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29 avril 2020

Belle fête de sainte Catherine de Sienne (+29 avril 1380), apôtre de la miséricorde qui a accompagné de sa prière et de son amour fraternel un condamné à mort , Niccolo di Tuldo.

Avec ma prière au Seigneur. Fr. Manuel.

Photos: Sainte Catherine de Sienne. Siena. Peintre : Le Sodoma.

 

 

 

29 avril 2020
« Voici l’homme ! »
De l’homme « crustacé » à l’homme qui protège et fait grandir la vie
Fr. Manuel Rivero O.P.

« Voici l’homme !» (Jn 19,5), s’était exclamé Pilate le Vendredi saint. Il ne pensait pas si bien dire. Couronné d’épines, son corps déchiré par les coups de fouet des soldats romains, Jésus manifeste la puissance fidèle de Dieu dans l’amour et la vérité.
« Voici l’homme ! » Cette déclaration prophétique de Pilate interpelle l’homme contemporain. Qu’est-ce qu’un homme ? Où se trouve la grandeur de l’homme ? Tout au long de l’histoire de l’humanité, les peuples ont célébré les héros qui ont versé leur sang pour Dieu, pour la patrie, pour défendre la justice et les faibles … L’Église célèbre avec éclat ses martyrs. Le plus grand des martyrs est Jésus, le témoin fidèle de Dieu.

Pilate a eu raison de dire à la foule « Voici l’homme ! » En effet, Jésus est l’homme parfait qui a donné sa vie pour sauver l’humanité.
Le philosophe français, Blaise Pascal (†1662) a écrit : « Le propre de la puissance est de protéger ». La puissance de l’homme se manifeste dans la protection de la vie.

La femme a connu des évolutions et des révolutions qui ont modifié considérablement son statut social et sa mentalité. Elle ne votait pas, maintenant elle assume les plus hautes responsabilités dans l’État. Elle restait souvent à la maison accomplissant un véritable labeur de gestion et d’éducation des enfants, maintenant elle assume et le travail professionnel et la prise en charge de la maison et des enfants. Elle dépendait de l’homme dans sa vie sexuelle et pour la maternité, maintenant elle décide d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants et de gérer sa sexualité sans lien direct avec la maternité. Il arrive que l’homme demande dans le couple à avoir un enfant et la femme refuse. La femme peut aussi vivre la maternité sans mener une existence conjugale par les techniques artificielles de fécondation. Il arrive que des femmes déclarent ouvertement : « Nous allons prendre le pouvoir. »

En revanche, l’homme continue son travail, sa vie sexuelle et sa participation à la politique comme les siècles précédents.
Il ne se passe pas un jour sans que les moyens de communication sociale racontent des faits de violence conjugale qui peuvent aller jusqu’au meurtre.

Comment dépasser les rapports de domination qui ne conduisent qu’au malheur ? Comment harmoniser les relations homme et femme et sur quelles valeurs ? En quoi consiste le pouvoir et la force ? Quel est le but de l’existence ?

Ces questions ne sont pas inutiles. Elles s’avèrent même indispensables.

Quel est l’image de l’homme aujourd’hui ? Quelle est son identité ?

La publicité et les films nous montrent un idéal masculin qui repose sur l’avoir : des richesses, le pouvoir, la musculation, des tatouages, des vêtements et des voitures de luxe … Tout cela constitue des moyens. Les médias exaltent aussi l’image de l’homme séducteur, fêtard, avec la mentalité d’un adolescent qui ne s’engage pas et qui critique tout sans construire grand-chose. Parmi ces exemples, il y a James Bond. Image affligeante d’un irresponsable stérile.

Où se trouve donc le sens de la vie de l’homme ?

« Voici l’homme ! » Jésus représente la perfection de la masculinité, pleinement homme et pleinement Dieu. Jésus est l’homme qui est allé le plus loin dans l’amour des autres parce qu’il est allé le plus loin dans sa relation à Dieu le Père. Comme la croix comporte une dimension verticale vers le Ciel et une dimension horizontale, ainsi l’homme trouve son équilibre et sa perfection dans la relation verticale avec Dieu et dans la relation horizontale avec ses frères et ses sœurs en humanité.

Le saint pape Jean Paul II nous a donné une belle formule pour le mystère de Jésus qui éclaire le mystère de tout homme : « Jésus est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme. » (Ecclesia in America, n° 67). L’homme a une vocation à partager la vie de Dieu et à protéger la vie du prochain.

Le philosophe italien Jules Evola a parlé de l’homme « crustacé » pour évoquer la dureté extérieure et la mollesse intérieure qui peuvent menacer l’homme. D’ailleurs, plus l’homme sent sa faiblesse et plus il fait montre de force et l’inverse. Comme dit le proverbe : « Dis-moi de quoi tu te vantes et je te dirai ce qui te manque ! ».

Il convient de parler de la virilité spirituelle, de cette force d’âme au service de la vie sans peur ni mollesse. D’ailleurs la virilité spirituelle est vécue par des femmes qui aiment de manière désintéressée en faisant face à de nombreuses épreuves et souffrances pour protéger la vie.

L’homme aime les défis que ce soit dans le sport, dans la politique, dans l’économie ou dans l’amour. Aujourd’hui, l’homme à un défi à relever pour harmoniser les relations familiales dans la force de l’amour et de la vérité.

L’historien anglais Arnold Joseph Toynbee (†1975), après avoir étudié l’histoire des civilisations, est arrivé à la conclusion que les civilisations naissent en réponse à un défi. Des « minorités créatrices » apportent alors une vision et elles conçoivent des plans d’action pour l’ensemble de la société. Les civilisations déclinent quand le défi disparaît. D’où sa phrase lapidaire : « Les civilisations meurent par suicide, non par meurtre. »

L’Église catholique a aussi un défi à relever dans la pastorale des hommes. Ils sont rares dans les églises par rapport au nombre de femmes. Pourquoi ? Pour quel motif les hommes ne sont-ils pas attirés par la prière communautaire et la catéchèse ? Faut-il renouveler la pastorale et la spiritualité masculine ?

Dans son Exhortation apostolique catholique aux hommes, mes fils spirituels du diocèse de Phoenix , datée du 29 septembre 2015, Monseigneur Thomas J. Olmsted, évêque de Phoenix (États-Unis), analyse l’évolution de l’identité masculine et il propose des pistes pour un renouveau de l’évangélisation de l’homme et de sa mission dans l’Église.

Chaque diocèse gagnerait à contextualiser la réflexion sur le plan local.

Les jeunes garçons ont besoin de « tuteurs » pour grandir dans la droiture aussi bien dans les quartiers que dans les paroisses.
Certaines activités peuvent être vécus entre hommes. Nous avons des exemples dans le pèlerinage des pères de famille, ou dans le cycle de formation biblique à l’île Maurice « Jésus, vrai homme ».

Il faudrait aussi travailler l’image de l’homme dans le cœur des femmes et des enfants. Je me souviens de cet enfant qui disait en catéchèse, probablement en reprenant des propos de sa mère : « Les hommes, on n’en a pas besoin ! » Déclaration qui renvoyait à des souffrances : alcoolisme, irresponsabilité, violences, infidélité …

Des études statiques récentes en Martinique signalaient que 60% d’enfants grandissaient sans père. L’absence du père a des conséquences négatives profondes sur l’enfant. La mère doit accomplir les rôles du père et de la mère.

En prison, des personnes détenues avouent toujours souffrir de l’absence du père : « Je n’ai jamais appelé un homme en lui disant ‘papa’ ».
« Voici l’homme Jésus ! » Il est le modèle de masculinité réussie !

Image : Christ. Corse.

 

29 avril 2020
Les femmes, apôtres des apôtres
Fr. Manuel Rivero O.P.

Les évangiles accordent la première place aux femmes dans les récits des apparitions pascales. Elles sont les premières à se rendre au tombeau de Jésus alors que soleil commence à peine à poindre (cf. Mt 28,1s ; Jn 20,1). Dans ce passage de la nuit à l’aurore, les femmes disciples de Jésus vont recevoir la lumière du Christ ressuscité et leur cœur sera rempli de joie : « Réjouissez-vous » (Mt 28,9).

Jésus apparaît en premier à Marie Madeleine (cf. Mc 16,9 ; Jn 20,15s). La femme blessée, torturée par les démons. Le chiffre de sept démons, expulsés par Jésus, manifeste la plénitude du mal à l’œuvre dans le corps et dans l’âme de Marie Madeleine. Elle est choisie, par Jésus ressuscité, pour porter la bonne nouvelle de sa victoire sur la mort aux apôtres sceptiques, lents à croire. Là où le péché avait abondé, la grâce pascale va surabonder. Marie Madeleine devient alors la femme nouvelle, la Nouvelle Ève, qui rayonne la vie de Dieu. C’est à juste titre qu’elle est aussi appelée « apôtre des apôtres ».

L’homme contemporain, souvent agnostique, aurait tort d’imaginer que les contemporains de Jésus croyaient sans peine aux discours religieux. Les évangélistes, comme saint Marc, ne cachent pas le refus de croire des apôtres aux témoignages des femmes, qui rentrent après avoir vu le tombeau vide et rencontré vivant Jésus le crucifié.

Les évangiles mettent en lumière la foi et la fidélité des femmes à l’égard de Jésus. Alors que Judas a vendu son maître et que Pierre l’a renié devant une servante du grand-prêtre, Marie Madeleine et les autres femmes disciples de Jésus l’ont suivi jusqu’au Calvaire. Bouleversées, ne pouvant pas dormir, elles se sont levées dans la nuit pour honorer le sépulcre de celui qui les a libérées du mal et introduites dans l’amour de Dieu, Jésus.

La Vierge Marie, la Mère de Jésus, ne figure pas dans les récits des apparitions pascales. Cela ne veut pas dire que son Fils ne lui soit pas apparue. Saint Vincent Ferrier O.P. (†1419), saint Ignace de Loyola (†1556), le père Marie-Joseph Lagrange O.P. (†1938) et le saint pape Jean-Paul II (†2005), ont pensé dans la lumière de la foi et de la prière que Jésus était apparu à sa Mère mais que cette apparition relevait du secret de Dieu. Le père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, a écrit dans son « Évangile de Jésus-Christ » que Jésus était apparu en premier à sa mère.

Le théologien H.U. von Balthasar (†1988) avait déclaré : « Marie est ‘la Reine des apôtres’, sans revendiquer pour elle les pouvoirs apostoliques. Elle a autre chose et beaucoup plus. » (Lettre apostolique Mulieris dignitatem en 1988 de Jean-Paul II, note 55).
La femme, sanctuaire de la vie, a bénéficié la première des apparitions de Jésus. Par leur témoignage de foi, Marie Madeleine et les autres femmes, disciples de Jésus, ont fait resplendir la lumière du Christ dans le cœur de ceux qui ont accueilli avec foi leur message.
Dans la Bible, les femmes juives ne sont pas prêtresses mais prophètes. Inspiré par l’Esprit de Dieu, le prophète annonce la volonté de Dieu. La Vierge Marie est prophète. Marie Madeleine est aussi prophète.

Jésus ressuscité accorde la maternité spirituelle aux femmes qui deviennent apôtres, c’est-à-dire envoyées : « Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. », déclare Jésus à Marie Madeleine (Jn 20,17) qui prêchera les merveilles de Dieu aux apôtres.

N’oublions pas que dans les canons eucharistiques, une femme, la Vierge Marie, est toujours citée en premier, avant les apôtres, les martyrs et tous les saints. La Vierge Marie a reçu la grâce des commencements dans le mystère du Salut. Elle est la première chrétienne, la première Église, présente aux noces de Cana, sur le Calvaire et dans la « chambre haute » lors de la Pentecôte. La Vierge Marie est « Femme » et « Mère ».

La vie de l’enfant commence dans le sein de la femme, sa mère. Dieu a voulu aussi que la vie de la foi commence et s’épanouisse dans la prière et le témoignage des femmes.

Le Nouveau Testament signale la maternité spirituelle des femmes chrétiennes. Par exemple, saint Paul rappelle à son disciple bien-aimé, Timothée la foi de sa grand-mère, Loïs, et de sa mère Eunice (2 Tm 1,5).

Si nous pensons à La Réunion, nous pouvons nous réjouir de la foi des femmes, des mères et des grands-mères. Ce sont souvent elles qui transmettent l’Évangile et qui apprennent à prier aux enfants.

En ce moment où le monde souffre des confinements et de la pandémie, les bâtiments des églises sont fermés mais les « églises domestiques » vivent plus que jamais, c’est-à-dire les familles chrétiennes se rassemblent dans la prière et le partage de la Parole de Dieu.
En prison, les personnes détenues évoquent régulièrement le témoignage reçu dans la famille.

La femme chrétienne a reçu une vocation et une mission : la maternité spirituelle.

Qu’il est beau et fécond de recevoir un témoignage de foi et de prière de la part de sa mère ou de sa grand-mère. Personnellement, je me souviens d’une prière récitée par ma mère vers la fin de sa vie. Prière poétique qu’elle connaissait par cœur et qu’elle reprenait à demi-consciente dans l’épreuve de la maladie.

Saint Thomas d’Aquin (†1274), le grand docteur de l’Église, rappelle la mission des parents dans sa dimension corporelle et spirituelle qu’il compare au ministère des prêtres : «Certains propagent et entretiennent la vie spirituelle par un ministère uniquement spirituel, et cela revient au sacrement de l’ordre ; d’autres le font pour la vie à la fois corporelle et spirituelle, et cela se réalise par le sacrement de mariage, dans lequel l’homme et la femme s’unissent pour engendrer les enfants et leur enseigner le culte de Dieu » (S. Thomas d’Aquin, Summa contra Gentiles, IV, 58 ; cité par le saint pape Jean-Paul II, Exhortation apostolique Familiaris consortio en 1981).

Dieu a accordé à la femme une grâce particulière, « le génie féminin », selon l’expression de Jean-Paul II dans sa Lettre aux femmes (n°10), datée du 29 juin 1995. Cette grâce féminine se déploie de manière complémentaire et réciproque avec la grâce masculine : « Le féminin réalise l’« humain » tout autant que le fait le masculin, mais selon une harmonique différente et complémentaire » (Lettre aux femmes, n°7).

Saint Jean-Paul II enseignait que Dieu avait confié l’homme à la femme dans cette grâce féminine qui comprend la maternité spirituelle (cf. Mulieris dignitatem, n°30).

Les religieuses qui renoncent à la maternité physique pour le Royaume des cieux reçoivent en abondance cette grâce de la maternité spirituelle. Nous le constatons particulièrement dans l’éducation. Je pense aux filles, élèves des sœurs de Saint-Joseph de Cluny à Port-au-Prince, qui vénéraient les sœurs éducatrices.

Dans ses notes personnelles prises au cours de la retraite spirituelle annuelle en 1963, le saint pape Jean-Paul II écrit : « L’Église — le Corps mystique de Jésus —, c’est comme une « esse ad Patrem » (être vers le Père) sociale. Les sœurs, qui choisissent le Christ comme époux à travers les vœux, entrent de façon particulière dans ce « esse ad Patrem », non seulement personnellement, mais en marquant ainsi une certaine empreinte de ce « esse » (être) sur toute la vie sociale. D’où leur grande utilité pour l’Église et dans l’Église. Elles forment d’une certaine façon, sa colonne vertébrale. »

À La Réunion, les religieuses forment cette « colonne vertébrale » de l’Église. Les sœurs de Saint-Joseph de Cluny et les Filles de Marie ont marqué des générations d’enfants et de jeunes les tournant « vers le Père de Jésus ».

Sœur Inès de Jesús (†1993), moniale dominicaine du monastère de Caleruega (Espagne), berceau de saint Dominique, a évoqué dans son Journal spirituel inédit « la déchirure » de l’âme dans sa maternité spirituelle. Il y a la déchirure physique de l’accouchement et la déchirure spirituelle dans l’accouchement des âmes à la vie de Dieu.

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24), enseigne Jésus dans cette image qui annonce sa mort et sa résurrection.

Les femmes, qu’elles soient célibataires, mères de famille ou religieuses, ont reçu cet appel à transmettre la grâce pascale à travers leur prière, leur témoignage d’amour et leurs enseignements.
Rendons grâce à Dieu pour ces merveilles !

Image : sainte Marie Madeleine. Brea.

 

29 avril 2020
Sainte Catherine de Sienne, † 1380
Tertiaire dominicaine et Docteur de l’Église

16 août 1880, le père Lagrange, qui avait une dévotion pour Sainte Catherine de Sienne, écrit dans son Journal spirituel :
« Être humble et pacifique : j’ai manqué à ces deux points en promenade. »
Puis, il cite une pensée de Ste Catherine de Sienne (Lettres, Cartier, 2, 118) :

« L’humble, continuelle et fidèle prière. Cette prière est une mère, tout embrasée et enivrée du Précieux Sang ; elle nourrit les vertus sur son sein. »

Photo : Sainte Catherine de Sienne (détail) par Rutilio Manetti (1630)

 

 

Dimanche 26 avril 2020
Fractio panis (Luc 24, 35)
Ils reconnaissent Jésus à la fraction du pain
Nous retrouvons en ce dimanche, dans l’évangile de saint Luc 24, 13-35, les pèlerins d’Emmaüs à partir d’un extrait du commentaire du P. Lagrange insistant particulièrement sur la reconnaissance de Jésus au moment de la fraction du pain :

Il semble que Luc ait voulu montrer dans les apparitions une sorte de « crescendo », Jésus ayant daigné dans sa Sagesse préparer les disciples à une révélation aussi extraordinaire, en leur laissant l’occasion d’en mesurer pour ainsi dire la réalité. Les disciples d’Emmaüs le reconnaissent à la fraction du pain, mais ne le voient pas manger ; il mangera plus tard. Aussi insistent-ils sur la « fraction du pain (verset 35) ». Pour donner à ce mot le sens précis, il suffit de supposer que Jésus avait sa manière à lui de rompre le pain après l’avoir béni, manière que les siens connaissaient. D’après saint Cyrille d’Alexandrie (commentaire syriaque et « Catena ») les yeux des disciples furent ouverts après que l’enseignement eût éveillé la foi. Après tout ce que le Christ avait dit, le voyant agir comme autrefois, le retrouvant dans un geste consacré, ils le reconnurent. […]

L’importance de l’événement est telle que les deux disciples, renonçant au repos qu’on goûte si volontiers quand on est rentré chez soi, partent à l’heure même pour informer les Apôtres, qu’ils espèrent rencontrer encore à Jérusalem. Et de fait tout le groupe est réuni. […] Ce sont donc bien les autres disciples qui probablement aux premiers mots des deux disciples répondent qu’en effet le Seigneur est bien ressuscité et qu’il a apparu à Simon, c’est-à-dire à Pierre. […]

Sur la « fractio panis ». On ne peut nier que ce terme n’ait ici quelque chose de mystérieux. En tout cas on ne saurait l’expliquer comme notre locution vulgaire : casser une croûte.

(M.-J. Lagrange des Frères Prêcheurs, extrait de son commentaire dans L’Évangile selon saint Luc, « coll. Études bibliques » 5e édition, Lecoffre-Gabalda, 1941.)

Photo : Christ and pilgrims of Emmaus-Diego Velazquez(c. 1620)Metropolitan Museum of Art, NY.

