Écho de notre page Facebook : juillet 2020

31 juillet 2020
Saint Ignace de Loyola, priez pour nous !

Aujourd’hui, Belle fête de saint Ignace de Loyola, s.j., « chevalier de la Vierge Marie ». Saint Ignace, en son temps, n’a pas été à l’abri de préjugés absurdes et de calomnies.

Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Matthieu 13,57.

Une des gloires du P. Marie-Joseph Lagrange est d’avoir dissipé les ténèbres de ces préjugés qui, d’une part, refusaient à notre culture la réflexion sur l’une de ses bases et, d’autre part, infantilisaient la foi religieuse sous couleur de la protéger. Il a attiré vers l’étude de la Bible d’excellents esprits et les a formés par la meilleure des pédagogies, celle de l′ « école pratique » qu’il ouvrit à Jérusalem il y a cent ans. « École pratique », ce titre, en lui-même hommage discret à l’institution de Victor Duruy, implique tout un programme dans lequel la connaissance des textes s’enrichit de celle des langues et du milieu d’origine. Avant d’aborder l’exégèse, il fallait savoir assez de grec et d’hébreu et ne pas se contenter du latin. Bien plus, l’École proposait d’entrée à ses élèves une connaissance directe et concrète de la Terre sainte, le P. Lagrange étant persuadé comme saint Jérôme que bien des pages de l’Écriture sainte s’éclairent lorsqu’on a parcouru Jérusalem, la Judée et les terres adjacentes. Les hommes ne sont pas séparables des paysages qu’ils peuplent : leurs mœurs, leurs institutions, leurs parlers contiennent bien des vestiges des temps bibliques, car la Palestine de 1890 avait sans doute moins changé depuis eux qu’elle ne l’a fait en notre siècle.

(André Caquot aux membres de l’Académie des sciences et des belles lettres, 1990.)

 

30 juillet 2020
Le zèle conquérant du P. Lagrange

Durant les prodromes de la crise de 1898 à 1904, le P. Louis-Hugues Vincent écrit dans son livre ci-dessous mentionné : « Loin de décourager son zèle conquérant les résistances variées, qui s’opposaient à sa méthode exégétique, stimulaient plus que jamais, chez le P. Lagrange, le désir de faire apprécier la Parole de Dieu, source de toute vérité surnaturelle, en la faisant mieux comprendre et en la défendant plus efficacement contre des attaques prétendant résulter de la teneur même des Livres sacrés, au nom d’une interprétation soi-disant scientifique. Dans ses méditations assidues fécondées par la prière, il s’était, depuis les premières années de sa vie dominicaine intimement persuadé que le but suprême de l’Écriture sainte est de rendre témoignage au Christ et à son Père, et que par conséquent l’objet essentiel de son étude était d’apprendre « à aimer Dieu pour lui-même et le prochain par amour pour Dieu », suivant l’admirable observation de saint Augustin. Les âmes contemplatives, dont la vie s’alimente aux sources de la Révélation dans la Bible, n’ont que faire des investigations de la critique et des connaissances accessoires exigées par l’herméneutique, pourvu qu’elles ne s’écartent jamais des principes d’une saine théologie, ni de l’enseignement de l’Église. Ces recherches techniques ne sembleraient, à première vue, pas moins inutiles pour le peuple chrétien en général, dont la foi s’éclaire sur la foi confiante des simples fidèles, même les plus cultivés, est souvent ébranlée par les assertions audacieuses de savants qui se targuent d’avoir méthodiquement éliminé de la Bible toute trace et jusqu’à la possibilité d’intervention surnaturelle et ramené l’Évangile lui-même sur un plan purement humain. N’est-il pas, dès lors, indispensable que les pasteurs, auxquels incombe la charge des âmes, soient le mieux possible en mesure de leur rendre la paix et la sécurité par la solution rationnelle et bien motivée de leurs doutes provoqués par le rationalisme envahissant ?

VINCENT Louis-Hugues : Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre. Parole et Silence. 2013, p. 171-172.

Illustration : PP. Vincent et Lagrange (détail). Photothèque de l’École biblique de Jérusalem.

 

 

30 juillet 2020

Le Royaume des Cieux comparable à un filet que l’on jeté à la mer (Matthieu 13, 47)

Un commentaire du père Lagrange sur cette page de saint Matthieu : « Et comme on était au bord du lac, qu’il n’avait guère parlé que de l’agriculture ou du ménage, Jésus termine par une comparaison qui met en scène les pécheurs. Déjà, il avait promis à Pierre de le faire pêcheur d’hommes. C’est encore cela, le règne de Dieu. Le grand filet ramène les poissons, bons et mauvais. Tant que la pêche n’est pas terminée, on les laisse grouiller ensemble ? À la fin du temps se fera le discernement des bons et des mauvais, et, ce sera pour toujours. » (LAGRANGE Marie-Joseph. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège-Lethielleux, 2017.)

 

 

28 juillet 2020
Une opulente moisson, et non la moindre, dilatée sur une quinzaine d’années. À peu près exactement à l’heure où le père Lagrange venait de s’installer à Saint-Maximin

Huit grands ouvrages publiés en seize ans dans la collection des Études bibliques (*), sans parler de trois ou quatre livres d’actualités de plus modique envergure quoique de non moindre importance (**), ni des centaines d’articles, notices et comptes rendus critiques ayant parfois autant de portée qu’un gros volume : tel était le bilan de la moisson prodigieuse du P. Lagrange, dont j’avais à présenter l’unité, le rythme et l’esprit, mais en m’interdisant d’en souligner la qualité.

N’allait-elle pas être définitivement close à cette date du 6 octobre 1935 ?

(VINCENT Louis-Hugues. Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre aux éditions Parole et Silence, 2013.)

(*) Rappelons-en l’évolution chronologique : 1921, Commentaire de saint Luc ; 1923, Commentaire de saint Matthieu ; 1925, Commentaire de saint Jean ; 1926, Synopse évangélique grecque ; 1928, L’Évangile de Jésus Christ ; 1931, Le Judaïsme avant Jésus Christ ; 1933, Histoire ancienne du canon du Nouveau Testament ; 1935, Critique textuelle. La critique rationnelle.

(**) Citons seulement : 1922, Édition abrégée du commentaire de saint Marc ; 1931, La morale de l’Évangile ; 1932, Monsieur Loisy et le Modernisme, pour ne rien dire de maintes notices familiales sans relation avec son œuvre scripturaire et non mises dans le commerce.

Illustration : P. Lagrange à sa table de travail. Photothèque de l’École biblique et archéologique de Jérusalem

27 juillet 2020
Le P. Lagrange, directeur spirituel du P.Vincent.
Convictions et sentiments nécessaires pour animer une vie religieuse.

Une longue lettre de mon cher maître, écrite au terme de la retraite, fut pour moi comme l’émouvante synthèse de la direction spirituelle et intellectuelle qu’il n’avait cessé de m’inculquer depuis tantôt quarante-cinq ans. Une brève allusion me laissait entrevoir l’angoisse qu’il avait éprouvée, comme à l’habitude, au début des exercices en comparant ce qu’il appelait « l’affadissement lamentable » de sa vie intérieure à l’idéal généreux poursuivi durant son lointain noviciat dans ce même couvent [St-Maximin]. Un recours plus filial que jamais à la protection de la Très Sainte Vierge avait cependant rétabli la paix dans son âme et dans son cœur en y ravivant la plus humble confiance dans la miséricorde divine et l’amour de Notre Seigneur. En termes paternels, mais persuasifs, il me rappelait quelles convictions et quels sentiments devaient animer ma vie religieuse et mon labeur : foi intense, humilité sincère, ardent amour de Jésus, désir agissant d’être utile aux âmes suivant les directives de son Église, énergie résolue devant les épreuves, abandon aux desseins mystérieux de Notre Père qui est au ciel.

(VINCENT L.-H. Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre aux éditions Parole et Silence, 2013.)

 

26 juillet 2020
L’antique loi morale et l’esprit de l’Évangile

[…] Les choses anciennes sont les vieilles leçons de l’expérience humaine, qui servent de véhicule à la parole nouvelle de l’Évangile. Ce serait une réponse de plus à la question : pourquoi les paraboles ? Elles ont l’avantage de tabler sur une sagesse antique pour initier à la révélation. Mais la comparaison du trésor suggère plutôt qu’il s’agit du contenu de la parole. D’une certaine façon le neuf ne pouvait s’allier au vieux (Mt 9, 16 ss), mais d’autre part Jésus était venu non détruire, mais perfectionner (v. 17). Le docteur du règne de Dieu devra dans son enseignement concilier le respect dû à l’antique loi morale et l’esprit de l’évangile ? Les scribes des pharisiens n’admettaient que la tradition des anciens, et réglaient tout par leur autorité. Le scribe du règne de Dieu mettra en avant la révélation nouvelle. On peut même lire sans subtilité dans cette parole que le prédicateur devra adapter la prédication des dogmes anciens aux besoins des âmes, mais sans les changer (cf. 1 Jn 2, 7 s.).

(LAGRANGE Marie-Joseph o.p. L’Évangile selon saint Matthieu, 1941)

 

 

26 juillet 2020
Tirer de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes (Mt 13, 52)

 

Dans son encyclique « La joie de l’Évangile », le pape François exhorte l’Église à vivre « en sortie, en partance » et à « primerear » (1) c’est-à-dire à prendre des initiatives missionnaires. Dans son souci permanent du salut des âmes, le père Lagrange a enseigné en tirant du trésor de la Parole de Dieu du neuf et de l’ancien (2)

(Manuel Rivero o.p. Le frère Marie-Joseph Lagrange, la sainteté de l’intelligence de la foi.)

(1) Pape François, Exhortation apostolique « La joie de l’Évangile », Paris, Téqui, 2013, n°24.

(2) Mt 13, 52 : « Tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ».

Illustration : Dessin de Jean-François Kieffer

25 juillet 2020
La clef de la Sainte Écriture est l’amour de Dieu pour nous

À l’heure où le frère Marie-Joseph Lagrange inaugurait son noviciat, il avançait dans sa vingt-cinquième année, savait l’exacte portée de sa détermination longuement mûrie sous les influences de la grâce et il s’enrôlait au service exclusif de Dieu, joyeusement et de plein cœur. La perspective d’une vie studieuse vouée spécialement aux Divines Écritures avait eu, sans doute, un rôle assez décisif dans le choix qui l’avait acheminé vers la religion dominicaine. […] Les lois canoniques du noviciat initial n’admettaient la possibilité d’aucune spécialisation scientifique ; mais comme elles favorisaient excellemment l’étude spirituelle de la Parole de Dieu dans la Bible, pleine autorisation fut donnée au frère Marie-Joseph de faire des Livres saints sa lecture principale et le thème à peu près constant de ses méditations. De ce contact assidu, prolongé toute une année, résultèrent chez lui cette connaissance précise de la Révélation divine et cette familiarité rare avec toutes les données de l’Ancien et du Nouveau Testament qui seront plus tard si caractéristiques de son enseignement et de son apostolat. Dès ce moment, le généreux novice, qui concentrait toutes ses énergies sur la transformation intérieure impliquée par sa vocation, découvrait que « la clef de la Sainte Écriture est l’amour de Dieu pour nous » et qu’il y faut, avant tout, « chercher les caractères de Jésus, puisqu’il a daigné, pour nous, revêtir des caractères ». Il entendait, par conséquent surtout « la lire en adorant et en demander l’intelligence à la Très Sainte Vierge en même temps que la grâce de la pratiquer ».

(VINCENT Louis-Hugues, Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre. « Origines et premières activités 1855-1890 » Éd. Parole et Silence, 2013).

Illustration : 1880. Fr. Marie-Joseph Lagrange. Fonds photographique de l’École biblique de Jérusalem.

 

 

22 juillet 2020
Sainte Marie-Madeleine
La dévotion du père Marie-Joseph Lagrange O.P. à sainte Marie-Madeleine
Fr. Manuel Rivero O.P.

Tout au long de sa vie dominicaine, le père Marie-Joseph Lagrange a été attiré par la figure de sainte Marie-Madeleine. Le couvent royal de Saint-Maximin où il a reçu l’habit le 6 octobre 1879 avait été bâti pour honorer les reliques de l’amie fidèle de Jésus, présente sur le Calvaire et dans le jardin de Jérusalem au matin de Pâques. Les Frères prêcheurs de Saint-Maximin l’invoquaient souvent. Ils avaient la coutume de prier l’office quotidien de Marie-Madeleine calqué sur le petit office de la Vierge Marie.
Sainte Marie-Madeleine veille aussi comme patronne sur la Province dominicaine de Toulouse. La tradition provençale adhère à sa présence à la grotte de la Sainte-Baume (Var) et ses reliques seraient conservées en la basilique de Saint-Maximin, objet de la dévotion populaire depuis des siècles.
En contemplant la conversion de l’ « apôtre des apôtres » comme l’appelle la liturgie byzantine, le père Lagrange a senti au plus profond de lui-même « un doux encouragement » venant de la sainte à entrer dans la vie religieuse alors qu’il s’inquiétait des exigences de l’idéal de saint Dominique : « Entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs m’effrayait ; Ste Marie-Madeleine m’encourageait doucement. »
Pendant son noviciat, il note dans son « Journal spirituel » ses prières à sainte Marie-Madeleine : « Ste Marie-Madeleine, priez pour nous. »
Novice, il admirait l’amour de sainte Marie-Madeleine envers le Seigneur et il aspire à vivre la charité envers ses frères dominicains en imitant l’humilité de Marie-Madeleine agenouillée devant Marie comme fra Angelico aimait à le représenter reliant la toute-pécheresse jadis habitée par sept démons et la toute-pure Marie. Dans la vision théologique du patron des artistes, Fra Angelico montre Marie-Madeleine qui soutient Marie, debout sur le Calvaire, au plus haut de sa douleur. Marie-Madeleine manifeste l’œuvre de la grâce divine qui relève les pécheurs les remettant à la première place : « Ô Jésus, je n’ai rien à moi, vous avez pris mon âme comme une fille sans dot : mais cela même rend votre amour persévérant, généreux, libéral ; vous connaissez mes besoins, vous savez que je ne puis les satisfaire, vous êtes tout-puissant et vous m‘aimez. Si j’avais quelque chose de bon de mon fond, je me hâterais de le jeter loin de moi pour m’abandonner à votre amour ; je n’ai rien et je m’en glorifie : c’est un titre à votre amour.
Nos faiblesses sont la raison de nos privilèges. Le Fils de Dieu a exposé son honneur aux yeux des anges pour épouser la pauvre humanité tombée ; il a voulu une Mère Immaculée ; mais au-dessous, dans la région des saints, celle dont il est dit qu’elle a beaucoup aimé est Marie-Madeleine. (On dit qu’au ciel elle occupe la place de Lucifer). Me considérer auprès de mes frères comme Ste Marie-Madeleine aux pieds de Marie Immaculée. »
Dans sa prière de feu, le père Lagrange prie au pied de la Croix de Jésus à la suite de saint Dominique tel que Fra Angelico le représente dans le cloître du couvent saint Marc de Florence (Italie). Il désire partager la foi douloureuse de la Vierge Marie, de sainte Marie-Madeleine et de saint Jean : « Permettez-moi, ô Jésus, de me tenir constamment au pied de la Croix avec votre Mère Immaculée, Ste Marie-Madeleine et St Jean. »
Bénéficiaire des grâces reçues par la prière de sainte Marie-Madeleine, le père Lagrange n’hésite pas à exprimer sa reconnaissance : « Je remercie tous les saints et singulièrement St Dominique, St Joseph, St Paul, le vénérable curé d’Ars, St Thomas d’Aquin, Ste Marie Madeleine, Ste Philomène et tous ceux qui ont intercédé particulièrement pour moi sans que je le sache. »
Plus tard, dans ses épreuves spirituelles, le père Lagrange se tournera aussi vers sainte Marie-Madeleine : « J’entre en retraite comme un malade à l’hôpital : vos plaies, ô Jésus, et mes plaies …
Ste Marie, je m’abandonne à votre conduite. Refugium peccatorum, ne me rejetez pas. Ste Marie-Madeleine, St Joseph, St Dominique, mon St ange gardien, aidez-moi, priez pour moi. »
Le 3 septembre 1889, le père Lagrange se fit inscrire à la confrérie de sainte Marie-Madeleine à la grotte de la Sainte-Baume , signe manifeste de sa dévotion à la sainte.
Lors de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le 5 juin 1891, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, le père Lagrange, vicaire de la maison, place une médaille de sainte Marie-Madeleine dans les fondements de la nouvelle institution : « Des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du rosaire, de Saint Benoît, de Sainte Madeleine et du pape Léon XIII étaient jointes au parchemin. »
Le père dominicain, archéologue de l’École biblique, Louis-Hugues Vincent, ami et disciple fidèle du père Lagrange, signale que son maître appelait la sainte « Marie-Magdeleine » plutôt que Marie-Madeleine.
Lors de son année terrible en 1912, quand il doit quitter Jérusalem, victime des dénonciations sans fondement objectif, le père Lagrange choisit le jour du sermon sur sainte Marie-Madeleine , le 7 juillet, pour présenter sa démission.
À l’occasion de la rédaction du commentaire de la Synopse en 1927, après son opération à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille, le père Lagrange choisit la vulgarisation de ses travaux exégétiques, au service de la foi des prêtres et des laïcs, pour le salut des âmes, « L’Évangile de Jésus-Christ » : « À ma joyeuse surprise, dans la soirée du 22 juillet, fête de sainte Marie-Magdeleine – comme le P. Lagrange disait le plus volontiers -, mon maître m’annonça très incidemment qu’il avait commencé le matin même d’écrire « sur l’Évangile » ; et comme je demandais naïvement quel nouveau commentaire il se proposait d’entreprendre, il répondit : « celui de la Synopse » : par quoi il m’était facile de saisir qu’il abordait enfin une Vie de Notre-Seigneur. »
Après la Vierge Immaculée, le père Lagrange ne cachait pas sa prédilection pour sainte Marie-Madeleine, « à cause de son héroïque esprit de pénitence et de son ardent amour pour Notre-Seigneur. »
De retour à Saint-Maximin en 1935, au sommet de sa vie, le père Lagrange aimait célébrer la messe en la crypte de la basilique. Mystique de la Bible, homme complet, le père Lagrange rayonnait spirituellement et intellectuellement unissant la foi et la science, la prière et l’enseignement.

 

21 juillet 2020
Une Vie du père Lagrange

 

 

 

 

 

 

Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre par le père Louis-Hugues Vincent aux éditions Parole et Silence, 2013.

Nul n’était mieux qualifié pour rendre hommage au P. Lagrange, ainsi que le P. Vincent l’a fait après la mort de son maître, décédé au couvent de Saint-Maximin le 10 mars 1938. Son premier hommage, publié dans la Revue biblique de juillet 1938, RB 47 (1938) 321-354, porte la date du 26 avril, soit environ six semaines après la mort du maître. […] Enfin, en 1951, le 15 novembre, le P. Vincent mettait le point final aux 423 pages du manuscrit de son œuvre majeure, le Père Lagrange, sa vie et son œuvre, prêt pour l’impression. […]

L’intérêt du document tient au fait qu’il est la parole d’un témoin, d’un familier, mieux : d’un intime, privilège dont aucun historien ne peut se flatter (Introduction de Montagnes Bernard, dominicain, Président de la Commission historique diocésaine pour la Cause du P. Lagrange. 1er octobre 2012).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

20 juillet 2020
L’esprit de pauvreté et de patience du père Lagrange

Après son retour autorisé à Jérusalem, en 1913, le père Lagrange demeure anxieux car la légitimité de l’exégèse n’est toujours pas reconnue : « Après tout j’ai le bénéfice de l’obéissance ; je suis où Dieu me veut, dans la pauvreté, l’obéissance, loin du monde et de la séduction des arts, ce vieil enchantement. Je ferai ce qu’a assigné l’obéissance ; je suis prêt à faire ce qu’on me demandera. Donner des approbations bruyantes, chercher à plaire n’est pas exigé. – Silence (3.10.13) » ; (MONTAGNES Bernard, Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 200

Illustration : Le P. Lagrange dans le jardin de Jérusalem vers 1914. Collection photothèque de l’École biblique de Jérusalem.

