Neuvaine à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face par Fr. Manuel Rivero O.P.

Saint-Denis (La Réunion), le 8 septembre 2021, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897)

Premier jour

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus).

Partie vers le Seigneur, sainte Thérèse ne disparaît pas. Son intercession auprès du seul Sauveur Jésus-Christ, nous attire une pluie de grâces symbolisées par les pétales des roses. Le chrétien, disciple de Jésus, ne peut pas dire « c’est fini » ou « c’est trop tard ». Dans la lumière du Christ ressuscité, ce n’est jamais fini et ce n’est jamais trop tard. Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’espérance.

Deuxième jour

« J’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau … et là je pensais. Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le bon Dieu m’instruisait en secret. » ; « Quelquefois j’essayais de pêcher avec ma petite ligne, mais je préférais aller m’asseoir seule sur l’herbe fleurie : alors, mes pensées étaient bien profondes et, sans savoir ce que c’était de méditer, mon âme se plongeait dans une réelle oraison. (…) La terre me semblait un lieu d’exil, et je rêvais le Ciel. » (sainte Thérèse).

L’oraison est le cœur à cœur avec Dieu. En silence, nous écoutons Dieu qui parle à notre âme. L’oraison est un mot d’origine latine qui veut dire « bouche ». Faire oraison équivaut à partager le souffle de Dieu, le bouche à bouche avec Dieu où nous recevons l’Esprit Saint. Véritable conversation avec Dieu, la prière représente une promenade avec Dieu dans le Paradis.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’oraison qui nous unit à Dieu.

 

Troisième jour

« Jésus a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’Il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette … J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes … Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. » (Sainte Thérèse).

« Chacun va à Dieu par un chemin virginal », a écrit le poète espagnol Léon Felipe (+1968). Dieu aime l’unité mais pas l’uniformité.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de respecter et d’apprécier l’altérité, la différence des personnalités et des chemins pour arriver à Dieu.

 

Quatrième jour

« En sortant du confessionnal, j’étais si contente et si légère que jamais je n’avais senti autant de joie dans mon âme. Depuis je retournai me confesser à toutes les grandes fêtes et c’était une vraie fête pour moi à chaque fois que j’y allais. » (Première confession de sainte Thérèse à sept ans).

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de vivre le sacrement de la réconciliation.

Cinquième jour

Femme de miséricorde, sainte Thérèse intercède pour Pranzini, condamné à mort et exécuté le 31 août 1887. Juste avant sa mort, Pranzini saisit le crucifix présenté par l’aumônier. Thérèse y vit le fruit de sa prière. Elle appela ce condamné « son premier enfant ». Enfant de sa maternité spirituelle.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de la miséricorde et de la prière pour les pécheurs.

Sixième jour

Elle avait déclaré au chanoine Delatroëtte qui lui demandait « pourquoi êtes-vous venue au Carmel ? : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres. ».

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de vivre la miséricorde envers les prêtres et de prier pour eux.

Septième jour

En apprenant que son père est hospitalisé psychiatrie, sainte Thérèse s’est exclamée : « Notre grande richesse ». Elle sait que cette maladie terrible demandera à la famille de s’unir davantage au Christ dans sa Passion. Il leur faudra davantage d’amour. Mais le Seigneur ne laisse pas les malades sans sa grâce.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, de discerner la présence du Christ Jésus dans les malades et de leur témoigner de notre foi et de notre solidarité dans la souffrance.

 

Huitième jour

Poème envoyé par sainte Thérèse à l’abbé Roulland parti missionnaire en Chine :

« Vivre d’amour, ce n’est pas sur la terre

Fixer sa tente au sommet du Thabor.

Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,

C’est regarder la Croix comme un trésor !

Au Ciel je dois vivre de jouissance

Alors l’épreuve aura fui pour toujours

Mais exilée je veux dans la souffrance

Vivre d’amour. »

« A lui de traverser la terre,

De prêcher le nom de Jésus.

A moi, dans l’ombre et le mystère,

De pratiquer d’humbles vertus.

La souffrance, je la réclame,

J’aime et je désire la Croix …

Pour aider à sauver une âme

Je voudrais mourir mille fois. »

 

Poème envoyé le 16 juillet 1896, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, copatronne des missions avec saint François-Xavier, la grâce de devenir disciples-missionnaires de Jésus ressuscité.

Neuvième jour

Malade, Thérèse, à l’infirmerie, chante les miséricordes du Seigneur à son égard. Elle avoue à mère Agnès : « Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance : je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. »

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce d’une bonne mort dans la foi en sa miséricorde.

 

Le père Lagrange et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face par Manuel Rivero o.p.

1er octobre 2021

Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897)

Fr. Manuel Rivero O.P., président de l’association des amis du père Lagrange

Dans son Journal spirituel[1], le père Lagrange cite à deux reprises sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. La première fois, le 30 septembre 1924, alors que Thérèse vient d’être béatifiée par le pape Pie XI l’année précédente, pour lui confier une intention de prière : « Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus, je vous recommande instamment cette bonne Madame Cauvin… Vous voulez passer votre ciel à faire du bien : assistez cette pauvre femme, si abandonnée… ».

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Patronne des missions par Sr Marie de l’Esprit Saint (1892-1982)

L’année suivante, le 16 octobre 1925, Thérèse a été canonisée peu avant par le même pape Pie XI, le père Lagrange écrit : « Lu la vie de sainte Thérèse de Lisieux par elle-même. Première impression étrange. Elle parle tant d’elle, de ses goûts, des signes qu’elle a demandés et obtenus, de sa sainteté… avec tant de fleurettes, de jouets. On se sent si loin de saint Augustin ou de sainte Thérèse d’Avila… Mais le sens de tout cela est ama et fac quod vis. Dans l’immense clarté d’amour divin où elle vivait, elle se voyait si peu de chose qu’elle pouvait parler d’elle sans le moindre amour-propre. Admirable leçon qu’elle donne plus que tout autre saint, avec un abandon d’enfant gâtée… ».

Il faudrait évoquer aussi les commentaires du frère dominicain Ceslas Lavergne à la synopse des quatre évangiles qui date de 1927, dont la traduction du grec relève du père Lagrange. Les trois premiers évangiles, Matthieu, Marc et Luc, sont appelés synoptiques car leurs ressemblances facilitent leur présentation en colonnes parallèles qu’il est possible de regarder « d’un coup d’œil », ensemble. Le père Lagrange avait composé une synopse en langue grecque[2]  des trois évangiles synoptiques plus celui de saint Jean. Son disciple et ami, le père C. Lavergne[3] a publié la traduction française de la synopse grecque des quatre évangiles du père Lagrange en reprenant les traductions et certains commentaires des quatre évangiles du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.

La synopse du père Lagrange a été la première à placer saint Luc suivi de saint Marc et de saint Matthieu, en raison de la valeur historique de saint Luc et de sa juste chronologie.

Dans l’avertissement qui ouvre son ouvrage, le père C. Lavergne explique la méthode utilisée : « Enfin, mon cher maître, m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : ‘ Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah !  Que ces traces sont lumineuses !  Qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. ‘[4] Et elle ajoutait : ‘C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux’.[5] »

C’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui ne disposait pas d’une synopse évangélique copiait dans sa cellule du carmel de Lisieux les passages concordants des Évangiles et de la Bible remarquant les ressemblances et les divergences des traductions. Elle aurait aimé pouvoir étudier le grec et l’hébreu pour lire les Écritures dans leur langue originale.

Au terme et sommet de sa vie, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait écrit : « Pour moi, je ne trouve plus rien dans les livres, si ce n’est dans l’Évangile. Ce livre-là me suffit. »[6].

Qu’il est beau de retrouver la même expérience mystique fondée sur la révélation évangélique chez le père Lagrange, bibliste, et chez la carmélite, docteur de l’Église.

Le père Ceslas Lavergne enrichit la présentation de l’Ascension de Jésus au Ciel en citant sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « C’est toi, qui remontant vers l’inaccessible lumière, restes caché dans notre vallée de larmes sous l’apparence d’une blanche hostie, et cela pour me nourrir de ta propre substance, O Jésus ! laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie … ».

Le cardinal Joseph Ratzinger, le 21 septembre 1993, dans le document issu de la Commission biblique pontificale sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église, avant de devenir pape en 2005, a mis en valeur l’apport des exégètes à l’interprétation de la Bible. Il a cité le père Lagrange : « Bien que leurs travaux n’aient pas toujours obtenu les encouragements qu’on leur donne maintenant, les exégètes qui mettent leur savoir au service de l’Église se trouvent situés dans, une riche tradition qui s’étend depuis les premiers siècles, avec Origène et Jérôme, jusqu’aux temps plus récents, avec le Père Lagrange et d’autres, et se prolonge jusqu’à nos jours. En particulier, la recherche du sens littéral de l’Écriture, sur lequel on insiste tant désormais, requiert les efforts conjugués de ceux qui ont des compétences en matière de langues anciennes, d’histoire et de culture, de critique textuelle et d’analyse des formes littéraires, et qui savent utiliser les méthodes de la critique scientifique. En plus de cette attention au texte dans son contexte historique originel, l’Église compte sur des exégètes animés par le même Esprit qui a inspiré l’Écriture, pour assurer « qu’un aussi grand nombre que possible de serviteurs de la Parole de Dieu soient en mesure de procurer effectivement au peuple de Dieu l’aliment des Écritures » (Divino Afflante Spiritu, 24 ; 53-55 ; EB 551,567 ; Dei Verbum. 23 ; Paul VI, Sedula Cura 19711). Un sujet de satisfaction est fourni à, notre époque par le nombre croissant de femmes exégètes, qui apportent plus d’une fois, dans l’interprétation de l’Écriture, des vues pénétrantes nouvelles et remettent en lumière des aspects qui étaient tombés dans l’oubli. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus n’a pas été une exégète professionnelle et scientifique. Néanmoins elle a apporté à l’interprétation des évangiles son expérience de Dieu nourrie de la méditation de la Bible. Le pape Benoît XVI dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, publié en 2010, a mis en lumière la contribution des saints à l’interprétation de l’Écriture. Il n’a pas hésité à souligner le rôle de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « qui découvre l’Amour comme sa vocation personnelle en scrutant les Écritures, en particulier les chapitres 12 et 13 de la première Lettre aux Corinthiens ; c’est la même sainte qui décrit la fascination qu’exercent les Écritures : ‘ Je n’ai qu’à jeter les yues sur le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, Ms C, f.35 verso)’ . » (n° 48).

[1] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Paris, Cerf, 2014.

[2] Synopsis Evangelica. Textum graecum quattor Evangeliorum recensuit et juxta ordinem chronologicum Lucae praesertim et Iohannis concinnavit. R.P. Maria-Josephus Lagrange, O.P., sociatis curis R.P. Ceslas Laverge, ejusdem ordinis. 1 volume in-4°, Paris. Gabalda.

[3] Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange O.P. par le R.P. C. Lavergne, O.P. Trente-huitième mille. Paris. Librairie Lecoffre. J. Gabalda et Cie, Éditeurs. Rue Bonaparte. 90. 1942.

[4] Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Histoire d’une âme, écrite par elle-même, ch. XI.

[5] Ibidem, chapitre VIII.

[6] Saint Thérèse de ‘Enfant Jésus. Novissima verba, 15 mai 1897.

Écho de notre page Facebook : septembre 2021

L’Évangile selon saint Luc par fr. Marie-Joseph Lagrange o.p.

