Écho de notre page Facebook : novembre 2020

30 novembre 2020
Saint André, l’apôtre
L’appel définitif, par Jésus, de ses deux premiers disciples : Simon – dit Pierre et André son frère.

« Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 18-20)

Dans son commentaire, le père Lagrange ne nomme pas André, mais il précise que Jésus fit comprendre à Simon dans quelle large mesure il serait associé à son œuvre, lui et d’autres avec lui.

Illustration : L’appel définitif de Jésus à André et à Pierre par Domenico Ghirlandaio (détail) (1481).

 

 

 

29 novembre 2020
Veillez !
1er dimanche de l’Avent (Marc 13, 33-37)
« Prenez garde, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le temps. »

Le P. Lagrange nous dit : Conclusion spéciale relativement à la venue du Fils de l’homme : il faut veiller. Jésus inculque cet avis au moyen d’une parabole parallèle à celle du figuier, mais d’un parallélisme antithétique. Le figuier représentait un signe ; il fallait donc être attentif aux signes des temps pour les interpréter. Quant au grand avènement, on ne sait rien et on ne peut rien prévoir. Il n’y a qu’une ressource, c’est de veiller, comme des serviteurs dont le maître viendra à l’improviste, peut-être tôt, peut-être tard. Dans le contexte de Marc, la parabole se rattache à la venue du Fils de l’homme pour juger. Mais chacun ne peut-il pas se dire que la mort est le moment où le Fils de l’homme viendra lui demander des comptes ?

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Évangile selon saint Marc, « Études bibliques », Lecoffre-Gabalda, 4e éd., 1935)

 

26 novembre 2020
La prière

Quel que soit le sort que Dieu réserve aux siens dans ce monde, il veille sur eux, il entend leurs prières ; qu’ils ne se lassent pas de prier, ils seront délivrés selon les voies choisies par une Sagesse infinie. Ce qui ne signifie pas nécessairement une série de victoires miraculeuses qui convertiront le monde, car Jésus laisse ses disciples sous l’impression d’une inquiétude mélancolique : Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? Il en trouvera, il vient de nous le dire, puisque tant d’âmes seront sauvées, mais ces derniers temps, avec leur incurie de la justice divine, seront des temps d’épreuve, et c’est alors que la prière devra redoubler ses efforts (Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ).

AUDIENCE GÉNÉRALEPAPE FRANÇOIS

Audience Générale Du 25 Nov. 2020 © Vatican Media

Catéchèse : « Le puissant moteur de l’évangélisation sont les réunions de prière »

NOVEMBRE 25, 2020 12:31  ANNE KURIAN-MONTABONEAUDIENCE GÉNÉRALEPAPE FRANÇOIS

« Nous devons retrouver le sens de l’adoration » (texte intégral)

« Le puissant moteur de l’évangélisation sont les réunions de prière », a assuré le pape François à l’audience générale de ce mercredi matin, 25 novembre 2020 : dans ces réunions, l’on fait « l’expérience vivante de la présence de Jésus » et l’on est « touché par l’Esprit ». « La prière diffuse la lumière et la chaleur », a-t-il souligné.

Poursuivant ses catéchèses sur le thème de la prière, le pape s’est penché sur l’expérience des premières communautés chrétiennes. « Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit », a-t-il notamment invité. Car « si l’Esprit Saint manque… il n’y a pas l’Eglise. Il y a un beau club d’amis, c’est bien, avec de bonnes intentions, mais il n’y a pas l’Eglise ».

« C’est Dieu qui fait l’Eglise, pas la clameur des œuvres, a rappelé le pape depuis la bibliothèque du palais apostolique. L’Eglise n’est pas un marché; l’Eglise n’est pas un groupe d’entrepreneurs qui vont de l’avant avec cette entreprise nouvelle. L’Eglise est l’œuvre de l’Esprit Saint, que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler. »

Le pape François a aussi évoqué « la racine mystique de toute la vie croyante », résumée ainsi : « Dieu donne de l’amour, Dieu demande de l’amour. »

Catéchèse – 16. La prière de l’Eglise naissante

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les premiers pas de l’Eglise dans le monde ont été rythmés par la prière. Les écrits apostoliques et la grande narration des Actes des apôtres nous décrivent l’image d’une Eglise en chemin, une Eglise active, qui trouve cependant dans les réunions de prière la base et l’impulsion pour l’action missionnaire. L’image de la communauté primitive de Jérusalem est un point de référence pour toute autre expérience chrétienne. Luc écrit dans le Livre des Actes: «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières» (2, 42). La communauté persévère dans la prière.

Nous trouvons ici quatre caractéristiques essentielles de la vie ecclésiale: premièrement, l’écoute de l’enseignement des apôtres; deuxièmement,  la préservation de la communion réciproque; troisièmement, la fraction du pain et, quatrièmement,  la prière. Celles-ci nous rappellent que l’existence de l’Eglise a un sens si elle reste solidement unie au Christ, c’est-à-dire dans la communauté, dans sa Parole, dans l’Eucharistie et dans la prière. C’est la manière de nous unir, nous, au Christ. La prédication et la catéchèse témoignent des paroles et des gestes du Maître; la recherche constante de la communion fraternelle préserve des égoïsmes et des particularismes; la fraction du pain réalise le sacrement de la présence de Jésus parmi nous: Il ne sera jamais absent, dans l’Eucharistie, c’est vraiment Lui.  Il vit et marche avec nous. Et enfin, la prière, qui est l’espace de dialogue avec le Père, à travers le Christ dans l’Esprit Saint.

Tout ce qui dans l’Eglise grandit en dehors de ces “coordonnées”, est privé de fondement. Pour discerner une situation, nous devons nous demander comment sont, dans cette situation, ces quatre coordonnées: la prédication, la recherche constante de la communion fraternelle – la charité -, la fraction du pain – c’est-à-dire la vie eucharistique – et la prière. Toute situation doit être évaluée à la lumière de ces quatre coordonnées. Ce qui ne rentre pas dans ces coordonnées est privé d’ecclésialité, n’est pas ecclésial. C’est Dieu qui fait l’Eglise, pas la clameur des œuvres. L’Eglise n’est pas un marché; l’Eglise n’est pas un groupe d’entrepreneurs qui vont de l’avant avec cette entreprise nouvelle. L’Eglise est l’œuvre de l’Esprit Saint, que Jésus nous a envoyé pour nous rassembler. L’Eglise est précisément le travail de l’Esprit dans la communauté chrétienne, dans la vie communautaire, dans l’Eucharistie, dans la prière, toujours. Et tout ce qui grandit en dehors de ces coordonnées est privé de fondement, est comme une maison construite sur le sable (cf. Mt 7, 24). C’est Dieu qui fait l’Eglise pas la clameur des œuvres. C’est la parole de Jésus qui remplit de sens nos efforts. C’est dans l’humilité que se construit l’avenir du monde.

Parfois, je ressens une grande tristesse quand je vois certaines communautés qui, avec de la bonne volonté, se trompent de chemin, parce qu’elles pensent faire l’Eglise avec des rassemblements, comme si c’était un parti politique:  la majorité, la minorité, que pense celui-là, celui-ci, l’autre… “C’est comme un synode, un chemin synodal que nous devons faire”. Je me demande: où est l’Esprit? Où est la prière? Où est l’amour communautaire? Où est l’Eucharistie? Sans ces quatre coordonnées, l’Eglise devient une société humaine, un parti politique – majorité, minorité  –, on fait les changements comme s’il s’agissait d’une entreprise, par majorité ou minorité… Mais ce n’est pas l’Esprit Saint. Et la présence de l’Esprit Saint est précisément garantie par ces quatre coordonnées. Pour évaluer une situation, si elle est ecclésiale ou si elle n’est pas ecclésiale, demandons-nous s’il y a ces quatre coordonnées: la vie communautaire, la prière, l’Eucharistie… [la prédication], comment se développe la vie dans ces quatre coordonnées. Si cela manque, l’Esprit manque, et si l’Esprit manque nous serons une belle association humanitaire, de bienfaisance, c’est bien, c’est bien, également un parti, disons ainsi, ecclésial, mais il n’y a pas l’Eglise. Et c’est pourquoi l’Eglise ne peut pas grandir avec ces choses: elle grandit non par prosélytisme, comme n’importe quelle entreprise, mais par attraction. Et qui anime l’attraction? L’Esprit Saint. N’oublions jamais cette parole de Benoît XVI: “L’Eglise ne grandit pas par prosélytisme, elle grandit par attraction”. Si l’Esprit Saint manque, alors que c’est ce qui attire à Jésus, il n’y a pas l’Eglise. Il y a un beau club d’amis, c’est bien, avec de bonnes intentions, mais il n’y a pas l’Eglise, il n’y a pas de synodalité.

En lisant les Actes des apôtres, nous découvrons alors que le puissant moteur de l’évangélisation sont les réunions de prière, où celui qui participe fait l’expérience vivante de la présence de Jésus et est touché par l’Esprit. Les membres de la première communauté – mais cela est toujours valable, également pour nous aujourd’hui – perçoivent que l’histoire de la rencontre avec Jésus ne s’est pas arrêtée au moment de l’Ascension, mais continue dans leur vie. En racontant ce qu’a dit et fait le Seigneur – l’écoute de la Parole – , en priant pour entrer en communion avec Lui, tout devient vivant. La prière diffuse la lumière et la chaleur: le don de l’esprit fait naître en elles la ferveur.

A ce propos, le Catéchisme a une expression très riche. Il dit ainsi: «L’Esprit Saint […] rappelle ainsi le Christ à son Eglise orante, la conduit aussi vers la Vérité tout entière et suscite des formulations nouvelles qui exprimeront l’insondable Mystère du Christ, à l’œuvre dans la vie, les sacrements et la mission de son Eglise» (n. 2625). Voilà l’œuvre de l’Esprit dans l’Eglise: rappeler Jésus. Jésus lui-même l’a dit: Il vous enseignera et vous rappellera. La mission est rappeler Jésus, mais pas comme un exercice mnémonique. Les chrétiens, en marchant sur les chemins de la mission, rappellent Jésus alors qu’ils le rendent à nouveau présent; et de Lui, de son Esprit, ils reçoivent l’“élan” pour aller, pour annoncer, pour servir. Dans la prière, le chrétien se plonge dans le mystère de Dieu qui aime chaque homme, ce Dieu qui désire que l’Evangile soit prêché à tous. Dieu est Dieu pour tous, et en Jésus chaque mur de séparation est définitivement détruit: comme le dit saint Paul, Il est notre paix, c’est-à-dire «celui qui des deux n’a fait qu’un peuple» (Ep 2, 14). Jésus a fait l’unité.

Ainsi, la vie de l’Eglise primitive est rythmée par une succession incessante de célébrations, de convocations, de temps de prière aussi bien communautaire que personnelle. Et c’est l’Esprit qui donne la force aux prédicateurs qui se mettent en voyage, et qui par amour de Jésus sillonnent les mers, affrontent des dangers, se soumettent à des humiliations.

Dieu donne de l’amour, Dieu demande de l’amour. Telle est la racine mystique de toute la vie croyante. Les premiers chrétiens en prière, mais également nous qui venons de nombreux siècles après, vivons tous la même expérience. L’Esprit anime chaque chose. Et chaque chrétien qui n’a pas peur de consacrer du temps à la prière peut faire siennes les paroles de l’apôtre Paul: «Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Ga 2,20). La prière te rend conscient de cela. Ce n’est que dans le silence de l’adoration que l’on fait l’expérience de toute la vérité de ces paroles. Nous devons retrouver le sens de l’adoration. Adorer, adorer Dieu, adorer Jésus, adorer l’Esprit. Le Père, le Fils et l’Esprit: adorer. En silence. La prière d’adoration est la prière qui nous fait reconnaître Dieu comme début et fin de toute l’histoire. Et cette prière est le feu vivant de l’Esprit qui donne force au témoignage et à la mission. Merci.

© Librairie éditrice du Vatican

 

25 novembre 2020
Ste Catherine [d’Alexandrie, Vierge et Martyre].

Le 25 novembre 1880, Journal spirituel, Fr. Marie-Joseph Lagrange écrit :
Nous sommes allés en promenade sans l’habit religieux : du moins ceux qui le portaient le dissimulaient par une douillette.

« Ô mon Jésus, nous sommes donc bien la balayure de la terre, puisque chassés de France nous ne pouvons marcher à découvert dans la catholique Espagne. Daignez nous fortifier par votre grâce et faire de nous des sauveurs d’âmes. »

 

Illustration : Miracle : le corps de sainte Catherine d’Alexandrie est transportée par les anges au Sinaï par Karl von Blaas (19e)

 

24 novembre 2020
Bonjour,
L’Eglise se réjouit de faire mémoire des martyrs du Vietnam canonisés par le saint pape Jean-Paul II le 19 juin 1988. Ce fut une grande joie personnelle que de participer à cette canonisation à Rome avec la paroisse vietnamienne de  Paris après avoir réalisé le documentaire sur les martyrs des Missions Etrangères de Paris et de l’Ordre des prêcheurs, dominicains, à Paris et à Elorrio (Vizcaya. Espagne), pour le Jour du Seigneur (France 2).

L’an dernier, à l’occasion du chapitre général au Vietnam, jle Seigneur m’a fait la grâce de visiter un peu le Vietnam et de découvrir le fruit porté par tant de souffrances de la part des chrétiens au Vietnam : laïcs, religieux et religieuses, prêtres, évêques. Les vocations très nombreuses au Vietnam proviennent de la région des martyres, dans le nord du pays, au Tonkin.

Bonne fin de l’année liturgique avec ma prière au Seigneur qui vient.
Fr. Manuel

 

Saint Théophane Vénard
Missionnaire de la Société des Missions étrangères de Paris, missionnaire au Tonkin et martyr


Né le 21 novembre 1829 à Saint-Loup-sur-Thouet ; mort décapité à Hanoi le 2 février 1961. Canonisé le 19 juin 1988.

À son père

20 janvier 1861

« Très cher, honoré et bien-aimé Père,

Puisque ma sentence se fait encore attendre, je veux vous adresser un nouvel adieu qui sera probablement le dernier. Les jours de ma prison s’écoulent paisiblement. Tous ceux qui m’entourent m’honorent, un bon nombre me portent affection. Depuis le grand mandarin jusqu’au dernier soldat, tous regrettent que la loi du royaume me condamne à mort. Je n’ai point eu à endurer des tortures comme beaucoup de mes frères. Un léger coup de sabre séparera ma tête, come une fleur printanière que le maître du jardin cueille pour son plaisir.

Nous sommes tous des fleurs plantées sur cette terre et que Dieu cueille en son temps, un peu plus tôt, un peu plus tard. Autre est la rose empourprée, autre est le lys virginal, autre l’humble violette. Tâchons tous de plaire, selon le parfum ou l’éclat qui nous sont donnés, au Souverain Seigneur et Maître.

Je vous souhaite, cher Père, une longue paisible et vertueuse vieillesse. Portez doucement la croix de cette vie, à la suite de Jésus, jusqu’au Calvaire d’un heureux trépas. Père et fils se retrouveront en Paradis. Moi, petit éphémère, je m’en vais le premier. Adieu !

Votre très dévoué et respectueux fils.

J.T. Vénard, M.S.

………………………

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus sur les écrits de père Théophane Vénard : « Ce sont mes pensées, mon âme ressemble à la sienne. »

Deniers entretiens. Nous savons ainsi que, peu après avoir lu le livre consacré au missionnaire martyrisé à Hanoi, Thérèse exprima le désir d’être envoyée au carmel de cette ville, récemment fondé par celui de Saigon, qui devait lui-même son existence à Lisieux.

Thérèse demande une image de Théophane Vénard. Mère Agnès lui procura cette joie : elle lui remit un portrait de Théophane le 10 août 1897 et une relique le 6 septembre.

Poème composé par Thérèse pour Théophane Vénard : 

« Ton court exil fut comme un doux cantique, dont les accents savaient toucher les cœurs. Et, pour Jésus, ton âme poétique, à chaque instant, faisait naître des fleurs …

En t’élevant vers la céleste sphère, ton chant d’adieu fut encore printanier : tu murmurais : « Moi, petit éphémère, dans le beau ciel, je m’en vais le premier ! »

Ah ! Si j’étais une fleur printanière que le Seigneur voulut bientôt cueillir descend du ciel à mon heure dernière, je t’en conjure, ô bienheureux Martyr !

De ton amour aux virginales flammes, viens m’embrasser en ce jour mortel et je pourrai voler avec les âmes qui forment ton cortège éternel. »

2 février 1897

 

23 novembre 2020
Mémoire de la Sainte Vierge Marie

« Ô Vierge Marie ! Ne m’abandonnez pas ! Je m’abandonne entièrement à vous. Je ne m’inquiète de rien, ni si cette retraite me changera, ni si elle sera le salut de tel frère, ni même si j’y recevrai beaucoup de grâces, je remets tout entre vos mains : je m’efforcerai seulement de bien faire les exercices dans les dispositions de votre Cœur Immaculé ! Aimer Jésus sans tant m’inquiéter de ce qui se passe en moi. » (Fr. Marie-Joseph Lagrange, o.p., Journal spirituel, Cerf, 2014.)

Illustration : La Vierge Marie et l’Enfant Jésus. Icône russe.

 

 

 

 

22 novembre 2020
Solennité du Christ Roi de l’Univers
Le Jugement dernier (Mt 31-46)

[Dans cette parabole,] Jésus se met lui-même en scène, à son avènement dernier, assis sur le trône de gloire qui était celui de Dieu, et qui devient le sien. Déclaration presque aussi solennelle que celle qu’il fera devant le Sanhédrin comme Fils de Dieu. Le voici donc entouré de tous les anges, séparant les élus des autres, comme un berger sépare les brebis, blanches et dociles, des boucs noirs et récalcitrants. Les élus sont à sa droite, comme ses amis, les boucs à la gauche représentent les réprouvés. […] Pourtant la parabole nous porte à espérer la miséricorde même en faveur des pécheurs s’ils ont assisté leur prochain charitablement [en vue du Christ].

(Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2018, p. 530-531.

 

Illustration : Christ, Sauveur du monde par Andrea Previtali (16e)
Jésus, Serviteur

 

21 novembre 2020

Mémoire de la Présentation de la Vierge Marie

 

 

La marque d’un véritable enfant de Marie, c’est la fidélité à la grâce : pour cela demander une profonde humilité et une contrition parfaite – les deux grâces que j’avais demandées.

(Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel, 21 novembre 1879, Cerf, 2014)

Illustration : Présentation de la Vierge Marie (détail), auteur inconnu.

 

 

 

20 novembre 2020

 

« Ma maison sera une maison de prière ; et vous en avez fait une caverne de brigands ! » (Lc 19,46)

Dans l’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, p. 110 le père Lagrange nous dit :

Jésus ne toléra pas cette profanation. Sans autre mandat que son titre de Fils, il ne veut pas que la maison de son Père soit un marché. […] L’action de Jésus fut si vive que les disciples étourdis, ne songèrent pas à s’y associer. En y réfléchissant – peut-être assez longtemps après –, ils comprirent ce zèle et se souvinrent de ce que l’Écriture avait dit du zèle pour la maison de Dieu : « Le zèle de ta maison me consumera (Ps 69,10). » Cette parole du psalmiste s’appliquait bien à Jésus, dévoré de zèle, comme autrefois Élie (1 R 19,10), avec le pressentiment que ce zèle pourrait bien lui coûter cher.