 

16 juillet 2020 (site B)
La vocation du père Lagrange

Sainte Marie-Madeleine
(détail) Giotto di Bondone (13e)

Invité par le T.R.P. Cormier, qui l’avait accueilli avec la plus délicate bonté à son passage à Marseille, l’ayant autorisé à participer aux exercices de la retraite conventuelle qui suivrait immédiatement la fête de sainte Marie-Madeleine, l’abbé Lagrange s’y plongea tout entier avec la plus ardente ferveur. Ravi d’entrer dans un Ordre où le service divin et le culte de Marie tenaient une si grande place, il s’alarmait un peu de l‘éminente pureté et de l’austérité persévérante qui avaient caractérisé tous ses saints au cours des siècles, mais se sentait « doucement encouragé par sainte Marie-Madeleine et par la vigilance toute maternelle de la Sainte Vierge », qui l’avait si manifestement protégé depuis son enfance. Dès la fin de la retraite, il vint à Bourg dire adieu à ses parents, dont il sentit mieux encore alors le douloureux mais toujours silencieux sacrifice. En une visite furtive à l’église de son baptême et à la « Vierge Noire », il les confia au « Cœur Immaculé de Marie » en retour de son propre sacrifice, et il partit, au soir du 4 octobre. À l’aube du jour suivant, il était de nouveau dans cette église du couvent de Marseille où il avait reçu, l’année précédente, un signe si décisif, pour lui, de l’appel de Dieu. On y célébrait la fête du Rosaire et à l’issue de la solennité, il s’empressa de revenir, le soir même, au couvent de Saint-Maximin. Dès le lendemain, il prenait l’habit dominicain, recevait dans l’Ordre le nom de « frère Marie-Joseph » et commençait aussitôt son noviciat. C’était le 6 octobre 1879.
(VINCENT Louis-Hugues, Le père Marie-Joseph Lagrange. Sa vie et son œuvre.)

 

 

16 juillet 2020
Le père Lagrange vénérait Notre-Dame du Mont-Carmel.

Fête de Notre-Dame du Mont-Carmel

Beauté, silence habité et action

Beauté de la Vierge Marie
À la grotte de Lourdes, le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, la Vierge Marie était apparue pour la dernière fois à Bernadette Soubirous. Apparition silencieuse, où « la Dame de la grotte était plus belle que jamais », selon le témoignage de la sainte voyante. Par ailleurs, sainte Bernadette de Lourdes déclarait que la Vierge Marie était tellement belle que l’on voudrait mourir pour la revoir.
La mère de Jésus resplendit de la lumière de son Fils ressuscité. Celle qui a participé aux souffrances du Calvaire où « une épée a transpercé son âme » ( Évangile selon saint Luc 2,35), rayonne maintenant du bonheur de Dieu lui-même.
Silence habité de la Vierge Marie
La Vierge Marie n’est pas bavarde ; elle n’est pas muette ni inhibée non plus. Femme de silence, Marie garde les paroles et les événements de la vie de son fils Jésus dans son cœur. Ce silence manifeste son dialogue intérieur avec le Père de Jésus.
Silence d’amour, silence de mère attentive aux difficultés qui oppriment le cœur de chacun.
Il y a des silences vides. Il est des silences de plénitude. Dieu est silence. Saint Jean de la Croix (+1591), le grand mystique espagnol, carme, enseigne que « le Père n’a dit qu’une parole : son Fils. Il la dit toujours dans le silence, un silence sans fin. C’est dans le silence qu’elle peut être entendue. » (Maximes. 147).
La liturgie parle des « silences sacrés » qui ne sont pas des pauses ni des parenthèses, mais de grands moments de communion avec Dieu.
Les amis et les artistes témoignent à leur tour de la richesse du silence : « Heureux les amis qui s’aiment assez pour se taire ensemble ! » (+ 1914 Charles Péguy). Les musiciens ont perçu dans le silence l’expression la plus haute de la musique et comme son point d’orgue. L’écrivain Sacha Guitry (+1957) s’exclamait à son tour : « Ô privilège du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui » (Cf. Toutes réflexions faites).
Dans le mystère de la divine Trinité, la Parole jaillit du silence du Père dans l’Esprit Amour, Amour qui unit le Père et le Fils.
Les paroles de la Vierge Marie naissent du silence du Père qui a engendré Jésus en elle dans l’amour de l’Esprit Saint.
Le silence qui suit la prière mariale est encore un silence de Marie. D’ailleurs, le but du chapelet ou rosaire, si paradoxal que cela puisse paraître, n’est rien d’autre que le silence qui remplace dans le cœur le tumulte intérieur des idées par l’union transformante avec Dieu.

Maternité spirituelle de la Vierge Marie
À la différence de l’apôtre saint Pierre qui a reçu la grâce et la mission du gouvernement et de la prédication, la Vierge Marie a été investie d’une mission de maternité physique mais surtout spirituelle. Vocation autre et très haute, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place dans le Peuple de Dieu. À chaque messe, l’Église la cite en premier lieu dans toutes les prières eucharistiques, avant les apôtres.
Avant tout, la Vierge Marie brille comme un modèle de foi et d’intercession auprès de l’humanité. Sa prière, confiante, respectueuse et attentive aux besoins des hommes, attire l’intervention salvifique de Jésus le Christ. À Cana, Jésus avait changé l’eau en vin en réponse aux paroles compatissantes de sa mère : « Ils n’ont pas de vin » (Évangile selon saint Jean 2,3).
Donnée comme mère spirituelle au disciple Jean, qui représentait la communauté chrétienne sur le Calvaire, la mère de Jésus devient la Mère spirituelle des disciples de Jésus. Tout au long de l’histoire de l’Église, sur les différents continents, les chrétiens ont témoigné de cette présence spirituelle et bienfaisante de la Vierge Marie.
Les sociologues ne cachent pas leur étonnement devant la force et le courage de tant de millions d’hommes, de femmes et des enfants, qui ont fait face à la persécution, à la maladie et à la pauvreté, grâce à leur attachement à la dévotion mariale notamment par la prière du chapelet.
La maternité spirituelle de la Vierge Marie se déploie dans sa prière. En la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, les catholiques se tournent vers leur « Mère spirituelle » pour lui confier leurs projets, leurs joies et leurs peines. D’innombrables ex-voto nous rappellent les merveilles accomplies par Dieu envers l’humanité en détresse à la prière de Marie. Patronne des marins souvent exposés aux tempêtes, invoquée sous le vocable « Stella maris », « Étoile de la mer », Marie veille sur ses enfants. « Souvenons-nous que l’on n’a jamais entendu dire que ceux qui ont imploré son aide aient été laissés sans consolation. »
Fr. Manuel Rivero O.P.
Saint-Denis/La Réunion, le 8 juillet 2020.

 

13 juillet 2020

 

 

Nous souhaitons une bonne fête à tous les amis de l’association portant le beau prénom d’ « Henri ».

Le troisième prénom du père Lagrange était :  « Henri ».

Saint Henri (1024). Empereur germanique qui renforça l’influence de l’Église sur la société et qui soutint la réforme entreprise, à l’époque, par les moines de Cluny.

 

 

 

 

13 juillet 2020
Bienheureux Jacques de Voragine o.p. (1228-1298)
Auteur de la Légende dorée, voici une traduction en français à partir de celle en italien par Valerio Ferrua o.p. d’un texte du Mariale Aureo (1) par Jacopo da Varagine. Le père Lagrange l’a peut-être lu ? Le voici :

L’amour de Marie
L’amour de Marie s’adressait à son propre Fils, à Dieu et aux créatures.

L’amour de Marie pour le Fils
La bienheureuse Vierge Marie aimait sans aucun doute son Fils d’un amour profond ; elle aimait Dieu d’un amour séraphique ; elle aimait les autres créatures d’un amour ordonné.
Elle aimait son propre Fils profondément et cela peut se prouver. Dans le Christ se trouvait une triple réalité, c’est-à-dire la chair, l’âme et la divinité. Analogiquement, existaient dans la mère trois réalités : chair, cœur et esprit. Il s’établit donc entre la mère et le Fils un triple lien : de chair à chair, selon la nature ; de cœur à cœur, selon l’amitié ; d’esprit à divinité, selon la grâce.
Marie aimait donc le Christ d’un amour naturel comme chaque mère son propre fils ; d’un amour de grâce, comme une créature son créateur, d’un amour d’amitié, comme une amante son amoureux. Et l’amour de la Mère pour son Fils était tel que toute sa personne s’était, d’une certaine manière, transformée en amour. Comme le fer plongé dans le feu devient lui-même feu, ainsi Marie, ardente de charité, devint elle-même charité parce que tout entière elle se transforma et fondit en amour : Mon âme s’est fondue… (Cantiques des Cantiques 5, 6). Marie, en fait, était tout atteinte d’amour, comme dit l’épouse : Je suis totalement imprégnée par la charité (ibid. 4, 9).

L’amour de Marie pour Dieu
Marie aimait Dieu d’un amour séraphique, comme dit Denis l’Aéropagite(2) dans la Hiérarchie céleste : « L’amour des séraphins est mobile, subtil, chaud et aussi ardent que possible ».
L’amour de Dieu rendit Marie mobile, c’est-à-dire prompte à croire en Dieu et la rendit subtile, c’est-à-dire humble pour se soumettre à Lui. Comme l’orgueil rend l’homme rustre, ainsi l’humilité l’affine et le rend subtil. Marie met ces deux aspects en évidence quand elle dit : Je suis la servante du Seigneur (Luc 1, 38) – c’est l’humilité dans sa soumission à Dieu ; et : Qu’il m’advienne selon ta parole (Luc 1, 39) – c’est la magnanimité à croire. À ce propos, Bernard de Clairvaux(3) dit : « Tant d’humilité ne diminua pas sa magnanimité, de même que la grande magnanimité ne l’empêcha pas de se sentir humble, et par conséquent, en croyant à la promesse elle resta magnanime. » Le privilège de la grâce divine vis-à-vis des serviteurs de Dieu est que l’humilité ne les rend pas pusillanimes et la magnanimité ne les rend pas arrogants.
L’amour rendit Marie chaleureuse, c’est-à-dire très fervente. Immédiatement elle atteignit les sommets de la perfection comme l’atteste le fait que dès le Sauveur conçu, elle « se rendit en hâte vers le haut pays […] elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth » (Luc 1, 39-40). Saint Ambroise(4) écrit : « Elle se rendit vers le haut pays non parce qu’elle fut incrédule quant au signe, non parce qu’elle fut incertaine quant au message, non parce qu’elle douta de la contre-épreuve, mais parce qu’elle était contente de son vœu, désireuse de se consacrer à un service, en proie à la joie la plus intense. » Où aurait-elle bien pu aller, désormais comblée par Dieu, si ce n’est monter vers le haut ? Et cela, « en hâte » parce que la grâce de l’Esprit Saint ne tolère pas les retards. Et Bède(5) dans une homélie dit : « Elle se rendit vers le haut pays, elle qui avait goûté la douceur des citadins du ciel ; humblement, elle se rendit aux sommets de la vertu. » Ambroise énumère quelques raisons pour expliquer cette « hâte ». Avant tout, parce que la bienheureuse Vierge Marie ne voulait pas rester longtemps en public. Elle était poussée par une joie irrésistible. Elle nous enseigne que ceux qui sont remplis de l’Esprit Saint doivent être pleins de ferveur. La grâce l’avait rendue si fervente que seul l’amour de Dieu aurait pu l’apaiser. Elle avait peine à supporter n’importe quel amour terrestre et elle aspirait ardemment et exclusivement à l’amour de Dieu : « Dites à mon aimé que je me languis d’amour » (Cantique des Cantiques 5, 8).

L’amour de Marie pour les créatures
En troisième lieu, Marie aimait toutes les créatures d’un amour ordonné. Selon Augustin(6) : « les degrés de l’amour sont au nombre de quatre. Tout d’abord, nous devons aimer ce qui est au-dessus de nous, c’est-à-dire Dieu ; puis, nous-même, ensuite ce qui se trouve à côté de nous, c’est-à-dire notre prochain, enfin ce qui nous est inférieur. » La bienheureuse Vierge Marie eut un amour ordonné parce qu’elle aima avec respect celui qui lui était supérieur, c’est-à-dire Dieu ; et avec douceur celui qui se trouvait à côté d’elle, c’est-à-dire son Fils ; elle aima avec sagesse elle-même et avec miséricorde le genre humain, inférieur à elle. » Dans cet échelonnement elle peut dire d’elle-même : « Je suis la mère du bel amour et de la crainte, de la connaissance et de la sainte espérance » (Siracide 24, 24). Marie fut la mère du bel amour quant au Fils qui était aimable pour sa propre beauté et qu’elle aima tendrement ; et de la crainte de Dieu qu’elle aima d’un respectueux amour filial. Elle fut mère de la connaissance d’elle-même, qu’elle aima avec sagesse et de la sainte espérance, quant au genre humain qu’elle aima avec miséricorde.

(1) Mariale Aureo, version italienne de Fr. Valerio Ferrua, o.p., traduction française de Marie-Thérèse Calmet. Cf. La Revue du Rosaire, n° 203 et suivants.
(2) Denis l’Aéropagite, retenu au Moyen Âge comme un disciple de saint Paul, vécut au VIe siècle.
(3) Bernard de Clairvaux (1090-1153), saint, moine, docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 203, juillet-août 2008.
(4) Ambroise (339-397), saint, évêque de Milan, docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 205, octobre 2008.
(5) Bède (Beda) le Vénérable (672-735), docteur de l’Église. Cf. La Revue du Rosaire, n° 207, décembre 2008.
(6) Augustin Aurelio (354-430), saint, évêque d’Hippone (aujourd’hui Annaba, Algérie), docteur de l’Église, théologien. Cf. La Revue du Rosaire, n° 204, septembre 2008.

12 juillet 2020
La bonne terre, c’est la bonne volonté (Mt 13, 23)

Le grain, c’est la parole ou la doctrine de Jésus. Nous touchons donc à l’allégorie. Mais on serait bien embarrassé de rendre compte ainsi de tous les autres termes. Le grain est toujours le même, toujours aussi bon, en quelque endroit qu’il tombe, et aussi la parole. Mais lorsqu’une tentation subite de Satan empêche la parole d’agir avant même qu’elle ait été méditée, l’enlève de l’esprit avant qu’elle soit arrivée jusqu’au cœur, n’est-ce point dans l’ordre moral ce qui se passe lorsque le grain tombé sur le chemin est dévoré par les oiseaux ? De même ce sol pierreux est l’image des natures mobiles, enthousiastes, mais promptes au découragement. Ces épines qui étouffent le grain, ce sont les désirs des richesses et autres soucis du monde qui absorbent l’activité et paralysent les bons désirs. La bonne terre, c’est la bonne volonté (Lagrange Marie-Joseph o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, éd. 2017, p. 202).

Illustration : Icône. Jésus semeur.

 

Jour anniversaire de la naissance au ciel du père Lagrange
Aujourd’hui, 10 juillet, messe célébrée par fr. Manuel Rivero o.p. aux intentions des membres de l’association des amis du père Lagrange et pour la béatification de ce grand serviteur de Dieu. En union de prière : https://www.mj-lagrange.org

Terminer par les Litanies de la Vierge Marie à la lumière de la vie et de l’œuvre du père Lagrange :

Marie, Immaculée, mène-nous tout droit au Cœur de Jésus
Marie, conçue sans péché, priez pour nous.
Marie, fille chérie du Père, priez pour nous.
Marie, la bien-aimée du Saint-Esprit, priez pour nous.
Marie, la mère et l’amie de Notre Seigneur Jésus, priez pour nous.
Marie, Mère du Verbe, priez pour nous.
Marie, servante de la sainte famille, priez pour nous.
Marie, humble ménagère de Nazareth, priez pour nous.
Marie, dernière servie, priez pour nous.
Marie, femme juive, qui a accompli les rites de Purification à la naissance de Jésus, priez pour nous.
Marie, notre Mère, priez pour nous.
Marie, Reine du Ciel, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des anges, priez pour nous.
Marie, Vierge fidèle, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des pauvres, priez pour nous.
Marie, Notre- Dame de l’obéissance, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la pauvreté, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la chasteté, priez pour nous.
Marie, notre appui dans l’action, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des Neiges, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de pureté, priez pour nous.
Marie, Maîtresse de Sapience, priez pour nous.
Marie, Maîtresse des études théologiques, priez pour nous.
Marie, Mère de la Sagesse, priez pour nous.
Marie, Reine de la Vérité, priez pour nous.
Marie, la Lumière, priez pour nous.
Marie, Mère des initiatives apostoliques, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame des commencements, priez pour nous.
Marie, patronne des Prêcheurs, priez pour nous.
Marie, Reine du Carmel, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame du détachement des biens terrestres, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame d’Autun, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de La Salette, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de Fourvière, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la Merci, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame de la Garde, priez pour nous.
Marie, Notre-Dame del Pilar, priez pour nous.
Marie, notre Avocate, priez pour nous.
Marie, notre Guide, priez pour nous.

(Rivero Manuel o.p., Le père Lagrange et la Vierge Marie, Cerf, 2012.)

Illustration : La Vierge de Banneux

 

8 juillet 2020
Un témoignage de Maurice Zundel sur l’œuvre du père Lagrange

Si vous pensez au néant de l’exégèse catholique entre 1890 et 1900,, à l’époque où le Père Lagrange fondait l’École biblique de Jérusalem, si vous considérez les conséquences de cet immense travail, si vous lisez la Revue biblique, si vous constatez qu’aujourd’hui, après soixante ou soixante-dix ans de travail, l’exégèse catholique est au premier plan de l’érudition, si vous voyez les résultats des travaux de l’Institut biblique de Rome, qui a suivi l’ École biblique de Jérusalem, et les autres Instituts qui se sont inspirés de la fondation du Père Lagrange, le pionnier en la matière, vous devez comprendre l’utilité d’un ordre savant, livré à des travaux de longue haleine qui ne peuvent être poursuivis avec continuité que par une équipe étroitement soudée et qui demeure, que la mort ne peut dévaster parce que, d’une génération monastique à l’autre, le flambeau est transmis.
(Zundel Maurice, Émerveillement et pauvreté, Éd. St-Augustin, 2009.)

 

5 juillet 2020
Invitation à accepter le joug du Christ (Mt 11, 25-30)

Recevez mes leçons, non pas parce que je suis plus instruit que vous, mais parce que je suis doux et humble de cœur.
C’est par sa modestie et sa douceur que Jésus prépare les esprits à recevoir sa doctrine.
(Extrait du commentaire du P. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, p. 348-349.)

 

 

3 juillet 2020
Saint Thomas, apôtre

Le pain d’Élie…, les sentiments d’un saint Thomas… Par l’Eucharistie, nous prenons contact avec le Dieu vivant. (P. Lagrange, Journal spirituel, 23 février 1909)

Surnommé Didyme, Thomas l’apôtre, qui signifie jumeau en araméen (aussi en arabe et en hébreu) est incontournable pour comprendre la naissance de la chrétienté en Orient et en Inde. Dans un résumé de l’histoire de l’Église d’Orient, saint Thomas est qualifié de « homme sensible et courageux, sceptique et incrédule, mais témoin passionné et convaincu de tout ce qu’il avait vu par ses yeux et touché de ses mains, qui fut le premier héros de la conquête de l’Orient ».

https://oeuvre-orient.fr/actualites/saint-thomas-apotre-missionnaire-en-inde/

Bonne Fête à tous ceux qui se prénomment « Thomas » !

