

Illustration : L’Ascension du Seigneur (détail) Giotto 13e-Monastère de Bose.

 

20 mai 2020
L’Esprit de vérité éclaire les intelligences (Jean 16, 12-15)

Le père Lagrange commente (L’Évangile de Jésus-Christ, 2018, p. 563-564.) :

« Le Paraclet, le défenseur du Christ, aura vis-à-vis des disciples un rôle plus intime, étant l’Esprit de vérité qui éclaire les intelligences. En ce moment, à la veille de leur défaillance morale, avant la lumière de la résurrection, ils ne sont pas en état de s’assimiler tout ce que Jésus aurait à leur dire. L’Esprit Saint les guidera vers la vérité tout entière. […]  Dans ce dernier cas, le privilège n’est accordé qu’aux Apôtres ; l’Église l’a proclamé plus clairement : après eux il n’y aura plus de révélation. Mais la marche vers une vérité mieux comprise, doit, de sa nature, durer autant que l’humanité. […] L’assistance de l’Esprit Saint est donc promise, à jamais, à ceux qui remplaceront les Apôtres, et, sous leur direction, à ceux qui croiront en Jésus. »

Illustration : L’Esprit Saint, mosaïque P. Marco Ivan Rupnik, Centre Aletti, Rome.

 

17 mai 2020
Une pensée du P. Lagrange dans son Journal spirituel

« La présence de Dieu, qui est l’union affectueuse de ma pensée à l’être de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Pratique : le chercher très souvent au-dedans de moi-même par un simple regard très suppliant : tu in nobis es Domine Jesu (Tu es en nous, Seigneur Jésus). »

 

 

Photo : La plénitude intérieure de Marie (19e)-P. Perdrau-église La Trinité-des-Monts. Rome.

 

 

 

 

13 mai 2020
Soyons réalistes, mais c’est quoi le réel ?
La puissance de la prière
Fr. Manuel Rivero O.P. Cathédrale de Saint-Denis-Réunion

Comment définir la vie ? Comment définir le réel ? Michel Henry (+2002) qui a marqué la philosophie contemporaine appelait « les nouveaux barbares » ceux qui réduisent le réel au quantifiable.
L’histoire des hommes contredit régulièrement ceux qui excluent de la vie la puissance de la prière. La foi en Dieu manifestée dans l’acte suprême de la prière fait partie des paramètres et des variables agissant sur le monde.
Ceux qui s’en sont moqués ont eu souvent des déconvenues. Ceux qui se sont appuyés sur la prière ont reçu des grâces merveilleuses au grand étonnement des sceptiques.
Loin d’être une drogue douce ou une béquille pour des faibles, la prière se manifeste comme une révolte contre le rétrécissement de la grandeur de la personne humaine appelée à partager la vie de Dieu. « Capax Dei », « capable de recevoir Dieu », l’homme dépasse ses moyens en recevant la grâce divine.

En ce mois de mai, « le mois de Marie, le mois le plus beau », l’Église fait mémoire des apparitions de Fatima, en 1917, à trois enfants, bergers dans la campagne portugaise : Lucia, 10 ans, Francisco, 9 ans, Jacinta, 7 ans.

Souvenons de notre saint pape Jean-Paul II, victime d’un grave attentat le 13 mai 1981, il demanda à placer la balle qui avait traversé son corps dans la couronne de Notre-Dame-de-Fatima, en signe de reconnaissance.

Quel est le message de Fatima ?

Les apparitions de la Vierge ont été précédées des apparitions d’un ange qui s’adressa aux trois enfants en leur faisant répéter cette prière : « Mon Dieu, je crois en vous, je vous adore, j’espère en vous, et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».
Il leur demanda aussi d’offrir au Seigneur des prières et des sacrifices tout en évoquant la miséricorde des cœurs de Jésus et de Marie à leur égard.

Le 13 mai 1917, c’est Notre-Dame qui leur apparaît, vêtue de blanc, plus brillante que le soleil. Elle leur demande de se rendre à Cova da Iria six mois de suite, le 13 de chaque mois à la même heure. Notre Dame les exhorte à prier : « Réciter le chapelet tous les jours pour obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre ».