Illustration : Jésus chassant les vendeurs du temple (détail) par Jean Jouvenet (17e)

 

19 novembre 2020
L’Apocalypse de Jean (5, 1-10)

Commenté par le père Lagrange dans son Journal spirituel :
4e vision X, 1-s.

Après la vision de celui qui est sur le Trône, comme au Sinaï, glorifié par les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards, et dans sa main droite un Livre, le Livre des destinées, et personne ne pouvait l’ouvrir et l’ange dit : Qui est digne ? et personne, et je pleurais… alors un des vieillards me dit : ne pleure point ; voici que le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David a vaincu, de manière à pouvoir ouvrir le Livre et ses sept sceaux… Et je vis et voici qu’au milieu du Trône et au milieu des vieillards un Agneau était debout ; il semblait avoir été immolé… et quand il eut reçu le Livre, les quatre animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfum qui sont les prières des saints. Ils chantaient un cantique nouveau en disant : Vous êtes digne d’ouvrir le Livre, car vous avez été immolé, et vous les avez rachetés pour Dieu, par votre sang, de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toute nation, et vous les avez faits rois et prêtres, et ils règneront sur la terre… Puis l’immense multitude des anges : l’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la sagesse, la richesse, la force, l’honneur, la gloire et la bénédiction… Et toutes les créatures… À celui qui est assis sur le Trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles.

Nota : Quatre animaux ou Vivants : associés aux quatre évangélistes
Vingt-quatre Vieillards ou Prophètes
Le Livre des destinées : l’Apocalypse
Le lion de la tribu de Judas : le Messie
Les sept sceaux : annonce d’événements successifs

Illustration : Saint Jean recevant les révélations. Partie de la tapisserie monumentale de l’Apocalypse d’Angers commandée par Louis Ier d’Anjou (14e).

 

18 novembre 2020
L’Apocalypse de saint Jean (4, 1-11)

« C’est le livre de l’avènement : Venez, Seigneur Jésus, nous attendons votre avènement dans nos âmes… l’humilité, l’esprit de sacrifice, le don de soi, mais aussi l’énergie indomptable d’âmes qui se sont dévouées à vous, venez.

Ô Marie, sainte Mère de Dieu, rendez-nous dignes de le recevoir

Venez Seigneur Jésus.

Venez, Seigneur Jésus, nous attendons votre avènement dans nos âmes… l’humilité, l’esprit de sacrifice, le don de soi, mais aussi l’énergie indomptable d’âmes qui se sont dévouées à vous, venez.

Ô Marie, sainte Mère de Dieu, rendez-nous dignes de le recevoir

Venez Seigneur Jésus. »

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014)

En avril 2020, fr. Jean-Michel Poffet o.p., ancien directeur de l’École biblique de Jérusalem, a donné sept cours sur l’Apocalypse : Une « Révélation » du Christ en vue du Bonheur. Vous pouvez retrouver ces cours sur youtube : L’Apocalypse. Cours de fr. Jean-Michel Poffet o.p.

Illustration ; L’Apocalypse par Giuseppi Papetti
L ‘une des visions de l’apôtre Jean interprétée par le peintre.

17 novembre 2020
« Le Fils de l’homme est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10)

Le P. Lagrange nous dit à ce sujet que le fait de Zachée a servi aux disciples atténués de Pélage pour soutenir que dans l’œuvre du salut le premier mouvement devait venir de l’homme. – Serait-il cependant monté sur son sycomore, s’il n’avait été ému dans le cœur par la présence de Jésus, venu à Jéricho pour le convertir ? C’est donc bien Dieu qui commence, mais il faut suivre son impulsion comme Zachée, le saint ami du Sauveur que la France honore à Rocamadour. (L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 458.)

Illustration : Jésus appelle Zachée

 

16 novembre 2020
Près de Jéricho, guérison de l’aveugle Bartimée (Luc 18, 35-43)

« Fils de David, aie pitié de moi ! » Jésus était déjà passé. Touché de son malheur, et aussi de tant de confiance, il s’arrêta : « Appelez-le ! » La foule, mobile comme toujours, s’intéresse maintenant à l’aveugle. « Courage ! lève-toi ; il t’appelle. » Alors l’homme au lieu de s’avancer en tâtonnant pour bien faire constater qu’il était aveugle et inspirer la pitié, jette son manteau pour être plus libre, bondit, et d’un instinct très sûr se trouve en face de Jésus. Afin de lui permettre d’exprimer publiquement sa foi, le Sauveur demande à l’aveugle : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Mais que peut désirer un aveugle ? « Maître, que je voie ! » et Jésus lui dit : « Va ; ta foi t’a sauvé. » Aussitôt il fut guéri et il le suivit, et sa reconnaissance éclatant en louanges envers Dieu, la curiosité de la foule se transforma en une pieuse admiration.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017)

Illustration : La guérison de Bartimée par Jésus, école italienne (17e).

 

14 novembre 2020
La prière instante
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité de prier sans se décourager (Luc 18, 1-8).

Dans son commentaire pour cette parabole le père Lagrange écrit : Quel que soit le sort que Dieu réserve aux siens dans ce monde, il veille sur eux, il entend leurs prières ; qu’ils ne se lassent pas de prier, ils seront délivrés selon les voies choisies par une Sagesse infinie. Ce qui ne signifie pas nécessairement une série de victoires miraculeuses qui convertiront le monde, car Jésus laisse ses disciples sous l’impression d’une inquiétude mélancolique : « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Il en trouvera, il vient de nous le dire, puisque tant d’âmes seront sauvées, mais ces derniers temps avec leur incurie de la justice divine seront des temps d’épreuve, et c’est alors que la prière devra redoubler ses efforts. (L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017, p. 426.)

Illustration : Ego sum lux mundi.
Une des attitudes de saint Dominique en prière (image tirée d’un manuscrit de 1280 environ)

 

12-13 novembre 2020
La venue du Règne de Dieu, la révélation du Fils de l’homme et le jugement. (Lc 17, 20-37)

Commentaires (extraits) du père Lagrange :

« Il s’agit du Règne de Dieu, tel qu’il existe ici-bas. Dieu règne en nous par la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint (Épître aux Romains 14, 17). »

« Le thème du discours est la révélation du Fils de l’homme et le jugement. Il se subdivise en cinq petites sections : Ne pas chercher le Fils de l’homme, parce qu’il se manifestera clairement (Lc 17, 22-25) ; les hommes seront dans l’insouciance (26-30) ; il faudra se détacher de tout (31-33) ; alors aura lieu le jugement (34-35), et le rassemblement des élus (37). » (Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941).

Illustration : Jésus et ses disciples (détail) par Masaccio (15e)
La ronde des élus (détail) Fra Angelico (15e)

10 novembre 2020
Jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du fr. Marie-Joseph Lagrange o.p.
Comme chaque mois à cette date, Fr. Manuel Rivero o.p. célèbre la messe à vos intentions particulières, vous, amis du père Lagrange et pour que la sainteté de la vie de ce grand spirituel soit reconnue publiquement. En union de prières.

 

 

 

8 novembre 2020
Parabole des vierges prudentes et des vierges folles (Mt 25 1-13)

Extrait du commentaire du père Lagrange :

La parabole de ce jour n’est pas une allégorie. L’époux ne juge pas comme le fera le Fils de l’homme qu’il ne représente pas directement, et ne fait pas le discernement des dispositions du cœur. La comparaison met seulement ce point en relief – mais avec quelle force ! – que tout est inutile si l’on n’est pas prêt au moment où le Fils de l’homme se présente pour introduire les invités à son festin. […]

Il faut donc laisser à Dieu le choix de ses interventions et de l’heure, et se tenir toujours prêt. Quant aux dispositions qu’il faut apporter au jugement, Jésus les a fait connaître, soit par la parabole des talents sur la fidélité à travailler pour lui en attendant sa venue, soit surtout par le tableau du jugement dernier (Mt 25 31-46).

(L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège, 2017.)

Illustration : Parabole de la vierge sainte et des vierges folles (détail) par Friedrich Wilhelm Schadow (19e)

 

7 novembre 2020
Fête de tous les saints de l’Ordre des Prêcheurs

« N’avons-nous pas éprouvé souvent, mes frères, ce sentiment de réconfort, cette consolation, et une nouvelle énergie en pensant à nos saints, à cette glorieuse assemblée présidée par Jésus, où Marie règne à sa droite, où les anges et les saints mêlés ensemble louent le Seigneur qu’ils contemplent et qu’ils possèdent. » (Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel)

Illustration : Tous les saints de l’Ordre des Prêcheurs-Dominicana

 

 

6 novembre 2020
Sur l’usage des biens du monde (Lc 16, 1-8)

Commentaire du père Lagrange (extrait) :

Les paraboles sur la joie que donne à Dieu le retour d’un pécheur sont donc terminées par une vue sur l’intimité du juste avec son Seigneur. Elles ne changent rien au principe essentiel de la résolution qu’il faut prendre de le servir coûte que coûte. On dirait que Jésus est revenu cette fois sur ce thème du renoncement, pour en marquer l’aspect positif et encourageant. Il avait dit : « Celui qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple » (Lc 13, 33).

Mais fallait-il se dépouiller complètement ? Et que faire de ce qu’on rejetait pour suivre Jésus ? Sa doctrine n’est pas un nihilisme destructeur, mais une invitation à la charité envers le prochain. C’est aux pauvres qu’il faut donner ces richesses dont on se débarrasse, et, même si on les garde, on ne doit se considérer que comme un administrateur au nom de Dieu. Cet enseignement débute par la parabole de l’économe infidèle, qui passe pour difficile et qui est cependant très claire.

Illustration : Mosaico que representa a Jesús acompañado por dos discípulos –realizado por el Centro Aletti-Fuente: News. va Español

 

5 novembre 2020
Parabole de la drachme perdue et retrouvée

« Ainsi je vous le dis : il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15,10).

« La joie dans le ciel, parmi les anges, et aussi en Dieu ; car la vie de Dieu n’est-elle pas la béatitude et la joie ? Mais, comment lui attribuer quelque chose qui ressemble à de la sollicitude ? Et certes, nous savons par les philosophes que Dieu est impassible. Mais, à quoi cela nous sert-il religieusement ? Ce qui nous est bon, c’est de savoir qu’il y a dans la plénitude de ses perfections quelque chose qui remplace et qui dépasse infiniment la plus tendre sollicitude humaine. C’est cette connaissance qui fait que le pécheur ose aimer Dieu, et ce sont ces sentiments du Père que Jésus nous a révélés dans la parabole de l’enfant prodigue. » (Marie-Joseph Lagrange, o.p. dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017.)

Illustration : An angel band in Fra Angelico “Paradise,” 1431–35. (Greg Cook)

 

 

 

4 novembre 2020

Pensée du père Lagrange

« Heureux sommes-nous d’avoir été choisis par Jésus pour lui rendre témoignage dans des temps si durs aux croyants… » (Journal spirituel, 22 décembre 1907).

 

Icône Christ tendresse, Jésus et Jean de sœur Marie Paul, moniale bénédictine du Mont-des-Oliviers-Jérusalem.

 

 

 

 

3 novembre 2020
Saint Martin de Porrès, dominicain (1579-1639), surnommé « Martin de la Charité »
Canonisé par le saint pape Jean XXIII le 16 mai 1962.

Sur la charité, le père Lagrange écrit dans son Journal spirituel :

« Quant à ceux qui disent que désormais le monde est mûr pour les vertus naturelles, que la religion chrétienne a conduit au grand principe de la charité, mais que son dogme est désormais superflu… fade rêverie qui ne tient pas compte des faits : que sont les vertus naturelles sans religion, où sont-elles ? L’argument des vertus réservées, chasteté, humilité les touche peu, ils ne les regardent pas comme nécessaires à la bonne marche du monde. Il faut répondre que l’existence de ces vertus est une preuve du divin. »

Martin est né en 1579 à Lima, au Pérou. Sa mère est une descendante des esclaves noirs et son père est chevalier espagnol. Ils ne sont pas mariés et c’est sa mère qui l’élève seul. À cause de sa couleur, son père l’abandonne. L’étymologie de mulâtre et de mulâtresse dérive de l’espagnol « mulo » signifiant… mulet ! Martin de Porrès n’avait donc guère de valeur aux yeux des colons vivant à Lima, en cette fin de XVIe siècle.

À 12 ans, Martin devient plutôt barbier qu’infirmier. À l’époque, les barbiers soignent aussi les blessures. Martin donne son temps pour soigner les plus pauvres et va chaque jour à l’église. À 16 ans, au couvent dominicain Notre-Dame du Rosaire, il devient simple « donatus » (frère donné), plus bas « échelon » chez les prêcheurs, puis frère convers. Il balaye, lave le couvent et joue aussi le rôle d’infirmier, car se confirme en lui un vrai don pour soigner et même guérir.

Malgré l’interdiction qui lui est faite par son prieur, Martin se met à ramener dans sa cellule malades et blessés. Alors qu’on le morigénait d’avoir enfreint les consignes, il se serait exclamé avec une ingénuité :« J’ignorais que le vœu d’obéissance l’emportait sur le précepte de charité. » Il distribue à des personnes démunies de la nourriture et des soins sans différencier riches et pauvres, leur donnant parfois son propre repas. Le pape l’appellera « Martin de la Charité ».

On dit aussi qu’il parlait aux animaux, aux souris, aux dindons, aux chiens errants, qu’il nourrissait. C’est pourquoi on le représente souvent dans les peintures ou les statues accompagné d’un animal. (Monastère des Dominicaines d’Estavayer-Le-Lac)

Illustration : Saint Martin de Porrès (peintre inconnu)

 

2 novembre 2020

 

À tous nos chers défunts

« La présence de Jésus en nous, qui m’a été on peut dire révélée, aide à comprendre le mystère de la vie éternelle.

[…] en ce moment les arbres semblent morts, ne croyez-vous pas que la vie agit en silence… c’est le mouvement, le mouvement de la foi, le mouvement de l’espérance, le mouvement de la charité » (Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel).

À la mémoire de Vincent, Nadine et Simone. Notre prière les accompagne ainsi que leurs chères familles dans ce deuil atroce.

« Pour moi je serai à jamais avec toi, quel autre ai-je au ciel que toi, avec toi je ne veux rien sur la terre, ma chair et mon cœur se consument, mon partage c’est Dieu à jamais. » [ls 72, 25-26] Cité par Fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. dans son Journal spirituel.

Litanie des saints

Seigneur, prends pitié.
Seigneur, prends pitié. 
Ô christ, prends pitié.
Ô christ, prends pitié. 
Seigneur, prends pitié.
Seigneur, prends pitié. 

I

Sainte Marie, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des Vierges, priez pour nous.

Saints Michel, Gabriel et Raphaël, priez pour nous.
Saints Anges et Archanges, priez pour nous.
Assemblée sainte des esprits bienheureux, priez pour nous.

Abraham et Élie, priez pour nous.
Saint Jean-Baptiste et saint Joseph, priez pour nous.
Saints patriarches et prophètes, priez pour nous.

II

Saint Pierre et saint Paul, priez pour nous.
Saint Jacques et saint Jean, priez pour nous.
Saint André et saint Thomas, priez pour nous.

Saint Jacques et saint Philippe, priez pour nous.
Saint Barthélémy et saint Matthieu, priez pour nous.
Saint Simon et saint Jude, priez pour nous.

Saint Mathias et saint Barnabé, priez pour nous.
Saint Luc et saint Marc, priez pour nous.
Saints apôtres et saints évangélistes, priez pour nous.

III

Sainte Marie-Madeleine, priez pour nous.
Vous tous, disciples du Seigneur, priez pour nous.
Tous les saints innocents, priez pour nous.

Saint Étienne et saint Laurent, priez pour nous.
Saint Ignace d’Antioche, priez pour nous.
Saints Corneille et Cyprien, priez pour nous.

Saintes Perpétue et Félicité, priez pour nous.
Sainte Agnès et sainte Cécile, priez pour nous.
Vous tous, saints martyrs, priez pour nous.

IV

Saint Basile et saint Athanase, priez pour nous.
Saint Ambroise et saint Augustin, priez pour nous.
Saint Grégoire et saint Jérôme, priez pour nous.

Sainte Catherine de Sienne, priez pour nous.
Sainte Thérèse d’Avila, priez pour nous.
Saints docteurs et confesseurs, priez pour nous.

Saint Clément et saint Martin, priez pour nous.
Saint Denis et Saint Germain, priez pour nous.
Saints évêques du Seigneur, priez pour nous.

V

Saint Jean-Marie Vianney, priez pour nous.
Saints ministres du Seigneur, priez pour nous.
Saint Bruno et saint Bernard, priez pour nous.

Saint Ignace de Loyola, priez pour nous.
Saint François-Xavier, priez pour nous.
Saints fondateurs et évangélisateurs, priez pour nous.

Saint Antoine et saint Benoît, priez pour nous.
Saint François et saint Dominique, priez pour nous.
Saints moines et réformateurs, priez pour nous.

VI

Sainte Jeanne-d’Arc, priez pour nous.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, priez pour nous.
Vous tous, vierges saintes, priez pour nous.

Saint Jean XXIII et saint Jean-Paul II, priez pour nous.
Bienheureux Christian de Chergé [1]priez pour nous.
Saint Édouard et saint Emmanuel, priez pour nous.

Saint Marcel et sainte Geneviève, priez pour nous.
Tous les saints de notre Église, priez pour nous.
Et vous tous, saints et saintes de Dieu, priez pour nous.

VII 

Montre-toi favorable, délivre-nous, Seigneur ! 
De tout péché et de tout mal, délivre-nous, Seigneur ! 
De la mort éternelle, délivre-nous, Seigneur ! 

Par ton Incarnation, délivre-nous, Seigneur ! 
Par ta mort et ta résurrection, délivre-nous, Seigneur ! 
Par le don de l’Esprit-Saint, délivre-nous, Seigneur ! 

VIII

Nous qui sommes pécheurs, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de conduire et de garder ton Église, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de garder dans la sainteté de ton service notre père le pape François, notre évêque Michel et tous les évêques, les prêtres et les diacres de ton Église, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de mettre entre les peuples une entente et une paix sincères, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de donner à tous les hommes de te reconnaître pour leur Seigneur et leur Sauveur, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de nous affermir et nous garder fidèles à te servir, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise d’établir comme témoins de ta vérité et comme artisans de ton amour tous les consacrés, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de bénir ceux que tu as appelés, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de les bénir et de les sanctifier, de grâce, écoute-nous !
Pour qu’il te plaise de les bénir, de les sanctifier et de les consacrer, de grâce, écoute-nous !
Jésus, Fils du Dieu vivant, de grâce, écoute-nous !

Ô Christ, écoute-nous !
Ô Christ, écoute-nous ! 
Ô Christ, exauce-nous !
Ô Christ, exauce-nous !

 

1er novembre 2020
Solennité de tous les saints

Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. Psaume 23 (24).
N’avons-nous pas éprouvé souvent, mes frères, ce sentiment de réconfort, cette consolation, et une nouvelle énergie en pensant à nos saints, cette glorieuse assemblée présidée par Jésus, où Marie règne à sa droite, où les anges et les saints mêlés ensemble louent le Seigneur qu’ils contemplent et qu’ils possèdent. Mais ce spectacle si beau est trop beau, notre œil ne saurait l’atteindre. Celui que je vous propose aujourd’hui, c’est la vie des saints sur la terre, le spectacle même qui mettait un terme à l’angoisse du psalmiste. Les saints, avant d’être couronnés, ont lutté. Ils sont différents les uns des autres par toutes les nuances du talent, du caractère, du temps et de l’espace. Ils se ressemblent tous en ceci qu’ils ont pratiqué les vertus dans un degré héroïque. (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel.)
En mémoire de Vincent, Simone et Nadine, victimes de la folie humaine.
Illustration : Tous les saints. Retable de Louis Brea. 1513. Santa Maria di Castello. Gênes, Italie. Photo Dario Grimoldi.