 

Illustration : L’incrédulité de saint Thomas. Artiste inconnu.

Témoignage-Hommage de Mgr Charles Molette en faveur du père Lagrange

 

P. Ambroise-Marie Carré o.p.

Le 17 septembre 1994, le R. P. A. M. Carré, o. p. de l’Académie française, Commandeur de la Légion d’Honneur remettait la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à Mgr Charles Molette, Prélat d’honneur de Sa Sainteté.

 

Mgr Charles Molette, académicien, historien, biographe, succédait à Mgr André Decourtray à l’Académie française.

Mgr Charles Molette

Dans la très belle réponse de Mgr Charles Molette au R. P. A.-M. Carré, nous avons relevé quelques courts extraits mais combien significatifs sur le Père Lagrange :

[…] Permettez-moi, mon Père, de me tourner vers la grande figure du père Lagrange, votre aîné dans l’Ordre de saint Dominique ; ne pouvons-nous pas espérer sa prochaine béatification, après celle du Très Révérend Père Cormier ? Cette grande figure du père Lagrange, en effet, nous montre jusqu’où […] un authentique savant, qui étudiait le témoignage de l’Écriture sur le Christ, fut appelé à souffrir dans son combat pour la vérité de l’Évangile. Et par un double procès : d’une part, celui que lui opposait l’intelligentsia de l’antidogmatisme le plus virulent, soucieux de défendre un psittacisme tenant lieu de fidélité.

[…] Il m’incombe donc, puisqu’il s’agit de mon entrée dans notre premier Ordre national, de voir dans le présent adoubement un encouragement de la nation à ne pas déserter le service de la vérité méconnue, bafouée, battue en brèche. Un mot, dont le père Lagrange lui aussi a éprouvé la vérité des termes, exprime la portée de ce combat :

« Les vérités battues en brèche s’imposent avec plus d’insistance à ceux qui en sont souvent d’involontaires victimes » (lettre du 24 février 1968 du cardinal Wojtyla, archevêque de Cracovie, au père de Lubac). https://www.aaef-asso.fr/fichiers/images/Bulletins/AAEF_bulletin_42NB.pdf

 

Écho de notre Page Facebook : juin 2020

 

30 juin 2020

« La présence de Dieu est une lumière : parce que, quand on voit tous les
objets en Dieu, aucun d’eux ne peut arrêter la pensée, la fixer et la détourner
de sa fin suprême : dans la nuit, on se heurte à chaque pierre du chemin ; le
jour, on franchit les plus sérieux obstacles » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel).

Illustration : Chemin de lumière. Vitrail de Kim en Joong o.p.

 

29 juin 2020
Les apôtres saint Pierre et saint Paul dans la vie de saint Dominique et celle du père Lagrange

Rome,1216, le pape Honorius III donne son accord, à saint Dominique, pour la création de l’ordre des Prêcheurs. Un jour que saint Dominique priait à Saint-Pierre pour la conservation et la dilatation de son ordre, il fut ravi à lui-même. Les deux apôtres Pierre et Jean lui apparurent, Pierre lui présentant un bâton, Paul un livre, et il entendit une voix qui lui disait : « Va et prêche, car c’est pour cela ‘que tu es élu’ » et en même temps, il voyait ses disciples se répandant deux à deux par tout le monde pour évangéliser. Depuis ce jour, il porta constamment avec lui les épîtres de saint Paul et l’évangile de Matthieu, et soit qu’il fût en voyage, soit qu’il habitât la ville, il ne marchait qu’un bâton à la main. (Vie de saint Dominique par le R.P. Frère Henri-Dominique Lacordaire, 1841.)

Le bâton et le livre offerts symbolisent aussi : science et persévérance. Deux qualités du père Lagrange.

Illustration : Apparition de saint Pierre et de saint Paul à saint Dominique (détail du Couronnement de la Vierge par Fra Angelico (15e) Musée du Louvre).

 

28 juin 2020
Saint Irénée, évêque de Lyon, Martyr, Père de l’Église

Le père Lagrange a commenté en exégète et en homme de foi les Évangiles où Jésus agit comme le révélateur (1) du Père qui est Amour. Disciple heureux du Docteur Angélique, le père Lagrange utilise tous les moyens scientifiques et culturels à sa portée pour dire à travers ces médiations le mystère de Celui qui est Esprit. Sensible et attaché à la beauté, il ne cherche pas l’émotion dans des propos pieux mais la vérité. (Manuel Rivero o.p. Le père Lagrange, lumière pour la nouvelle évangélisation.)

(1) Saint Irénée de Lyon : « Dès le commencement, le Fils est le révélateur du Père, puisqu’il est dès le commencement avec le Père ; les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père, tout cela, à la façon d’une mélodie harmonieusement composée, il l’a déroulé devant les hommes, en temps opportun, pour leur profit » (Contre les hérésies, IV, 20, 7, traduction A. Rousseau, Paris, Éditions du Cerf, 1984, p. 473-474)

28 juin 2020

 

Aujourd’hui Fr. Manuel Rivero o.p. Président de l’association des amis du père Lagrange fête le quarantième anniversaire de son ordination presbytérale.

Nous nous unissons pour souhaiter un Joyeux Anniversaire, Fr. Manuel !

Rendons grâce à Dieu pour ces quarante années de « serviteur fidèle ». Avec notre prière.

 

27 juin 2020
Saint Cyrille d’Alexandrie, patriarche d’Alexandrie en Égypte au Ve siècle, écrivain fécond, pourfendeur d’hérésies, président du Concile d’Éphèse qui établit le dogme de Marie Mère de Dieu, Theotokos. Évêque, Docteur, Père de l’Église.

Un peu d’histoire

L’actuelle basilique Saint-Étienne à Jérusalem est édifiée sur le site d’une grande église byzantine dont la cérémonie de dédicace fut présidée en l’an 439 par l’illustre patriarche d’Alexandrie, Saint Cyrille. On rapporte qu’à cette occasion y furent transférées les reliques d’Étienne, le premier martyr du christianisme.

Le lieu est pétri d’une histoire qui ne fut pas épargnée par la violence. La basilique byzantine fut détruite par les Perses en 614. Une petite chapelle fut alors érigée qui desservit par la suite une léproserie. Les Croisés la restaurèrent en 1099. Mais en 1187 ils la démolirent, pour empêcher les armées de Saladin de s’en servir comme ouvrage militaire durant leur siège de la Ville sainte.

Vers la fin du 19e siècle, les Frères prêcheurs ont la volonté de rétablir une maison dominicaine dans la Ville sainte. Une basilique est reconstruite et consacrée le 13 mai 1900. Référence pour les biblistes du monde entier, le père Marie-Joseph Lagrange qui fonda l’École Biblique et Archéologique Française en 1890 repose depuis 13 novembre 1967 dans le chœur de cette basilique. (Commentaire de Philippe Jeannin o.p. lors de la messe de Noël 2010 à Jérusalem. Source : RTS.ch.)

Illustration : Basilique St-Étienne. Au centre, signalée par des fleurs, la tombe du P. Lagrange. Photo domjer.

 

24 juin 2020
Nativité de saint Jean Baptiste

« Ce n’est pas pour rien que Jésus a été nommé par Saint Jean Baptiste (et Isaïe) l’agneau de Dieu : l’agneau type du novice simple… »

(M.-J. Lagrange, Journal spirituel, mars 1880.)

Illustration : Saint Jean Baptiste et l’Agneau (détail) Murillo (17e) Musée du Prado.

 

22 juin 2020
Mémoire de la Sainte Vierge Marie

« Rien qui ne soit pour Jésus ; mais aussi rien qui ne soit offert à Marie pour Jésus. Prier Jésus, toujours, par Marie, toujours ; ne les isoler jamais. Jésus dans les bras de Marie. »

(M.-J. Lagrange, Journal spirituel, 21 avril 1880.)

Illustration : Vierge du Rosaire (détail) BE Murillo (17e). Musée du Prado.

 

20 juin 2020
Cœur Immaculé de Marie

 

“Ô Vierge Marie ! Ne m’abandonnez pas ! Je m’abandonne entièrement à vous. Je ne m’inquiète de rien : beaucoup de grâces, je remets tout entre vos mains. Je m’efforcerai seulement de bien faire les exercices dans les dispositions de votre Cœur Immaculé ! Aimer Jésus sans tant m’inquiéter de ce qui se passe en moi.

(M.-J. Lagrange O.P., Journal spirituel)

Illustration : Cœur Immaculé de Marie (vitrail)-Photo Lawrence OP.

 

19 juin 2020
Solennité du Sacré-Cœur de Jésus

 

« La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus par la vertu d’obéissance. »
(M.-J. Lagrange O.P., Journal spirituel, le 16 octobre 1891.)

 

 

Illustration : Sacré-Cœur de Jésus-Broderie d’or-H. van Severen-St.Niklaas (1900) Nicholas Church-Ghent-Belgium.

 

 

 

14 juin 2020
Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ

« Ô mon Jésus, n’abandonnez pas cette maison à cause de moi : vous le voyez je ne désire que la remettre en des mains plus dignes. Cachez-moi dans votre Très Saint Sacrement, faites-moi vivre de votre vie cachée d’adoration, d’action invisible. »

(Marie-Joseph Lagrange, St-Étienne-Jérusalem, le 22 septembre 1894, Journal spirituel).

Illustration : Ecce Panis Angelorum-Photo de Lawrence Lew OP.

 

 

 

10 juin 2020 : Jour-anniversaire de la naissance au ciel du père Lagrange (10 mai 1938).

 

 

C’est le jour de notre rendez-vous mensuel de prière. Confions à l’intercession du P. Lagrange nos demandes de grâces. Elles seront portées par Fr. Manuel Rivero o.p. au cours de la messe célébrée ce jour.

Toute information sur les grâces reçues sont les bienvenues. Elles aideront à faire avancer le dossier de béatification du père Lagrange. www.mj-lagrange.org

 

Chers amis,
Ce mercredi 10 juin 2020, je célébrerai la messe en la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion à 12h10 pour la cause de béatification du père Lagrange et pour les amis de grand spirituel. Fr. Manuel.

 

08 juin 2020
La foi

« Heureux sommes-nous d’avoir été choisis par Jésus pour lui rendre témoignage dans des temps si durs aux croyants… » (Journal spirituel, 22 décembre 1907).

Illustration : Matthieu 5,2-Fresque de l’église de St-Germain-en-Laye par Amaury-Duval (19e)

 

 

 

 

Dimanche 7 juin 2020
La Très Sainte Trinité

« Dans l’ignorance où nous sommes de Dieu, il nous est doux de savoir qu’il est Père, par conséquent infiniment tendre et indulgent ; Fils incarné pour nous, vivant en nous pour nous faire participer à ce qu’il tient du Père : Esprit vivifiant et sanctificateur, principe de charité. Oh ! Que cette révélation de la Trinité des personnes divines nous est utile, et qu’il en faut remercier Notre Seigneur ! » (M.-J. Lagrange o.p., Journal spirituel, 10 octobre 1895).

Illustration : Solennité de la Sainte Trinité-OP ND du Rosaire et de Ste Catherine de Sienne-Cabra (Irlande)-Icône de Melanie Weidner.

Bonne Fête à toutes les mamans de la terre et du ciel !

 

 

 

5 juin 2020
La dévotion du père Lagrange au Sacré-Cœur de Jésus par Fr. Manuel Rivero O.P.

[Il y a 129 ans,] la première pierre de l’École biblique de Jérusalem fut posée le 5 juin 1891 en la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le parchemin de l’inauguration signalait que cette École était destinée à développer les études bibliques sous le patronage de Notre-Dame du Rosaire. Le père Lagrange avait averti que dans les fondations de l’École les fouilleurs trouveraient des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du Rosaire, de saint Benoît, de sainte Marie-Madeleine et du pape Léon XIII qui régnait à ce moment-là [Cf. Le père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels. Préface du P. Benoît, o.p. Paris. Éd. du Cerf. 1967. P. 38].

Le pape Léon XIII pensait que cette consécration au Sacré-Cœur s’harmonisait avec le lieu de la lapidation de saint Étienne, sur lequel était bâtie l’École biblique et la basilique Saint-Étienne. Le pape Léon XIII exhortait le père Lagrange et les frères dominicains en ces termes : « Oui, consacrez toute votre œuvre et l’église au Sacré-Cœur de Jésus. Le Sacré-Cœur ne peut être mieux que là, car lorsque saint Étienne voyait les cieux ouverts et Jésus debout à la droite de son Père, Jésus se montrait à lui avec ses plaies, celles de ses pieds et de ses mains, celle de son cœur ! » [Cf. LAGRANGE Marie-Joseph, Saint Étienne et son sanctuaire à Jérusalem. Paris, éd. Alphonse Picard et fils, 1894. p. 173].

Illustration : Saint Étienne-Vision de la gloire de Jésus-Icône de Sœur Marie-Paul, moniale bénédictine du Mont des Oliviers à Jérusalem.

Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le P. Lagrange

31 mai 2020
Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le père Lagrange
Testimonianza di P. Athos Antoniani su P. Giuseppe Girotti, domenicano, beatificato il 26 aprile 2014 ad Alba.

Era un uomo libero. Ci diceva che bisognava credere solo nella Bibbia come Parola di Dio, essendo tutta ispirata. Ci spiegava che Dio parla agli uomini nella storia come un Padre con il proprio figlio, adattandosi alle sue capacità di comprensione. Si rifaceva all’insegnamento di padre Maria Giuseppe Lagrange, suo professore all’Ecole Biblique di Gerusalemme, dove aveva conseguito il titolo di «Prolita di Sacra Scrittura». Di lui padre Girotti diceva: «un maestro immortale nel mondo biblico e orientalistico, martoriato dal Santo Uffizio di Roma per la sua grande speculazione teologica e la sua laboriosa ricerca positiva».

https://www.consolata.org/new/index.php/mission/nostridiconoarch/15204-io-allievo-di-girotti : Io allievo di Girotti – Avril 2014

Écho de notre page Facebook : mai 2020

 

31 mai 2020
Témoignage du Bienheureux P. Giuseppe Girotti sur le père Lagrange
Testimonianza di P. Athos Antoniani su P. Giuseppe Girotti, domenicano, beatificato il 26 aprile 2014 ad Alba.

Era un uomo libero. Ci diceva che bisognava credere solo nella Bibbia come Parola di Dio, essendo tutta ispirata. Ci spiegava che Dio parla agli uomini nella storia come un Padre con il proprio figlio, adattandosi alle sue capacità di comprensione. Si rifaceva all’insegnamento di padre Maria Giuseppe Lagrange, suo professore all’Ecole Biblique di Gerusalemme, dove aveva conseguito il titolo di «Prolita di Sacra Scrittura». Di lui padre Girotti diceva: «un maestro immortale nel mondo biblico e orientalistico, martoriato dal Santo Uffizio di Roma per la sua grande speculazione teologica e la sua laboriosa ricerca positiva».

https://www.consolata.org/new/index.php/mission/nostridiconoarch/15204-io-allievo-di-girotti : Io allievo di Girotti – Avril 2014

 

 

Dimanche 31 mai 2020
L’Esprit de Pentecôte
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Et cela dit, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront maintenus (Jn 20, 21-23) ».

Paroles que le P. Lagrange commente ainsi : Ce que Jésus donne à ses apôtres est donc quelque chose de surnaturel que l’on doit rattacher à l’action de l’Esprit Saint, représenté dans l’Ancien Testament surtout comme vivifiant, et que Jésus lui-même a désigné comme un Aide dans l’ordre de la vérité. […] L’allusion à l’Esprit s’entend assez : remettre les péchés, c’est donner la vie spirituelle (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon saint Jean).

29 mai 2020
Le saint Pape Paul VI et le père Marie-Joseph Lagrange 0.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, serviteur de Dieu.
Saint-Denis (La Réunion), le 29 mai 2019, fête de saint Paul VI, pape (+6 août 1978).
Fr. Manuel Rivero O.P. (président de l’association des amis du père Lagrange).

