Écho de notre page Facebook : octobre 2021

30 octobre 2021
Bienheureuse Vierge Marie

 

 

Vierge préférée du P. Lagrange, toujours à la place d’honneur sur sa table de travail. Elle a son enfant dans ses bras comme la fleur repose sur sa tige… Devant elle il s’agenouillait avant de se livrer à l’étude. Elle était la confidente de ses joies, de ses peines, de ses efforts et de ses luttes au service de l’Église. (M.R. Loew, « Fils de Marie » Le Père Lagrange. Revue du Rosaire, 1939.)

Illustration, L’image de la Vierge d’Autun qui figurait sur le bureau du P. Lagrange

 

 

 

27 octobre 2021

Nouvelles de la santé de fr. Timothy Radcliffe o.p. recueillies sur la page Facebook de Roxana Sanchez de Abraham o.p.

Continuons de confier notre prière pour son rétablissement à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

Ecco l’ultimo aggiornamento sulle condizioni di salute di fra Timothy scritto di suo pugno!

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Cari familiari e amici,

Grazie più di quanto io possa significarvi per la grande marea di messaggi che continuo a ricevere assicurandomi le vostre preghiere e chiedendomi come sto. Quindi, anche se non ci sono molte novità da segnalare, ecco un piccolo aggiornamento. Perdonatemi per non aver risposto di persona a tutte le vostre e-mail.

La gente mi assicura che il mio parlare è più comprensibile, il che è incoraggiante, soprattutto perché all’inizio non lo era affatto!

Piano, piano, riesco a gestire zuppe un po’ più dense e la mia gioia ogni mattina sono le uova strapazzate molto liquide. Il cibo solido sembra ancora molto lontano, ma spero di mangiarlo un giorno prima del Regno.

Riesco a camminare con un bellissimo bastone da passeggio in palissandro e che suscita sussulti d’invidia. La ferita della mia gamba si sta rivelando lenta a guarire.

Ho terminato la mia prima settimana di radioterapia. Sono stupito dall’invariabile gentilezza ed efficienza degli infermieri e dei medici. È spossante (una buona scusa per non lavare i piatti!), ma gli effetti collaterali probabilmente diventeranno più evidenti nelle prossime due settimane.

Sto lavorando al prossimo libro con un giovane biblista polacco, Lukasz Popko OP. Consiste in conversazioni su i dialoghi nella Bibbia. È meraviglioso avere un progetto che mi evita di troppo (tanto!) commiserare le mie condizioni, e che può progredire nella misura in cui ho delle energie.

Continuate a chiedere aiuto a frère Marie Joseph Lagrange, fondatore dell’Ecole Biblique di Gerusalemme. Confido che Suor Assunta e David Sanders OP, possano riposare in pace, lo manterranno al lavoro!

Timothy

ORIGINAL TEXT

Dear Family and Friends,

Thank you more than I can say for the great flood of messages that I continue to receive assuring me of your prayers and asking how I am. So, although there is not much new to report, here is a small update. Forgive me for not answering all your emails in person.

People assure me that my speech is more comprehensible which is encouraging, especially as it was never very intelligible to begin with!

Piano, piano, I can manage soups that are a little thicker, and my delight every morning is very liquid scrambled eggs. Solid food still seems a very long way off, but I hope to eat it one day before the Kingdom.

I can manage to get around with a beautiful walking stick made of rosewood and which excites gasps of envy. The wound on my leg is proving to be slow to heal.

I have now finished my first week of radiotherapy. I am astonished by the invariable kindness and efficiency of the nurses and doctors. It is draining (a good excuse to get out of the washing up!), but the side effects will probably become more noticeable in the next couple of weeks.

I am working on the next book with a young Polish Biblical Scholar, Lukasz Popko OP. It consists of conversations about conversations in the Bible. It is wonderful to have a project which means that I do not lie around feeling sorry for myself (much!), and which can progress as and when I have the energy.

Please keep up calling on the help of frère Marie Joseph Lagrange, founder of the Ecole Biblique in Jerusalem. I trust that Sister Assunta and David Sanders OP, may they rest in peace, will keep him on the job!

Timothy

Voici la dernière mise à jour de l’état de santé de Timothy écrit de son poing !

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Chers familles et amis,

Merci plus que je ne peux vous signifier pour la grande marée de messages que je continue à recevoir en assurant vos prières et en me demandant comment je vais. Donc, même s’il n’y a pas beaucoup de nouvelles à signaler, voici une petite mise à jour. Pardonnez-moi de ne pas avoir répondu personnellement à tous vos e-mails.

Les gens m’assurent que mon discours est plus compréhensible, ce qui est encourageant, surtout parce qu’au début, il ne l’était pas du tout !

Doucement, doucement, je peux gérer des soupes un peu plus denses et ma joie chaque matin sont les œufs brouillés très liquides. La nourriture solide semble encore très loin, mais j’espère le manger un jour avant le Royaume.

Je peux marcher avec un magnifique bâton de marche en palissandre et suscitant des sursauts d’envie. La blessure de ma jambe se révèle lente à guérir.

J ‘ ai terminé ma première semaine de radiothérapie. Je suis étonnée par l’invariable gentillesse et efficacité des infirmières et des médecins. C ‘ est déplacé (une bonne excuse pour ne pas faire la vaisselle ! ), mais les effets secondaires deviendront probablement plus visibles au cours des deux prochaines semaines.

En train de travailler sur le prochain livre avec un jeune bibliste polonais, Lukasz Popko OP. Consiste en conversations sur les dialogues dans la Bible. C ‘ est merveilleux d’avoir un projet qui m’évite de trop (beaucoup ! ) apitoyer mes conditions et qui peut progresser dans la mesure où j’ai de l’énergie.

Continuez à demander de l’aide à frère Marie Joseph Lagrange, fondateur de l’Ecole Biblique de Jérusalem. J ‘ espère que Soeur Assunta et David Sanders OP reposent en paix, ils le maintiendront au travail !

Timothée

TEXTE ORIGINAL

Chers familles et amis,

merci plus que je ne peux dire pour le grand flot de messages que je continue de recevoir m’assurant de vos prières et me demandant comment je vais. Alors, bien qu’il n’y ait pas grand chose de nouveau à signaler, voici une petite mise à jour. Pardonnez-moi de ne pas répondre à tous vos e-mails en personne.

Les gens m’assurent que mon discours est plus compréhensible, ce qui est encourageant, d’autant plus qu’il n’a jamais été très intelligible au départ !

Piano, piano, je peux gérer des soupes un peu plus épaisses, et mon délice chaque matin c’est des œufs brouillés très liquides. La nourriture solide semble encore très loin, mais j’espère la manger un jour avant le Royaume.

Je peux me déplacer avec un beau bâton de marche en bois de rose et qui excite des halètements d’envie. La blessure sur ma jambe s’avère être lente à guérir.

J’ai maintenant terminé ma première semaine de radiothérapie. Je suis étonné par la gentillesse et l’efficacité invariables des infirmières et des médecins. C’est drainant (une bonne excuse pour sortir de la vaisselle ! ), mais les effets secondaires deviendront probablement plus visibles dans les deux prochaines semaines.

Je travaille sur le prochain livre avec un jeune chercheur biblique polonais, Lukasz Popko OP. Il consiste en des conversations sur les conversations dans la Bible. C’est merveilleux d’avoir un projet, ce qui signifie que je ne m’apitoie pas sur mon sort (beaucoup ! ), et qui peut progresser au fur et à mesure que j’ai l’énergie.

Veuillez continuer à faire appel à l’aide du frère Marie Joseph Lagrange, fondateur de l’Ecole Biblique à Jérusalem. J’ai confiance que sœur Assunta et David Sanders OP, qu’ils reposent en paix, le garderont au travail !

Timothée

 

26 octobre 2021
Depuis 1887, sous le pontificat de Léon XIII, le mois d’octobre est devenu le mois du saint Rosaire :

« Par le Rosaire l’âme chrétienne accomplit la grande loi de la prière si instamment recommandée par Jésus-Christ et promulguée avec tant de force dans son Évangile. « Il faut prier, toujours prier, sans jamais se lasser. » (Lc 28, 1). « Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. » (Mt. 7, 7). N’est-ce pas ce que nous faisons par le Rosaire ? Nous prions sans défaillance, redisant toujours des mots que nous ne répétons jamais, nous demandons, nous cherchons et nous frappons ; nous prions humblement, nous demandons instamment, nous cherchons et nous frappons avec persévérance à la porte du Cœur de notre Dieu. De toutes les formules de prière, le Rosaire met sur nos lèvres la plus divine, et partant, comme l’observe saint Thomas, la plus humble, la plus juste, la plus confiante, la plus ordonnée et la plus dévote. La Vierge du Rosaire est Reine des victoires ; elle fait frémir les fondements de l’abîme ; sous sa protection nous vaincrons. « Levons-nous donc et approchons avec confiance de son Trône. Faisons violence à son Cœur maternel et bienfaisant par la récitation continue du Rosaire, et lui montrant ce rosaire dans nos mains, répétons avec dévotion et piété : Nous recourons à Vous, ô Sainte Mère de Dieu. Nous élevons nos prières vers Vous qui êtes la Médiatrice puissante et bienveillante de notre salut. Au nom des joies si douces que vous donna votre Fils Jésus, au nom de la part que vous eûtes à ses douleurs ineffables, au nom des splendeurs de sa gloire qui rayonnent en Vous, nous Vous en supplions instamment, écoutez-nous, malgré notre indignité, et exaucez-nous. » (Léon XIII, Encyclique « Jucunda semper » sur le Rosaire, 8 sept. 1894) » P. Hyacinte Lacomme O.P. (1859-1945), Messager du Cœur de Jésus, mai 1916.

(Source FIP n° 232, Paroisse Saint-Jérôme-Nice)

Illustration FIP 232, Paroisse Saint-Jérôme-Nice

 

26 octobre 2021
Deux éminentes et saintes figures dominicaines du XXe siècle. Deux expériences spirituelles. Tous deux avaient en commun leur amour pour la Vierge Marie et le Rosaire. Tous les deux étaient novices à Salamanque, en 1881.

Deux éminents frères dominicains sur le chemin de la sainteté

P. Marie-Étienne Vayssière o.p.

P. Marie-Joseph Lagrange o.p.

Le père Lagrange a rendu son dernier soupir à Saint-Maximin, alors que le P. Vayssière était prieur provincial de Toulouse. Le P. Vayssière écrivait alors au vicaire du maître de l’Ordre. « Ce décès a éveillé un véritable mouvement de regret, de sympathie, montrant la place du vénéré défunt dans la pensée, la confiance, le sentiment catholique. On l’a enterré dans notre enclos de Saint-Maximin, où nos jeunes religieux pourront apprendre de lui, avec la parfaite dignité de sa vie religieuse, son attachement à l’Ordre, son amour de l’Église, cet amour du travail et de la doctrine qui l’ont possédé sans relâche jusqu’à son dernier soupir. […] Je ne puis me dissimuler que mon tour arrivera sans bien tarder. Que la Vierge bénie et S. Dominique me préparent, et que je le fasse moi-même dans l’accomplissement quotidien du divin vouloir ». (B. Montagnes. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Cerf, 2014) et le P. Montagnes d’ajouter en note de bas de page : « Encore une fois l’exemplarité du P. Lagrange pour ses frères dominicains en formation, exemplarité soulignée par un prieur provincial lui-même expert dans les voies spirituelles et qui a laissé une réputation de sainteté. »

Aujourd’hui, la cause en béatification du P. Marie-Joseph Lagrange est en cours.

La cause en béatification du RP. Marie-Étienne Vayssière est ouverte.

Voir notre article du 12 avril 2021 https://www.mj-lagrange.org/?p=14096

 

20 octobre 2021
Des nouvelles de fr. Timothy Radcliffe o.p., ancien Maître de l’Ordre.

 

Nous venons d’apprendre que Fr. Timothy Radcliffe est à nouveau hospitalisé. Il demande notre prière avec la mention à l’intercession du P. Lagrange. Nous vous faisons partager cette prière, en plusieurs langues, afin que nous soyons nombreux à y participer.
Vous avez plusieurs traductions de cette prière sur le site internet www.mj-lagrange.org à partir de la page d’ouverture, en cliquant sur la catégorie « Prière » dans la colonne de gauche.

 

 

 

20 octobre 2021
Source : Le Patriarcat latin de Jérusalem

Conférence sur la vie et l’œuvre du père Roland de Vaux par le P. Jean-Jacques Pérennès

Le père Roland de Vaux était un disciple et ami du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

Par: Florence Budry/lpj.org – Publié le: October 20 Wed, 2021

Conférence sur la vie et l’œuvre du père Roland de Vaux par le P. Jean-Jacques Pérennès Available in the following languages:

JERUSALEM – Jeudi 14 octobre dernier, à 18h, au sein du couvent Saint Etienne des Pères Dominicains de Jérusalem avait lieu une des conférences bi-mensuelles de l’Ecole biblique et archéologique française (EBAF). Le P. Jean-Jacques Pérennès, son actuel directeur, dévoilait la première partie de la vie du père Roland de Vaux, lui aussi dominicain et ancien directeur de l’Ecole, sous le titre « comment devient-on Roland de Vaux ».

Le P. Pérennès consacrera son prochain ouvrage au père Roland de Vaux alors qu’il est déjà l’auteur de quatre magnifiques biographies, toutes dédiées à des religieux catholiques vivant leur mission et leur sacerdoce en pays à majorité musulmane.

Pouvant consacrer des mois de recherches et d’études à l’écriture d’un chapitre, n’hésitant pas à aller lui-même jusqu’en Afghanistan recueillir les témoignages nécessaires, le P. Pérennès partage avec nous les quêtes scientifiques mais aussi spirituelles de ces vies extraordinaires données avec succès.

Homme d’église béatifié, islamologue, ethnographe, archéologue, orientaliste, chacun avait un charisme particulier qu’il a exercé à sa manière dans un univers culturel et géographique différent au sein du monde arabo-musulman.

Roland de Vaux nait en 1903 dans une famille parisienne aisée de grands serviteurs de l’Etat; il reçoit une éducation classique des plus solides avant d’être ordonné prêtre à l’âge de 26 ans et d’entrer au Noviciat. Sujet brillant il rejoint ensuite le Grand Couvent dominicain du Saulchoir en Belgique. Parmi 80 religieux étudiants eux-aussi il se distingue par une grande capacité de travail et très tôt, deux publications, une sur Averroès, une sur l’avicennisme latin, auraient pu faire de lui un médiéviste reconnu.

C’est finalement l’étude biblique et l’archéologie qui vont devenir ses domaines de prédilection suite à son envoi en Terre Sainte à l’Ecole biblique de Jérusalem en 1933. Les Pères dominicains fondateurs de l’Ecole, explorateurs et pionniers de l’archéologie, vieillissent : il est important de former une nouvelle génération dont le père de Vaux sera la figure emblématique.

Méticuleux, acharné au travail, polyvalent, assoiffé de découvertes et de connaissances, il n’aura finalement de cesse de ressembler au père Lagrange, qu’il admirait tant pour cette capacité à être un « érudit complet ».