L’étreinte de Dieu avec l’humanité en Jésus Christ : Enseignement du père Lagrange O.P. et du cardinal Tauran par Fr. Manuel Rivero O.P.

Au terme et au sommet spirituel de son livre de vulgarisation sur l’exégèse des quatre évangiles, le père Lagrange écrit : « Il y a là un envahissement des choses divines, qui étonne la raison. C’est l’insertion de la divinité dans l’humanité, la nature humaine participant par la grâce à la nature divine, une telle prodigalité de dons, des exigences si hautes qu’une raison trop courte en est écrasée plutôt qu’attirée. On est tenté de dire que c’est trop beau !
Mais en dehors, il n’y a rien, rien qui compte pour nous, rien qui porte la marque de l’infini. Nous voilà en face du néant. Où aller, Seigneur ? Il ne reste qu’à se renfermer dans un doute fastueux – ou désespéré. Ou plutôt à se serrer autour de Pierre qui dit toujours : « Vous avez les paroles de la vie éternelle », et à s’abandonner à l’étreinte de Dieu en Jésus Christ. »
De son côté, le cardinal Tauran partage la même expression « étreinte de Dieu » pour exprimer l’union du Fils de Dieu avec l’humanité dans le mystère de l’Incarnation et de la Croix : « Pour le grand apôtre (saint Paul), le centre de l’unité, vers laquelle l’humanité doit nécessairement converger, est la personne du Christ. Souvent, il se plaît à souligner le rôle non seulement cosmique, mais salutaire de la Croix et de la Pâque qui ont fait du Christ le Kyrios, Seigneur de l’humanité et de l’Histoire. En outre, c’est dans le « mystère » de la Croix que Paul voit l’étreinte de l’humanité tout entière, réconciliée après les déchirements et les divisions qui, de son vivant, étaient représentées par la double réalité du monde religieux hébraïque et du monde religieux gréco-romain ».
C’est ainsi que Jésus le Christ s’unit à tout homme accomplissant le mystère de la Rédemption par l’Incarnation et la Croix. Ce mystère commencé dans le sein de la Vierge Marie s’accomplit dans l’élévation de la croix et dans la mort de Jésus. En partageant la condition humaine jusqu’à la mort, le Fils de Dieu, qui a pris sur lui le mal et le malheur de l’humanité entière, partage la gloire de sa divinité à ceux qui mettent leur confiance en Lui.
L’humanité de Jésus le Christ semblable à celle de tous les hommes, excepté le péché, constitue le commun dénominateur de Dieu avec le genre humain : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, n°22).
La Croix et la mort de Jésus représentent le sommet de l’amour de Dieu plus fort que la mort.
Ressuscité d’entre les morts le matin de Pâques, Jésus accomplit sa prière sacerdotale à la veille de sa Passion : « Père, qu’ils soient un comme nous » (Jn 17, 11) ; « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux. » (Jn 17,26).
Religion par excellence du corps, le christianisme célèbre l’étreinte de Dieu avec l’humanité réalisé dans le corps de Jésus, corps douloureux dans la Passion, lumineux dans sa résurrection, avec l’énergie de l’Esprit Saint envoyé par le Père.
Le corps glorieux de Jésus intègre les croyants en son nom qui en deviennent ses membres, le Christ total, formé de la Tête et des membres : les fidèles.
Si pour certaines religions, il est impensable que Dieu assume un corps humain dans sa vulnérabilité, et encore moins qu’il subisse la douleur ou la mort, le christianisme accueille la révélation déployée par Jésus le Christ. Dieu s’unit à la nature humaine pour que la nature humaine s’unisse à Dieu. Fruit de la grâce et de la miséricorde divine, Jésus ressuscité le manifeste à Marie-Madeleine dans le jardin de Jérusalem : « Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17).
Renversé sur le chemin de Damas par la lumière éblouissante de Jésus ressuscité, Paul de Tarse vit l’expérience de la présence aimante de Jésus vivant qui s’identifie aux chrétiens persécutés (cf. Ac 9).
Pharisien, formé à Jérusalem par le grand maître Gamaliel, Paul commente ainsi les versets de la Genèse : « ‘L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair’ : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Eph 5,31-32).
Dans le Cantique des Cantiques, la bien-aimée s’exclamait : « Son bras est sous ma tête et sa droite l’étreint » (Ct 2,6). Par l’amour du Christ Jésus, l’Église célèbre l’étreinte avec Dieu. Les paroles de la prière eucharistique au cours de la messe mettent en lumière cette union humaine et divine : « Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Église, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton alliance ; quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (Prière eucharistique III).
Saint-Denis/ La Réunion, le 21 octobre 2020.

Les Sept Paroles du Christ en Croix – Fête de la Croix Glorieuse par Fr. Manuel Rivero O.P.

 

Saint-Denis (La Réunion), le 11 septembre 2020

Prier, ce n’est pas réciter des prières. Prier, c’est entrer dans la prière du Christ.

Sur la croix, Jésus a prié son Père. Les sept paroles du Crucifié nous introduisent dans le moi profond de Jésus où Dieu et l’homme ne font qu’un, mystère où la souffrance humaine et l’amour de Dieu se rencontrent.

Nous pouvons les méditer et les apprendre par cœur et par le cœur pour fêter la Croix glorieuse.

 

Première parole : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34)

La mort est proche. Jésus invoque son Père. Non pas pour demander la vengeance ou la punition des grand prêtres, de Pilate ou de la foule, mais pour attirer le pardon divin.

Dieu a envoyé son Fils non pas pour condamner l’humanité mais pour la sauver. Jésus accomplit sur la croix sa mission de réconciliation des pécheurs avec la sainteté de Dieu.

Seul l’amour divin peut délivrer le cœur des hommes. Dans son agonie, Jésus appelle le pardon, c’est-à-dire le don de Dieu, l’Esprit Saint. Son dernier soupir annoncera physiquement le don en plénitude du Souffle saint à la Pentecôte.

Avocat des coupables et des condamnés, Jésus intercède pour ses propres bourreaux. Ce qu’il a enseigné pendant sa vie publique apparaît traduit en actes sur la croix : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament » (Lc 6, 27-28).

Les avocats plaident pour leurs clients et en leur nom. Jésus plaide auprès de son Père pour les pécheurs frappés d’aveuglement : « ils ne savent pas ce qu’ils font ». Saint Paul dira plus tard que s’ils l’avaient connu « ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de la Gloire » (I Cor 2, 8).

Faute d’intelligence du mystère de Jésus, ils l’ont condamné à mort.

L’amour rend intelligent car il est lumière. Inspiré par Dieu, saint Paul enseigne que l’amour donne le discernement (cf. Ph 1, 10). L’orgueil et la jalousie obscurcissent l’esprit.

Sans sagesse, des responsables religieux et politiques ont condamné à mort le Messie.

Néanmoins, Jésus ne les condamne pas mais il les pardonne en communion avec la volonté de salut du Père.

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36).

Les Pères de l’Église voient dans le bois de la croix « la chaire » d’où le Maître de la Vie enseigne les hommes à croire et à aimer.

Qui peut se dire sans blessures morales, psychologiques ou spirituelles ? Personne. Chacun se bat avec ses plaies ouvertes : des injures, des injustices ou des trahisons.

Le pardon du Christ appelle le pardon des hommes. Et pardonner demeure difficile. Le pardon ne se réduit pas à un désir d’oublier l’offense. Il ne s’agit pas de tourner la page. Jésus nous demande de bénir ceux qui nous maudissent en appelant le Saint-Esprit sur nos ennemis.

Si la fièvre de la vengeance agit en nous, faisons nôtre la première prière de Jésus en croix afin de pardonner comme le Christ Jésus et par la grâce du Saint-Esprit, don parfait de Dieu. Alors nos blessures pourront cicatriser.

 

Deuxième parole : « Femme, voici ton fils » : Voici ta mère » (Jn 19, 26-27)

Nous pouvons dire « à Jésus par Marie », mais en allant à l’Évangile, nous affirmons aussi « à Marie par Jésus ». C’est Jésus lui-même, dans ce moment solennel et capital, qui nous donne sa Mère pour Mère spirituelle.

Cette maternité spirituelle de la Mère du Messie fait partie du mystère de la Rédemption. Avant de dire « tout est accompli », Jésus a demandé à sa mère de prendre le disciple bien-aimé, Jean, comme fils. En se tournant vers le disciple qui avait reposé sur le cœur de Jésus à la dernière Cène, Jésus a dit : « voici ta mère ». Image de la communauté des disciples, Jean prit aussitôt la Mère deJésus « chez lui », c’est-à-dire non seulement dans sa maison mais surtout dans son cœur de croyant.

En quoi consiste cette maternité spirituelle ? Le Concile Vatican II précise que Marie, la mère de Jésus, agit comme notre Mère par son intercession (cf. Lumen gentium, chapitre VIII). Si lors des noces de Cana (Jn 2), l’intervention de la Mère de Jésus déclencha le premier miracle de la vie publique de Jésus par le changement de l’eau en vin, l’intercession de la Mère de Jésus obtient aux chrétiens le passage de la tristesse à la joie, du péché à la conversion, de la maladie à la guérison.

À la suite de saint Louis-Marie Grignion de Montfort (+1716), les catholiques sont exhortés à confier leur vie à la Mère de Dieu, « advocata nostra », comme le chante le Salve Regina, « notre avocate, la douce Vierge Marie.

Cette deuxième parole de Jésus en croix nous conduit au Cœur immaculée de Marie pour croire comme elle. La foi de Marie est la foi de l’Église.

En prenant la Mère de Jésus pour mère et pour modèle, en lui confiant notre vie et notre mort, ce que nous sommes et ce que nous avons, nous devenons davantage disciples de Jésus. Que pouvons-nous faire de mieux qu’aimer Jésus comme Marie l’a aimé et d’aimer Marie comme Jésus l’a aimé ?

Pour les catholiques, il n’y a qu’un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus. Il est le seul Sauveur. La Vierge Marie, la toute sainte, est la plus grande des sauvés, c’est pourquoi son nom apparaît en premier dans la mémoire des saints au cœur des prières eucharistiques de la messe, avant les apôtres et les martyrs.

Humble servante du Seigneur, Marie ne gêne pas l’unique médiation de son Fils entre Dieu et les hommes. Marie fait partie du mystère du Salut à l’intérieur de la médiation de Jésus, en tant que sa Mère, dont la grandeur réside dans sa foi.

Le saint curé d’Ars appelle la Vierge Marie non pas « la porte du Ciel » mais « la portière », celle qui se tient auprès de son Fils, « la Porte » (Jn 10,9), « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Dans l’Ave Maria, nous demandons à la Mère Dieu de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort ». Humble portière, elle nous accueillera au dernier jour quand nous serons devant la Porte du Ciel, le Christ Jésus.

 

Troisième parole : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 43)

Jésus n’a canonisé qu’un condamné à mort, crucifié à ses côtés.

Sur le Calvaire, trois hommes vivent différemment le même supplice. Dans son malheur, « le mauvais larron » injurie Jésus : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi » (Lc 23,39).

« Le bon larron » discerne la sainteté de Jésus et il met sa foi en lui. C’est pourquoi il reprend son compagnon de supplice : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes, mais lui n’a rien fait de mal. » Et il prononce cette prière qui lui vaut l’ouverture du Ciel : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton Royaume. » La réponse de Jésus restera gravée dans la mémoire des pécheurs comme signe et assurance du pardon de Dieu accordé par la foi : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

Nul ne peut invoquer ses propres mérites pour obtenir le salut. Dieu l’accorde gratuitement à ceux qui le lui demandent avec foi.

Le mot « aujourd’hui » montre que le sacrifice de Jésus en croix n’a pas été vain pour l’humanité. La porte du Paradis s’ouvre quand le côté de Jésus est transpercé par la lance du soldat romain.

« Le bon larron » entre dans le Paradis avec le Christ. La condamnation à mort de Jésus ne se réduit pas à un faux procès ou à une erreur judiciaire. Il s’agit d’un sacrifice choisi librement : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jn 10,18).

Le sang versé par Jésus sur la croix apportera « la rémission des péchés à une multitude » (Mt 26, 28).

C’est pourquoi un condamné à mort devient un modèle dans l’Église à cause de sa foi. Personne ne peut se dire juste. Tous peuvent devenir justifiés, ajustés à la sainteté de Dieu par la confession de foi.

Qui peut nous séparer de l’amour de Dieu ? Rien ni personne sauf nous-mêmes si nous refusons de croire en Jésus Sauveur.

Aussi le pharisaïsme est-il dénoncé dans la parabole de Jésus sur la prière du publicain et du pharisien (Lc 18,9s). Celui qui s’enorgueillit de ses actes en méprisant autrui s’éloigne de Dieu. Le pécheur repenti entre dans l’amour de Dieu.  

En menant avec lui dans le Paradis « le bon larron », Jésus manifeste le salut universel obtenu et accordé à tous les pécheurs qui reconnaissent leurs torts.

Les ténèbres du Calvaire sont transpercées par la lumière de la miséricorde divine. Le bois de la croix donne un fruit doux et savoureux de miséricorde. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (Rm 5,20.) Le père Lataste, dominicain, apôtre des prisons, découvrit les merveilles accomplies par Dieu en la personne des femmes détenues de la prison de Cadillac (Gironde). Ces femmes condamnées se relevèrent comme les fleurs après la pluie en entendant la Bonne Nouvelle de la miséricorde de Jésus.

Illuminé par cette expérience, le père Lataste s’était exclamé : « Il y a chez les plus grands pécheurs ce qui fait les plus grands saints. »

Le bon larron cachait dans son cœur une grande soif de vérité, de miséricorde et d’amour.

Exemple de foi, la prière du bon larron illumine ceux qui sont dans les ténèbres des prisons et de l’emprisonnement des péchés.

Puissions-nous reprendre la confession de foi de ce crucifié pour entendre des lèvres de Jésus : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ».

 

Quatrième parole : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46)

Cette parole de Jésus, le Fils de Dieu, choque la sensibilité du croyant. Comment peut-il parler d’abandon alors qu’il a dit « le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10,30) ? Comment celui qui appelait Dieu « papa », « Abba » (Mc 14, 36), peut-il éprouver la séparation d’avec Dieu ?

Il y a bien sûr, la douleur effrayante de l’étouffement et l’angoisse de la mort qui peut nous faire imaginer le sentiment de solitude et d’abandon de Jésus.

Mais la mort du Christ contient un mystère infini, divin, qui dépasse notre entendement.

Le saint Pape Jean-Paul II dans son encyclique « Salvifici doloris » (n°18) nous ouvre les yeux au mystère de la Rédemption de l’humanité par la souffrance de Jésus. Cette souffrance comprend évidemment la douleur terrible du supplice mais surtout elle relève du péché des hommes.

À l’image d’une éponge qui absorbe le fiel, le corps très saint de Jésus a pris en lui le péché des hommes. Le prophète Isaïe avait annoncé dans le quatrième chant du Serviteur : « Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face, méprisé, nous n’en faisions aucun cas. Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. (…) Le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Is 53, 3-6).

Saint Paul reprend ce mystère de la rédemption par la croix en écrivant : « Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous » (2 Cor 5,21).

Saint Jean-Paul II de commenter : « mesurant « tout«  le mal — contenu dans le péché — qui consiste à tourner le dos à Dieu, le Christ, par la profondeur divine de l’union filiale à son Père, perçoit d’une façon humainement inexprimable la souffrance qu’est la séparation, le rejet du Père, la rupture avec Dieu. » (Salvifici doloris, n°18.)

C’est le péché de l’histoire de l’humanité, pris par lui dans son corps, qui fait éprouver au Christ le tragique sentiment de vide, de solitude et d’abandon propre au péché comme rejet de Dieu.

Saint Jean de la Croix (+1591) enseigne avec son charisme de docteur de l’Église que Jésus accomplissait sur la croix la plus grande œuvre de sa vie, bien au-delà des miracles et des prodiges, car il s’agissait de « la réconciliation du genre humain et de son union à Dieu par la grâce » (cf. La Montée du Carmel, livre 2, ch. 6).

Portons dans notre prière ceux qui sont abandonnés ou qui se sentent abandonnés même par Dieu. Présentons au Seigneur Jésus ceux qui tentent de se suicider ou qui y parviennent. Laissons le jugement à Dieu, le seul à connaître les secrets des âmes. L’Église désapprouve le suicide, mais elle se garde de condamner les personnes qui ont cherché à mettre fin à leur vie. Nous ignorons ce qui se passe dans la conscience des personnes dans les instants qui précèdent la mort où la foi et la prière peuvent changer la destinée d’une vie.

Jésus lui-même a crié sur la croix dans l’angoisse et le sentiment de séparation d’avec son Père.

Prions pour que le Seigneur soit l’espérance des hommes dans le désespoir.

 

Cinquième parole : « J’ai soif ! » (Jn 19, 28)

Jésus a soif. On lui donne du vinaigre.

Mais Jésus a soif de notre soif de Dieu, de notre conversion.

Lors de la rencontre avec une femme samaritaine autour du puits de Jacob, Jésus, assoiffé, avait demandé à boire au grand étonnement de cette femme qui ne partageait pas les mêmes coutumes religieuses que les Juifs.

Jésus lui avait déclaré : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire« , c’est toi qui l’aurait prié et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jn 4,10). L’eau vive est le symbole du Saint-Esprit que Jésus accorde aux âmes assoiffées de Dieu :

Les sœurs de Mère Teresa affichent sur l’un des murs de tous leurs oratoires cette phrase de Jésus : « J’ai soif ».

En effet, Jésus a soif en la personne des pauvres. Ce que nous faisons au plus petit d’entre les hommes qui sont les frères de Jésus c’est à Jésus lui-même que nous le faisons. L’Évangile selon saint Matthieu (Mt 25) nous présente les rencontres avec le Christ vécues parfois à notre insu. Le Christ est présent en la personne de l’affamé, de l’assoiffé, du malade, du prisonnier et de l’étranger.

Les évangiles apocryphes ont rendu populaire Véronique, cette femme compatissante qui s’était approchée de Jésus au cours de sa marche vers le Calvaire. L’étymologie de Véronique, « véritable icône », « véritable visage », annonce la présence du visage du Christ dans les membres souffrants de l’humanité. Véronique a essuyé avec un linge le visage tuméfié de Jésus, couvert de crachats et de sang. Le Seigneur lui a offert en reconnaissance sa Sainte-Face imprimée sur le tissu de sa miséricorde.

Nous pouvons croire aussi que chaque fois que nous aidons ceux qui ont soif de notre aide le Seigneur Jésus imprime sur notre âme sa Sainte-Face. Nous faisons alors l’heureuse expérience de Véronique.

Sur la croix, Jésus a soif d’accomplir la volonté du Père et de s’unir à Lui dans la gloire qu’il avait dès avant la fondation du monde : « Dieu, c’est toi mon Dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, après toi languit ma chair, terre sèche, altérée, sans eau » (Psaume 62).

Jésus a soif du salut et de la divinisation des hommes afin qu’ils partagent l’amour du Père : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création du monde » (Jn 17, 24).

 

Sixième parole : « Tout est accompli » (Jn 19, 30)

Jésus ne dit pas « tout est fini » mais « tout est accompli ».