Pour fêter le saint pape Paul VI, l’Église a choisi la date de son ordination presbytérale le 29 mai 1920. Âgé uniquement de 23 ans, il avait reçu une dispense pour recevoir le sacrement de l’ordre. Pour sa première messe, le père Giovanni Battista Montini avait choisi une nappe d’autel taillée sur une robe de sa mère. Beau symbole qui reliait la maternité physique et la maternité spirituelle. Le père Marie-Joseph Lagrange voyait dans les mères des prêtres une plénitude heureuse de maternité.
Nommé archevêque de Milan, c’est un élève du père Lagrange à Jérusalem, le cardinal Eugène Tisserant qui préside la consécration épiscopale en la basilique de Saint-Pierre à Rome le 12 décembre 1954.
Lors de la célébration du Concile Vatican II, Monseigneur Montini invite son ami Jean Guitton, ancien élève du père Lagrange à Jérusalem, comme observateur.
Le 14 mars 1974, lors de la réception des membres de la Commission biblique pontificale, le Pape Paul VI avait mis en valeur l’apport du père Lagrange à l’étude critique de la Bible (Doc. Cath. 71 (1974), p. 326) : « Cette connexion essentielle entre la Bible et l’Église ou, si vous préférez, cette lecture de la Sainte Écriture in medio Ecclesiae, confère aux exégètes de l’Écriture sainte, et tout particulièrement à vous, membres qualifiés de la Commission biblique pontificale, une fonction importante au service de la parole de Dieu. Aussi nous sentons-nous encouragés à regarder avec sympathie, bien plus, à soutenir et à donner vigueur à ce caractère ecclésial de l’exégèse contemporaine. Votre travail ne consiste donc pas simplement à expliquer des textes anciens, à rapporter des faits de manière critique ou à remonter à la forme primitive et originelle d’un texte ou d’une page sacrée. C’est le devoir primordial de l’exégète de présenter au peuple de Dieu le message de la Révélation, d’exposer la signification de la parole de Dieu en elle-même et par rapport à l’homme contemporain, de donner accès à la Parole, au-delà de l’enveloppe des signes sémantiques et des synthèses culturelles, parfois éloignés de la culture et des problèmes de notre temps. Quelle grande mission vous incombe vis-à-vis de l’Église comme de toute l’humanité ! Quelle contribution à l’évangélisation du monde contemporain !
Pour illustrer cette responsabilité et pour vous défendre des fausses pistes dans lesquelles l’exégèse risque souvent de se fourvoyer, nous allons emprunter les paroles d’un grand maître de l’exégèse, d’un homme dans lequel ont brillé de façon exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le P. Lagrange. En 1918, après avoir tracé le bilan négatif des diverses écoles de l’exégèse libérale, il dénonçait les racines de leur échec et de leur faillite dans ces causes : opportunisme doctrinal, caractère unilatéral de la recherche et étroitesse rationaliste de la méthode. « Dès la fin du XVIIIe siècle, écrivait-il, le christianisme se mettait à la remorque de la raison ; il fallut plier les textes à la mode du jour. Cet opportunisme inspira les commentaires des rationalistes. » Et il continue : «Tout ce que nous demandons de cette exégèse indépendante, c’est qu’elle soit purement scientifique. Elle ne le sera tout à fait qu’en se corrigeant d’un autre défaut commun à toutes les écoles que nous avons énumérées. Toutes ont été einseitig, ne regardant que d’un seul côté. » (M.J. Lagrange, Le Sens du christianisme d’après l’exégèse allemande, Paris, Gabalda, 1918,pp. 323, 324, 328). Le P. Lagrange mettait en cause un autre caractère des critiques : le dessein arrêté de ne pas accepter le surnaturel.
Ces remarques conservent, aujourd’hui encore, un caractère d’urgence et d’actualité. On peut y ajouter aussi, pour les expliciter, une invitation à ne pas exagérer ni à transgresser les possibilités de la méthode exégétique adoptée, à ne pas en faire une méthode absolue comme si elle permettait, et elle seulement, d’accéder à la Révélation divine. Il faut se garder également d’une remise en question systématique visant à affranchir toute expression de la foi d’un solide fondement de certitude.
Ces chemins aberrants seront évités si l’on suit la règle d’or de l’herméneutique théologique énoncée par le Concile Vatican II : celui-ci demande d’interpréter les textes bibliques « en prêtant attention au contenu et à l’unité de l’Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de toute l’Église et de l’analogie de la foi » (Dei Verbum, n°12). « On ne saurait retrouver le sens du christianisme – c’est encore le P. Lagrange qui parle – par un groupement de textes si l’on ne pénètre pas jusqu’à la raison d’être du tout. C’est un organisme dont le principe vital est unique. Or il est découvert depuis longtemps, et c’est l’incarnation de Jésus-Christ, le salut assuré aux hommes par la grâce de la rédemption. En cherchant ailleurs, on s’exposerait à faire fausse route. » (Op. cit.,p. 325) Exprimer le message signifie donc avant tout recueillir toutes les significations d’un texte et les faire converger vers l’unité du mystère, qui est unique, transcendant, inépuisable, et que nous pouvons par conséquent aborder sous de multiples aspects. À cette fin, la collaboration de beaucoup de personnes sera nécessaire pour analyser le processus d’insertion de la parole de Dieu dans l’histoire – ce que saint Jean Chrysostome a désigné sous le terme de sunkatabasis ou « condescensio » (Hom. 17,1, in Gn 3,8 ; PG ,53, 134), – selon la variété des langages et des cultures humaines : cela permettra de saisir en chaque page le sens universel et immuable du message, et de le proposer à l’Église, pour une intelligence véritable de la foi dans le contexte moderne et une application salutaire aux graves problèmes qui tourmentent les esprits réfléchis à l’heure actuelle. Il vous revient, à vous exégètes, d’actualiser, selon le sens de l’Église vivante, la Sainte Écriture, pour qu’elle ne demeure pas seulement un monument du passé mais qu’elle se transforme en source de lumière, de vie et d’action. C’est seulement de la sorte que les fruits de l’exégèse pourront servir à la fonction kérygmatique de l’Église, à son dialogue, s’offrir à la réflexion de la théologie systématique et à l’enseignement moral, et devenir utilisables pour la pastorale dans le monde moderne. »
Aumônier des étudiants, le père Montini avait fait la connaissance d’Aldo Moro qui deviendra par la suite Premier Ministre en Italie pendant une longue durée. Aldo Moro, laïc dominicain, sera victime des Brigades Rouges : enlèvement, séquestration et finalement assassinat au bout de 55 jours, le 9 mai 1978. Le pape Paul VI prononcera à cette occasion une émouvante homélie.
C’était quelques mois avant son « départ » vers le Père, le 6 août 1978, fête de la Transfiguration de Jésus, même date que celle du « départ » vers Dieu de saint Dominique, le 6 août 1221, à Bologne.

 

27 mai 2020

Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. (Jean 17, 17)
La sainteté par le P. Lagrange

« Nous appartenons au Christ et les fruits que nous produisons pour Dieu sont ceux qui conduisent à la sainteté ? » [C’est à peine si Paul a parlé de fruits du péché ; en tout cas ils n’étaient pas un bien pour les pécheurs. Les fidèles serviteurs de Dieu possèdent un fruit qui leur est propre, qui est bien à eux, constituant peu à peu le patrimoine de la sainteté, ayant pour terme et pour fin la vie éternelle (Marie-Joseph Lagrange, Épître aux Romains 6,22)].

 

Jeudi 21 mai 2020
Ascension du Seigneur (Mt 28, 16-20)

Belle fête de l’Ascension en pensant aussi au bienheureux frère Cormier O.P; qui a aimé et soutenu le père Lagrange ! Fr. Manuel.

La mission des Apôtres dérive du pouvoir du Christ.

Commentaire du père Lagrange dans L’Évangile selon saint Matthieu (1941) : Aussi le Christ promet-il à ses apôtres une assistance spéciale. Elle est nommée une présence, c’est-à-dire spirituelle, car ces paroles ne peuvent signifier qu’un adieu. […] Ces dernières paroles du Seigneur sont consolantes, surtout pour nous qui pouvons constater l’accomplissement miraculeux de tout ce petit discours. Les mots pressés sont chargés de sens : les apôtres reçoivent une mission qui s’étend à toutes les nations ; elle tient en trois offices, qui n’ont jamais cessé d’être remplis. L’affirmation de la puissance accordée au ressuscité se vérifie par l’assistance qu’il a donnée, ou plutôt par cette présence dont tous les fidèles sont pénétrés.

 

Illustration : L’Ascension du Seigneur (détail) Giotto 13e-Monastère de Bose.

 

20 mai 2020
L’Esprit de vérité éclaire les intelligences (Jean 16, 12-15)

Le père Lagrange commente (L’Évangile de Jésus-Christ, 2018, p. 563-564.) :

« Le Paraclet, le défenseur du Christ, aura vis-à-vis des disciples un rôle plus intime, étant l’Esprit de vérité qui éclaire les intelligences. En ce moment, à la veille de leur défaillance morale, avant la lumière de la résurrection, ils ne sont pas en état de s’assimiler tout ce que Jésus aurait à leur dire. L’Esprit Saint les guidera vers la vérité tout entière. […]  Dans ce dernier cas, le privilège n’est accordé qu’aux Apôtres ; l’Église l’a proclamé plus clairement : après eux il n’y aura plus de révélation. Mais la marche vers une vérité mieux comprise, doit, de sa nature, durer autant que l’humanité. […] L’assistance de l’Esprit Saint est donc promise, à jamais, à ceux qui remplaceront les Apôtres, et, sous leur direction, à ceux qui croiront en Jésus. »

Illustration : L’Esprit Saint, mosaïque P. Marco Ivan Rupnik, Centre Aletti, Rome.

 

17 mai 2020
Une pensée du P. Lagrange dans son Journal spirituel

« La présence de Dieu, qui est l’union affectueuse de ma pensée à l’être de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Pratique : le chercher très souvent au-dedans de moi-même par un simple regard très suppliant : tu in nobis es Domine Jesu (Tu es en nous, Seigneur Jésus). »

 

 

Photo : La plénitude intérieure de Marie (19e)-P. Perdrau-église La Trinité-des-Monts. Rome.

 

 

 

 

13 mai 2020
Soyons réalistes, mais c’est quoi le réel ?
La puissance de la prière
Fr. Manuel Rivero O.P. Cathédrale de Saint-Denis-Réunion

Comment définir la vie ? Comment définir le réel ? Michel Henry (+2002) qui a marqué la philosophie contemporaine appelait « les nouveaux barbares » ceux qui réduisent le réel au quantifiable.
L’histoire des hommes contredit régulièrement ceux qui excluent de la vie la puissance de la prière. La foi en Dieu manifestée dans l’acte suprême de la prière fait partie des paramètres et des variables agissant sur le monde.
Ceux qui s’en sont moqués ont eu souvent des déconvenues. Ceux qui se sont appuyés sur la prière ont reçu des grâces merveilleuses au grand étonnement des sceptiques.
Loin d’être une drogue douce ou une béquille pour des faibles, la prière se manifeste comme une révolte contre le rétrécissement de la grandeur de la personne humaine appelée à partager la vie de Dieu. « Capax Dei », « capable de recevoir Dieu », l’homme dépasse ses moyens en recevant la grâce divine.

En ce mois de mai, « le mois de Marie, le mois le plus beau », l’Église fait mémoire des apparitions de Fatima, en 1917, à trois enfants, bergers dans la campagne portugaise : Lucia, 10 ans, Francisco, 9 ans, Jacinta, 7 ans.

Souvenons de notre saint pape Jean-Paul II, victime d’un grave attentat le 13 mai 1981, il demanda à placer la balle qui avait traversé son corps dans la couronne de Notre-Dame-de-Fatima, en signe de reconnaissance.

Quel est le message de Fatima ?

Les apparitions de la Vierge ont été précédées des apparitions d’un ange qui s’adressa aux trois enfants en leur faisant répéter cette prière : « Mon Dieu, je crois en vous, je vous adore, j’espère en vous, et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».
Il leur demanda aussi d’offrir au Seigneur des prières et des sacrifices tout en évoquant la miséricorde des cœurs de Jésus et de Marie à leur égard.

Le 13 mai 1917, c’est Notre-Dame qui leur apparaît, vêtue de blanc, plus brillante que le soleil. Elle leur demande de se rendre à Cova da Iria six mois de suite, le 13 de chaque mois à la même heure. Notre Dame les exhorte à prier : « Réciter le chapelet tous les jours pour obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre ».

Le 13 juin 1917, Notre-Dame révèle aux enfants que Jésus veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ce Cœur de Marie est entouré d’épines, symbole des péchés des hommes.

Le 13 juillet 1917, Notre-Dame demande la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Elle donne aussi une nouvelle prière à ajouter dans le chapelet : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer ; emmenez au Paradis toutes les âmes, principalement celles qui en ont le plus besoin ».

Le 13 octobre 1917, un samedi, Notre-Dame demande la construction d’une chapelle en son honneur en disant : « Je suis Notre-Dame du Rosaire ». Elle veut que le chapelet soir prié tous les jours. Ce jour-là eut lieu le miracle du soleil annoncé quatre mois auparavant. Le soleil tourna trois fois sur lui-même lançant de tous côtés des faisceaux de lumière.

En ce temps de pandémie, le pape François exhorte les fidèles à prier Jésus Vivant avec sa mère, la Vierge Marie, en parcourant les mystères du Rosaire (joyeux, lumineux, douloureux et glorieux) qui éclairent le mystère de chaque homme.

Par ailleurs, en raison de la pandémie de coronavirus qui endeuille le monde entier, le Haut Comité de la fraternité humaine a appelé tous les leaders religieux à une journée de prière le 14 mai 2020.
Ce haut Comité est issu du Document d’Abou Dhabi sur la fraternité humaine, pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé le 4 février 2019, par le pape François et le Grand Iman d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib.
Comme le disait le cardinal Jean-Louis Tauran (+2018) : « Les religions font partie de la solution, pas du problème. »

Illustration : Coeur Immaculé de Marie (Corse)

 

10 mai 2020
La vocation dominicaine du père Lagrange

Prions pour sa cause de béatification et demandons-lui des grâces!
Avec ma prière au Vivant! Fr. Manuel

 

 

10 mai 2020 : Jour-anniversaire de la « montée au Ciel » du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, le 10 mars 1938.

Aujourd’hui, comme tous les mois, nous sommes en union de prières avec Fr. Manuel Rivero o.p. qui célèbre une messe aux intentions confiées à l’intercession du père Lagrange par les membres de l’association des amis du père Lagrange, ainsi que par tous ceux qui aiment cette grande figure de l’ordre des Prêcheurs. Prions aussi pour l’aboutissement de la cause de béatification de ce grand savant et spirituel serviteur de Dieu, qui a voué sa vie au service apostolique de la vérité.

« Ô Marie, conduisez-moi par le plus court chemin au cœur de Jésus. » M.-J. Lagrange, Journal spirituel.

 

 

 

8 mai 2020
Mère du Verbe – Patronne des Prêcheurs.
Verbum predicatoribus subministrat [Elle procure la Parole aux prédicateurs.] (P. Lagrange, Journal spirituel)

Photo : Soeurs dominicaines de Tucumán-Argentine

 

 

7 mai 2020
« Un serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Si vous savez cela, heureux êtes-vous, si vous le faites (Jean 13, 16-17). »

En écrivant ces lignes de l’évangile de ce jour, le P. Lagrange les commente dans son livre de L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936 :

Quand le moment sera venu de pratiquer l’humilité, celui qui, peut-être, sera le dépositaire de l’autorité de Jésus, comme c’est le cas de certains serviteurs placés à la tête des autres, et, surtout des envoyés qui parlent au nom de leur prince, ceux-là donc, si haut qu’ils soient, devront se souvenir qu’ils ne sont que des serviteurs et des envoyés, lesquels sont naturellement inférieurs à celui qui se sert d’eux. – Le dicton, en lui-même, pouvait avoir diverses applications : le serviteur étant inférieur à son maître ne devait pas s’attendre à être mieux traité que lui. […] L’envoyé doit le prendre de très haut comme représentant de son maître ; mais vis-à-vis de lui il s’efface. À plus forte raison, les simples disciples par rapport à leur Maître. […] C’est quelque chose de comprendre cette leçon, mais on n’en retire le fruit qu’en la mettant en pratique.

Image : Christ lavant les pieds de ses disciples(détail)-Jacopo Tintoretto(15e)-Musée du Prado, Madrid.

 

03 mai 2020
Pas de vocations, à qui la faute ?
Journée mondiale de prière pour les vocations
Fr. Manuel Rivero O.P.
Monastère des moniales dominicaines. Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 3 mai 2020.

Les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse se raréfient. C’est avec tristesse que nous apprenons la fermeture de certains séminaires et de quelques couvents de religieuses qui ont marqué des générations de chrétiens.
À qui la faute ?
Nous pouvons nous demander : Dieu n’appelle-t-il pas aujourd’hui ?
Serait-ce que les hommes et les femmes sont trop pécheurs pour être appelés ?
Mais Dieu a appelé Moïse qui avait tué un Egyptien qui frappait l’un de ses frères juifs. Jésus a appelé Judas qui l’a vendu et Pierre qui l’a renié. Il a appelé Matthieu, voleur public, et Marie Madeleine, la femme habitée par sept démons.
Visiblement, ce ne sont pas les fautes des hommes qui arrêtent l’appel de Dieu.
Serait-ce que les hommes appelés étouffent leur vocation parce qu’ils préfèrent les ténèbres à la lumière à cause de leurs œuvres mauvaises ? C’est possible. Cela relève du mystère des consciences humaines que seul Dieu connaît.
Serait-ce que les mauvais exemples dans l’Église démotivent de manière viscérale ceux qui sont appelés à aimer Jésus, son Église et l’humanité ? Peut-être. Les scandales peuvent refroidir les cœurs mais parfois ils deviennent des défis à relever.
Nous voyons tous les jours de mauvais exemples et des scandales dans les familles et dans la vie des couples : mensonges, infidélités, manipulations, humiliations, violences physiques et psychologiques … Pourtant ni les hommes ni les femmes ne renoncent à aimer ni à croire que l’amour est possible et passionnant.
Où est alors le problème ?
Il me semble que la lumière à cette réponse se trouve dans les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité.
Il nous manque la foi. Ah, si nous avions la foi comme une graine de moutarde ! Nous ferions des merveilles.
Le nombre de pratiquants diminue parce que la foi s’éteint comme la flamme d’une bougie sans cire, faute de nourriture : la connaissance de la Parole de Dieu et la prière. La foi vient de la prédication, nous dit saint Paul. Pour renouveler l’Église, Dieu a appelé saint François et saint Dominique, prêcheurs de l’Évangile du Crucifié. Le peintre Giotto a représenté le rêve du pape Innocent III : l’Église s’écroulait et un petit frère, humble et pauvre, la soutenait. C’était François d’Assise. Innocent III devint alors le protecteur des Franciscains et des Dominicains.
Il nous manque l’amour. Le sage chinois Confucius au Vème siècle avant Jésus-Christ avait déjà remarqué que les hommes bons ne se retrouvent pas seuls. Leur bonté attire.
Ce sont les communautés chrétiennes, ferventes et fraternelles, qui attirent les vocations à la prêtrise et la vie religieuse.
Demandons au Seigneur d’augmenter notre foi et notre charité.
Ceux qui chérissent les chiffres et les statistiques découvrent que les vocations naissent souvent dans les familles chrétiennes qui prient et qui témoignent de la solidarité envers les pauvres.
Un grand nombre de séminaristes ont été servants de messe. Le service de l’autel et l’adoration du Saint-Sacrement rapprochent de Dieu.
Par ailleurs, le nombre de vocations à la prêtrise et à la vie religieuse a légèrement augmenté par rapport au nombre de pratiquants. Hier, il y avait plus de vocations parce que beaucoup plus de pratiquants. Aujourd’hui, les enfants et les jeunes sont rares dans nos églises le dimanche et par conséquent ils sont moins nombreux à devenir prêtres ou religieux.
Que faire concrètement ?
Le Seigneur Jésus nous a demandé de prier : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson » (Mt 9,38) . Alors, prions !
Si nous voulons que les enfants et les jeunes vivent la foi et la louange, nous devons aller les chercher là où ils sont ; ils ne viendront pas d’eux-mêmes, sauf exception dans nos églises. D’où l’importance d’accompagner les enfants et les jeunes dans nos paroisses, dans l’Enseignement catholique et public et dans les universités.
Si nous voulons que les familles soient des matrices aussi pour les vocations. Nous avons à soutenir le mariage et l’éducation des enfants alors que le concubinage devient la norme, le mariage rare, et que les enfants subissent trop souvent le traumatisme des conflits parentaux.
Si nous voulons des vocations, n’hésitons pas à appeler les jeunes et à leur proposer la voie de la sainteté.
L’Église est là pour aider chacun dans l’aventure la plus passionnante qui existe sur la terre : chercher Dieu, le trouver, le prier et le servir, pour partager son amour dans l’éternité, comme le dit le catéchisme.
Antoine de Saint-Exupéry (+1944) disait déjà en son temps que les églises se vidaient parce que les chrétiens ne savaient pas exalter le mystère chrétien. Mettons en valeur la foi en Jésus par nos pensées, nos sentiments, nos paroles et nos actes.
Que celui qui sent l’appel de Dieu dans son cœur ne l’étouffe pas. S’il pense qu’il en est indigne, il a bien raison, mais Jésus est digne de l’appeler. Qu’il se laisser guider par Jésus le Bon Berger ! Qu’il n’hésite pas à passer Jésus, la Porte qui conduit à l’amour du Père.
Que celui qui estime honorer et rendre un grand service à l’Eglise en entrant au séminaire ou dans une congrégation, reste chez lui. L’Église n’a pas besoin d’hypocrites mais des pécheurs pardonnés, témoins de la miséricorde de Dieu et au service du Christ Jésus.
Le père Pedro Arrupe S.J. (+1991), ancien général de la Compagnie de Jésus, donnait déjà ce discernement dans une interview du journal L’Avvenire sur les conseils à donner à un jeune qui voudrait devenir jésuite : « Ne viens pas si tu penses aider la Compagnie » .
Chez saint François d’Assise, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).
Vivons maintenant, grâce à la vocation des prêtres, ce grand mystère de l’eucharistie : Dieu en nous, nous en Dieu, pour ne que faire qu’un en Jésus ressuscité !

Sainte Catherine de Sienne avec Jésus. Rome.

 

03 mai 2020

Que celui qui sent l’appel de Dieu dans son cœur ne l’étouffe pas. S’il pense qu’il en est indigne, il a bien raison, mais Jésus est digne de l’appeler. Qu’il se laisser guider par Jésus le Bon Berger ! Qu’il n’hésite pas à passer Jésus, la Porte qui conduit à l’amour du Père.
Que celui qui estime honorer et rendre un grand service à l’Eglise en entrant au séminaire ou dans une congrégation, reste chez lui. L’Église n’a pas besoin d’hypocrites mais des pécheurs pardonnés, témoins de la miséricorde de Dieu et au service du Christ Jésus.