Le 13 juin 1917, Notre-Dame révèle aux enfants que Jésus veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ce Cœur de Marie est entouré d’épines, symbole des péchés des hommes.

Le 13 juillet 1917, Notre-Dame demande la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Elle donne aussi une nouvelle prière à ajouter dans le chapelet : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer ; emmenez au Paradis toutes les âmes, principalement celles qui en ont le plus besoin ».

Le 13 octobre 1917, un samedi, Notre-Dame demande la construction d’une chapelle en son honneur en disant : « Je suis Notre-Dame du Rosaire ». Elle veut que le chapelet soir prié tous les jours. Ce jour-là eut lieu le miracle du soleil annoncé quatre mois auparavant. Le soleil tourna trois fois sur lui-même lançant de tous côtés des faisceaux de lumière.

En ce temps de pandémie, le pape François exhorte les fidèles à prier Jésus Vivant avec sa mère, la Vierge Marie, en parcourant les mystères du Rosaire (joyeux, lumineux, douloureux et glorieux) qui éclairent le mystère de chaque homme.

Par ailleurs, en raison de la pandémie de coronavirus qui endeuille le monde entier, le Haut Comité de la fraternité humaine a appelé tous les leaders religieux à une journée de prière le 14 mai 2020.
Ce haut Comité est issu du Document d’Abou Dhabi sur la fraternité humaine, pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé le 4 février 2019, par le pape François et le Grand Iman d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib.
Comme le disait le cardinal Jean-Louis Tauran (+2018) : « Les religions font partie de la solution, pas du problème. »

Illustration : Coeur Immaculé de Marie (Corse)

 

10 mai 2020
La vocation dominicaine du père Lagrange

Prions pour sa cause de béatification et demandons-lui des grâces!
Avec ma prière au Vivant! Fr. Manuel

 

 

10 mai 2020 : Jour-anniversaire de la « montée au Ciel » du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, le 10 mars 1938.

Aujourd’hui, comme tous les mois, nous sommes en union de prières avec Fr. Manuel Rivero o.p. qui célèbre une messe aux intentions confiées à l’intercession du père Lagrange par les membres de l’association des amis du père Lagrange, ainsi que par tous ceux qui aiment cette grande figure de l’ordre des Prêcheurs. Prions aussi pour l’aboutissement de la cause de béatification de ce grand savant et spirituel serviteur de Dieu, qui a voué sa vie au service apostolique de la vérité.

« Ô Marie, conduisez-moi par le plus court chemin au cœur de Jésus. » M.-J. Lagrange, Journal spirituel.

 

 

 

8 mai 2020
Mère du Verbe – Patronne des Prêcheurs.
Verbum predicatoribus subministrat [Elle procure la Parole aux prédicateurs.] (P. Lagrange, Journal spirituel)

Photo : Soeurs dominicaines de Tucumán-Argentine

 

 

7 mai 2020
« Un serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Si vous savez cela, heureux êtes-vous, si vous le faites (Jean 13, 16-17). »

En écrivant ces lignes de l’évangile de ce jour, le P. Lagrange les commente dans son livre de L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936 :

Quand le moment sera venu de pratiquer l’humilité, celui qui, peut-être, sera le dépositaire de l’autorité de Jésus, comme c’est le cas de certains serviteurs placés à la tête des autres, et, surtout des envoyés qui parlent au nom de leur prince, ceux-là donc, si haut qu’ils soient, devront se souvenir qu’ils ne sont que des serviteurs et des envoyés, lesquels sont naturellement inférieurs à celui qui se sert d’eux. – Le dicton, en lui-même, pouvait avoir diverses applications : le serviteur étant inférieur à son maître ne devait pas s’attendre à être mieux traité que lui. […] L’envoyé doit le prendre de très haut comme représentant de son maître ; mais vis-à-vis de lui il s’efface. À plus forte raison, les simples disciples par rapport à leur Maître. […] C’est quelque chose de comprendre cette leçon, mais on n’en retire le fruit qu’en la mettant en pratique.

Image : Christ lavant les pieds de ses disciples(détail)-Jacopo Tintoretto(15e)-Musée du Prado, Madrid.