La mort du Christ ne représente pas la dégringolade finale mais le sommet de son existence et de sa mission. En donnant sa vie jusqu’à la mort, Jésus accomplit l’œuvre d’amour confiée par le Père.

La perfection apparaît dans la confiance absolue en Dieu et dans l’amour sans limite. La mort de Jésus dévoile le don total de lui-même au Père.

Dans l’Évangile, l’art d’aimer et l’art de mourir vont ensemble et ils ne font qu’un. Aimer, c’est mourir à soi-même, à son ego et à sa volonté de domination et d’indépendance. Qui veut garder sa vie la perd et qui perd sa vie à cause de Jésus la gagne.

La mort de Jésus brille comme l’acte parfait d’amour envers Dieu et envers les hommes. Confiance inconditionnelle de Jésus qui connaît l’anéantissement total jusqu’à l’ensevelissement au tombeau où il attendra la résurrection de son corps par la puissance de l’Esprit Saint envoyé par le Père.

En mourant, Jésus détruit la mort, et aux morts il donnera la Vie.

Pour saint Jean l’évangéliste, Jésus élevé en croix manifeste la gloire de Dieu. La gloire, le poids de l’amour de Dieu, resplendit sur la croix.

Dieu est amour (1 Jn 4,16). L’amour du Christ atteint son sommet sur la croix. C’est là que sa divinité, mystère d’humilité, apparaît à la face de tous les peuples.

C’est ainsi que les disciples de Jésus évaluent la grandeur ou l’insignifiance de leur existence en fonction du don total d’eux-mêmes à Dieu et aux hommes. Il s’agit d’une réalité intérieure. La personne humaine sait très bien si elle se donne au service de Dieu et des autres ou si elle vit pour elle-même, repliée sur la recherche de son bien-être avant tout.

Le cardinal François-Xavier NGUYEN Van THUAN (+2002), qui a subi la prison pendant treize ans au Vietnam à cause de sa fidélité au Christ, aimait à distinguer Dieu et les œuvres de Dieu. Il raconte cela dans la retraite prêchée à la Curie romaine en l’an 2000 : « Une nuit, une voix m’a dit, au profond de mon cœur : « Pourquoi te tourmenter ainsi ? Tu dois faire la différence entre Dieu et les œuvres de Dieu. Tout ce que tu as accompli et que tu désires continuer à faire : visites pastorales, la formation des séminaristes, des religieux, des religieuses, des laïcs, des jeunes, les constructions d’écoles, de foyers pour étudiants, les missions pour l’évangélisation des non chrétiens … tout cela est excellent, ce sont les œuvres de Dieu, mais ce n’est pas Dieu ! Si Dieu veut que tu abandonnes tout cela, fais-le tout de suite et aie confiance en lui. Dieu fera les choses infiniment mieux que toi, il confiera ses œuvres à d’autres qui sont bien plus capables que toi. Tu as choisi Dieu seul, non pas ses œuvres !« 

Cette lumière m’a apporté une paix nouvelle, qui a totalement changé ma manière de penser et m’a aidé lors de moments physiquement à la limite du supportable. Dès cet instant, une force nouvelle a rempli mon cœur et m’a accompagné pendant treize ans.

Choisir Dieu et non pas les œuvres de Dieu. Voilà le fondement de la vie chrétienne, à chaque époque. Et c’est en même temps la réponse la plus vraie que l’on puisse donner au monde d’aujourd’hui. C’est le chemin par lequel se réalisent les desseins du Père sur nous, sur l’Église, sur l’humanité de notre temps.

Chaque pasteur pense en effet qu’il a choisi Dieu. Nous nous dépensons tous avec dévouement pour les œuvres de Dieu. Mais je sens qu’il me faut toujours m’examiner à nouveau sincèrement devant Lui : dans ma vie pastorale, quelle est la part de ce qui est à Dieu, et la part ce qui est pour ses œuvres (qui se révèlent d’ailleurs souvent être mes œuvres) ? Quand je refuse d’abandonner une charge ou lorsque j’en désire une autre, suis-je vraiment désintéressé ?[1]».

Seigneur Jésus, accorde-nous la grâce d’accomplir notre vie dans la foi et l’amour.

 

Septième parole : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46)

Jésus en tant que Fils unique du Père reçoit tout de Lui.

Sa mission accomplie, Jésus remets sa vie entre les mains du Père.

Dans l’Évangile selon saint Luc, la première et la dernière parole de Jésus est bien « Père ». Lors du recouvrement de Jésus au Temple de Jérusalem, à l’âge de 12 ans, Jésus déclare à Marie et à Joseph qui l’avaient cherché angoissés dans la caravane du retour : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2,49). Sur le Calvaire, la dernière parole de Jésus va vers son Père « Père, en tes mains je remets mon esprit ».

Dieu est relation et relation d’amour qui trouve son origine dans le Père, qui engendre le Fils unique bien-aimé dans la communion du Saint-Esprit.

Qui voit Jésus voit son Père qui l’a envoyé. Jésus est l’image du Père. Il a accompli le salut des hommes par l’amour absolu jusqu’à la mort. Et maintenant, il remet sa vie au Père.

Saint Luc précise que Marie et Joseph ne comprirent pas les paroles de Jésus « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? » (Lc 2,49). Ils ont gardé dans leur cœur les paroles et les événements de la vie de Jésus, les méditant jour et nuit.

L’Église contemple et médite jour et nuit le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus.

« Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Lc 23, 28), leur disait Jésus au cours de son Chemin de croix. Il s’agit de changer de vie en pleurant pour les péchés commis et de transmettre aux enfants la Bonne Nouvelle du Salut par la croix.

En mourant, Jésus entre dans la Vie de son Père. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus voyait dans la mort une pâque, un passage : « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».

Les chrétiens célèbrent la mort comme « la naissance au Ciel » ; c’est pourquoi les saints sont fêtés non pas le jour de leur naissance du ventre de leur mère mais le jour de leur naissance au Ciel, c’est-à-dire le jour de leur mort.

Il importe de célébrer les funérailles chrétiennes dans la lumière de la foi en Jésus, mort et ressuscité. Sa mort et sa résurrection forment les deux faces inséparables d’une même monnaie. Pas de résurrection sans mort. Pas de mort sans mouvement pascal vers la résurrection.

Grâce à La Croix Glorieuse de Jésus.

 

[1] Cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan, Témoins de l’espérance. Le testament du cardinal Van Thuan. Paris. Traduction de Sylvie Garoche. Troisième édition. Éditions Nouvelle Cité. 2000. PP. 63-67.

 

Écho de notre page Facebook : octobre 2020

2 octobre 2020
Les Saints Anges gardiens

« J’étais décidé à quitter le monde. Comment avertir mes parents ? M. Duchêne vint à la maison le 2 octobre, fête des saints Anges gardiens, l’une de mes trois communions des vacances tout le temps de mon enfance. Mes parents acceptèrent l’appel de Dieu. »

Marie-Joseph Lagrange O.P. Journal spirituel (1879-1932). Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P. Cerf. 2014.

Illustration : Ange musicien. Melozzo da forli (1480 env.) Pinacothèque Vaticane.

Saints anges gardiens, la troisième communion des vacances au temps de mon adolescence

Cette retraite devient très douce, s’il n’est rien de plus doux que de mieux servir Dieu, l’offenser moins, penser à lui davantage. Pourquoi n’en est-il pas toujours ainsi ?

Marie-Joseph Lagrange O.P. Journal spirituel (1879-1932). Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P. Cerf. 2014.
Illustration : Melozzo da forlì, chérubins, 1480 ca. Pinacothèque Vaticane.

 

3 octobre 2020
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897)
« Aimer Jésus et le faire aimer. »

Dans l’immense clarté d’amour divin où elle vivait, elle se voyait si peu de chose qu’elle pouvait parler d’elle sans le moindre amour-propre. Admirable leçon qu’elle donne plus que tout autre saint, avec un abandon d’enfant gâtée…

(Marie-Joseph Lagrange O.P. Journal spirituel, Cerf, 2014.)

Pour les « anciens », la fête de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus est restée au 3 octobre.
Bonne fête à toutes les Thérèse.

Illustration : Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus (mosaïque).

4 octobre 2020
Notre Père Saint François d’Assise, diacre

« Il faut épouser l’humilité comme saint François a épousé la pauvreté, par un vrai mariage mystique. Ne pas se pousser au premier plan, affirmer son moi, occuper les autres de son estime, de son affection. » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014.)

« Commençons par servir le Seigneur Dieu, car c’est à peine si nous avons accompli quelques progrès… » Ainsi parle François au moment où il achève sa course le 3 octobre 1226. Né en 1192, il a traversé le luxe, la frivolité, la conversion dans la rencontre avec le lépreux et avec le Christ en croix, la foi en l’eucharistie… la découverte de l’évangile… C’est Dieu, toujours, qui conduit.  L’amitié entre les deux ordres mendiants des Prêcheurs et des Mineurs (franciscains) est très profonde ; elle se traduit notamment par l’adoption des mêmes textes liturgiques pour la fête de leurs fondateurs respectifs. » Ainsi nous fêtons « Notre Père Saint François ».

L’amitié entre les deux ordres mendiants des Prêcheurs et des Mineurs (franciscains) est très profonde ; elle se traduit notamment par l’adoption des mêmes textes liturgiques pour la fête de leurs fondateurs respectifs. Ainsi nous fêtons « Notre Père Saint François ».

Calendrier dominicain-Ste-Baume

Illustration : S. François d’Assise et S. Dominique. Ordo Praedicatorum.

4 octobre 2020
« La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, est devenue le faîte de l’angle. » (Mt 21, 42)

En rejetant avec mépris cette pierre angulaire, les infortunés bâtisseurs préparaient leur ruine. « Quiconque tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera sera réduit en miettes. »

Tel est l’avertissement mémorable que Jésus donna à ceux qui s’opiniâtraient à ne pas reconnaître sa mission et ses droits.

(Marie-Joseph Lagrange O.P., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique. Préface de Jean-Michel Poffet O.P. Présentation de Manuel Rivero O.P. Préliminaire de Louis-Hugues Vincent O.P. Artège-Lethielleux. 2017.)

6 octobre 2020
Notre-Dame du Rosaire
Ave Maria

 » Le matin du Rosaire, j’étais à Marseille avec mon cousin Langeron, dans cette même église du Rosaire, le soir à Saint-Maximin. Le lendemain 6 octobre, je prenais l’habit ; j’avais stipulé de ne plus faire de retraite ; on me donna le nom de Marie-Joseph. »

(Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014.)

 

 

 

 

6 octobre 2020
Le père Lagrange et le Rosaire

Le 3 mai 2008, lors de son discours en la basilique de Sainte-Marie-Majeure, à Rome, le pape Benoît XVI confirmait : « Aujourd’hui la prière du Rosaire n’est pas une pratique reléguée au passé, comme une prière d’un autre temps à laquelle on pense avec nostalgie. Le Rosaire connaît en revanche un nouveau printemps. C’est sans aucun doute un des signes les plus éloquents de l’amour que les jeunes générations nourrissent pour Jésus et pour sa mère Marie. Dans le monde actuel qui est si fragmenté, cette prière nous aide à placer le Christ au centre, comme le faisait la Vierge, qui méditait intérieurement tout ce qui se disait sur son Fils, et ensuite ce qu’Il faisait et disait ».

Le 16 octobre 2002, dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, le pape Jean-Paul II nous proposait de méditer les mystères lumineux du rosaire. Il est intéressant de découvrir la pensée théologique et spirituelle du frère Lagrange en 1936 telle qu’il la manifestait au cours d’une conférence donnée aux laïcs dominicains appelés à l’époque « tertiaires », c’est-à-dire du Tiers Ordre des Prêcheurs. Pour lui, le rosaire éveille le désir d’approfondir toute la Bible.

« Le Rosaire, comme reflet de la vie de Jésus, est incomplet. On y constate une grande lacune, car il ne dit rien de ce qui est proprement l’Évangile, c’est-à-dire l’enseignement du Sauveur. Cette lacune, il ne pouvait l’éviter, étant une prière qui passe par Marie.

Par une dispensation de sa Sagesse, Dieu n’a pas voulu que la très Sainte Vierge ait pris part ordinairement au ministère de son Fils. Elle apparaît au début, pour solliciter le premier miracle : elle est debout auprès de la Croix pour être constituée par notre Mère par son Fils mourant. Le plus souvent, presque toujours au cours de la prédication, elle est absente. Elle n’avait plus besoin d’être instruite des vérités de l’Évangile telles que Jésus les proposait aux auditeurs, avec mille ménagements appropriés à leur faiblesse.

C’était assez que le Messie fût discuté, méconnu, par un peuple récalcitrant ; la Virginité de sa Mère ne devait pas être jetée en pâture à des enquêteurs malveillants. Elle, absente, le rosaire était interrompu. Mais il en disait assez pour provoquer une curiosité bien légitime.

On ne peut être attentif aux mystères de l’Enfance et de la Passion sans en être porté invinciblement à considérer l’œuvre de l’homme mûr, celle que faisait présager son Enfance, celle qui l’a conduit à sa Passion.

De sorte que l’âme dominicaine, formée par le Rosaire, sera la plus inclinée à se pencher sur l’Évangile pour mieux connaître ce que Jésus exige de nous et l’apprendre dans les faits de sa vie, dans son attitude envers les hommes qu’il est venu sauver, dans les paroles où se répand la lumière, et surtout cette révélation que Dieu est un Père, et qu’il est amour : « Deus caritas est ».

Une fois sur cette voie, le tertiaire dominicain, selon ses facultés et ses loisirs, sera entraîné à la suivre dans les épîtres des Apôtres et surtout de saint Paul, dans les Actes qui conduisent l’Église de Jérusalem à Rome où sera fondé le Siège de Pierre, et même jusque dans cette Jérusalem nouvelle, dont saint Jean nous fait entrevoir dans l’Apocalypse la splendeur encore voilée à nos yeux.

Puis ayant constaté avec quelle fermeté saint Paul affirme que la valeur de l’Ancien Testament est de préparer les âmes au Christ, le dévot du Rosaire voudra connaître ces prophéties auxquelles font allusion les évangélistes et les apôtres, il remontera le cours du temps jusqu’à Jérémie, image du Messie méconnu et souffrant, jusqu’à Isaïe qui eût voulu déchirer les cieux pour en faire descendre l’Emmanuel, jusqu’à David, le type du Roi oint de l’onction divine, jusqu’à Moïse, le législateur dont l’œuvre n’est plus qu’une figure.

Il atteindra Abraham, dont la tente plantée dans le désert contenait toute l’Église, et enfin au premier Adam dont le Christ, le second Adam dans l’histoire, mais le premier par son origine divine, avait expié et réparé la faute.

Alors lui apparaît le Dieu créateur, dont les desseins ne sauraient faillir et qui avait annoncé au couple coupable l’avènement du fils de la femme qui devait triompher du serpent.

Tout cela, l’Église le lui a appris dès ses plus jeunes années, mais le contact avec le livre inspiré, qui est un contact avec l’Esprit de Dieu, le lui rendra plus vivant et par là même plus vivifiant. Le Rosaire aura porté tous ses fruits. » (Fr. Manuel Rivero o. p. dans la Revue du Rosaire, n° 161, octobre 2004)

Illustration N.D. du Rosaire, sculpture de Georges Serraz. Photo O. de St-Martin à Bien Hoa-Viet Nam-07/2019.jpg

6 Octobre 2020
Notre-Dame du Rosaire

« Immaculée Vierge Marie, faites que la récitation de votre rosaire soit pour moi chaque jour, au milieu de mes devoirs multiples, un lien d’unité dans les actes, un tribut de piété filiale, une douce récréation, un secours pour marcher joyeusement dans les sentiers du devoir.
Faites surtout ô Vierge Marie, que l’étude de vos quinze mystères forme peu à peu dans mon âme une atmosphère lumineuse, pure, fortifiante, embaumée, qui pénètre mon intelligence, ma volonté, mon cœur, ma mémoire, mon imagination, tout mon être.
Ainsi contracterai-je l’habitude de prier en travaillant sans le secours des formules, par des regards intérieurs d’admiration et de supplication ou par les aspirations de l’amour.
Je vous le demande, ô Reine du saint Rosaire, par Dominique, votre fils de prédilection, l’insigne prédicateur de vos mystères et le fidèle imitateur de vos vertus. Ainsi soit-il. »
Bx Hyacinthe-Marie Cormier, op

Page FB Dominicains de Bordeaux

La figure du père Cormier est indissociable de celle du père Lagrange. On sait en quelle vénération, bien méritoire, le P. Lagrange tenait le P. Cormier qui l’aimait beaucoup. (P. Bernard Montagnes).

Illustration : Madonna del Rosario par Simone Cantarini (1612-1648) Pinacothèque Tosio Martinengo. Brescia. Italie.

7 octobre 2020
Le père Lagrange, le père Cormier et la prière du Rosaire

Le 6 octobre 1879, au couvent de Saint-Maximin (Var), le Père Lagrange avait reçu l’habit dominicain des mains du prieur provincial le Père Hyacinthe Marie Cormier, apôtre fervent du Rosaire, qui comparait la prière du Rosaire au parfum qui enivre toute l’existence du chrétien :

« Semblable à l’arbre du Liban auquel on n’a point fait d’incision, j’ai rempli toute mon habitation d’un parfum délicieux. »

« C’est Marie dans son Rosaire qui nous parle ainsi. Mais pour comprendre l’application de cette figure, transportons-nous en Orient, sur la belle montagne du Liban si souvent citée, ou plutôt chantée par les Livres saints. Là vous trouvez certains arbres dont les branches, le feuillage et les fleurs ont la propriété de répandre une odeur délicieuse, non seulement dans leur voisinage immédiat, mais même à une certaine distance. Tout le jardin, toute l’atmosphère, l’arbre fût-il totalement caché, sont imprégnés de cette vapeur embaumée, dont les chastes parfums, en même temps qu’ils réjouissent l’odorat, sont des éléments de santé et de vie.

Le Rosaire est figuré par cet arbre à parfum ; et ses émanations étendent leur bienfaisante influence à toute l’habitation, c’est-à-dire à toute la vie. »

Ces deux hommes ont été fortement marqués l’un par l’autre. Le Père Cormier a été pendant de longues années, le supérieur du Père Lagrange qui lui a toujours voué une obéissance loyale. De son côté, le Père Cormier n’a jamais caché son estime et son affection pour ce fils spirituel en saint Dominique.

Le pape Pie X disait souvent en parlant du Père Cormier : « Comme il est saint ! » Puisse la fréquentation de ces deux grandes figures de la foi et de la prédication nous partager le parfum de la sainteté.

Le pape Jean-Paul II a béatifié, le 20 novembre 1994, le père Hyacinthe-Marie Cormier o.p. (1832-1916). Fêté dans la liturgie de l’Église, le 21 mai.

Fr. Manuel Rivero o. p.
Vice-postulateur pour la Cause de béatification du Père Lagrange

Illustration : Madonna en prière. Sassoferrato (1640). National Gallery of Victoria.

8 octobre 2020
L’Esprit Saint, l’avez-vous reçu pour avoir pratiqué la Loi, ou pour avoir écouté le message de la foi ? (Lettre de saint Paul apôtre aux Galates 3, 2)

Le père Lagrange s’est laissé guider par l’Esprit Saint pour conduire l’Église sur le chemin de l’interprétation scientifique de la Bible, accomplissant ainsi l’enseignement de Jésus : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » (Évangile selon saint Jean 8,32). Dieu, qui fait toutes choses nouvelles, a fait du neuf à travers la vie et l’œuvre du père Lagrange.