Le père Pedro Arrupe S.J. (+1991), ancien général de la Compagnie de Jésus, donnait déjà ce discernement dans une interview du journal L’Avvenire sur les conseils à donner à un jeune qui voudrait devenir jésuite : « Ne viens pas si tu penses aider la Compagnie » .

Chez saint François d’Assise, l’amour pour le Christ s’exprima de manière particulière dans l’adoration du Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. Dans les Sources franciscaines, on lit des expressions émouvantes, comme celle-ci: « Toute l’humanité a peur, l’univers tout entier a peur et le ciel exulte, lorsque sur l’autel, dans la main du prêtre, il y a le Christ, le Fils du Dieu vivant. O grâce merveilleuse! O fait humblement sublime, que le Seigneur de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie ainsi au point de se cacher pour notre salut, sous une modeste forme de pain » (François d’Assise, Ecrits, Editrice Francescane, Padoue 2002, 401).

Vivons maintenant, grâce à la vocation des prêtres, ce grand mystère de l’eucharistie : Dieu en nous, nous en Dieu, pour ne que faire qu’un en Jésus ressuscité !

Photos : Fra Angelico. Florence (Italie).

 

3 mai 2020
Jésus, porte du bercail et bon pasteur (Jean 10, 1-10)

 

Les vrais pasteurs entrent par la porte, les voleurs escaladent le mur, et ainsi la porte du bercail devient l’indice des bons pasteurs.

Jésus dit donc : « C’est moi qui suis la porte des brebis. » Avant lui, personne n’avait passé par cette porte ; ceux qui sont venus étaient des larrons, aussi les brebis ne les avaient pas écoutés. D’autres viendront en passant par lui, la vraie porte, qui conduiront les brebis aux pâturages. On ne pouvait méconnaître dans ces derniers les disciples de Jésus, qui croiraient en lui et enseigneraient sa doctrine.

(extraits de L’Évangile de Jésus Christ par le père Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, 2017.)

Écho de notre page Facebook : avril 2020

29 avril 2020

Belle fête de sainte Catherine de Sienne (+29 avril 1380), apôtre de la miséricorde qui a accompagné de sa prière et de son amour fraternel un condamné à mort , Niccolo di Tuldo.

Avec ma prière au Seigneur. Fr. Manuel.

Photos: Sainte Catherine de Sienne. Siena. Peintre : Le Sodoma.

 

 

 

29 avril 2020
« Voici l’homme ! »
De l’homme « crustacé » à l’homme qui protège et fait grandir la vie
Fr. Manuel Rivero O.P.

« Voici l’homme !» (Jn 19,5), s’était exclamé Pilate le Vendredi saint. Il ne pensait pas si bien dire. Couronné d’épines, son corps déchiré par les coups de fouet des soldats romains, Jésus manifeste la puissance fidèle de Dieu dans l’amour et la vérité.
« Voici l’homme ! » Cette déclaration prophétique de Pilate interpelle l’homme contemporain. Qu’est-ce qu’un homme ? Où se trouve la grandeur de l’homme ? Tout au long de l’histoire de l’humanité, les peuples ont célébré les héros qui ont versé leur sang pour Dieu, pour la patrie, pour défendre la justice et les faibles … L’Église célèbre avec éclat ses martyrs. Le plus grand des martyrs est Jésus, le témoin fidèle de Dieu.

Pilate a eu raison de dire à la foule « Voici l’homme ! » En effet, Jésus est l’homme parfait qui a donné sa vie pour sauver l’humanité.
Le philosophe français, Blaise Pascal (†1662) a écrit : « Le propre de la puissance est de protéger ». La puissance de l’homme se manifeste dans la protection de la vie.

La femme a connu des évolutions et des révolutions qui ont modifié considérablement son statut social et sa mentalité. Elle ne votait pas, maintenant elle assume les plus hautes responsabilités dans l’État. Elle restait souvent à la maison accomplissant un véritable labeur de gestion et d’éducation des enfants, maintenant elle assume et le travail professionnel et la prise en charge de la maison et des enfants. Elle dépendait de l’homme dans sa vie sexuelle et pour la maternité, maintenant elle décide d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants et de gérer sa sexualité sans lien direct avec la maternité. Il arrive que l’homme demande dans le couple à avoir un enfant et la femme refuse. La femme peut aussi vivre la maternité sans mener une existence conjugale par les techniques artificielles de fécondation. Il arrive que des femmes déclarent ouvertement : « Nous allons prendre le pouvoir. »

En revanche, l’homme continue son travail, sa vie sexuelle et sa participation à la politique comme les siècles précédents.
Il ne se passe pas un jour sans que les moyens de communication sociale racontent des faits de violence conjugale qui peuvent aller jusqu’au meurtre.

Comment dépasser les rapports de domination qui ne conduisent qu’au malheur ? Comment harmoniser les relations homme et femme et sur quelles valeurs ? En quoi consiste le pouvoir et la force ? Quel est le but de l’existence ?

Ces questions ne sont pas inutiles. Elles s’avèrent même indispensables.

Quel est l’image de l’homme aujourd’hui ? Quelle est son identité ?

La publicité et les films nous montrent un idéal masculin qui repose sur l’avoir : des richesses, le pouvoir, la musculation, des tatouages, des vêtements et des voitures de luxe … Tout cela constitue des moyens. Les médias exaltent aussi l’image de l’homme séducteur, fêtard, avec la mentalité d’un adolescent qui ne s’engage pas et qui critique tout sans construire grand-chose. Parmi ces exemples, il y a James Bond. Image affligeante d’un irresponsable stérile.

Où se trouve donc le sens de la vie de l’homme ?

« Voici l’homme ! » Jésus représente la perfection de la masculinité, pleinement homme et pleinement Dieu. Jésus est l’homme qui est allé le plus loin dans l’amour des autres parce qu’il est allé le plus loin dans sa relation à Dieu le Père. Comme la croix comporte une dimension verticale vers le Ciel et une dimension horizontale, ainsi l’homme trouve son équilibre et sa perfection dans la relation verticale avec Dieu et dans la relation horizontale avec ses frères et ses sœurs en humanité.

Le saint pape Jean Paul II nous a donné une belle formule pour le mystère de Jésus qui éclaire le mystère de tout homme : « Jésus est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme. » (Ecclesia in America, n° 67). L’homme a une vocation à partager la vie de Dieu et à protéger la vie du prochain.

Le philosophe italien Jules Evola a parlé de l’homme « crustacé » pour évoquer la dureté extérieure et la mollesse intérieure qui peuvent menacer l’homme. D’ailleurs, plus l’homme sent sa faiblesse et plus il fait montre de force et l’inverse. Comme dit le proverbe : « Dis-moi de quoi tu te vantes et je te dirai ce qui te manque ! ».

Il convient de parler de la virilité spirituelle, de cette force d’âme au service de la vie sans peur ni mollesse. D’ailleurs la virilité spirituelle est vécue par des femmes qui aiment de manière désintéressée en faisant face à de nombreuses épreuves et souffrances pour protéger la vie.

L’homme aime les défis que ce soit dans le sport, dans la politique, dans l’économie ou dans l’amour. Aujourd’hui, l’homme à un défi à relever pour harmoniser les relations familiales dans la force de l’amour et de la vérité.

L’historien anglais Arnold Joseph Toynbee (†1975), après avoir étudié l’histoire des civilisations, est arrivé à la conclusion que les civilisations naissent en réponse à un défi. Des « minorités créatrices » apportent alors une vision et elles conçoivent des plans d’action pour l’ensemble de la société. Les civilisations déclinent quand le défi disparaît. D’où sa phrase lapidaire : « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. »

L’Église catholique a aussi un défi à relever dans la pastorale des hommes. Ils sont rares dans les églises par rapport au nombre de femmes. Pourquoi ? Pour quel motif les hommes ne sont-ils pas attirés par la prière communautaire et la catéchèse ? Faut-il renouveler la pastorale et la spiritualité masculine ?

Dans son Exhortation apostolique catholique aux hommes, mes fils spirituels du diocèse de Phoenix , datée du 29 septembre 2015, Monseigneur Thomas J. Olmsted, évêque de Phoenix (États-Unis), analyse l’évolution de l’identité masculine et il propose des pistes pour un renouveau de l’évangélisation de l’homme et de sa mission dans l’Église.

Chaque diocèse gagnerait à contextualiser la réflexion sur le plan local.

Les jeunes garçons ont besoin de « tuteurs » pour grandir dans la droiture aussi bien dans les quartiers que dans les paroisses.
Certaines activités peuvent être vécus entre hommes. Nous avons des exemples dans le pèlerinage des pères de famille, ou dans le cycle de formation biblique à l’île Maurice « Jésus, vrai homme ».

Il faudrait aussi travailler l’image de l’homme dans le cœur des femmes et des enfants. Je me souviens de cet enfant qui disait en catéchèse, probablement en reprenant des propos de sa mère : « Les hommes, on n’en a pas besoin ! » Déclaration qui renvoyait à des souffrances : alcoolisme, irresponsabilité, violences, infidélité …

Des études statiques récentes en Martinique signalaient que 60% d’enfants grandissaient sans père. L’absence du père a des conséquences négatives profondes sur l’enfant. La mère doit accomplir les rôles du père et de la mère.

En prison, des personnes détenues avouent toujours souffrir de l’absence du père : « Je n’ai jamais appelé un homme en lui disant ‘papa’ ».
« Voici l’homme Jésus ! » Il est le modèle de masculinité réussie !

Image : Christ. Corse.

 

29 avril 2020
Les femmes, apôtres des apôtres
Fr. Manuel Rivero O.P.

Les évangiles accordent la première place aux femmes dans les récits des apparitions pascales. Elles sont les premières à se rendre au tombeau de Jésus alors que soleil commence à peine à poindre (cf. Mt 28,1s ; Jn 20,1). Dans ce passage de la nuit à l’aurore, les femmes disciples de Jésus vont recevoir la lumière du Christ ressuscité et leur cœur sera rempli de joie : « Réjouissez-vous » (Mt 28,9).

Jésus apparaît en premier à Marie Madeleine (cf. Mc 16,9 ; Jn 20,15s). La femme blessée, torturée par les démons. Le chiffre de sept démons, expulsés par Jésus, manifeste la plénitude du mal à l’œuvre dans le corps et dans l’âme de Marie Madeleine. Elle est choisie, par Jésus ressuscité, pour porter la bonne nouvelle de sa victoire sur la mort aux apôtres sceptiques, lents à croire. Là où le péché avait abondé, la grâce pascale va surabonder. Marie Madeleine devient alors la femme nouvelle, la Nouvelle Ève, qui rayonne la vie de Dieu. C’est à juste titre qu’elle est aussi appelée « apôtre des apôtres ».

L’homme contemporain, souvent agnostique, aurait tort d’imaginer que les contemporains de Jésus croyaient sans peine aux discours religieux. Les évangélistes, comme saint Marc, ne cachent pas le refus de croire des apôtres aux témoignages des femmes, qui rentrent après avoir vu le tombeau vide et rencontré vivant Jésus le crucifié.

Les évangiles mettent en lumière la foi et la fidélité des femmes à l’égard de Jésus. Alors que Judas a vendu son maître et que Pierre l’a renié devant une servante du grand-prêtre, Marie Madeleine et les autres femmes disciples de Jésus l’ont suivi jusqu’au Calvaire. Bouleversées, ne pouvant pas dormir, elles se sont levées dans la nuit pour honorer le sépulcre de celui qui les a libérées du mal et introduites dans l’amour de Dieu, Jésus.

La Vierge Marie, la Mère de Jésus, ne figure pas dans les récits des apparitions pascales. Cela ne veut pas dire que son Fils ne lui soit pas apparue. Saint Vincent Ferrier O.P. (†1419), saint Ignace de Loyola (†1556), le père Marie-Joseph Lagrange O.P. (†1938) et le saint pape Jean-Paul II (†2005), ont pensé dans la lumière de la foi et de la prière que Jésus était apparu à sa Mère mais que cette apparition relevait du secret de Dieu. Le père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, a écrit dans son « Évangile de Jésus-Christ » que Jésus était apparu en premier à sa mère.

Le théologien H.U. von Balthasar (†1988) avait déclaré : « Marie est ‘la Reine des apôtres’, sans revendiquer pour elle les pouvoirs apostoliques. Elle a autre chose et beaucoup plus. » (Lettre apostolique Mulieris dignitatem en 1988 de Jean-Paul II, note 55).
La femme, sanctuaire de la vie, a bénéficié la première des apparitions de Jésus. Par leur témoignage de foi, Marie Madeleine et les autres femmes, disciples de Jésus, ont fait resplendir la lumière du Christ dans le cœur de ceux qui ont accueilli avec foi leur message.
Dans la Bible, les femmes juives ne sont pas prêtresses mais prophètes. Inspiré par l’Esprit de Dieu, le prophète annonce la volonté de Dieu. La Vierge Marie est prophète. Marie Madeleine est aussi prophète.

Jésus ressuscité accorde la maternité spirituelle aux femmes qui deviennent apôtres, c’est-à-dire envoyées : « Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. », déclare Jésus à Marie Madeleine (Jn 20,17) qui prêchera les merveilles de Dieu aux apôtres.

N’oublions pas que dans les canons eucharistiques, une femme, la Vierge Marie, est toujours citée en premier, avant les apôtres, les martyrs et tous les saints. La Vierge Marie a reçu la grâce des commencements dans le mystère du Salut. Elle est la première chrétienne, la première Église, présente aux noces de Cana, sur le Calvaire et dans la « chambre haute » lors de la Pentecôte. La Vierge Marie est « Femme » et « Mère ».

La vie de l’enfant commence dans le sein de la femme, sa mère. Dieu a voulu aussi que la vie de la foi commence et s’épanouisse dans la prière et le témoignage des femmes.

Le Nouveau Testament signale la maternité spirituelle des femmes chrétiennes. Par exemple, saint Paul rappelle à son disciple bien-aimé, Timothée la foi de sa grand-mère, Loïs, et de sa mère Eunice (2 Tm 1,5).

Si nous pensons à La Réunion, nous pouvons nous réjouir de la foi des femmes, des mères et des grands-mères. Ce sont souvent elles qui transmettent l’Évangile et qui apprennent à prier aux enfants.

En ce moment où le monde souffre des confinements et de la pandémie, les bâtiments des églises sont fermés mais les « églises domestiques » vivent plus que jamais, c’est-à-dire les familles chrétiennes se rassemblent dans la prière et le partage de la Parole de Dieu.
En prison, les personnes détenues évoquent régulièrement le témoignage reçu dans la famille.

La femme chrétienne a reçu une vocation et une mission : la maternité spirituelle.

Qu’il est beau et fécond de recevoir un témoignage de foi et de prière de la part de sa mère ou de sa grand-mère. Personnellement, je me souviens d’une prière récitée par ma mère vers la fin de sa vie. Prière poétique qu’elle connaissait par cœur et qu’elle reprenait à demi-consciente dans l’épreuve de la maladie.

Saint Thomas d’Aquin (†1274), le grand docteur de l’Église, rappelle la mission des parents dans sa dimension corporelle et spirituelle qu’il compare au ministère des prêtres : «Certains propagent et entretiennent la vie spirituelle par un ministère uniquement spirituel, et cela revient au sacrement de l’ordre ; d’autres le font pour la vie à la fois corporelle et spirituelle, et cela se réalise par le sacrement de mariage, dans lequel l’homme et la femme s’unissent pour engendrer les enfants et leur enseigner le culte de Dieu » (S. Thomas d’Aquin, Summa contra Gentiles, IV, 58 ; cité par le saint pape Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio en 1981).

Dieu a accordé à la femme une grâce particulière, « le génie féminin », selon l’expression de Jean-Paul II dans sa Lettre aux femmes (n°10), datée du 29 juin 1995. Cette grâce féminine se déploie de manière complémentaire et réciproque avec la grâce masculine : « Le féminin réalise l’« humain » tout autant que le fait le masculin, mais selon une harmonique différente et complémentaire » (Lettre aux femmes, n°7).

Saint Jean-Paul II enseignait que Dieu avait confié l’homme à la femme dans cette grâce féminine qui comprend la maternité spirituelle (cf. Mulieris dignitatem, n°30).

Les religieuses qui renoncent à la maternité physique pour le Royaume des cieux reçoivent en abondance cette grâce de la maternité spirituelle. Nous le constatons particulièrement dans l’éducation. Je pense aux filles, élèves des sœurs de Saint-Joseph de Cluny à Port-au-Prince, qui vénéraient les sœurs éducatrices.

Dans ses notes personnelles prises au cours de la retraite spirituelle annuelle en 1963, le saint pape Jean-Paul II écrit : « L’Église — le Corps mystique de Jésus —, c’est comme une « esse ad Patrem » (être vers le Père) sociale. Les sœurs, qui choisissent le Christ comme époux à travers les vœux, entrent de façon particulière dans ce « esse ad Patrem », non seulement personnellement, mais en marquant ainsi une certaine empreinte de ce « esse » (être) sur toute la vie sociale. D’où leur grande utilité pour l’Église et dans l’Église. Elles forment d’une certaine façon, sa colonne vertébrale. »

À La Réunion, les religieuses forment cette « colonne vertébrale » de l’Église. Les sœurs de Saint-Joseph de Cluny et les Filles de Marie ont marqué des générations d’enfants et de jeunes les tournant « vers le Père de Jésus ».

Sœur Inès de Jesús (†1993), moniale dominicaine du monastère de Caleruega (Espagne), berceau de saint Dominique, a évoqué dans son Journal spirituel inédit « la déchirure » de l’âme dans sa maternité spirituelle. Il y a la déchirure physique de l’accouchement et la déchirure spirituelle dans l’accouchement des âmes à la vie de Dieu.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24), enseigne Jésus dans cette image qui annonce sa mort et sa résurrection.

Les femmes, qu’elles soient célibataires, mères de famille ou religieuses, ont reçu cet appel à transmettre la grâce pascale à travers leur prière, leur témoignage d’amour et leurs enseignements.
Rendons grâce à Dieu pour ces merveilles !

Image : sainte Marie Madeleine. Brea.

 

29 avril 2020
Sainte Catherine de Sienne, † 1380
Tertiaire dominicaine et Docteur de l’Église

16 août 1880, le père Lagrange, qui avait une dévotion pour Sainte Catherine de Sienne, écrit dans son Journal spirituel :
« Être humble et pacifique : j’ai manqué à ces deux points en promenade. »
Puis, il cite une pensée de Ste Catherine de Sienne (Lettres, Cartier, 2, 118) :

« L’humble, continuelle et fidèle prière. Cette prière est une mère, tout embrasée et enivrée du Précieux Sang ; elle nourrit les vertus sur son sein. »

Photo : Sainte Catherine de Sienne (détail) par Rutilio Manetti (1630)

 

 

Dimanche 26 avril 2020
Fractio panis (Luc 24, 35)
Ils reconnaissent Jésus à la fraction du pain
Nous retrouvons en ce dimanche, dans l’évangile de saint Luc 24, 13-35, les pèlerins d’Emmaüs à partir d’un extrait du commentaire du P. Lagrange insistant particulièrement sur la reconnaissance de Jésus au moment de la fraction du pain :

Il semble que Luc ait voulu montrer dans les apparitions une sorte de « crescendo », Jésus ayant daigné dans sa Sagesse préparer les disciples à une révélation aussi extraordinaire, en leur laissant l’occasion d’en mesurer pour ainsi dire la réalité. Les disciples d’Emmaüs le reconnaissent à la fraction du pain, mais ne le voient pas manger ; il mangera plus tard. Aussi insistent-ils sur la « fraction du pain (verset 35) ». Pour donner à ce mot le sens précis, il suffit de supposer que Jésus avait sa manière à lui de rompre le pain après l’avoir béni, manière que les siens connaissaient. D’après saint Cyrille d’Alexandrie (commentaire syriaque et « Catena ») les yeux des disciples furent ouverts après que l’enseignement eût éveillé la foi. Après tout ce que le Christ avait dit, le voyant agir comme autrefois, le retrouvant dans un geste consacré, ils le reconnurent. […]

L’importance de l’événement est telle que les deux disciples, renonçant au repos qu’on goûte si volontiers quand on est rentré chez soi, partent à l’heure même pour informer les Apôtres, qu’ils espèrent rencontrer encore à Jérusalem. Et de fait tout le groupe est réuni. […] Ce sont donc bien les autres disciples qui probablement aux premiers mots des deux disciples répondent qu’en effet le Seigneur est bien ressuscité et qu’il a apparu à Simon, c’est-à-dire à Pierre. […]

Sur la « fractio panis ». On ne peut nier que ce terme n’ait ici quelque chose de mystérieux. En tout cas on ne saurait l’expliquer comme notre locution vulgaire : casser une croûte.