Extrait de Comment lire la Sainte Écriture ?
paru dans La Vie dominicaine
Saint-Maximin (Var) Juin-Décembre 1936

Pendant que Pierre annonçait l’Évangile à Rome surtout aux juifs qui y étaient très nombreux, Paul, au moment où il s’apprêtait à anéantir le christianisme naissant à Damas, fût éclairé par Jésus-Christ en personne, converti, destiné à convertir ses coreligionnaires, et plus encore les païens. Antioche était alors la reine de la Syrie, l’intermédiaire du commerce entre l’Orient indépendant de Rome et le grand empire gréco-latin. Elle était aussi le principal foyer de la culture grecque après Athènes et Alexandrie. C’est là que les disciples de Jésus furent nommés Chrétiens. Ces nouveaux convertis se souciaient peu des origines juives de l’Évangile : elles eussent été plutôt un obstacle. Ce qu’attendaient les âmes religieuses, mal satisfaites de religions impures, même sous leur forme la plus élevée, c’était un Sauveur, qui leur accordât le pardon de leurs péchés, qui les aidât à pratiquer une vie meilleure. Les juifs leur avaient offert de les initier à leur Loi, mais à la condition d’être incorporés au judaïsme. Ils comprenaient mal que le Dieu créateur du monde n’eût pas disposé en faveur de tous les hommes une religion universelle, embrassant toutes les nations, demeurées libres de rester ce qu’elles étaient dans l’ordre humain.

C’est précisément ce que prêchait Paul, qu’il n’y avait plus ni juifs, ni Grecs, mais seulement des fidèles du Christ, associés par la foi à sa mort et à sa résurrection. Ajoutons que l’élite intellectuelle de ces convertis avait été formée dans le culte des Bonnes-Lettres. Plus le thème du discours était élevé, plus sa composition devait être ordonnée, chaque genre suivant ses règles. Déjà on avait inauguré le genre de la biographie des hommes célèbres. Athènes, et plus encore Rome, avaient le culte de ces grands esprits ou de ces grands capitaines qui avaient inauguré de nouveaux systèmes de philosophie ou de religion, qui avaient défendu et agrandi la patrie. Si Jésus n’avait pas régné par les armes, sa pensée avait inauguré des rapports nouveaux entre Dieu et les hommes, entre tous les membres de l’humanité. Il avait donc droit à une biographie plus conforme au genre historique que la polémique de Matthieu ou les traits épars recueillis par Marc d’après la prédication de Pierre. Précisément, Paul avait parmi ses compagnons un médecin qui probablement s’était attaché à lui pour le soigner et avait été associé à son activité apostolique. Sorti de la gentilité avec une culture déjà complète, il se proposa d’adresser à un homme distingué, comme c’était l’usage, une esquisse de la vie de Jésus-Christ qui fixât par écrit ce que savaient pour en avoir été témoins, les premiers apôtres. Sous leur patronage, les chrétiens de l’avenir pourraient garantir la vérité des faits, à peu près dans l’ordre où ils s’étaient passés.

On voit quel programme s’imposait au médecin Luc. Il n’avait pas à exposer la doctrine particulière de Paul postérieure à la prédication de Jésus. Il n’avait pas non plus à rechercher toutes les influences sous lesquelles s’était formée la pensée et la vie religieuse du Christ, puisque, Fils de Dieu incarné, il tenait d’en haut les dons propres à son ministère. Mais la nouveauté même de son enseignement devait mieux paraître en le comparant à celui de ses adversaires ; sa vie devait mettre en scène dans une certaine mesure les Pharisiens et les Sadducéens, Hérode la principale figure d’un petit état, et ses successeurs. Cependant, comme l’Évangile s’adresse à toute la terre habitée, c’est-à-dire avant tout à l’empire romain, Luc élargit le cadre palestinien et rattache l’origine de l’Évangile aux destinées de l’empire. Avec une hardiesse inouïe, il met au-dessus d’Auguste, tant de fois salué bienfaiteur du genre humain, l’enfant né dans une étable comme le véritable Sauveur. Sa généalogie ne remonte pas seulement à Abraham, elle commence à Adam, le premier père, sorti des mains de Dieu.

À lire saint Matthieu, le Christ était venu pour accomplir la promesse faite par Dieu à Israël. Les Gentils ne pouvaient alléguer ce titre, en quelque sorte légal. Pourquoi donc le Messie des juifs, le Christ, était-il venu les chercher ? Au titre de sa miséricorde pour les pécheurs. De là, dans le troisième évangile, tant de traits où les anciens pères dans leurs homélies, ont vu des appels de la bonté divine, devenue dans l’homme-Dieu une véritable compassion, une souffrance du cœur envers la misère physique et surtout morale. Rappelez-vous Jésus consolant la veuve de Naïm : Ne pleurez pas ! Voyez la pécheresse en larmes à ses pieds, et Lui récompensant ce grand amour par le pardon. Lisez et relisez la navrante aventure du fils prodigue, où éclate la joie du Père qui recouvre son enfant, en face de la froideur du fils aîné, qui n’a jamais eu rien à se faire pardonner, ne se doutant pas que cette protestation contre la miséricorde est une grave offense.

Les Gentils, même l’austère romain saint Grégoire, ne pouvait lire ces histoires sans pleurer, parce que dans le coupable que poursuivait Jésus de son amour, ils croyaient reconnaître leur monde à eux, cette gentilité qui avait vécu sans Loi religieuse, et qui n’avait qu’à croire à un amour éternel pour obtenir son salut.

Naturellement Luc, en quête de témoignages assurés, ne pouvait négliger celui de Pierre, déjà fixé par saint Marc, et il s’est servi du second évangile. Mais sa fidélité envers cette source de premier ordre nous garantit qu’il n’a pas été moins prudent, et, comme on dit aujourd’hui, moins critique dans ses enquêtes auprès des autres, de ceux qui ont tout vu dès le commencement et ont été les ministres de la parole.

Dès le commencement ! Quel témoin a connu le commencement de l’Évangile dont Jésus-Christ était le sujet ? Une seule personne, Marie sa mère, dont Dieu a voulu avoir le consentement, avant de réaliser l’œuvre de la bonne nouvelle. Et lorsque Luc souligne par deux fois[1] que Marie conservait dans son cœur tout cela, paroles et faits, selon le sens compréhensif du terme hébreu, n’est-ce pas une manière délicate de nous dire qu’il reproduit les confidences de Marie, peut-être déjà écrites par un très ancien ami parmi les âmes choisies de Nazareth ou de l’entourage de Zacharie.

C’est donc à saint Luc, et, par lui à Marie, que les âmes dominicaines doivent les cinq mystères joyeux qu’elles s’attachent à contempler. Une fois entrées en communication avec cet écrivain si éclairé sur ces mystères elles reconnaîtront dans le troisième évangile les mêmes touches émues et délicates qui attendrissent le cœur et le remplissent d’une immense espérance dans son Sauveur.

Et certes voilà un fruit bien suffisant de la lecture de ces pages qui ont leur source dans une âme vierge. Faut-il ajouter, non pour satisfaire le simple goût littéraire exprimé par Renan, qui jugeait ce petit livre exquis, mais pour mieux comprendre sa place dans le chariot sacré des Quatre, que Luc a résolu de la façon la plus heureuse le problème de faire comprendre et goûter aux Grecs une histoire juive, sans altérer en rien son inviolable vérité ? Selon un canon d’élégance reçu chez les partisans des Attiques, il n’entre pas dans des détails qui paraissent superflus, peu dignes de la grande histoire. Il a donc suivi Marc en l’abrégeant, en prêtant quelque élégance aux tournures de ce paysan illettré. Quand un trait était trop propre à la Palestine, il a quelque peu transformé l’image. On ne voit pas chez lui un torrent dévastateur amené par une simple pluie[2], c’est un fleuve qui déborde. Les toits rustiques de Galilée faits de terre tassée[3] sont par Luc, ornés de tuiles. Bien d’autres traits sont caractéristiques par l’exclusion de certains mots, moins goûtés, moins élégants. Luc n’affecte pas, comme plus tard Victor Hugo, de mettre sur le même rang les termes nobles et les termes roturiers.

Amusez-vous, si vous en avez le goût, à poursuivre ces minuties : vous en retirerez du moins ce résultat de vous convaincre de la solidité du fond, garantie parce que les changements ne portent pas sur le sens, tel que Marc, par exemple, l’avait fait ressortir sous une forme plus vulgaire, probablement plus primitive, même s’il s’agit des paroles de Jésus. Le Maître mesurait avec une condescendance délicate son enseignement à la capacité de ses auditeurs. Son évangéliste a eu la même indulgence pour des goûts plus délicats.

Les trois premiers évangiles annonçaient clairement, de la part de Jésus, et avant que sa génération eût disparu, la ruine de Jérusalem et du Temple. Ce n’est pas, comme les juifs d’aujourd’hui se complaisent à le dire, que leurs ancêtres aient été chassés de leur pays. L’accès de Jérusalem seul leur fût interdit ; le culte du Dieu d’Israël au mont Sion n’existait plus, en attendant qu’il fût remplacé par celui de Jupiter Capitolin. Une saine critique affirme que les trois premiers évangiles sont antérieurs à cet événement capital, car nulle part ils ne font gloire au Christ de sa prophétie accomplie ; elle est plutôt enveloppée dans la perspective de la fin du monde. Cette perspective flottante est l’une des énigmes les plus difficiles que vous rencontrerez en lisant l’Évangile : elle est cependant la preuve la plus solide que les évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc sont antérieurs aux faits et émanent par conséquent de la génération à laquelle a appartenu Jésus.

mj-lagrange.org
[1] Lc 2,19 ; 2,51.
[2] Mt 7, 25 ; Luc 6, 49.
[3] Mc 2, 4 ; Luc 5, 19.

Illustration : Saint Luc. Basilique St-Étienne à Jérusalem par Joseph Aubert (1843-1924).

 

21 septembre 2021
Et Jésus, s’éloignant de là, vit un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu. Et il lui dit : « Suis-moi ! » (Matthieu 9, 9-13).

 

Il a fallu l’humilité reconnaissante du premier évangéliste – et cela est bien près d’être une signature – pour donner ici à Lévi le nom de Matthieu, en ajoutant dans le catalogue officiel des apôtres sa qualité de publicain. Que le même homme ait porté deux noms, cela est rendu vraisemblable par un usage assez courant. Mais qu’il donc difficile même aux chrétiens de comprendre que l’appel de Jésus est le plus noble de tous les titres.

Donc, Jésus, passant au bord du lac, aperçut Lévi, fils d’Alphée, faisant son office de publicain. Il lui dit : « Suis-moi ». L’homme se lève et le suit. Il suit Jésus, et son obéissance est joyeuse.

(Marie-Joseph Lagrange op. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 154.)

 

 

19 septembre 2021
Et s’étant assis, il (Jésus) appela les Douze et il leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous. » (Marc 9, 35)

Dans son ouvrage L’Évangile selon saint Marc (1911) le P. Lagrange écrit : Jésus s’assied, moins comme docteur que parce qu’on a marché. Il a posé la question en rentrant, à ceux qui étaient les plus proches. Peut-être qu’un groupe seulement avait pris part à la discussion, mais la leçon convient aux Douze. Il ne s’étonne pas de la préoccupation des disciples, et ne conteste pas le principe de la hiérarchie, mais il insinue l’esprit nouveau qui doit animer les chefs. […] La pensée de Jésus revêt une forme un peu paradoxale. Vous voulez être le premier ? soyez donc le serviteur de tous… ce qui veut dire : plutôt que de viser aux honneurs, allez aux fonctions humbles et charitables. L’ambition se colore du désir d’être utile ? soyez donc utiles en vous faisant les serviteurs de tous, ambition légitime, et parfaitement pure si vous cherchez la dernière place.