 

Prédication pour la fête de saint Marc, le 25 avril 2020
Monastère des moniales dominicaines (Saint-Denis/La Réunion. France).
Fr. Manuel Rivero O.P.
Qui est l’auteur de la Bible ? La foi chrétienne précisée dans le catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’auteur de la révélation biblique est le Saint Esprit. Pourtant nous reconnaissons chaque évangéliste comme auteur de son œuvre. Saint Marc en est un. Il est l’artisan du deuxième évangile, c’est-à-dire, le Saint Esprit l’a inspiré dans sa culture, dans sa langue, sans ses pensées et dans sa prière, dans son émotivité et dans son travail …
Pour la foi chrétienne, Dieu ne se révèle pas dans une dictée. Nous ne sommes pas non plus une religion du Livre mais la religion du Verbe vivant !
Guidé par le Saint Esprit, saint Marc a fait œuvre de théologien et de prédicateur. À partir des prédications des apôtres, des récits des enseignements et des miracles de Jésus transmis de manière orale, saint Marc a bâti un Évangile qui semble s’adresser aux païens, non Juifs hors de Palestine et notamment à Rome. Il traduit les noms araméens pour que les païens les comprennent.
Dans sa pédagogie, saint Marc a développé son enseignement sur Jésus-Christ, Fils de Dieu, autour de la question « Qui donc est cet homme ? ». Qui est cet homme qui commande aux vents et aux vagues de la mer, qui agit avec autorité sur les démons et qui guérit les malades ? Qui est ce prophète qui manifeste le mystère de Dieu avec autorité ? Qui est cet homme qui affronte la mort dans l’amour et qui ressuscite ?
La tradition de l’Église dans l’enseignements des évêques et des docteurs a vu en saint Marc l’interprète de la prédication de saint Pierre à Rome. Marc ou Jean-Marc serait originaire de Jérusalem, compagnon de Paul, de Barnabé et de Pierre à Rome. Son Évangile qui insiste sur la nécessité de porter la croix à la suite de Jésus pourrait concerner les chrétiens persécutés par l’empereur romain Néron après l’année 64.
Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour notre vie spirituelle ? Tout d’abord, Dieu aime l’unité mais non l’uniformité. Nous avons quatre évangiles et non un seul. Saint Marc fait partie des évangiles synoptiques -Matthieu, Marc et Luc- qui comportent beaucoup de récits communs.
Dieu aime le pluralisme théologique et spirituel. Le poète espagnol Léon Felipe, mort exilé au Mexique en 1968, a partagé son expérience de Dieu dans ce poème : « Nadie fue ayer, ni va hoy, ni irá mañana hacia Dios por este mismo camino que yo voy. Para cada hombre guarda un rayo nuevo de luz el sol y un camino virgen Dios. », que je traduis de manière assez littérale : « Personne n’alla vers Dieu hier, ni va aujourd’hui ni ira demain sur ce même chemin où je vais. Chaque matin, pour chaque homme, un nouveau rayon de lumière lui est donné par le soleil et un chemin virginal par Dieu. »
Retenons que chacun va à Dieu par un chemin virginal. Un proverbe dit que « les comparaisons sont odieuses ». Cela s’avère juste aussi dans la vie spirituelle.
Un autre enseignement : Dieu se révèle petit à petit dans le temps et à travers les événements du quotidien. Saint Marc a probablement écrit trente ans après la mort et la résurrection de Jésus. La tradition orale l’emportait sur les écrits. Les apôtres venant à mourir martyrs, il fallait mettre par écrit leur enseignement pour faire connaître Jésus aux Juifs et aux païens, dans le monde entier.
Nous n’avons pas le manuscrit original de l’Évangile selon saint Marc. Nous en avons des copies d’où la critique textuelle, la critique littéraire, l’étude exégétique et théologique de ce texte évangélique.
Lors de son discours d’inauguration de l’École biblique de Jérusalem le 15 novembre 1890, le père Marie-Joseph Lagrange avait déclaré : « Dieu a donné dans la Bible un travail interminable à l’intelligence humaine et, remarquez-le bien, il lui a ouvert un champ indéfini de progrès dans la vérité. » Magnifique ! Le chrétien ne croit pas parce que c’est absurde mais parce qu’est lumineux, raisonnable et plus que raisonnable, surnaturel, divin. La foi chrétienne ne pousse pas au suicide de l’intelligence mais elle appelle la raison à se mettre au service de la foi : « Je crois pour comprendre et je comprends pour croire », enseigne saint Augustin.
Question : quel temps consacrons-nous à l’approfondissement de notre foi ? Nous nous plaignons souvent de ne pas avancer dans la relation avec Dieu. Mais demandons-nous : est-ce que j’utilise ma matière grise et mon temps pour grandir dans l’intelligence de la foi ? Le père Lagrange l’a bien dit : « Dieu nous a donné un champ infini de progrès dans la vérité. » Il s’agit de progresser dans la Vérité de Dieu. Nous connaissons mieux Dieu aujourd’hui qu’il y a deux mille ans. Ce progrès passe aussi par l’exégèse, c’est-à-dire par l’étude et l’interprétation des textes bibliques qui ressemblent à une source d’eau vive dont nous ne prenons que quelques gorgées.
Le père Lagrange montrait aussi la voie dans ce discours inaugural en disant : « La vérité révélée ne se transforme pas, elle grandit. […] C’est un progrès, parce que les acquisitions nouvelles se font sans rien enlever aux trésors du passé. Aussi l‘histoire de l’exégèse est-elle la plus belle des histoires littéraires. » Le père Lagrange aimait l’Évangile selon saint Marc qu’il avait choisi de commenter en premier avant tous les autres évangiles.
Nous entendons dire souvent : « un tel est intelligent ». Nous avons à répliquer : « intelligent en quoi ? » Il y en a qui sont intelligents pour l’industrie et le commerce mais incapables d’éduquer leurs enfants. Il y en a qui sont scientifiques ou professeurs mais inaptes à l’heure de construire leur vie de couple.
Il y a une intelligence de la foi. Qu’en faisons-nous ? Sommes-nous des schizophrènes ? Nous utilisons notre raison et notre temps pour l’économie et les loisirs tandis que notre vie religieuse ressemble à un jardin abandonné sans intelligence ni beauté.
La fête de saint Marc nous invite à investir du temps et le meilleur de notre capacité d’apprendre pour entrer dans le mystère Jésus-Christ, où se trouvent cachés tous les trésors de la connaissance et de l’amour de Dieu ainsi que de l’identité de l’humanité appelée à partager la vie de Dieu en Jésus ressuscité.
Pour saint Marc, l’avènement de Jésus Messie, Fils de Dieu, représente l’aboutissement de l’histoire du monde et le commencement de la nouvelle création. En Jésus s’accomplissement les promesses faites à Abraham et les prophéties de l’Ancien Testament. En Jésus, Dieu nous a tout dit et de manière définitive. La révélation est désormais close. Les apparitions et les grâces particulières ne font que confirmer l’enseignement de Jésus dans l’Évangile.
Nous n’avons pas à courir derrière de nouvelles prophéties, enseigne le grand docteur de l’Église saint Jean de la Croix (+1591), ce serait un péché de manque de foi qui équivaudrait à dire que Jésus ne nous a pas sauvé par sa mort et par sa résurrection et que sa révélation du Père était insuffisante.
Jésus n’est pas un prophète parmi les prophètes ou un prophète qui pourrait être dépassé par un autre prophète. Saint Marc met en lumière dès le premier verset de son Évangile la nouvelle création qui commence avec Jésus Messie, Fils de Dieu. Nul ne va à Dieu sans passer par Jésus.
Ce serait un retour en arrière, une régression dans la révélation, que de ne pas voir dans le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, dans sa mort et dans sa résurrection le sommet et la source du Salut de l’humanité, pour nous contenter de la foi d’Abraham ou d’autres prophètes.
L’eucharistie que nous célébrons maintenant va nous plonger dans le mystère de l’Amour de Dieu manifesté en son Fils bien-aimé, Jésus-Christ.
Demandons au Seigneur Jésus, la grâce de l’intelligence de la foi. Saint Marc n’a pas hésité à montrer Jésus en croix, portant le péché du monde, son corps imbibé du refus de croire des hommes à l’image d’une éponge qui absorbe le mal de l’humanité pour l’en délivrer : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais Dieu le Père n’a pas abandonné son Fils. Il l’a relevé le troisième jour par la puissance de son Esprit de sainteté.
Saint Marc n’hésite pas non plus à montrer la dureté du cœur des apôtres « lents à croire » en la résurrection de Jésus. L’évangéliste ne manipule pas les faits ni les textes pour faire croire en un événement faux, comme l’aurait fait un faux prophète.
L’amour de Jésus vainqueur de la mort l’emporte dans la rencontre avec ses disciples. Ils passent du deuil à l’allégresse pascale, des doutes au témoignage.
Dans la lumière de la résurrection de Jésus, le Chemin de croix devient un Chemin de lumière, le Via Crucis est transformé en Via lucis, la croix est devenue le pont qui conduit au Père.
Jésus qui avait crié sur la croix « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » est maintenant assis à la droite du Père. Il partage la gloire de son Père, nous préparant une place à nous qui sommes ses frères et ses sœurs, fils et fils de Dieu, dans la lumière de la Résurrection. Alléluia !

 

25 avril 2020 : Bonne fête à tous les Marc et les Jean-Marc !
Saint Marc l’Évangéliste

Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel 1879-1932, Cerf, 2014, p. 377 :
[…] le contact avec Dieu… c’est le mystère de la vie… sur cette vie naturelle Dieu a greffé une vie surnaturelle… c’est un germe ; qu’y a-t-il de plus mystérieux qu’un germe : la parabole de Marc… l’homme a semé… et la moisson se prépare… Oui, c’est la foi qui s’affermit, c’est l’espérance, irritée par le voile, qui soupire… c’est la charité envers Dieu et le prochain… par l’union…

M.-J. Lagrange des Frères Prêcheurs, L’Évangile selon saint Marc, 4e édition, Lecoffre, 1935 :
Chacun des évangélistes a son symbole. Celui de Marc est le lion, parce que son évangile débute par la mission de saint Jean-Baptiste, dont la voix retentit comme celle du lion au désert.

 

22 avril 2020
La lumière de la foi

« Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, afin que ses œuvres ne soient pas connues pour ce qu’elles valent ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, de façon que ses œuvres soient manifestées comme faites en Dieu (Jean 3, 20-21). »

Ceux qui font le bien agissent en Dieu, c’est-à-dire en vue de lui, en contact avec lui, comme enveloppés de lui et par conséquent sous son impulsion. Ceux-là vont vers la lumière, c’est-à-dire vers une connaissance plus intime de Dieu : principe fondamental de la mystique chrétienne (M.-J. Lagrange o.p. L’Évangile selon Saint Jean, 1936).

 

Photo : Maïté Roche. Prière.

 

 

 

19 avril 2020
Dimanche de la Divine Miséricorde

Thomas lui répondit et lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu tu as cru ? heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru (Jean 20, 28-29). »

Jésus avait fait connaître sa nature divine, mais personne encore dans l’évangile ne lui avait donné ce titre, qu’il avait revendiqué mais non pas sous ce terme exprès. Il jaillit de l’évidence de la résurrection, et sur les lèvres de l’incrédule Thomas tout le premier. (…) Ce n’est pas un doute, c’est un sourire qui répond à la stupeur de Thomas, de croire au témoignage d’autres disciples. La Résurrection devait être constatée, non par tous, mais par des témoins choisis (Actes 2, 32 ; 10, 40, etc.).

(M.-J. Lagrange, o.p., Évangile selon Saint Jean, 1936, p.518.)

« Dieu Saint, Dieu Fort, Dieu Éternel, prends pitié de nous et du monde entier. »

Photo : Saint Thomas, apôtre. Anonyme (17e-18e). Musée diocésain de Monzón-Archidiocèse de Saragosse. Le saint est représenté portant dans une de ses mains la lance de son martyre et son doigt montre un fragment du Credo en latin.

 

16 avril 2020
Le retour des disciples d’Emmaüs et apparition de Jésus aux apôtres et aux disciples (Jean 24, 35-48)

(45) « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. (46) Il leur dit : ‘Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, (47) et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. (48) À vous d’en être les témoins (Luc 24, 45-47)’ ».

 

Nous pouvons lire dans le commentaire du P. Lagrange  :

(45) On emploie volontiers l’intelligence, au sens métaphorique, ce qui se dit de la vue au sens propre. Ouvrir les yeux permet de voir, ouvrir l’esprit ou le cœur (selon l’usage hébraïque) c’est faire comprendre ; cf. Actes 16, 14 ; 2 Maccabés 1, 4.

(46) Jésus apparaissant ressuscité, sa résurrection est évidente par elle-même, et n’a pas besoin d’être prouvée par l’Écriture : 1° relativement au Christ ; 2° relativement à l’œuvre qui doit être accomplie en son nom, mais par d’autres. On est étonné de trouver dans une phrase tout ce merveilleux secret, sur lequel les Juifs peinent encore. Dès le premier jour la pensée chrétienne recevait son orientation définitive. La part du Christ, c’était de souffrir, mais comme Christ il devait ressusciter ; ce qui eut lieu le troisième jour. Dans cette déclaration du sens général de l’Écriture, il n’y a pas à chercher si elle a précisément prédit la résurrection le troisième jour, du moins de façon littérale précise […]

(47) La seconde révélation n’est pas moins étonnante. Le Christ victorieux, auquel Dieu promis les nations en héritage, disparaît presque de la scène du monde ; cependant si les nations doivent être invitées à se repentir en son nom, c’est qu’elles obtiendront le pardon à cause de ses souffrances (Jean 22, 19 s.). Les deux points sont développés dans le discours de Paul à Antioche de Pisidie (Actes 13, 26-41) […]

(48) C’est une phrase distincte, le témoignage s’appliquant avant tout aux faits dont l’Écriture indiquait d’avance la réalité divine. (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon Saint Jean, 1941, p. 614-615.)

Photo : Le repas de Jésus avec ses disciples au retour d’Emmaüs-Duccio di Buoninsegna (détail de la maesta-1308-Musée de l’œuvre de la Cathédrale-Sienne)

 

12 avril 2020

Joie pascale en ce dimanche de Lumière! Avec ma prière. Fr. Manuel.

Résister, résilience et résurrection
Prédication pour la Veillée pascale 2020

« O nuit, plus belle que le jour,
O nuit, plus lumineuse que le soleil,
O nuit, plus blanche que neige,
Plus brillante que nos flambeaux,
Plus douce que le paradis ».
C’est ainsi qu’un évêque du IVe siècle dans l’actuelle Turquie chantait le mystère de la nuit pascale qui a vu resplendir dans le ciel la lumière du Christ ressuscité.
Toutes les nuits de l’histoire du monde convergent vers la nuit pascale. Nuit de la création éclairée par le soleil. Nuit de la libération de l’esclavage d’Egypte lors de l’exode. Nuits des priants qui veillaient jusqu’à l’aurore. Nuit des bergers revêtus de la clarté de la gloire de Dieu à Noël. Nuit de la tempête déchaînée au cours de laquelle Jésus a marché sur les eaux du lac de Tibériade. Nuit de la trahison de Judas. Nuit du reniement de Pierre. Nuit de garde à vue de Jésus dans la maison du grand-prêtre. Nuit d’ensevelissement de Jésus le Vendredi Saint. Nuit de Pâques !
« Ceux qui sèment dans les lames moissonnent en chantant » (Psaume 126,5), prie le psalmiste. Après les angoisses de la nuit arrive la joie de l’aurore. La Vierge Marie brille dans l’Église comme la femme de l’espérance qui attendu la résurrection de son Fils Jésus dans la lumière intérieure de la foi.
Benn, le peintre d’origine russe, nous a légué un riche héritage spirituel en représentant de manière symbolique les Psaumes. Il a excellé dans la présentation des Psaumes où le croyant a connu les ténèbres et la peur de la mort. Dans ses tableaux, la lumière naît de la nuit, la joie trouve ses racines dans la douleur : « Au soir les larmes, au matin les cris de joie » (Psaume 30). Benn avait vécu caché dans un sous-sol à Paris pendant la guerre. Dans les profondeurs sans lumière il a compris la force de Dieu qui fait passer de l’obscurité à la clarté de la résurrection.
En cette nuit pascale, nous pensons aux chrétiens persécutés dans le monde, obligés de se cacher ou de subir la prison et la violence. « Le sang des martyrs, semence des chrétiens », enseignait Tertullien. L’an dernier, lors du chapitre général de l’Ordre des prêcheurs célébré au Vietnam, les frères dominicains arrivés des cinq continents ont été émerveillés par la jeunesse et le dynamisme des chrétiens vietnamiens : des milliers de jeunes séminaristes de jeunes religieuses, des églises combles pour les messes. Ces fidèles sont les fils spirituels des martyrs. D’ailleurs, les chrétiens proviennent de la région du nord du Vietnam qui connut la persécution la plus cruelle. Le frère Valentin de Berriochoa, dominicain évêque et martyr au Tonkin dans le nord du Vietnam, en est un exemple. Il a été ordonné évêque à quatre heures du matin, dans la nuit. Sa crosse était une canne de bambou et sa mitre était en carton. À peine ordonné évêque, le nouvel évêque ordonnait parfois son successeur pour ne pas laisser l’Église sans pasteur lors des persécutions.
Aujourd’hui, ceux qui souffrent la maladie du coronavirus avec foi et toux ceux qui se dévouent à leur service au risque de la contagion, témoignent de la dignité sacrée de la personne humaine. La prière des malades touche le cœur de Dieu et fait jaillir une fontaine de grâces pour l’humanité. Et nous pouvons nous réjouir de voir le corps médical mis en valeur. Dans les médias, ils occupent avec justice la place remplie habituellement par les matchs de football.
Trois mots d’action peuvent éclairer notre temps de confinement : résister, résilience, résurrection.
Résister à la maladie dans la prudence à l’aide des soins médicaux. Les chrétiens ne se résignent pas. Ils se battent pour la vie.
Résilience : apprendre dans la souffrance et la peur pour devenir meilleur. « Tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Romains 8,28), enseigne saint Paul.
Résurrection : accueillir la grâce pascale pour vivre de la vie même de Jésus ressuscité. Passer du repli sur soi au don de notre vie, des ténèbres de l’ignorance à la connaissance de l’amour de Dieu vainqueur de la mort, passer du péché qui nous enferme à la liberté des enfants de Dieu. « Vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 3,1), déclare saint Paul. Dès maintenant, nous participons à la résurrection de Jésus. L’énergie de l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts agit aussi en nous. La résurrection du Christ concerne notre avenir -la mort sera vaincue-, elle regarde aussi notre présent, chacun d’entre nous reçoit une mission à accomplir de la part du Christ Jésus. Si nous venons à échapper à la maladie ce sera aussi un signe que Dieu nous veut vivants pour faire grandir la vie, l’amour et la foi en Dieu.
Le Christ Jésus est ressuscité dans la nuit pour éclairer ceux qui marchaient dans les ténèbres. Il est sorti du tombeau pour que nos esprits s’ouvrent à l’intelligence des Écritures. Il est sorti du tombeau pour que nous sortions des tombeaux du péché. Il est sorti du tombeau afin que nos tombeaux s’ouvrent pour la vie éternelle lors du Jugement dernier.
Ressuscité, Jésus a transformé son tombeau en berceau du Premier-né d’entre les morts, prémices d’une multitude de frères, c’est-à-dire des croyants qui recevront le baptême pour renaître de l’eau et de l’Esprit.
Les chrétiens relient la résurrection de Jésus au baptême qui dans la primitive Église était célébrée la nuit de Pâques :
« Nuit nuptiale de l’Église
Qui fait naître les nouveaux baptisés
Où nous veillons avec les anges.
Nuit pascale, une année attendue. »

Dans la nuit pascale, nous célébrons l’anniversaire de notre baptême, véritable plongeon dans la mort et la résurrection du Seigneur.
Malheureusement cette année il n’y aura pas de baptêmes à Pâques à cause de la pandémie. Mais nous nous réjouissons de notre baptême qui a fait de nous des enfants de lumière. Nous prions aussi pour les catéchumènes et pour tous les chercheurs de Dieu que la grâce de Jésus ressuscité touche au cœur les remplissant de lumière et d’amour. Dans le confinement, l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts n’est pas confiné.
Dans son prologue, saint Jean évangéliste nous révèle que le Verbe venant dans le monde éclaire tout homme (cf. Jn 1,9). La lumière du Christ ressuscité est répandue dans le cœur de tous les hommes d’une manière mystérieuse que seul Dieu connaît mais dont nous voyons les traces dans les témoignages de solidarité, de réconciliation, de pardon, de prière et d’amour.
La nuit de Pâques était la grande fête de la foi de l’Église. C’est pourquoi nous pouvons choisir comme prière pour ce temps pascale le Credo. Saint Augustin prêchait aux catéchumènes et à son peuple d’Hippone, en Afrique du Nord : « Récitez le Credo chaque jour, matin et soir. Récitez-le à vous-mêmes ou plutôt récitez-le à Dieu. Gravez-le bien dans votre mémoire, répétez-le sans cesse, pour ne plus jamais l’oublier.
Ne dites-pas : « Je l’ai récité hier encore, aujourd’hui, tous les jours. Je le sais sur le bout des doigts. » Ne vous habillez-vous pas tous les jours ? Quand vous redites le Credo, vous habillez votre cœur. »
Habillons notre cœur de la lumière du Christ ressuscité !
Fr. Manuel Rivero O.P.