(M.-J. Lagrange des Frères Prêcheurs, extrait de son commentaire dans L’Évangile selon saint Luc, « coll. Études bibliques » 5e édition, Lecoffre-Gabalda, 1941.)

Photo : Christ and pilgrims of Emmaus-Diego Velazquez(c. 1620)Metropolitan Museum of Art, NY.

 

Prédication pour la fête de saint Marc, le 25 avril 2020
Monastère des moniales dominicaines (Saint-Denis/La Réunion. France).
Fr. Manuel Rivero O.P.
Qui est l’auteur de la Bible ? La foi chrétienne précisée dans le catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’auteur de la révélation biblique est le Saint Esprit. Pourtant nous reconnaissons chaque évangéliste comme auteur de son œuvre. Saint Marc en est un. Il est l’artisan du deuxième évangile, c’est-à-dire, le Saint Esprit l’a inspiré dans sa culture, dans sa langue, sans ses pensées et dans sa prière, dans son émotivité et dans son travail …
Pour la foi chrétienne, Dieu ne se révèle pas dans une dictée. Nous ne sommes pas non plus une religion du Livre mais la religion du Verbe vivant !
Guidé par le Saint Esprit, saint Marc a fait œuvre de théologien et de prédicateur. À partir des prédications des apôtres, des récits des enseignements et des miracles de Jésus transmis de manière orale, saint Marc a bâti un Évangile qui semble s’adresser aux païens, non Juifs hors de Palestine et notamment à Rome. Il traduit les noms araméens pour que les païens les comprennent.
Dans sa pédagogie, saint Marc a développé son enseignement sur Jésus-Christ, Fils de Dieu, autour de la question « Qui donc est cet homme ? ». Qui est cet homme qui commande aux vents et aux vagues de la mer, qui agit avec autorité sur les démons et qui guérit les malades ? Qui est ce prophète qui manifeste le mystère de Dieu avec autorité ? Qui est cet homme qui affronte la mort dans l’amour et qui ressuscite ?
La tradition de l’Église dans l’enseignements des évêques et des docteurs a vu en saint Marc l’interprète de la prédication de saint Pierre à Rome. Marc ou Jean-Marc serait originaire de Jérusalem, compagnon de Paul, de Barnabé et de Pierre à Rome. Son Évangile qui insiste sur la nécessité de porter la croix à la suite de Jésus pourrait concerner les chrétiens persécutés par l’empereur romain Néron après l’année 64.
Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour notre vie spirituelle ? Tout d’abord, Dieu aime l’unité mais non l’uniformité. Nous avons quatre évangiles et non un seul. Saint Marc fait partie des évangiles synoptiques -Matthieu, Marc et Luc- qui comportent beaucoup de récits communs.
Dieu aime le pluralisme théologique et spirituel. Le poète espagnol Léon Felipe, mort exilé au Mexique en 1968, a partagé son expérience de Dieu dans ce poème : « Nadie fue ayer, ni va hoy, ni irá mañana hacia Dios por este mismo camino que yo voy. Para cada hombre guarda un rayo nuevo de luz el sol y un camino virgen Dios. », que je traduis de manière assez littérale : « Personne n’alla vers Dieu hier, ni va aujourd’hui ni ira demain sur ce même chemin où je vais. Chaque matin, pour chaque homme, un nouveau rayon de lumière lui est donné par le soleil et un chemin virginal par Dieu. »
Retenons que chacun va à Dieu par un chemin virginal. Un proverbe dit que « les comparaisons sont odieuses ». Cela s’avère juste aussi dans la vie spirituelle.
Un autre enseignement : Dieu se révèle petit à petit dans le temps et à travers les événements du quotidien. Saint Marc a probablement écrit trente ans après la mort et la résurrection de Jésus. La tradition orale l’emportait sur les écrits. Les apôtres venant à mourir martyrs, il fallait mettre par écrit leur enseignement pour faire connaître Jésus aux Juifs et aux païens, dans le monde entier.
Nous n’avons pas le manuscrit original de l’Évangile selon saint Marc. Nous en avons des copies d’où la critique textuelle, la critique littéraire, l’étude exégétique et théologique de ce texte évangélique.
Lors de son discours d’inauguration de l’École biblique de Jérusalem le 15 novembre 1890, le père Marie-Joseph Lagrange avait déclaré : « Dieu a donné dans la Bible un travail interminable à l’intelligence humaine et, remarquez-le bien, il lui a ouvert un champ indéfini de progrès dans la vérité. » Magnifique ! Le chrétien ne croit pas parce que c’est absurde mais parce qu’est lumineux, raisonnable et plus que raisonnable, surnaturel, divin. La foi chrétienne ne pousse pas au suicide de l’intelligence mais elle appelle la raison à se mettre au service de la foi : « Je crois pour comprendre et je comprends pour croire », enseigne saint Augustin.
Question : quel temps consacrons-nous à l’approfondissement de notre foi ? Nous nous plaignons souvent de ne pas avancer dans la relation avec Dieu. Mais demandons-nous : est-ce que j’utilise ma matière grise et mon temps pour grandir dans l’intelligence de la foi ? Le père Lagrange l’a bien dit : « Dieu nous a donné un champ infini de progrès dans la vérité. » Il s’agit de progresser dans la Vérité de Dieu. Nous connaissons mieux Dieu aujourd’hui qu’il y a deux mille ans. Ce progrès passe aussi par l’exégèse, c’est-à-dire par l’étude et l’interprétation des textes bibliques qui ressemblent à une source d’eau vive dont nous ne prenons que quelques gorgées.
Le père Lagrange montrait aussi la voie dans ce discours inaugural en disant : « La vérité révélée ne se transforme pas, elle grandit. […] C’est un progrès, parce que les acquisitions nouvelles se font sans rien enlever aux trésors du passé. Aussi l‘histoire de l’exégèse est-elle la plus belle des histoires littéraires. » Le père Lagrange aimait l’Évangile selon saint Marc qu’il avait choisi de commenter en premier avant tous les autres évangiles.
Nous entendons dire souvent : « un tel est intelligent ». Nous avons à répliquer : « intelligent en quoi ? » Il y en a qui sont intelligents pour l’industrie et le commerce mais incapables d’éduquer leurs enfants. Il y en a qui sont scientifiques ou professeurs mais inaptes à l’heure de construire leur vie de couple.
Il y a une intelligence de la foi. Qu’en faisons-nous ? Sommes-nous des schizophrènes ? Nous utilisons notre raison et notre temps pour l’économie et les loisirs tandis que notre vie religieuse ressemble à un jardin abandonné sans intelligence ni beauté.
La fête de saint Marc nous invite à investir du temps et le meilleur de notre capacité d’apprendre pour entrer dans le mystère Jésus-Christ, où se trouvent cachés tous les trésors de la connaissance et de l’amour de Dieu ainsi que de l’identité de l’humanité appelée à partager la vie de Dieu en Jésus ressuscité.
Pour saint Marc, l’avènement de Jésus Messie, Fils de Dieu, représente l’aboutissement de l’histoire du monde et le commencement de la nouvelle création. En Jésus s’accomplissement les promesses faites à Abraham et les prophéties de l’Ancien Testament. En Jésus, Dieu nous a tout dit et de manière définitive. La révélation est désormais close. Les apparitions et les grâces particulières ne font que confirmer l’enseignement de Jésus dans l’Évangile.
Nous n’avons pas à courir derrière de nouvelles prophéties, enseigne le grand docteur de l’Église saint Jean de la Croix (+1591), ce serait un péché de manque de foi qui équivaudrait à dire que Jésus ne nous a pas sauvé par sa mort et par sa résurrection et que sa révélation du Père était insuffisante.
Jésus n’est pas un prophète parmi les prophètes ou un prophète qui pourrait être dépassé par un autre prophète. Saint Marc met en lumière dès le premier verset de son Évangile la nouvelle création qui commence avec Jésus Messie, Fils de Dieu. Nul ne va à Dieu sans passer par Jésus.
Ce serait un retour en arrière, une régression dans la révélation, que de ne pas voir dans le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, dans sa mort et dans sa résurrection le sommet et la source du Salut de l’humanité, pour nous contenter de la foi d’Abraham ou d’autres prophètes.
L’eucharistie que nous célébrons maintenant va nous plonger dans le mystère de l’Amour de Dieu manifesté en son Fils bien-aimé, Jésus-Christ.
Demandons au Seigneur Jésus, la grâce de l’intelligence de la foi. Saint Marc n’a pas hésité à montrer Jésus en croix, portant le péché du monde, son corps imbibé du refus de croire des hommes à l’image d’une éponge qui absorbe le mal de l’humanité pour l’en délivrer : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais Dieu le Père n’a pas abandonné son Fils. Il l’a relevé le troisième jour par la puissance de son Esprit de sainteté.
Saint Marc n’hésite pas non plus à montrer la dureté du cœur des apôtres « lents à croire » en la résurrection de Jésus. L’évangéliste ne manipule pas les faits ni les textes pour faire croire en un événement faux, comme l’aurait fait un faux prophète.
L’amour de Jésus vainqueur de la mort l’emporte dans la rencontre avec ses disciples. Ils passent du deuil à l’allégresse pascale, des doutes au témoignage.
Dans la lumière de la résurrection de Jésus, le Chemin de croix devient un Chemin de lumière, le Via Crucis est transformé en Via lucis, la croix est devenue le pont qui conduit au Père.
Jésus qui avait crié sur la croix « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » est maintenant assis à la droite du Père. Il partage la gloire de son Père, nous préparant une place à nous qui sommes ses frères et ses sœurs, fils et fils de Dieu, dans la lumière de la Résurrection. Alléluia !

 

25 avril 2020 : Bonne fête à tous les Marc et les Jean-Marc !
Saint Marc l’Évangéliste

Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel 1879-1932, Cerf, 2014, p. 377 :
[…] le contact avec Dieu… c’est le mystère de la vie… sur cette vie naturelle Dieu a greffé une vie surnaturelle… c’est un germe ; qu’y a-t-il de plus mystérieux qu’un germe : la parabole de Marc… l’homme a semé… et la moisson se prépare… Oui, c’est la foi qui s’affermit, c’est l’espérance, irritée par le voile, qui soupire… c’est la charité envers Dieu et le prochain… par l’union…

M.-J. Lagrange des Frères Prêcheurs, L’Évangile selon saint Marc, 4e édition, Lecoffre, 1935 :
Chacun des évangélistes a son symbole. Celui de Marc est le lion, parce que son évangile débute par la mission de saint Jean-Baptiste, dont la voix retentit comme celle du lion au désert.

 

22 avril 2020
La lumière de la foi

« Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, afin que ses œuvres ne soient pas connues pour ce qu’elles valent ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, de façon que ses œuvres soient manifestées comme faites en Dieu (Jean 3, 20-21). »

Ceux qui font le bien agissent en Dieu, c’est-à-dire en vue de lui, en contact avec lui, comme enveloppés de lui et par conséquent sous son impulsion. Ceux-là vont vers la lumière, c’est-à-dire vers une connaissance plus intime de Dieu : principe fondamental de la mystique chrétienne (M.-J. Lagrange o.p. L’Évangile selon Saint Jean, 1936).

 

Photo : Maïté Roche. Prière.

 

 

 

19 avril 2020
Dimanche de la Divine Miséricorde

Thomas lui répondit et lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu tu as cru ? heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru (Jean 20, 28-29). »

Jésus avait fait connaître sa nature divine, mais personne encore dans l’évangile ne lui avait donné ce titre, qu’il avait revendiqué mais non pas sous ce terme exprès. Il jaillit de l’évidence de la résurrection, et sur les lèvres de l’incrédule Thomas tout le premier. (…) Ce n’est pas un doute, c’est un sourire qui répond à la stupeur de Thomas, de croire au témoignage d’autres disciples. La Résurrection devait être constatée, non par tous, mais par des témoins choisis (Actes 2, 32 ; 10, 40, etc.).

(M.-J. Lagrange, o.p., Évangile selon Saint Jean, 1936, p.518.)

« Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Éternel, prends pitié de nous et du monde entier. »

Photo : Saint Thomas, apôtre. Anonyme (17e-18e). Musée diocésain de Monzón-Archidiocèse de Saragosse. Le saint est représenté portant dans une de ses mains la lance de son martyre et son doigt montre un fragment du Credo en latin.

 

16 avril 2020
Le retour des disciples d’Emmaüs et apparition de Jésus aux apôtres et aux disciples (Jean 24, 35-48)

(45) « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. (46) Il leur dit : ‘Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, (47) et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. (48) À vous d’en être les témoins (Luc 24, 45-47)’ ».

 

Nous pouvons lire dans le commentaire du P. Lagrange  :

(45) On emploie volontiers l’intelligence, au sens métaphorique, ce qui se dit de la vue au sens propre. Ouvrir les yeux permet de voir, ouvrir l’esprit ou le cœur (selon l’usage hébraïque) c’est faire comprendre ; cf. Actes 16, 14 ; 2 Maccabés 1, 4.

(46) Jésus apparaissant ressuscité, sa résurrection est évidente par elle-même, et n’a pas besoin d’être prouvée par l’Écriture : 1° relativement au Christ ; 2° relativement à l’œuvre qui doit être accomplie en son nom, mais par d’autres. On est étonné de trouver dans une phrase tout ce merveilleux secret, sur lequel les Juifs peinent encore. Dès le premier jour la pensée chrétienne recevait son orientation définitive. La part du Christ, c’était de souffrir, mais comme Christ il devait ressusciter ; ce qui eut lieu le troisième jour. Dans cette déclaration du sens général de l’Écriture, il n’y a pas à chercher si elle a précisément prédit la résurrection le troisième jour, du moins de façon littérale précise […]

(47) La seconde révélation n’est pas moins étonnante. Le Christ victorieux, auquel Dieu promis les nations en héritage, disparaît presque de la scène du monde ; cependant si les nations doivent être invitées à se repentir en son nom, c’est qu’elles obtiendront le pardon à cause de ses souffrances (Jean 22, 19 s.). Les deux points sont développés dans le discours de Paul à Antioche de Pisidie (Actes 13, 26-41) […]

(48) C’est une phrase distincte, le témoignage s’appliquant avant tout aux faits dont l’Écriture indiquait d’avance la réalité divine. (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon Saint Jean, 1941, p. 614-615.)

Photo : Le repas de Jésus avec ses disciples au retour d’Emmaüs-Duccio di Buoninsegna (détail de la maesta-1308-Musée de l’œuvre de la Cathédrale-Sienne)

 

12 avril 2020

Joie pascale en ce dimanche de Lumière! Avec ma prière. Fr. Manuel.

Résister, résilience et résurrection
Prédication pour la Veillée pascale 2020

« O nuit, plus belle que le jour,
O nuit, plus lumineuse que le soleil,
O nuit, plus blanche que neige,
Plus brillante que nos flambeaux,
Plus douce que le paradis ».
C’est ainsi qu’un évêque du IVe siècle dans l’actuelle Turquie chantait le mystère de la nuit pascale qui a vu resplendir dans le ciel la lumière du Christ ressuscité.
Toutes les nuits de l’histoire du monde convergent vers la nuit pascale. Nuit de la création éclairée par le soleil. Nuit de la libération de l’esclavage d’Egypte lors de l’exode. Nuits des priants qui veillaient jusqu’à l’aurore. Nuit des bergers revêtus de la clarté de la gloire de Dieu à Noël. Nuit de la tempête déchaînée au cours de laquelle Jésus a marché sur les eaux du lac de Tibériade. Nuit de la trahison de Judas. Nuit du reniement de Pierre. Nuit de garde à vue de Jésus dans la maison du grand-prêtre. Nuit d’ensevelissement de Jésus le Vendredi Saint. Nuit de Pâques !
« Ceux qui sèment dans les lames moissonnent en chantant » (Psaume 126,5), prie le psalmiste. Après les angoisses de la nuit arrive la joie de l’aurore. La Vierge Marie brille dans l’Église comme la femme de l’espérance qui attendu la résurrection de son Fils Jésus dans la lumière intérieure de la foi.
Benn, le peintre d’origine russe, nous a légué un riche héritage spirituel en représentant de manière symbolique les Psaumes. Il a excellé dans la présentation des Psaumes où le croyant a connu les ténèbres et la peur de la mort. Dans ses tableaux, la lumière naît de la nuit, la joie trouve ses racines dans la douleur : « Au soir les larmes, au matin les cris de joie » (Psaume 30). Benn avait vécu caché dans un sous-sol à Paris pendant la guerre. Dans les profondeurs sans lumière il a compris la force de Dieu qui fait passer de l’obscurité à la clarté de la résurrection.
En cette nuit pascale, nous pensons aux chrétiens persécutés dans le monde, obligés de se cacher ou de subir la prison et la violence. « Le sang des martyrs, semence des chrétiens », enseignait Tertullien. L’an dernier, lors du chapitre général de l’Ordre des prêcheurs célébré au Vietnam, les frères dominicains arrivés des cinq continents ont été émerveillés par la jeunesse et le dynamisme des chrétiens vietnamiens : des milliers de jeunes séminaristes de jeunes religieuses, des églises combles pour les messes. Ces fidèles sont les fils spirituels des martyrs. D’ailleurs, les chrétiens proviennent de la région du nord du Vietnam qui connut la persécution la plus cruelle. Le frère Valentin de Berriochoa, dominicain évêque et martyr au Tonkin dans le nord du Vietnam, en est un exemple. Il a été ordonné évêque à quatre heures du matin, dans la nuit. Sa crosse était une canne de bambou et sa mitre était en carton. À peine ordonné évêque, le nouvel évêque ordonnait parfois son successeur pour ne pas laisser l’Église sans pasteur lors des persécutions.
Aujourd’hui, ceux qui souffrent la maladie du coronavirus avec foi et toux ceux qui se dévouent à leur service au risque de la contagion, témoignent de la dignité sacrée de la personne humaine. La prière des malades touche le cœur de Dieu et fait jaillir une fontaine de grâces pour l’humanité. Et nous pouvons nous réjouir de voir le corps médical mis en valeur. Dans les médias, ils occupent avec justice la place remplie habituellement par les matchs de football.
Trois mots d’action peuvent éclairer notre temps de confinement : résister, résilience, résurrection.
Résister à la maladie dans la prudence à l’aide des soins médicaux. Les chrétiens ne se résignent pas. Ils se battent pour la vie.
Résilience : apprendre dans la souffrance et la peur pour devenir meilleur. « Tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Romains 8,28), enseigne saint Paul.
Résurrection : accueillir la grâce pascale pour vivre de la vie même de Jésus ressuscité. Passer du repli sur soi au don de notre vie, des ténèbres de l’ignorance à la connaissance de l’amour de Dieu vainqueur de la mort, passer du péché qui nous enferme à la liberté des enfants de Dieu. « Vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 3,1), déclare saint Paul. Dès maintenant, nous participons à la résurrection de Jésus. L’énergie de l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts agit aussi en nous. La résurrection du Christ concerne notre avenir -la mort sera vaincue-, elle regarde aussi notre présent, chacun d’entre nous reçoit une mission à accomplir de la part du Christ Jésus. Si nous venons à échapper à la maladie ce sera aussi un signe que Dieu nous veut vivants pour faire grandir la vie, l’amour et la foi en Dieu.
Le Christ Jésus est ressuscité dans la nuit pour éclairer ceux qui marchaient dans les ténèbres. Il est sorti du tombeau pour que nos esprits s’ouvrent à l’intelligence des Écritures. Il est sorti du tombeau pour que nous sortions des tombeaux du péché. Il est sorti du tombeau afin que nos tombeaux s’ouvrent pour la vie éternelle lors du Jugement dernier.
Ressuscité, Jésus a transformé son tombeau en berceau du Premier-né d’entre les morts, prémices d’une multitude de frères, c’est-à-dire des croyants qui recevront le baptême pour renaître de l’eau et de l’Esprit.
Les chrétiens relient la résurrection de Jésus au baptême qui dans la primitive Église était célébrée la nuit de Pâques :
« Nuit nuptiale de l’Église
Qui fait naître les nouveaux baptisés
Où nous veillons avec les anges.
Nuit pascale, une année attendue. »