 

18 septembre 2021

 

Bienheureuse Vierge Marie

« Ô bienheureuse Mère, donnez-moi, je vous prie, un humble sentiment de moi-même, plus d’amour de Dieu : j garderai le silence et parlerai, mais, avec vous et Jésus. »
(Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 173.)

 

 

 

 

15 septembre 2021
Notre Dame des Douleurs

« Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » (Jean 19, 26-27)

Le terme de « femme » peut nous choquer mais le père Lagrange le situe dans le contexte de la culture juive :

Ce terme de femme sonne plus doucement aux oreilles d’un Oriental qu’aux nôtres. Et Jésus, se séparant de sa mère, ne veut plus lui donner ce nom très doux. Cela aussi fait partie de son sacrifice. Sa pensée est de la confier à celui qu’il aime le mieux, par qui elle sera le mieux comprise quand elle parlera de son vrai fils. Étant très jeune, son affection sera à la fois plus respectueuse et plus tendre. Il devra donc la regarder vraiment comme sa mère : « Voilà ta mère ». Et depuis ce moment le disciple la prit chez lui. Quelle union entre eux fut créée par cette parole et par ce souvenir ! tous les chrétiens, devenus frères de Jésus par le baptême, sont donc aussi fils de Marie. Ils s’approchent de la croix, s’entendent dire cette parole : « Voilà votre Mère ! » Et ils savent, et ils éprouvent que Marie les traite vraiment comme des fils.

(Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du rosaire par Fr. Manuel Rivero op, p. 116, et L’Évangile de Jésus Christ avec la Synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange op, p. 626.)

Illustration : La Vierge Marie et saint Jean au pied de la Croix (1520) par Jacob Cornelisz van Oostsanen.

 

14 septembre 2021
La Croix glorieuse

« De de même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle. » (Jean 3, 14-15)

Dans son évangile selon saint Jean, Lecoffre, 1936, le père Lagrange développe ainsi ces deux phrases :

L’allusion au serpent d’airain est très claire, et Jean n’emploie jamais ce mot que pour signifier l’exaltation de la Passion. […] Il est possible cependant qu’il ait choisi ce mot à cause de son sens d’exalter – non parce que l’exaltation du Christ a suivi sa passion, car la gloire n’est pas ici dans la perspective – mais parce que la Croix était déjà pour Jésus une exaltation ; il y devait être élevé comme sauveur, afin que chacun puisse élever aussi les yeux vers lui par la foi. […] En effet les Hébreux qui se tournaient vers le serpent n’étaient pas guéris par lui, mais par Dieu (Sg 16,7), tandis qu’ici la foi devra procurer en lui la vie éternelle. Tout cela est encore au futur, c’est un décret divin qui ne manquera pas d’être exécuté ; la pensée de Jean est clairement de placer le verset 14 dans la bouche de Jésus. La transition se fait au verset 15, complément logique du précédent, mais qui introduit le but de l’évangéliste (20, 31). Il faut reconnaître que la transition est presque imperceptible, étant ménagée par le « Fils de l’homme », désignation qui n’étonne pas de la part de Jésus, mais qui est posée à la troisième personne. Il semble donc que la contemplation où l’évangéliste allait entrer ait déjà influé sur les expressions du verset 15.

[…] Avec Nicodème on dirait presque qu’il se met en frais pour le convaincre. Il expose à ce maître le caractère spirituel de sa doctrine, il lui laisse entrevoir sa mission, sa passion comme source de grâce ; il ne dédaigne pas de prendre un point d’appui sur l’Ancien Testament en citant le serpent d’airain, figure du salut. Tout cela se heurte à la résistance passive du docteur. Il est donc bien le type du judaïsme érudit de Jérusalem. Le type, non le pur symbole, car rien n’autorise à douter de son individualité, pas plus que celle des apôtres, qui sont aussi des types de Galiléens ardents et prompts.

Illustration : Exaltation de la Sainte Croix (icône, détails)

 

10 septembre 2021

 

 

Malgré nos soucis, non, nous ne l’oublions ce jour-anniversaire où nous prions ensemble, avec fr. Manuel Rivero, pour la prochaine glorification du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange o.p.

Confions au Seigneur et à Marie Immaculée par l’intercession du P. Lagrange toutes les intentions que nous portons dans notre cœur.

 

 

 

7 septembre 2021
Chers frères et soeurs

Voici le dernier bulletin de santé du fr. Timothy. Faites circuler largement et continuez à demander que l’on prie pour lui par l’intercession du P. Lagrange.

  1. Jean Jacques, op

Bulletin de santé du 7 septembre 2021

Chers tous,
Je viens de rentrer de ma visite à Timothy à l’hôpital. Ayant vu une série de médecins (docteurs, physiothérapeutes, infirmières) à mon arrivée, il était assez fatigué, mais souriant et alerte.

Après le récent revers considérable (une infection), les médecins se sentent à nouveau prêts, bien qu’avec beaucoup de prudence, à commencer à essayer de faire avaler dans les prochains jours. Aujourd’hui, il sirote de l’eau ; demain, si tout va bien, il boira un autre liquide clair, comme un café noir. Il fera de bons progrès s’il peut prendre de la purée d’ici le week-end. Si tout continue à se dérouler comme prévu jusqu’au début de la semaine prochaine, cela remettrait Timothy en vue d’un retour à la maison. Mais les médecins ne peuvent pas prendre le risque d’une nouvelle infection, et rien ne garantit qu’il n’y aura pas d’autres retards.

Timothy demande donc cette fois-ci des prières pour que la trajectoire de la déglutition puisse se poursuivre sans être entravée par d’autres infections gênantes.

Avec tous mes vœux,

Fr. Bede, op, infirmier à Blackfriars

Jean Jacques Pérennès, op
Directeur
École biblique et archéologique française de Jérusalem
83-85, Nablus Road (Derekh Shekhem)
POB 19053
Jérusalem 9119001

Par fr. Manuel Rivero o.p.

Photos : fr. Timothy et P. Lagrange

 

1er septembre 2021
News from Oxford! Timothy himself has written this message to all those following his progress.

« I am really grateful to my brethren for keeping you informed about how things have gone but after more than two weeks I thought it might be good to send a brief word myself.

« The operation has gone well. The medical staff are wonderful. I hope to be able to come home fairly soon, but it all depends upon being able to begin to eat safely. So it would be wonderful if you could pray for this especially now. All my nutrition still comes down a tube down my neck.

[…]

« I have not tasted food or drink (bar a wildly exhilarating gulp of apple juice) since I arrived here. The most exciting sensory moments of the day are the feel of hot water when I wash my hands, and the slightly alcoholic hint of the hand sanitiser! I might become addicted.

« With my love and thanks for your prayers, of gratitude that all has gone well so far, and that I might begin to eat!

« Timothy »

Par fr. Manuel Rivero o.p.

Nouvelles de frère Timothy Radcliffe o.p., ancien Maître de l’Ordre

Le 30 août 2021
Bonjour,
Le frère Jean-Jacques nous donne des nouvelles. Continuons de prier le Christ pour lui et pour tous les malades. Puisse l’intercession du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’Ecole biblique de Jérusalem, attirer sur eux la grâce de la foi et de la guérison.
Fr. Manuel
Chers frères et soeurs,
Je vous ai écrit le 15 août dernier, veille de l’opération chirurgicale du fr. Timothy Radcliffe et viens vous donner des nouvelles que je vous invite à faire circuler largement.
Le fr. Timothy a donc été opéré le lundi 16 août à Oxford : très lourde opération, mais qui s’est bien passée. Après une journée en soins intensifs, il est maintenant dans un service spécialisé dans la chirurgie maxillo-faciale. Je reçois un bulletin de santé par semaine et ai pu ce matin échanger avec un frère ami du couvent d’Oxford qui lui rend visite. Le fr. Timothy récupère normalement, commence à pouvoir parler quelques minutes, à pouvoir avaler un peu d’eau, mais est très vite fatigué. Il est nourri par sonde nasale.
Les frères d’Oxford peuvent lui faire une très brève visite. Cela a permis de lui dire combien de frères, de soeurs et d’amis prient pour lui demandant l’intercession du P. Lagrange pour sa guérison (cf. texte joint). Le pape François, informé le 17 août, a immédiatement envoyé un petit message manuscrit pour assurer le fr. Timothy de sa prière et de son soutien. Votre prière à tous et toutes lui est aussi évidemment très précieux. Continuons à demander au Seigneur que ce frère dont la voix parle de l’Evangile à tant de nos contemporains puisse continuer à se faire entendre. Mais le chirurgien avait parlé de 18 mois de récupération. On verra.
fraternellement
fr. Jean Jacques, op
Le mar. 17 août 2021 à 12:41, Jean Jacques Pérennès a écrit :
Chères sœurs moniales,
Chers frères
L’opération du fr. Timothy s’est bien passée et il devrait sortir aujourd’hui des soins intensifs.
Merci de faire suivre l’information et de continuer la neuvaine au père Lagrange.
Je vous tiendrai informé régulièrement.
Fraternellement
Fr. Jean Jacques
 
Merci, cher frère Jean-Jacques, pour ces nouvelles que j’attendais avec beaucoup d’autres personnes dans la prière au Christ, en confiant notre frère Timothy à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange O.P..
Fr. Manuel

Prière pour frère Timothy Radcliffe o.p.

Chers frères, Chères soeurs, Chères amies, Chers amis,

Fr. Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, nous informe avoir eu une longue conversation zoom avec frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre. Fr. Timothy doit subir lundi prochain, 16 août, une très grave opération car son cancer à la joue d’il y a quelques années s’est maintenant diffusé dans sa mâchoire qu’il va falloir enlever et remplacer des os prélevés dans la jambe + greffe de peau, etc. Une très grosse opération qui doit durer la journée et pourrait le laisser plusieurs mois sans pouvoir parler, ni peut-être manger. Le chirurgien a parlé de 18 mois de récupération. Le fr. Timothy est serein mais grave aussi, car nul ne sait comment tout cela va évoluer.

Fr. Jean-Jacques Pérennès lui a dit que nous allions intercéder auprès du P. Lagrange qui a besoin d’un miracle pour être béatifié. Inscrivons dans notre prière cette intention particulière pour frère Timothy.

Fraternellement,

Fr. Manuel Rivero o.p.

Écho de notre page Facebook : août 2021

 

30 août 2021
Prédication de Jésus à Nazareth (Luc 4, 16-22 commenté par le père Lagrange o.p.)

Jésus entra donc dans la synagogue, selon son habitude, dit saint Luc, car il avait certainement toujours été assidu à ces offices religieux. On connaissait sa piété. On savait que, loin d’être illettré, il employait à l’occasion les textes sacrés pour édifier ses parents et ses connaissances. Lorsqu’il se présenta pour lire, le serviteur ne fit aucune difficulté de lui remettre le rouleau sacré des Écritures, qui est encore aujourd’hui le trésor de chaque synagogue. Il le déroula avec respect, et s’arrêta comme par hasard à un passage du prophète Isaïe :

L’Esprit du Seigneur est sur moi,
parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ;
il m’a envoyé proclamer aux captifs la délivrance
et aux aveugles une vue claire,
renvoyer libres les opprimés,
proclamer une année de grâce du Seigneur.