Samedi saint 11 avril 2020

Prédication pour la Veillée pascale 2020

« O nuit, plus belle que le jour,
O nuit, plus lumineuse que le soleil,
O nuit, plus blanche que neige,
Plus brillante que nos flambeaux,
Plus douce que le paradis ».

C’est ainsi qu’un évêque du IVe siècle dans l’actuelle Turquie chantait le mystère de la nuit pascale qui a vu resplendir dans le ciel la lumière du Christ ressuscité.
Toutes les nuits de l’histoire du monde convergent vers la nuit pascale. Nuit de la création éclairée par le soleil. Nuit de la libération de l’esclavage d’Egypte lors de l’exode. Nuits des priants qui veillaient jusqu’à l’aurore. Nuit des bergers revêtus de la clarté de la gloire de Dieu à Noël. Nuit de la tempête déchaînée au cours de laquelle Jésus a marché sur les eaux du lac de Tibériade. Nuit de la trahison de Judas. Nuit du reniement de Pierre. Nuit de garde à vue de Jésus dans la maison du grand-prêtre. Nuit d’ensevelissement de Jésus le Vendredi Saint. Nuit de Pâques !
« Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant » (Psaume 126,5), prie le psalmiste. Après les angoisses de la nuit arrive la joie de l’aurore. La Vierge Marie brille dans l’Église comme la femme de l’espérance qui a attendu la résurrection de son Fils Jésus dans la lumière intérieure de la foi.
Benn, le peintre d’origine russe, nous a légué un riche héritage spirituel en représentant de manière symbolique les Psaumes. Il a excellé dans la présentation des Psaumes où le croyant a connu les ténèbres et la peur de la mort. Dans ses tableaux, la lumière naît de la nuit, la joie trouve ses racines dans la douleur : « Au soir les larmes, au matin les cris de joie » (Psaume 30). Benn avait vécu caché dans un sous-sol à Paris pendant la guerre. Dans les profondeurs sans lumière il a compris la force de Dieu qui fait passer de l’obscurité à la clarté de la résurrection.
En cette nuit pascale, nous pensons aux chrétiens persécutés dans le monde, obligés de se cacher ou de subir la prison et la violence. « Le sang des martyrs, semence des chrétiens », enseignait Tertullien. L’an dernier, lors du chapitre général de l’Ordre des prêcheurs célébré au Vietnam, les frères dominicains arrivés des cinq continents ont été émerveillés par la jeunesse et le dynamisme des chrétiens vietnamiens : des milliers de jeunes séminaristes de jeunes religieuses, des églises combles pour les messes. Ces fidèles sont les fils spirituels des martyrs. D’ailleurs, les chrétiens proviennent de la région du nord du Vietnam qui connut la persécution la plus cruelle. Le frère Valentin de Berriochoa, dominicain évêque et martyr au Tonkin dans le nord du Vietnam, en est un exemple. Il a été ordonné évêque à quatre heures du matin, dans la nuit. Sa crosse était une canne de bambou et sa mitre était en carton. À peine ordonné évêque, le nouvel évêque ordonnait parfois son successeur pour ne pas laisser l’Église sans pasteur lors des persécutions.
Aujourd’hui, ceux qui souffrent la maladie du coronavirus avec foi et toux ceux qui se dévouent à leur service au risque de la contagion, témoignent de la dignité sacrée de la personne humaine. La prière des malades touche le cœur de Dieu et fait jaillir une fontaine de grâces pour l’humanité. Et nous pouvons nous réjouir de voir le corps médical mis en valeur. Dans les médias, ils occupent avec justice la place remplie habituellement par les matchs de football.

Trois mots d’action peuvent éclairer notre temps de confinement : résister, résilience, résurrection.

Résister à la maladie dans la prudence à l’aide des soins médicaux. Les chrétiens ne se résignent pas. Ils se battent pour la vie.

Résilience : apprendre dans la souffrance et la peur pour devenir meilleur. « Tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Romains 8,28), enseigne saint Paul.

Résurrection : accueillir la grâce pascale pour vivre de la vie même de Jésus ressuscité. Passer du repli sur soi au don de notre vie, des ténèbres de l’ignorance à la connaissance de l’amour de Dieu vainqueur de la mort, passer du péché qui nous enferme à la liberté des enfants de Dieu. « Vous êtes ressuscités avec le Christ » (Col 3,1), déclare saint Paul. Dès maintenant, nous participons à la résurrection de Jésus. L’énergie de l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts agit aussi en nous. La résurrection du Christ concerne notre avenir -la mort sera vaincue-, elle regarde aussi notre présent, chacun d’entre nous reçoit une mission à accomplir de la part du Christ Jésus. Si nous venons à échapper à la maladie ce sera aussi un signe que Dieu nous veut vivants pour faire grandir la vie, l’amour et la foi en Dieu.
Le Christ Jésus est ressuscité dans la nuit pour éclairer ceux qui marchaient dans les ténèbres. Il est sorti du tombeau pour que nos esprits s’ouvrent à l’intelligence des Écritures. Il est sorti du tombeau pour que nous sortions des tombeaux du péché. Il est sorti du tombeau afin que nos tombeaux s’ouvrent pour la vie éternelle lors du Jugement dernier.
Ressuscité, Jésus a transformé son tombeau en berceau du Premier-né d’entre les morts, prémices d’une multitude de frères, c’est-à-dire des croyants qui recevront le baptême pour renaître de l’eau et de l’Esprit.
Les chrétiens relient la résurrection de Jésus au baptême qui dans la primitive Église était célébrée la nuit de Pâques :

« Nuit nuptiale de l’Église
Qui fait naître les nouveaux baptisés
Où nous veillons avec les anges.
Nuit pascale, une année attendue. »

Dans la nuit pascale, nous célébrons l’anniversaire de notre baptême, véritable plongeon dans la mort et la résurrection du Seigneur.
Malheureusement cette année il n’y aura pas de baptêmes à Pâques à cause de la pandémie. Mais nous nous réjouissons de notre baptême qui a fait de nous des enfants de lumière. Nous prions aussi pour les catéchumènes et pour tous les chercheurs de Dieu que la grâce de Jésus ressuscité touche au cœur les remplissant de lumière et d’amour. Dans le confinement, l’Esprit Saint qui a relevé Jésus d’entre les morts n’est pas confiné.

Dans son prologue, saint Jean évangéliste nous révèle que le Verbe venant dans le monde éclaire tout homme (cf. Jn 1,9). La lumière du Christ ressuscité est répandue dans le cœur de tous les hommes d’une manière mystérieuse que seul Dieu connaît mais dont nous voyons les traces dans les témoignages de solidarité, de réconciliation, de pardon, de prière et d’amour.

La nuit de Pâques était la grande fête de la foi de l’Église. C’est pourquoi nous pouvons choisir comme prière pour ce temps pascal le Credo. Saint Augustin prêchait aux catéchumènes et à son peuple d’Hippone, en Afrique du Nord : « Récitez le Credo chaque jour, matin et soir. Récitez-le à vous-même ou plutôt récitez-le à Dieu. Gravez-le bien dans votre mémoire, répétez-le sans cesse, pour ne plus jamais l’oublier.
Ne dites-pas : « Je l’ai récité hier encore, aujourd’hui, tous les jours. Je le sais sur le bout des doigts. » Ne vous habillez-vous pas tous les jours ? Quand vous redites le Credo, vous habillez votre cœur. »

Habillons notre cœur de la lumière du Christ ressuscité !
Fr. Manuel Rivero O.P.

 

10 avril 2020
Les Sept Paroles de Jésus en Croix
Méditations pour un Vendredi saint

Extraits de L’Évangile de Jésus Christ par le P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. C. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017, p. 608-615

La première (Pater…)
« Père ! pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le premier mot de Jésus sur la croix fut une parole de pardon : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 43a). » Les Juifs croyaient savoir, mais ils étaient aveuglés par l’orgueil, racine de leur haine, et cet aveuglement étant volontaire dans son principe, ils avaient grand besoin de pardon. Jésus leur accorde le sien et implore son Père pour eux en montant sur la croix, puisqu’il est venu souffrir pour obtenir la grâce des pécheurs.

La 2e parole (Mulier…)
« Femme, voilà ton fils… »
Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie, la [femme] de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc, voyant sa Mère et, tout près, le disciple qu’il préférait, dit à sa Mère : « Femme, voilà ton fils… » Ensuite, il dit au disciple : « Voilà ta mère… » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui (Jean 19, 25-27).
Le calice de la Rédemption fut amer pour Jésus. Ses souffrances sur la croix étaient atroces. Son cœur était meurtri par l’abandon de ses disciples, le mépris des chefs des Juifs, la lourde indifférence du grand nombre. Jusque-là, même dans ce mystère douloureux, le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère. Elle était là, pâtissant avec lui, augmentant ainsi sa torture et pourtant le consolant dans l’abandonnement des autres. Avec elle sa sœur, peut-être sa cousine, qui était la mère de Jacques et de José, puis Marie, femme de Clopas, Marie de Magdala, enfin le disciple bien-aimé. […] Jésus donc, voyant sa Mère et tout près le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : « Femme, voilà votre Fils. » Ce terme de femme sonne plus doucement aux oreilles d’un Oriental qu’aux nôtres, nous l’avons déjà vu . Et Jésus, se séparant de sa Mère, ne veut plus lui donner ce nom très doux. Cela aussi fait partie de son sacrifice. Sa pensée est de la confier à celui qu’il aime le mieux, par qui elle sera le mieux comprise quand elle parlera de son vrai Fils. Étant très jeune, son affection sera à la fois plus respectueuse et plus tendre. Il devra donc la regarder vraiment comme sa mère : « Voilà ta mère. » Et depuis ce moment le disciple la prit chez lui. Quelle union entre eux fut créée par cette parole et par ce souvenir ! Tous les chrétiens, devenus frères de Jésus par le baptême, sont donc aussi fils de Marie. Ils s’approchent de la Croix, s’entendent dire cette parole : Voilà votre Mère ! Et ils savent, et ils éprouvent que Marie les traite vraiment comme des fils.

La 3e parole (… Hodie)
« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi, dans le Paradis. »
Cependant l’autre larron, moins endurci, rentrait en lui-même au moment de paraître devant Dieu. Il se rendait justice : sa peine était méritée. Et ce même instinct de grâce, si sûr, lui faisait comprendre aussi que Jésus était innocent. Peut-être autrefois avait-il entendu son compagnon de supplice, alors suivi de la foule, parler du royaume de Dieu qu’il devait inaugurer comme Messie. Les prêtres venaient encore de reconnaître ses miracles. Et cependant ce Jésus se taisait. C’est qu’il attendait son heure qui sûrement sonnerait, après ces souffrances dont il avait aussi parlé. Et s’efforçant de tourner la tête, le larron articula doucement : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans l’éclat de ton règne. » Admirable acte d’une foi que Jésus veut éclairer davantage, en tournant toutes les pensées du pécheur repentant vers son accès si prochain auprès de Dieu : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis (Luc 23, 40). » Le bon larron, qui était juif, avait sûrement entendu parler du Paradis.
[…] Compagnon de Jésus sur la Croix, l’heureux larron sera désormais sous sa sauvegarde auprès de Dieu. Et c’est ainsi que sur la Croix le Sauveur servait bien réellement les autres.

La 4e parole (Eloï !…)
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Durant trois heures, une obscurité opaque s’étendit sur le pays. Le soleil était voilé. L’atmosphère était lourde. Jésus garda le silence jusqu’à la neuvième heure. Il souffrait. Rejeté par les chefs de la nation comme blasphémateur et livré à des étrangers, traité par les Romains comme un malfaiteur, conspué par la populace, raillé par un bandit, abandonné par les siens, il ne lui restait plus qu’une peine à endurer dans son âme, la plus cruelle de toutes, l’abandon de son Père. Nous devons le croire, puisque deux évangélistes l’ont dit. Ils l’ont dit, et c’est sans doute la preuve la plus indiscutable de leur véracité. Les ennemis de Jésus venaient de l’insulter dans sa confiance en son Dieu : Non, qu’il se détrompe, Dieu l’a abandonné ! Les chrétiens devaient tenir cette insulte pour un blasphème envers l’objet de leur culte, Jésus Christ, Fils de Dieu. Alors pourquoi avouer que c’était vrai ? Pourquoi le faire avouer par Jésus lui-même criant dans sa détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » […]
Le mystère subsiste pour nous. Même au moment où l’âme de Jésus allait quitter son corps, nous ne devons pas supposer une sorte de dédoublement de sa personnalité. C’est toujours le Fils de Dieu qui parle. Mais la voix humaine exprime le sentiment de son humanité, de son âme désolée comme si Dieu se retirait d’elle. Désolation plus entière que celle de Gethsémani, puisque Jésus ne dit plus « mon Père », mais seulement « mon Dieu », Eloï, Eloï. Comme toutes ses autres douleurs, celle-là aussi devait être acceptée pour nous : c’est le refuge des grandes âmes dans les dernières épreuves qui les purifient. […] Chargé sur son gibet de tous les péchés du monde, Jésus était devenu malédiction . Mais il nous délivrait de la malédiction en la prenant sur lui, et la désolation éclatait en joie dans les derniers versets du psaume dont il prononçait les premiers mots . Les afflictions du juste, le véritable Messie, aboutissent à la gloire de Dieu. Le psaume reproduisait à l’avance le défi ironique des docteurs : « Qu’il s’abandonne à Iahvé ! Qu’il le sauve ! » Et en effet, l’abandonné s’abandonne ; il sait qu’à ce prix toutes les extrémités de la terre se tourneront vers Dieu, et toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face .
Parmi ceux qui étaient présents, les docteurs seuls comprirent que Jésus citait un psaume. D’autres, plus simples, n’entendant guère que les premiers mots, s’imaginèrent que Jésus appelait Élie. Ils y virent la dernière hallucination de cette tête que la torture achevait d’égarer. Car Élie, tout le monde le savait chez les Juifs, reviendrait pour manifester le Messie, mais il n’irait pas le chercher sur une croix !

La 5e parole (Sitio)
« J’ai soif !”
Jésus cependant laissa entendre : « J’ai soif. »
[…] En disant : « J’ai soif », Jésus avait accompli une parole d’un psaume sur le juste souffrant (Psaume 68, 22). Désormais il avait bu le calice jusqu’à la dernière goutte.

La 6e parole (Consummatum est)
« C’est consommé »
Il s’écrit : « Tout est consommé », en bon ouvrier qui a fini sa tâche (Jean 19, 3a).

La 7e parole (Pater, in manus tuas…)
« Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ! »
Puis d’une voix forte, Jésus dit : « Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ! (Luc 23, 46a) » Ayant donc montré par ce grand cri qu’il rendait librement son esprit à son Père, Jésus expira.

« Ayez pitié de nous, très doux Jésus, qui dans votre clémence avez souffert pour nous. »

La Crucifixion par Louis Brea (1512) (retable, Église des Franciscains de Cimiez-Nice). Photo Germaine-Pierre Leclerc.

 

 

9 avril 2020
Jeudi de la Semaine sainte (Jean 13, 1-15)
L’intention principale de Jésus était de donner à ses disciples un exemple d’humilité qui fût une leçon éternelle dans son Église. 

[…] Les fidèles savent très bien que l’imitation de Jésus doit s’étendre à tous leurs actes, à toutes leurs pensées, à toute leur vie, et que pourtant cet exemple particulier n’est point spécialement obligatoire. Cependant, pour honorer ce souvenir, les rois ont lavé les pieds des pauvres le jeudi saint, et les prélats de l’Église le font encore. Et qu’on n‘allègue pas l’inconvenance de s’humilier devant un frère qui est peut-être un apostat dans son cœur. Jésus l’a fait à l’égard de Judas, et cependant il savait qu’il était déjà figuré dans l’Écriture : « Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon (Psaume 41, 10). »
Lorsqu’il prononça ces paroles, Jésus avait déjà repris sa place à table.

(M.-J. Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, 2017, p. 542-543.)

« Mon Dieu, pardonnez-moi mes péchés, faites-moi la grâce de ne plus offenser ! » (M.-J. Lagrange, Journal spirituel, Jeudi saint 15 avril 1897. »)

Photo : Le lavement des pieds (détail) par Tintoret (1539). Musée du Luxembourg.

 

8 avril 2020
Mercredi de la Semaine sainte
La trahison de Judas (Matthieu 26, 14-25)

Jésus mis le sceau à son évangile par cette vue des fins dernières. Du mont des Oliviers il gagna Béthanie.

La fête de Pâque approchait, et les meneurs du Sanhédrin n’étaient pas sans inquiétude, car ils savaient que durant ces huit jours de fête Pilate était aux aguets. Si le Galiléen prenait fantaisie d’exciter le peuple, le gouverneur ne manquerait pas cette occasion de frapper fort.

Il fallait se hâter, car arrêter Jésus durant les solennités, c’eût été provoquer le tumulte qu’on craignait. Le secret n’importait pas moins que la promptitude, et il n’y avait plus que deux jours avant la fête ! L’intervention de Judas Iscariote tira d’embarras les chefs du sacerdoce et le groupe des docteurs pharisiens.

Judas, l’un des Douze, est le Benjamin de la critique antichrétienne, spécialement des rares savants juifs qui s’occupent de l’histoire de Jésus.

Il était de Qarioth, au sud de la Judée, d’un tempérament plus froid que les Galiléens enthousiastes, mais, assure-t-on, plus intelligent, plus cultivé, digne de la confiance que lui témoigna Jésus en l’envoyant prêcher le Règne de Dieu. Il s’aperçut peu à peu des prétentions extravagantes de son chef, qui se disait Messie et Fils de Dieu, et qui cependant, à l’occasion, se dérobait au péril, c’était donc un séducteur ; la Loi ordonnait de le dénoncer ; Judas fit son devoir. Ce galant homme n’aurait jamais consenti à recevoir de l’argent pour prix de son obéissance aux lois de son pays.

Et en effet, les disciples de Jésus n’ont pas assisté au marché conclu entre Judas et les Sanhédrites, mais le fait est devenu assez public. D’ailleurs ils ont vu Judas trahir son maître par un baiser, et ce baiser suffit à jauger l’homme. (Voir la suite dans Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 533-534).

« Voilà comment débute cette semaine décisive : par une trahison. Cela ne va pas pour autant arrêter l’œuvre de Jésus, ni son espérance de sauver même Judas. » d’après la spiritualité de sainte Thérèse d’Avila tant vénérée par le père Lagrange. (Source : carmel.asso.fr)

Photo Germaine-Pierre Leclerc : Le baiser de Judas- Canavesio (1492)-ND des Fontaines-La Brigue(Alpes-Maritimes).