 

03 mai 2020
Pas de vocations, à qui la faute ?
Journée mondiale de prière pour les vocations
Fr. Manuel Rivero O.P.
Monastère des moniales dominicaines. Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 3 mai 2020.

Les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse se raréfient. C’est avec tristesse que nous apprenons la fermeture de certains séminaires et de quelques couvents de religieuses qui ont marqué des générations de chrétiens.
À qui la faute ?
Nous pouvons nous demander : Dieu n’appelle-t-il pas aujourd’hui ?
Serait-ce que les hommes et les femmes sont trop pécheurs pour être appelés ?
Mais Dieu a appelé Moïse qui avait tué un Egyptien qui frappait l’un de ses frères juifs. Jésus a appelé Judas qui l’a vendu et Pierre qui l’a renié. Il a appelé Matthieu, voleur public, et Marie Madeleine, la femme habitée par sept démons.
Visiblement, ce ne sont pas les fautes des hommes qui arrêtent l’appel de Dieu.
Serait-ce que les hommes appelés étouffent leur vocation parce qu’ils préfèrent les ténèbres à la lumière à cause de leurs œuvres mauvaises ? C’est possible. Cela relève du mystère des consciences humaines que seul Dieu connaît.
Serait-ce que les mauvais exemples dans l’Église démotivent de manière viscérale ceux qui sont appelés à aimer Jésus, son Église et l’humanité ? Peut-être. Les scandales peuvent refroidir les cœurs mais parfois ils deviennent des défis à relever.
Nous voyons tous les jours de mauvais exemples et des scandales dans les familles et dans la vie des couples : mensonges, infidélités, manipulations, humiliations, violences physiques et psychologiques … Pourtant ni les hommes ni les femmes ne renoncent à aimer ni à croire que l’amour est possible et passionnant.
Où est alors le problème ?
Il me semble que la lumière à cette réponse se trouve dans les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité.
Il nous manque la foi. Ah, si nous avions la foi comme une graine de moutarde ! Nous ferions des merveilles.
Le nombre de pratiquants diminue parce que la foi s’éteint comme la flamme d’une bougie sans cire, faute de nourriture : la connaissance de la Parole de Dieu et la prière. La foi vient de la prédication, nous dit saint Paul. Pour renouveler l’Église, Dieu a appelé saint François et saint Dominique, prêcheurs de l’Évangile du Crucifié. Le peintre Giotto a représenté le rêve du pape Innocent III : l’Église s’écroulait et un petit frère, humble et pauvre, la soutenait. C’était François d’Assise. Innocent III devint alors le protecteur des Franciscains et des Dominicains.
Il nous manque l’amour. Le sage chinois Confucius au Vème siècle avant Jésus-Christ avait déjà remarqué que les hommes bons ne se retrouvent pas seuls. Leur bonté attire.
Ce sont les communautés chrétiennes, ferventes et fraternelles, qui attirent les vocations à la prêtrise et la vie religieuse.
Demandons au Seigneur d’augmenter notre foi et notre charité.
Ceux qui chérissent les chiffres et les statistiques découvrent que les vocations naissent souvent dans les familles chrétiennes qui prient et qui témoignent de la solidarité envers les pauvres.
Un grand nombre de séminaristes ont été servants de messe. Le service de l’autel et l’adoration du Saint-Sacrement rapprochent de Dieu.
Par ailleurs, le nombre de vocations à la prêtrise et à la vie religieuse a légèrement augmenté par rapport au nombre de pratiquants. Hier, il y avait plus de vocations parce que beaucoup plus de pratiquants. Aujourd’hui, les enfants et les jeunes sont rares dans nos églises le dimanche et par conséquent ils sont moins nombreux à devenir prêtres ou religieux.
Que faire concrètement ?
Le Seigneur Jésus nous a demandé de prier : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Mt 9,38) . Alors, prions !
Si nous voulons que les enfants et les jeunes vivent la foi et la louange, nous devons aller les chercher là où ils sont ; ils ne viendront pas d’eux-mêmes, sauf exception dans nos églises. D’où l’importance d’accompagner les enfants et les jeunes dans nos paroisses, dans l’Enseignement catholique et public et dans les universités.
Si nous voulons que les familles soient des matrices aussi pour les vocations. Nous avons à soutenir le mariage et l’éducation des enfants alors que le concubinage devient la norme, le mariage rare, et que les enfants subissent trop souvent le traumatisme des conflits parentaux.
Si nous voulons des vocations, n’hésitons pas à appeler les jeunes et à leur proposer la voie de la sainteté.
L’Église est là pour aider chacun dans l’aventure la plus passionnante qui existe sur la terre : chercher Dieu, le trouver, le prier et le servir, pour partager son amour dans l’éternité, comme le dit le catéchisme.
Antoine de Saint-Exupéry (+1944) disait déjà en son temps que les églises se vidaient parce que les chrétiens ne savaient pas exalter le mystère chrétien. Mettons en valeur la foi en Jésus par nos pensées, nos sentiments, nos paroles et nos actes.
Que celui qui sent l’appel de Dieu dans son cœur ne l’étouffe pas. S’il pense qu’il en est indigne, il a bien raison, mais Jésus est digne de l’appeler. Qu’il se laisser guider par Jésus le Bon Berger ! Qu’il n’hésite pas à passer Jésus, la Porte qui conduit à l’amour du Père.
Que celui qui estime honorer et rendre un grand service à l’Eglise en entrant au séminaire ou dans une congrégation, reste chez lui. L’Église n’a pas besoin d’hypocrites mais des pécheurs pardonnés, témoins de la miséricorde de Dieu et au service du Christ Jésus.
Le père Pedro Arrupe S.J. (+1991), ancien général de la Compagnie de Jésus, donnait déjà ce discernement dans une interview du journal L’Avvenire sur les conseils à donner à un jeune qui voudrait devenir jésuite : « Ne viens pas si tu penses aider la Compagnie » .
Chez saint François d’Assise, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
Vivons maintenant, grâce à la vocation des prêtres, ce grand mystère de l’eucharistie : Dieu en nous, nous en Dieu, pour ne que faire qu’un en Jésus ressuscité !