Poursuivant selon ses mots « une grande ambition humble », il se place dans la continuité de la vocation des pionniers de l’Ecole biblique qu’il est venu rejoindre et dont il a toute la confiance : confronter les textes bibliques avec la réalité historique et archéologique de la Terre Sainte, ce qu’il fera dès 1946 dans une série d’articles remarquables sur Les Patriarches hébreux et les découvertes modernes, anticipant la grande Histoire ancienne d’Israël, publiée à la fin de sa vie.

Participant aux nombreuses campagnes de fouilles dirigées par l’Ecole biblique, il dispense également des cours d’Histoire ancienne d’Israël (en changeant de thème chaque année, il ne donnera jamais le même cours) ainsi qu’un cours d’archéologie sur les institutions de l’Ancien Testament et des cours de langue assyro-babylonienne, tout en contribuant au lancement et à la réalisation de la Bible de Jérusalem.

Alors qu’il prend de plus en plus de responsabilités au sein de l’Ecole, le contexte politique change, enterrant à jamais l’âge d’or de l’archéologie orientale menée sur un territoire unifié par l’Empire ottoman. La Seconde guerre mondiale et ses conséquences vont bouleverser la vie de l’Ecole en même temps que toute la région. En outre, à partir de 1947, la découverte des rouleaux de la Mer morte à Qumrân, tout en lui apportant une notoriété mondiale, sera un fardeau lourd à porter.

Jusqu’à son décès à l’âge de 68 ans, le père de Vaux devra s’adapter à une réalité chaque jour différente, accomplissant des tâches administratives et matérielles lourdes, parfois au beau milieu des nombreux conflits armés qui jalonneront son mandat, sans cesser ses recherches de savant reconnu universellement, tout en restant un religieux très simple, amical, assistant aux offices parmi ses frères.

Sa ténacité à maintenir le fonctionnement de l’Ecole et son niveau d’excellence malgré des contextes politiques et sécuritaires très troublés paie encore aujourd’hui puisque l’EBAF continue en 2021 à accueillir de jeunes générations de frères, eux aussi considérés comme de grands spécialistes en exégèse, archéologie et orientalisme (langues anciennes, épigraphie).

Dans le contexte particulier de la Terre Sainte, les travaux archéologiques de l’EBAF se poursuivent dans le Nord de la Jordanie (mise au jour d’églises byzantines), mais aussi avec la publication et la préservation des fouilles du monastère Saint Hilarion de Gaza dont le classement au Patrimoine mondial de l’UNESCO est espéré prochainement.

Accueil d’étudiants, publications, conférences, visites du samedi, animation de groupes bibliques, l’esprit du père de Vaux et de ses prédécesseurs est bien présent parmi les pères dominicains d’aujourd’hui qui ne pensent qu’à partager auprès du grand public, une érudition acquise au prix de tant d’efforts personnels.

La prochaine conférence du Jeudi à l’Ecole biblique sera donnée le 28 octobre par le P. Emile Puech, épigraphiste, directeur de recherches du CNRS / EBAF et consacrée au plus mystérieux des épisodes des fouilles de Qumrân, la découverte du rouleau de cuivre.

Toutes les conférences sont enregistrées et accessibles ici.


Biographies rédigées par le P. JJ Pérennès et déjà parues :

  1. Pierre Claverie, un Algérien par alliance, Paris, Le Cerf, 2000, 391 pages, traduit en italien (Citta nuova) ; arabe (Paulistes, Beyrouth), anglais (Orbis book), allemand (Benno Verlag) et tchèque (Ed. Crystal) ; version résumée en espagnol (Editirial San Esteban)
  2. Georges Anawati, un chrétien égyptien devant le mystère de l’islam, Paris, le Cerf, 2008, 367p., traduit en allemand (Herder)
  3. Le père Antonin Jaussen, op (1871-1962), une passion pour l’Orient musulman, Paris, Le Cerf, 2012, 144 p.
  4. Passion Kaboul, le père Serge de Beaurecueil, Paris, Le Cerf, 2014, 362 p.

 

20 octobre 2021
La lecture de la Sainte Bible est-elle dans l’esprit dominicain ? par Marie-Joseph Lagrange o.p.

La première question qui se présente est celle-ci : un tertiaire dominicain est-il obligé de lire la Bible ? La réponse n’est pas douteuse. Non, il n’y a nulle obligation pour lui, pas plus que pour tout autre laïc.

C’est ce dont les protestants se scandalisent. La Bible est la Parole de Dieu, elle a été inspirée par l’Esprit Saint ; les catholiques ont proclamé solennellement au Concile de Trente qu’elle a Dieu pour auteur. Se peut-il que tous ne soient pas obligés à la lire ? Mais alors il faudrait conclure que tout chrétien est obligé de savoir lire, et personne ne le soutient, si recommandée que soit l’instruction.

Mais enfin, si l’on sait lire ? Pourquoi le premier soin d’un ministre protestant est-il de mettre une bible entre les mains de tout converti, tandis que le missionnaire catholique se contente du paroissien ? Cela prouve bien, en tout cas, que l’Église n’interdit pas la lecture de la Bible, puisque le paroissien contient des épîtres et des évangiles, tirés de l’Écriture, que le prêtre le plus souvent prend soin d’expliquer. Mais ce n’est pas toute la Bible.

Nous touchons ici à la différence fondamentale entre catholiques et protestants. L’initiateur du protestantisme, Luther, a enseigné que chaque fidèle devait être éclairé sur sa foi par la Bible elle-même, par le contact direct avec l’Esprit Saint, auteur de la Bible, si bien que le sens qu’il percevait était bien la leçon que Dieu voulait lui donner par l’Écriture. Ainsi comprise, ainsi pratiquée, la lecture de la Bible par tous devenait une cause de division entre les chrétiens sur les points intéressant la foi, car chacun l’entendait à sa manière. Et en effet la division s’est produite entre plusieurs sectes dont nous constatons l’émiettement. Elle ne s’est arrêtée en partie que par un reste de sens catholique. Le protestant laïc entend l’Écriture comme la lui enseigne son pasteur ; chaque groupement conserve l’unité par le principe d’autorité qui garantit à l’Église l’unité de tout le corps chrétien.

L’Esprit qui a inspiré l’Écriture l’a donnée en dépôt à l’Église qu’il assiste infailliblement dans son interprétation. Assurée de posséder l’Esprit de la lettre, l’Église a le droit et le devoir de le communiquer directement aux fidèles par son corps enseignant. Elle ne reconnaît aucun privilège aux plus instruits ; elle guide ceux qui ne savent pas lire comme les docteurs qui ont pâli sur les textes. Elle permet d’ailleurs la lecture de la lettre à tous ceux qui savent lire, à la condition, s’il s’agit de traductions, qu’elles soient accompagnées de notes tirées des saints Pères ou d’autres représentants autorisés de la tradition. À cette condition, on doit reconnaître qu’elle l’encourage et la bénit.

Par le fait cette tradition a été souvent écrite. Mais si on la compare à la Bible, elle représente l’enseignement de vive voix, le plus clair, celui qui s’adresse à tous, qui se met à la portée de tous par le jeu des questions et des réponses. Il y a longtemps que Platon a montré la supériorité de la parole vivante sur la parole écrite, incapable de s’assouplir dans l’intérêt des intelligences. Il en est ainsi de toutes les disciplines. Même si le texte est formellement un code de lois, le seul qui fasse autorité, qui fixe son devoir au juge comme au particulier, on ne le livre pas à son impuissance, on constitue un corps professoral pour l’enseigner. Cela est vrai de notre code civil, écrit pour des Français, et qui ne date pas encore d’un siècle et demi. Quel étudiant aura assez de génie pour qu’on lui dise : prenez, étudiez ce petit volume, et après vous plaiderez devant un tribunal. C’est cependant ce qu’en théorie, mais en théorie seulement, les protestants disent à leurs fidèles du monde entier, après tant de siècles, à propos d’un livre écrit pour les juifs, ou du Nouveau Testament qui ne prétend nulle part proposer une règle de foi complète, qui suppose plutôt que cette règle a été prêchée de vive voix par les disciples d’un Maître qui n’a rien écrit.

Combien l’Église est mieux inspirée, qui s’en tient à la méthode des Apôtres, et enseigne les principes de la foi et de la morale d’après sa tradition, d’ailleurs conforme à l’Écriture, du Nouveau Testament surtout.

L’Ordre de Saint-Dominique ne fait pas autre chose. Ce qui lui est propre – dans les origines, car sa méthode s’est répandue dans l’Église entière –, c’est de faire de cette substance de la foi et de la morale le thème d’une prière. Le simple fidèle contemple ainsi ce qui est l’essence de sa foi, et demande à Dieu de l’aider à pratiquer ses préceptes. Le révélateur de la foi, la source de la grâce, c’est Jésus, mais on a recours pour s’unir à lui à l’intercession de sa très Sainte Mère. Vous entendez bien que c’est là tout le Rosaire.

On vous en parlera souvent dans cette Revue (La Vie dominicaine). On vous dira que le Rosaire est un acte de foi dans les mystères du salut, qu’il nous enseigne la Bonté de Dieu et aussi sa Justice, qu’il est un miroir de toutes les vertus chrétiennes, la charité, l’espérance, l’humilité, la patience, l’abandon à Dieu qui les résume toutes. Ce que je voudrais noter seulement aujourd’hui, c’est que aucune de ces méditations n’est proposée d’une manière didactique, partant de la nature des attributs de Dieu pour en déduire les actes de l’excellence des vertus pour en presser la pratique. Non, tout est de l’ordre des faits ; c’est une histoire qui se déroule, celle de Jésus, si intimement liée à celle de Marie. C’est en Jésus que les vertus nous paraissent admirables, souhaitables, même réalisables pour nous selon notre faiblesse et par sa grâce, avec l’assistance maternelle de Marie.

Le Rosaire est un résumé de l’Évangile, nous orientant vers la fin que nous fait espérer l’Incarnation et la Passion de Notre-Seigneur Jésus‑Christ.

Mais alors le Rosaire supplée à la lecture de l’Écriture et la rend inutile ?

Disons plutôt qu’il la fait désirer, qu’il nous la rend même nécessaire, si nous voulons réellement avoir devant les yeux les mystères que nous devons méditer.

Et puis le Rosaire, comme reflet de la vie de Jésus, est incomplet. On y constate une grande lacune, car il ne dit rien de ce qui est proprement l’Évangile, c’est-à-dire l’enseignement du Sauveur. Cette lacune, il ne pouvait l’éviter, étant une prière qui passe par Marie. Par une dispensation de sa Sagesse, Dieu n’a pas voulu que la Très Sainte Vierge ait pris part ordinairement au ministère de son Fils. Elle apparaît au début, pour solliciter le premier miracle ; elle est debout auprès de la Croix pour être constituée notre Mère par son Fils mourant. Le plus souvent, presque toujours au cours de la prédication, elle est absente. Elle n’avait plus besoin d’être instruite des vérités de l’Évangile telles que Jésus les proposait aux auditeurs, avec mille ménagements appropriés à leur faiblesse. C’était assez que le Messie fût discuté, méconnu, par un peuple récalcitrant ; la Virginité de sa Mère ne devait pas être jetée en pâture à des enquêteurs malveillants. Elle absente, le Rosaire était interrompu.

Mais il en disait assez pour provoquer une curiosité bien légitime. On ne peut être attentif aux mystères de l’Enfance et de la Passion sans être porté invinciblement à considérer l’œuvre de l’homme mûr, celle que faisait présager son Enfance, celle qui l’a conduit à sa Passion. De sorte que l’âme dominicaine, formée par le Rosaire, sera la plus inclinée à se pencher sur l’évangile pour mieux connaître ce que Jésus exige de nous et l’apprendre dans les faits de sa vie, dans son attitude envers les hommes qu’il est venu sauver, dans les paroles où se répand la lumière, et surtout cette révélation que Dieu est un Père, et qu’il est amour : Deus caritas est.

Une fois sur cette voie, le tertiaire dominicain, selon ses facultés et ses loisirs, sera entraîné à la suivre dans les Épîtresdes Apôtres et surtout de saint Paul, dans les Actes qui conduisent l’Église de Jérusalem à Rome où sera fondé le Siège de Pierre, et même jusque dans cette Jérusalem nouvelle, dont saint Jean nous fait entrevoir dans l’Apocalypse la splendeur encore voilée à nos yeux.

Puis ayant constaté avec quelle fermeté saint Paul affirme que la valeur de l’Ancien Testament est de préparer les âmes au Christ, le dévot du Rosaire voudra connaître ces prophéties auxquelles font allusion les évangélistes et les apôtres, il remontera le cours des temps jusqu’à Jérémie, image du Messie méconnu et souffrant, jusqu’à Isaïe qui eût voulu déchirer les cieux pour en faire descendre l’Emmanuel, jusqu’à David, le type du Roi oint de l’onction divine, jusqu’à Moïse, le législateur dont l’œuvre n’est plus qu’une figure. Il atteindra à Abraham, dont la tente plantée dans le désert contenait toute l’Église, et enfin au premier Adam dont le Christ, le second Adam dans l’histoire, mais le premier, par son origine divine, avait expié et réparé la faute. Alors lui apparaît le Dieu créateur, dont les desseins ne sauraient faillir et qui avait annoncé au couple coupable l’avènement du fils de la femme qui devait triompher du serpent. Tout cela, l’Église le lui a appris dès ses plus jeunes années, mais le contact avec le livre inspiré, qui est un contact avec l’Esprit de Dieu, le lui rendra plus vivant et par là même plus vivifiant. Le Rosaire aura porté tous ses fruits.

(extrait de Comment lire la Sainte Écriture par Marie-Joseph Lagrange o.p., La Vie dominicaine, 1936) Extrait de La Vie dominicaine, Saint-Maximin (Var) Juin-Décembre 1936.

L’Écriture en Église, coll. « Lectio divina », n° 142, Éd. du Cerf, Paris, 1990, p. 185-217).
Pour lire ou relire l’article en entier : https://www.mj-lagrange.org/?p=8224

 

 

20 octobre 2021

Fr. Roland de Vaux o.p., éminent savant, archéologue, à l’origine de la découverte des manuscrits de la mer Morte, disciple et ami du père Marie-Joseph Lagrange o.p.

 

12 octobre 2021
« Frères, je n’ai pas honte de l’Évangile, car il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque est devenu croyant » (Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (1,16-25).

C’est seulement après avoir lu ces épîtres, vraiment débordantes de cette émotion qui accompagne l’action, surtout l’action créatrice dans son premier élan surnaturel, qu’on est frappé de l’aspect monumental de l’Épître aux Romains. La construction a été contrariée, mise en question, presque entravée, comme la réparation des murs de Jérusalem, au temps de Néhémie. Maintenant la cathédrale est terminée. Paul, dans un moment où ses églises étaient calmes, a fait la synthèse doctrinale de son ministère comme apôtre des Gentils, toujours confiant cependant dans la promesse dont les juifs étaient dépositaires et qui, un jour, s’accomplira pleinement en eux. Jésus-Christ, source de la grâce, d’une grâce qui est dès à présent répandue dans l’âme du croyant, Jésus-Christ est au centre de cette épître. Il apparaît, au moment où tout semblait désespéré, comme la solution du problème du bien et du mal. Avant lui une volonté infirme qui succombe le plus souvent : après lui, avec lui, en lui, une vie divine qui triomphera de tout par cet amour, dont Dieu est le terme, mais dont il est aussi la source par le don de l’Esprit.