Dans la nuit pascale, nous célébrons l’anniversaire de notre baptême, véritable plongeon dans la mort et la résurrection du Seigneur.
Malheureusement cette année il n’y aura pas de baptêmes à Pâques à cause de la pandémie. Mais nous nous réjouissons de notre baptême qui a fait de nous des enfants de lumière. Nous prions aussi pour les catéchumènes et pour tous les chercheurs de Dieu que la grâce de Jésus ressuscité touche au cœur les remplissant de lumière et d’amour. Dans le confinement, l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts n’est pas confiné.
Dans son prologue, saint Jean évangéliste nous révèle que le Verbe venant dans le monde éclaire tout homme (cf. Jn 1,9). La lumière du Christ ressuscité est répandue dans le cœur de tous les hommes d’une manière mystérieuse que seul Dieu connaît mais dont nous voyons les traces dans les témoignages de solidarité, de réconciliation, de pardon, de prière et d’amour.
La nuit de Pâques était la grande fête de la foi de l’Église. C’est pourquoi nous pouvons choisir comme prière pour ce temps pascale le Credo. Saint Augustin prêchait aux catéchumènes et à son peuple d’Hippone, en Afrique du Nord : « Récitez le Credo chaque jour, matin et soir. Récitez-le à vous-mêmes ou plutôt récitez-le à Dieu. Gravez-le bien dans votre mémoire, répétez-le sans cesse, pour ne plus jamais l’oublier.
Ne dites-pas : « Je l’ai récité hier encore, aujourd’hui, tous les jours. Je le sais sur le bout des doigts. » Ne vous habillez-vous pas tous les jours ? Quand vous redites le Credo, vous habillez votre cœur. »
Habillons notre cœur de la lumière du Christ ressuscité !
Fr. Manuel Rivero O.P.

Samedi saint 11 avril 2020

Prédication pour la Veillée pascale 2020

« O nuit, plus belle que le jour,
O nuit, plus lumineuse que le soleil,
O nuit, plus blanche que neige,
Plus brillante que nos flambeaux,
Plus douce que le paradis ».

C’est ainsi qu’un évêque du IVe siècle dans l’actuelle Turquie chantait le mystère de la nuit pascale qui a vu resplendir dans le ciel la lumière du Christ ressuscité.
Toutes les nuits de l’histoire du monde convergent vers la nuit pascale. Nuit de la création éclairée par le soleil. Nuit de la libération de l’esclavage d’Egypte lors de l’exode. Nuits des priants qui veillaient jusqu’à l’aurore. Nuit des bergers revêtus de la clarté de la gloire de Dieu à Noël. Nuit de la tempête déchaînée au cours de laquelle Jésus a marché sur les eaux du lac de Tibériade. Nuit de la trahison de Judas. Nuit du reniement de Pierre. Nuit de garde à vue de Jésus dans la maison du grand-prêtre. Nuit d’ensevelissement de Jésus le Vendredi Saint. Nuit de Pâques !
« Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant » (Psaume 126,5), prie le psalmiste. Après les angoisses de la nuit arrive la joie de l’aurore. La Vierge Marie brille dans l’Église comme la femme de l’espérance qui a attendu la résurrection de son Fils Jésus dans la lumière intérieure de la foi.
Benn, le peintre d’origine russe, nous a légué un riche héritage spirituel en représentant de manière symbolique les Psaumes. Il a excellé dans la présentation des Psaumes où le croyant a connu les ténèbres et la peur de la mort. Dans ses tableaux, la lumière naît de la nuit, la joie trouve ses racines dans la douleur : « Au soir les larmes, au matin les cris de joie » (Psaume 30). Benn avait vécu caché dans un sous-sol à Paris pendant la guerre. Dans les profondeurs sans lumière il a compris la force de Dieu qui fait passer de l’obscurité à la clarté de la résurrection.
En cette nuit pascale, nous pensons aux chrétiens persécutés dans le monde, obligés de se cacher ou de subir la prison et la violence. « Le sang des martyrs, semence des chrétiens », enseignait Tertullien. L’an dernier, lors du chapitre général de l’Ordre des prêcheurs célébré au Vietnam, les frères dominicains arrivés des cinq continents ont été émerveillés par la jeunesse et le dynamisme des chrétiens vietnamiens : des milliers de jeunes séminaristes de jeunes religieuses, des églises combles pour les messes. Ces fidèles sont les fils spirituels des martyrs. D’ailleurs, les chrétiens proviennent de la région du nord du Vietnam qui connut la persécution la plus cruelle. Le frère Valentin de Berriochoa, dominicain évêque et martyr au Tonkin dans le nord du Vietnam, en est un exemple. Il a été ordonné évêque à quatre heures du matin, dans la nuit. Sa crosse était une canne de bambou et sa mitre était en carton. À peine ordonné évêque, le nouvel évêque ordonnait parfois son successeur pour ne pas laisser l’Église sans pasteur lors des persécutions.
Aujourd’hui, ceux qui souffrent la maladie du coronavirus avec foi et toux ceux qui se dévouent à leur service au risque de la contagion, témoignent de la dignité sacrée de la personne humaine. La prière des malades touche le cœur de Dieu et fait jaillir une fontaine de grâces pour l’humanité. Et nous pouvons nous réjouir de voir le corps médical mis en valeur. Dans les médias, ils occupent avec justice la place remplie habituellement par les matchs de football.

Trois mots d’action peuvent éclairer notre temps de confinement : résister, résilience, résurrection.

Résister à la maladie dans la prudence à l’aide des soins médicaux. Les chrétiens ne se résignent pas. Ils se battent pour la vie.

Résilience : apprendre dans la souffrance et la peur pour devenir meilleur. « Tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Romains 8,28), enseigne saint Paul.

Résurrection : accueillir la grâce pascale pour vivre de la vie même de Jésus ressuscité. Passer du repli sur soi au don de notre vie, des ténèbres de l’ignorance à la connaissance de l’amour de Dieu vainqueur de la mort, passer du péché qui nous enferme à la liberté des enfants de Dieu. « Vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 3,1), déclare saint Paul. Dès maintenant, nous participons à la résurrection de Jésus. L’énergie de l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts agit aussi en nous. La résurrection du Christ concerne notre avenir -la mort sera vaincue-, elle regarde aussi notre présent, chacun d’entre nous reçoit une mission à accomplir de la part du Christ Jésus. Si nous venons à échapper à la maladie ce sera aussi un signe que Dieu nous veut vivants pour faire grandir la vie, l’amour et la foi en Dieu.
Le Christ Jésus est ressuscité dans la nuit pour éclairer ceux qui marchaient dans les ténèbres. Il est sorti du tombeau pour que nos esprits s’ouvrent à l’intelligence des Écritures. Il est sorti du tombeau pour que nous sortions des tombeaux du péché. Il est sorti du tombeau afin que nos tombeaux s’ouvrent pour la vie éternelle lors du Jugement dernier.
Ressuscité, Jésus a transformé son tombeau en berceau du Premier-né d’entre les morts, prémices d’une multitude de frères, c’est-à-dire des croyants qui recevront le baptême pour renaître de l’eau et de l’Esprit.
Les chrétiens relient la résurrection de Jésus au baptême qui dans la primitive Église était célébrée la nuit de Pâques :

« Nuit nuptiale de l’Église
Qui fait naître les nouveaux baptisés
Où nous veillons avec les anges.
Nuit pascale, une année attendue. »

Dans la nuit pascale, nous célébrons l’anniversaire de notre baptême, véritable plongeon dans la mort et la résurrection du Seigneur.
Malheureusement cette année il n’y aura pas de baptêmes à Pâques à cause de la pandémie. Mais nous nous réjouissons de notre baptême qui a fait de nous des enfants de lumière. Nous prions aussi pour les catéchumènes et pour tous les chercheurs de Dieu que la grâce de Jésus ressuscité touche au cœur les remplissant de lumière et d’amour. Dans le confinement, l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts n’est pas confiné.

Dans son prologue, saint Jean évangéliste nous révèle que le Verbe venant dans le monde éclaire tout homme (cf. Jn 1,9). La lumière du Christ ressuscité est répandue dans le cœur de tous les hommes d’une manière mystérieuse que seul Dieu connaît mais dont nous voyons les traces dans les témoignages de solidarité, de réconciliation, de pardon, de prière et d’amour.

La nuit de Pâques était la grande fête de la foi de l’Église. C’est pourquoi nous pouvons choisir comme prière pour ce temps pascal le Credo. Saint Augustin prêchait aux catéchumènes et à son peuple d’Hippone, en Afrique du Nord : « Récitez le Credo chaque jour, matin et soir. Récitez-le à vous-même ou plutôt récitez-le à Dieu. Gravez-le bien dans votre mémoire, répétez-le sans cesse, pour ne plus jamais l’oublier.
Ne dites-pas : « Je l’ai récité hier encore, aujourd’hui, tous les jours. Je le sais sur le bout des doigts. » Ne vous habillez-vous pas tous les jours ? Quand vous redites le Credo, vous habillez votre cœur. »

Habillons notre cœur de la lumière du Christ ressuscité !
Fr. Manuel Rivero O.P.

 

10 avril 2020
Les Sept Paroles de Jésus en Croix
Méditations pour un Vendredi saint

Extraits de L’Évangile de Jésus Christ par le P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. C. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017, p. 608-615

La première (Pater…)
« Père ! pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le premier mot de Jésus sur la croix fut une parole de pardon : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 43a). » Les Juifs croyaient savoir, mais ils étaient aveuglés par l’orgueil, racine de leur haine, et cet aveuglement étant volontaire dans son principe, ils avaient grand besoin de pardon. Jésus leur accorde le sien et implore son Père pour eux en montant sur la croix, puisqu’il est venu souffrir pour obtenir la grâce des pécheurs.

La 2e parole (Mulier…)
« Femme, voilà ton fils… »
Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie, la [femme] de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc, voyant sa Mère et, tout près, le disciple qu’il préférait, dit à sa Mère : « Femme, voilà ton fils… » Ensuite, il dit au disciple : « Voilà ta mère… » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui (Jean 19, 25-27).
Le calice de la Rédemption fut amer pour Jésus. Ses souffrances sur la croix étaient atroces. Son cœur était meurtri par l’abandon de ses disciples, le mépris des chefs des Juifs, la lourde indifférence du grand nombre. Jusque-là, même dans ce mystère douloureux, le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère. Elle était là, pâtissant avec lui, augmentant ainsi sa torture et pourtant le consolant dans l’abandonnement des autres. Avec elle sa sœur, peut-être sa cousine, qui était la mère de Jacques et de José, puis Marie, femme de Clopas, Marie de Magdala, enfin le disciple bien-aimé. […] Jésus donc, voyant sa Mère et tout près le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : « Femme, voilà votre Fils. » Ce terme de femme sonne plus doucement aux oreilles d’un Oriental qu’aux nôtres, nous l’avons déjà vu . Et Jésus, se séparant de sa Mère, ne veut plus lui donner ce nom très doux. Cela aussi fait partie de son sacrifice. Sa pensée est de la confier à celui qu’il aime le mieux, par qui elle sera le mieux comprise quand elle parlera de son vrai Fils. Étant très jeune, son affection sera à la fois plus respectueuse et plus tendre. Il devra donc la regarder vraiment comme sa mère : « Voilà ta mère. » Et depuis ce moment le disciple la prit chez lui. Quelle union entre eux fut créée par cette parole et par ce souvenir ! Tous les chrétiens, devenus frères de Jésus par le baptême, sont donc aussi fils de Marie. Ils s’approchent de la Croix, s’entendent dire cette parole : Voilà votre Mère ! Et ils savent, et ils éprouvent que Marie les traite vraiment comme des fils.

La 3e parole (… Hodie)
« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi, dans le Paradis. »
Cependant l’autre larron, moins endurci, rentrait en lui-même au moment de paraître devant Dieu. Il se rendait justice : sa peine était méritée. Et ce même instinct de grâce, si sûr, lui faisait comprendre aussi que Jésus était innocent. Peut-être autrefois avait-il entendu son compagnon de supplice, alors suivi de la foule, parler du royaume de Dieu qu’il devait inaugurer comme Messie. Les prêtres venaient encore de reconnaître ses miracles. Et cependant ce Jésus se taisait. C’est qu’il attendait son heure qui sûrement sonnerait, après ces souffrances dont il avait aussi parlé. Et s’efforçant de tourner la tête, le larron articula doucement : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans l’éclat de ton règne. » Admirable acte d’une foi que Jésus veut éclairer davantage, en tournant toutes les pensées du pécheur repentant vers son accès si prochain auprès de Dieu : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis (Luc 23, 40). » Le bon larron, qui était juif, avait sûrement entendu parler du Paradis.
[…] Compagnon de Jésus sur la Croix, l’heureux larron sera désormais sous sa sauvegarde auprès de Dieu. Et c’est ainsi que sur la Croix le Sauveur servait bien réellement les autres.

La 4e parole (Eloï !…)
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Durant trois heures, une obscurité opaque s’étendit sur le pays. Le soleil était voilé. L’atmosphère était lourde. Jésus garda le silence jusqu’à la neuvième heure. Il souffrait. Rejeté par les chefs de la nation comme blasphémateur et livré à des étrangers, traité par les Romains comme un malfaiteur, conspué par la populace, raillé par un bandit, abandonné par les siens, il ne lui restait plus qu’une peine à endurer dans son âme, la plus cruelle de toutes, l’abandon de son Père. Nous devons le croire, puisque deux évangélistes l’ont dit. Ils l’ont dit, et c’est sans doute la preuve la plus indiscutable de leur véracité. Les ennemis de Jésus venaient de l’insulter dans sa confiance en son Dieu : Non, qu’il se détrompe, Dieu l’a abandonné ! Les chrétiens devaient tenir cette insulte pour un blasphème envers l’objet de leur culte, Jésus Christ, Fils de Dieu. Alors pourquoi avouer que c’était vrai ? Pourquoi le faire avouer par Jésus lui-même criant dans sa détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » […]
Le mystère subsiste pour nous. Même au moment où l’âme de Jésus allait quitter son corps, nous ne devons pas supposer une sorte de dédoublement de sa personnalité. C’est toujours le Fils de Dieu qui parle. Mais la voix humaine exprime le sentiment de son humanité, de son âme désolée comme si Dieu se retirait d’elle. Désolation plus entière que celle de Gethsémani, puisque Jésus ne dit plus « mon Père », mais seulement « mon Dieu », Eloï, Eloï. Comme toutes ses autres douleurs, celle-là aussi devait être acceptée pour nous : c’est le refuge des grandes âmes dans les dernières épreuves qui les purifient. […] Chargé sur son gibet de tous les péchés du monde, Jésus était devenu malédiction . Mais il nous délivrait de la malédiction en la prenant sur lui, et la désolation éclatait en joie dans les derniers versets du psaume dont il prononçait les premiers mots . Les afflictions du juste, le véritable Messie, aboutissent à la gloire de Dieu. Le psaume reproduisait à l’avance le défi ironique des docteurs : « Qu’il s’abandonne à Iahvé ! Qu’il le sauve ! » Et en effet, l’abandonné s’abandonne ; il sait qu’à ce prix toutes les extrémités de la terre se tourneront vers Dieu, et toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face .
Parmi ceux qui étaient présents, les docteurs seuls comprirent que Jésus citait un psaume. D’autres, plus simples, n’entendant guère que les premiers mots, s’imaginèrent que Jésus appelait Élie. Ils y virent la dernière hallucination de cette tête que la torture achevait d’égarer. Car Élie, tout le monde le savait chez les Juifs, reviendrait pour manifester le Messie, mais il n’irait pas le chercher sur une croix !

La 5e parole (Sitio)
« J’ai soif !”
Jésus cependant laissa entendre : « J’ai soif. »
[…] En disant : « J’ai soif », Jésus avait accompli une parole d’un psaume sur le juste souffrant (Psaume 68, 22). Désormais il avait bu le calice jusqu’à la dernière goutte.

La 6e parole (Consummatum est)
« C’est consommé »
Il s’écrit : « Tout est consommé », en bon ouvrier qui a fini sa tâche (Jean 19, 3a).

La 7e parole (Pater, in manus tuas…)
« Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ! »
Puis d’une voix forte, Jésus dit : « Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ! (Luc 23, 46a) » Ayant donc montré par ce grand cri qu’il rendait librement son esprit à son Père, Jésus expira.

« Ayez pitié de nous, très doux Jésus, qui dans votre clémence avez souffert pour nous. »

La Crucifixion par Louis Brea (1512) (retable, Église des Franciscains de Cimiez-Nice). Photo Germaine-Pierre Leclerc.

 

 

9 avril 2020
Jeudi de la Semaine sainte (Jean 13, 1-15)
L’intention principale de Jésus était de donner à ses disciples un exemple d’humilité qui fût une leçon éternelle dans son Église. 

[…] Les fidèles savent très bien que l’imitation de Jésus doit s’étendre à tous leurs actes, à toutes leurs pensées, à toute leur vie, et que pourtant cet exemple particulier n’est point spécialement obligatoire. Cependant, pour honorer ce souvenir, les rois ont lavé les pieds des pauvres le jeudi saint, et les prélats de l’Église le font encore. Et qu’on n‘allègue pas l’inconvenance de s’humilier devant un frère qui est peut-être un apostat dans son cœur. Jésus l’a fait à l’égard de Judas, et cependant il savait qu’il était déjà figuré dans l’Écriture : « Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon (Psaume 41, 10). »
Lorsqu’il prononça ces paroles, Jésus avait déjà repris sa place à table.

(M.-J. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, 2017, p. 542-543.)

« Mon Dieu, pardonnez-moi mes péchés, faites-moi la grâce de ne plus offenser ! » (M.-J. Lagrange, Journal spirituel, Jeudi saint 15 avril 1897. »)

Photo : Le lavement des pieds (détail) par Tintoret (1539). Musée du Luxembourg.

 

8 avril 2020
Mercredi de la Semaine sainte
La trahison de Judas (Matthieu 26, 14-25)

Jésus mis le sceau à son évangile par cette vue des fins dernières. Du mont des Oliviers il gagna Béthanie.