 

6 avril 2020
Lundi saint

Bon Lundi saint avec ma prière au seigneur Jésus en cette Semaine Sainte. Fr. Manuel.

« Marie donc prit une livre d’un parfum de nard authentique d’une grande valeur et oignit les pieds de Jésus et essuya ses pieds avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum (Jean 12, 3). »

Passant sous silence l’onction de la tête, qui allait de soi, Jean note l’onction des pieds, hommage plus extraordinaire, et, la quantité du parfum étant considérable, il coule en telle abondance sur les pieds sacrés, que Marie aussitôt dénoue sa chevelure pour l’essuyer, ce qui la parfume elle-même et contribue à répandre l’odeur dans toute la maison. […] (Jean) a voulu montrer la prodigalité du don, et l’ardeur de l’hommage qui oblige Marie à un geste peu ordinaire et dont le souvenir était resté attaché à sa personne. Cela explique suffisamment la réflexion sur la bonne odeur répandue […]. Paul ayant dit : « Car nous sommes bien, pour Dieu, la bonne odeur du Christ parmi ceux qui se sauvent et parmi ceux qui se perdent (2 Corinthiens 2, 15) », il était assez naturel de voir dans l’odeur répandue le symbole de la foi prêchée dans le monde. […] (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon Saint Jean, 1936.)

Marie-Madeleine (détail), Ph. de Champaigne, photo Alain Goetz.

 

5 avril 2020
Entrée messianique de Jésus à Jérusalem

Jésus agréait ces humbles hommages, lui le roi humble et doux. Ces braves gens faisaient ce qu’ils pouvaient. Les plus favorisés placèrent leurs manteaux sur l’ânon pour servir de selle, d’autres jetaient les leurs sur le chemin. Ils coupaient de la verdure dans les champs et en jonchaient le sol, gardant les branches des palmiers pour les porter à la main. Ils entouraient Jésus, les uns courant en avant, les autres suivant sa monture et tous criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne qui vient, de notre père David ! Hosanna dans les hauteurs. » Hosanna, c’est-à-dire « Sauve donc ! » était une acclamation consacrée par l’usage dans les processions. On saluait donc le Fils de David, le roi d’Israël, le Messie tant désiré. […]

Jésus cependant était bien éloigné des sentiments du triomphateur antique. En descendant du Capitole, le vainqueur faisait égorger les rois vaincus. C’est lui qui devait être la victime, et avec lui cette ville de Jérusalem qu’il était venu sauver. Voyant devant lui, dans l’éclat encore récent de leurs grandes pierres blanches les palais, les remparts, le Temple du Seigneur ruisselant d’or, toute cette sainte Sion où l’attendaient la haine et la perfidie, il pleura (Jn 19, 41).

Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 468.

 

02 avril 2020
Et Jésus, très simplement : « Avant qu’Abraham ne soit né, je suis. » (Jn 8, 58)

Le P. Lagrange commente :

[…] Alors les pierres. Mais Jésus se préserva de leurs coups en sortant du Temple.

On ne saurait méconnaître une certaine analogie entre la discussion sur les vrais enfants d’Abraham et ce que saint Paul a dit sur ce sujet (Rm 4 ; Ga 3). Il est sûr que saint Jean a écrit longtemps après saint Paul. Dira-t-on qu’il a fait ici du paulinisme, et par conséquent que la théorie qui ressort de l’entretien est une création chrétienne, mise par anticipation dans la bouche de Jésus ? Ce serait méconnaître le rapport d’origine entre les deux doctrines. Saint Paul veut démontrer que la justice ne dépend pas des œuvres mais de la foi au Christ. Il le prouve parce que la foi des chrétiens est la même que celle d’Abraham, qui a cru à la promesse, et qui aussitôt a été déclaré juste. Redescendant ensuite d’Abraham aux croyants, saint Paul reconnaît en lui leur père. Ils sont tous fils de Dieu par la foi au Christ ; ayant la même foi qu’Abraham, ils sont son vrai lignage, quand même ils ne seraient pas circoncis. Il a donc tiré la conclusion positive de ce qui n’était qu’en germe dans l’argument de Jésus, presque uniquement négatif. Celui-ci montrait seulement, pour résoudre l’objection des Juifs tirée de leur prérogative, qu’en réalité, n’étant pas fils de Dieu, ils n’étaient même pas fils d’Abraham. C’est exactement ce qu’exigeait la controverse, sans un mot de plus sur le bénéfice des croyants. Saint Jean avait sûrement lu les épîtres de saint Paul. […]

Jésus affirmait cette fois nettement sa préexistence dans des termes qui incluaient sa divinité. Les Juifs jugèrent qu’il en avait assez dit pour lui fermer la bouche en le lapidant. Plus tard il s’exprimera plus clairement encore. (L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 332-333)

Photo : Christ par Heinrich Hofmann (19e), Riverside Church, NY.

Écho de notre page Facebook : mars 2020

 

25 mars 2020
Annonciation du Seigneur

Nous ne comprenons pas assez à quel point le Magnificat exprime les sentiments suggérés par la Révélation ancienne, embrassée dans son esprit, au moment où elle va se dépasser elle-même par l’amour du salut, dans un tressaillement de joie.

D’où vient en effet cette joie, ce transport de joie ? Un ange a abordé Marie, non pas au milieu de ses compagnes, se chamaillant à qui passera la première à la fontaine, comme l’entend une tradition locale des Grecs, mais dans le silence de sa demeure, si simple qu’on pouvait à peine la nommer une maison. Et l’ange a proposé à Marie, au nom de Dieu, d’être la Mère du Messie. Marie a compris. Mais cela pouvait-il être d’accord avec le vœu que lui avait inspiré la sainteté de Dieu, qui ne s’unit qu’aux cœurs purs ? Elle apprend maintenant le secret des secrets, la merveille des merveilles, comment la sainteté de Dieu, qui se plaisait aux retranchements et aux abstentions de la créature, aujourd’hui dans ce miracle unique ferait œuvre de fécondité. En Marie, pleine de grâce, elle ne trouvait rien à détruire, et c’est précisément en tant que Saint que Dieu lui donnerait un fils. La Sainteté si redoutable dans l’intérêt de l’isolement de Dieu se communiquait, en envahissait même l’humanité. D’où cette parole étonnante : « ET POUR CELA, l’enfant né [sera] saint, il sera le Fils de Dieu. » Le pas franchi, la Sainteté non seulement sauvegardée, mais prodiguée, le reste serait l’œuvre de la Puissance, à laquelle rien n’est impossible, et Marie n’avait plus qu’à dire : « Voici la servante du Seigneur, qu’il m’arrive selon votre parole. »

(Marie-Joseph Lagrange, L’Écriture en Église. Marie de Nazareth, Cerf, 1990, p. 156.)

Photo : L’Annonciation du Seigneur par Fra Angelico – Musée du Prado.
À gauche : Adam et Ève chassés du Paradis et les roses du jardin de Marie

22 mars 2020
L’aveugle-né

Dans l’Évangile selon Saint Jean (Lecoffre-Gabalda, 1936), le P. Lagrange donne le plan de l’évangile de ce jour : « Le fait miraculeux, et les premières impressions qu’il cause (1-12) ; 2) l’enquête des Pharisiens (13-34) ; 3) l’action du miracle et des paroles de Jésus auprès de l’aveugle guéri et des Pharisiens (35-41), puis il développe longuement les versets 9, 1-41.)

Au verset 39, nous lisons : Jésus a dit qu’il n’était pas venu pour juger, mais pour sauver (3, 17 ; 8, 15 ; 12, 47) ; il n’en est pas moins vrai que c’est à son sujet que se fait le discernement, comme il a déjà dit en d’autres termes (5, 24) ; 3, 17 s.) ; c’est d’ailleurs une idée enregistrée par Lc 2, 34). – Et c’est aussi l’affirmation solennelle de Jésus dans Mt 11, 25, et Lc 10, 21, que les choses cachées aux sages et habiles ont été révélées aux petits. Ici on comprend aussitôt quels sont ceux qui voyaient ou croyaient voir et sont devenus aveugles : ce sont les Pharisiens. Les autres sont représentés par l’aveugle devenu voyant, que ce miracle désignait pour en être le type. En effet cet homme, sans instruction, méprisé par les sages, a été élevé peu à peu à la lumière de la foi. C’était aussi le cas des disciples. Cette pensée n’est pas moins en situation durant la vie de Jésus sous la plume de Jean que dans les synoptiques. […] Le sens symbolique du miracle est dévoilé sans allusion aux destinées ultérieures de l’évangile ; c’est le passage de la cécité à la lumière (cf. Is 42, 16), se détachant sur le sombre fond de l’aveugle persistant (cf. Is 6, 9 ; 56,10)

Photo © Archevêque Job de Telmessos.

18 mars 2020

Le père Marie-Joseph Lagrange avait une grande dévotion pour saint Joseph.
Fêter saint Joseph dans le confinement

À La Réunion, la fête de saint Joseph est célébrée par la communauté catholique de manière solennelle avec une affection particulière envers le père adoptif de Jésus, « le grand silencieux », dont les Évangiles n’ont gardé aucune parole ; ses actions manifestent avec éclat sa foi en Dieu et son sens des responsabilités dans l’adversité.
Cette année, la mémoire de saint Joseph se fera sans messes publiques ni rassemblements populaires de prière mais dans la communion spirituelle.
La grandeur de saint Joseph réside dans son acceptation de la mission reçue de la part de Dieu : veiller sur son épouse, Marie, et sur l’enfant Jésus. En ce sens, saint Joseph représente un modèle pour chacun d’entre nous appelés à adopter notre vie qui ne correspond pas nécessairement aux projets planifiés.
À la lumière de la sainteté de saint Joseph, nous avons à adopter le temps du confinement pour le vivre comme une mission à accomplir au service du bien commun avec les renoncements que cela comporte.
Adopter ne veut pas dire se résigner ou subir. La tentation est grande de tomber dans le découragement, le laisser-aller, ou encore dans la colère et les disputes. La vie commune s’avère difficile voire dangereuse dans le confinement avec le risque de « péter un câble ». Cela est vrai non seulement dans les cellules de prison mais aussi dans les familles.
La fête de saint Joseph a lieu dans le temps du Carême qui demande aux chrétiens d’affronter le mal et le malin avec la force de Jésus le Christ. Saint Joseph a mené le combat de la foi sans murmurer et de manière fidèle.
À la prison, les personnes détenues qui vivent la foi chrétienne s’exclament souvent : « La prison, un mal pour un bien. » La perte de liberté qui n’est pas bonne en soi peut devenir l’occasion de grandir en humanité et en spiritualité. Il arrive souvent que les détenus des prisons améliorent leurs liens familiaux en vivant l’épreuve de la prison.
Le pape François a mis un écriteau sur la porte de sa chambre au Vatican : « Il est interdit de se plaindre. » Une religieuse trinitaire malgache me disait avoir mis sur le mur de sa chambre cette devise : « J’aime la maison que j’habite, les personnes avec lesquelles je vis et le travail que j’accomplis. » C’est cela adopter sa vie, imiter et fêter saint Joseph en ces jours de confinement.
Le confinement peut alors favoriser la solidarité et l’amour dans les familles.

L’occasion nous est donnée de penser à ceux qui sont privés habituellement de liberté. L’auteur de l’épître aux Hébreux, dans le Nouveau Testament de la Bible, n’hésite pas à exhorter les chrétiens à se souvenir des prisonniers comme s’ils étaient eux-mêmes en prison (cf. Hb 13,3). Face à l’individualisme, le chrétien s’estime membre d’un corps social et ecclésial. « La mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre humain », disait le poète Jonh Donne.
Saint Joseph a été invoqué au cours de l’histoire de l’humanité comme le patron de la bonne mort. Prions pour les malades du coronavirus et pour les défunts.
La popularité de saint Joseph correspond à l’expérience d’une multitude de grâces reçues par son intercession auprès de son adoptif Jésus, le seul Sauveur pour la foi chrétienne.
Bonne fête de saint Joseph dans le confinement !
Fr. Manuel Rivero O.P.
Aumônier catholique de la prison de Domenjod (Saint-Denis/la Réunion).
Images : Présentation de Jésus au Temple. Fra Angelico. Florence (Italie).

15 mars 2020
La Samaritaine
L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (Jn 4, 13)
 
Quoique Jésus ait sans doute mis l’accent sur l’eau vive, c’était cependant l’expression consacrée pour de l’eau de source ; l’erreur de la Samaritaine était excusable, et Jésus lui découvre maintenant sa pensée sur ce point, en même temps qu’il maintient sa qualité d’auteur de ce don, qualité qui grandit avec le don lui-même, car l’eau dont il parlait jaillit pour la vie éternelle. « Cette eau » s’applique tout d’abord à l’eau du puits. Mais eau de source ou eau de citerne, l’eau ne désaltère que pour un temps très court. L’eau que donnera Jésus apaisera pour toujours la soif. (M.-J. Lagrange, L’Évangile selon S. Jean, 1936, p. 105-107)

 

11 mars 2020
Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ?

« Et Jésus, montant à Jérusalem, prit les Douze auprès de lui, à part, et, en chemin, il leur dit : ‘Voici que nous montons à Jérusalem. Et le Fils de l’homme sera livré aux princes des prêtres et aux scribes. Et ils le condamneront à mort et ils le livreront aux Gentils pour que ceux-ci puissent se moquer de lui, le flageller et le crucifier. Mais le troisième jour, il sera ressuscité.’ »

Commentaire du P. Lagrange : Jésus cheminait donc dans la vallée du Jourdain assez élargie pour former une grande plaine. À l’ouest s’élevaient à pic les hautes collines, premier étage de trois paliers que dominait Jérusalem. Naguère il avait semblé fuir devant les menaces des Juifs. Et voici qu’il prenait la direction de la route qui, de Jéricho, escaladait les premières pentes. Il marchait en avant, comme un chef résolu. Ceux qui venaient le plus près, les Apôtres, étaient dans l’étonnement ; les autres le suivaient encore, mais ils commençaient d’avoir peur. Alors le Maître, ne comptant que sur ses plus fidèles disciples, appela à lui les Douze, et pour les fortifier d’avance par le souvenir de ses paroles, faisant apparaître la gloire après l’épreuve, il leur annonça qu’il allait être livré aux princes des prêtres et aux docteurs, maltraité par eux, condamné à mort, jeté aux Gentils qui se moqueraient de lui, cracheraient sur lui, le flagelleraient et le feraient mourir. Après, c’était la résurrection, assurée et promise, mais il fallait passer par ces souffrances longuement décrites et par ces heures de ténèbres, la résurrection n’étant qu’un point lumineux après trois mortels jours d’attente. Les Apôtres ne comprenaient pas. Pourquoi Dieu ne manifesterait-il pas tout d’abord le Messie dans sa gloire ? (L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p.450).

10 mars 2020
Marie-Joseph Lagrange, 7 mars 1855-10 mars 1938
Ce 10 mars, comme chaque mois à la même date, nous sommes en union de prières avec fr. Manuel Rivero, o.p. Fr. Manuel célèbre la messe aux intentions particulières des amis de l’association et pour la prochaine béatification du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

8 mars 2020
La Transfiguration du Seigneur
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. »
(Deuxième dimanche de Carême)
Commentaire du père Lagrange

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls, à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. Élie leur apparut avec Moïse et ils s’entretenaient avec Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ; faisons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » C’est qu’il ne savait que répondre, car ils étaient saisis de frayeur. Et une nuée survint qui les prit sous son ombre, et une voix partit de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le. » Soudain, regardant autour d’eux, ils ne virent plus personne, que Jésus seul avec eux (Marc 9, 2-10).

Dans son commentaire de la Transfiguration, le père Lagrange relie
– la scène du baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain par Jean le Baptiste,
– la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe
– et le dévoilement de la gloire qui est cachée sous le voile de la chair de Jésus.
À Césarée de Philippe, Pierre reconnaît Jésus comme le Christ ou Messie : « Tu es le Christ » (Marc 8, 29).
Au baptême, le Père s’adresse du haut des cieux à Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur » (Marc 1, 11).
Tandis que lors de la Transfiguration, le Père révèle à Pierre, Jacques et Jean que Jésus est son Fils à qui il faut obéir : « Celui-ci est mon fils bien-aimé ; écoutez-le. »

C’est dans la solitude et le silence, « à l’écart » – « une expression favorite de Marc[1] » – que Jésus manifeste sa gloire aux trois disciples qui seront présents à Gethsémani : « Plus d’un Père[2] a pensé que les témoins étaient les mêmes parce que le souvenir de la lumière éclatante devait les préserver contre le scandale de l’agonie. Pierre a été choisi, comme le chef désigné, Jean était le plus aimé, Jacques son frère ne le quittait pas et devait être le premier des Apôtres à verser son sang pour l’évangile.[3] » (Fr. Manuel Rivero o.p. – Source La Revue du Rosaire, mars 2009.)

[1] LAGRANGE (Marie-Joseph), Évangile selon saint Marc. Troisième édition, Paris, Librairie Victor Lecoffre J. Gabalda Éditeur, 1920, p. 216.

[2] Par « Père », le père Lagrange entend un des Pères de l’Église : anciens écrivains chrétiens reconnus pour la valeur de leur doctrine, la sainteté de leur vie et l’approbation de l’Église.

[3] LAGRANGE (Marie-Joseph), L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. LAVERGNE o.p. éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 290-293.

 

Photo : La Transfiguration de Fra Angelico (1440-1442) Convento San Marco, Cellule n° 6, Florence (Italie). Toujours aussi lumineuse.

 

1er mars 2020
La victoire de Jésus sur Satan

Dans l’évangile de ce jour (Mt 4, 1-11), « La tentation de Jésus ne fait pas partie de son ministère public. La scène s’est passée entre Lui et Satan, sans témoins. […] La psychologie de Satan est courte. […] Cette fois le démon s’éloigne […] Et pour bien marquer que la victoire vient d’être remportée dans une sphère surhumaine, les anges, qu’on ne voient pas rendre ce bon office à Jésus durant son ministère, les anges s’approchèrent et le servirent. (Voir le texte en entier dans M.-J. Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 98-101.)

Photo : Jésus tenté par le démon et servi par les anges (École italienne 17e) après restauration-Studio Basset-Musée de Valence.