Saint Luc a cité d’après la traduction grecque. Jésus a dû lire en hébreu, et traduire ensuite le passage dans le dialecte araméen de Galilée. C’était la proclamation d’une bonne nouvelle. Dieu allait intervenir ; une sorte de jubilé commençait. Le prophète pensait moins au retour de Babylone qu’au bonheur promis au peuple à l’époque messianique, empruntant ses images aux souffrances endurées de son temps : pauvreté, captivité, cécité, surtout morale, oppression par des vainqueurs ou des maîtres impitoyables. Jésus expliquait comment cette Écriture était désormais accomplie, laissant entendre avec délicatesse que c’était bien lui qui était le messager de cette grâce.
Il en paraissait si digne que « tous lui rendaient hommage et admiraient les paroles remplies de grâce sorties de sa bouche ».

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 136)

Illustration :  L’Esprit du Seigneur est sur moi, source Passionnistes de Polynésie.

30 août 2021

Bonjour,
Le frère Jean-Jacques nous donne des nouvelles. Continuons de prier le Christ pour lui et pour tous les malades. Puisse l’intercession du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’Ecole biblique de Jérusalem, attirer sur eux la grâce de la foi et de la guérison.
Fr. Manuel
Chers frères et soeurs,
Je vous ai écrit le 15 août dernier, veille de l’opération chirurgicale du fr. Timothy Radcliffe et viens vous donner des nouvelles que je vous invite à faire circuler largement.
Le fr. Timothy a donc été opéré le lundi 16 août à Oxford : très lourde opération, mais qui s’est bien passée. Après une journée en soins intensifs, il est maintenant dans un service spécialisé dans la chirurgie maxillo-faciale. Je reçois un bulletin de santé par semaine et ai pu ce matin échanger avec un frère ami du couvent d’Oxford qui lui rend visite. Le fr. Timothy récupère normalement, commence à pouvoir parler quelques minutes, à pouvoir avaler un peu d’eau, mais est très vite fatigué. Il est nourri par sonde nasale.
Les frères d’Oxford peuvent lui faire une très brève visite. Cela a permis de lui dire combien de frères, de soeurs et d’amis prient pour lui demandant l’intercession du P. Lagrange pour sa guérison (cf. texte joint). Le pape François, informé le 17 août, a immédiatement envoyé un petit message manuscrit pour assurer le fr. Timothy de sa prière et de son soutien. Votre prière à tous et toutes lui est aussi évidemment très précieux. Continuons à demander au Seigneur que ce frère dont la voix parle de l’Evangile à tant de nos contemporains puisse continuer à se faire entendre. Mais le chirurgien avait parlé de 18 mois de récupération. On verra.
fraternellement
fr. Jean Jacques, op

13 août 2021
Prière pour frère Timothy Radcliffe o.p., ancien Maître de l’Ordre

Chers frères, Chères sœurs, Chères amies, Chers amis,

Fr. Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, nous informe avoir eu une longue conversation zoom avec frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre. Fr. Timothy doit subir lundi prochain, 16 août, une très grave opération car son cancer à la joue d’il y a quelques années s’est maintenant diffusé dans sa mâchoire qu’il va falloir enlever et remplacer des os prélevés dans la jambe + greffe de peau, etc. Une très grosse opération qui doit durer la journée et pourrait le laisser plusieurs mois sans pouvoir parler, ni peut-être manger. Le chirurgien a parlé de 18 mois de récupération. Le fr. Timothy est serein mais grave aussi, car nul ne sait comment tout cela va évoluer.

Fr. Jean-Jacques Pérennès lui a dit que nous allions intercéder auprès du P. Lagrange qui a besoin d’un miracle pour être béatifié. Inscrivons dans notre prière cette intention particulière pour frère Timothy.

Fraternellement,

Fr. Manuel Rivero o.p.

 

15 août 2021

 

Magnificat !
L’Assomption de la Vierge Marie et son Couronnement
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles »

Magnificat ! Tout y coule de source, et l’Église admirera toujours le sentiment religieux de l’humble servante qui ne voit que Dieu dans la gloire qui l’attend ; Elle a compris la bonté de Dieu pour les petits, et sa compassion pour les pauvres. Ce seront les sentiments de Jésus.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 54.)

Illustration : Le Couronnement de la Vierge Marie (détail) par Fra Angelico

 

10 août – Jour-anniversaire de la naissance au Ciel du père Lagrange
Il y a 83 ans, le 10 mars 1938, le père Lagrange « est entré dans la joie de son MaîtreEt, plus que jamais, nous comptons sur lui ». (F. M. Braun. L’Œuvre du père Lagrange – Étude et bibliographie. Imprimerie St-Paul Fribourg. 1943.)

En union de prières avec fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange, qui célèbre la messe de ce jour aux intentions de ceux qui se confient à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p. et pour la béatification de ce grand Serviteur de Dieu dont le dossier se trouve actuellement déposé à la Congrégation pour la cause des saints à Rome. (Voir la prière site internet : www.mj-lagrange.org)

Aujourd’hui, nous partageons la prière de tous ceux qui ont connu le père Olivier Maire, prêtre montfortain, diocèse de Luçon, apôtre des pauvres, assassiné le 9 août. Que le Seigneur l’accueille en sa lumière ! Prions pour son assassin dont le parcours de vie l’a certainement amené à accomplir cet acte horrible et imprévisible.

Illustration
Notre-Dame des Douleurs.
Cardinal R. Sarah : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. » Paul Claudel

 

8 août 2021
Révélation de l’eucharistie

« Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra à jamais, et le pain que je donnerai est ma chair [livrée] pour la vie du monde. » (Jean 6,51)

Ce que Jésus avait dit à la troisième personne, il se l’attribue ouvertement : […] parce que Jésus est descendu du ciel ; ne pas mourir est expliqué positivement de la vie spirituelle, germe d’immortalité bienheureuse. […] C’est qu’en effet la manducation du pain de vie, considérée jusqu’à présent d’une façon abstraite, est présentée maintenant comme un don formellement promis pour l’avenir. L’allusion à l’eucharistie est évidente, et ne peut être méconnue par personne. […] Le texte étant ce qu’il est, le second sens en découle naturellement. Jean a exprimé la vie à chacun, c’est l’immolation de la chair qui donne la vie au monde […]. « L’idée de la passion et celle de l’eucharistie sont aussi étroitement associées dans notre évangile que dans Paul (1 Cor. 11, 24-25) et dans les relations synoptiques de la dernière cène.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 183.)

 

6 août 2021
À l’occasion du 800e anniversaire du retour à Dieu de Notre Père Saint Dominique, nous prions pour la famille dominicaine.

« Ô Jésus, augmentez mon amour. Marie, ma Mère, Je suis à vous « addictus ». Que tous mes frères vous aiment autant que vous aimait notre bienheureux père saint Dominique. Journal spirituel, Marie Joseph Lagrange o.p.

« Autour de Dominique se tissait une zone de lumière ; il ne s’agit pas ici de l’astre qui a brillé sur son front, nimbe céleste de sa future sainteté, mais de cette source étonnante de rayons spirituels génératrice des foyers de la foi, de ce reflet de la « lumière »du Christ qui fascinait et suscitait conversions et vocations. L’étoile de Dominique, prodigieux novateur, réformateur, réalisateur, révolutionnaire, a projeté à travers les âges une telle clarté qu’elle est devenue par ses Fils innombrables la véritable Voie lactée de la chrétienté. » (Jean Girou, Saint Dominique, Révolutionnaire de Dieu, Albin Michel, 1959.)

Une œuvre remarquable magistralement décrite par Fr. Gianni Festa o.p., Postulateur général de l’Ordre

La “Tavola della Mascarella” est ainsi appelée parce qu’elle a toujours été conservée à Bologne dans l’église de Santa Maria della Mascarella, qui fut le premier lieu où Saint Dominique et ses compagnons, arrivés à Bologne pendant l’hiver 1218, ont vécu pendant quelques mois.

La Tavola été peinte à la détrempe sur un panneau de 43 × 572 cm, peu après la canonisation de Dominique (juillet 1234) et, selon nos connaissances actuelles, c’est la plus ancienne représentation du saint et de ses frères. Elle a été peinte par un maître de l’Italie du Nord vers 1235-1240 et représente saint Dominique avec une auréole au centre, et à ses côtés, sont représentés, par paires dans des niches, ses frères prêcheurs (24 : 12 + 12), tous assis à une table pleine de pains. Les frères, dans la représentation des visages par le peintre anonyme, semblent provenir de diverses régions d’Europe : peut-être le peintre les avait-il vus lors d’un chapitre général (à cette époque, les chapitres généraux de l’Ordre se tenaient alternativement à Bologne et à Paris). La signification du tableau est inspirée du Prologue de la légende de Pietro Ferrandi (inspiré de la Bulle de canonisation du Saint) :

« Une fois Dieu, invitant en divers lieux et de bien des façons ses élus à un banquet éternel, dans les derniers jours, c’est-à-dire à la onzième heure, a envoyé son serviteur pour dire à ses invités de venir, car tout était désormais prêt. Selon l’interprétation de Saint Grégoire le Grand, ce serviteur est un Ordre de prêcheurs, qui doit être envoyé, dans les derniers temps, pour avertir les âmes des hommes de la venue imminente du Juge. En fait, l’Écriture a prédit qu’il y aurait un nouvel Ordre des prêcheurs, et a clairement indiqué qu’il devrait être envoyé au bout du monde, en affirmant : « Il envoya son serviteur à l’heure du souper. L’heure du souper est la fin du monde, nous sommes ceux pour qui la fin des temps est arrivée. Un nouvel ordre a donc été envoyé à l’heure du souper, c’est-à-dire dans les derniers jours. […] Ce sont les Prêcheurs : la Providence divine a prévu leur Ordre pour les dangers de ces derniers temps, afin que, alors qu’approche le jugement de celui pour qui, dans l’humiliation, le jugement a été refusé, le nombre des témoins augmente ». »

Nous nous trouvons donc devant la plus ancienne image de ce qui était, au moment de la canonisation de saint Dominique, la compréhension de sa mission au sein de l’Église.

Fr. Gianni Festa, OP
Illustration : La Tavola della Mascarella

 

4 août 2021
Saint Jean-Marie Vianney, dit le Curé d’Ars

L’influence du saint curé d’Ars (1786-1859) dans la vie et dans l’œuvre du père Lagrange

Dès sa tendre enfance, la vie d’Albert Lagrange a été marquée par le curé d’Ars, comme il le raconte dans son Journal spirituel. Sa mère, Élisabeth, qui avait déjà perdu deux bébés, craignant pour la vie de son fils l’avait conduit à Ars : « Je suis né le 7 mars, jour de la Saint-Thomas ; j’ai été baptisé le 12, fête de saint Grégoire et, selon l’usage, sans doute consacré à Marie à l’autel de la Vierge noire. Je me trouvais donc, dès le début sous la protection de saint Joseph. Ma mère m’a mis en vœu pendant trois ans, me faisant porter le bleu et le blanc en l’honneur de Marie. Quelle douce pensée, et n’est-ce pas l’origine de sa tendresse pour moi !  Mes parents m’ont amené en pèlerinage à Ars, le saint curé m’a béni, et peut-être guéri d’une fatigue d’entrailles. »

Selon le frère L.-H. Vincent o.p., disciple, confident et ami du frère Lagrange pendant quarante-cinq ans, le curé d’Ars aurait dit à sa maman : « L’enfant ne mourra pas, il deviendra un jour une lumière pour l’Église. » La sœur du frère Lagrange, Thérèse Lagrange, affirmait tenir ces paroles de sa mère peu avant la mort de celle-ci.