Pourquoi un fils de saint Dominique, un disciple de saint Thomas instruit des valeurs spirituelles se priverait-il de cette lecture ? Le judaïsme s’était scandalisé de cette parole de Jésus : « Soyez parfaits, comme votre Père est parfait » (Mt 5, 48). Et en effet c’était en apparence exiger de la volonté humaine ce que sa faiblesse ne saurait atteindre. Saint Paul nous fait comprendre que notre œuvre tend à la perfection parce qu’elle est moins la nôtre que l’œuvre de l’Esprit, qui agit en nous, qui prie en nous. Si quelque difficulté se présente à vous – et il y en a – et si vous ne pouvez les résoudre ni même les étudier, elles seront absorbées par une sorte d’évidence qu’un dessein du Dieu très bon sur l’humanité ne peut être conçu autrement. (extrait de Comment lire la Sainte Écriture par Marie-Joseph Lagrange o.p., La Vie dominicaine, 1936)

Illustration : Saint Paul par William Morris (19e)

11 octobre 2021
Saint Jean XXIII

Le père Marie-Joseph Lagrange o.p., précurseur du concile Vatican II, « origine d’un nouveau temps pour l’Église » (Jean Guitton, Portrait du père Lagrange)

 

Qu’attendait Jean XXIII du concile ? Il s’est expliqué à profusion sur ce sujet complexe. Mais un jour, il eut ce geste et ce mot éloquants dans leur simplicité franciscaine : « Le Concile ? dit-il en s’approchant de la fenêtre et en faisant semblant de l’ouvrir, j’en attends un peu d’air frais… » « Il faut secouer la poussière impériale qui s’est accumulée sur le trône de saint Pierre depuis Constantin. »  (à un ambassadeur, Les fioretti du bon pape Jean, par Henri Fesquet).

 

 

 

 

10 octobre 2021
L’Évangile de ce jour :
La récompense promise au détachement (Mc 10, 17-30)

En ce jour-anniversaire, comme nous le faisons tous les mois depuis de nombreuses années, en communion avec fr. Manuel Rivero o.p., nous confions nos intentions de prières à l’intercession du père Lagrange et pour « hâter le jour où l’Église reconnaîtra publiquement la sainteté de sa vie, afin que son exemple bienfaisant entraîne nos frères à croire en la Parole de Dieu ».

7 octobre 2021

Tome 143, n° 4 de la Nouvelle Revue Théologique, octobre-décembre 2021, le P. Jean Levie, directeur de la Revue, consacre un bel article sur le P. Marie-Joseph Lagrange.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7 octobre 2021
Notre-Dame du Rosaire
En communion de prières avec nos amis du Pèlerinage du Rosaire

 

« Marie est la fille chérie du Père céleste, la bien-aimée du Saint-Esprit, la
mère et l’amie de Notre Seigneur Jésus, la compagne fidèle de ses joies et
de ses douleurs. Elle est plus belle que les anges, plus pure que la neige
fraîchement tombée, plus souriante que l’aurore. Elle est la Vierge fidèle qui
n’abandonne pas ses serviteurs : quand nous pensons à elle, elle se réjouit
dans son Cœur Immaculé ; quand nous parlons d’elle, elle sourit ; elle se
penchera vers nous, si nous la saluons par une antienne » (P. Lagrange, Journal spirituel).

 

 

 

4 octobre 2021
Saint François d’Assise (1181-1226), fondateur de l’ordre des Frères mineurs (O.F.M.), patron de l’Italie, patron Céleste des écologistes

« Louez et bénissez mon Seigneur, rendez-lui grâce et servez-le en toute humilité ! »

Comme l’ordre des Dominicains, l’ordre des Franciscains est caractérisé par la pauvreté, la prière et la prédication que l’on retrouve dans la vie du père Lagrange :

Homme de foi en la Providence, mystique sûr de l’action de Dieu dans l’histoire humaine, le père Lagrange a mis sa confiance dans la Providence divine. Les conditions de la fondation de l’École biblique de Jérusalem en sont l’exemple le plus parlant. Il savait que les grandes entreprises de Dieu naissent petites. Loin de se décourager face à la pauvreté matérielle ou d’exiger comme condition sine qua non des instruments de travail performants, le père Lagrange met sa confiance en la Providence, comme le décrit le frère Jacques Loew : « Les Supérieurs du Père l’envoient à Jérusalem : quelle joie ce sera de rechercher les traces de Marie à Nazareth ou à Bethléem et d’être comme dans un pèlerinage perpétuel ! Oui, mais le Père est seul, sans argent, sans livres de travail ! Qu’importe : il fonde l’École biblique de Jérusalem. C’est précisément, dira-t-il plus tard, parce que c’était inhumain et qu’il n’y avait rien que cela valait la peine de l’entreprendre, parce que c’était Dieu qui le réaliserait. »  Des professeurs pour enseigner ? Le Père les formera lui-même parmi ses premiers élèves. Des salles de cours ? Un abattoir où les crochets à suspendre les bestiaux se voient au mur. Du matériel scolaire ? Une seule table, un seul tableau noir, une seule carte du pays ! « Notre plus petite école primaire de France est un palais à côté de cette université naissante. Mais, en revanche, quel commencement, dit-il dans son discours, avec l’aide de Madame Sainte Marie et de Monseigneur Saint Étienne, dans la confiance que Dieu le veut! »

Ceux qui ont connu le père Lagrange témoignent de sa pauvreté manifestée dans les petites choses du quotidien. Dans l’Évangile, Jésus enseigne que celui qui est fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes, tandis que celui qui se montre malhonnête dans les petites choses l’est aussi dans les affaires d’importance [1].

Le frère Louis-Albert Lassus, o.p., a cité un exemple de l’esprit de pauvreté du père Lagrange prêt à supporter le froid pour favoriser l’économie du couvent : « Je me rappelle aussi qu’en plein hiver, il demanda au père prieur : Croyez-vous qu’il fasse assez froid pour allumer mon poêle ? »  (Un religieux fidèle à ses vœux par Fr. Manuel Rivero o.p.)

Quand saint François et saint Dominique se rencontrent :  http://www.freres-capucins.fr/Notre-pere-saint-Francois-et-notre.html

 

2 octobre 2021
Prière à mon ange gardien

 

 

À l’exemple du père Lagrange ne manquons d’invoquer notre ange gardien.

« Tous les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur : à lui haute gloire, louange éternelle ! » (Dn 3,58)

Mon ange gardien, bénis le Seigneur ; et bénis-moi qui t’aime !

 

 

 

1er octobre 2021
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses. »

Partie vers le Seigneur, sainte Thérèse ne disparaît pas. Son intercession auprès du seul Sauveur Jésus-Christ, nous attire une pluie de grâces symbolisées par les pétales des roses. Le chrétien, disciple de Jésus, ne peut pas dire « c’est fini » ou « c’est trop tard ». Dans la lumière du Christ ressuscité, ce n’est jamais fini et ce n’est jamais trop tard. Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’espérance. (extrait de la neuvaine à sainte Thérèse de l’Enfant et de la Sainte-Face par Fr. Manuel Rivero o.p. : https://www.mj-lagrange.org/?p=14515

[1] Cf. Évangile selon saint Luc 16, 10. Témoin 31, Rév. Jacques Loew (Cop. Publ., IV, pp. 356-371).

Neuvaine à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face par Fr. Manuel Rivero O.P.

Saint-Denis (La Réunion), le 8 septembre 2021, en la fête de la Nativité de la Vierge Marie.

Neuvaine 2021 à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+30 septembre 1897)

Premier jour

« Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses » (sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus).

Partie vers le Seigneur, sainte Thérèse ne disparaît pas. Son intercession auprès du seul Sauveur Jésus-Christ, nous attire une pluie de grâces symbolisées par les pétales des roses. Le chrétien, disciple de Jésus, ne peut pas dire « c’est fini » ou « c’est trop tard ». Dans la lumière du Christ ressuscité, ce n’est jamais fini et ce n’est jamais trop tard. Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’espérance.

Deuxième jour

« J’allais derrière mon lit dans un espace vide qui s’y trouvait et qu’il m’était facile de fermer avec le rideau … et là je pensais. Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le bon Dieu m’instruisait en secret. » ; « Quelquefois j’essayais de pêcher avec ma petite ligne, mais je préférais aller m’asseoir seule sur l’herbe fleurie : alors, mes pensées étaient bien profondes et, sans savoir ce que c’était de méditer, mon âme se plongeait dans une réelle oraison. (…) La terre me semblait un lieu d’exil, et je rêvais le Ciel. » (sainte Thérèse).

L’oraison est le cœur à cœur avec Dieu. En silence, nous écoutons Dieu qui parle à notre âme. L’oraison est un mot d’origine latine qui veut dire « bouche ». Faire oraison équivaut à partager le souffle de Dieu, le bouche à bouche avec Dieu où nous recevons l’Esprit Saint. Véritable conversation avec Dieu, la prière représente une promenade avec Dieu dans le Paradis.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de l’oraison qui nous unit à Dieu.

 

Troisième jour

« Jésus a mis devant mes yeux le livre de la nature et j’ai compris que toutes les fleurs qu’Il a créées sont belles, que l’éclat de la rose et la blancheur du lys n’enlèvent pas le parfum de la petite violette ou la simplicité ravissante de la pâquerette … J’ai compris que si toutes les petites fleurs voulaient être des roses, la nature perdrait sa parure printanière, les champs ne seraient plus émaillés de fleurettes … Ainsi en est-il dans le monde des âmes qui est le jardin de Jésus. » (Sainte Thérèse).

« Chacun va à Dieu par un chemin virginal », a écrit le poète espagnol Léon Felipe (+1968). Dieu aime l’unité mais pas l’uniformité.

Demandons au Seigneur par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de respecter et d’apprécier l’altérité, la différence des personnalités et des chemins pour arriver à Dieu.

 

Quatrième jour

« En sortant du confessionnal, j’étais si contente et si légère que jamais je n’avais senti autant de joie dans mon âme. Depuis je retournai me confesser à toutes les grandes fêtes et c’était une vraie fête pour moi à chaque fois que j’y allais. » (Première confession de sainte Thérèse à sept ans).

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse la grâce de vivre le sacrement de la réconciliation.

Cinquième jour

Femme de miséricorde, sainte Thérèse intercède pour Pranzini, condamné à mort et exécuté le 31 août 1887. Juste avant sa mort, Pranzini saisit le crucifix présenté par l’aumônier. Thérèse y vit le fruit de sa prière. Elle appela ce condamné « son premier enfant ». Enfant de sa maternité spirituelle.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de la miséricorde et de la prière pour les pécheurs.

Sixième jour

Elle avait déclaré au chanoine Delatroëtte qui lui demandait « pourquoi êtes-vous venue au Carmel ? : « Je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres. ».

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce de vivre la miséricorde envers les prêtres et de prier pour eux.

Septième jour

En apprenant que son père est hospitalisé psychiatrie, sainte Thérèse s’est exclamée : « Notre grande richesse ». Elle sait que cette maladie terrible demandera à la famille de s’unir davantage au Christ dans sa Passion. Il leur faudra davantage d’amour. Mais le Seigneur ne laisse pas les malades sans sa grâce.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, de discerner la présence du Christ Jésus dans les malades et de leur témoigner de notre foi et de notre solidarité dans la souffrance.

 

Huitième jour

Poème envoyé par sainte Thérèse à l’abbé Roulland parti missionnaire en Chine :

« Vivre d’amour, ce n’est pas sur la terre

Fixer sa tente au sommet du Thabor.

Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire,

C’est regarder la Croix comme un trésor !

Au Ciel je dois vivre de jouissance

Alors l’épreuve aura fui pour toujours

Mais exilée je veux dans la souffrance

Vivre d’amour. »

« A lui de traverser la terre,

De prêcher le nom de Jésus.

A moi, dans l’ombre et le mystère,

De pratiquer d’humbles vertus.

La souffrance, je la réclame,

J’aime et je désire la Croix …

Pour aider à sauver une âme

Je voudrais mourir mille fois. »

 

Poème envoyé le 16 juillet 1896, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel.

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, copatronne des missions avec saint François-Xavier, la grâce de devenir disciples-missionnaires de Jésus ressuscité.

Neuvième jour

Malade, Thérèse, à l’infirmerie, chante les miséricordes du Seigneur à son égard. Elle avoue à mère Agnès : « Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance : je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent. »

Demandons au Seigneur, par l’intercession de sainte Thérèse, la grâce d’une bonne mort dans la foi en sa miséricorde.

 

Le père Lagrange et sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face par Manuel Rivero o.p.

1er octobre 2021

Le père Marie-Joseph Lagrange (+1938) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (+1897)

Fr. Manuel Rivero O.P., président de l’association des amis du père Lagrange

Dans son Journal spirituel[1], le père Lagrange cite à deux reprises sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. La première fois, le 30 septembre 1924, alors que Thérèse vient d’être béatifiée par le pape Pie XI l’année précédente, pour lui confier une intention de prière : « Bienheureuse Thérèse de l’Enfant-Jésus, je vous recommande instamment cette bonne Madame Cauvin… Vous voulez passer votre ciel à faire du bien : assistez cette pauvre femme, si abandonnée… ».

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Patronne des missions par Sr Marie de l’Esprit Saint (1892-1982)

L’année suivante, le 16 octobre 1925, Thérèse a été canonisée peu avant par le même pape Pie XI, le père Lagrange écrit : « Lu la vie de sainte Thérèse de Lisieux par elle-même. Première impression étrange. Elle parle tant d’elle, de ses goûts, des signes qu’elle a demandés et obtenus, de sa sainteté… avec tant de fleurettes, de jouets. On se sent si loin de saint Augustin ou de sainte Thérèse d’Avila… Mais le sens de tout cela est ama et fac quod vis. Dans l’immense clarté d’amour divin où elle vivait, elle se voyait si peu de chose qu’elle pouvait parler d’elle sans le moindre amour-propre. Admirable leçon qu’elle donne plus que tout autre saint, avec un abandon d’enfant gâtée… ».

Il faudrait évoquer aussi les commentaires du frère dominicain Ceslas Lavergne à la synopse des quatre évangiles qui date de 1927, dont la traduction du grec relève du père Lagrange. Les trois premiers évangiles, Matthieu, Marc et Luc, sont appelés synoptiques car leurs ressemblances facilitent leur présentation en colonnes parallèles qu’il est possible de regarder « d’un coup d’œil », ensemble. Le père Lagrange avait composé une synopse en langue grecque[2]  des trois évangiles synoptiques plus celui de saint Jean. Son disciple et ami, le père C. Lavergne[3] a publié la traduction française de la synopse grecque des quatre évangiles du père Lagrange en reprenant les traductions et certains commentaires des quatre évangiles du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.