Écho de notre page Facebook : février 2020

26 février 2020

Arrêtez de mettre Dieu de côté !
Carême 2020

Ressentez-vous le besoin d’écouter votre corps et votre âme ? Tout va très vite. Nous tournons les pages des calendriers, saisis par le passage du temps qui semble dépasser le rythme de nos corps et de nos esprits.
Le Carême inauguré par le Mercredi des Cendres, jour de jeûne et de prière, demande aux chrétiens de retrouver le cœur à cœur avec Dieu, la purification du corps et la pénitence par le jeûne ainsi que le partage des biens avec les plus faibles de notre corps social.
Le pape François a affiché sur sa porte : « Il est interdit de se plaindre ». Le Carême, quarante jours de combat spirituel, conduit aux profondeurs de Dieu et de nous-mêmes afin de quitter les gémissements et d’accueillir la grâce. « Dieu était ici et je ne le savais pas », s’était exclamé Jacob après avoir lutté, avec l’ange, selon le livre de la Genèse (cf. Gn 32). La prière dévoile le mystère de la présence de Dieu dans le quotidien. Les épreuves peuvent nous prendre à la gorge et nous remplir d’angoisse, mais il est vrai aussi que Dieu ne nous laisse pas sans sa grâce adaptée à chaque souffrance particulière de notre quotidien : la maladie, l’injustice, les conflits familiaux, les problèmes financiers … Là où les difficultés abondent, l’amour du Seigneur surabonde.
À l’image de Jésus de Nazareth qui a affronté Satan, diviseur et jaloux, le fidèle élève son âme vers Dieu pour rejeter les séductions, les mirages, la tromperie et les idoles du pouvoir, de l’avoir et du prestige. Le diable existe. Je pense à un détenu de la prison de Domenjod qui demandait une prière de délivrance. Quand le diable l’attaquait, son visage devenait monstrueux et redoutable avec des mimiques qu’une personne ne peut pas provoquer par elle-même. Le diable rend la vie infernale, jour et nuit. Il cherche à séparer l’homme de Dieu d’avec les autres et à le déchirer dans ses propres racines.
À Strasbourg, le frère dominicain Jean Tauler (†1361), mystique de l’École rhénane, s’exclamait : « Ah ! si vous restiez tranquilles, l’être vrai naîtrait en vous ! ». C’est dans l’écoute et le dialogue avec Dieu que l’homme découvre sa propre identité et qu’il devient lui-même : fils de Dieu et frère de tous.
Le Carême ne vient pas éteindre l’énergie de nos vies mais apporter une nouvelle naissance. Il est temps de naître à la vie de Dieu. Si la naissance physique suppose sortie du sein maternel, passage douloureux du connu vers l’inconnu, la naissance spirituelle exige aussi de quitter la zone du confort pour déboucher sur la lumière divine.
Dans l’espoir de trouver la voie de Dieu, Nicodème s’était rendu de nuit chez Jésus pour ne pas être vu de ses collègues. Jésus lui avait révélé alors le besoin de « naître d’en-haut » : « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit. Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Évangile selon saint Jean 3, 6-8).
Il arrive que nos parcours humains et spirituels ressemblent à des tunnels où règnent les ténèbres sans voir d’issue. Jésus, en traversant la mort par sa mort, a ouvert un chemin de lumière à ceux qui veulent le suivre.
En ce temps de Carême, l’Église exhorte les chrétiens à se rassembler pour affronter en communauté, selon le mystère de la Communion des saints, l’épreuve des tentations dont celle du découragement qu’aux yeux de saint Ignace de Loyola était la préférée du diable.
Période liturgique consacrée à la formation des catéchumènes qui recevront le baptême dans la nuit de Pâques pour vivre en ressuscités, le Carême annonce déjà la victoire définitive sur les forces du mal et de la mort à ceux qui croient.
Fr. Manuel Rivero O.P.

23 février 2020

Avec l’espérance chrétienne, on n’est pas exposé à la confusion qui suit les déceptions et les illusions, car on possède un gage certain, l’amour de Dieu pour nous, non pas seulement tel qu’il est en Dieu, mais tel qu’il est répandu dans nos cœurs comme une source bienfaisante, par l’Esprit Saint qui nous est donné. L ‘amour que nous avons pour Dieu serait aussi un gage assuré d’espérance (Aug.), mais ce n’est pas ce que Paul envisage ici. […] Le fidèle sait qu’il a reçu l’Esprit Saint au moment du baptême, et c’est l’effusion de l’amour en lui. (Marie-Joseph Lagrange, Épître aux Romains 5, 5, éd. Lecoffre, 1931, p. 102.)

 

19 février 2020
L’aveugle de Bethsaïde

Ou la lumière grandissante, symbole naturel du progrès de l’intelligence.

« Je voie les hommes semblables à des arbres qui marcheraient. » (Mc 8, 24.) Jésus alors impose ses mains sur les yeux, et désormais l’aveugle voyait distinctement toute chose. » […] Le miracle était indéniable, mais sans éclat. […] C’était un fait de Jésus ; il devait, comme les autres, contenir un enseignement. La lumière grandissante est le symbole naturel du progrès de l’intelligence. […] Saint Marc qui a insisté plus que les autres évangélistes sur l’inintelligence des Apôtres, a voulu montrer, par ce miracle-parabole, comment la pédagogie du Christ avait été figurée par une guérison de la vue. En lui tout était harmonie, suave condescendance, mais efficacité pour atteindre le but. » (Marie-Joseph Lagrange o.p. : L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p.280.)

 

18 février 2020
Fra Angelico dans la vocation personnelle de fr. Marie-Joseph Lagrange

Devenu fils de saint Dominique, Albert Lagrange y a déjà songé à plusieurs reprises, dès le séminaire d’Autun. Comment l’appel s’est-il manifesté ? Par saint Dominique en personne, tel du moins que l’a peint Fra Angelico, tel que l’a présenté le P. Lacordaire. « Je m’étais donné à saint Dominique moins après la lecture de l’œuvre de Lacordaire, que pour avoir été séduit par la radieuse image du saint empruntée au couronnement de la Vierge par le bienheureux Angelico de Fiesole. Je ne doutais pas e l’exactitude de ce portrait : et c’était bien, en effet, ce qu’on peut imaginer de la vision aimante d’une âme pure. (Bernard Montagnes o.p., Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf Histoire, 2004, p. 32.)

 

Bienheureux Jean de Fiesole (Fra Angelico), prêtre. Patron des artistes.
Guido naquit vers 1400 aux environs de Florence après avoir appris le métier de peintre miniaturiste. Vers 1420 il entre dans l’Ordre de St-Dominique au couvent de Fiesole, il y reçu le nom de Jean et eut pour prieur et pour maître St Antonin, le futur archevêque de Florence. Sa formation religieuse terminée, fra Giovanni reprit son ancien métier. Sa grande œuvre fut la décoration du couvent de St-Marc de Florence (1439-1445) dont les dominicains réformés venaient de faire l’acquisition. Après quoi il vécut surtout à Rome, répondant aux demandes du Pape pour exécuter divers travaux au Vatican ; il mourut à Rome le 18 février 1455. La qualité exceptionnelle de son œuvre picturale lui valut le nom d’Angelico. En 1982, le pape Jean-Paul II autorisa l’Ordre des Prêcheurs à lui rendre un culte et le nomma « Patron des artistes ». (Source : Calendrier dominicain. Moniales dominicaines de la Sainte-Baume.)

16 février 2020
« Ne pensez pas que je suis venu abroger la Loi ni les Prophètes : je ne suis pas venu abroger mais parfaire (Mt 5, 17)

La vérité en Dieu est infiniment active. Celle qu’il révèle aux hommes ne peut être lettre morte. L’erreur change et disparaît. La vérité ne change pas ; elle se perfectionne par un véritable développement sans lequel elle ne serait pas une vérité humaine vivante. […] Cependant cette vérité accrue subsistera toujours, elle aussi, jusqu’à son entier développement selon les desseins de Dieu. Elle se développera par un progrès véritable, soit par suite de révélations privées, soit par la méditation des vérités révélées, soit par leur pratique, toujours sous l’influence de l’Esprit (Jn 16, 12 s). (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Photo : Jésus enseigne par Cosimo Rosselli (détail) 16e.

 

14 février 2020
Il faut voir en Lagrange « un exégète en quête de Dieu »

Telle est la meilleure qualification qu’on puisse lui attribuer, ainsi qu’en 1999 j’avais intitulé ma contribution aux Mélanges Maurice Gilbert . Je n’ai pas pu la reprendre parce que le Jésuite Xavier Léon-Dufour a publié en 2003 un recueil de ses articles intitulé « Un bibliste cherche Dieu ». J’aurais l’air de plagier le P. Léon-Dufour au bénéfice du P. Lagrange. Cependant, c’est bien parce qu’il a été un exégète en quête de Dieu que l’on poursuit sa béatification.

Lagrange est un serviteur éminent de la Parole de Dieu pour les croyants

La Revue biblique débute sa publication en janvier 1892, par une déclaration de principe : « L’Écriture sainte, comme substance divine, comme manne de l’intelligence […] est vraiment pour l’Église catholique, après l’Eucharistie, le Verbe de Dieu qui nourrit. » Quarante ans plus tard, en 1932, le P. Lagrange n’a pas varié : « La Bible est l’œuvre de Dieu, le trésor sans prix confié à l’Église, une source de lumière, un principe d’action morale et religieuse. Elle doit être étudiée en elle-même, dans son texte primitif, dans son milieu, avec le concours de la philologie, de l’archéologie, de l’histoire. »
Finalement, comme l’écrivait Lagrange, « c’est surtout lorsqu’on consacre ses efforts à la Parole de Dieu qu’on peut espérer qu’ils ne seront pas absolument vains. » RB, juillet 1900, p. 423. « Si je ne croyais travailler pour Dieu, je n’aurais pas enduré tant de peines. » 13 octobre 1905, EO, p. 94.

J’achève par une prière du Père Lagrange que chacun de nous peut la faire sienne :

« Mon Jésus, je voudrais être enseigné de vous,
docibilis Dei. Je le suis par votre Écriture, par votre Église. » (28 septembre 1913).
(Extrait de Marie-Joseph Lagrange et la Parole de Dieu par Bernard Montagnes o.p. )
https://www.mj-lagrange.org/?p=2385 )

 

11 février 2020
Notre-Dame de Lourdes

La richesse du message de Lourdes
Journée mondiale du malade le 11 février 2020
Fr. Manuel Rivero O.P.

Lourdes attire des millions de pèlerins des cinq continents, appartenant parfois à d’autres religions que le christianisme mais qui adhèrent au message de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs et les malades que la Vierge Marie a transmis à sainte Bernadette en 1858 : « Pénitence ! » ; « priez pour la conversion des pécheurs ».
La vie de Bernadette en fut bouleversée. L’amour de Dieu grandit en elle au point de déclarer : « Je ne vivrai pas un instant que je ne le passe en aimant » ; « Ô Jésus, mettez tant d’amour dans mon cœur, qu’un beau jour il se brise pour aller à vous ».

Les malades mis en valeur
Des malades et des handicapés occupent la première place sur l’esplanade de la basilique de Notre-Dame du Rosaire. Leurs brancards forment la croix du Christ Jésus aujourd’hui. Alors qu’ils passent le plus clair de leur temps cachés dans les hôpitaux ou les arrière-cours des maisons, ces malades retrouvent à Lourdes la reconnaissance de leur dignité sacrée. La vie est un don de Dieu et elle appartient à Dieu. Les malades sont plus grands que leur maladie.

Des grâces de conversion et de guérison alimentent l’espoir de tous ceux qui souffrent dans leur âme ou dans leur corps : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Évangile selon saint Matthieu 11, 28) . Jésus est venu apporter la guérison intégrale de la personne humaine : le corps animé par l’âme.
À Lourdes, il y a la face visible et la dimension invisible du mystère de Dieu manifesté en Jésus-Christ et présenté par Marie, sa mère.
À Lourdes, la Vierge Marie rappelle l’Évangile : la guérison des malades qui croient en Jésus le Messie et le pardon des péchés.
Loin de faire écran entre l’humanité et Dieu, sans prendre nullement la place de Dieu, la Vierge Marie ressemble à un miroir où chacun peut découvrir son propre mystère et sa destinée. La beauté de Marie, glorifiée dans son âme et dans son corps, ayant dépassé la mort par sa foi en Jésus, le Ressuscité de Pâques, annonce le salut à ceux qui souffrent moralement et physiquement. Sainte Bernadette affirmait : « Ma Dame à moi, elle est si belle que lorsqu’on l’a vue, on voudrait mourir pour la revoir ».

« Immaculée Conception »
C’est le 25 mars 1858 que la Vierge Marie se présente à Bernadette Soubirous comme l’Immaculée Conception en adoptant le dialecte bigourdan de la jeune voyante : « Que soy era Immaculada Conceptiou ». Il est significatif que cette déclaration de la Dame de la grotte à Bernadette ait eu lieu le jour de la fête de l’Annonciation. Le dogme de l’Immaculée Conception, déclaré par le bienheureux pape Pie IX en 1854, n’éloigne pas la mère de Jésus du commun des mortels. Tout au contraire, comblée de grâce, la Vierge Marie partage les joies et les souffrances de l’humanité. Elle devient mère spirituelle par sa maternité divine et son intercession puissante auprès de son Fils Jésus.
Dans la Bible, quand Dieu accorde une grâce particulière ce don comporte un but universel au service de tous. Comblée de grâce dès l’instant de sa conception, la fille conçue par l’union sexuelle d’Anne et de Joachim, deviendra une source de grâce pour l’humanité entière.
À Lourdes, « la Dame de la grotte » comme l’appelle Bernadette rayonne de beauté : « Elle était tellement belle que l’on voudrait mourir pour la revoir » (saint Bernadette de Lourdes). Marie prie le chapelet. Le salut ne vient que de son Fils Jésus, le seul médiateur entre Dieu et les hommes, mais la prière de sa mère change le cours de l’histoire de manière imprévisible comme aux noces de Cana où Jésus changea l’eau en vin en manifestant sa gloire (cf. Évangile selon saint Jean 2).

La Parole intérieure du Père
À Lourdes, Marie ne se montre pas bavarde. Femme de silence et d’intériorité, Marie continue de garder dans son cœur les événements et les paroles de son Fils Jésus (cf. Évangile selon saint Luc 2, 51). Marie ne sauve ni ne sanctifie qui que ce soit. Seul Dieu sauve et sanctifie. La Vierge Marie brille comme la plus grande des sauvés. La puissance de Marie se déploie uniquement dans sa prière pleine de foi en son Fils Jésus. C’est Jésus qui a sanctifié et sauvé Marie et son père adoptif Joseph. Le cœur immaculé de Marie a accueilli le Verbe de Dieu. Quand saint Jean, l’évangéliste théologien, parle du Verbe, il ne pense pas à une simple parole humaine qui ferait vibrer l’air à l’image de nos paroles humaines. Il annonce la Parole intérieure du Père manifestée dans l’Incarnation. La Parole du Père cachée en Dieu a pris chair en Marie. Le Verbe fait chair est alors devenu visible et saint Jean annonce « ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, car la Vie s’est manifestée » (Première épître de saint Jean 1, 1s).

« Marie », le prénom de l’âme
Saint Augustin (354-430) enseigne que Marie conçut d’abord le Verbe dans son cœur par la foi avant de le concevoir dans ses entrailles. Cette naissance du Verbe par la foi annonce la naissance de Jésus dans l’âme de ceux qui croient en lui comme l’Envoyé du Père. C’est pourquoi saint Ambroise de Milan (+397) se plaisait à baptiser l’âme croyante du prénom de Marie car c’est l’âme de chaque chrétien qui engendre par la foi Jésus à l’exemple de Marie : « Chaque âme qui croit (comme Marie) conçoit et enfante le Verbe de Dieu . . . Selon la chair il n’y a qu’une seule Mère du Christ ; selon la foi, le Christ est le fruit de tous » ; « Lorsque cette âme commence à se convertir au Christ, elle s’appelle « Marie » : c’est-à-dire qu’elle reçoit le nom de celle qui a mis au monde le Christ : elle est devenue une âme qui engendre le Christ de manière spirituelle » . Par la foi, l’âme chrétienne devient mère de Dieu sous l’action de l’Esprit Saint. L’âme a aussi « un prénom » : Marie.

Toutes les grâces sont mises en commun
La liturgie de la messe de l’Annonciation enseigne la naissance de l’Église en ce jour-là : « Daigne accepter, Dieu tout-puissant, les dons offerts par ton Église : elle n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair » (prière sur les offrandes). Première chrétienne, première Église, « la première en chemin », Marie apparaît dans l’Église comme la sœur aînée dans la foi pour tous les fidèles. Le mystère de « la Communion des saints » fait que les grâces répandues sur Marie bénéficient à tous les croyants dans le partage des biens spirituels. Il s’agit d’un profit mutuel de biens réalisés par chacun. Dieu est communication, partage et communion. La mise en commun vécue au cœur de la sainte Trinité, un seul Dieu, rejaillit dans la mise en commun des grâces personnelles données en vue du bien de tous. Ni l’envie ni la jalousie n’ont de place dans le mystère de l’Église. La richesse des uns devient la richesse de tous dans la Communion des saints. Marie n’est pas une privilégiée sans points communs avec la commune condition des mortels. Marie met en commun toutes les grâces reçues.

La souffrance de la Vierge Marie
Ni l’Immaculée Conception ni la maternité divine quelques années après n’éloignent Marie du reste des croyants. Le privilège de l’Immaculée Conception la rapproche de tous les hommes. Marie sera aussi la première à être frappée par la souffrance à cause de sa fidélité comme l’avait annoncé Syméon lors de la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem : « Une épée te transpercera l’âme !» (Évangile selon saint Luc 2, 35). Sur le Calvaire, le cœur immaculé et maternel de Marie a été transpercé de douleur. Saint Thomas d’Aquin O.P. (+1274) enseigne que si l’amour des mères est celui qui ressemble le plus à Dieu c’est parce que les mères cherchent davantage à aimer qu’à être aimées.

Sainte Bernadette, envoyée par la Vierge Marie
Sainte Bernadette de Lourdes a été choisie par la Vierge Marie et envoyée comme témoin de la miséricorde divine. Chargée de mission, Bernadette a connu le même sort que Jésus : scepticisme, moqueries, humiliation … Dans l’Évangile, l’envoi établit un lien fort entre Dieu qui envoie et l’envoyé : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Évangile selon saint Jean 20, 21). La voyante de Lourdes a bénéficié des apparitions de la Vierge Marie mais elle a partagé aussi les souffrances physiques et spirituelles de son maître, Jésus. Elle disait avoir reçu « l’emploi de malade ». À l’approche de sa mort, Bernadette s’était exclamée : « Je suis moulue comme un grain de blé » ; « Je n’aurais pas cru qu’il fallait tant souffrir pour mourir ».

Agonie de sainte Bernadette
Entrée en agonie, son confesseur l’avait entendue répéter : « Va-t-en , Satan ! ». C’est dans le crucifix qu’elle puisait sa force. Ses dernières paroles répétées deux fois manifestent son humilité, en véritable fille de Marie, l’humble servante du Seigneur : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheresse, pauvre pécheresse. »
Saint-Denis (La Réunion), le 10 février 2020.

 

10 février 2020 – jour de la messe-anniversaire pour le P. Lagrange

La prière instante, qui ne se lasse pas, est irrésistible. On sait bien que Dieu ne cédera pas pour avoir la paix ; on apprend du Fils, qui connaît si bien le Père, qu’il ne paraît sourd à nos instances que pour nous obliger à persévérer dans la prière qui nous est si bonne. (Père Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus-Christ)

Alors, ne nous lassons pas de confier nos intentions à l’intercession du père Lagrange et pour sa béatification. Fr Manuel Rivero o.p. les portera lors de la célébration de la messe qu’il célèbre, ce même jour, avec toute la communauté.

Et toujours, nous vous demandons de nous signaler les grâces obtenues par l’intercession du P. Lagrange. C’est important pour l’avancement de la Cause. Merci !

manuel.rivero@free.fr

En ce lundi 10 février, messe célébrée en la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion pour la cause de béatification du père Lagrange et pour ses amis. Fr. Manuel.

Catherine Riviere La grâce que je demande par son intermédiaire c’est d’arriver à m’abreuver de La Parole Vivante . Amen

 

7 février 2020
Anniversaire des pères et mères défunts

La liturgie de l’Ordre dominicain réunit aujourd’hui, en une commune célébration, nos pères et mères défunts. Notre fraternité dominicaine englobe en effet, dans la vie comme dans la mort, nos parents qui souvent nous ont, eux aussi, préparés au service de l’évangile.

 

 

 

4 février 2009
Talitha Koum (Mc 5, 41)

À Jésus il avait suffi d’un geste très simple et d’un ordre souverain. Aussi saint Marc voulut-il conserver ces deux paroles dans la langue araméenne, telles que Jésus les avait prononcées : Talitha koum, jeune fille, levez-vous.

Et voici une différence encore, qui marque moins le pouvoir de Jésus que sa bonté. Les prophètes avaient rendu le fils à sa mère, ce qu’avait fait aussi Jésus pour le jeune homme de Naïn. Cette fois, voyant les parents dans la stupeur, il invite à donner à manger à la fillette : elle était rendue à la vie normale à l’âge de douze ans.