Au cours de l’été 1879, avant d’entrer dans l’ordre de saint Dominique, Albert Lagrange, alors séminariste à Issy-les-Moulineaux, avait fait avec sa mère un pèlerinage à Ars pour demander au saint curé Jean-Marie Vianney la grâce du discernement : « Pendant les vacances, j’allai à Ars avec ma mère, et je fus bien touché. »

Au couvent de Saint-Maximin, le frère Marie-Joseph Lagrange, novice, se confie à l’intercession du curé d’Ars afin d’obtenir l’humilité. Lors de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le 5 juin 1891, le frère Lagrange y déposa un fragment de la soutane du curé d’Ars.

Tout au long de sa vie, le frère Lagrange œuvra pour le salut des âmes par l’interprétation de la Parole de Dieu. À la suite du curé d’Ars, il travailla à la sanctification du Peuple de Dieu. Les frères dominicains qui ont vécu avec lui témoignent de sa disponibilité quand il s’agissait d’écouter la confession d’un prêtre alors que le portier du couvent craignait de déranger ce frère si occupé par ses recherches et ses publications. À l’exemple du curé d’Ars, le père Lagrange aimait profondément le sacerdoce et les prêtres.

_____

Le 25 mars 1992, en la fête de l’Annonciation du Seigneur, Monseigneur Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars, a demandé la béatification du père Lagrange au pape Jean-Paul II :

« Très Saint Père,

Les évêques français de la Région Apostolique Centre-Est se trouvent réunis auprès de Votre Sainteté pour leur visite ad limina. Ils en profitent pour vous soumettre un désir qu’ils partagent unanimement. Avec les frères de l’ordre de saint Dominique, ils seraient particulièrement heureux de la béatification et de la canonisation du frère Marie-Joseph Lagrange, o.p. Ce religieux est bien connu dans notre Région puisqu’il est né et a passé toute sa jeunesse à Bourg-en-Bresse, dans le diocèse de Belley-Ars.

Les évêques se réjouiraient de voir reconnue officiellement sa sainteté. En effet, dans sa vie sacerdotale et religieuse, il a su allier, avec un rare équilibre, la vigueur intellectuelle et la vie évangélique. Il a contribué au renouveau des études bibliques dans le monde catholique, publiant des œuvres dont la valeur scientifique est, de nos jours encore, universellement reconnue. Il a donné aussi un exemple magnifique de liberté et d’humilité dans la recherche de la vérité ; il a laissé enfin un témoignage héroïque d’obéissance à l’Église qui en a été constituée la gardienne.

Ceux qui l’ont connu ont souligné, particulièrement, l’attachement que le père Lagrange portait à la Parole de Dieu, aussi bien dans sa vie que dans son enseignement. On peut dire qu’à force de l’étudier et de la prier, elle était devenue la lumière de sa vie. Nous pensons que son exemple mérite d’être proposé dans l’Église d’aujourd’hui. Sa béatification inciterait certainement de nombreux chrétiens à se nourrir plus largement de la Parole biblique, à la recevoir dans l’esprit de l’Église et à la faire fructifier dans l’actualité de leur existence.

Heureux par avance de la faveur qui pourrait leur être ainsi accordée, au bénéfice de leur mission apostolique, les évêques vous expriment, Très Saint Père, leur vive gratitude avec leur plus profond respect.

Père Guy Bagnard
Évêque de Belley-Ars
En accord avec les évêques de la région Centre-Est. »

Confions au saint curé d’Ars et au père Lagrange les vocations religieuses et sacerdotales dont l’Église a besoin ainsi que les fruits du Synode des évêques sur la Parole de Dieu qui a eu lieu à Rome en octobre 2008.

Fr. Manuel Rivero o.p.
Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange
Courriel : manuel.rivero@free.fr

Illustration : Le Saint Curé d’Ars offrant son coeur à la Vierge Marie (détail)
Basilique Saint-Sixte-Ars-sur-Formans (Ain)

Texte extrait de la Revue du Rosaire, n° 211, avril 2019
Article publié à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du curé d’Ars (1859-2009)
Site Internet du diocèse de Belley-Ars : www.arsnet.org

 

3 août 2021
Jésus marche sur les eaux et aborde au pays de Gennésareth

« Seigneur, si c’est toi, ordonne-moi d’aller vers toi sur les eaux. » Jésus dit : « Viens ! » Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais voyant le vent violent, il eut peur… Et commencer à enfoncer, il poussa un cri, disant : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus, ayant étendu la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi ! pourquoi as-tu douté ? »
Et lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent s’abattit. Or ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui en disant : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! » (Matthieu 14, 28-33)

Souvent au commencement du printemps, après une journée de sirocco, un vent violent se lève au sud-ouest. Il surprit les disciples qui firent force de rames. La lutte fut longue, la barque n’avançait pas ; il était près de trois heures du matin quand Jésus les vit de loin, épuisés. N’était-ce pas par un sentiment de compassion qu’il venait à eux en marchant sur les eaux ? Cependant, pour les éprouver, il fit mine de passer outre. De la barque il paraissait un fantôme : on le voyait, on avait peur, on criait. Alors lui : « Courage, c’est moi, ne craignez pas ». Pierre, impressionnable comme toujours, prompt à se jeter dans la mêlée, se croyant sûr de son courage : « Si c’est vous, Seigneur, ordonnez-moi de venir à vous sur les eaux. » Et sur ce mot : « Viens ». Il s’élance vers son Maître. Mais le vent redouble, Pierre tremble et s’enfonce. Il s’écrie : « Sauvez-moi ! » Et Jésus le prend par la main, le fait entrer dans la barque. Le vent cesse.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique)

Illustration : Jésus au secours de Pierre de la noyade, Lorenzio Veneziano, 1370, Staatliche_Museen, Berlin

1er août 2021
« Je suis le pain de la vie » (Jean 6, 35)

Il est pain parce qu’en venant à lui on apaise la faim qui cherche Dieu, c‘est-à-dire la faim spirituelle, et il [Jésus]commente cette démarche par l’acte de foi, tandis que la soif vient naturellement comme un besoin parallèle (Isaïe 49, 10 : Ils n’auront plus faim ni soif, ils ne seront en butte au vent brûlant ni au soleil. Car celui qui les prend en pitié les guidera et les conduira vers les eaux bouillonnantes.). C’est donc, par le détour du pain occasionné par leur objection, un retour à l’affirmation du verset 29 : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ». La fin de la réponse répond au début de la demande : il sera inutile de donner sans cesse de ce pain, puisqu’on le possédera toujours par la foi, de manière à n’avoir jamais faim ni soif. Sans doute le désir de posséder Dieu davantage ira toujours en augmentant (cf. sur 4, 13 : Jésus répondit et lui dit : « Quiconque boit de cette eau aura soif encore » ; mais du moins l’âme aura conscience d’entrer en contact avec lui et de le posséder par la foi).

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 176.)

Illustration : Saint Pierre consacre saint Étienne, diacre, (détail). Chapelle Niccolina, Palazzi Pontifici, Vatican.

Qui est sainte Marie-Madeleine ? par frère Manuel Rivero o.p.

Belle fête de sainte Marie-Madeleine avec ma prière au Vivant.
Fr. Manuel

Qui est sainte Marie-Madeleine ?
Disciple-missionnaire

Fr. Manuel Rivero O.P.

Les évangiles présentent sainte Marie-Madeleine comme disciple-missionnaire de Jésus-Christ.

Possédée par sept démons, libérée du mal par Jésus, Marie-Madeleine fait partie de la communauté apostolique formée par Jésus (cf. Lc 8).

Modèle de foi, d’amour et d’espérance, saint Thomas d’Aquin (+1274) l’appelle «la femme nouvelle », « la nouvelle Ève ». Dans le jardin de la résurrection, Jésus, « le Nouvel Adam », et Marie-Madeleine, « la nouvelle Ève », symbolisent la rencontre du Christ et de l’Église dans la joie pascale. Les pleurs de tristesse se changeront en larmes de joie quand Jésus l’appellera par son prénom « Marie ». En peu de mots, elle exprimera sa foi et son attachement au Maître : « Rabbouni ! » (Jn 20, 16). « Plus l’amour est grand et plus le langage se fait court », disait le père Lacordaire O.P..

Pour le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem,  « Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres [1]» par Jésus. Consacrée prophète par l’appel et l’envoi divins : « Va trouver mes frères pour leur dire aux je monte vers mon Père et votre Père » (Jn 20, 17), Marie-Madeleine accomplit sa mission en annonçant la résurrection du Seigneur aux apôtres sceptiques. En réponse à son témoignage « J’ai vu le Seigneur », les apôtres parleront de « radotage » (Lc 24, 11) et « ils ne la crurent pas ».

Marie et Marie-Madeleine

Le peintre Fra Angelico O.P. (+1455), le patron des artistes, a uni sur le Calvaire Marie, la mère de Jésus, la toute sainte, et Marie-Madeleine, l’ancienne pécheresse. Alors qu’une épée traverse l’âme de Marie en contemplant son Fils Jésus mis en croix, Marie-Madeleine, à genoux, étreint le corps virginal de la Mère de Dieu, pour qu’elle demeure debout dans la douleur.

La Vierge Marie n’a pas reçu le charisme apostolique mais la grâce de la maternité divine et de la maternité spirituelle. Avant de mourir, pour achever l’œuvre de la Rédemption, Jésus a donné Marie, sa mère, comme mère spirituelle à son disciple bien-aimé, Jean, figure de la communauté croyante. Et le disciple la prit « chez lui » (Jn 19,27). La Vierge Marie agit en mère spirituelle par son intercession et sa présence toute proche, pleine de miséricorde. Chacun connaît la profondeur et la puissance des pensées et des actions d’une mère.

Sainte Marie-Madeleine a reçu la grâce prophétique, apostolique, pour annoncer le mystère pascal. Par la résurrection de Jésus, le Père Jésus devient le Père des fidèles. Jésus appelle ses disciples « ses frères » et non les frères de Marie-Madeleine. Le mystère pascal transforme les relations avec Dieu et entre les hommes. Une nouvelle création a surgi du tombeau. Une nouvelle fraternité apparaît sur la terre.

Marie-Madeleine fait partie du peuple de Dieu « sacerdotal, royal et saint » (I Pierre 2,9). Les trois vertus théologales brillent en elle. Par son amour, Marie-Madeleine s’est levée dans la nuit pour honorer la dépouille de celui que son âme aimait (cf. Ct 3) ; par sa foi, elle a obéi à son maître en annonçant la joie pascale ; par son espérance, elle s’est tournée vers le Père de Jésus devenu son Père.

Grandeur et plénitude de la vocation chrétienne

L’exemple de sainte Marie-Madeleine met en lumière la vocation baptismale et les charismes communs aux disciples-missionnaires de Jésus. Il ne convient pas de présenter la vocation religieuse ou presbytérale comme « un plus » mais plutôt comme un « comment » pour accomplir la volonté de Dieu, chacun selon son appel. Les baptisés risqueraient de se démobiliser en sous-estimant leur mission et leur charisme. Saint Augustin prêchait à ses fidèles que son titre de gloire et son salut se trouvaient dans son baptême tandis que son épiscopat représentait une charge et un service. Les charismes sont interdépendants et complémentaires dans l’Église, Corps du Christ.