La synopse du père Lagrange a été la première à placer saint Luc suivi de saint Marc et de saint Matthieu, en raison de la valeur historique de saint Luc et de sa juste chronologie.

Dans l’avertissement qui ouvre son ouvrage, le père C. Lavergne explique la méthode utilisée : « Enfin, mon cher maître, m’ayant encouragé à appuyer discrètement sur la note de piété, j’ai eu recours à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Dans un temps où l’Évangile n’occupe pas la place qui lui est due dans les lectures et les méditations des chrétiens, n’est-il pas admirable que cette chère petite sainte, qui paraît si uniquement envahie du pur amour de Dieu, se soit si visiblement complue à cette divine lecture. C’est elle-même qui nous l’a dit : ‘ Puisque Jésus est remonté au ciel, je ne puis le suivre qu’aux traces qu’il a laissées. Ah !  Que ces traces sont lumineuses !  Qu’elles sont divinement embaumées ! Je n’ai qu’à jeter les yeux sur le saint Évangile : aussitôt je respire le parfum de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir. ‘[4] Et elle ajoutait : ‘C’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; là je puise tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux’.[5] »

C’est ainsi que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui ne disposait pas d’une synopse évangélique copiait dans sa cellule du carmel de Lisieux les passages concordants des Évangiles et de la Bible remarquant les ressemblances et les divergences des traductions. Elle aurait aimé pouvoir étudier le grec et l’hébreu pour lire les Écritures dans leur langue originale.

Au terme et sommet de sa vie, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait écrit : « Pour moi, je ne trouve plus rien dans les livres, si ce n’est dans l’Évangile. Ce livre-là me suffit. »[6].

Qu’il est beau de retrouver la même expérience mystique fondée sur la révélation évangélique chez le père Lagrange, bibliste, et chez la carmélite, docteur de l’Église.

Le père Ceslas Lavergne enrichit la présentation de l’Ascension de Jésus au Ciel en citant sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « C’est toi, qui remontant vers l’inaccessible lumière, restes caché dans notre vallée de larmes sous l’apparence d’une blanche hostie, et cela pour me nourrir de ta propre substance, O Jésus ! laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie … ».

Le cardinal Joseph Ratzinger, le 21 septembre 1993, dans le document issu de la Commission biblique pontificale sur l’Interprétation de la Bible dans l’Église, avant de devenir pape en 2005, a mis en valeur l’apport des exégètes à l’interprétation de la Bible. Il a cité le père Lagrange : « Bien que leurs travaux n’aient pas toujours obtenu les encouragements qu’on leur donne maintenant, les exégètes qui mettent leur savoir au service de l’Église se trouvent situés dans, une riche tradition qui s’étend depuis les premiers siècles, avec Origène et Jérôme, jusqu’aux temps plus récents, avec le Père Lagrange et d’autres, et se prolonge jusqu’à nos jours. En particulier, la recherche du sens littéral de l’Écriture, sur lequel on insiste tant désormais, requiert les efforts conjugués de ceux qui ont des compétences en matière de langues anciennes, d’histoire et de culture, de critique textuelle et d’analyse des formes littéraires, et qui savent utiliser les méthodes de la critique scientifique. En plus de cette attention au texte dans son contexte historique originel, l’Église compte sur des exégètes animés par le même Esprit qui a inspiré l’Écriture, pour assurer « qu’un aussi grand nombre que possible de serviteurs de la Parole de Dieu soient en mesure de procurer effectivement au peuple de Dieu l’aliment des Écritures » (Divino Afflante Spiritu, 24 ; 53-55 ; EB 551,567 ; Dei Verbum. 23 ; Paul VI, Sedula Cura 19711). Un sujet de satisfaction est fourni à, notre époque par le nombre croissant de femmes exégètes, qui apportent plus d’une fois, dans l’interprétation de l’Écriture, des vues pénétrantes nouvelles et remettent en lumière des aspects qui étaient tombés dans l’oubli. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus n’a pas été une exégète professionnelle et scientifique. Néanmoins elle a apporté à l’interprétation des évangiles son expérience de Dieu nourrie de la méditation de la Bible. Le pape Benoît XVI dans l’Exhortation apostolique post-synodale Verbum Domini, publié en 2010, a mis en lumière la contribution des saints à l’interprétation de l’Écriture. Il n’a pas hésité à souligner le rôle de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « qui découvre l’Amour comme sa vocation personnelle en scrutant les Écritures, en particulier les chapitres 12 et 13 de la première Lettre aux Corinthiens ; c’est la même sainte qui décrit la fascination qu’exercent les Écritures : ‘ Je n’ai qu’à jeter les yues sur le saint Évangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir (Histoire d’une âme, Ms C, f.35 verso)’ . » (n° 48).

[1] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Paris, Cerf, 2014.

[2] Synopsis Evangelica. Textum graecum quattor Evangeliorum recensuit et juxta ordinem chronologicum Lucae praesertim et Iohannis concinnavit. R.P. Maria-Josephus Lagrange, O.P., sociatis curis R.P. Ceslas Laverge, ejusdem ordinis. 1 volume in-4°, Paris. Gabalda.

[3] Synopse des quatre évangiles en français d’après la synopse grecque du R.P. M.-J. Lagrange O.P. par le R.P. C. Lavergne, O.P. Trente-huitième mille. Paris. Librairie Lecoffre. J. Gabalda et Cie, Éditeurs. Rue Bonaparte. 90. 1942.

[4] Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Histoire d’une âme, écrite par elle-même, ch. XI.

[5] Ibidem, chapitre VIII.

[6] Saint Thérèse de ‘Enfant Jésus. Novissima verba, 15 mai 1897.

Écho de notre page Facebook : septembre 2021

L’Évangile selon saint Luc par fr. Marie-Joseph Lagrange o.p.

Extrait de Comment lire la Sainte Écriture ?
paru dans La Vie dominicaine
Saint-Maximin (Var) Juin-Décembre 1936

Pendant que Pierre annonçait l’Évangile à Rome surtout aux juifs qui y étaient très nombreux, Paul, au moment où il s’apprêtait à anéantir le christianisme naissant à Damas, fût éclairé par Jésus-Christ en personne, converti, destiné à convertir ses coreligionnaires, et plus encore les païens. Antioche était alors la reine de la Syrie, l’intermédiaire du commerce entre l’Orient indépendant de Rome et le grand empire gréco-latin. Elle était aussi le principal foyer de la culture grecque après Athènes et Alexandrie. C’est là que les disciples de Jésus furent nommés Chrétiens. Ces nouveaux convertis se souciaient peu des origines juives de l’Évangile : elles eussent été plutôt un obstacle. Ce qu’attendaient les âmes religieuses, mal satisfaites de religions impures, même sous leur forme la plus élevée, c’était un Sauveur, qui leur accordât le pardon de leurs péchés, qui les aidât à pratiquer une vie meilleure. Les juifs leur avaient offert de les initier à leur Loi, mais à la condition d’être incorporés au judaïsme. Ils comprenaient mal que le Dieu créateur du monde n’eût pas disposé en faveur de tous les hommes une religion universelle, embrassant toutes les nations, demeurées libres de rester ce qu’elles étaient dans l’ordre humain.

C’est précisément ce que prêchait Paul, qu’il n’y avait plus ni juifs, ni Grecs, mais seulement des fidèles du Christ, associés par la foi à sa mort et à sa résurrection. Ajoutons que l’élite intellectuelle de ces convertis avait été formée dans le culte des Bonnes-Lettres. Plus le thème du discours était élevé, plus sa composition devait être ordonnée, chaque genre suivant ses règles. Déjà on avait inauguré le genre de la biographie des hommes célèbres. Athènes, et plus encore Rome, avaient le culte de ces grands esprits ou de ces grands capitaines qui avaient inauguré de nouveaux systèmes de philosophie ou de religion, qui avaient défendu et agrandi la patrie. Si Jésus n’avait pas régné par les armes, sa pensée avait inauguré des rapports nouveaux entre Dieu et les hommes, entre tous les membres de l’humanité. Il avait donc droit à une biographie plus conforme au genre historique que la polémique de Matthieu ou les traits épars recueillis par Marc d’après la prédication de Pierre. Précisément, Paul avait parmi ses compagnons un médecin qui probablement s’était attaché à lui pour le soigner et avait été associé à son activité apostolique. Sorti de la gentilité avec une culture déjà complète, il se proposa d’adresser à un homme distingué, comme c’était l’usage, une esquisse de la vie de Jésus-Christ qui fixât par écrit ce que savaient pour en avoir été témoins, les premiers apôtres. Sous leur patronage, les chrétiens de l’avenir pourraient garantir la vérité des faits, à peu près dans l’ordre où ils s’étaient passés.

On voit quel programme s’imposait au médecin Luc. Il n’avait pas à exposer la doctrine particulière de Paul postérieure à la prédication de Jésus. Il n’avait pas non plus à rechercher toutes les influences sous lesquelles s’était formée la pensée et la vie religieuse du Christ, puisque, Fils de Dieu incarné, il tenait d’en haut les dons propres à son ministère. Mais la nouveauté même de son enseignement devait mieux paraître en le comparant à celui de ses adversaires ; sa vie devait mettre en scène dans une certaine mesure les Pharisiens et les Sadducéens, Hérode la principale figure d’un petit état, et ses successeurs. Cependant, comme l’Évangile s’adresse à toute la terre habitée, c’est-à-dire avant tout à l’empire romain, Luc élargit le cadre palestinien et rattache l’origine de l’Évangile aux destinées de l’empire. Avec une hardiesse inouïe, il met au-dessus d’Auguste, tant de fois salué bienfaiteur du genre humain, l’enfant né dans une étable comme le véritable Sauveur. Sa généalogie ne remonte pas seulement à Abraham, elle commence à Adam, le premier père, sorti des mains de Dieu.

À lire saint Matthieu, le Christ était venu pour accomplir la promesse faite par Dieu à Israël. Les Gentils ne pouvaient alléguer ce titre, en quelque sorte légal. Pourquoi donc le Messie des juifs, le Christ, était-il venu les chercher ? Au titre de sa miséricorde pour les pécheurs. De là, dans le troisième évangile, tant de traits où les anciens pères dans leurs homélies, ont vu des appels de la bonté divine, devenue dans l’homme-Dieu une véritable compassion, une souffrance du cœur envers la misère physique et surtout morale. Rappelez-vous Jésus consolant la veuve de Naïm : Ne pleurez pas ! Voyez la pécheresse en larmes à ses pieds, et Lui récompensant ce grand amour par le pardon. Lisez et relisez la navrante aventure du fils prodigue, où éclate la joie du Père qui recouvre son enfant, en face de la froideur du fils aîné, qui n’a jamais eu rien à se faire pardonner, ne se doutant pas que cette protestation contre la miséricorde est une grave offense.

Les Gentils, même l’austère romain saint Grégoire, ne pouvait lire ces histoires sans pleurer, parce que dans le coupable que poursuivait Jésus de son amour, ils croyaient reconnaître leur monde à eux, cette gentilité qui avait vécu sans Loi religieuse, et qui n’avait qu’à croire à un amour éternel pour obtenir son salut.

Naturellement Luc, en quête de témoignages assurés, ne pouvait négliger celui de Pierre, déjà fixé par saint Marc, et il s’est servi du second évangile. Mais sa fidélité envers cette source de premier ordre nous garantit qu’il n’a pas été moins prudent, et, comme on dit aujourd’hui, moins critique dans ses enquêtes auprès des autres, de ceux qui ont tout vu dès le commencement et ont été les ministres de la parole.

Dès le commencement ! Quel témoin a connu le commencement de l’Évangile dont Jésus-Christ était le sujet ? Une seule personne, Marie sa mère, dont Dieu a voulu avoir le consentement, avant de réaliser l’œuvre de la bonne nouvelle. Et lorsque Luc souligne par deux fois[1] que Marie conservait dans son cœur tout cela, paroles et faits, selon le sens compréhensif du terme hébreu, n’est-ce pas une manière délicate de nous dire qu’il reproduit les confidences de Marie, peut-être déjà écrites par un très ancien ami parmi les âmes choisies de Nazareth ou de l’entourage de Zacharie.

C’est donc à saint Luc, et, par lui à Marie, que les âmes dominicaines doivent les cinq mystères joyeux qu’elles s’attachent à contempler. Une fois entrées en communication avec cet écrivain si éclairé sur ces mystères elles reconnaîtront dans le troisième évangile les mêmes touches émues et délicates qui attendrissent le cœur et le remplissent d’une immense espérance dans son Sauveur.

Et certes voilà un fruit bien suffisant de la lecture de ces pages qui ont leur source dans une âme vierge. Faut-il ajouter, non pour satisfaire le simple goût littéraire exprimé par Renan, qui jugeait ce petit livre exquis, mais pour mieux comprendre sa place dans le chariot sacré des Quatre, que Luc a résolu de la façon la plus heureuse le problème de faire comprendre et goûter aux Grecs une histoire juive, sans altérer en rien son inviolable vérité ? Selon un canon d’élégance reçu chez les partisans des Attiques, il n’entre pas dans des détails qui paraissent superflus, peu dignes de la grande histoire. Il a donc suivi Marc en l’abrégeant, en prêtant quelque élégance aux tournures de ce paysan illettré. Quand un trait était trop propre à la Palestine, il a quelque peu transformé l’image. On ne voit pas chez lui un torrent dévastateur amené par une simple pluie[2], c’est un fleuve qui déborde. Les toits rustiques de Galilée faits de terre tassée[3] sont par Luc, ornés de tuiles. Bien d’autres traits sont caractéristiques par l’exclusion de certains mots, moins goûtés, moins élégants. Luc n’affecte pas, comme plus tard Victor Hugo, de mettre sur le même rang les termes nobles et les termes roturiers.

Amusez-vous, si vous en avez le goût, à poursuivre ces minuties : vous en retirerez du moins ce résultat de vous convaincre de la solidité du fond, garantie parce que les changements ne portent pas sur le sens, tel que Marc, par exemple, l’avait fait ressortir sous une forme plus vulgaire, probablement plus primitive, même s’il s’agit des paroles de Jésus. Le Maître mesurait avec une condescendance délicate son enseignement à la capacité de ses auditeurs. Son évangéliste a eu la même indulgence pour des goûts plus délicats.

Les trois premiers évangiles annonçaient clairement, de la part de Jésus, et avant que sa génération eût disparu, la ruine de Jérusalem et du Temple. Ce n’est pas, comme les juifs d’aujourd’hui se complaisent à le dire, que leurs ancêtres aient été chassés de leur pays. L’accès de Jérusalem seul leur fût interdit ; le culte du Dieu d’Israël au mont Sion n’existait plus, en attendant qu’il fût remplacé par celui de Jupiter Capitolin. Une saine critique affirme que les trois premiers évangiles sont antérieurs à cet événement capital, car nulle part ils ne font gloire au Christ de sa prophétie accomplie ; elle est plutôt enveloppée dans la perspective de la fin du monde. Cette perspective flottante est l’une des énigmes les plus difficiles que vous rencontrerez en lisant l’Évangile : elle est cependant la preuve la plus solide que les évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc sont antérieurs aux faits et émanent par conséquent de la génération à laquelle a appartenu Jésus.

mj-lagrange.org
[1] Lc 2,19 ; 2,51.
[2] Mt 7, 25 ; Luc 6, 49.
[3] Mc 2, 4 ; Luc 5, 19.