(Extrait de « Marie-Joseph Lagrange O.P. et Pedro Arrupe S.J., prophètes » par Manuel Rivero O.P.)

Illustration : L’Esprit Saint

 

10 octobre 2020
Aujourd’hui, jour-anniversaire de la mort du Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange O.P. (10 mars 1938)

En union de prières avec fr. Manuel Rivero O.P. qui célèbre la messe de ce jour aux intentions particulières des amis de l’association et pour la prochaine béatification du frère Marie-Joseph Lagrange O.P. https://www.mj-lagrange.org

 

11 octobre 2020
« Je peux tout en celui qui me donne la force. » (Lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens 4, 13)

« L’intelligence a pour objet l’universel et s’agrandit avec son objet : cependant liée aux puissances sensibles, elle peut, en abaissant ses regards sur elles, connaître les objets particuliers. Mais cette nourriture lui enlève sa force et sa vigueur. Il en est de même de la volonté : si elle s’attache à un objet particulier, cette attache cesse d’être purement spirituelle et devient sensible. La volonté n’est vraiment mue par son objet que lorsqu’elle aime toutes les créatures en Dieu et pour Dieu. » (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014.)

Illustration : Aimez-vous les uns les autres…

 

12 octobre 2020
Pas d’autre signe que Jésus

 

« Car ainsi que Jonas fut un signe aux Ninivites, ainsi le Fils de l’homme sera un signe pour cette génération. Luc 21, 30) »

« Jonas a donc été un prédicateur de pénitence […] et investi de l’auréole du miracle […]. Chez Luc, c’est le Fils de l’homme lui-même qui sera le signe, et, en parallèle avec Jonas, un signe ad persuadendum (pour convaincre), n’indiquant pas le jour du jugement, mais un futur indéterminé, parce que la mission du Christ n’est pas finie. » (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941)

 

Illustration : Psautier de Paris (grec 139), folio 431 (milieu 10e). Jonas jeté à la mer, Jonas craché par le monstre, Jonas et Dieu, prédication à Ninive.

 

15 octobre 2020
Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), Réformatrice du Carmel, Docteur de l’Église.
Le père Lagrange à Salamanque (1880-1886) par frère Manuel Rivero O.P.
Le contexte politique, ecclésial et dominicain de son séjour en Espagne

Introduction et problématique

Les frères dominicains de la province de Toulouse ont été expulsés de France en application des décrets signés le 29 mars 1880 par Charles de Freycinet, président du Conseil, et Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique. Ces décrets visaient l’expulsion des Jésuites et l’interdiction de vivre en communauté religieuse. 261 couvents furent fermés et 5 643 religieux expulsés.

Accueillis par les dominicains espagnols du couvent de Salamanque, les frères dominicains du Midi de la France autour de soixante-dix sont arrivés dans une ville baignée par le fleuve Tormes, le 4 novembre 1880. Ce n’est qu’en 1886 et en 1887 qu’ils sont repartis vers le sud de la France après sept ans de vie religieuse dans le célèbre couvent des maîtres en théologie qui ont marqué l’histoire de l’Église : Francisco de Vitoria, Soto, Melchor Cano …

Quelle était la vie politique, ecclésiale et dominicaine à cette époque en Espagne ? Pourquoi le couvent dominicain de Salamanque était-il presque en ruines ? Quelle était la situation de l’Église espagnole au cours du XIXe siècle ? Pourquoi les frères dominicains avaient-ils abandonné ce couvent glorieux ?

Il importe de bien connaître cet environnement politique et ecclésial pour situer et comprendre la vie du frère Marie-Joseph Lagrange pendant ces six années espagnoles.

Plusieurs historiens espagnols et français ont étudié le devenir des dominicains français de la province de Toulouse à Salamanque, à partir des documents sur l’histoire d’Espagne, ainsi que sur l’évolution de l’Église catholique et de la province dominicaine d’Espagne restaurée, en 1879,après quarante-cinq ans d’exclaustration. Les archives du couvent de Salamanque et de la province dominicaine de Toulouse fournissent assez de renseignements pour se faire une idée de ce que le frère Marie-Joseph Lagrange a vécu au milieu de ses frères en cette région castillane, Salamanque et Zamora, où il reçut l’ordination diaconale et presbytérale.

La situation politique au XIXe siècle

De l’Ancien Régime au libéralisme

Au cours du XIXe siècle la France passe de l’Ancien Régime au libéralisme. À partir des philosophes anglais dont Thomas Hobbes et David Hume, de l’Illustration, philosophie dite des Lumières, la France connaît une Révolution française hostile à l’Église catholique. L’Illustrationessaya de remplacer la vision chrétienne par une philosophie fondée uniquement sur la raison, la raison à la place de Dieu. La raison ne supportait aucune autorité au-dessus d’elle-même. En la cathédrale Notre-Dame de Paris, la Raison fut fêtée comme une déesse alors que cet édifice sacré recevait un nouveau nom : Temple de la Raison et de la Liberté.

Il s’agissait de rompre avec le christianisme considéré comme une superstition, cause d’obscurantisme et de vie malheureuse, pour émerger à un ordre nouveau séculier, fait de progrès et de bonheur. La religion considérée comme un mythe au sens négatif du terme, vide de contenu, incompatible avec la raison, devait disparaître afin que l’homme devienne libre, égal en dignité et fraternel.

Dans l’Ancien Régime, la société était divisée en trois ordres : le haut clergé, l’aristocratie et le peuple. Au-dessus de tous se trouvait le roi avec son pouvoir absolu. Le haut clergé et l’aristocratie bénéficiaient de privilèges, sans charges fiscales, tandis que le peuple, en particulier, la masse des paysans, portait le poids du travail, des impôts et de la guerre tout en vivant dans la misère.

La Révolution française représenta un essai de dépassement des rapports de domination mais elle n’aboutit pas à la libération escomptée. Encore une fois, l’histoire prouve qu’il ne suffit pas de changer de structures et d’exécuter des personnes pour obtenir la justice et la paix. Sans une conversion de mentalités et des actions personnelles, les révolutions tombent dans l’échec et elles appellent d’autres renversements ; l’homme demeure alors un loup pour l’homme et les rapports de domination restent vivants. Les faibles subissent toujours la loi des forts et un nouveau groupe dominant remplace le précédent.

Le positivisme, le matérialisme et le marxisme nuiront pendant le XIXe siècle à l’Église dans son enseignement, dans ses biens et même dans ses personnes. L’Église subira la persécution et le dépouillement de ses possessions. La vie monastique sera considérée comme inutile ; les vœux comme allant contre la nature. D’où l’interdiction d’exister pour les moines et les religieux.

L’Illustration et le régime libéral vont séparer le trône et l’autel, l’Église et l’État. Cette séparation ne fut pas sans bienfaits pour l’Église qui retrouva une plus grande liberté.

Parmi les événements de l’histoire de l’Église au XIXe siècle nous pouvons signaler : le dogme de l’Immaculée Conception en 1854, les apparitions de la Vierge Marie à Lourdes en 1858, le Syllabus du Pape Pie IX en 1864, le Concile Vatican I et la disparition des États pontificaux en 1870 et l’encyclique du pape Léon XIII « Rerum novarum » le 15 mai 1891, texte de référence pour l’action sociale catholique comme l’était pour les socialistes « Le manifeste du parti communiste » (1848) et « Le Capital » de Karl Marx.

Les événements politiques en Espagne au XIXe siècle

L’Espagne reçut dans sa politique l’influence de l’Illustration et de la Révolution française. La politique espagnole au cours du XIXe siècle représente une succession de bouleversements  dont l’Église en subit les contrecoups :  le 2 mai 1808, la guerre d’indépendance contre la France ; le 6 juin 1808, José I Bonaparte, roi d’Espagne ; le 19 mars 1812, la Constitution espagnole avec le suffrage universel, la séparation des pouvoirs et la monarchie constitutionnelle ; en 1814, le roi Fernando VII retrouve l’Espagne ; le 6 octobre 1833, la Première guerre carliste ; en 1835, Juan Alvarez Mendizabal, président du gouvernement ; en 1835, la loi sur l’exclaustration des religieux ; en 1836, la loi sur l’expropriation des biens du clergé (Desamortización) ; en 1851, Concordat de l’État espagnol avec le Saint-Siège (État confessionnel catholique, possibilité pour les religieux d’enseigner dans les écoles et reconnaissance par l’Église des biens expropriés) ; en 1855, loi sur l’expropriation des biens du clergé de Pascual Madoz ; 1868-1874, six ans de gouvernement libéral ; 1872, Troisième guerre carliste ; 11 février 1873, Première République espagnole ; 1874, Restauration des Bourbons  avec le roi Alfonso XII ; 1876, Constitution avec la division du pouvoir politique en deux Chambres : le Congrès des députés et le Sénat. Au gouvernement, alternance des partis conservateur, Antonio Cánovas del Castillo (1828-1897) et libéral, Práxedes Mateo Sagasta (1825-1903) ; 1879, Pablo Iglesias fonde le Parti socialiste ouvrier espagnol ; 1885, après la mort du roi Alfonso XII, sa femme, María Cristina de Habsburg-Lorena, est proclamée reine régente. Son fils, Alphonse XIII, naît le 17 mai 1886.

L’Église espagnole au XIXe siècle[1]

Le pape Grégoire XVI condamna le libéralisme en 1832. En 1835, la loi sur l’exclaustration frappa 31 000 religieux et elle entraîna la fermeture de 1 940 couvents de religieux. L’Église catholique souffrit en Espagne pendant cette période : rupture des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le gouvernement espagnol, absence de nominations d’évêques entre 1834 et 1847, plus de quarante diocèses sans évêques, difficile ministère épiscopal en de nombreux cas sous la pression du gouvernement.

La crise économique nationale étant très grave, le gouvernement chercha à la résoudre en saisissant les biens immeubles de l’Église avec les lois d’expropriation des biens du clergé par Mendizabal (1836-1837)[2] ; en réalité les biens furent récupérés par des gens riches qui devinrent plus forts et plus riches. Les pauvres restèrent dans la misère et ils perdirent souvent l’aide apportée par l’Église dans les écoles, les dispensaires, les œuvres de charité …

Le concordat entre l’État espagnol et l’Église en 1851 apporta un certain apaisement dans les relations bilatérales mais il ne suffit pas à restaurer les ordres religieux supprimés, ni à restituer les biens saisis.

Avec la Restauration des Bourbons, à partir de 1874, l’Église retrouve une plus grande liberté.

La restauration de la province dominicaine d’Espagne en 1879 : le couvent de Salamanque

La loi d’exclaustration de 1835 avait dispersé les frères dominicains de la province d’Espagne. Quarante-quatre ans plus tard, en 1879, a lieu la restauration officielle de la provincedominicaine d’Espagne comme le montre le document du 27 janvier 1879, signé par le vicairegénéral de l’ordre des Frères prêcheurs, le frère José María Sanvito, et par le socius espagnol, provincial titulaire de Grèce, le frère José María Larroca.

Le chapitre provincial fut convoqué le 2 mai 1879 au couvent de formation missionnaire à Corias et il se déroula entre le 2 et le 11 mai 1879[3]. Le province dominicaine d’Espagne comprenait à ce moment-là trois couvents représentés au chapitre provincial : Corias, Las Caldas et Padrón. Le frère Martin Clemente y Pulido, élu provincial, évoque dans les actes, les décrets de 1834 à 1836, qui provoquèrent la fermeture des couvents[4].

Le couvent de Salamanque avait souffert des pillages des troupes françaises en 1809[5]. Le décret d’exclaustration de 1835 avait forcé les frères à quitter le couvent. Il avait servi de caserne, d’hôpital et de musée provincial. Le roi Alphonse XII avait relevé la détérioration du bâtiment lors d’un passage dans cette ville en 1877. En 1879, ce glorieux couvent menaçait de s’effondrer[6].

Le frère Martín Clemente y Pulido avait demandé, dès février 1878, aux responsables politiques espagnols l’autorisation de fonder un noviciat qui formerait des missionnaires pour l’Asie (Philippines, Tonkin et Chine). Le gouvernement espagnol comptait sur l’apport de l’Église pour renforcer la paix dans les colonies. Les couvents de formation aux missions bénéficiaient ainsi d’un traitement privilégié par rapport aux autres.

Le 6 juin 1878 un Ordre royal, expédié le 26 juin par le Ministère des finances, demanda à la Direction nationale des propriétés de l’État de livrer l’édifice dominicain à l’évêque de Salamanque, Mgr Narciso Martínez Izquierdo, tertiaire dominicain[7].

Deux ans plus tard, le 9 juin 1880, l’évêque de Salamanque reçut le couvent dominicain qu’il confia aux Dominicains représentés par le frère Andrés María Solla. À cette époque il y avait dans le diocèse de Salamanque plus de cinquante frères prêcheurs exclaustrés.

L’expulsion par la France des dominicains de la province de Toulouse, en 1880, poussa le frère José María Larroca, Maître de l’Ordre (1879-1891), à offrir le couvent de Salamanque comme lieu d’accueil au frère Hyacinthe-Marie Cormier, prieur provincial de Toulouse. Le frère Larroca avait subi lui-même l’exil en France entre 1836 et 1844. C’est déguisé en paysan qu’il avait fui le pays basque espagnol pour se réfugier à Saint-Jean-de-Luz et ensuite à Basusarry dans le pays basque français.

Le frère Larroca confia au frère Martínez Vigil la mission d’obtenir du gouvernement espagnol l’autorisation pour les frères dominicains français de s’installer dans le couvent de Salamanque. Les frères Solla et Manovel étaient chargés à leur tour de préparer sur place l’accueil des frères réfugiés.

Le frère Martínez Vigil rencontra le président du gouvernement, Antonio Cánovas del Castillo, et il obtint l’autorisation pour les différents dominicains français de s’établir dans plusieurs villes de l’Espagne : Salamanque, Vitoria et Belmonte[8]. C’est ainsi que les frères de la provincede Toulouse purent s’installer à Salamanque. Un article de la revue « L’Année dominicaine » en 1886 témoigne de la gratitude des dominicains français envers le frère Martínez Vigil O.P.[9]

Les frères dominicains espagnols étaient peu nombreux au couvent de Salamanque. En 1880, le prieur provincial, le frère Martin Clemente, y résidait accompagné uniquement d’un frère coopérateur, le frère José Barberá. En 1881, trois autres frères y arrivent pour assurer la prédication dans le couvent et dans le diocèse : les frères Cipriano Sáenz de Buruaga, Paulino Alvarez et Inocencio Fernández. Deux autres frères y sont aussi envoyés pour étudier à l’université : le frère Juan Tomás González Arintero, sous-diacre, et le frère Justo Cuervo, diacre.  Ces deux frères étudiants atteindront par la suite un grand renom dans la théologie : le frère Juan Tomás González Arintero, dans la mystique, et le frère Justo Cuervo, comme historien. 

Les frères de la province de Toulouse au couvent de Salamanque

Les frères de la province dominicaine de Toulouse arrivèrent à Salamanque le 4 novembre 1880, ils furent reçus par plusieurs dominicains espagnols exclaustrés, par l’évêque de Salamanque, Mgr Narciso Martínez Izquierdo qui deviendrait tertiaire dominicain, ainsi que par des chanoines et des personnalités de la ville.

Le frère Marie-Joseph Lagrange, qui aimait écrire et interpréter les événements, raconte le voyage depuis Saint-Maximin et la vie dans le couvent Saint-Étienne de Salamanque[10].

Accueillis chaleureusement, les frères de la province de Toulouse organisèrent à Salamanque leur vie religieuse et intellectuelle de manière autonome, en continuant la formation des jeunes frères. Grâce à cette hospitalité, ils purent vivre en communauté alors qu’en France ils auraient été dispersés.

Sainte Thérèse d’Avila à Alba de Tormes

La proximité du carmel d’Alba de Tormes, où sont vénérées les reliques de sainte Thérèse d’Avila, favorisa aussi la découverte de la « Madre », la grande mystique espagnole, fondatrice de nombreux carmels. Le frère Marie-Joseph Lagrange s’y rendait en pèlerinage à pied, à une vingtaine de kilomètres de Salamanque, comme le montrent ses signatures dans « Le livre des pèlerins et des visiteurs du sépulcre de sainte Thérèse » : deux fois en 1883. En décembre 1883 figurent aussi les signatures de sa mère, Élisabeth, et de sa sœur, Thérèse, qui s’étaient rendues en Espagne pour son ordination presbytérale[11]. Par ailleurs, ce livre de signatures manifeste les pèlerinages communautaires des frères français à Alba. Parmi les signatures de 1883 il convient de relever celle du secrétaire général de l’Ordre, le frère Henri Denifle. Plus tard, le frère Denifle, historien de l’Église, spécialiste de Luther, introduira le frère Lagrange à la connaissance du luthéranisme lors de ses visites à Rome[12].

Tout au long de sa vie dominicaine, le frère Lagrange reconnaîtra l’influence bienfaisante de sainte Thérèse sur la vie d’oraison et d’union à Dieu : « Il me semble que le résultat de l’étude de St Thomas (de Incarnatione) et de notre pèlerinage d’Albe (Alba de Tormes) doit être de me rapprocher davantage de la Très Sainte Humanité de Jésus. (…) L’amour de Jésus est la racine de la sainteté. » Ce doit être le point principal de la dévotion à Marie Immaculée. Noël m’a donné aussi quelque lumière à ce sujet ; union in persona »[13].

La sainte d’Avila, docteur de l’Église, manifestera aussi l’influence de son intercession à plusieurs moments importants de la vie du frère Marie-Joseph, comme son ordination au sous-diaconat à Avila. C’est aussi le chapitre général d’Avila qui décida, en 1985, le lancement de la cause de béatification du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.

Les frères dominicains espagnols et le peuple chrétien admiraient la ferveur des dominicains français notamment dans les célébrations liturgiques et les observances religieuses. Parmi les exemples de sainteté figure le frère Raphaël Célestin Goulesque[14], novice diacre de la provincede Toulouse, décédé à Salamanque, le 26 janvier 1882, et qui était souvent donné en exemple de vie religieuse aux jeunes frères espagnols lors de leur formation. Le bienheureux frère Hyacinthe-Marie Cormier[15] contribua en tant que prieur provincial par ses exhortations au sacrifice et à la mission lors des visites canoniques, au rayonnement de la sainteté des frères de la province de Toulouse. Alors qu’ils étaient réfugiés et pauvres, ces frères répondirent positivement en 1881 à l’appel de l’évêque de Goïas, au Brésil, Mgr Gonçalves Ponce, pour y enraciner l’ordre des Prêcheurs, ce qu’ils firent en laissant un parfum de sainteté évoqué encore aujourd’hui malgré le passage du temps. Ils donnèrent de leur pauvreté.