Saint-Denis (La Réunion), le 22 juillet 2021.

 

Illustration : Sainte Marie-Madeleine (portrait) par Louis Brea 

 

 

 

[1] Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 631-632.

 

Marie-Joseph Lagrange (1855-1938) par J.-J. Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem

https://heritage.bnf.fr/bibliothequesorient/fr/marie-joseph-lagrange

Le dominicain Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, est considéré comme un des principaux fondateurs de l’exégèse catholique moderne. Son œuvre a eu le mérite de rendre à la pensée catholique sur la Bible droit de cité dans le monde savant et fait qu’il est encore respecté très au-delà des milieux chrétiens.

Au XIXe siècle, la foi au défi des sciences modernes

Comme souvent dans les grandes œuvres, tout commence par un défi. Né à Bourg-en-Bresse en 1855, Lagrange fait d’abord des études classiques à Autun avant de préparer à Paris un doctorat en droit. Issu d’un milieu catholique, il entre chez les Dominicains après un bref passage au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. L’essentiel de sa formation religieuse se passe à Salamanque en Espagne, où il reçoit une solide formation thomiste. Il y montre un goût particulier pour la Bible et les langues anciennes. Cela lui vaut d’être envoyé à Vienne en 1888 pour des études en langues sémitiques (syriaque, assyrien, égyptien hiéroglyphique et hiératique).

Il y prend conscience de l’énorme défi que représentent les progrès faits par les sciences historiques modernes. Depuis le déchiffrement de la langue égyptienne antique par Champollion en 1822 et la découverte au milieu du XIXe siècle de la civilisation et des langues mésopotamiennes, on ne peut plus se contenter d’une lecture naïve et littérale de la Bible, dont la chronologie est mise en cause de manière assez radicale. On est alors en plein positivisme et la tentation est grande, surtout chez les protestants, fondateurs de l’archéologie biblique, de chercher à vérifier in situ si la Bible dit vrai ou non. La remise en cause est radicale et va conduire des savants comme Ernest Renan (1823-1892), professeur d’hébreu au Collège de France, à rejeter dans sa Vie de Jésus (1863) l’enseignement catholique traditionnel. Cette remise en cause, portée par le protestantisme libéral, va toucher les milieux catholiques comme le montre le cas de l’abbé Alfred Loisy (1857-1940) professeur à l’Institut catholique de Paris, entraînant un véritable séisme que l’on nommera la « crise moderniste ».

 

L’intuition fondatrice : rapprocher le document et le monument

Dans ce contexte troublé, Lagrange est envoyé à Jérusalem par ses supérieurs dominicains, en accord avec le pape Léon XIII, pour fonder une École pratique d’études bibliques, sur le modèle de l’École pratique des hautes études, fondée à Paris en 1868 par Victor Duruy. Il n’a pas les moyens de fonder une véritable université. En revanche, il souhaite constituer une équipe de chercheurs, passionnés comme lui par la Bible et prêts à affronter les questions nouvelles qui sont posées par la science.

Profitant de la présence à Jérusalem de jeunes religieux français qui étudient à l’étranger pour échapper à la conscription après la loi Freycinet de 1889, dite « loi curé sac à dos », qui avait supprimé les exemptions du service militaire pour les ecclésiastiques, Lagrange peut très vite choisir et former un groupe de jeunes religieux dans les diverses sciences à même d’éclairer la compréhension de la Bible : histoire et archéologie du Proche-Orient ancien (Louis-Hugues Vincent), géographie de la Palestine (Félix Abel), épigraphie (Raphaël Savignac), langues et civilisations des sociétés du Moyen-Orient (Antonin Jaussen). D’autres comme l’assyriologue Édouard Dhorme le rejoindront plus tard. Il relève donc le défi de prendre au sérieux les acquis de la science, estimant que « la foi ne doit pas avoir peur de la vérité ».

 

Une approche nouvelle de l’exégèse : la méthode historique

Avec cette première génération de spécialistes, Lagrange va parcourir les divers pays de la Bible, très au-delà de la Palestine : la

Fr. Marie-Joseph Lagrange lors d’une expédition en 1890.

Transjordanie, le Sinaï et l’Égypte, les confins de l’Arabie, le Croissant fertile (Syrie, Iraq). Les larges frontières de l’Empire ottoman et l’intrépidité de cette première génération permettent d’organiser de vastes tournées, à cheval ou à dos de chameau, pour identifier des sites bibliques, chercher des traces archéologiques, faire des relevés de bâtiments anciens ou des estampages d’inscriptions. Très vite, ils adoptent la photographie pour documenter et rendre compte de leurs trouvailles. On les trouve un jour à Pétra, l’autre à Palmyre, prêts à affronter les rigueurs du climat et le risque de se faire détrousser par des pillards. Leur ardeur et leur compétence attire très vite l’attention des savants. Parmi les entreprises les plus audacieuses de cette époque, on signalera l’expédition archéologique en Arabie du Nord, menée par Jaussen et Savignac avant la Première Guerre mondiale.

 

Un rude combat au sein du monde catholique

Lagrange définit très vite sa méthode, qu’il rend publique dans des conférences et un ouvrage de 1904 intitulé La méthode historique. Il y souligne que la Bible procède par genres littéraires et ne prétend donc pas relater des faits de manière littérale. Cela n’empêche pas que ces textes sacrés soient des textes inspirés, Dieu passant par des médiations humaines pour faire passer un message. Enfin, certaines convictions anciennes comme l’attribution à Moïse de la rédaction du Pentateuque peuvent être remises en cause, car elles ne font pas partie du dépôt de la foi. Ces audaces, qui ouvraient la voie de l’exégèse moderne, lui valurent de vives oppositions des milieux catholiques conservateurs et certaines remontrances romaines. Le Saint-Siège lui demanda, par exemple, de renoncer à la publication de son Commentaire de la Genèse, dont un premier volume était prêt en 1905, et de renoncer à étudier l’Ancien Testament, trop problématique, au profit du Nouveau Testament. Lagrange se soumit, dans un grand esprit d’obéissance à l’Église catholique qu’il aimait, mais il en souffrit beaucoup. Les travaux de son équipe se poursuivirent malgré tout, diffusés par la Revue biblique qu’il avait fondée en 1892.

 

Une reconnaissance tardive.

En 1920, la valeur des travaux de Lagrange et de l’École biblique fut officiellement reconnue par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui demanda à l’École de Jérusalem de devenir la quatrième École archéologique française à l’étranger, après celles d’Athènes (1846), de Rome (1875) et d’Extrême-Orient (1898). Pour Lagrange, c’est une immense consolation après les épreuves endurées mais aussi une confirmation de la qualité scientifique des travaux de son École désormais appelée École biblique et archéologique française de Jérusalem. La reconnaissance ecclésiastique viendra plus tard, avec l’Encyclique de Pie XII Divino afflante spiritu de 1943 qui officialise les thèses de Lagrange sur les genres littéraires et l’inspiration des Écritures et plus encore par la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum de Vatican II (1965).

Marie-Joseph Lagrange laisse une œuvre scientifique immense. Il mourut en 1938. Son œuvre se poursuit. L’Église catholique instruit actuellement son procès en béatification.

Écho de notre page Facebook : juillet 2021

29 juillet 2021
Le repas chez Marthe et Marie
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses et tu te troubles pour bien des choses. » (Luc 10, 41)

Le Seigneur parle-t-il du pain qui suffit à lui seul pour un repas, ou de la Parole, aliment substantiel de l’âme ? « Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » Cette bonne part, la meilleure, c’est de se rapprocher très près de Jésus pour l’entendre parler au cœur. Et telle est l’autorité de la moindre parole du Sauveur, qu’à la simple pratique des bonnes œuvres, l’Église a toujours préféré la vie qui écoute la parole de Dieu par la lecture, la méditation et la prière. Elle a surtout compris que la vie d’œuvres devait avoir pour principe l’union à Dieu dans la prière ; alors tout est dans l’ordre. Aussi bien la supériorité d’un genre de vie n’implique pas la plus grande sainteté de tous ceux qui s’y engagent ; le plus aimé est celui qui aime le plus.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 354.)
Illustration : Le repas chez Marthe et Marie par Jean Jouvenet (1689), Musée du Louvre.

 

27 juillet 2021
L’espérance irréalisable de l’extirpation totale du mal.

41 Le Fils de l’homme enverra ses anges. Et ils enlèveront de son Royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité,42 et les jetteront dans la fournaise du feu : c’est là qu’il y aura les pleurs et grincements de dents ! 43 Alors les justes seront brillants comme le soleil, dans le Royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles, entende ! » (Matthieu 13, 41-43)

Jésus n’était pas venu pour annoncer un cataclysme inévitable et définitif, mais pour améliorer les hommes en les amenant à Dieu : c’était cela le règne. La vertu s’exercerait à combattre le mal, sans prétendre le supprimer totalement, tentative impossible. Le semeur n’avait pas entendu paralyser l’effort en affirmant la vertu intrinsèque du règne de Dieu. Il ne prescrivait pas non plus l’indifférence en présence du mal, et la lutte contre le mal suppose des précautions contre l’influence des méchants. Il mettait seulement ses disciples en garde contre cette espérance irréalisable d’une extirpation totale du mal. La patience est bonne, même envers le mal qui vit en nous, et nous oblige à crier vers le Père.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 204-205.)

Illustration : Le bon grain et l’ivraie

 

22 juillet 2021
Jésus apparaît à sainte Marie-Magdeleine, apôtre des apôtres (Jean 20, 16-18)

« Alors la voix qui va au cœur et dessille les yeux, le nom familier dans la langue maternelle : « Mariam ! » Aussitôt le cri « Rabbouni », mon maître, et déjà la Magdeleine était aux pieds de Jésus, pleurante encore, mais de joie. Elle est à sa place, elle y veut demeurer, prolonger les effusions de son amour. Mais ce n’est plus le temps des larmes de la pécheresse répandues sur les pieds du Sauveur. Jésus appartient au monde d’en haut. S’il n’est pas encore remonté vers son Père, il ne tardera pas, et il lui incombe d’en avertir ses disciples. C’est, semble-t-il le sens de cette parole : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, et mon Dieu et votre Dieu. »

De ce moment Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres. Elle obéit, comme font ceux qui s’arrachent à la conversation avec leur Maître pour aller porter la bonne nouvelle : « J’ai vu le Seigneur ! » Mais on ne la crut pas. »

L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange o.p. Artège Lethielleux, 2017, p. 631-632.

Illustration : Girolamo da Santa Croce (1490-1556) : Noli me tangere : Apparition du Christ à Marie Magdeleine (Bristol Museum and Art Gallery, UK)

 

20 juillet 2021
« Voici ma mère et mes frères » (Matthieu 12, 48-50)

Pénétrer auprès de Jésus était impossible. On le fait prier de venir. Quelqu’un lui dit : « Voici dehors ta mère et tes frères qui te cherchent. » Lui : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Et il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » La parenté spirituelle était fondée, la grande fraternité qui comprend, comme dit Luc, tous « ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ».

Cette réponse contient donc un point essentiel de la doctrine ; elle indique le caractère de la prédication de Jésus, l’appel le plus cordial aux bonnes volontés, avec l’assurance de rencontrer en échange dans son Cœur ce que les affections humaines ont de plus tendre.