Illustration : Saint Luc. Basilique St-Étienne à Jérusalem par Joseph Aubert (1843-1924).

 

21 septembre 2021
Et Jésus, s’éloignant de là, vit un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu. Et il lui dit : « Suis-moi ! » (Matthieu 9, 9-13).

 

Il a fallu l’humilité reconnaissante du premier évangéliste – et cela est bien près d’être une signature – pour donner ici à Lévi le nom de Matthieu, en ajoutant dans le catalogue officiel des apôtres sa qualité de publicain. Que le même homme ait porté deux noms, cela est rendu vraisemblable par un usage assez courant. Mais qu’il donc difficile même aux chrétiens de comprendre que l’appel de Jésus est le plus noble de tous les titres.

Donc, Jésus, passant au bord du lac, aperçut Lévi, fils d’Alphée, faisant son office de publicain. Il lui dit : « Suis-moi ». L’homme se lève et le suit. Il suit Jésus, et son obéissance est joyeuse.

(Marie-Joseph Lagrange op. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 154.)

 

 

19 septembre 2021
Et s’étant assis, il (Jésus) appela les Douze et il leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous, et le serviteur de tous. » (Marc 9, 35)

Dans son ouvrage L’Évangile selon saint Marc (1911) le P. Lagrange écrit : Jésus s’assied, moins comme docteur que parce qu’on a marché. Il a posé la question en rentrant, à ceux qui étaient les plus proches. Peut-être qu’un groupe seulement avait pris part à la discussion, mais la leçon convient aux Douze. Il ne s’étonne pas de la préoccupation des disciples, et ne conteste pas le principe de la hiérarchie, mais il insinue l’esprit nouveau qui doit animer les chefs. […] La pensée de Jésus revêt une forme un peu paradoxale. Vous voulez être le premier ? soyez donc le serviteur de tous… ce qui veut dire : plutôt que de viser aux honneurs, allez aux fonctions humbles et charitables. L’ambition se colore du désir d’être utile ? soyez donc utiles en vous faisant les serviteurs de tous, ambition légitime, et parfaitement pure si vous cherchez la dernière place.

 

18 septembre 2021

 

Bienheureuse Vierge Marie

« Ô bienheureuse Mère, donnez-moi, je vous prie, un humble sentiment de moi-même, plus d’amour de Dieu : j garderai le silence et parlerai, mais, avec vous et Jésus. »
(Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 173.)

 

 

 

 

15 septembre 2021
Notre Dame des Douleurs

« Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » (Jean 19, 26-27)

Le terme de « femme » peut nous choquer mais le père Lagrange le situe dans le contexte de la culture juive :

Ce terme de femme sonne plus doucement aux oreilles d’un Oriental qu’aux nôtres. Et Jésus, se séparant de sa mère, ne veut plus lui donner ce nom très doux. Cela aussi fait partie de son sacrifice. Sa pensée est de la confier à celui qu’il aime le mieux, par qui elle sera le mieux comprise quand elle parlera de son vrai fils. Étant très jeune, son affection sera à la fois plus respectueuse et plus tendre. Il devra donc la regarder vraiment comme sa mère : « Voilà ta mère ». Et depuis ce moment le disciple la prit chez lui. Quelle union entre eux fut créée par cette parole et par ce souvenir ! tous les chrétiens, devenus frères de Jésus par le baptême, sont donc aussi fils de Marie. Ils s’approchent de la croix, s’entendent dire cette parole : « Voilà votre Mère ! » Et ils savent, et ils éprouvent que Marie les traite vraiment comme des fils.

(Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du rosaire par Fr. Manuel Rivero op, p. 116, et L’Évangile de Jésus Christ avec la Synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange op, p. 626.)

Illustration : La Vierge Marie et saint Jean au pied de la Croix (1520) par Jacob Cornelisz van Oostsanen.

 

14 septembre 2021
La Croix glorieuse

« De de même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle. » (Jean 3, 14-15)

Dans son évangile selon saint Jean, Lecoffre, 1936, le père Lagrange développe ainsi ces deux phrases :

L’allusion au serpent d’airain est très claire, et Jean n’emploie jamais ce mot que pour signifier l’exaltation de la Passion. […] Il est possible cependant qu’il ait choisi ce mot à cause de son sens d’exalter – non parce que l’exaltation du Christ a suivi sa passion, car la gloire n’est pas ici dans la perspective – mais parce que la Croix était déjà pour Jésus une exaltation ; il y devait être élevé comme sauveur, afin que chacun puisse élever aussi les yeux vers lui par la foi. […] En effet les Hébreux qui se tournaient vers le serpent n’étaient pas guéris par lui, mais par Dieu (Sg 16,7), tandis qu’ici la foi devra procurer en lui la vie éternelle. Tout cela est encore au futur, c’est un décret divin qui ne manquera pas d’être exécuté ; la pensée de Jean est clairement de placer le verset 14 dans la bouche de Jésus. La transition se fait au verset 15, complément logique du précédent, mais qui introduit le but de l’évangéliste (20, 31). Il faut reconnaître que la transition est presque imperceptible, étant ménagée par le « Fils de l’homme », désignation qui n’étonne pas de la part de Jésus, mais qui est posée à la troisième personne. Il semble donc que la contemplation où l’évangéliste allait entrer ait déjà influé sur les expressions du verset 15.

[…] Avec Nicodème on dirait presque qu’il se met en frais pour le convaincre. Il expose à ce maître le caractère spirituel de sa doctrine, il lui laisse entrevoir sa mission, sa passion comme source de grâce ; il ne dédaigne pas de prendre un point d’appui sur l’Ancien Testament en citant le serpent d’airain, figure du salut. Tout cela se heurte à la résistance passive du docteur. Il est donc bien le type du judaïsme érudit de Jérusalem. Le type, non le pur symbole, car rien n’autorise à douter de son individualité, pas plus que celle des apôtres, qui sont aussi des types de Galiléens ardents et prompts.

Illustration : Exaltation de la Sainte Croix (icône, détails)

 

10 septembre 2021

 

 

Malgré nos soucis, non, nous ne l’oublions ce jour-anniversaire où nous prions ensemble, avec fr. Manuel Rivero, pour la prochaine glorification du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange o.p.

Confions au Seigneur et à Marie Immaculée par l’intercession du P. Lagrange toutes les intentions que nous portons dans notre cœur.

 

 

 

7 septembre 2021
Chers frères et soeurs

Voici le dernier bulletin de santé du fr. Timothy. Faites circuler largement et continuez à demander que l’on prie pour lui par l’intercession du P. Lagrange.

  1. Jean Jacques, op

Bulletin de santé du 7 septembre 2021

Chers tous,
Je viens de rentrer de ma visite à Timothy à l’hôpital. Ayant vu une série de médecins (docteurs, physiothérapeutes, infirmières) à mon arrivée, il était assez fatigué, mais souriant et alerte.

Après le récent revers considérable (une infection), les médecins se sentent à nouveau prêts, bien qu’avec beaucoup de prudence, à commencer à essayer de faire avaler dans les prochains jours. Aujourd’hui, il sirote de l’eau ; demain, si tout va bien, il boira un autre liquide clair, comme un café noir. Il fera de bons progrès s’il peut prendre de la purée d’ici le week-end. Si tout continue à se dérouler comme prévu jusqu’au début de la semaine prochaine, cela remettrait Timothy en vue d’un retour à la maison. Mais les médecins ne peuvent pas prendre le risque d’une nouvelle infection, et rien ne garantit qu’il n’y aura pas d’autres retards.

Timothy demande donc cette fois-ci des prières pour que la trajectoire de la déglutition puisse se poursuivre sans être entravée par d’autres infections gênantes.

Avec tous mes vœux,

Fr. Bede, op, infirmier à Blackfriars

Jean Jacques Pérennès, op
Directeur
École biblique et archéologique française de Jérusalem
83-85, Nablus Road (Derekh Shekhem)
POB 19053
Jérusalem 9119001

Par fr. Manuel Rivero o.p.

Photos : fr. Timothy et P. Lagrange

 

1er septembre 2021
News from Oxford! Timothy himself has written this message to all those following his progress.

« I am really grateful to my brethren for keeping you informed about how things have gone but after more than two weeks I thought it might be good to send a brief word myself.

« The operation has gone well. The medical staff are wonderful. I hope to be able to come home fairly soon, but it all depends upon being able to begin to eat safely. So it would be wonderful if you could pray for this especially now. All my nutrition still comes down a tube down my neck.

[…]

« I have not tasted food or drink (bar a wildly exhilarating gulp of apple juice) since I arrived here. The most exciting sensory moments of the day are the feel of hot water when I wash my hands, and the slightly alcoholic hint of the hand sanitiser! I might become addicted.

« With my love and thanks for your prayers, of gratitude that all has gone well so far, and that I might begin to eat!

« Timothy »

Par fr. Manuel Rivero o.p.

Nouvelles de frère Timothy Radcliffe o.p., ancien Maître de l’Ordre

Le 30 août 2021
Bonjour,
Le frère Jean-Jacques nous donne des nouvelles. Continuons de prier le Christ pour lui et pour tous les malades. Puisse l’intercession du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’Ecole biblique de Jérusalem, attirer sur eux la grâce de la foi et de la guérison.
Fr. Manuel
Chers frères et soeurs,
Je vous ai écrit le 15 août dernier, veille de l’opération chirurgicale du fr. Timothy Radcliffe et viens vous donner des nouvelles que je vous invite à faire circuler largement.
Le fr. Timothy a donc été opéré le lundi 16 août à Oxford : très lourde opération, mais qui s’est bien passée. Après une journée en soins intensifs, il est maintenant dans un service spécialisé dans la chirurgie maxillo-faciale. Je reçois un bulletin de santé par semaine et ai pu ce matin échanger avec un frère ami du couvent d’Oxford qui lui rend visite. Le fr. Timothy récupère normalement, commence à pouvoir parler quelques minutes, à pouvoir avaler un peu d’eau, mais est très vite fatigué. Il est nourri par sonde nasale.
Les frères d’Oxford peuvent lui faire une très brève visite. Cela a permis de lui dire combien de frères, de soeurs et d’amis prient pour lui demandant l’intercession du P. Lagrange pour sa guérison (cf. texte joint). Le pape François, informé le 17 août, a immédiatement envoyé un petit message manuscrit pour assurer le fr. Timothy de sa prière et de son soutien. Votre prière à tous et toutes lui est aussi évidemment très précieux. Continuons à demander au Seigneur que ce frère dont la voix parle de l’Evangile à tant de nos contemporains puisse continuer à se faire entendre. Mais le chirurgien avait parlé de 18 mois de récupération. On verra.
fraternellement
fr. Jean Jacques, op
Le mar. 17 août 2021 à 12:41, Jean Jacques Pérennès a écrit :
Chères sœurs moniales,
Chers frères
L’opération du fr. Timothy s’est bien passée et il devrait sortir aujourd’hui des soins intensifs.
Merci de faire suivre l’information et de continuer la neuvaine au père Lagrange.
Je vous tiendrai informé régulièrement.
Fraternellement
Fr. Jean Jacques
 
Merci, cher frère Jean-Jacques, pour ces nouvelles que j’attendais avec beaucoup d’autres personnes dans la prière au Christ, en confiant notre frère Timothy à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange O.P..
Fr. Manuel

Prière pour frère Timothy Radcliffe o.p.

Chers frères, Chères soeurs, Chères amies, Chers amis,

Fr. Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, nous informe avoir eu une longue conversation zoom avec frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre. Fr. Timothy doit subir lundi prochain, 16 août, une très grave opération car son cancer à la joue d’il y a quelques années s’est maintenant diffusé dans sa mâchoire qu’il va falloir enlever et remplacer des os prélevés dans la jambe + greffe de peau, etc. Une très grosse opération qui doit durer la journée et pourrait le laisser plusieurs mois sans pouvoir parler, ni peut-être manger. Le chirurgien a parlé de 18 mois de récupération. Le fr. Timothy est serein mais grave aussi, car nul ne sait comment tout cela va évoluer.

Fr. Jean-Jacques Pérennès lui a dit que nous allions intercéder auprès du P. Lagrange qui a besoin d’un miracle pour être béatifié. Inscrivons dans notre prière cette intention particulière pour frère Timothy.

Fraternellement,

Fr. Manuel Rivero o.p.

Écho de notre page Facebook : août 2021

 

30 août 2021
Prédication de Jésus à Nazareth (Luc 4, 16-22 commenté par le père Lagrange o.p.)

Jésus entra donc dans la synagogue, selon son habitude, dit saint Luc, car il avait certainement toujours été assidu à ces offices religieux. On connaissait sa piété. On savait que, loin d’être illettré, il employait à l’occasion les textes sacrés pour édifier ses parents et ses connaissances. Lorsqu’il se présenta pour lire, le serviteur ne fit aucune difficulté de lui remettre le rouleau sacré des Écritures, qui est encore aujourd’hui le trésor de chaque synagogue. Il le déroula avec respect, et s’arrêta comme par hasard à un passage du prophète Isaïe :

L’Esprit du Seigneur est sur moi,
parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ;
il m’a envoyé proclamer aux captifs la délivrance
et aux aveugles une vue claire,
renvoyer libres les opprimés,
proclamer une année de grâce du Seigneur.

Saint Luc a cité d’après la traduction grecque. Jésus a dû lire en hébreu, et traduire ensuite le passage dans le dialecte araméen de Galilée. C’était la proclamation d’une bonne nouvelle. Dieu allait intervenir ; une sorte de jubilé commençait. Le prophète pensait moins au retour de Babylone qu’au bonheur promis au peuple à l’époque messianique, empruntant ses images aux souffrances endurées de son temps : pauvreté, captivité, cécité, surtout morale, oppression par des vainqueurs ou des maîtres impitoyables. Jésus expliquait comment cette Écriture était désormais accomplie, laissant entendre avec délicatesse que c’était bien lui qui était le messager de cette grâce.
Il en paraissait si digne que « tous lui rendaient hommage et admiraient les paroles remplies de grâce sorties de sa bouche ».

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, éd. Artège-Lethielleux, 2017, p. 136)

Illustration :  L’Esprit du Seigneur est sur moi, source Passionnistes de Polynésie.