L’Académie saint Thomas d’Aquin

Si les frères français trouvèrent à Salamanque un refuge vital, il n’en est pas moins vrai qu’ils apporteraient aussi aux frères espagnols et à la ville de Salamanque un beau rayonnement apostolique comme le prouve la création de l’Académie saint Thomas d’Aquin au service du dialogue entre la foi et la culture, œuvre du frère Gil Vilanova[16], d’origine espagnole et plus concrètement catalane, qui vit le jour grâce à plusieurs aides : les évêques de Salamanque, Mgr Martín Izquierdo et Mgr Tomás Cámara, des professeurs de l’université de Salamanque et des frères du couvent Saint-Étienne. Les séances avaient lieu deux fois par mois. Cette institution engendra des centres semblables dans d’autres villes espagnoles comme à Valladolid et Oviedo. Fondée en 1881, l’Académie de saint Thomas d’Aquin  continue d’organiser à Salamanque des débats sur les relations entre la théologie et la science, entre la foi et la culture, entre la religion et la politique …

Le frère Marie-Joseph Lagrange, étudiant et professeur à Salamanque

C’est au couvent Saint-Étienne de Salamanque que le frère Marie-Joseph approfondira la doctrine de saint Thomas d’Aquin. En 1883, il déclame une poésie française dont il est l’auteur sur la vocation de saint Thomas d’Aquin[17].

Le frère Marie-Joseph Lagrange reçut à Salamanque l’ordination diaconale et à Zamora l’ordination presbytérale le 22 décembre 1883, en présence de sa mère et de sa sœur Thérèse. 

C’est à Salamanque que le frère Lagrange étudie l’hébreu, le syriaque et l’arabe[18]. Il suivit les cours d’hébreu à l’université de Salamanque en compagnie du frère Justo Cuervo. Il était difficile à cette époque de trouver de bons professeurs et de bons manuels d’hébreu : « Le P. Gallais qui savait quelques mots d’hébreu, éprouvant des scrupules à remettre entre mes mains une bible hébraïque, me copiait de sa main quelques versets qu’il me faisait étudier »[19]. Par ailleurs, le frère Marie-Joseph évoque avec délicatesse et humour les classes d’hébreu suivies à l’université de Salamanque qui étaient loin de satisfaire la juste attente des élèves[20]. Le frère Marie-Joseph avait  l’habitude de travailler seul et avec méthode. Il aimait suivre les cours mais il était un autodidacte qui réussissait ce qu’il entreprenait. Sa grande capacité de travail lui permit d’apprendre rapidement en consultant les ouvrages des bibliothèques.

La misère économique, la persécution politique et le retard du catholicisme en matière d’exégèse, manque relevé par le pape Léon XIII lui-même, font comprendre cette situation intellectuelle précaire qui ne fera qu’émoustiller davantage la passion du frère Lagrange pour l’exégèse scientifique. Défi qu’il relèvera en fondant l’École biblique de Jérusalem en 1890.

Dans ses « Souvenirs de Salamanque », le frère Marie-Joseph rappelle les tensions politiques et les menaces lors de son séjour en Espagne. Il serait erroné d’imaginer une Espagne majoritairement catholique vivant dans la paix avec une Église forte : « On craignait des troubles révolutionnaires à la mort du roi Alfonse XII. En revenant de la promenade, nous passâmes devant un ouvrier qui effilait un coutelas : « Frères, Frères, disait-il avec un geste significatif, on vous a chassés de France ; nous autres, Espagnols, nous ne nous payons pas de cette monnaie, nous exigeons le prix du sang« .

Et pourtant la noble Espagne du Cid Campeador fut prise alors d’un scrupule chevaleresque. La reine veuve Marie-Christine était enceinte. L’élite du pays ne consentit pas à se montrer brutale envers cette femme et cette mère. Le calme ne fut pas troublé un seul instant. Et quand Alphonse XIII naquit, on se félicita d’avoir un roi. La fermeté, le sens politique, surtout la bonne grâce de la pieuse souveraine avaient déjà gagné les cœurs.

Nous étions donc assurés de la paix religieuse. Mais enfin, nous étions sur un sol étranger. (…). Et maintenant, chers et cuisants souvenirs, de tant de grâces reçues, de tant de grâces rebutées, envolez-vous, mués en prières, vers l’autel du Rosaire[21] sur lequel, pour la première fois, j’ai dit la messe. Daigne la Vierge très pure que les Espagnols ont tant aimée, les sauver par sa toute-puissante intercession »[22]. »

De 1884 à 1886, le frère Lagrange enseigna l’histoire de l’Église à Salamanque au rythme de cinq classes par semaine ce qui lui permit d’étudier Origène et saint Augustin : « Les événements avaient pour nous moins d’importance que les idées : ce fut surtout une étude des controverses du premier siècle jusqu’à nos jours en insistant sur la doctrine des premiers Pères »[23]. Le Studium de la province de Toulouse assurait la formation interne des jeunes frères.

C’est au mois d’août 1886 que le frère Lagrange rentra à Toulouse avec la première vague des frères ; la deuxième et dernière vague quitta les rives du Tormes en 1887.

Ce n’est qu’en 1892, que le chapitre provincial de Palencia décida d’installer les études de théologie à Salamanque. En 1897, le studium général de la province d’Espagne sera érigé à Salamanque qui redevint ainsi le couvent le plus important de la province d’Espagne, comme jadis.

À Toulouse, le frère Lagrange enseignera la philosophie et la Bible pendant deux ans (1886-1888). Ensuite, il sera envoyé à Vienne pour étudier les langues et les civilisations orientales. La main de la Providence le guidera à Jérusalem pour y fonder l’École pratique d’études bibliques, inaugurée en la fête de son saint patron de baptême, saint Albert le Grand, le 15 novembre 1890.

Saint-Denis (La Réunion), le 22 juin 2018.

Fr. Manuel Rivero O.P.
Président de l’association des amis du père Lagrange
Site de l’Association des amis du père Lagrange :
http://www.mj-lagrange.org/

[1] Vicente CARCEL ORTI, Historia de la Iglesia. III. La Iglesia contemporánea. Tercera edición revisada y ampliada. Madrid, 2009; M. REVUELTA GONZALEZ, La política religiosa de los liberales españoles. El trienio constitucional (Madrid, C.S.I.C., 1973); La Exclaustración (Madrid. B.A.C., 1976); R. María SANZ DE DIEGO, Medio siglo de relaciones Iglesia-Estado en España. El Cardenal Antolín Monescillo y Viso (1811-1892), Madrid, Universidad de Comillas, 1979; Guido ZANEGHI, La edad contemporánea. Curso de historia de la Iglesia IV. Madrid. San Pablo 1998.

[2] Au cours du XIXe siècle il y eut en Espagne six lois d’expropriation des biens de l’Église : 1) sous le roi José I Bonaparte (1808-1813) ; 2) lors des Cortes de Cádiz (1810-1813) ; 3) pendant les trois années libérales (1820-1823) ; 4) les lois de Mendizábal (1836-1837) ; 5) la loi d’expropriation d’Espartero (1841) ; 6) la loi d’expropriation de Madoz (1854-1856).

[3] Ramón HERNANDEZ, Hacia una historia de la restauración de la Provincia dominicana de España, in Archivo dominicano, anuario I, 1980, Salamanca. Instituto histórico dominicano de San Esteban. P. 235s.

[4] Acta Capituli electivi Provinciae Hispaniae celebrati en Collegio Sti Joanis Baptistae de Corias, anno Domini 1879.

[5] Jean-Marc DELAUNAY, Des réfugiés en Espagne : les religieux français et les décrets du 29 mars 1880. In Mélanges de la Casa de Velázquez, tome 17, 1981. P. 302.

[6] Cf. Dictionnaire biographique des frères prêcheurs (en ligne). Dominicains des provinces françaises (XIXe-XXe siècles). Couvent Saint-Étienne. Salamanque. Vieille Castille. Espagne.

[7] J. Salvador y Conde, O.P., Restauración de la Provincia de España 1860-1900. Editorial San Esteban. Salamanca. 2011. Chapitre 19. Osadía de los restauradores. San Esteban de Salamanca.

[8] José BARRADO BARQUILLA O.P., Fray Ramón Martínez Vigil, O.P. (1840-1904), obispo de Oviedo. Monumenta histórica iberoamericana de la Orden de predicadores, volumen XI. Salamanca. 1996.

[9] L’Année dominicaine 307 (1886), p. 4.

[10] Marie-Joseph LAGRANGE, Souvenirs de Salamanque, in La Vie dominicaine, 3 (1937), p. 179-183, 221-225 et 244-248. Ces articles sont publiés aussi dans « Marie-Joseph Lagrange, O.P., L’Écriture en Église. Choix de portraits et d’exégèse spirituelle (1890-1937). Présentation par Maurice Gilbert, S.J. Paris, éditions du Cerf, 1990, chapitre « Souvenirs de Salamanque », pp. 85-99 ; « Le père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels. Paris, éditions du Cerf. 1967, pp. 280-288 ; Marie-Joseph LAGRANGE, des Frères prêcheurs, Journal spirituel (1879-1932), Paris, éditions du Cerf, 2014 ; Louis-Hugues VINCENT, Le père Marie-Joseph Lagrange, sa vie et son œuvre, Parole et silence, 2013, pp. 46-47.

[11] Cf. Libro 1° de firmas, peregrinos y visitantes del sepulcro de santa Teresa, 273 fol., firma A-I-1 et fol. 44 v. Je remercie le père carme Manuel Diego Sánchez, archiviste du carmel d’Alba de Tormes, de m’avoir apporté ces renseignements lors de ma visite à Alba en mai 2018.

[12] Outre leur commune passion pour l’étude critique de la Bible et de l’histoire, tous les deux aimaient  jouer aux échecs !

[13] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel 1879-1932, avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014, p. 125, (Salamanque, le 20 février 1881.)

[14] Vie d’un frère prêcheur expulsé, le R.F. Raphaël-Célestin GOULESQUE, Paris, éditions Téqui, 1882.

[15] Cf. Henry DONNEAUD, Augustin LAFFAY, Bernard MONTAGNES, La Province dominicaine de Toulouse, XIXe et XXe siècles. Une histoire intellectuelle et spirituelle. Paris. Karthala, 2015. Voir « La nouvelle Province de Toulouse. Une œuvre du P. Cormier », par Augustin Laffay, pp. 15-64 ; Fr. Clément BINACHON, Saint-Maximin au gré des expulsions, 1880-1920. Manuscrit.

[16] E.-M. GALLAIS, Le P. Gil Vilanova, Toulouse, Privat. 1906.

[17] Bernard MONTAGNES, Le thomisme du père Lagrange. In Ordo sapientiae et amoris, Fribourg (Suisse), 1993, p. 487-508.

[18] Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel 1879-1932, avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014, p. 232.

[19] Le Père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels. Paris, Cerf, 1967, p. 283.

[20] Cf. Bulletin de littérature ecclésiastique, publié par l’Institut catholique de Toulouse, n°1. Janvier 1899. Paris. Libraire Victor Lecoffre. 1899. PP. 283-285. Voir aussi Bernard MONTAGNES, Marie-Joseph Lagrange, une biographie critique. Paris. Cerf. 2004. P. 39.

[21] Il s’agit de la chapelle latérale de l’église du couvent Saint-Étienne de Salamanque.

[22] Marie-Joseph Lagrange, O.P., L’Écriture en Église. Choix de portraits et d’exégèse spirituelle (1890-1937). Présentation par Maurice Gilbert, S.J. Paris, éditions du Cerf, 1990, chapitre « Souvenirs de Salamanque », pp. 98-99.

[23] Le Père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels, Paris, Cerf, 1967, p. 288.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), Réformatrice du Carmel, Docteur de l’Église.

« Que rien ne te trouble. Que rien ne t’épouvante. Tout passe. Dieu ne change pas. La patience triomphe de tout ; Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit ! » (Thérèse d’Avila)

La doctrine de sainte Thérèse attirait vers l’oraison qu’elle a décrite avec un charme inégalé, prêchée avec une conviction contagieuse. Comme le père Cormier aimait à le dire : « Le brasier étant allumé, il suffisait d’y répandre quelques grains pour que se dégageât et montât vers Dieu l’encens de la prière ». (Marie-Joseph Lagrange o.p., « Souvenirs de Salamanque (1880-1886) » In L’Écriture en Église, Paris, Cerf, 1990, pp. 85-99.)

« Si peu fervente que soit cette oraison, Dieu en fait toujours grand cas. » S. Teresa, 2 Morada. (Cité par Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel. Cerf. 2014.)

Illustration : Sainte Thérèse d’Avila (peinture) inconnu.

 

Sainte Thérèse d’Avila (Teresa de Jesús), ocds. Fondatrice de l’Ordre des Carmes déchaux. Première femme Docteur de l’Église.

En 1880, après avoir été expulsés de France, les frères dominicains sont accueillis par les dominicains espagnols qui les accueillent dans leur couvent Saint-Étienne de Salamanque, en Espagne. Les frères se rendent en pèlerinage à plusieurs reprises à Alba de Tormes, où se trouve les reliques de sainte Thérèse d’Avila : Marie-Joseph Lagrange étudie la doctrine mystique de la sainte et devient pour toujours un fidèle dévot de la « Madre ».

« Mon ordination au sous-diaconat à Avila n’a pu qu’augmenter ma dévotion pour la noble et vaillante sainte. » (Souvenirs personnels)

Illustration : Santa Teresa de Jesus Avila par Eduardo Balaca (19e) Musée du Prado

 

 

16 octobre 2020
Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), confidente et apôtre du Cœur de Jésus

« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris […] Mais ce qui m’est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. »

« Combien la dévotion au Sacré-Cœur dans la vie de la Bienheureuse Marguerite-Marie est sanctifiante. Quel feu consumant ! » (Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel).

Le père Lagrange avait une dévotion pour sainte Marguerite-Marie Alacoque. En effet, le nom de celle-ci vient plusieurs fois sous sa plume. Le 15 janvier 1935, il souhaite auprès de l’assistant français du maître de l’Ordre que le chapitre général introduise la fête de sainte Marguerite-Marie au calendrier des Prêcheurs. « Sa mission dans l’Église, écrit-il, se révèle de plus en plus efficace : il semble que sa fête nous attirerait les grâces du Sacré-Cœur. ». (Bernard Montagnes. Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique. Cerf. 2004).

Illustration à gauche : Sacré-Coeur de Jésus-Broderie d’or-H.van Severen, église St Niklaas (1900)-Ghent-Belgium

Illustration à droite : Sainte Marie-Marie Alacoque, étude pour l’apparition du Sacré-Cœur par Hamel Eugène (1883).

 

17 octobre 2020
Saint Ignace, Évêque d’Antioche, Martyr à Rome vers 110 env. Père de l’Église.

Le nom d’Ignace, on le souligne volontiers, vient du mot latin : ignis, le feu. Une âme de feu, telle est bien l’âme passionnée de l’humble et mystique évêque d’Antioche, et sa passion suprême, c’est le Christ, c’est lui que cherche Ignace, « Lui qui est mort pour nous ; lui qui est ressuscité à cause de nous » (Rom 6).

L’impression profonde de la doctrine johannique sur saint Ignace par Marie-Joseph Lagrange o.p.

Les lettres d’Ignace étant reconnues authentiques, soit qu’elles datent de l’an 107 ou de l’an 115, il est du plus haut intérêt de savoir si elles font allusion au quatrième évangile. Elles ne le nomment pas, cela est certain, mais il est certain qu’elles sont imbues de sa doctrine. La foi en Jésus-Christ et plus encore l’amour de Jésus-Christ sont le foyer de la religion d’Ignace. On ne peut contester sa dépendance de Jean que si l’on imagine une théologie d’Asie Mineure dont il aurait été l’un des représentants. […] Les textes nous paraissent décisifs. Ce ne sont pas des citations, mais il en résulte qu’Ignace avait reçu une impression profonde de la doctrine johannique, telle qu’elle est exprimée par Jean.

(L’Évangile selon saint Jean, p. XXV, 1936.)

Illustration : Saint Ignace d’Antioche (dessin mural)

 

18 octobre 2020
Nous nous rappelons sans cesse, en présence de notre Dieu et Père, l’activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance, qui sont l’œuvre de notre Seigneur Jésus Christ (1 Th. 1,3).

Disciple de Jésus, le frère Marie-Joseph Lagrange a suivi le Christ, obéissant au Père, pauvre et chaste. Sa prière personnelle dévoilée dans son Journal spirituel le montre toujours tourné vers Dieu et la Vierge Marie dans une attitude d’humilité et de repentir pour ses péchés.

Apôtre à la manière de saint Dominique, il a travaillé sans cesse « pour le salut des âmes » par l’étude, l’enseignement et la prédication.

Les vertus théologales, la foi, l’espérance et la charité, ont dynamisé et orienté toutes ses actions vers le Christ en qui il a trouvé la paix et le bonheur. Les trois vœux d’obéissance, pauvreté et chasteté ont été ainsi vécus par lui dans le mouvement de la grâce. Plutôt que de s’étendre sur ses vœux en religion, le père Lagrange préférait les vivre. Il se savait chargé de mission par le Christ qui l’appelait à défendre la foi catholique avec les armes de l’exégèse scientifique. Ceux qui l’ont connu ont témoigné de son ardeur au travail. Il n’avait pas de temps à perdre dans son service « pour le salut des âmes », expression des Constitutions de l’Ordre des prêcheurs qu’il chérissait. À ceux qui lui reprochaient parfois un style littéraire imparfait, il répondait : « Le soldat qui combat ne peut s’astiquer pour la revue »

Manuel Rivero, o.p. « Un religieux fidèle à ses vœux. Les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance dans la vie du père Lagrange. »

Illustration : Foi-Espérance-Charité par Marie-Adelaide Kindt (1840)-Museum of Fine Arts-Boston.jpg

 

20 octobre 2020
« Que vos reins restent ceints et vos lampes allumées » (Luc 12, 32-38).

À ce sujet, le père Lagrange nous dit : « Un maître s’est fait attendre […]Les serviteurs veillaient, tenant les lampes allumées, et, quand il a heurté à la porte, ils lui ont ouvert aussitôt, prêts à le conduire chez lui à la lumière. Mais lui, ravi de ce zèle, les fera mettre à table, se ceindra et les servira. Hyperbole si l’on s’en tient aux usages, mais propre à indiquer une condescendance infinie de la part de Dieu, car on comprend que c’est lui qui va frapper à la porte. Les choses se passeront de la même façon pour le monde entier à l’avènement du Sauveur, mais ici le sort de chaque âme est en jeu, comme dans le cas du riche insensé ; l’arrivée du maître, c’est le moment qu’attend le bon serviteur, et c’est le Fils de l’homme qui vient, qui le fait asseoir à son banquet.

(M.-J. Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ. Se tenir prêt pour l’arrivée du Maître, 178.)