Cela est mis en pleine lumière. D’autres considérations demeurent dans l’ombre. Les devoirs sacrés de la famille ne sont pas niés. Jésus ne renie pas sa Mère. On voit seulement qu’il attache plus de prix à ses sentiments envers Dieu qu’aux soins dont elle a bercé son enfance. L’Église, en mettant Marie à la tête de la nouvelle famille spirituelle de Jésus, très haut au-dessus de tous les saints, a interprété sa pensée.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 192-193.)

 

16 juillet 2021
Notre-Dame du Mont Carmel

 

Retraite aux carmélites, fin septembre ; sentiment de l’aes sonans aut cymbalum tinniens [airain qui résonne et cymbale qui retentit (1 Corinthiens 13, 1)]… : prêcher les vérités les plus sublimes sans être touché, à peine convaincu. Dieu se mêle du monde ! quoique nous ne comprenions guère mieux son action que sa nature… Est-ce étonnant ? Plus j’y pense, plus il me semble que l’acte de foi renferme éminemment un acte de confiance au Père : puisqu’il faut affirmer sans comprendre, n’est-ce pas par confiance dans la Vérité et la Bonté ?

Emitte lucem tuam et veritatem tuam [Répands sur moi ta lumière et ta vérité (Psaume 42, 3)] Elles me baignent et je ne vois pas en moi.

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel)

Illustration : Merveilleuse icône de la Sainte Famille par sœur Marie Paul (1930-2019), bénédictine au Monastère de Notre-Dame du Mont Carmel  à Jérusalem Mont des Oliviers https://www.benedictines-ndc.com/actualite-detail-408/soeur-marie-paul.html

 

14-15 juillet 2021
La révélation du Père et du Fils adressée aux petits (Matthieu 11, 25-30)

C’est la perle la plus précieuse de Matthieu. Le logion (Parole du Seigneur) se divise en trois parties : L’action de grâces au Père (25-28) ; II, point central sur la connaissance du Fils et du Père (27) ; III, appel aux âmes (28-30)

I. Dans ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, pour avoir caché ces choses aux sages et aux habiles, et pour les avoir révélées aux petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.

II. « Tout m’a été transmis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, comme personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudrait le révéler. »

III. Appel aux dociles : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et trop chargés, et je vous donnerai le repos. » [Dans l’esprit de l’Évangile] Jésus s’adresse à ceux qui sont fatigués de porter le joug de la Loi et les invite à recevoir de lui une doctrine qui les repose, et un joug suave.

Tout le programme est expliqué par les versets suivants. « Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes ; car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »

C’est auprès de Jésus que ceux qui sont fatigués [des observances pharisaïques] trouveront le repos. Ce qui est nouveau ici, c’est que le joug est celui de Jésus, législateur qui a offert aux pauvres, aux affligés la perfection de la loi. En effet le Christ a l’intention non pas de se donner en exemple, mais de dire pourquoi on doit s’en rapporter à lui. C’est qu’il est un maître doux et humble. De toute façon, directement ou indirectement, Jésus nous révèle ici le secret de son Cœur ; il est doux et il est humble : homme de condition modeste ; mais s’il en est ainsi par le cœur, c’est donc qu’il aime cet abaissement, par opposition à l’orgueilleux. Son enseignement sera la douceur et l’humilité. Le résultat est la paix de l’âme, avec Dieu, avec le prochain, avec soi-même.

« Car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »

Jésus reprend, pour les appliquer expressément à sa doctrine, les deux métaphores du joug et du fardeau […] bien conditionné, qui n’écorche par le cou, par conséquent doux au toucher.

Extraits de L’Évangile selon saint Matthieu par Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, Lecoffre-Gabalda, 1941.)

Illustration : Ce que tu as caché aux  … (Diocèse de Poitiers)

 

10 juillet 2021
En ce jour-anniversaire de la naissance au ciel (10 mars 1938) de fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. notre prière se joint à celle de fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange o.p. Fr. Manuel célèbre sa messe aujourd’hui pour ceux qui se confient à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p. et pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu, dont la cause a été ouverte en 1986.

 

« Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi ! » (Ps 101.102)

 

« Ô bienheureuse Mère, donnez-moi je vous prie un humble sentiment de moi-même, plus d’amour de Dieu : je garderai le silence et parlerai, mais, avec vous et Jésus. » (Journal spirituel du P. Lagrange)

9 juillet 2021
Saint Matthieu (10, 16-23)

Voilà un évangile dur à entendre !

 

« Cet Évangile sera celui de Jésus, non seulement parce qu’il reproduira ses paroles, mais aussi parce qu’il annoncera le salut en lui ; les disciples seront persécutés à cause de son nom, parce qu’ils rendront témoignage à Jésus.

Alors ils n’auront pas à préparer leur défense à la manière des scribes, ruminant les décisions déduites de l’Écriture. Ils ne parleront même pas selon leur esprit propre, c’est l’Esprit Saint qui parlera pour eux. […] Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé, c’est-à-dire que celui qui tiendra jusqu’au bout obtiendra le salut de son âme, ce salut dont Jésus a dit plus d’une fois que les trésors du monde entier ne le valent pas. » (Marie-Joseph Lagrange dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 520.)

 

4 juillet 2021
Jésus à Nazareth (Mc 6, 1-6)

C’est donc bien Jésus qui est nommé le charpentier, et le fils de Marie, comme le fils unique d’une veuve. Quant aux frères de Jésus ? Quiconque fait la volonté de Dieu est son frère et sa sœur et sa mère. Ici la sœur devait être nommée parce qu’il y avait sûrement des femmes dans l’assistance. Les compatriotes de Jésus, d’abord étonnés et saisis, se renferment dans une attitude moqueuse. Tout ce qu’on a dit de Jésus et même ce qu’ils ont constaté ne prouve pas sa mission divine, parce qu’ils connaissent ses parents ! Ils refusent de croire en lui.

Ce sentiment naît de la jalousie, si ordinaire dans les petits endroits, et de la familiarité. Il s’explique spécialement au point de vue messianique ; il n’y avait rien dans les humbles débuts de Jésus, connus de tous à Nazareth, qu’il pût se concilier avec l’attente d’un Messie survenant en gloire. Il est cependant étonnant que Jésus, qui vient d’être rejeté par les Géraséniens puisse dire si absolument qu’un prophète n’est reçu sans honneur que dans son pays.

Faire la volonté de Dieu, c’est, d’après les mystiques, la racine et le sommet de la perfection. Si Jésus choisit ce signe, c’est peut-être aussi parce qu’en ce moment il est occupé à faire la volonté de son Père. Cette impuissance à faire des miracles (ce jour-là), n’a d’ailleurs rien de choquant. Marc ne croit pas que Jésus cesse d’avoir le pouvoir de faire des miracles, mais ce pouvoir ne s’exerce, comme le prouve l’exemple de l’hémorroïsse, que lorsqu’il rencontre de la foi.

Jésus, rejeté de Nazareth, n’en continue pas moins de prêcher dans les bourgs, de façon à former un cercle, et par conséquent à revenir à son point départ, aux environs du lac. C’est là qu’il a choisi les apôtres ; c’est de là qu’il va les envoyer.

(P. Marie-Joseph Lagrange O. P., L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1911.)

Nouvelles de l’association et appel de cotisations

Fr. Manuel RIVERO o.p.
Président de l’Association des amis du père Lagrange
Dominicains. Cure de la cathédrale
22 Avenue de la Victoire
97400 SAINT DENIS LA RÉUNION

https://www.mj-lagrange.org
Facebook : Marie-Joseph Lagrange, dominicain
Courriel : manuel.rivero@free.fr
Tél. 0692801150 ou depuis l’étranger : 00 262 6 92 80 11 50

Saint-Denis (La Réunion), le 10 juin 2021.

Chers amis adhérents,

Nous espérons que vous avez traversé, le mieux possible, la période difficile que nous avons vécue depuis plusieurs mois.

Je suis assigné à La Réunion depuis 2014, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pu tenir nos assemblées générales annuelles. La dernière a eu lieu le 23 janvier 2017. L’éloignement et la pandémie, début 2020, n’ont pas facilité une assemblée générale qui se trouve ainsi reportée de date en date.

Le seul lien que nous ayons avec quelques-uns d’entre vous se fait par l’intermédiaire des réseaux sociaux. L’association continue de fonctionner.

Sur le site internet, et sur Facebook, nous émettons régulièrement des écrits du père Lagrange, des extraits de ses commentaires sur les Écritures, permettant ainsi d’approfondir la Parole.

Le 10 de chaque mois, nous sommes réunis, par la prière lors de la messe-anniversaire (10 mars, jour de la mort du P. Lagrange) célébrée à vos intentions particulières et pour la béatification du père Lagrange.

Où en est la cause de béatification du père Lagrange ?

De 2008 à 2012, en collaboration avec fr. Bernard Montagnes : corrections orthographiques et modifications des textes du Summarium et Informatio et envoi des documents au postulateur, le 14 mai 2012.

En 2013, la Congrégation pour les causes des saints faisait paraître des nouvelles orientations. Le dossier du P. Lagrange (Positio) constitué par le regretté P. Bernard Montagnes o.p., décédé le 17 février 2018, après vingt années de travail, a été repris pour suivre la structure schématique, les vertus et la réputation de sainteté. En 2016, cet important travail a été repris par le nouveau postulateur, fr. Gianni Festa o.p., aidé par sa collaboratrice, Mme Deriu, historienne. Les frères Augustin Laffay o.p., historien, et Renaud Silly o.p., exégète, collaborent actuellement avec le frère postulateur de l’Ordre, en vue du formatage et de l’actualisation de la cause à faire approuver par la Congrégation pour la cause des saints.

En juin 2019, au chapitre international, qui s’est déroulé à Bien Hôa au Vietnam, j’ai pu distribuer des images du père Lagrange avec la prière en plusieurs langues, français, anglais, espagnol. Ce chapitre général a mis en lumière l’exemple de travail intellectuel en équipe mené à bien par le père Lagrange avec ses disciples et collaborateurs. « Synergie » était l’un des mots-clés de ce chapitre général.

Des conférences, des publications sont réalisées. Fr. Augustin Laffay dans la revue Nova et Vetera, octobre-novembre-décembre 2020, n° 4, a écrit un article édifiant sur « Le père Marie-Joseph Lagrange : les secrets d’une vie chrétienne.

Le 23 avril 2021, Frère Thomas-Marie Gillet o.p., a fait une très belle conférence sur Radio-Maria France, reprise par le diocèse de Monaco ainsi que sur notre site internet et Facebook.

Le Journal spirituel du P. Lagrange, édition 2014, étant épuisé, les éditions du Cerf prévoient de sortir une nouvelle édition. À la demande de plusieurs lecteurs, et, pour en faciliter la lecture, les notes figureront en bas de chaque page au lieu de les trouver en fin de livre

L’abbé Pascal Champion, aumônier du lycée militaire d’Autun, ancien petit séminaire fréquenté par le père Lagrange, a pris la décision de dédier la salle de l’aumônerie du collège au père Lagrange, en y plaçant une plaque qui devrait être bénie par l’évêque aux armées le 15 juin 2021.

Pour régulariser la situation de l’association, une assemblée générale pourra se tenir par internet et par correspondance. Vous recevrez les documents nécessaires pour vous permettre de voter les résolutions qui vous seront présentées. Ne pourront voter que les adhérents à jour de leur cotisation 2021.

En annexe, le formulaire de renouvellement ou d’adhésion 2021. Merci à ceux qui sont à jour de leur versement.Nous comptons sur votre fidélité.

Bien fraternellement dans le Christ avec ma prière quotidienne pour vous.

Fr. Manuel Rivero O.P.