30 août 2021

Bonjour,
Le frère Jean-Jacques nous donne des nouvelles. Continuons de prier le Christ pour lui et pour tous les malades. Puisse l’intercession du père Lagrange, dominicain, fondateur de l’Ecole biblique de Jérusalem, attirer sur eux la grâce de la foi et de la guérison.
Fr. Manuel
Chers frères et soeurs,
Je vous ai écrit le 15 août dernier, veille de l’opération chirurgicale du fr. Timothy Radcliffe et viens vous donner des nouvelles que je vous invite à faire circuler largement.
Le fr. Timothy a donc été opéré le lundi 16 août à Oxford : très lourde opération, mais qui s’est bien passée. Après une journée en soins intensifs, il est maintenant dans un service spécialisé dans la chirurgie maxillo-faciale. Je reçois un bulletin de santé par semaine et ai pu ce matin échanger avec un frère ami du couvent d’Oxford qui lui rend visite. Le fr. Timothy récupère normalement, commence à pouvoir parler quelques minutes, à pouvoir avaler un peu d’eau, mais est très vite fatigué. Il est nourri par sonde nasale.
Les frères d’Oxford peuvent lui faire une très brève visite. Cela a permis de lui dire combien de frères, de soeurs et d’amis prient pour lui demandant l’intercession du P. Lagrange pour sa guérison (cf. texte joint). Le pape François, informé le 17 août, a immédiatement envoyé un petit message manuscrit pour assurer le fr. Timothy de sa prière et de son soutien. Votre prière à tous et toutes lui est aussi évidemment très précieux. Continuons à demander au Seigneur que ce frère dont la voix parle de l’Evangile à tant de nos contemporains puisse continuer à se faire entendre. Mais le chirurgien avait parlé de 18 mois de récupération. On verra.
fraternellement
fr. Jean Jacques, op

13 août 2021
Prière pour frère Timothy Radcliffe o.p., ancien Maître de l’Ordre

Chers frères, Chères sœurs, Chères amies, Chers amis,

Fr. Jean-Jacques Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, nous informe avoir eu une longue conversation zoom avec frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre. Fr. Timothy doit subir lundi prochain, 16 août, une très grave opération car son cancer à la joue d’il y a quelques années s’est maintenant diffusé dans sa mâchoire qu’il va falloir enlever et remplacer des os prélevés dans la jambe + greffe de peau, etc. Une très grosse opération qui doit durer la journée et pourrait le laisser plusieurs mois sans pouvoir parler, ni peut-être manger. Le chirurgien a parlé de 18 mois de récupération. Le fr. Timothy est serein mais grave aussi, car nul ne sait comment tout cela va évoluer.

Fr. Jean-Jacques Pérennès lui a dit que nous allions intercéder auprès du P. Lagrange qui a besoin d’un miracle pour être béatifié. Inscrivons dans notre prière cette intention particulière pour frère Timothy.

Fraternellement,

Fr. Manuel Rivero o.p.

 

15 août 2021

 

Magnificat !
L’Assomption de la Vierge Marie et son Couronnement
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles »

Magnificat ! Tout y coule de source, et l’Église admirera toujours le sentiment religieux de l’humble servante qui ne voit que Dieu dans la gloire qui l’attend ; Elle a compris la bonté de Dieu pour les petits, et sa compassion pour les pauvres. Ce seront les sentiments de Jésus.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, p. 54.)

Illustration : Le Couronnement de la Vierge Marie (détail) par Fra Angelico

 

10 août – Jour-anniversaire de la naissance au Ciel du père Lagrange
Il y a 83 ans, le 10 mars 1938, le père Lagrange « est entré dans la joie de son MaîtreEt, plus que jamais, nous comptons sur lui ». (F. M. Braun. L’Œuvre du père Lagrange – Étude et bibliographie. Imprimerie St-Paul Fribourg. 1943.)

En union de prières avec fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange, qui célèbre la messe de ce jour aux intentions de ceux qui se confient à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p. et pour la béatification de ce grand Serviteur de Dieu dont le dossier se trouve actuellement déposé à la Congrégation pour la cause des saints à Rome. (Voir la prière site internet : www.mj-lagrange.org)

Aujourd’hui, nous partageons la prière de tous ceux qui ont connu le père Olivier Maire, prêtre montfortain, diocèse de Luçon, apôtre des pauvres, assassiné le 9 août. Que le Seigneur l’accueille en sa lumière ! Prions pour son assassin dont le parcours de vie l’a certainement amené à accomplir cet acte horrible et imprévisible.

Illustration
Notre-Dame des Douleurs.
Cardinal R. Sarah : « Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance, il n’est même pas venu l’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. » Paul Claudel

 

8 août 2021
Révélation de l’eucharistie

« Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel. ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra à jamais, et le pain que je donnerai est ma chair [livrée] pour la vie du monde. » (Jean 6,51)

Ce que Jésus avait dit à la troisième personne, il se l’attribue ouvertement : […] parce que Jésus est descendu du ciel ; ne pas mourir est expliqué positivement de la vie spirituelle, germe d’immortalité bienheureuse. […] C’est qu’en effet la manducation du pain de vie, considérée jusqu’à présent d’une façon abstraite, est présentée maintenant comme un don formellement promis pour l’avenir. L’allusion à l’eucharistie est évidente, et ne peut être méconnue par personne. […] Le texte étant ce qu’il est, le second sens en découle naturellement. Jean a exprimé la vie à chacun, c’est l’immolation de la chair qui donne la vie au monde […]. « L’idée de la passion et celle de l’eucharistie sont aussi étroitement associées dans notre évangile que dans Paul (1 Cor. 11, 24-25) et dans les relations synoptiques de la dernière cène.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 183.)

 

6 août 2021
À l’occasion du 800e anniversaire du retour à Dieu de Notre Père Saint Dominique, nous prions pour la famille dominicaine.

« Ô Jésus, augmentez mon amour. Marie, ma Mère, Je suis à vous « addictus ». Que tous mes frères vous aiment autant que vous aimait notre bienheureux père saint Dominique. Journal spirituel, Marie Joseph Lagrange o.p.

« Autour de Dominique se tissait une zone de lumière ; il ne s’agit pas ici de l’astre qui a brillé sur son front, nimbe céleste de sa future sainteté, mais de cette source étonnante de rayons spirituels génératrice des foyers de la foi, de ce reflet de la « lumière »du Christ qui fascinait et suscitait conversions et vocations. L’étoile de Dominique, prodigieux novateur, réformateur, réalisateur, révolutionnaire, a projeté à travers les âges une telle clarté qu’elle est devenue par ses Fils innombrables la véritable Voie lactée de la chrétienté. » (Jean Girou, Saint Dominique, Révolutionnaire de Dieu, Albin Michel, 1959.)

Une œuvre remarquable magistralement décrite par Fr. Gianni Festa o.p., Postulateur général de l’Ordre

La “Tavola della Mascarella” est ainsi appelée parce qu’elle a toujours été conservée à Bologne dans l’église de Santa Maria della Mascarella, qui fut le premier lieu où Saint Dominique et ses compagnons, arrivés à Bologne pendant l’hiver 1218, ont vécu pendant quelques mois.

La Tavola été peinte à la détrempe sur un panneau de 43 × 572 cm, peu après la canonisation de Dominique (juillet 1234) et, selon nos connaissances actuelles, c’est la plus ancienne représentation du saint et de ses frères. Elle a été peinte par un maître de l’Italie du Nord vers 1235-1240 et représente saint Dominique avec une auréole au centre, et à ses côtés, sont représentés, par paires dans des niches, ses frères prêcheurs (24 : 12 + 12), tous assis à une table pleine de pains. Les frères, dans la représentation des visages par le peintre anonyme, semblent provenir de diverses régions d’Europe : peut-être le peintre les avait-il vus lors d’un chapitre général (à cette époque, les chapitres généraux de l’Ordre se tenaient alternativement à Bologne et à Paris). La signification du tableau est inspirée du Prologue de la légende de Pietro Ferrandi (inspiré de la Bulle de canonisation du Saint) :

« Une fois Dieu, invitant en divers lieux et de bien des façons ses élus à un banquet éternel, dans les derniers jours, c’est-à-dire à la onzième heure, a envoyé son serviteur pour dire à ses invités de venir, car tout était désormais prêt. Selon l’interprétation de Saint Grégoire le Grand, ce serviteur est un Ordre de prêcheurs, qui doit être envoyé, dans les derniers temps, pour avertir les âmes des hommes de la venue imminente du Juge. En fait, l’Écriture a prédit qu’il y aurait un nouvel Ordre des prêcheurs, et a clairement indiqué qu’il devrait être envoyé au bout du monde, en affirmant : « Il envoya son serviteur à l’heure du souper. L’heure du souper est la fin du monde, nous sommes ceux pour qui la fin des temps est arrivée. Un nouvel ordre a donc été envoyé à l’heure du souper, c’est-à-dire dans les derniers jours. […] Ce sont les Prêcheurs : la Providence divine a prévu leur Ordre pour les dangers de ces derniers temps, afin que, alors qu’approche le jugement de celui pour qui, dans l’humiliation, le jugement a été refusé, le nombre des témoins augmente ». »

Nous nous trouvons donc devant la plus ancienne image de ce qui était, au moment de la canonisation de saint Dominique, la compréhension de sa mission au sein de l’Église.

Fr. Gianni Festa, OP
Illustration : La Tavola della Mascarella

 

4 août 2021
Saint Jean-Marie Vianney, dit le Curé d’Ars

L’influence du saint curé d’Ars (1786-1859) dans la vie et dans l’œuvre du père Lagrange

Dès sa tendre enfance, la vie d’Albert Lagrange a été marquée par le curé d’Ars, comme il le raconte dans son Journal spirituel. Sa mère, Élisabeth, qui avait déjà perdu deux bébés, craignant pour la vie de son fils l’avait conduit à Ars : « Je suis né le 7 mars, jour de la Saint-Thomas ; j’ai été baptisé le 12, fête de saint Grégoire et, selon l’usage, sans doute consacré à Marie à l’autel de la Vierge noire. Je me trouvais donc, dès le début sous la protection de saint Joseph. Ma mère m’a mis en vœu pendant trois ans, me faisant porter le bleu et le blanc en l’honneur de Marie. Quelle douce pensée, et n’est-ce pas l’origine de sa tendresse pour moi !  Mes parents m’ont amené en pèlerinage à Ars, le saint curé m’a béni, et peut-être guéri d’une fatigue d’entrailles. »

Selon le frère L.-H. Vincent o.p., disciple, confident et ami du frère Lagrange pendant quarante-cinq ans, le curé d’Ars aurait dit à sa maman : « L’enfant ne mourra pas, il deviendra un jour une lumière pour l’Église. » La sœur du frère Lagrange, Thérèse Lagrange, affirmait tenir ces paroles de sa mère peu avant la mort de celle-ci.

Au cours de l’été 1879, avant d’entrer dans l’ordre de saint Dominique, Albert Lagrange, alors séminariste à Issy-les-Moulineaux, avait fait avec sa mère un pèlerinage à Ars pour demander au saint curé Jean-Marie Vianney la grâce du discernement : « Pendant les vacances, j’allai à Ars avec ma mère, et je fus bien touché. »

Au couvent de Saint-Maximin, le frère Marie-Joseph Lagrange, novice, se confie à l’intercession du curé d’Ars afin d’obtenir l’humilité. Lors de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le 5 juin 1891, le frère Lagrange y déposa un fragment de la soutane du curé d’Ars.

Tout au long de sa vie, le frère Lagrange œuvra pour le salut des âmes par l’interprétation de la Parole de Dieu. À la suite du curé d’Ars, il travailla à la sanctification du Peuple de Dieu. Les frères dominicains qui ont vécu avec lui témoignent de sa disponibilité quand il s’agissait d’écouter la confession d’un prêtre alors que le portier du couvent craignait de déranger ce frère si occupé par ses recherches et ses publications. À l’exemple du curé d’Ars, le père Lagrange aimait profondément le sacerdoce et les prêtres.

_____

Le 25 mars 1992, en la fête de l’Annonciation du Seigneur, Monseigneur Guy Bagnard, évêque de Belley-Ars, a demandé la béatification du père Lagrange au pape Jean-Paul II :

« Très Saint Père,

Les évêques français de la Région Apostolique Centre-Est se trouvent réunis auprès de Votre Sainteté pour leur visite ad limina. Ils en profitent pour vous soumettre un désir qu’ils partagent unanimement. Avec les frères de l’ordre de saint Dominique, ils seraient particulièrement heureux de la béatification et de la canonisation du frère Marie-Joseph Lagrange, o.p. Ce religieux est bien connu dans notre Région puisqu’il est né et a passé toute sa jeunesse à Bourg-en-Bresse, dans le diocèse de Belley-Ars.

Les évêques se réjouiraient de voir reconnue officiellement sa sainteté. En effet, dans sa vie sacerdotale et religieuse, il a su allier, avec un rare équilibre, la vigueur intellectuelle et la vie évangélique. Il a contribué au renouveau des études bibliques dans le monde catholique, publiant des œuvres dont la valeur scientifique est, de nos jours encore, universellement reconnue. Il a donné aussi un exemple magnifique de liberté et d’humilité dans la recherche de la vérité ; il a laissé enfin un témoignage héroïque d’obéissance à l’Église qui en a été constituée la gardienne.

Ceux qui l’ont connu ont souligné, particulièrement, l’attachement que le père Lagrange portait à la Parole de Dieu, aussi bien dans sa vie que dans son enseignement. On peut dire qu’à force de l’étudier et de la prier, elle était devenue la lumière de sa vie. Nous pensons que son exemple mérite d’être proposé dans l’Église d’aujourd’hui. Sa béatification inciterait certainement de nombreux chrétiens à se nourrir plus largement de la Parole biblique, à la recevoir dans l’esprit de l’Église et à la faire fructifier dans l’actualité de leur existence.

Heureux par avance de la faveur qui pourrait leur être ainsi accordée, au bénéfice de leur mission apostolique, les évêques vous expriment, Très Saint Père, leur vive gratitude avec leur plus profond respect.

Père Guy Bagnard
Évêque de Belley-Ars
En accord avec les évêques de la région Centre-Est. »

Confions au saint curé d’Ars et au père Lagrange les vocations religieuses et sacerdotales dont l’Église a besoin ainsi que les fruits du Synode des évêques sur la Parole de Dieu qui a eu lieu à Rome en octobre 2008.