En même temps le Maître imposait le secret. Il fut assez bien gardé. Les ricaneurs refusèrent sans doute de se rendre à l’évidence, préférant se donner à eux-mêmes un démenti. Les évangélistes ne relatent aucun transport, aucune action de grâces. Saint Matthieu dit seulement que ce bruit se répandit dans tout le pays. (Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ, p. 222, Artège, 2017.)

 

 

Dimanche 2 février 2020
La Présentation du Seigneur Jésus au Temple

29 «Maintenant, ô Maître, tu laisses aller ton serviteur
en paix, selon ta parole,
30 car mes yeux ont vu ton salut,
31 que tu as préparé à la face tous les peuples,
32 lumière pour éclairer les nations,
et gloire de ton peuple Israël. »

 

Le Nunc dimittis
Trois stiques, mais seulement deux idées. Siméon est délivré parce qu’il a vu le signe promis, et qu’il sera le salut pour les peuples et pour Israël. Ce cantique semble toujours avoir été chanté le soir dans l’Église ; il a la mélancolie d’un adieu : « c’est le soir d’un beau jour ». […]

Rien n’indique que la lumière, acceptée par les nations, doive servir ensuite au salut d’Israël (Rm 11, 31), ni qu’Israël pût hésiter à reconnaître un salut qui était sa gloire. Siméon en viendra à l’attitude des hommes ; pour le moment il est en extase devant la beauté du plan divin ; son cantique respire le plaisir des yeux en présence de la lumière. Il est d’ailleurs parfaitement en situation, ce qui est une garantie d’authenticité. (Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, Extrait de L’Évangile selon S. Luc 2, 29-32, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 86-87.)

2020 ! Voeux du président de l’association des amis du père Lagrange fr. Manuel Rivero, o.p.

 

Mes vœux pour 2020 !

Que nous tirions des enseignements des erreurs et des péchés de 2019 afin qu’ils deviennent de l’engrais pour 2020 !
Que le Seigneur vous accorde la santé non pour oublier ceux qui souffrent mais pour les servir !
Que le Seigneur développe vos missions, votre travail et vos finances non pour être possédés par vos possessions mais aider les faibles !
Que le Seigneur vous accorde l’amour non pour vivre l’« égoïsme à deux » mais pour le faire rayonner de manière universelle dans la lumière de l’espérance !
Soyez bons et l’année 2020 sera bonne !
Fr. Manuel Rivero, o. p.

Saint-Denis (La Réunion), fête de l’Épiphanie 2020.

Photo : Sainte famille – Bien Hoa – Viet Nam

Rosaire, radio Arc-en-ciel (Saint-Denis-La Réunion) 6 janvier 2020 par fr. Manuel Rivero o.p.

Fête de l’Épiphanie

Bonsoir, chers amis du Rosaire. Nous prions ce soir dans le rayonnement de la fête de l’Épiphanie, manifestation de l’Enfant Jésus à toutes les nations, symbolisées par les trois mages qui ont adoré le fils de Marie à Bethléem.

Le chapelet nous introduit dans la contemplation du mystère infini et éternel de Jésus. Le chapelet nous donne aussi d’adorer Jésus, dans sa sainte humanité et dans sa divinité.

C’est dans la prière d’adoration que nous nous abandonnons à Dieu dans la foi pour recevoir son amour et l’aimer en retour. Adoration qui nous unit à Jésus et par Jésus au Père dans la communion de l’Esprit Saint.

Faisons le signe de la croix qui nous élève vers Dieu à la verticale et nous rapproche de nos frères et de nos sœurs à l’horizontale :

Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.

Prions le Credo qui nous donne les mots et le contenu de notre foi chrétienne.

Notre Père et trois Ave Maria. Gloria.

Ce soir nous allons prier les mystères joyeux du Rosaire.

Premier mystère joyeux : l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie, Annonciation de l’ange à Joseph

De l’Évangile selon saint Matthieu 1, 18: « Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu’ils eussent mené vie commune, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit Saint. Joseph, son mari, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, résolut de la répudier sans bruit. Alors qu’il avait formé ce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ta femme :  car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »  

Il y a l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie dans l’Évangile selon saint Luc. Il y a aussi l’Annonciation de l’ange à Joseph dans l’Évangile selon saint Matthieu.  Le rôle et la dignité de saint Joseph sont grands. C’est lui qui insère Jésus dans la dynastie du roi David d’où devait naître le Messie.

La mission de saint Joseph est unique dans la Bible : éduquer l’enfant Jésus qui délivrera son peuple de ses péchés. Jamais un prophète n’avait reçu une telle vocation. Dans l’Ancien Testament, les Juges comme Sanson, avaient délivré Israël des ennemis mais pas des péchés. Seul Dieu peut sauver l’humanité du péché.

L’art chrétien présent saint Joseph portant le bâton fleuri d’Aaron, symbole du choix de Dieu. Àl’image du grand-prêtre qui veille sur le Temple, saint Joseph veille sur la Vierge Marie, le Temple du Très-Haut. En Jésus habite corporellement la plénitude de la divinité (cf. Col 2,9).

Le pape émérite Benoît XVI, qui avait reçu le prénom de Joseph au jour de son baptême, voyait en saint Joseph le modèle des évêques qui veillent sur l’Église.

Prions pour toutes les familles.

Prions pour l’éducation des enfants et pour la catéchèse à transmettre aux enfants.

Prions pour les pères de famille et pour les évêques.

Notre Père. Avec Maria. Gloria.

CD Adorez-le n° 1 Adorez-le.

Deuxième mystère joyeux : La Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth

De l’Évangile selon saint Luc 1, 39s : « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Et il advint, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie d’Esprit Saint. »

Les évangiles nous ont laissé juste quelques phrases sur la Vierge Marie et elles sont précieuses. Saint Luc souligne que Marie, enceinte de Jésus, marchait vite. L’amour de Dieu la poussait à rendre service à sa cousine Élisabeth et à lui annoncer la venue du Messie dans ses entrailles.

Quand Marie entre chez Élisabeth, Jean le Baptiste tressaille d’allégresse dans le sein de sa mère. La joie inonde le cœur d’Élisabeth.

Ces quelques lignes de la péricope de saint Luc nous annoncent déjà les caractéristiques de la spiritualité mariale faite de service, de joie messianique et de rencontre dans l’Esprit Saint.

Prions pour les Équipes du Rosaire de La Réunion et de l’océan Indien qui ont pour mystère de référence la Visitation.

Prions pour que les enfants apprennent à prier avec Marie dans l’Ave Marie, dans le Magnificat et le chapelet.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Adorons-le n°14 Jésus, mon Dieu, je t’adore

Troisième mystère joyeux : la naissance de Jésus, l’Épiphanie et la fuite en Égypte

De l’Évangile selon saint Matthieu 2,11 : « Entrant dans le logis, les mages virent l’enfant avec sa Marie sa mère, et se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Après quoi, avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.

Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte ; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte. »

L’adoration des mages marque la dimension universelle du salut apporté par Jésus. Ils viennent de loin. Leur prière d’adoration les introduit dans le mystère de Dieu. L’adoration nous unit à Dieu.

Nous aimons visiter plusieurs crèches pour vivre la prière d’adoration de l’Enfant Jésus.

Après la visite des mages, l’ange de Dieu a demandé à Joseph de partir en Égypte pour sauver l’enfant des mains d’Hérode.

L’enfant Jésus, Marie et Joseph ont vécu comme des réfugiés politiques en Égypte. Nous pouvons invoquer la Vierge Marie comme « Notre-Dame des réfugiés » et saint Joseph comme « patron des réfugiés ». L’enfant Jésus est lui-même le Sauveur des réfugiés.

Prions pour tous ceux qui ne connaissent pas Jésus dans son mystère humain et divin.

Prions pour tous les chercheurs de Vérité et de Dieu.

Prions pour les réfugiés politiques et économiques.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Adorons-le n°5 Jésus (canons)

Quatrième mystère joyeux : la présentation de Jésus au Temple de Jérusalem et la purification de la Vierge Marie

De l’Évangile selon saint Luc 2, 36 ; « Il y avait aussi une prophétesse Anne, fille de Phanouel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve ; parvenue à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. »

Anne, femme âgée, est mise en valeur par saint Luc évangéliste. Anne vivait dans la prière et elle faisait connaître l’enfant Jésus.

Il arrive que les personnes âgées soient méprisées comme étant bigotes. Nous savons à quel point les grands-parents et les grands-mères en particulier peuvent jouer un grand rôle bénéfique dans l’éducation des enfants qui leur restent attachés et reconnaissants toute leur vie.

Parfois, c’est ce lien avec la grand-mère qui permet aux jeunes de traverser des épreuves et de croire en Jésus.

Les grands-mères accomplissent souvent une belle mission d’évangélisation des enfants et de transmission des valeurs chrétiennes dans un contexte sociale de dispersion et de changement permanent.

Prions pour les personnes âgées et en particulier pour les personnes âgées qui souffrent de la solitude et de la maladie.

Rendons grâce à Dieu pour l’apport des personnes âgées à la famille et à l’éducation des enfants.

Prions pour que les retraites permettent aux personnes âgées de vivre dignement leur vieillesse.

Notre Père. Avec Maria. Gloria.

CD Adorons-le n° 7 Nous t’adorons.

Cinquième mystère joyeux : Jésus parmi les docteurs de la Loi au Temple de Jérusalem

De l’Évangile selon saint Luc 2, 48s : « Marie dit à Jésus : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchions, angoissés. » Et il leur dit : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire. »

Marie et Joseph n’ont pas tout compris, loin de là, ils ont marché dans la foi. La foi est lumière et connaissance. La foi comporte aussi de l’obscurité. Saint Jean de la Croix n’hésitait pas à parler de « la nuit de la foi ».

Demandons au Seigneur la grâce de la foi en Jésus, vrai Dieu et vrai homme.

Prions pour ceux qui ne parviennent pas à croire.

Confions au Seigneur les catéchumènes qui demandent le baptême.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

CD Adorons-le n°9 Qui regarde vers lui

Prions en cette fête de l’Épiphanie : « Aujourd’hui, Seigneur, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l’étoile qui les guidait ; daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur …

Bénédiction : Que le Seigneur nous bénisse et nous garde …

Bonne nuit et à lundi prochain pour la prière du Rosaire.

CD Adorons-le n°8 Puissance, honneur et gloire à l’Agneau.

 

 

 

 

Écho de notre Page Facebook : janvier 2020

28 janvier 2020
Saint Thomas d’Aquin de l’ordre des Frères Prêcheurs et docteur de l’Église


« Nous ne pouvons plus nous représenter les saints sans leur auréole, et leur doctrine nous apparaît toujours comme un rayon bienfaisant qui a lui sur un monde charmé. Ils ont eu leurs difficultés, et la lutte contre les ennemis du dehors n’a pas toujours été le principal objet de leurs secrètes angoisses. Ils ont passé par ces épreuves sans y succomber. » Sans y succomber, comprenons sans renoncer ni l’un ni l’autre à leur grand dessein, recommandé par saint Augustin, de ravir aux Égyptiens leurs vases d’or : ce que Thomas d’Aquin avait réalisé pour la philosophie d’Aristote, M.-J. Lagrange l’a accompli pour la critique biblique, au profit des enfants de Dieu. (Bernard Montagnes, Le thomisme du P. Lagrange.)

 

26 janvier 2020
Les enjeux du « Dimanche de la Parole de Dieu »

Fr. Manuel Rivero O.P., président de l’Association des amis du père Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem

Le pape François vient d’instituer « le Dimanche de la Parole de Dieu » qui aura lieu le 3e dimanche du Temps ordinaire, en 2020, ce sera le 26 janvier. Il a choisi la mémoire liturgique de saint Jérôme (350-419), traducteur et commentateur de la Bible, pour mettre en lumière la Parole de Dieu révélée aux hommes : « Ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ », enseignait-il.

Origine surnaturelle des Saintes Écritures

Jean Guitton (†1999) , philosophe, membre de l’Académie française, invité par le saint pape Paul VI au concile Vatican II, me disait lors d’un entretien à Paris sur le père Lagrange : « Nos contemporains ne croient pas en la dimension surnaturelle de la Bible ; c’est pourquoi il convient de mettre sur les autels le père Marie-Joseph Lagrange, le fondateur de l’École biblique de Jérusalem, pour relier la foi et la science. » Disciple du père Lagrange à Jérusalem, Jean Guitton vénérait la figure de ce maître en exégèse.
Le cardinal Carlo Maria Martini (†2012), exégète et grand apôtre de la lectio divina, souhaitait aussi la béatification du père Lagrange, dont « la prière était feu », de manière à relier le renouveau de l’exégèse catholique au XIXe siècle avec la sainteté .
Le pape cite l’Évangile de saint Luc pour montrer que les disciples ont eu besoin que Jésus ouvre leur esprit à l’intelligence des Écritures. Jésus qui avait ouvert les oreilles des sourds et les yeux des aveugles ouvre l’esprit fermé des disciples afin qu’ils reçoivent la lumière de la Révélation divine transmise par les Saintes Écritures. Il s’agit d’un miracle encore plus grand que les guérisons physiques. La présence de Jésus ressuscité ne suffit pas. Les disciples déconcertés et apeurés après le Vendredi saint ont besoin de recevoir le sens des événements par la catéchèse de Jésus qui a accompli les prophéties de l’Ancien Testament dans sa mort et dans sa résurrection : « en son Nom le repentir en vue de la rémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, à commencer par Jérusalem ».

Jésus, exégète du Père

Jésus, l’exégète du Père, est venu expliquer le mystère de Dieu. Le Prologue de l’Évangile selon saint Jean utilise le mot grec qui a donné en français « exégèse » pour manifester l’œuvre du Fils de Dieu qui par sa prédication « fait voir » et comprendre l’amour du Père que personne n’a jamais vu. Les explications de Jésus s’avèrent indispensables pour enraciner la Parole de Dieu dans les cœurs, autrement le diable parviendrait à arracher cette semence de vie divine restée à la surface .
Sorti vivant du tombeau, Jésus rappelle aux disciples le sens de la croix et de la Passion. La croix devient la clé qui déverrouille les mystères fermés de l’existence humaine frappée par la souffrance, l’injustice, le mal et le malin. Le récit des disciples d’Emmaüs converge vers cette phrase de Jésus : « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? ». Pour entrer dans la gloire de la résurrection il n’y a qu’un seul chemin, le chemin de la croix. Saint Jean de la Croix (†1591), le grand mystique espagnol, faisait remarquer que nombreux sont ceux qui veulent arriver dans la gloire de Dieu en évitant les souffrances. Un proverbe canadien dit le même message d’une autre manière : « Tous veulent aller au paradis mais personne ne veut mourir. »

Messie crucifié

L’originalité de la foi chrétienne se trouve précisément dans la présence de Jésus au cœur des épreuves et de la mort. Folie et scandale de la croix, s’exclamait saint Paul devant des auditoires sceptiques voire révoltés à l’idée d’un Dieu qui souffrirait. Quand Jésus parle du besoin de la croix, il s’agit de la logique de l’amour. Saint Augustin prêchait : « Donnez-moi quelqu’un qui aime et il comprendra ce que je dis. » L’amour rend humble et petit. Ceux qui aiment sont prêts à souffrir et même à donner leur vie pour la personne aimée : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis », enseigne Jésus. Par amour, le Très-Haut est devenu le très-bas, le tout-puissant s’est abaissé jusqu’à la faiblesse et la fragilité, Dieu grand s’est présenté comme un petit bébé à Bethléem. C’est dans l’abaissement et l’humilité que Dieu se révèle amour et qu’il nous apprend à aimer. Les grands saints ont aimé prier au pied de la croix pour y découvrir l’art d’aimer de Dieu.
Des sages humanistes proposent parfois aux chercheurs de Dieu de choisir la religion qui les rend meilleurs. À la lumière de l’Évangile de Jésus, non-violent qui aime jusqu’à la mort, le chrétien pourrait affirmer : « Choisis la religion où Dieu soit Amour et qu’Il te donne la grâce d’aimer sans domination. » Quel homme a osé dire « venez à moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » ? Dieu ne se trouve pas dans la recherche du sentiment de puissance. Dieu est Amour tel que le décrit saint Paul : « L’amour ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal (…), il excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L’amour ne passe jamais ».
Il arrive que des croyants d’autres religions que le christianisme disent aux chrétiens : « votre religion et la mienne, c’est la même chose. Il n’y a qu’un seul Dieu ». C’est vrai qu’il n’y a qu’un seul Dieu mais la manière d’aimer de Dieu n’est pas la même selon les religions. Aux antipodes de toute domination, Jésus révèle l’amour de son Père. Selon les différentes visions de Dieu il y aura diverses manières d’aimer.
La souffrance, la peur de souffrir et la mort font peur. Tout homme essaie d’y échapper. Combat naturel qui correspond à la volonté de Dieu. Dieu qui ne veut pas la mort des hommes n’a pas créé la mort. Celle-ci est entrée dans le monde par la jalousie du diable .
Paul Claudel (†1955), poète catholique, réagissait aux questions sur le mal en disant : « Jésus n’est pas venu expliquer le mal mais l’habiter et le vaincre ». Jésus est mort pour vaincre la mort. Son sacrifice a agi comme une arme fatale contre les pouvoirs de la mort. La puissance de l’Amour de Jésus s’est manifestée dans sa résurrection.

Présence de Jésus dans la souffrance et l’insécurité

Le contraire de la foi n’est pas à proprement parler l’athéisme mais la solitude. Chacun a peur de la solitude, de l’échec, de la prison et de la mort. La spécificité de la foi chrétienne apparaît dans la présence aimante de Jésus dans la maladie, l’injustice, l’échec et la mort. Tout au long de l’histoire de l’Église, les chrétiens ont témoigné de cette communion au Christ dans la persécution et la douleur. La foi chrétienne ne consiste pas à penser que Dieu existe. Par la foi, le chrétien contemple Jésus vivant et il s’unit à ses souffrances dans l’espérance de partager sa gloire. Nous comprenons alors le grand nombre de témoignages de ces baptisés, qui nous partagent leur expérience heureuse de communion avec Dieu dans des circonstances où tout ferait penser au vide et à l’absurde. Des malades témoignent des grâces reçues dans la maladie. Des personnes détenues injustement témoignent des grâces vécues dans le froid des cellules de prison. Le père Pedro Arrupe (†1991), ancien Général de la Compagnie de Jésus, se souvenait des journées passées injustement dans une prison japonaise, cœur à cœur avec Jésus, en le contemplant dans sa Passion, à Gethsémani, dans sa garde à vue dans la maison du grand-prêtre, flagellé, abandonné, insulté, couronné d’épines, crucifié. Le père Arrupe considérait ces jours de tristesse humaine comme de grands moments de sa vie mystique : « Il n’y avait rien dans ma cellule de prison ; j’étais seul avec le Christ ». Là où le mal avait abondé, la grâce avait surabondé.
La Parole de Dieu engendre la foi. Le chrétien découvre alors son identité de fils de Dieu et de frère de Jésus. La Parole de Dieu révèle le mystère de la Trinité et elle révèle aussi l’homme à lui-même : « Le mystère de l’homme ne s’éclaire qu’à la lumière de Jésus » (Concile Vatican II. Gaudium et spes n° 22). Le christianisme ne fait pas partie des religions du livre, même s’il vénère les Saintes Écritures. Le Verbe fait chair est vivant. Le texte des bibles devient vivant par l’Esprit de Jésus ressuscité. Sans la grâce intérieure de l’Esprit Saint répandue dans le cœur des croyants, les enseignements des textes bibliques n’apporteraient pas la connaissance ni la vie de Dieu .
La Parole de Dieu établit « un dialogue constant de Dieu avec son peuple ». Le mot « dialogue » comprend le mot « logos » qui dans le grec de l’Évangile selon saint Jean désigne le Verbe de Dieu : intelligence divine et Parole. Dans l’Ancien Testament, le mot hébreu « davar » qui signifie « parole » représente un événement. La Parole de Dieu ne saurait pas être réduite à un simple souffle mais elle est créatrice et marque l’histoire.
Ce n’est pas sans raison que les chrétiens cherchent le dialogue avec les religions et les cultures. Dieu est dialogue dans l’altérité et l’unité. Le Père engendre le Fils et le Fils fait le Père. Sans Fils il n’y a pas de Père. Le Père s’entretien avec son Fils et le Fils rend grâces au Père dans la communion de l’Esprit Saint. Ce dialogue de Dieu « ad intra », dans le mystère de la sainte Trinité, se trouve à la source du dynamisme des dialogues religieux et philosophiques « ad extra » dans l’histoire de l’humanité.