 

Illustration : Lampe allumée, Centro Aletti

 

21 octobre 2020
Le mystère de Jésus Christ

Le père Lagrange « a scruté le mystère de Jésus-Christ et son cœur est devenu brûlant ».
(Prière pour la glorification du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange)

Aujourd’hui, dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul apôtre précise : « 2En quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous ? : 3Par révélation, il m’a fait connaître le mystère, comme je vous l’ai écrit brièvement. 4En me lisant, vous pouvez vous rendre compte de l’intelligence que j’ai du mystère du Christ. 5Ce mystère n’avait été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. 6Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. 7De cet Évangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m’a accordée par l’énergie de sa puissance. 8À moi qui suis vraiment le plus petit de tous les fidèles, la grâce a été donnée d’annoncer aux nations l’insondable richesse du Christ, 9et de mettre en lumière, pour tous, le contenu du mystère qui était caché depuis toujours en Dieu, le créateur de toutes choses ; 10ainsi, désormais, les Puissances célestes elles-mêmes connaissent, grâce à l’Église, les multiples aspects de la Sagesse de Dieu. 11C’est le projet éternel que Dieu a réalisé dans le Christ Jésus notre Seigneur. 12Et notre foi au Christ nous donne l’assurance nécessaire pour accéder auprès de Dieu en toute confiance. »

Et dans son Journal spirituel, le père Lagrange d’écrire : « Le sens de tous les mystères, c’est l’Amour divin : celui-là les comprend mieux qui répond à l’amour par un plus grand amour. D’où, ceux-là connaîtront mieux Dieu dans le ciel qui l’auront plus aimé sur la terre. »

Illustration : Christ par Joseph F. Brickey (20e)

L’étreinte de Dieu avec l’humanité en Jésus Christ
Enseignement du père Lagrange O.P. et du cardinal Tauran
Fr. Manuel Rivero O.P.
Au terme et au sommet spirituel de son livre de vulgarisation sur l’exégèse des quatre évangiles, le père Lagrange écrit : « Il y a là un envahissement des choses divines, qui étonne la raison. C’est l’insertion de la divinité dans l’humanité, la nature humaine participant par la grâce à la nature divine, une telle prodigalité de dons, des exigences si hautes qu’une raison trop courte en est écrasée plutôt qu’attirée. On est tenté de dire que c’est trop beau !
Mais en dehors, il n’y a rien, rien qui compte pour nous, rien qui porte la marque de l’infini. Nous voilà en face du néant. Où aller, Seigneur ? Il ne reste qu’à se renfermer dans un doute fastueux – ou désespéré. Ou plutôt à se serrer autour de Pierre qui dit toujours : « Vous avez les paroles de la vie éternelle », et à s’abandonner à l’étreinte de Dieu en Jésus Christ. »
De son côté, le cardinal Tauran partage la même expression « étreinte de Dieu » pour exprimer l’union du Fils de Dieu avec l’humanité dans le mystère de l’Incarnation et de la Croix : « Pour le grand apôtre (saint Paul), le centre de l’unité, vers laquelle l’humanité doit nécessairement converger, est la personne du Christ. Souvent, il se plaît à souligner le rôle non seulement cosmique, mais salutaire de la Croix et de la Pâque qui ont fait du Christ le Kyrios, Seigneur de l’humanité et de l’Histoire. En outre, c’est dans le « mystère » de la Croix que Paul voit l’étreinte de l’humanité tout entière, réconciliée après les déchirements et les divisions qui, de son vivant, étaient représentées par la double réalité du monde religieux hébraïque et du monde religieux gréco-romain ».
C’est ainsi que Jésus le Christ s’unit à tout homme accomplissant le mystère de la Rédemption par l’Incarnation et la Croix. Ce mystère commencé dans le sein de la Vierge Marie s’accomplit dans l’élévation de la croix et dans la mort de Jésus. En partageant la condition humaine jusqu’à la mort, le Fils de Dieu, qui a pris sur lui le mal et le malheur de l’humanité entière, partage la gloire de sa divinité à ceux qui mettent leur confiance en Lui.
L’humanité de Jésus le Christ semblable à celle de tous les hommes, excepté le péché, constitue le commun dénominateur de Dieu avec le genre humain : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, n°22).
La Croix et la mort de Jésus représentent le sommet de l’amour de Dieu plus fort que la mort.
Ressuscité d’entre les morts le matin de Pâques, Jésus accomplit sa prière sacerdotale à la veille de sa Passion : « Père, qu’ils soient un comme nous » (Jn 17, 11) ; « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux. » (Jn 17,26).
Religion par excellence du corps, le christianisme célèbre l’étreinte de Dieu avec l’humanité réalisé dans le corps de Jésus, corps douloureux dans la Passion, lumineux dans sa résurrection, avec l’énergie de l’Esprit Saint envoyé par le Père.
Le corps glorieux de Jésus intègre les croyants en son nom qui en deviennent ses membres, le Christ total, formé de la Tête et des membres : les fidèles.
Si pour certaines religions, il est impensable que Dieu assume un corps humain dans sa vulnérabilité, et encore moins qu’il subisse la douleur ou la mort, le christianisme accueille la révélation déployée par Jésus le Christ. Dieu s’unit à la nature humaine pour que la nature humaine s’unisse à Dieu. Fruit de la grâce et de la miséricorde divine, Jésus ressuscité le manifeste à Marie-Madeleine dans le jardin de Jérusalem : « Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17).
Renversé sur le chemin de Damas par la lumière éblouissante de Jésus ressuscité, Paul de Tarse vit l’expérience de la présence aimante de Jésus vivant qui s’identifie aux chrétiens persécutés (cf. Ac 9).
Pharisien, formé à Jérusalem par le grand maître Gamaliel, Paul commente ainsi les versets de la Genèse : « ‘L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair’ : ce mystère est de grande portée ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église » (Eph 5,31-32).
Dans le Cantique des Cantiques, la bien-aimée s’exclamait : « Son bras est sous ma tête et sa droite l’étreint » (Ct 2,6). Par l’amour du Christ Jésus, l’Église célèbre l’étreinte avec Dieu. Les paroles de la prière eucharistique au cours de la messe mettent en lumière cette union humaine et divine : « Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Église, et daigne y reconnaître celui de ton Fils qui nous a rétablis dans ton alliance ; quand nous serons nourris de son corps et de son sang et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (Prière eucharistique III).
Saint-Denis/ La Réunion, le 21 octobre 2020.

 

Belle fête de Notre-Dame du Mont-Carmel en ce 16 juillet. Le père Lagrange vénérait profondément la Vierge Immaculée par Fr. Manuel Rivero O.P.

Saint Denis (La Réunion), le 16 juillet 2020.

Chers amis spirituels du père Lagrange,

Belle fête de Notre-Dame du Mont-Carmel en ce 16 juillet. Le père Lagrange vénérait profondément la Vierge Immaculée.

À la grotte de Lourdes, le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, la Vierge Marie était apparue pour la dernière fois à Bernadette Soubirous. Apparition silencieuse, où « la Dame de la grotte était plus belle que jamais », selon le témoignage de la sainte voyante. Par ailleurs, sainte Bernadette de Lourdes déclarait que la Vierge Marie était tellement belle que l’on voudrait mourir pour la revoir.

La mère de Jésus resplendit de la lumière de son Fils ressuscité. Celle qui a participé aux souffrances du Calvaire où « une épée a transpercé son âme » (Évangile selon saint Luc 2,35), rayonne maintenant du bonheur de Dieu lui-même.

À la grotte de Lourdes, le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, la Vierge Marie était apparue pour la dernière fois à Bernadette Soubirous. Apparition silencieuse, où « la Dame de la grotte était plus belle que jamais », selon le témoignage de la sainte voyante. Par ailleurs, sainte Bernadette de Lourdes déclarait que la Vierge Marie était tellement belle que l’on voudrait mourir pour la revoir.

La mère de Jésus resplendit de la lumière de son Fils ressuscité. Celle qui a participé aux souffrances du Calvaire où « une épée a transpercé son âme » ( Évangile selon saint Luc 2,35), rayonne maintenant du bonheur de Dieu lui-même.

À la différence de l’apôtre saint Pierre qui a reçu la grâce et la mission du gouvernement et de la prédication, la Vierge Marie a été investie d’une mission de maternité physique mais surtout spirituelle. Vocation autre et très haute, la bienheureuse Vierge Marie occupe la première place dans le Peuple de Dieu. À chaque messe, l’Église la cite en premier lieu dans toutes les prières eucharistiques, avant les apôtres.

Avant tout, la Vierge Marie brille comme un modèle de foi et d’intercession auprès de l’humanité. Sa prière, confiante, respectueuse et attentive aux besoins des hommes,  attire l’intervention salvifique de Jésus le Christ. À Cana, Jésus avait changé l’eau en vin en réponse aux paroles compatissantes de sa mère : « Ils n’ont pas de vin » (Évangile selon saint Jean 2,3).

Donnée comme mère spirituelle au disciple Jean, qui représentait la communauté chrétienne sur le Calvaire, la mère de Jésus devient la Mère spirituelle des disciples de Jésus. Tout au long de l’histoire de l’Église, sur les différents continents, les chrétiens ont témoigné de cette présence spirituelle et bienfaisante de la Vierge Marie.

Les sociologues ne cachent pas leur étonnement devant la force et le courage de tant de millions d’hommes, de femmes et des enfants, qui ont fait face à la persécution, à la maladie et à la pauvreté, grâce à leur attachement à la dévotion mariale notamment par la prière du chapelet.

Patronne des marins souvent exposés aux tempêtes, invoquée sous le vocable « Stella maris », « Étoile de la mer »,  Marie veille sur ses enfants. « Souvenons-nous que l’on n’a jamais entendu dire que ceux qui ont imploré son aide aient été laissés sans consolation. »

Le colloque sur le père Lagrange prévu au mois de février à Bologne (Italie) n’a pas pu avoir lieu à cause du Covid 19 mais les textes préparés par les intervenants seront prochainement publiés par la revue théologique Sacra Doctrina des Dominicains à Bologne. C’est ainsi que j’ai envoyé ma contribution « La Vierge Marie dans les textes et dans la vie du père Lagrange », en relevant notamment les commentaires du fondateur de l’École biblique de Jérusalem dans son Évangile de Jésus-Christ et dans son Journal spirituel.

Le page Facebook « Marie-Joseph Lagrange, dominicain » présente régulièrement des textes et des nouvelles sur la vie et la spiritualité du père Lagrange. Le nombre de personnes qui les lisent augmente jour après jour et les « partages » avec d’autres Facebook personnels et institutionnels multiplient le rayonnement de ses enseignements. Pour ceux qui n’ont pas Facebook, ils peuvent retrouver les mêmes textes sur le site internet. Nous regrettons beaucoup de ne pouvoir atteindre ceux qui n’ont pas internet. Dans ce cas, si vous souhaitez recevoir les textes du mois écoulé, il est possible de vous les faire parvenir, sur demande, par courrier (2 à 4 pages).

Nous pouvons compter sur l’intercession du père Lagrange au Ciel.

Membres de l’association, nous collaborons à l’évangélisation en faisant connaître la sainteté de l’intelligence de la foi en la Parole de Dieu dont témoigne le père Lagrange.

Le chapitre général de l’Ordre des prêcheurs qui s’est tenu au Vietnam l’an dernier a mis en valeur la synergie entre l’étude et la vie communautaire. À ce propos, le père Lagrange est cité dans les actes du Chapitre, grand et rare honneur, comme un modèle de vie apostolique, intellectuelle et dominicaine. Le père Lagrange a toujours travaillé en équipe avec d’autres chercheurs. Il n’a pas créé l’École biblique « à côté du couvent » saint Étienne de Jérusalem mais « dans le couvent » pour vivre l’unité de la vie spirituelle chrétienne et dominicaine : prière, vie fraternelle de charité, étude et prédication.

Présent à ce chapitre général de Bien-Hoa en 2019, j’ai porté les images et les feuillets de présentation de la vie et de l’œuvre du père Lagrange en plusieurs langues : français, espagnol, anglais et vietnamien. Les frais d’édition, de transport et de douane ont été importants mais ils ont permis la découverte du père Lagrange à de nombreux membres de la Famille dominicaine sur les cinq continents et en particulier au Vietnam.

Régulièrement nous recevons des demandes de reliques et d’informations sur le père Lagrange en provenance de différents pays et continents.

Il convient d’associer de nouveaux frères dominicains et de nouveaux membres à notre mission. J’espère que lors de notre prochaine assemblée générale nous pourrons étoffer notre bureau et développer encore nos activités. Pour cela, nous avons besoin de votre contribution à travers les cotisations et des dons. Merci pour tout ce que vous faites déjà dans ce sens.

Le 10 de chaque mois, je célèbre la messe pour la cause de béatification du père Lagrange et pour les membres de l’association.

En vous gardant dans ma prière à la messe et au rosaire si aimé du père Lagrange, je me confie à mon tour à votre intercession auprès du Père de qui vient tout don parfait.

Fr. Manuel Rivero O.P.

Président

 

Le père Marie-Joseph Lagrange et le père Pedro Arrupe, deux prophètes en voie de béatification par Manuel Rivero O.P.

L’Église souhaite la béatification de deux grandes figures du XXe siècle : le père Marie-Joseph Lagrange[1], dominicain, et le père Pedro Arrupe[2], jésuite. Tous les deux ont relevé des défis apostoliques nouveaux et difficiles au point de souffrir des incompréhensions de la part de la hiérarchie. Le père Lagrange a voulu servir l’Église en fondant l’École biblique de Jérusalem. Le père Arrupe s’est dévoué au service de la justice. Tous les deux ont cherché « le salut des âmes », dans un contexte culturel d’éloignement de la foi en la divinité de Jésus. Le père Lagrange a manifesté la vérité de la révélation divine transmise dans la Bible face aux critiques du modernisme qui n’y voyait qu’un texte humain du patrimoine de la littérature, sans portée surnaturelle. Le père Arrupe s’est évertué à montrer, par des actes, la charité évangélique qui comprend la justice sociale et la dépasse, face aux critiques du marxisme et de l’athéisme. 

Ces deux hommes ont beaucoup de points en commun. Tous les deux ont connu l’exil dans les premières années de leur formation. Le père Lagrange, au terme de son noviciat, fut obligé de quitter le couvent de Saint-Maximin et la France en octobre 1870 avec tous les autres frères dominicains de la province de Toulouse. Ils trouvèrent refuge au couvent Saint-Étienne de Salamanque. Le père Arrupe fut obligé de quitter l’Espagne en 1932 à la suite du décret de dissolution de la Compagnie de Jésus, pour continuer ses études en Belgique et recevoir l’ordination presbytérale à Valkenburg (Hollande).

Jésus de Nazareth était le centre et le but de leur vie. Leur attachement au Sacré-Cœur de Jésus, expression de l’amour divin absolu, représentait la réponse de Dieu au mystère du mal et de la mort.

Pour le père Arrupe, le Cœur de Jésus apportait l’énergie de l’Esprit Saint à la Compagnie, sa dynamis[3].

Le père Lagrange a enterré sous la première pierre de l’École biblique une médaille du Sacré-Cœur, symbole et logo de la Bible, révélation de l’amour du Christ. La première pierre de l’École biblique de Jérusalem fut posée le 5 juin 1891 en la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le parchemin de l’inauguration signalait que cette École était destinée à développer les études bibliques sous le patronage de Notre-Dame du Rosaire. Le père Lagrange a averti que dans les fondations de l’École les fouilleurs trouveraient des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du Rosaire, de saint Benoît, de sainte Marie-Madeleine et du pape Léon XIII qui régnait à ce moment-là[4].

Il m’a semblé important de mettre en parallèle leurs vies, leurs missions et leurs passions pour la Vérité révélée en Jésus et par Jésus. Tous les deux n’ont rien voulu d’autre que de servir l’Église. Ils ont souffert pour elle et par elle. Il est plus dur de souffrir par l’Église que l’on aime et que pour l’Église, attaquée par des idéologies contraires à sa foi.

Tous les deux représentent des modèles d’humilité et de courage évangéliques en des temps de mutation et de crise. Ils ne se sont pas contentés de vivre la foi dans des milieux favorables. Comme aime à le dire le pape François, ils ont vécu « en sortie ». Ils sont allés sur « le champ de bataille » de leur temps : la valeur surnaturelle de la Bible, pour le père Lagrange, la justice sociale comme dimension essentielle de la foi, pour le père Arrupe.

Le pape François, évêque de Rome, a souhaité l’ouverture du procès de béatification du père Pedro Arrupe, qui fut Général de la Compagnie de Jésus, pendant dix-huit ans. Né à Bilbao, au pays basque espagnol, le 14 novembre 1907, Pedro Arrupe est parti vers le Seigneur à Rome le 5 février 1991.

C’est le père Pedro Arrupe qui a nommé le père Jorge Bergoglio S.J., maître des novices et provincial des jésuites. Devenu pape et ayant choisi saint François d’Assise comme modèle et patron, les décisions et les enseignements du pape François manifestent l’influence du père Arrupe.

Étudiant en médecine à Madrid, Pedro Arrupe décide de se donner à Dieu en entrant dans la Compagnie de Jésus. Aumônier de prison aux États-Unis pendant sa spécialisation en bioéthique, envoyé au Japon à sa demande, le père Pedro Arrupe subira le choc de la bombe atomique lâchée sur Hiroshima le 6 août 1945.

Soupçonné d’espionnage à cause de sa connaissance des langues étrangères, il vivra un mois en prison à Tôkyô, en communion avec le Christ Jésus dans sa Passion. Expérience mystique d’union à Jésus dans la solitude de la prison japonaise. Des chrétiens de sa paroisse catholique se rendront près de sa cellule pour lui chanter des chants de Noël, de manière à adoucir sa peine dans ce mois de décembre 1941.

La justice et la miséricorde

Général de la Compagnie, le père Pedro Arrupe manifesta sa miséricorde dans l’option préférentielle pour les pauvres et dans le service aux réfugiés du Vietnam et d’autres pays d’Asie. Le Service jésuite des réfugiés a trouvé en lui son fondateur et son soutien.

Il s’adressait aussi aux anciens élèves des jésuites pour les exhorter à œuvrer pour la justice sociale dans son fameux discours sur « La formation à la promotion de la justice ». Ses paroles exigeantes provoquèrent la démission du président de l’Association des anciens élèves lors du congrès de Valence (Espagne), en 1973. Le père Arrupe attendait des anciens élèves qu’ils fussent des agents du changement social selon l’Évangile. S’il est vrai que des dictateurs cruels sont sortis des collèges dirigés par les jésuites, il demeure aussi vrai que des anciens élèves ont orienté la société en accord avec les enseignements de la doctrine sociale de l’Église.

Le père Arrupe voyait dans l’inaction la peur de se tromper, la plus grande des erreurs que l’on puisse commettre : rester sans rien faire[5].

De son côté, c’est dans l’enseignement de l’exégèse que le père Lagrange vécut la justice et la miséricorde, donnant « le pain de la Parole de Dieu » et expliquant la Bible, parfois lumineuse, parfois obscure, aux esprit critiques assoiffés de vérité et de Dieu.

L’inculturation

Apôtre de l’inculturation, le père Arrupe apprit la langue japonaise et il exhorta les membres de la Compagnie de Jésus à évangéliser la culture, la politique et l’économie… Saint Ignace de Loyola parlait basque et moins bien l’espagnol. Porteur d’une double culture, le fondateur de la Compagnie de Jésus connaissait bien l’importance des langues et des traditions culturelles.

Cette inculturation passait par l’abaissement et le service, en opposition à la volonté de puissance et de domination qui a pu marquer la colonisation. La kénose du Christ Jésus, qui s’était vidée de la gloire qui était la sienne dès avant la fondation du monde, décrite par saint Paul dans l’épître aux Philippiens (chapitre 2), devait à ses yeux caractériser l’humilité et le travail des missionnaires. Le père Arrupe rapportait la réaction des personnes pauvres qui recevaient l’aide caritative d’une association dans un pays du Tiers-Monde : « Oui, Père, ils nous aident. Mais au fond, ils nous méprisent.[6] »

Quant au père Marie-Joseph Lagrange, non seulement il connaissait les langues vivantes comme le français, l’anglais, l’allemand appelée « la première langue biblique » à cause des études germaniques en exégèse, l’espagnol, mais il maîtrisa, dès ses jeunes années au petit séminaire d’Autun, le latin et le grec, par la suite il étudia l’hébreu, l’arabe, l’égyptien … Pour le fondateur de l’École biblique de Jérusalem, « l’histoire se fait avec des monuments et des documents ». Il importait aussi de vivre sur la terre qui avait reçu la révélation biblique. Les paysages d’Israël faisaient partie de la culture biblique. Il vécut l’inculturation en vivant une cinquantaine d’années à Jérusalem.