Fr. Manuel Rivero o.p.
Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange
Courriel : manuel.rivero@free.fr

Illustration : Le Saint Curé d’Ars offrant son coeur à la Vierge Marie (détail)
Basilique Saint-Sixte-Ars-sur-Formans (Ain)

Texte extrait de la Revue du Rosaire, n° 211, avril 2019
Article publié à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du curé d’Ars (1859-2009)
Site Internet du diocèse de Belley-Ars : www.arsnet.org

 

3 août 2021
Jésus marche sur les eaux et aborde au pays de Gennésareth

« Seigneur, si c’est toi, ordonne-moi d’aller vers toi sur les eaux. » Jésus dit : « Viens ! » Et Pierre, descendu de la barque, marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais voyant le vent violent, il eut peur… Et commencer à enfoncer, il poussa un cri, disant : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt Jésus, ayant étendu la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi ! pourquoi as-tu douté ? »
Et lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent s’abattit. Or ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui en disant : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! » (Matthieu 14, 28-33)

Souvent au commencement du printemps, après une journée de sirocco, un vent violent se lève au sud-ouest. Il surprit les disciples qui firent force de rames. La lutte fut longue, la barque n’avançait pas ; il était près de trois heures du matin quand Jésus les vit de loin, épuisés. N’était-ce pas par un sentiment de compassion qu’il venait à eux en marchant sur les eaux ? Cependant, pour les éprouver, il fit mine de passer outre. De la barque il paraissait un fantôme : on le voyait, on avait peur, on criait. Alors lui : « Courage, c’est moi, ne craignez pas ». Pierre, impressionnable comme toujours, prompt à se jeter dans la mêlée, se croyant sûr de son courage : « Si c’est vous, Seigneur, ordonnez-moi de venir à vous sur les eaux. » Et sur ce mot : « Viens ». Il s’élance vers son Maître. Mais le vent redouble, Pierre tremble et s’enfonce. Il s’écrie : « Sauvez-moi ! » Et Jésus le prend par la main, le fait entrer dans la barque. Le vent cesse.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique)

Illustration : Jésus au secours de Pierre de la noyade, Lorenzio Veneziano, 1370, Staatliche_Museen, Berlin

1er août 2021
« Je suis le pain de la vie » (Jean 6, 35)

Il est pain parce qu’en venant à lui on apaise la faim qui cherche Dieu, c‘est-à-dire la faim spirituelle, et il [Jésus]commente cette démarche par l’acte de foi, tandis que la soif vient naturellement comme un besoin parallèle (Isaïe 49, 10 : Ils n’auront plus faim ni soif, ils ne seront en butte au vent brûlant ni au soleil. Car celui qui les prend en pitié les guidera et les conduira vers les eaux bouillonnantes.). C’est donc, par le détour du pain occasionné par leur objection, un retour à l’affirmation du verset 29 : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ». La fin de la réponse répond au début de la demande : il sera inutile de donner sans cesse de ce pain, puisqu’on le possédera toujours par la foi, de manière à n’avoir jamais faim ni soif. Sans doute le désir de posséder Dieu davantage ira toujours en augmentant (cf. sur 4, 13 : Jésus répondit et lui dit : « Quiconque boit de cette eau aura soif encore » ; mais du moins l’âme aura conscience d’entrer en contact avec lui et de le posséder par la foi).

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile selon saint Jean, Lecoffre-Gabalda, 1936, p. 176.)

Illustration : Saint Pierre consacre saint Étienne, diacre, (détail). Chapelle Niccolina, Palazzi Pontifici, Vatican.

Qui est sainte Marie-Madeleine ? par frère Manuel Rivero o.p.

Belle fête de sainte Marie-Madeleine avec ma prière au Vivant.
Fr. Manuel

Qui est sainte Marie-Madeleine ?
Disciple-missionnaire

Fr. Manuel Rivero O.P.

Les évangiles présentent sainte Marie-Madeleine comme disciple-missionnaire de Jésus-Christ.

Possédée par sept démons, libérée du mal par Jésus, Marie-Madeleine fait partie de la communauté apostolique formée par Jésus (cf. Lc 8).

Modèle de foi, d’amour et d’espérance, saint Thomas d’Aquin (+1274) l’appelle «la femme nouvelle », « la nouvelle Ève ». Dans le jardin de la résurrection, Jésus, « le Nouvel Adam », et Marie-Madeleine, « la nouvelle Ève », symbolisent la rencontre du Christ et de l’Église dans la joie pascale. Les pleurs de tristesse se changeront en larmes de joie quand Jésus l’appellera par son prénom « Marie ». En peu de mots, elle exprimera sa foi et son attachement au Maître : « Rabbouni ! » (Jn 20, 16). « Plus l’amour est grand et plus le langage se fait court », disait le père Lacordaire O.P..

Pour le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem,  « Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres [1]» par Jésus. Consacrée prophète par l’appel et l’envoi divins : « Va trouver mes frères pour leur dire aux je monte vers mon Père et votre Père » (Jn 20, 17), Marie-Madeleine accomplit sa mission en annonçant la résurrection du Seigneur aux apôtres sceptiques. En réponse à son témoignage « J’ai vu le Seigneur », les apôtres parleront de « radotage » (Lc 24, 11) et « ils ne la crurent pas ».

Marie et Marie-Madeleine

Le peintre Fra Angelico O.P. (+1455), le patron des artistes, a uni sur le Calvaire Marie, la mère de Jésus, la toute sainte, et Marie-Madeleine, l’ancienne pécheresse. Alors qu’une épée traverse l’âme de Marie en contemplant son Fils Jésus mis en croix, Marie-Madeleine, à genoux, étreint le corps virginal de la Mère de Dieu, pour qu’elle demeure debout dans la douleur.

La Vierge Marie n’a pas reçu le charisme apostolique mais la grâce de la maternité divine et de la maternité spirituelle. Avant de mourir, pour achever l’œuvre de la Rédemption, Jésus a donné Marie, sa mère, comme mère spirituelle à son disciple bien-aimé, Jean, figure de la communauté croyante. Et le disciple la prit « chez lui » (Jn 19,27). La Vierge Marie agit en mère spirituelle par son intercession et sa présence toute proche, pleine de miséricorde. Chacun connaît la profondeur et la puissance des pensées et des actions d’une mère.

Sainte Marie-Madeleine a reçu la grâce prophétique, apostolique, pour annoncer le mystère pascal. Par la résurrection de Jésus, le Père Jésus devient le Père des fidèles. Jésus appelle ses disciples « ses frères » et non les frères de Marie-Madeleine. Le mystère pascal transforme les relations avec Dieu et entre les hommes. Une nouvelle création a surgi du tombeau. Une nouvelle fraternité apparaît sur la terre.

Marie-Madeleine fait partie du peuple de Dieu « sacerdotal, royal et saint » (I Pierre 2,9). Les trois vertus théologales brillent en elle. Par son amour, Marie-Madeleine s’est levée dans la nuit pour honorer la dépouille de celui que son âme aimait (cf. Ct 3) ; par sa foi, elle a obéi à son maître en annonçant la joie pascale ; par son espérance, elle s’est tournée vers le Père de Jésus devenu son Père.

Grandeur et plénitude de la vocation chrétienne

L’exemple de sainte Marie-Madeleine met en lumière la vocation baptismale et les charismes communs aux disciples-missionnaires de Jésus. Il ne convient pas de présenter la vocation religieuse ou presbytérale comme « un plus » mais plutôt comme un « comment » pour accomplir la volonté de Dieu, chacun selon son appel. Les baptisés risqueraient de se démobiliser en sous-estimant leur mission et leur charisme. Saint Augustin prêchait à ses fidèles que son titre de gloire et son salut se trouvaient dans son baptême tandis que son épiscopat représentait une charge et un service. Les charismes sont interdépendants et complémentaires dans l’Église, Corps du Christ.

Saint-Denis (La Réunion), le 22 juillet 2021.

 

Illustration : Sainte Marie-Madeleine (portrait) par Louis Brea 

 

 

 

[1] Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 631-632.

 

Marie-Joseph Lagrange (1855-1938) par J.-J. Pérennès, directeur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem

https://heritage.bnf.fr/bibliothequesorient/fr/marie-joseph-lagrange

Le dominicain Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, est considéré comme un des principaux fondateurs de l’exégèse catholique moderne. Son œuvre a eu le mérite de rendre à la pensée catholique sur la Bible droit de cité dans le monde savant et fait qu’il est encore respecté très au-delà des milieux chrétiens.

Au XIXe siècle, la foi au défi des sciences modernes

Comme souvent dans les grandes œuvres, tout commence par un défi. Né à Bourg-en-Bresse en 1855, Lagrange fait d’abord des études classiques à Autun avant de préparer à Paris un doctorat en droit. Issu d’un milieu catholique, il entre chez les Dominicains après un bref passage au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. L’essentiel de sa formation religieuse se passe à Salamanque en Espagne, où il reçoit une solide formation thomiste. Il y montre un goût particulier pour la Bible et les langues anciennes. Cela lui vaut d’être envoyé à Vienne en 1888 pour des études en langues sémitiques (syriaque, assyrien, égyptien hiéroglyphique et hiératique).

Il y prend conscience de l’énorme défi que représentent les progrès faits par les sciences historiques modernes. Depuis le déchiffrement de la langue égyptienne antique par Champollion en 1822 et la découverte au milieu du XIXe siècle de la civilisation et des langues mésopotamiennes, on ne peut plus se contenter d’une lecture naïve et littérale de la Bible, dont la chronologie est mise en cause de manière assez radicale. On est alors en plein positivisme et la tentation est grande, surtout chez les protestants, fondateurs de l’archéologie biblique, de chercher à vérifier in situ si la Bible dit vrai ou non. La remise en cause est radicale et va conduire des savants comme Ernest Renan (1823-1892), professeur d’hébreu au Collège de France, à rejeter dans sa Vie de Jésus (1863) l’enseignement catholique traditionnel. Cette remise en cause, portée par le protestantisme libéral, va toucher les milieux catholiques comme le montre le cas de l’abbé Alfred Loisy (1857-1940) professeur à l’Institut catholique de Paris, entraînant un véritable séisme que l’on nommera la « crise moderniste ».

 

L’intuition fondatrice : rapprocher le document et le monument

Dans ce contexte troublé, Lagrange est envoyé à Jérusalem par ses supérieurs dominicains, en accord avec le pape Léon XIII, pour fonder une École pratique d’études bibliques, sur le modèle de l’École pratique des hautes études, fondée à Paris en 1868 par Victor Duruy. Il n’a pas les moyens de fonder une véritable université. En revanche, il souhaite constituer une équipe de chercheurs, passionnés comme lui par la Bible et prêts à affronter les questions nouvelles qui sont posées par la science.

Profitant de la présence à Jérusalem de jeunes religieux français qui étudient à l’étranger pour échapper à la conscription après la loi Freycinet de 1889, dite « loi curé sac à dos », qui avait supprimé les exemptions du service militaire pour les ecclésiastiques, Lagrange peut très vite choisir et former un groupe de jeunes religieux dans les diverses sciences à même d’éclairer la compréhension de la Bible : histoire et archéologie du Proche-Orient ancien (Louis-Hugues Vincent), géographie de la Palestine (Félix Abel), épigraphie (Raphaël Savignac), langues et civilisations des sociétés du Moyen-Orient (Antonin Jaussen). D’autres comme l’assyriologue Édouard Dhorme le rejoindront plus tard. Il relève donc le défi de prendre au sérieux les acquis de la science, estimant que « la foi ne doit pas avoir peur de la vérité ».

 

Une approche nouvelle de l’exégèse : la méthode historique

Avec cette première génération de spécialistes, Lagrange va parcourir les divers pays de la Bible, très au-delà de la Palestine : la

Fr. Marie-Joseph Lagrange lors d’une expédition en 1890.

Transjordanie, le Sinaï et l’Égypte, les confins de l’Arabie, le Croissant fertile (Syrie, Iraq). Les larges frontières de l’Empire ottoman et l’intrépidité de cette première génération permettent d’organiser de vastes tournées, à cheval ou à dos de chameau, pour identifier des sites bibliques, chercher des traces archéologiques, faire des relevés de bâtiments anciens ou des estampages d’inscriptions. Très vite, ils adoptent la photographie pour documenter et rendre compte de leurs trouvailles. On les trouve un jour à Pétra, l’autre à Palmyre, prêts à affronter les rigueurs du climat et le risque de se faire détrousser par des pillards. Leur ardeur et leur compétence attire très vite l’attention des savants. Parmi les entreprises les plus audacieuses de cette époque, on signalera l’expédition archéologique en Arabie du Nord, menée par Jaussen et Savignac avant la Première Guerre mondiale.

 

Un rude combat au sein du monde catholique

Lagrange définit très vite sa méthode, qu’il rend publique dans des conférences et un ouvrage de 1904 intitulé La méthode historique. Il y souligne que la Bible procède par genres littéraires et ne prétend donc pas relater des faits de manière littérale. Cela n’empêche pas que ces textes sacrés soient des textes inspirés, Dieu passant par des médiations humaines pour faire passer un message. Enfin, certaines convictions anciennes comme l’attribution à Moïse de la rédaction du Pentateuque peuvent être remises en cause, car elles ne font pas partie du dépôt de la foi. Ces audaces, qui ouvraient la voie de l’exégèse moderne, lui valurent de vives oppositions des milieux catholiques conservateurs et certaines remontrances romaines. Le Saint-Siège lui demanda, par exemple, de renoncer à la publication de son Commentaire de la Genèse, dont un premier volume était prêt en 1905, et de renoncer à étudier l’Ancien Testament, trop problématique, au profit du Nouveau Testament. Lagrange se soumit, dans un grand esprit d’obéissance à l’Église catholique qu’il aimait, mais il en souffrit beaucoup. Les travaux de son équipe se poursuivirent malgré tout, diffusés par la Revue biblique qu’il avait fondée en 1892.

 

Une reconnaissance tardive.

En 1920, la valeur des travaux de Lagrange et de l’École biblique fut officiellement reconnue par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres qui demanda à l’École de Jérusalem de devenir la quatrième École archéologique française à l’étranger, après celles d’Athènes (1846), de Rome (1875) et d’Extrême-Orient (1898). Pour Lagrange, c’est une immense consolation après les épreuves endurées mais aussi une confirmation de la qualité scientifique des travaux de son École désormais appelée École biblique et archéologique française de Jérusalem. La reconnaissance ecclésiastique viendra plus tard, avec l’Encyclique de Pie XII Divino afflante spiritu de 1943 qui officialise les thèses de Lagrange sur les genres littéraires et l’inspiration des Écritures et plus encore par la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum de Vatican II (1965).

Marie-Joseph Lagrange laisse une œuvre scientifique immense. Il mourut en 1938. Son œuvre se poursuit. L’Église catholique instruit actuellement son procès en béatification.

Écho de notre page Facebook : juillet 2021

29 juillet 2021
Le repas chez Marthe et Marie
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes de beaucoup de choses et tu te troubles pour bien des choses. » (Luc 10, 41)

Le Seigneur parle-t-il du pain qui suffit à lui seul pour un repas, ou de la Parole, aliment substantiel de l’âme ? « Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. » Cette bonne part, la meilleure, c’est de se rapprocher très près de Jésus pour l’entendre parler au cœur. Et telle est l’autorité de la moindre parole du Sauveur, qu’à la simple pratique des bonnes œuvres, l’Église a toujours préféré la vie qui écoute la parole de Dieu par la lecture, la méditation et la prière. Elle a surtout compris que la vie d’œuvres devait avoir pour principe l’union à Dieu dans la prière ; alors tout est dans l’ordre. Aussi bien la supériorité d’un genre de vie n’implique pas la plus grande sainteté de tous ceux qui s’y engagent ; le plus aimé est celui qui aime le plus.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 354.)
Illustration : Le repas chez Marthe et Marie par Jean Jouvenet (1689), Musée du Louvre.

 

27 juillet 2021
L’espérance irréalisable de l’extirpation totale du mal.