Le Verbe et les mots

Seul Dieu parle bien de Dieu. Jésus, le Verbe fait chair, emprunte nos mots humains les plus justes pour manifester le mystère de Dieu. Le théologien espagnol Cabodevilla, aimait à dire que « la Parole de Dieu s’est faite chair dans des mots ». L’Incarnation du Fils de Dieu ne se réduit pas à la chair humaine de Jésus, à l’Enfant de la crèche, elle comprend la culture et la langue d’Israël. Les mots humains n’expriment pas toute la richesse des pensées et des sentiments mais ils demeurent la médiation indispensable pour la communication. Dieu est Esprit. Les mots de nos langues et les expériences humaines restent bien en-deçà de la grandeur de Dieu. Pourtant, les mots de la Bible et leur renvoi à la terre et aux travaux des hommes peuvent éveiller l’intelligence à la compréhension de Dieu. C’est ce que fait Jésus dans l’Évangile en parlant des vignes, des mariages, des bergers, des trésors … Dans les Saintes Écritures, les mots sont cent pour cent de Dieu et cent pour cent des hommes. Le pape François rappelle l’enseignement du Concile Vatican II dans la Constitution « Dei Verbum » sur le principe de l’incarnation.

« Cœurs brûlants »

« Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? ». La Parole de Dieu fait grandir dans l’amour de Dieu. Il ne sert à rien de se plaindre de l’égoïsme des gens. La conversion passe par un long chemin où la Parole de Dieu joue un rôle fondamental. Les disciples d’Emmaüs marchaient tristes et découragés, le visage sombre. La catéchèse de Jésus, à partir de la Loi, des Prophètes et des Psaumes, a rempli leurs cœurs de la joie pascale.
Les catéchistes d’aujourd’hui accomplissent eux aussi une mission extraordinaire source d’allégresse. J’aime à dire que catéchiste est le plus beau métier du monde. Métier, ministère, service, qui peut illuminer la route des adultes et des enfants à jamais. En tant qu’aumônier de prison, je récolte les fruits de la catéchèse. Souvent les personnes détenues ne se sont pas confessées depuis leur première communion mais les enseignements de la catéchèse gardés dans « le disque dur » de la mémoire remontent lors des événements douloureux.

L’homélie

Le pape François met en valeur l’homélie qui nourrit la foi des chrétiens, « elle possède un caractère presque sacramentel ». L’homélie n’est pas une conférence ni un cours. Dans l’homélie, le prêtre actualise l’Évangile. « Aujourd’hui s’accomplit cette parole », s’était exclamé Jésus en refermant le rouleau du prophète Isaïe dans la petite synagogue de Nazareth. Dans les anciennes basiliques chrétiennes, l’existence de deux ambons, l’un pour l’Ancien Testament et l’autre pour le Nouveau Testament, mettait en évidence la différence et la relation entre eux pour les unir dans le mystère du Christ . Le pape François commente l’accomplissement de l’Ancien Testament par le Christ : « L’Ancien Testament n’est jamais vieux une fois qu’on le fait entrer dans le Nouveau, car tout est transformé par l’unique Esprit qui l’inspire .
Le pape évoque « le caractère performatif de la Parole de Dieu », c’est-à-dire qu’elle réalise ce qu’elle dit. Dans la liturgie de la Parole, l’Esprit Saint agit. D’où le symbole de la colombe dans les chaires de nos églises. L’Esprit Saint descend sur l’assemblée pendant la liturgie de la Parole de Dieu en prière pour faire grandir la foi et l’amour. Cette épiclèse fait des fidèles réunis en « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (Canon eucharistique n° III).
Victoria, ma sœur aînée, professeur des écoles pendant toute sa vie, appréciait particulièrement les homélies d’un prêtre de Bilbao qui commençait par une question et qui finissait par une question. Dieu s’adresse à l’intelligence. L’homélie cherche à éveiller l’intelligence. Dans l’Évangile, Marie se pose des questions : « comment », « pourquoi ». L’homélie éclaire les interrogations de l’homme l’orientant vers des choix d’amour à faire dans la liberté. Chesterton (†1936), écrivain catholique anglais, disait avec humour : « Quand on rentre dans une église on est prié d’enlever son chapeau mais pas sa tête ! ».

La sonorisation et l’articulation

Pour que l’homélie porte ses fruits, il s’avère indispensable de disposer d’une bonne sonorisation. L’un des premiers investissements à prévoir dans une paroisse concerne la sonorisation. Trop souvent, les fidèles se plaignent de ne pas entendre ou de ne pas comprendre les lectures ou l’homélie à cause des défauts dans le système de sonorisation. Pour les nouvelles générations habituées à la perfection technique des media, une sonorisation défectueuse discrédite la valeur sacrée de la Parole de Dieu.
Il convient aussi de former les laïcs à l’utilisation des micros. J’aime à dire sous forme de boutade que « les micros sont comme les personnes, il faut leur parler et non pas les frapper. Si on les frappe, on les abîme ». Pourtant je continue de voir les habitués des paroisses taper sur les micros.
La lecture de la Parole de Dieu suppose aussi une préparation soignée. L’expérience prouve que les formations à la respiration, à l’articulation et à la lecture publique portent des fruits merveilleux et assez rapides. Les comédiens étudient cet art dont les églises ont bien besoin. Il serait bon d’organiser des sessions de formation avec des professionnels du théâtre, par exemple.

La Vierge Marie et la Parole de Dieu

Marie, la mère de Jésus, est louée dans l’Évangile pour sa foi en l’accomplissement de la Parole de Dieu en elle (cf. Lc 1, 45). Pour le pape François, cette béatitude de la foi précède les autres béatitudes sur la pauvreté, l’humilité, les artisans de paix …
Saint Ambroise de Milan (†397) partageait son expérience et celle d’une multitude de croyants quand il affirmait que dans la lecture priante de la Parole de Dieu l’homme se promène avec Dieu dans le paradis . Lire les Saintes Écritures équivaut à écouter Dieu qui parle au cœur. Dialogue d’amour qui fait grandir la foi. Le bonheur de Marie a été précisément d’écouter et de prier la Loi, les Psaumes et les Prophètes. La foi ne consiste pas à penser que Dieu existe. Le diable le pense aussi. La foi jaillit de l’âme en réponse à la révélation de l’amour de Dieu dans les Saintes Écritures et dans la prédication. La grandeur de Marie se trouve dans sa foi. Le pape François de citer saint Augustin qui met en lumière Marie comme disciple de Jésus qui écoute et met en pratique la Parole de Dieu.
Modèle de foi, Marie n’a pas tout compris. Saint Luc commente le recouvrement de Jésus au Temple de Jérusalem, quand il a expliqué à Marie et à Joseph qu’ « il devait être dans la maison de son Père » (cf. Lc 2, 49), en soulignant que ni Marie ni Joseph « ne comprirent cette parole ». La foi illumine la route des hommes mais elle comporte aussi un côté obscur qui fait penser à « la nuit de la foi » chantée par saint Jean de la Croix. Le père Marie-Joseph Lagrange a consacré son existence à la traduction et au commentaire de la Bible en reconnaissant aussi que « la Parole de Dieu pouvait être obscure ». Sans cette limite dans la connaissance de Dieu, la foi ne serait plus la foi mais la claire vision.
Saint Luc, l’évangéliste, montre Marie « qui garde fidèlement dans son cœur » (cf. Lc 2, 51) les événements et les paroles de son fils Jésus.
La prière plutôt qu’une action apparaît comme un état dans la vie de Jésus et des apôtres. À l’image de l’amour qui unit ceux qui aiment même s’ils n’y pensent pas, celui et celle qui prie vit en communion avec Dieu. Marie vivait en état de prière par sa foi. Saint Luc fait appel à deux mots importants de la vie spirituelle de Marie, mère et disciple de son Fils Jésus : « garder » et « fidèlement ».
Une mère porte son enfant dans son sein pendant neuf mois. Cette relation unit la mère et le fils d’une manière unique et définitive. Les généticiens disent que chaque enfant laisse dans le corps de sa mère quelques cellules. La mère qui donne son corps à l’enfant garde quelque chose du corps de celui-ci en elle. Marie garde fidèlement les événements de la vie de Jésus dans son esprit. « Fidèlement » vient de « foi ». Il s’agit de la même étymologie. Toute l’existence de Marie ressemble à un pèlerinage de foi.
Le pape émérite Benoît XVI dans son Exhortation post-synodale « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église « exhorte les chercheurs à approfondir le plus possible le rapport entre la mariologie et la théologie de la Parole ». Marie, « Mère du Verbe de Dieu » et « Mère de la foi » apparaît comme un modèle d’écoute de la Parole de Dieu. À l’Annonciation, Marie écoute avec son cœur l’annonce de l’ange Gabriel. Le livre du Deutéronome présente l’écoute de la Parole de Dieu comme le premier des commandements et le fondement de l’amour de Dieu à vivre par le Peuple de Dieu : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (cf. Dt 6, 4).
Un proverbe africain dit « que la femme est fécondée par l’oreille ». Manière de relier l’écoute, l’amour et le don de la vie.
En Marie, femme juive, première chrétienne, l’Ancien Testament passe dans le Nouveau Testament pour s’accomplir en Jésus, née d’une femme (cf. Ga 4, 4) : « Marie est aussi le symbole de l’ouverture à Dieu et aux autres ; de l’écoute active qui intériorise, qui assimile et où la Parole divine devient la matrice de la vie ». La Parole de Dieu devient matrice d’une nouvelle manière de penser, de prier, de parler et d’agir.

Marie et la Trinité

La Vierge Marie, temple de la sainte Trinité, rayonne de la lumière de Dieu. Fille du Père, source de la vie, Marie n’est pas une déesse mais une créature aimée et sauvée par Dieu. Mère du Verbe fait chair, Image du Père, Marie manifeste au monde l’infinie richesse de la connaissance de Dieu révélée par Jésus.
Dans son commentaire au Credo, saint Thomas d’Aquin (†1274) montre comment le Verbe s’est manifesté dans le mystère de l’Incarnation : « Rien n’est plus semblable au Fils de Dieu que le verbe que notre intelligence conçoit sans le proférer par les lèvres. Or, nul ne connaît le verbe tant qu’il demeure dans l’intelligence de l’homme si ce n’est celui qui le conçoit ; mais dès que notre langue le fait entendre, il est connu de nos auditeurs. Ainsi le Verbe de Dieu, aussi longtemps qu’il demeurait dans l’intelligence du Père, était connu seulement de son Père ; mais une fois revêtu d’une chair, comme le verbe de l’homme se revêt du son de sa voix, il s’est alors manifesté au dehors pour la première fois et s’est fait connaître. Selon cette parole de Baruch (3, 38) : « Ainsi il est apparu sur la terre et il a conversé avec les hommes. » Voici le deuxième exemple. Nous connaissons par l’ouïe le verbe proféré par la voix, et cependant nous ne le voyons pas et nous ne le touchons pas ; mais si ce verbe nous l’écrivons sur un papier, alors nous pouvons le toucher et le voir. Ainsi le Verbe de Dieu s’est fait lui aussi, et visible et tangible, lorsqu’il s’inscrivit en quelque sorte dans notre chair. Et de même que le papier sur lequel est inscrite la parole du roi, nous l’appelons la parole du roi, de même l’homme auquel est uni le Verbe de Dieu dans une seule personne, nous le nommons le Fils de Dieu ». Ici l’Incarnation du Verbe est comparée au papier. La Vierge Marie a été cette page blanche sur laquelle Dieu a écrit l’histoire du Salut. La page blanche évoque la disponibilité de Marie et l’absence de péché en elle. Par Marie, Dieu s’est rendu visible à nos yeux. La Vie de Dieu s’est manifestée en Jésus . Qui voit Jésus voit le Père. De même qu’un récit fait voir l’histoire racontée comme si elle se déroulait devant nos yeux. Par l’Esprit Saint, la Parole de Dieu rend visible le visage du Christ dans la lumière de la foi : « Jésus-Christ est le visage humain de Dieu et le visage divin de l’homme ».
Loin d’être une mère possessive, Marie conduit toujours à Jésus comme elle l’a fait lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (cf. Jn 2, 5). Épouse de l’Esprit Saint, don de Dieu qui fait grandir l’Église, Marie contribue par son intercession à la croissance de la foi et du Corps du Christ, l’Église.
La maternité divine de Marie ne s’arrête pas à Noël. Elle se déploie jusqu’au Calvaire où Jésus la donne comme mère spirituelle à Jean, le disciple bien-aimé qui représente l’Église, et à la Pentecôte où l’Esprit Saint descendra sur les apôtres en prière au Cénacle et sur une multitude de croyants rassemblés à Jérusalem.
Sur le Calvaire, une épée a transpercé l’âme de Marie (cf. Lc 2, 35). Les icônes de la Mère de Dieu placent une étoile sur son front et sur ses épaules, symboles de la virginité avant, pendant et après l’accouchement. En revanche, sur le Calvaire, Marie a connu la déchirure de l’âme. La foi et la maternité spirituelle de Marie ne sont pas allées sans souffrance.
L’annonce de la Parole de Dieu pour que les âmes naissent à la vie de Dieu passe par la déchirure de l’accouchement. Sœur Inés de Jesús O.P., (†1993) moniale dominicaine du monastère de Caleruega (Burgos, Espagne), a écrit que « les accouchements des âmes provoquent des déchirures » (Journal spirituel inédit, 28 août 1973). La maternité spirituelle, qui favorise la nouvelle naissance des âmes à la vie de Dieu, passe par les souffrances de l’accouchement de la nouvelle création comme l’enseigne saint Paul .
Glorifiée en son corps et en son âme la Vierge Marie, la Mère de Dieu, continue d’œuvrer aux côtés de son Fils pour la croissance du Christ total, la Tête, Jésus, et les membres, les baptisés et ceux qui croient en lui. Bossuet définissait l’Église comme le Christ répandu et communiqué.
Mère du Verbe fait chair en elle, Marie grandit dans sa mission de faire connaître et aimer son Fils qu’elle a accueilli et donné au monde. D’où son rôle dans l’évangélisation. De très nombreuses congrégations religieuses missionnaires ont choisi le patronage de la Vierge Marie, la Mère de la Parole de Dieu. Sur environ 400 congrégations féminines de vie apostolique 130 portent un nom marial . Personne n’a aimé autant le Verbe fait chair que Marie. Nul n’a accueilli avec autant de foi et d’amour la Parole de Dieu que Marie.
Dans la vie d’un chrétien, il y a un va-et-vient entre la prière et l’approfondissement de la Parole de Dieu. Plus la Parole de Dieu est écoutée et priée et plus le fidèle a soif de chercher la richesse des sens de l’Écriture. Trésor inépuisable, source d’eau vive jamais tarie, comme le dit saint Ephrem cité par le pape François au début de cette lettre apostolique « Aperuit illis ».
Le père Marie-Joseph Lagrange (†1938), avait inauguré l’École biblique de Jérusalem avec une grande vision du sens et du futur de l’interprétation de la Parole de Dieu : « Dieu a donné dans la Bible un champ infini de progrès dans la vérité ».
Le but de ce nouveau « dimanche de la Parole de Dieu » est de faire aimer davantage la révélation divine et de la mettre en pratique. En effet, la liturgie porte la Parole de Dieu à l’instar d’un écrin qui contient un bijou.
Le fondamentalisme représente un péché contre l’intelligence. La vérité évangélique ne ressemble pas à une statue en béton. La Vérité est Chemin et Vie en la personne de Jésus . La Parole de Dieu ne cesse de grandir dans le cœur des chercheurs de Vérité qui l’écoutent et la lisent. La Parole de Dieu fait toutes choses nouvelles . Elle éveille le désir et l’amour. C’est pourquoi la Bible s’achève avec l’Apocalypse en priant : « Maranatha ! Viens Seigneur Jésus » (Ap. 22, 20).

Saint-Denis (La Réunion. France), le 10 octobre 2019.

 

19 janvier 2020
Je fais de toi la lumière des nations (Is. 49, 6).

L’assentiment de la foi n’est pas un mouvement aveugle de l’esprit, mais cependant personne ne possède la foi, véritable don de Dieu même quand elle n’est pas animée par la charité, sans cette action de l’Esprit qui ouvre, comme disait Justin, les portes de la lumière.

(Marie-Joseph Lagrange des Frères Prêcheurs, Saint Justin, philosophe, martyr, Lecoffre-Gabalda, 1914.)

 

12 janvier 2020
Le Baptême de Jésus (Mt 3, 13-17)

Le regard de Jésus pénètre dans le ciel qui s’ouvre et il voit l’Esprit descendre.

La voix ne s’adresse pas à Jésus, mais le désigne aux autres.

Le sens du baptême de Jésus dans Mt est le même que dans Mc et dans Lc. C’est la manifestation de Jésus comme d’un plus fort que Jean, et qui doit remplacer son baptême par un nouveau baptême dans l’Esprit. Le baptême chrétien n’est pas encore institué et Jean continuera à baptiser ; mais Jésus est investi de sa mission ; déjà un ordre succède à l’autre.

Jésus n’est pas venu en novateur qui révolutionne, il est venu rendre parfait l’ordre ancien.

Manifestation divine.

Grande et décisive lumière.

M.-J. Lagrange, o.p., Évangile selon saint Matthieu (extraits) Lecoffre-Gabalda, 1941, p.55-57.

Illustration : Le baptême du Seigneur. Tempera sur bois (2007-2013) – auteurs Giovanni Raffa et Laira Renzi – Chapelle San Michele di Stanco – Bologne.

 

10 janvier 2020

La messe-anniversaire de ce jour est célébrée aux intentions de nos amis de l’association et, particulièrement, à l’intention de sœur Marie-Norbert, dominicaine de Notre-Dame du Très Saint-Rosaire de Monteils, fervente admiratrice du père Lagrange et dévouée à sa cause. Sœur Marie-Norbert priait sans cesse pour qu’un miracle soit reconnu. Elle s’en est allée vers son Seigneur, le 10 novembre 2019.

 

 

 

Vœux du président de l’association des amis du père Lagrange pour 2020 !

Que nous tirions des enseignements des erreurs et des péchés de 2019 afin qu’ils deviennent de l’engrais pour 2020 !

 Que le Seigneur vous accorde la santé non pour oublier ceux qui souffrent mais pour les servir !

Que le Seigneur développe vos missions, votre travail et vos finances non pour être possédés par vos possessions mais aider les faibles !

Que le Seigneur vous accorde l’amour non pour vivre l’« égoïsme à deux » mais pour le faire rayonner de manière universelle dans la lumière de l’espérance !

Soyez bons et l’année 2020 sera bonne !

Fr. Manuel Rivero, o. p. 

Saint-Denis (La Réunion), fête de l’Épiphanie 2020.