La fête de Pâque approchait, et les meneurs du Sanhédrin n’étaient pas sans inquiétude, car ils savaient que durant ces huit jours de fête Pilate était aux aguets. Si le Galiléen prenait fantaisie d’exciter le peuple, le gouverneur ne manquerait pas cette occasion de frapper fort.

Il fallait se hâter, car arrêter Jésus durant les solennités, c’eût été provoquer le tumulte qu’on craignait. Le secret n’importait pas moins que la promptitude, et il n’y avait plus que deux jours avant la fête ! L’intervention de Judas Iscariote tira d’embarras les chefs du sacerdoce et le groupe des docteurs pharisiens.

Judas, l’un des Douze, est le Benjamin de la critique antichrétienne, spécialement des rares savants juifs qui s’occupent de l’histoire de Jésus.

Il était de Qarioth, au sud de la Judée, d’un tempérament plus froid que les Galiléens enthousiastes, mais, assure-t-on, plus intelligent, plus cultivé, digne de la confiance que lui témoigna Jésus en l’envoyant prêcher le Règne de Dieu. Il s’aperçut peu à peu des prétentions extravagantes de son chef, qui se disait Messie et Fils de Dieu, et qui cependant, à l’occasion, se dérobait au péril, c’était donc un séducteur ; la Loi ordonnait de le dénoncer ; Judas fit son devoir. Ce galant homme n’aurait jamais consenti à recevoir de l’argent pour prix de son obéissance aux lois de son pays.

Et en effet, les disciples de Jésus n’ont pas assisté au marché conclu entre Judas et les Sanhédrites, mais le fait est devenu assez public. D’ailleurs ils ont vu Judas trahir son maître par un baiser, et ce baiser suffit à jauger l’homme. (Voir la suite dans Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 533-534).

« Voilà comment débute cette semaine décisive : par une trahison. Cela ne va pas pour autant arrêter l’œuvre de Jésus, ni son espérance de sauver même Judas. » d’après la spiritualité de sainte Thérèse d’Avila tant vénérée par le père Lagrange. (Source : carmel.asso.fr)

Photo Germaine-Pierre Leclerc : Le baiser de Judas- Canavesio (1492)-ND des Fontaines-La Brigue(Alpes-Maritimes).

 

6 avril 2020
Lundi saint

Bon Lundi saint avec ma prière au seigneur Jésus en cette Semaine Sainte. Fr. Manuel.

« Marie donc prit une livre d’un parfum de nard authentique d’une grande valeur et oignit les pieds de Jésus et essuya ses pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Jean 12, 3). »

Passant sous silence l’onction de la tête, qui allait de soi, Jean note l’onction des pieds, hommage plus extraordinaire, et, la quantité du parfum étant considérable, il coule en telle abondance sur les pieds sacrés, que Marie aussitôt dénoue sa chevelure pour l’essuyer, ce qui la parfume elle-même et contribue à répandre l’odeur dans toute la maison. […] (Jean) a voulu montrer la prodigalité du don, et l’ardeur de l’hommage qui oblige Marie à un geste peu ordinaire et dont le souvenir était resté attaché à sa personne. Cela explique suffisamment la réflexion sur la bonne odeur répandue […]. Paul ayant dit : « Car nous sommes bien, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux qui se sauvent et parmi ceux qui se perdent (2 Corinthiens 2, 15) », il était assez naturel de voir dans l’odeur répandue le symbole de la foi prêchée dans le monde. […] (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon Saint Jean, 1936.)

Marie-Madeleine (détail), Ph. de Champaigne, photo Alain Goetz.

 

5 avril 2020
Entrée messianique de Jésus à Jérusalem

Jésus agréait ces humbles hommages, lui le roi humble et doux. Ces braves gens faisaient ce qu’ils pouvaient. Les plus favorisés placèrent leurs manteaux sur l’ânon pour servir de selle, d’autres jetaient les leurs sur le chemin. Ils coupaient de la verdure dans les champs et en jonchaient le sol, gardant les branches des palmiers pour les porter à la main. Ils entouraient Jésus, les uns courant en avant, les autres suivant sa monture et tous criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne qui vient, de notre père David ! Hosanna dans les hauteurs. » Hosanna, c’est-à-dire « Sauve donc ! » était une acclamation consacrée par l’usage dans les processions. On saluait donc le Fils de David, le roi d’Israël, le Messie tant désiré. […]

Jésus cependant était bien éloigné des sentiments du triomphateur antique. En descendant du Capitole, le vainqueur faisait égorger les rois vaincus. C’est lui qui devait être la victime, et avec lui cette ville de Jérusalem qu’il était venu sauver. Voyant devant lui, dans l’éclat encore récent de leurs grandes pierres blanches les palais, les remparts, le Temple du Seigneur ruisselant d’or, toute cette sainte Sion où l’attendaient la haine et la perfidie, il pleura (Jn 19, 41).

Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 468.

 

02 avril 2020
Et Jésus, très simplement : « Avant qu’Abraham ne soit né, je suis. » (Jn 8, 58)

Le P. Lagrange commente :

[…] Alors les pierres. Mais Jésus se préserva de leurs coups en sortant du Temple.

On ne saurait méconnaître une certaine analogie entre la discussion sur les vrais enfants d’Abraham et ce que saint Paul a dit sur ce sujet (Rm 4 ; Ga 3). Il est sûr que saint Jean a écrit longtemps après saint Paul. Dira-t-on qu’il a fait ici du paulinisme, et par conséquent que la théorie qui ressort de l’entretien est une création chrétienne, mise par anticipation dans la bouche de Jésus ? Ce serait méconnaître le rapport d’origine entre les deux doctrines. Saint Paul veut démontrer que la justice ne dépend pas des œuvres mais de la foi au Christ. Il le prouve parce que la foi des chrétiens est la même que celle d’Abraham, qui a cru à la promesse, et qui aussitôt a été déclaré juste. Redescendant ensuite d’Abraham aux croyants, saint Paul reconnaît en lui leur père. Ils sont tous fils de Dieu par la foi au Christ ; ayant la même foi qu’Abraham, ils sont son vrai lignage, quand même ils ne seraient pas circoncis. Il a donc tiré la conclusion positive de ce qui n’était qu’en germe dans l’argument de Jésus, presque uniquement négatif. Celui-ci montrait seulement, pour résoudre l’objection des Juifs tirée de leur prérogative, qu’en réalité, n’étant pas fils de Dieu, ils n’étaient même pas fils d’Abraham. C’est exactement ce qu’exigeait la controverse, sans un mot de plus sur le bénéfice des croyants. Saint Jean avait sûrement lu les épîtres de saint Paul. […]

Jésus affirmait cette fois nettement sa préexistence dans des termes qui incluaient sa divinité. Les Juifs jugèrent qu’il en avait assez dit pour lui fermer la bouche en le lapidant. Plus tard il s’exprimera plus clairement encore. (L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 332-333)

Photo : Christ par Heinrich Hofmann (19e), Riverside Church, NY.

Écho de notre page Facebook : mars 2020

 

25 mars 2020
Annonciation du Seigneur

Nous ne comprenons pas assez à quel point le Magnificat exprime les sentiments suggérés par la Révélation ancienne, embrassée dans son esprit, au moment où elle va se dépasser elle-même par l’amour du salut, dans un tressaillement de joie.

D’où vient en effet cette joie, ce transport de joie ? Un ange a abordé Marie, non pas au milieu de ses compagnes, se chamaillant à qui passera la première à la fontaine, comme l’entend une tradition locale des Grecs, mais dans le silence de sa demeure, si simple qu’on pouvait à peine la nommer une maison. Et l’ange a proposé à Marie, au nom de Dieu, d’être la Mère du Messie. Marie a compris. Mais cela pouvait-il être d’accord avec le vœu que lui avait inspiré la sainteté de Dieu, qui ne s’unit qu’aux cœurs purs ? Elle apprend maintenant le secret des secrets, la merveille des merveilles, comment la sainteté de Dieu, qui se plaisait aux retranchements et aux abstentions de la créature, aujourd’hui dans ce miracle unique ferait œuvre de fécondité. En Marie, pleine de grâce, elle ne trouvait rien à détruire, et c’est précisément en tant que Saint que Dieu lui donnerait un fils. La Sainteté si redoutable dans l’intérêt de l’isolement de Dieu se communiquait, en envahissait même l’humanité. D’où cette parole étonnante : « ET POUR CELA, l’enfant né [sera] saint, il sera le Fils de Dieu. » Le pas franchi, la Sainteté non seulement sauvegardée, mais prodiguée, le reste serait l’œuvre de la Puissance, à laquelle rien n’est impossible, et Marie n’avait plus qu’à dire : « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon votre parole. »

(Marie-Joseph Lagrange, L’Écriture en Église. Marie de Nazareth, Cerf, 1990, p. 156.)

Photo : L’Annonciation du Seigneur par Fra Angelico – Musée du Prado.
À gauche : Adam et Ève chassés du Paradis et les roses du jardin de Marie

22 mars 2020
L’aveugle-né

Dans l’Évangile selon Saint Jean (Lecoffre-Gabalda, 1936), le P. Lagrange donne le plan de l’évangile de ce jour : « Le fait miraculeux, et les premières impressions qu’il cause (1-12) ; 2) l’enquête des Pharisiens (13-34) ; 3) l’action du miracle et des paroles de Jésus auprès de l’aveugle guéri et des Pharisiens (35-41), puis il développe longuement les versets 9, 1-41.)

Au verset 39, nous lisons : Jésus a dit qu’il n’était pas venu pour juger, mais pour sauver (3, 17 ; 8, 15 ; 12, 47) ; il n’en est pas moins vrai que c’est à son sujet que se fait le discernement, comme il a déjà dit en d’autres termes (5, 24) ; 3, 17 s.) ; c’est d’ailleurs une idée enregistrée par Lc 2, 34). – Et c’est aussi l’affirmation solennelle de Jésus dans Mt 11, 25, et Lc 10, 21, que les choses cachées aux sages et habiles ont été révélées aux petits. Ici on comprend aussitôt quels sont ceux qui voyaient ou croyaient voir et sont devenus aveugles : ce sont les Pharisiens. Les autres sont représentés par l’aveugle devenu voyant, que ce miracle désignait pour en être le type. En effet cet homme, sans instruction, méprisé par les sages, a été élevé peu à peu à la lumière de la foi. C’était aussi le cas des disciples. Cette pensée n’est pas moins en situation durant la vie de Jésus sous la plume de Jean que dans les synoptiques. […] Le sens symbolique du miracle est dévoilé sans allusion aux destinées ultérieures de l’évangile ; c’est le passage de la cécité à la lumière (cf. Is 42, 16), se détachant sur le sombre fond de l’aveugle persistant (cf. Is 6, 9 ; 56,10)

Photo © Archevêque Job de Telmessos.

18 mars 2020

Le père Marie-Joseph Lagrange avait une grande dévotion pour saint Joseph.
Fêter saint Joseph dans le confinement

À La Réunion, la fête de saint Joseph est célébrée par la communauté catholique de manière solennelle avec une affection particulière envers le père adoptif de Jésus, « le grand silencieux », dont les Évangiles n’ont gardé aucune parole ; ses actions manifestent avec éclat sa foi en Dieu et son sens des responsabilités dans l’adversité.
Cette année, la mémoire de saint Joseph se fera sans messes publiques ni rassemblements populaires de prière mais dans la communion spirituelle.
La grandeur de saint Joseph réside dans son acceptation de la mission reçue de la part de Dieu : veiller sur son épouse, Marie, et sur l’enfant Jésus. En ce sens, saint Joseph représente un modèle pour chacun d’entre nous appelés à adopter notre vie qui ne correspond pas nécessairement aux projets planifiés.
À la lumière de la sainteté de saint Joseph, nous avons à adopter le temps du confinement pour le vivre comme une mission à accomplir au service du bien commun avec les renoncements que cela comporte.
Adopter ne veut pas dire se résigner ou subir. La tentation est grande de tomber dans le découragement, le laisser-aller, ou encore dans la colère et les disputes. La vie commune s’avère difficile voire dangereuse dans le confinement avec le risque de « péter un câble ». Cela est vrai non seulement dans les cellules de prison mais aussi dans les familles.
La fête de saint Joseph a lieu dans le temps du Carême qui demande aux chrétiens d’affronter le mal et le malin avec la force de Jésus le Christ. Saint Joseph a mené le combat de la foi sans murmurer et de manière fidèle.
À la prison, les personnes détenues qui vivent la foi chrétienne s’exclament souvent : « La prison, un mal pour un bien. » La perte de liberté qui n’est pas bonne en soi peut devenir l’occasion de grandir en humanité et en spiritualité. Il arrive souvent que les détenus des prisons améliorent leurs liens familiaux en vivant l’épreuve de la prison.
Le pape François a mis un écriteau sur la porte de sa chambre au Vatican : « Il est interdit de se plaindre. » Une religieuse trinitaire malgache me disait avoir mis sur le mur de sa chambre cette devise : « J’aime la maison que j’habite, les personnes avec lesquelles je vis et le travail que j’accomplis. » C’est cela adopter sa vie, imiter et fêter saint Joseph en ces jours de confinement.
Le confinement peut alors favoriser la solidarité et l’amour dans les familles.

L’occasion nous est donnée de penser à ceux qui sont privés habituellement de liberté. L’auteur de l’épître aux Hébreux, dans le Nouveau Testament de la Bible, n’hésite pas à exhorter les chrétiens à se souvenir des prisonniers comme s’ils étaient eux-mêmes en prison (cf. Hb 13,3). Face à l’individualisme, le chrétien s’estime membre d’un corps social et ecclésial. « La mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain », disait le poète Jonh Donne.
Saint Joseph a été invoqué au cours de l’histoire de l’humanité comme le patron de la bonne mort. Prions pour les malades du coronavirus et pour les défunts.
La popularité de saint Joseph correspond à l’expérience d’une multitude de grâces reçues par son intercession auprès de son adoptif Jésus, le seul Sauveur pour la foi chrétienne.
Bonne fête de saint Joseph dans le confinement !
Fr. Manuel Rivero O.P.
Aumônier catholique de la prison de Domenjod (Saint-Denis/la Réunion).
Images : Présentation de Jésus au Temple. Fra Angelico. Florence (Italie).

15 mars 2020
La Samaritaine
L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (Jn 4, 13)
 
Quoique Jésus ait sans doute mis l’accent sur l’eau vive, c’était cependant l’expression consacrée pour de l’eau de source ; l’erreur de la Samaritaine était excusable, et Jésus lui découvre maintenant sa pensée sur ce point, en même temps qu’il maintient sa qualité d’auteur de ce don, qualité qui grandit avec le don lui-même, car l’eau dont il parlait jaillit pour la vie éternelle. « Cette eau » s’applique tout d’abord à l’eau du puits. Mais eau de source ou eau de citerne, l’eau ne désaltère que pour un temps très court. L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon S. Jean, 1936, p. 105-107)

 

11 mars 2020
Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ?

« Et Jésus, montant à Jérusalem, prit les Douze auprès de lui, à part, et, en chemin, il leur dit : ‘Voici que nous montons à Jérusalem. Et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes. Et ils le condamneront à mort et ils le livreront aux Gentils pour que ceux-ci puissent se moquer de lui, le flageller et le crucifier. Mais le troisième jour, il sera ressuscité.’ »

Commentaire du P. Lagrange : Jésus cheminait donc dans la vallée du Jourdain assez élargie pour former une grande plaine. À l’ouest s’élevaient à pic les hautes collines, premier étage de trois paliers que dominait Jérusalem. Naguère il avait semblé fuir devant les menaces des Juifs. Et voici qu’il prenait la direction de la route qui, de Jéricho, escaladait les premières pentes. Il marchait en avant, comme un chef résolu. Ceux qui venaient le plus près, les Apôtres, étaient dans l’étonnement ; les autres le suivaient encore, mais ils commençaient d’avoir peur. Alors le Maître, ne comptant que sur ses plus fidèles disciples, appela à lui les Douze, et pour les fortifier d’avance par le souvenir de ses paroles, faisant apparaître la gloire après l’épreuve, il leur annonça qu’il allait être livré aux princes des prêtres et aux docteurs, maltraité par eux, condamné à mort, jeté aux Gentils qui se moqueraient de lui, cracheraient sur lui, le flagelleraient et le feraient mourir. Après, c’était la résurrection, assurée et promise, mais il fallait passer par ces souffrances longuement décrites et par ces heures de ténèbres, la résurrection n’étant qu’un point lumineux après trois mortels jours d’attente. Les Apôtres ne comprenaient pas. Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ? (L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p.450).

10 mars 2020
Marie-Joseph Lagrange, 7 mars 1855-10 mars 1938
Ce 10 mars, comme chaque mois à la même date, nous sommes en union de prières avec fr. Manuel Rivero, o.p. Fr. Manuel célèbre la messe aux intentions particulières des amis de l’association et pour la prochaine béatification du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

8 mars 2020
La Transfiguration du Seigneur
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. »
(Deuxième dimanche de Carême)
Commentaire du père Lagrange

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. » Soudain, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux (Marc 9, 2-10).

Dans son commentaire de la Transfiguration, le père Lagrange relie
– la scène du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean le Baptiste,
– la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe
– et le dévoilement de la gloire qui est cachée sous le voile de la chair de Jésus.
À Césarée de Philippe, Pierre reconnaît Jésus comme le Christ ou Messie : « Tu es le Christ » (Marc 8, 29).
Au baptême, le Père s’adresse du haut des cieux à Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Marc 1, 11).
Tandis que lors de la Transfiguration, le Père révèle à Pierre, Jacques et Jean que Jésus est son Fils à qui il faut obéir : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; écoutez-le. »

C’est dans la solitude et le silence, « à l’écart » – « une expression favorite de Marc[1] » – que Jésus manifeste sa gloire aux trois disciples qui seront présents à Gethsémani : « Plus d’un Père[2] a pensé que les témoins étaient les mêmes parce que le souvenir de la lumière éclatante devait les préserver contre le scandale de l’agonie. Pierre a été choisi, comme le chef désigné, Jean était le plus aimé, Jacques son frère ne le quittait pas et devait être le premier des Apôtres à verser son sang pour l’évangile.[3] » (Fr. Manuel Rivero o.p. – Source La Revue du Rosaire, mars 2009.)

[1] LAGRANGE (Marie-Joseph), Évangile selon saint Marc. Troisième édition, Paris, Librairie Victor Lecoffre J. Gabalda Éditeur, 1920, p. 216.

[2] Par « Père », le père Lagrange entend un des Pères de l’Église : anciens écrivains chrétiens reconnus pour la valeur de leur doctrine, la sainteté de leur vie et l’approbation de l’Église.

[3] LAGRANGE (Marie-Joseph), L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. LAVERGNE o.p. éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 290-293.

 

Photo : La Transfiguration de Fra Angelico (1440-1442) Convento San Marco, Cellule n° 6, Florence (Italie). Toujours aussi lumineuse.

 

1er mars 2020
La victoire de Jésus sur Satan

Dans l’évangile de ce jour (Mt 4, 1-11), « La tentation de Jésus ne fait pas partie de son ministère public. La scène s’est passée entre Lui et Satan, sans témoins. […] La psychologie de Satan est courte. […] Cette fois le démon s’éloigne […] Et pour bien marquer que la victoire vient d’être remportée dans une sphère surhumaine, les anges, qu’on ne voient pas rendre ce bon office à Jésus durant son ministère, les anges s’approchèrent et le servirent. (Voir le texte en entier dans M.-J. Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 98-101.)

Photo : Jésus tenté par le démon et servi par les anges (École italienne 17e) après restauration-Studio Basset-Musée de Valence.