41 Le Fils de l’homme enverra ses anges. Et ils enlèveront de son Royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité,42 et les jetteront dans la fournaise du feu : c’est là qu’il y aura les pleurs et grincements de dents ! 43 Alors les justes seront brillants comme le soleil, dans le Royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles, entende ! » (Matthieu 13, 41-43)

Jésus n’était pas venu pour annoncer un cataclysme inévitable et définitif, mais pour améliorer les hommes en les amenant à Dieu : c’était cela le règne. La vertu s’exercerait à combattre le mal, sans prétendre le supprimer totalement, tentative impossible. Le semeur n’avait pas entendu paralyser l’effort en affirmant la vertu intrinsèque du règne de Dieu. Il ne prescrivait pas non plus l’indifférence en présence du mal, et la lutte contre le mal suppose des précautions contre l’influence des méchants. Il mettait seulement ses disciples en garde contre cette espérance irréalisable d’une extirpation totale du mal. La patience est bonne, même envers le mal qui vit en nous, et nous oblige à crier vers le Père.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 204-205.)

Illustration : Le bon grain et l’ivraie

 

22 juillet 2021
Jésus apparaît à sainte Marie-Magdeleine, apôtre des apôtres (Jean 20, 16-18)

« Alors la voix qui va au cœur et dessille les yeux, le nom familier dans la langue maternelle : « Mariam ! » Aussitôt le cri « Rabbouni », mon maître, et déjà la Magdeleine était aux pieds de Jésus, pleurante encore, mais de joie. Elle est à sa place, elle y veut demeurer, prolonger les effusions de son amour. Mais ce n’est plus le temps des larmes de la pécheresse répandues sur les pieds du Sauveur. Jésus appartient au monde d’en haut. S’il n’est pas encore remonté vers son Père, il ne tardera pas, et il lui incombe d’en avertir ses disciples. C’est, semble-t-il le sens de cette parole : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, et mon Dieu et votre Dieu. »

De ce moment Marie Magdeleine était consacrée l’apôtre des apôtres. Elle obéit, comme font ceux qui s’arrachent à la conversation avec leur Maître pour aller porter la bonne nouvelle : « J’ai vu le Seigneur ! » Mais on ne la crut pas. »

L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique par Marie-Joseph Lagrange o.p. Artège Lethielleux, 2017, p. 631-632.

Illustration : Girolamo da Santa Croce (1490-1556) : Noli me tangere : Apparition du Christ à Marie Magdeleine (Bristol Museum and Art Gallery, UK)

 

20 juillet 2021
« Voici ma mère et mes frères » (Matthieu 12, 48-50)

Pénétrer auprès de Jésus était impossible. On le fait prier de venir. Quelqu’un lui dit : « Voici dehors ta mère et tes frères qui te cherchent. » Lui : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Et il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère » La parenté spirituelle était fondée, la grande fraternité qui comprend, comme dit Luc, tous « ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique ».

Cette réponse contient donc un point essentiel de la doctrine ; elle indique le caractère de la prédication de Jésus, l’appel le plus cordial aux bonnes volontés, avec l’assurance de rencontrer en échange dans son Cœur ce que les affections humaines ont de plus tendre.

Cela est mis en pleine lumière. D’autres considérations demeurent dans l’ombre. Les devoirs sacrés de la famille ne sont pas niés. Jésus ne renie pas sa Mère. On voit seulement qu’il attache plus de prix à ses sentiments envers Dieu qu’aux soins dont elle a bercé son enfance. L’Église, en mettant Marie à la tête de la nouvelle famille spirituelle de Jésus, très haut au-dessus de tous les saints, a interprété sa pensée.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 192-193.)

 

16 juillet 2021
Notre-Dame du Mont Carmel

 

Retraite aux carmélites, fin septembre ; sentiment de l’aes sonans aut cymbalum tinniens [airain qui résonne et cymbale qui retentit (1 Corinthiens 13, 1)]… : prêcher les vérités les plus sublimes sans être touché, à peine convaincu. Dieu se mêle du monde ! quoique nous ne comprenions guère mieux son action que sa nature… Est-ce étonnant ? Plus j’y pense, plus il me semble que l’acte de foi renferme éminemment un acte de confiance au Père : puisqu’il faut affirmer sans comprendre, n’est-ce pas par confiance dans la Vérité et la Bonté ?

Emitte lucem tuam et veritatem tuam [Répands sur moi ta lumière et ta vérité (Psaume 42, 3)] Elles me baignent et je ne vois pas en moi.

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel)

Illustration : Merveilleuse icône de la Sainte Famille par sœur Marie Paul (1930-2019), bénédictine au Monastère de Notre-Dame du Mont Carmel  à Jérusalem Mont des Oliviers https://www.benedictines-ndc.com/actualite-detail-408/soeur-marie-paul.html

 

14-15 juillet 2021
La révélation du Père et du Fils adressée aux petits (Matthieu 11, 25-30)

C’est la perle la plus précieuse de Matthieu. Le logion (Parole du Seigneur) se divise en trois parties : L’action de grâces au Père (25-28) ; II, point central sur la connaissance du Fils et du Père (27) ; III, appel aux âmes (28-30)

I. Dans ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, pour avoir caché ces choses aux sages et aux habiles, et pour les avoir révélées aux petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.

II. « Tout m’a été transmis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, comme personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudrait le révéler. »

III. Appel aux dociles : « Venez à moi, vous tous qui êtes las et trop chargés, et je vous donnerai le repos. » [Dans l’esprit de l’Évangile] Jésus s’adresse à ceux qui sont fatigués de porter le joug de la Loi et les invite à recevoir de lui une doctrine qui les repose, et un joug suave.

Tout le programme est expliqué par les versets suivants. « Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes ; car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »

C’est auprès de Jésus que ceux qui sont fatigués [des observances pharisaïques] trouveront le repos. Ce qui est nouveau ici, c’est que le joug est celui de Jésus, législateur qui a offert aux pauvres, aux affligés la perfection de la loi. En effet le Christ a l’intention non pas de se donner en exemple, mais de dire pourquoi on doit s’en rapporter à lui. C’est qu’il est un maître doux et humble. De toute façon, directement ou indirectement, Jésus nous révèle ici le secret de son Cœur ; il est doux et il est humble : homme de condition modeste ; mais s’il en est ainsi par le cœur, c’est donc qu’il aime cet abaissement, par opposition à l’orgueilleux. Son enseignement sera la douceur et l’humilité. Le résultat est la paix de l’âme, avec Dieu, avec le prochain, avec soi-même.

« Car mon joug est bénin, et mon fardeau léger. »

Jésus reprend, pour les appliquer expressément à sa doctrine, les deux métaphores du joug et du fardeau […] bien conditionné, qui n’écorche par le cou, par conséquent doux au toucher.

Extraits de L’Évangile selon saint Matthieu par Marie-Joseph Lagrange des Frères prêcheurs, Lecoffre-Gabalda, 1941.)

Illustration : Ce que tu as caché aux  … (Diocèse de Poitiers)

 

10 juillet 2021
En ce jour-anniversaire de la naissance au ciel (10 mars 1938) de fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. notre prière se joint à celle de fr. Manuel Rivero o.p., président de l’association des amis du père Lagrange o.p. Fr. Manuel célèbre sa messe aujourd’hui pour ceux qui se confient à l’intercession du père Marie-Joseph Lagrange o.p. et pour la prochaine béatification de ce grand serviteur de Dieu, dont la cause a été ouverte en 1986.

 

« Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi ! » (Ps 101.102)

 

« Ô bienheureuse Mère, donnez-moi je vous prie un humble sentiment de moi-même, plus d’amour de Dieu : je garderai le silence et parlerai, mais, avec vous et Jésus. » (Journal spirituel du P. Lagrange)

9 juillet 2021
Saint Matthieu (10, 16-23)

Voilà un évangile dur à entendre !

 

« Cet Évangile sera celui de Jésus, non seulement parce qu’il reproduira ses paroles, mais aussi parce qu’il annoncera le salut en lui ; les disciples seront persécutés à cause de son nom, parce qu’ils rendront témoignage à Jésus.

Alors ils n’auront pas à préparer leur défense à la manière des scribes, ruminant les décisions déduites de l’Écriture. Ils ne parleront même pas selon leur esprit propre, c’est l’Esprit Saint qui parlera pour eux. […] Mais celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé, c’est-à-dire que celui qui tiendra jusqu’au bout obtiendra le salut de son âme, ce salut dont Jésus a dit plus d’une fois que les trésors du monde entier ne le valent pas. » (Marie-Joseph Lagrange dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 520.)

 

4 juillet 2021
Jésus à Nazareth (Mc 6, 1-6)

C’est donc bien Jésus qui est nommé le charpentier, et le fils de Marie, comme le fils unique d’une veuve. Quant aux frères de Jésus ? Quiconque fait la volonté de Dieu est son frère et sa sœur et sa mère. Ici la sœur devait être nommée parce qu’il y avait sûrement des femmes dans l’assistance. Les compatriotes de Jésus, d’abord étonnés et saisis, se renferment dans une attitude moqueuse. Tout ce qu’on a dit de Jésus et même ce qu’ils ont constaté ne prouve pas sa mission divine, parce qu’ils connaissent ses parents ! Ils refusent de croire en lui.

Ce sentiment naît de la jalousie, si ordinaire dans les petits endroits, et de la familiarité. Il s’explique spécialement au point de vue messianique ; il n’y avait rien dans les humbles débuts de Jésus, connus de tous à Nazareth, qu’il pût se concilier avec l’attente d’un Messie survenant en gloire. Il est cependant étonnant que Jésus, qui vient d’être rejeté par les Géraséniens puisse dire si absolument qu’un prophète n’est reçu sans honneur que dans son pays.

Faire la volonté de Dieu, c’est, d’après les mystiques, la racine et le sommet de la perfection. Si Jésus choisit ce signe, c’est peut-être aussi parce qu’en ce moment il est occupé à faire la volonté de son Père. Cette impuissance à faire des miracles (ce jour-là), n’a d’ailleurs rien de choquant. Marc ne croit pas que Jésus cesse d’avoir le pouvoir de faire des miracles, mais ce pouvoir ne s’exerce, comme le prouve l’exemple de l’hémorroïsse, que lorsqu’il rencontre de la foi.

Jésus, rejeté de Nazareth, n’en continue pas moins de prêcher dans les bourgs, de façon à former un cercle, et par conséquent à revenir à son point départ, aux environs du lac. C’est là qu’il a choisi les apôtres ; c’est de là qu’il va les envoyer.

(P. Marie-Joseph Lagrange O. P., L’Évangile selon saint Marc, Lecoffre-Gabalda, 1911.)

Nouvelles de l’association et appel de cotisations

Fr. Manuel RIVERO o.p.
Président de l’Association des amis du père Lagrange
Dominicains. Cure de la cathédrale
22 Avenue de la Victoire
97400 SAINT DENIS LA RÉUNION

https://www.mj-lagrange.org
Facebook : Marie-Joseph Lagrange, dominicain
Courriel : manuel.rivero@free.fr
Tél. 0692801150 ou depuis l’étranger : 00 262 6 92 80 11 50

Saint-Denis (La Réunion), le 10 juin 2021.

Chers amis adhérents,

Nous espérons que vous avez traversé, le mieux possible, la période difficile que nous avons vécue depuis plusieurs mois.

Je suis assigné à La Réunion depuis 2014, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pu tenir nos assemblées générales annuelles. La dernière a eu lieu le 23 janvier 2017. L’éloignement et la pandémie, début 2020, n’ont pas facilité une assemblée générale qui se trouve ainsi reportée de date en date.

Le seul lien que nous ayons avec quelques-uns d’entre vous se fait par l’intermédiaire des réseaux sociaux. L’association continue de fonctionner.

Sur le site internet, et sur Facebook, nous émettons régulièrement des écrits du père Lagrange, des extraits de ses commentaires sur les Écritures, permettant ainsi d’approfondir la Parole.

Le 10 de chaque mois, nous sommes réunis, par la prière lors de la messe-anniversaire (10 mars, jour de la mort du P. Lagrange) célébrée à vos intentions particulières et pour la béatification du père Lagrange.

Où en est la cause de béatification du père Lagrange ?

De 2008 à 2012, en collaboration avec fr. Bernard Montagnes : corrections orthographiques et modifications des textes du Summarium et Informatio et envoi des documents au postulateur, le 14 mai 2012.

En 2013, la Congrégation pour les causes des saints faisait paraître des nouvelles orientations. Le dossier du P. Lagrange (Positio) constitué par le regretté P. Bernard Montagnes o.p., décédé le 17 février 2018, après vingt années de travail, a été repris pour suivre la structure schématique, les vertus et la réputation de sainteté. En 2016, cet important travail a été repris par le nouveau postulateur, fr. Gianni Festa o.p., aidé par sa collaboratrice, Mme Deriu, historienne. Les frères Augustin Laffay o.p., historien, et Renaud Silly o.p., exégète, collaborent actuellement avec le frère postulateur de l’Ordre, en vue du formatage et de l’actualisation de la cause à faire approuver par la Congrégation pour la cause des saints.

En juin 2019, au chapitre international, qui s’est déroulé à Bien Hôa au Vietnam, j’ai pu distribuer des images du père Lagrange avec la prière en plusieurs langues, français, anglais, espagnol. Ce chapitre général a mis en lumière l’exemple de travail intellectuel en équipe mené à bien par le père Lagrange avec ses disciples et collaborateurs. « Synergie » était l’un des mots-clés de ce chapitre général.

Des conférences, des publications sont réalisées. Fr. Augustin Laffay dans la revue Nova et Vetera, octobre-novembre-décembre 2020, n° 4, a écrit un article édifiant sur « Le père Marie-Joseph Lagrange : les secrets d’une vie chrétienne.

Le 23 avril 2021, Frère Thomas-Marie Gillet o.p., a fait une très belle conférence sur Radio-Maria France, reprise par le diocèse de Monaco ainsi que sur notre site internet et Facebook.

Le Journal spirituel du P. Lagrange, édition 2014, étant épuisé, les éditions du Cerf prévoient de sortir une nouvelle édition. À la demande de plusieurs lecteurs, et, pour en faciliter la lecture, les notes figureront en bas de chaque page au lieu de les trouver en fin de livre

L’abbé Pascal Champion, aumônier du lycée militaire d’Autun, ancien petit séminaire fréquenté par le père Lagrange, a pris la décision de dédier la salle de l’aumônerie du collège au père Lagrange, en y plaçant une plaque qui devrait être bénie par l’évêque aux armées le 15 juin 2021.

Pour régulariser la situation de l’association, une assemblée générale pourra se tenir par internet et par correspondance. Vous recevrez les documents nécessaires pour vous permettre de voter les résolutions qui vous seront présentées. Ne pourront voter que les adhérents à jour de leur cotisation 2021.

En annexe, le formulaire de renouvellement ou d’adhésion 2021. Merci à ceux qui sont à jour de leur versement.Nous comptons sur votre fidélité.

Bien fraternellement dans le Christ avec ma prière quotidienne pour vous.

Fr. Manuel Rivero O.P.

 

ADHÉSION 2021 doc