Photo : Sainte Famille – Bien Hoa – Viet Nam

 

5 janvier 2020
Les mages virent l’Enfant…

Entrés dans l’humble étable qui servait de maison, les mages virent l’Enfant, avec Marie sa mère, se prosternèrent devant lui, et ouvrant leurs sacoches de voyage offrirent les présents dont ils s’étaient munis pour le petit roi : de l’or, de l’encens et de la résine parfumée qu’on nommait la myrrhe. Plus tard on y a vu des symboles : l’encens est réservé à Dieu, l’or va au roi, la myrrhe fut employée dans la sépulture du Christ. Les bons mages avaient apporté ce que les étrangers venaient de préférence chercher dans leur pays. (M.-J. Lagrange o.p.)

4 janvier 2020
Nous vous signalons cette page d’Ordo Praedicatorum sur l’École biblique, à consulter :

https://www.youtube.com/watch?v=cZNigOlZ3Sg&feature=share&fbclid=IwAR3kOSt5E0W0e9mmRVOd4mDAovESJ1FFEjoLJdN0JEI9Eh1qNDfO2-gkIMI

1er janvier 2020
Nos pensées et nos prières pour tous les blessés de ce monde !

Écho de notre page Facebook : décembre 2019

29 décembre 2019
« Prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte » (Mt 2, 13).

Un ange du Seigneur vint donc prévenir Joseph, toujours durant son sommeil. Il lui ordonnait de fuir en Égypte avec l’enfant et sa mère, car Hérode allait chercher à faire périr l’enfant. Joseph obéit aussitôt. L’Égypte chrétienne était fière de cette visite, et plusieurs sites se disputèrent l’honneur d’avoir accueilli la Sainte Famille. Marie endormie entre les bras du Sphinx avec l’enfant dans son giron, Joseph veillant, attentif aux bruits du désert, est une image qui plait à la piété moderne. Aucune tradition n’a droit à être écoutée. Il suffisait à Joseph de franchir le sud de la Judée et d’atteindre la frontière d’Égypte pour être en sûreté. C’en était assez pour que saint Matthieu pût voir dans cette fuite et dans ce séjour, suivi d’un retour en Terre sainte, une ressemblance entre Jésus, Fils de Dieu, et Israël, son fils adoptif, que le Seigneur avait ramené d’Égypte, comme Moïse l’avait raconté longuement, et comme l’avait rappelé le prophète Osée : « J’ai appelé d’Égypte mon fils » (Osée 11, 1).

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 71-72.)

Photo : La fuite en Égypte par Julius Schnorr von Carolsfeld (1828), Museum Kunstpalast. Düsseldorf. Allemagne.

 

26 décembre 2019
Saint Étienne. 1er siècle. Diacre. Premier martyr de l’Église

Étienne, le premier, glorieux athlète.
Étienne est le martyr de la Rédemption de tous les hommes par Jésus-Christ. (p. 13.)

Dans la mort d’Étienne endurée pour la vérité, les chrétiens ont vu une victoire, et les Pères, qui savaient peu de choses sur les origines d’Étienne, ont reconnu dans son nom même de Couronne, une harmonie préétablie dans les conseils de Dieu. Pierre est la pierre sur laquelle Jésus-Christ bâtit l’Église, Étienne (couronne) reçoit le premier la couronne du martyre. C’était un symbolisme saisissant dans ce temps et chez des peuples qui employaient si souvent la couronne. Les vainqueurs des jeux olympiques se contentaient d’une couronne pour récompense. On n’osait pas se présenter aux dieux pour prier sans avoir sur la tête une couronne de fleurs. Les orateurs ne paraissaient pas devant le peuple sans être couronnés. La couronne, symbole de prière, d’éloquence et de victoire, convenait bien au premier martyr (p.37). (Père Lagrange. Saint Étienne et son sanctuaire à Jérusalem, Picard, 1894, p. 13 et 37)

« L’œuvre de Saint-Étienne étant une école biblique, théologique et archéologique, nous tenons avant tout à notre réputation de travailleurs honnêtes, et, si on peut le dire, sans prétention, de critiques pas tellement crédules. Nous apprécions à sa valeur l’honneur de contribuer au culte du premier martyr au lieu même de son supplice, mais nous y renoncerions volontiers si notre probité littéraire était le moins du monde en jeu. » (Cité par B. Montagnes. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 2004, p. 296. Extrait de la RB 13 (1904) p. 465.)

 

25 décembre 2019 : Dans la Lumière de Noël, nous vous présentons nos meilleurs voeux.

« Il vous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ! » (Luc 2, 11)

« Or, pendant qu’ils étaient là (à Bethléem), le temps où elle (Marie) devait enfanter arriva. Et elle enfanta son fils premier-né. Et elle l’enveloppa de langes. Et elle le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Et il y avait dans cette même contrée des bergers qui demeuraient aux champs et veillaient durant la nuit sur leur troupeau. Et un ange du Seigneur parut près d’eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de lumière. Et ils furent saisis d’une grande crainte. L’ange leur dit : « Ne craignez pas ; car voici que je vous annonce une grande joie, destinée à tout le peuple ; car il vous est né aujourd’hui un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et voici ce qui vous servira de signe : vous trouverez un petit enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Et aussitôt il y eut avec l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, louant Dieu et disant : « Gloire à Dieu dans les hauteurs, et paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté. » » (Luc 2, 6-14)

Le P. Lagrange commente ce passage de l’Évangile : Ils trouvèrent cependant l’hospitalité la plus modeste dans une de ces grottes qui servaient de demeure pour les personnes et d’écurie pour les animaux. Peut-être étaient-ils là depuis plusieurs jours. Joseph attendant son tour pour être inscrit, quand Marie enfanta son fils premier-né. Saint Luc qui emploie cette expression savait très bien qu’aucun chrétien de son temps ne s’y méprendrait. Il ne parlera jamais de frères ou de sœurs de Jésus : personne n’ignorait que ce premier-né était demeuré unique. Il préparait seulement ainsi, en écrivant prévoyant, ce qu’il aurait à dire de la présentation au Temple regardant les premiers-nés. Dans cette habitation-écurie il y avait naturellement une mangeoire en forme de nacelle pour contenir l’orge offerte aux bêtes de somme ; elle servit de berceau pour y déposer l’enfant que Marie elle-même enveloppa de langes. La naissance de ce fruit divin n’avait pas intéressé sa virginité plus que sa conception, d’une manière ineffable que nous devons supposer digne de Dieu et de la Mère qu’il avait choisie pour son Fils.
(L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 61.)

 

22 décembre 2019
« Voici que la Vierge concevra un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui veut dire « Dieu avec nous » » (Mt 1, 23).

Le P. Lagrange commente : Prophétie claire, disons-nous, quoique encore voilée, car ce voile est seulement l’ambiance des temps assyriens sous le roi Achaz. Or la prophétie domine les temps comme un avion des paysages : tout apparaît sur le même plan. Quand une fois l’événement a fait la lumière, les circonstances du passé s’enlèvent comme un brouillard aux rayons du soleil, et l’esprit est frappé de cette coïncidence des termes avec un fait si grandiose que personne n’aurait osé le concevoir… (L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2077, p. 57.

Photo : Joseph et Marie recherchent un gîte à Bethléem. Il s’agit de l’un des panneaux réalisés par Joseph Aubert (1849-1924). Église Notre-Dame des Champs, Paris. Ce même artiste est également l’auteur des peintures murales de la basilique Saint-Étienne de Jérusalem.

 

19 décembre 2019
« Alors lui apparut l’Ange du Seigneur » (Luc 1, 11)
L’Ange de Iahvé dans l’Ancien Testament par Fr. Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs

L’Ange de Iahvé est une des figures les plus mystérieuses de l’Ancien Testament. Tantôt il se présente et agit comme un ange, c’est-à-dire, selon le sens propre du mot Mal’ak, comme un messager, un officier chargé d’une mission par son souverain, tantôt il parle au nom de Dieu lui-même. C’est surtout à propos de l’apparition du Buisson ardent que son rôle est énigmatique, car il ne craint pas de prendre le nom de Iahvé, au moment même où ce nom divin est révélé.

L’antiquité n’a pas manqué de spéculer sur ce personnage extraordinaire. Pour Philon, c’est le Verbe de Dieu, celui qui préside au gouvernement du monde. Cette opinion ne pouvait manquer de plaire aux Pères, toujours empressés à trouver dans l’Ancien Testament les traces de Celui qui en était la fin. Aussi plusieurs d’entre eux se sont-ils complu à voir dans l’ange de Iahvé la seconde personne de la Très Sainte Trinité, préludant l’Incarnation par des manifestations où elle se révélait à demi. Un esprit aussi ferme que Théodoret a été entraîné dans cette voie par l’autorité de la version grecque qui parlait de l’ange du grand conseil dans un passage évidemment messianique.

Saint Augustin lui-même fut ébranlé par cet argument ; mais déjà saint Jérôme avait insisté sur le texte de l’épître aux Galates, d’après lequel la loi a été donnée par le ministère des anges. Saint Augustin ne voit donc dans l’ange de Iahvé qu’un ministre qui parle au nom du roi, et il entraîna saint Grégoire. Saint Thomas se prononça fortement dans le même sens pour des raisons théologiques très profondes. (Retrouver le texte entier dans la Revue biblique internationale publiée par l’École pratique d’études bibliques, t. XII, p. 212, 1903.)

Photo : L’Ange du Seigneur ou l’archange Gabriel apparaissant à Zacharie par Reynaud Levieux (1643). Calvet Museum, Avignon.

 

18 décembre 2019
En chemin vers Bethléem. Extrait du commentaire du P. Lagrange.

Joseph devait donc, comme descendant de David se rendre à Bethléem. Qu’il y ait amené Marie, cela se comprend assez, ne voulant pas la laisser seule. Et pourquoi n’auraient-ils pas eu la pensée de séjourner quelque temps à Bethléem, ayant été avertis que Jésus serait le restaurateur du trône de David ? (L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 62.)

Photo : Sur le chemin de Bethléem – Hugo van der Goes – Tryptique Portinari (1475) Galerie des Offices, Florence.

 

15 décembre 2019
« Gaudete et Exsultate ! »
« En vérité je vous le dis : il n’a été suscité parmi les fils de la femme personne de plus grand que Jean, le Baptiste ; mais le moindre dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ! » (Mt 11, 11.)

Et le P. Lagrange de commenter : C’est au nom de Dieu que Malachie avait écrit : « Voici que je vais envoyer mon messager et il déblaiera le chemin devant moi » (Ml 3, 1).
(L’Évangile de Jésus Christ avec la Synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Photo : Saint Dominique – Couvent du Saint Nom de Jésus – Lyon.

 

13 décembre 2019
« Le Seigneur vient : allez à sa rencontre ! C’est lui le Prince de la paix. »
« Qui marche à ta suite, Seigneur, aura la lumière de la vie »

Joseph et Marie s’engagèrent donc sur la route qui de Nazareth conduisait à Jérusalem, puis à Bethléem, distance bien longue à parcourir dans la situation de Marie, car, à moins d’entrer dans la voie des apocryphes, nous devons penser qu’elle en éprouvait une certaine incommodité. Les Romains n’avaient pas encore tracé leurs routes admirables. Cependant on pouvait faire le trajet dans des chars, et plus commodément dans des litières. Mais le couple était sans doute trop pauvre pour recourir à ces moyens luxueux. (Extrait du commentaire du P. Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017, p. 63.)

 

10 décembre 2019
Fr. Marie-Joseph Lagrange, op. (7 mars 1855-10 mars 1938)

Nous sommes en communion de prières avec fr. Manuel Rivero op., qui célèbre la messe de ce jour-anniversaire aux intentions particulières des amis de l’association et pour la béatification du père Lagrange, op. 

PRIÈRE

Vous pouvez confier vos intentions de prière, ou votre témoignage, qui seront portés, en offrande, lors de la messe célébrée par frère Manuel Rivero op, le 10 de chaque mois.

Écrire à : Fr. Manuel Rivero o.p. : manuel.rivero@free.fr. Ou bien : Fr. Manuel Rivero o.p. Dominicains, Cure de la cathédrale, 22 Avenue de la Victoire, 97400 La Réunion.

 

9 décembre 2019
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

Dans son exhortation apostolique La joie de l’Évangile, le pape François exhorte l’Église à vivre « en sortie, en partance » et à « primerear », c’est-à-dire à prendre des initiatives missionnaires. Dans son souci permanent du salut des âmes, le père Lagrange a enseigné en tirant du trésor de la Parole de Dieu du neuf et de l’ancien. Aussi s’est-il heurté à des incompréhensions, voire des suspicions et des interdictions. Ayant commencé par le commentaire de l’Ancien Testament, il a vu son article sur le Déluge, typographié et tout prêt pour sa publication dans la Revue biblique, arrêté et condamné à l’attente dans un carton. Ses réflexions sur l’universalité du déluge et sur la conception de l’histoire chez les Hébreux ont dû faire peur à certains. Le père Lagrange y apporte sa traduction à partir de l’hébreu et son commentaire riche en connaissance des religions et des civilisations orientales, pour aboutir au terme d’une étude technique du texte à des enseignements pour la vie spirituelle où « la miséricorde succède au temps de la justice » : « Enfin les Pères, prenant à la lettre l’universalité du déluge, ont fait de l’Arche le symbole de l’Église, et les théologiens aiment à y voir le type de la Conception Immaculée de Marie. Toutes ces vérités demeurent ; quoi qu’il en soit de nos conclusions en matière de critique littéraire ou d’histoire, elles demeurent comme l’objet des méditations de tous les chrétiens, à commencer par les exégètes. » (Extrait de la conférence de fr. Manuel Rivero, o.p., La cause de béatification du père Lagrange, o.p., « Journées Lagrange », Rome, 2015.)

Photo : Immaculée Conception-Évêché d’Ajaccio.

8 décembre 2019
Annonce de l’arrivée du Messie

« … Moi je vous baptise dans l’eau pour la pénitence. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi : lui dont je ne suis pas digne de porter les sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et par le feu. » (Matthieu 3, 11.)

Le P. Lagrange commente : … Saint Mathieu et saint Luc disent : « dans l’Esprit Saint et par le feu ». Le feu n’ajoute ici qu’une image, car on ne peut supposer un baptême plus parfait, après celui de l’Esprit Saint. C’est le baptême dans l’Esprit Saint qui est comparé à un baptême dans le feu. L’eau nettoie, mais ne saurait avoir la vertu d’enlever toutes les taches. Ce qui passe dans le feu, s’il n’est par consumé, est semblable à l’or qui sort parfaitement purifié de la fournaise. Le baptême de l’Esprit est donc un baptême plus parfait, qui atteint les profondeurs de l’âme, car l’âme, est devenue pure par le repentir, est comme une création nouvelle de l’Esprit Saint. (Voir la suite dans L’Évangile de Jésus Christ avec la Synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 92-93.)

Photo : Saint Jean Baptiste (détail)-Tiziano Vecellio (1540)-Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi.

6 décembre 2019

Les deux aveugles de Capharnaüm : Qu’il vous soit fait selon votre foi » (Mt 9, 29)

Extrait du commentaire du P. Marie-Joseph Lagrange o.p.

Nulle part on ne trouve exprimée aussi clairement l’importance de la foi pour obtenir la faveur qu’elle a en vue. De sorte que si Mt avait raconté deux fois ce miracle, il faudrait dire que ce fut d’abord pour mettre en lumière cet enseignement. Après cela on comprendra mieux que Jésus n’ait pas fait de miracles à Nazareth à cause de l’incrédulité des habitants (13, 58 ; cf. Mc 6, 5 s.). (Évangile selon saint Mathieu, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 189.)

Photo : Les deux aveugles par Nicolas Poussin (1650) Musée du Louvre, Paris.

1er décembre 2019

 

« Ô mon Jésus, je sens une immense espérance ! »

(Marie-Joseph Lagrange, o.p., Journal spirituel, p. 165.)

Centenaire de l’École archéologique française de Jérusalem

 

L’École biblique célèbre cette année le centenaire de sa reconnaissance en 1920 comme École archéologique française par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (AIBL). Un colloque rassemblant les anciens boursiers de l’AIBL à l’École biblique aura lieu le 6 mars prochain à Paris, mais la célébration de ce centenaire a déjà commencé à Jérusalem par une séance académique qui a eu lieu ce 15 novembre dans la salle de conférences de l’EBAF.

Lire la suite : Communication de l’EBAF

 

 

Extraits-Saint Ignace d’Antioche, évêque, Père apostolique, martyr, fêté le 17 octobre – Emprunts johanniques d’après M.-J. Lagrange o.p., Évangile selon S. Jean, Paris, 1936, p. XXVI

Les lettres d’Ignace étant reconnues authentiques, soit qu’elles datent de l’an 107 ou de l’an 115, il est du plus grand intérêt de savoir si elles font allusion au quatrième évangile. Elles ne le nomment pas, cela est certain, mais il est certain qu’elles sont imbues de sa doctrine. La foi en Jésus-Christ et plus encore l’amour de Jésus-Christ sont le foyer de la religion d’Ignace.

[…] Les textes nous paraissent décisifs. Ce ne sont pas des citations, mais il en résulte qu’Ignace avait reçu une impression profonde de la doctrine johannique, telle qu’elle est exprimée par Jo (Jean).

 

JEAN

IGNACE

3, 8. Le vent souffle où il veut…, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. Ph. 7, 1. On ne trompe pas l’Esprit, car il vient de Dieu, il sait d’où il vient et où il va, il pénètre les secrets les plus cachés.
5, 19. Le Fils ne peut rien faire de lui-même rien qu’il ne voit faire au Père. 14, 10. Le Père qui demeure en moi, accomplit les œuvres. 15, 5. En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Magn. 7, 1. De même que le Seigneur, soit par lui-même, soit par ses apôtres, n’a rien fait sans le Père avec lequel il n’est qu’un, vous non plus, en dehors de l’évêque et des presbytres. 
6, 27. Travaillez, non pour la nourriture périssable… 6, 33. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel…. 6, 54. Qui mange ma chair et boit mon sang… Rom. 7, 3. Je ne prends plus plaisir à la nourriture corruptible ce que je veux, c’est le pain de Dieu, ce pain qui est la chair de J.C., le Fils de David, et pour breuvage je veux son sang qui est l’amour incorruptible. 
17, 6. J’ai manifesté ton nom… 1, 1. Le Verbe… 1, 18. Le Fils unique, lui, l’a fait connaître. 8, 29. Celui qui m’a envoyé est avec moi… Je fais toujours ce qui lui plaît. Magn. 8, 2. Il n’y a qu’un Dieu et ce Dieu s’est manifesté par J.C., son Fils, qui est son Verbe sorti du silence, celui qui accomplit fidèlement les volontés de celui qui l’a envoyé. 
17, 23. Pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi, pour qu’ils soient parfaitement un… Eph. 5, 1. Quel n’est pas votre bonheur à vous qui lui (Lettre à l’évêque) êtes étroitement unis, comme l’Église l’est à Jésus-Christ et Jésus-Christ à son Père, dans l’harmonie de l’universelle unité. 
6, 51. … Et le pain que moi je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. 6, 53. Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme… vous n’aurez pas la vie en vous. 6, 54. Qui mange ma chair… je le ressusciterai. Smyrn. 7. Ils s’abstiennent de l’Eucharistie et de la prière, parce qu’ils ne veulent pas reconnaître dans l’Eucharistie la chair de Jésus-Christ notre Sauveur… Cette chair qui a souffert pour nos péchés… ceux qui le nient n’ont pas la vie. Ils feraient mieux de pratiquer la charité (agapè) pour avoir part à la résurrection. 

 

Photo : Saint Ignace d’Antioche, évêque et martyr.
De la ‘Lettre aux chrétiens de Magnésie’ :
« Il ne suffit pas d’être appelé chrétien, il faut l’être vraiment. »