Sainte Catherine de Sienne avec Jésus. Rome.

 

03 mai 2020

Que celui qui sent l’appel de Dieu dans son cœur ne l’étouffe pas. S’il pense qu’il en est indigne, il a bien raison, mais Jésus est digne de l’appeler. Qu’il se laisser guider par Jésus le Bon Berger ! Qu’il n’hésite pas à passer Jésus, la Porte qui conduit à l’amour du Père.
Que celui qui estime honorer et rendre un grand service à l’Eglise en entrant au séminaire ou dans une congrégation, reste chez lui. L’Église n’a pas besoin d’hypocrites mais des pécheurs pardonnés, témoins de la miséricorde de Dieu et au service du Christ Jésus.

Le père Pedro Arrupe S.J. (+1991), ancien général de la Compagnie de Jésus, donnait déjà ce discernement dans une interview du journal L’Avvenire sur les conseils à donner à un jeune qui voudrait devenir jésuite : « Ne viens pas si tu penses aider la Compagnie » .

Chez saint François d’Assise, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).

Vivons maintenant, grâce à la vocation des prêtres, ce grand mystère de l’eucharistie : Dieu en nous, nous en Dieu, pour ne que faire qu’un en Jésus ressuscité !

Photos : Fra Angelico. Florence (Italie).

 

3 mai 2020
Jésus, porte du bercail et bon pasteur (Jean 10, 1-10)

 

Les vrais pasteurs entrent par la porte, les voleurs escaladent le mur, et ainsi la porte du bercail devient l’indice des bons pasteurs.

Jésus dit donc : « C’est moi qui suis la porte des brebis. » Avant lui, personne n’avait passé par cette porte ; ceux qui sont venus étaient des larrons, aussi les brebis ne les avaient pas écoutés. D’autres viendront en passant par lui, la vraie porte, qui conduiront les brebis aux pâturages. On ne pouvait méconnaître dans ces derniers les disciples de Jésus, qui croiraient en lui et enseigneraient sa doctrine.

(extraits de L’Évangile de Jésus Christ par le père Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, 2017.)