 

ADHÉSION 2021 doc

Écho de notre page Facebook : juin 2021

29 juin 2021
Saint Pierre et saint Paul

Il leur dit : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » Répondant, Simon-Pierre dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Répondant, Jésus lui dit : « Tu es bienheureux, Simon Barionas, car ce n’est ni la chair ni le sang qui te [l’] ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu délieras sur la terre, sera délié dans les cieux. » (Matthieu 16, 14-19.)

  • La félicitation du Sauveur rehausse grandement le rôle de Pierre. Il ne dit pas, au nom des autres, une vérité à laquelle ils seraient parvenus par le raisonnement, comme cela pourrait être le cas de la simple dignité messianique de Jésus, en s’appuyant, bien entendu, sur les données de la foi traditionnelle, les prophéties, les miracles etc. Non, Pierre a reçu du Père, directement, une révélation qui dépasse en importance privilégiée toutes celles qui sont contenues dans l’Écriture. Car l’unité de Dieu eût pu être atteinte par le raisonnement, mais il fallait une confidence du Père pour savoir que Jésus était son Fils.
  • […] La situation de Pierre dans l’Église est celle du rocher sur lequel est bâti un édifice ; grâce à ce fondement l’édifice tiendra bon ; grâce à ce chef, la communauté sera bien conduite. […] L’ampleur [de l’Église] devait se manifester dans l’avenir, comme pour le grain de sénevé. Si Jésus dit « mon groupe », c’est qu’il connaît les dispositions des chefs du peuple, qui l’ont réprouvé et qui essaieront d’anéantir sa doctrine. Sans doute l’Église sera l’Église de Dieu, mais elle ne sera pas seulement au Christ, elle sera le corps du Christ (Eph v, 23 ss., 29. 32 ; Col I, 18. 24). La déduction mystique de Paul suppose le lien manifeste entre le Maître et les disciples.
  • […] Prendre les portes, c’est avoir vaincu l’adversaire (Genèse XXIV, 60). Il ne fallait qu’un pas de plus pour les traiter comme des puissances ; c’est ce qui a lieu dans notre texte où les portes entrent en scène et agissent. Elles représentent donc une puissance, et cette puissance est celle de l’Hadès. Or, au temps de Jésus, les Juifs ne regardaient plus la région souterraine et obscure comme l’asile de tous les morts. À mesure que l’idée d’une vie bienheureuse auprès de Dieu gagnait dans les âmes, le séjour des ténèbres devenait un lieu de perdition. […] Les portes de l’Hadès doivent donc être prises d’abord dans leur sens naturel de portes du palais infernal devenu le séjour des réprouvés. Ces portes sont représentées en action, et en action contre l’Église. C’est donc la lutte d’un édifice qui est l’empire du mal, contre l’Église qui est la maison du Christ.
  • […] Le don des clefs est donc l’investiture du pouvoir sur toute la maison ; le maître garde son pouvoir souverain, mais il en délègue l’exercice à un majordome, cf. Isaïe XXII, 22 : « Je mettrai sur son épaule la clef de la Maison de David ; et s’il ouvre, nul ne fermera, et s’il ferme, nul n’ouvrira… 24. À lui sera suspendue toute la gloire de la maison de son père » … Ce passage est appliqué par Apocalypse III, 7 à Jésus lui-même. Jésus est le fondement, et Pierre est le fondement ; Jésus a la clef de David, et Pierre à les clefs : l’autorité de Pierre est donc celle de Jésus. (Extraits de L’Évangile selon saint Matthieu par le P. Marie-Joseph Lagrange o.p., Lecoffre-Gabalda, 1941.)

Illustration : Saint Pierre et saint Paul, Brea (16e)

 

25 juin 2021
Saint Cyrille d’Alexandrie (378-444), Docteur de l’Église, approuva que l’on appelle « Marie, Mère de Dieu.

Si Marie est la mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps, il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.

Vénérer la Vierge Marie
Plus récemment, le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin :

« La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance ».

L’histoire de l’Église montre aussi comment la fréquentation de la Vierge Marie dans la prière loin d’éloigner les fidèles du Christ les a rapprochés avec justesse de son mystère.

(Extrait de l’article de Fr. Manuel Rivero o.p. « La Vierge Marie, Mère de l’Église, Mère de Dieu ».)
Illustration : Vierge aux anges (détail) par Pere Serra (1380) Musée National des Arts de Catalogne, Barcelone.

24 juin 2021
La nativité de saint Jean Baptiste

Éloge de saint Jean Baptiste
La perfection est communicative : il faut, par charité pour les autres, avoir un grand désir de les édifier. Cependant il faut distinguer : il ne faut pas agir pour les hommes, ne pas faire ses bonnes œuvres, pour être loué par les hommes : mais on peut réaliser les mêmes œuvres, par des vues élevées, ut glorificentur Deum (afin qu’ils glorifient Dieu). Nous subissons tous l’empire de l’exemple. Éloge de saint Jean Baptiste : ille erat lucerna ardens et lucens… Jean était la lampe qui brûle et qui luit…
(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, 29 mai 1879)

Bonne fête à tous ceux qui se prénomment « Jean »

19 juin 2021
Bienheureuse Vierge Marie

 

N’est-ce pas Marie tout d’abord qui a appris à Jésus à lire dans le prophète (Isaïe) comment une fleur devait s’épanouir sur la tige de Jessé ? N’a-t-elle jamais exprimé son désir du salut par ces paroles enflammées :

Regarde du haut du ciel, et vois, /de ta demeure sainte et glorieuse : /Où est ton zèle et ta grande puissance, /l’émotion de tes entrailles et ta pitié ? /Ah ! ne te fais pas insensible ! /Car tu es notre Père ! /Abraham ne nous connaît pas, /et Israël ne nous reconnaît pas. /Toi, Iahvé, tu es notre père, /notre Rédempteur, c’est ton nom en tout temps… /Oh, Si, déchirant les cieux, tu descendais ! (Is 63, 15-19 ; trad. Condamin.)

Marie-Joseph Lagrange o.p. « Marie de Nazareth » L’Écriture en Église, Cerf, 1990, p.154.

Illustration : Vierge Marie et Jésus enfant par Fra Angelico

 

18 juin 2021
« Là où est ton trésor, là sera aussi ton cœur. » (Matthieu 6, 21)

 

Vous donc qui ne renoncez pas aux biens de la terre, travaillez pour acquérir, mais sans sollicitude excessive, puisque « à chaque jour suffit son mal ». Mais vous avez consenti à suivre Jésus pour prêcher ensuite le règne de Dieu, « vendez ce que vous avez et faites l’aumône ». Tous, dégagez vos âmes de l’affection à des biens périssables, amassez-vous des trésors dans le ciel : « car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ».

(Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus-Christ)

 

 

12 juin 2021
« Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous ! »

 

 

« C’est parce qu’elle a eu « le cœur brisé » que le Cœur Immaculé de Marie aime les âmes. » (Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel.)

 

 

 

 

 

11 juin 2021
Solennité du Sacré Cœur de Jésus

Le 25 mai 1899, dans l’Encyclique Annum Sacrum, Léon XIII ordonne la consécration du genre humain au Sacré-Cœur pour le 11 juin suivant.

En 1881, dans sa prière personnelle, le frère Marie-Joseph Lagrange, étudiant à Salamanque, se confie à l’intercession de la Vierge Marie, sa « très douce Reine », lui demandant de le conduire à Jésus : « Conduisez-moi au Cœur-Sacré de Jésus ». Au début de la même année, il avait choisi comme patron de l’année le Sacré-Cœur de Jésus en citant saint Bernard : « Enlevez la volonté propre et il n’y aura plus d’enfer ». Jérusalem, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, 27 juin 1924 »

En 1924, au moment de rédiger son avant-propos à la traduction et au commentaire de l’Évangile selon saint Jean, le père Lagrange dédicace son ouvrage à ses confrères en choisissant la fête symbolique du Sacré-Cœur, dans la communion de l’amour de Jésus si bien transmis par le disciple bien-aimé : « Je prie mes collaborateurs de l’École biblique d’agréer l’hommage cordial et fraternel de cet ouvrage, en souvenir d’une vie dominicaine commune qui nous fut toujours douce. (…). Demandons tout simplement à Notre-Seigneur la grâce de mettre en pratique son commandement promulgué par saint Jean : Aimons-nous les uns les autres. Jérusalem, en la fête du Sacré-Cœur de Jésus, 27 juin 1924. »

(extrait de l’article de Fr. Manuel Rivero o.p. La dévotion du P. Lagrange au Sacré Cœur de Jésus.)

Illustration : Voici ce coeur qui a tant aimé ! (Bétharram)

10 juin 2021
Réunis par la prière en ce jour, date importante pour notre association, à l’occasion de la messe célébrée par Fr. Manuel Rivero o.p. pour la béatification du Serviteur de Dieu, Marie-Joseph Lagrange o.p. et aux intentions des membres de l’association.

« Sauvez-moi, ma bonne Mère : on dira qu’elle a été bonne et compatissante de sauver ce pauvre misérable en l’amenant à son Fils… Oui, menez-moi à ses pieds, confus, repentant, désirant l’aimer, le faire connaître, le faire aimer. » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel.)

Illustration : Vierge Marie, menez-moi à Jésus !

 

6 juin 2021
Le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Le repas touchait à sa fin. Jésus alors prit du pain, le bénit, le rompit, suivant l’usage consacré, et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez, ceci est mon corps ». Ce fut le dernier acte de ce repas, car aussitôt après, selon toute apparence, il prit une coupe, celle qu’on buvait en signe d’action de grâce après le repas, le troisième selon le rite juif. Il la leur donna, et ils en burent tous, et il leur dit : «Ceci est mon sang, de l’alliance, répandu pour un grand nombre. » Le rite pascal étant terminé, peut-être les Juifs pratiquaient-ils alors, du moins à leur gré, l’usage de passer à tous la même coupe. Ainsi Jésus n’aurait pas dérogé à l’usage. De toute façon il voulut faire de cette coupe un signe d’union entre les siens. Tous burent au même vase le sang répandu pour eux et pour ce grand nombre qu’est la collectivité humaine (Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus-Christ. Institution de l’Eucharistie [Luc 22, 19-20 ; Marc 14, 22-23 ; Mt 26, 26-27])

Jésus nous laisse l’Eucharistie comme mémoire quotidienne de l’Église qui nous introduit toujours plus dans la Pâque (Luc 22, 19). (…) L’Eucharistie, même si elle constitue la plénitude de la vie sacramentelle, n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles (Pape François, La joie de l’Évangile).

Illustration : Détail d’un tableau de La Cène. Peintre inconnu.

 

3 juin 2021

Durant ma première année, j’ai reçu une grande révélation sur ma vocation mais d’une manière passive : je dois garder mes convictions et elles doivent être la règle de ma vie. Je n’ai pas le choix entre la sanctification ou la science, la vie monastique ou le zèle des âmes, au contraire, je me sanctifierai par la science, et je me préparerai à sauver les âmes par la perfection de l’esprit monastique. Ô Jésus, je t’aime ! Ô Marie daigne être ma Mère, ma Reine, mon Guide !

In my first year I have received a great light on my vocatio but in a passive manner: I myst have find convictions to be the rule of my life: I have not the choice between sanctity or science, monastical life or zeal of the souls, but I must sanctify myself by science, and prepare myself, to save the souls by a perfect monasticat spirit. O Jesus, I love thee ! o Mary daign to be my Mother, my Queen, my Guide.

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, le 3 juin 1882.)