Pour la foi catholique, le Saint-Esprit est l’auteur de la Révélation mais cette manifestation de la volonté de Dieu aux hommes est passée par l’inspiration des prophètes, des évangélistes et des apôtres, de manière telle que leur message était cent pour cent humain et cent pour cent divin. Loin d’être une dictée, la Révélation a tenu compte de la culture du peuple d’Israël. D’où l’importance capitale des médiations humaines pour accéder à la connaissance divine : les langues, les coutumes, l’histoire, les paysages, l’archéologie… Le Verbe s’est fait chair dans le sein d’une femme juive, Marie, et il a dévoilé la plénitude du mystère de Dieu que personne n’a jamais vu. « La Parole s’est faite chair dans des mots », comme aimait à le dire le théologien espagnol Cabodevilla[7].

Le père Lagrange répondra à la critique scientifique par la critique scientifique. Fin connaisseur de l’exégèse allemande libérale et des philosophies rationalistes, il établira un dialogue précis et respectueux avec ceux qui rejettent la foi catholique et sa Tradition, c’est-à-dire sa transmission de la Parole de Dieu commentée par les docteurs de l’Église qui l’ont actualisée au cours de l’histoire. Ce faisant, il apprend à « prendre le taureau par les cornes ». Soucieux du salut des âmes, le père Lagrange étudie, dialogue, répond, corrige et montre la voie. Disciple de saint Thomas d’Aquin, il ne s’acharne point sur les personnes qui prônent des interprétations de la Bible opposées à la sienne, mais il relève les failles dans des démonstrations qui se veulent scientifiques.

Du neuf et de l’ancien

Dans l’Évangile, Jésus demande à ceux qui enseignent de faire « du neuf et de l’ancien »[8]. Dans son encyclique « La joie de l’Évangile », le pape François exhorte l’Église à vivre « en sortie, en partance » et à « primerear »[9], c’est-à-dire à prendre des initiatives missionnaires.

L’écrivain italien Giovanni Papini reprochait aux thomistes d’ « avoir arrêté l’horloge de l’histoire au XIIIe siècle ». Marie-Joseph Lagrange a toujours été habité par une vision dynamique et progressive de l’histoire et de l’exégèse. Pour lui, la vérité était « une vérité en marche ». Dans son discours pour l’inauguration de l’École biblique de Jérusalem, il avait déjà entrevu le beau chemin à parcourir : « Dieu a donné dans la Bible un travail interminable à l’intelligence humaine et, remarquez-le bien, il lui a ouvert un champ indéfini de progrès dans la vérité »[10]. À la suite de saint Vincent de Lérins, le père Lagrange tenait à l’idée du développement de la connaissance de Dieu qui s’exprime dans les dogmes. Il ne s’agit pas d’un changement mais d’un progrès à la manière de la maturation du grain de blé qui devient épi, ou de l’enfant qui parvient à l’âge adulte. D’une manière poétique, Juan Ramón Jiménez, Prix Nobel de littérature en 1956, reliait ainsi l’ancien et le nouveau : « Des racines et des ailes. Mais que les ailes s’enracinent et que les racines volent. » Cette découverte infinie de la vérité se trouve explicitée dans l’Évangile. Jésus exige du bon professeur qu’ « il tire de son trésor du neuf et de l’ancien ». Le chrétien n’est pas un répétiteur ni la vie spirituelle un moule. « Chacun va à Dieu par un chemin virginal », s’exclamait le poète Léon Felipe. Il n’y a pas un seul évangile, mais quatre approches différentes du mystère de la vie de Jésus et ces quatre évangiles vont engendrer une multitude de commentaires et d’approfondissement au cours de l’histoire de l’Église qui manifesteront la richesse inépuisable de la Parole de Dieu, transmise de génération en génération sous l’action de l’Esprit Saint.

Aussi bien le père Lagrange que le père Arrupe ont innové enracinés dans la tradition de l’Église.

Le 3 décembre 2018, le pape François déclarait aux membres de l’association Rondine : « Il faut des “leaders” avec une nouvelle mentalité » ; « Les politiciens qui ne savent pas dialoguer et se confronter ne sont pas des “leaders” de paix : un “leader” qui ne s’efforce pas d’aller à la rencontre de l’“ennemi”, de s’asseoir à une table avec lui… ne peut pas conduire son peuple vers la paix ». « Pour faire cela, il faut de l’humilité, et non de l’arrogance : que saint François vous aide à suivre cette route avec courage [11]».

Le père Lagrange et le père Arrupe, « ‘leaders’ avec une mentalité nouvelle », étaient humbles et hommes de dialogue intellectuel et interpersonnel, loin de tout autoritarisme.

L’œuvre de Dieu se fait dans la contradiction

Pour comprendre le travail du père Lagrange, il faut rappeler la situation de l’enseignement religieux de l’époque en contradiction avec les découvertes scientifiques : « Le gamin de Paris qui récitait son catéchisme était tenu de dire que le monde a été créé quatre mille ans avant Jésus-Christ. Il savait parce qu’il apprenait à l’école primaire que ce n’était pas vrai »[12]. C’est pourquoi Jacques Maritain, philosophe chrétien, qui a été ambassadeur de France près le Saint-Siège, disait que les manuels de théologie de cette époque-là représentaient « un pieux outrage à l’intelligence »[13].

Les difficultés du père Lagrange atteignirent leur sommet en l’année 1912, année terrible, où il dut quitter Jérusalem après une note de la Consistoriale qui demandait aux séminaires de retirer les ouvrages de quelques exégètes dont ceux du fondateur de l’École biblique sans donner d’explications.

Récemment le frère Augustin Laffay, historien, a découvert dans les archives du saint pape Pie X une lettre de dénonciation du père Louis Heidet envoyé à Pie X le 10 juin 1911[14], ce qui provoqua sans doute la défiance du pape envers le père Lagrange. Il est à remarquer que dans sa lettre il n’y a aucune citation des enseignements du père Lagrange alors qu’il publiait régulièrement ses cours et ses recherches dans la collection « Études bibliques » et dans la Revue biblique. Il s’agit malheureusement d’un procès d’intention et de propos calomnieux et diffamatoires qui présentaient le père Lagrange comme rationaliste et hypocrite.

C’est en juillet 1913, que le père Lagrange fut autorisé à reprendre son enseignement à Jérusalem,sans explication particulière, après dix mois passés en France.

Il faut bien souligner que ni les enseignements ni le comportement du père Lagrange n’ont jamais fait l’objet de condamnation de la part des autorités de l’Église.

Ses idées développées dans « La Méthode historique » (1903), dans ses livres et articles passeront dans l’enseignement officiel de l’Église sur les genres littéraires notamment dans l’encyclique du pape Pie XII Divino Afflante Spiritu en 1943 et dans  Dei Verbum  (1965) du concile Vatican II.

Le père Arrupe connut aussi la contradiction à l’intérieur de la Compagnie de Jésus par ceux qui se voulaient les représentants de « la véritable Compagnie » et de la part des responsables de l’Église et, en particulier, par la condamnation du saint pape Jean-Paul II.

Le pape Jean-Paul II avait souffert du communisme en Pologne. Il redoutait le marxisme tout en enseignant une doctrine sociale de l’Église où le travail avait le primat sur le capital. Loin d’opposer le capital et le travail, dans son encyclique « Laborens exercens », Jean-Paul II montre comment le capital trouve sa source dans le travail et comment le but du capital est de servir le travail « On ne peut pas posséder pour posséder mais pour servir le travail ». Le principe de la destination universelle des biens et la dignité sacrée de la personne humaine ont été mis en lumière par ce saint pape. Karl Marx aspirait au dépassement de la division du travail dans le communisme. Il avait pris l’image de l’escargot et de la coquille pour symboliser l’union indissoluble du travail et du capital. Dans ses enseignements, le pape Jean-Paul II situe la personne humaine, le travailleur avec son travail, comme étant le sommet de la création tandis que le capital n’est qu’un instrument au service du travail et de la personne humaine.

Jean-Paul II connaissait peu l’Amérique latine avec les dégâts du capitalisme et du libéralisme sur ce continent, tandis que le père Arrupe avait éprouvé en sa chair la violence de la bombe atomique d’Hiroshima, lâché par les États-Unis, pays libéral et apôtre du capitalisme.

Certaines photos montrent le pape Jean-Paul II et le père Arrupe regardant en directions opposées ; d’où la légende explicative de la photo : « Deux regards divergents ». En réalité, le pape Jean-Paul II et le père Arrupe regardaient dans la même direction : le Christ Jésus et la justice sociale. Mais ils le faisaient à partir des expériences différentes, des pays différents avec des points de vue divers, sans opposition sur le fond. Saint Thomas d’Aquin enseignait : « Dans les choses qui ne sont pas de la nécessité de la foi, il a été permis aux saints, il nous est permis à nous d’opiner de diverses manières[15]. »

Malheureusement, l’attitude méfiante et la condamnation du pape Jean-Paul II provoquèrent une profonde douleur en la personne du père Arrupe. Le 7 août 1981, lors du retour du voyage aux Philippines et en Thaïlande, où il avait rendu visite aux jésuites qui travaillaient auprès des réfugiés au Vietnam, Laos et Cambodge, le père Arrupe subit une attaque cérébrale dans l’aéroport de Rome, attaque qui allait le paralyser pendant dix ans jusqu’à sa mort. Le 6 octobre 1981, le pape Jean-Paul II nomma le père Dezza S.J. comme délégué personnel pour gouverner la Compagnie, avec le concours du père Pittau S.J., coadjuteur. Le 3 septembre 1983, le père Arrupe présenta sa démission dans la Congrégation générale et quelques jours plus tard, le père Peter-Hans Kolvenbach fut élu Général de la Compagnie de Jésus.

Esprit d’obéissance dans l’amour de l’Église

Le père Lagrange et le père Arrupe ont accepté dans l’obéissance les condamnations de la hiérarchie. Ces condamnations ne portaient pas sur la foi ou les mœurs mais sur des choix intellectuels et pastoraux.

Tous les deux ont choisi le silence et l’humilité, confiants dans la Providence, au lieu de susciter des vagues de contestation. Ils avaient mis leur confiance en Dieu.

Le père Lagrange tenait à excuser le pape Pie X qui veillait à sauvegarder la foi et la paix dans l’Église. En quittant Jérusalem, « la mort dans l’âme », le 3 septembre 1912, le père Lagrange exhorta les professeurs et les étudiants à l’obéissance.

Le témoignage du père Arrupe pendant ses dix années de maladie et son attitude à l’approche de la mort révèlent son amour de l’Église et sa foi en Dieu. Il avait gardé dans sa prière trois mots : « Fiat », « Amen » et « Alléluia ». « Amen pour aujourd’hui, Alléluia pour demain », disait-il.

Conclusion

Le père Lagrange a été appelé « le mystique de la Bible ». Ses commentaires bibliques et son Journal spirituel révèlent une âme dont « la prière était feu », comme l’écrivait le cardinal Carlo Maria Martini S.J.[16], dans une lettre envoyée en faveur de sa béatification.

Le père Arrupe, mystique, a vécu au sens de vivre en profondeur « le mystère du Christ », il partageait avec le père Lagrange la dévotion à sainte Thérèse d’Avila. Il avait traduit en japonais ses œuvres ainsi que celles de saint Jean de la Croix, de saint Ignace de Loyola et de saint François-Xavier.

Le laïc dominicain, ancien maire de Florence, Georgio La Pira, que le pape François cite souvent,attribuait au gouvernement une place d’honneur à la vie spirituelle après l’union intime avec Dieu dans la prière, car il s’agit de conduire les hommes et de les conduire à Dieu. Le but et la passion du père Arrupe fut de conduire la Compagnie, la vie religieuse, l’Église et l’humanité au Cœur de Jésus.

Dans la Bible, les prophètes transmettent la volonté de Dieu au peuple. Ils encouragent les croyants à accomplir la volonté de Dieu qui apportera le salut.

Le père Lagrange s’est laissé guider par l’Esprit Saint pour conduire l’Église sur le chemin de l’interprétation scientifique de la Bible, accomplissant ainsi l’enseignement de Jésus : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » Dieu, qui fait toutes choses nouvelles, a fait du neuf à travers la vie et l’œuvre du père Lagrange.

Le père Arrupe, habité par l’Esprit Saint, a orienté la Compagnie de Jésus sur le chemin de la justice sociale suivant le principe « Deus semper major et semper novus » (« Dieu toujours plus grand et toujours nouveau »). Il avait envisagé de se rendre lui-même au Vietnam au service des réfugiés lors de la présentation de sa démission au pape qui ne l’accepta pas.

Puisse l’Église reconnaître leur sainteté afin que leur exemple et leur intercession illumine de manière universelle ceux qui doutent et qui cherchent Dieu sur le chemin de la raison et de la foi.

Fr. Manuel Rivero O.P.

Elorrio (Biscaye), le 16 août 2020.

                                                                                                                     

[1] Voir le site Internet et le facebook consacrés au père Lagrange : Site de l’Association des amis du père Lagrange :http://www.mj-lagrange.org/ ; Facebook : Marie-Joseph Lagrange, dominicain

[2] Voir : Norberto Alcover, S.J. (ed.), Pedro Arrupe, memoria siempre viva. Bilbao. Ediciones Mensajero, 2001. Une trentaine d’auteurs ont participé à l’édition de ce livre dont vingt-sept jésuites qui ont connu de près le père Arrupe.

[3] Cf. Dernier grand discours du père Pedro Arrupe. Cf. Norberto Alcover, S.J. (ed.), Pedro Arrupe, memoria siempre viva. Bilbao. Ediciones Mensajero, 2001. PP. 40-41.

[4] Cf. Le père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels. Préface du P. Benoît, o.p. Paris. Éditions du Cerf. 1967. P. 38.

[5] Cf. New York Times, 25-11-66.

[6] Norberto Alcover, S.J. (ed.), Pedro Arrupe, memoria siempre viva. Bilbao. Ediciones Mensajero, 2001. P. 89.

[7] J.M. Cabodevilla, Palabras son amores. Límites y horizontes del diálogo humano, Madrid, BAC, 1980, p. 251.

[8] Mt 13, 52 : « Tout scribe devenu disciple du Royaume des Cieux est semblable à un propriétaire qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ».

[9] Pape François, Exhortation apostolique « La joie de l’Évangile », Paris, Téqui, 2013, n°24.

[10] Discours pour l’inauguration de l’École biblique de Jérusalem, le 15 novembre 1890. Le père Lagrange au service de la Bible. Souvenirs personnels, Paris, Cerf, 1967, p. 104.

[11] Cf. ZENIT, le 3 décembre 2018.

[12] Ch. Théobald dans « L’exégèse catholique au moment de la crise moderniste », in Le monde contemporain et la Bible, Éditions Beauchesne, 1985, p. 388.

[13] Jean-Michel Poffet, L’écriture de l’histoire : du P. Lagrange à Paul Ricoeur. P. 5. In Cahiers de la Revue biblique 65. « La Bible : Le Livre et l’Histoire », Actes du Colloque de l’École biblique de Jérusalem et de l’Institut catholique de Toulouse (nov. 2005) pour le 150e anniversaire de la naissance du P. M.-J. Lagrange O.P. sous la direction de J.-M.Poffet, O.P., directeur de l’École biblique de Jérusalem, Paris, Gabalda, 2006.

[14] Bernard Montagnes, Lagrange dénoncé à Pie X en 1911, in Archivum fratrum praedicatorum, vol LXXVI, Istituto Storico Domenicano, Roma, 2066, p. 217-239.

[15] Saint Thomas d’Aquin, Sentenc. Lib. II, dist. 2a, quaest. 1a, art. III. Cité dans l’Avant-propos du premier numéro de la Revue biblique, 1892, Paris, P. Lethielleux, libraire-éditeur, P. 11-12.

[16] Cf. Lettre du cardinal Carlo Maria Martini au frère Manuel Rivero, depuis Jérusalem, le 22 juillet 2007 : « J’estime que le père Lagrange est comme l’initiateur de toute la renaissance catholique des études bibliques. Penser qu’au début de ce renouveau il y a eu un saint nous encourage à vivre ces études avec l’attitude de saint Jérôme et des autres exégètes qui ont cherché le visage de Dieu dans les Écritures. »

 

Octobre, le mois de la prière du Rosaire par Fr. Manuel Rivero O.P.

« N’abandonnez jamais la prière du Rosaire », conseillait le pape François lors de la clôture du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Fatima en 2017.

D’où vient cet attachement à la prière du chapelet ou du Rosaire ? Des millions de catholiques sur les cinq continents témoignent des grâces reçues en méditant les événements et les paroles de Jésus avec sa Mère, la Vierge Marie.

Ceux qui font du commerce savent bien que les clients insatisfaits ne renouvellent plus l’achat malgré la publicité ou l’habitude. Si des croyants de toute condition sociale et de tout âge demeurent fidèles à la prière du Rosaire cela veut dire qu’elle leur apporte les grâces dont ils ont besoin.

Invisible, mais, proche et agissant, Dieu est invoqué particulièrement dans les épreuves. Alors que d’aucuns demandent « où est Dieu dans nos souffrances ? », la prière s’avère source de grâces. La Bible révèle un Dieu caché qui déploie sa puissance dans l’effacement. Maître Eckhart, le grand mystique dominicain du XIVe siècle, enseignait que « le Fonds de la Déité se trouve dans la puissance d’effacement de soi »[1]. Le mystère de l’Incarnation, fondement du christianisme, manifeste l’humilité et l’abaissement du Fils de Dieu, qui, par amour envers l’humanité, est devenu l’un de nous. La Vierge Marie l’a accueilli dans la foi en notre nom. D’où l’attachement des chrétiens à la figure de la Mère du Messie.

Prière face à la pandémie

En ces temps difficiles de pandémie et de crise économique, l’Église se tourne vers la Mère de Dieu,comme elle le fit en 1571 lors de la bataille de Lépante. Le saint pape Pie V, O.P. confia alors l’Église à l’intercession des confréries du Rosaire. La victoire obtenue fut saluée comme une grâce de Dieu à travers la prière de la Mère de Jésus. D’où la célébration de la fête de Notre-Dame de la Victoire,le 7 octobre, connue sous le vocable de Notre-Dame du Rosaire. Dans le rayonnement de cette fête mariale, tout le mois d’octobre porte la marque du Rosaire.

L’Église se tourne vers Jésus qui est venu pour les malades. Les catholiques se confient à l’intercession de la Mère de Dieu. L’une des prières mariales les plus anciennes évoque la confiance des chrétiens dans la miséricorde de la Vierge Marie : « Sous ta miséricorde, nous cherchons refuge, sainte Mère de Dieu ».

Prière contemplative, le Rosaire consiste à prier Jésus, le seul Sauveur et le seul Médiateur entre Dieu et les hommes pour la foi chrétienne, avec la foi de Marie, qui est la foi de l’Église. Le fidèle regarde Jésus avec les yeux et le cœur de sa Mère, la Vierge Marie.

La prière du Rosaire a pour centre et pour but Jésus le Christ. Ceux qui égrènent le chapelet rejoignent le cœur de Marie pour y méditer les événements et les paroles de Jésus. L’évangéliste saint Luc précise que Marie gardait dans son cœur tout ce qu’elle découvrait du mystère de son Fils.

Le Rosaire conduit les disciples de Jésus jusqu’au cœur de sa Mère pour le contempler dans la lumière de la foi juive accomplie dans le mystère de la mort et de la résurrection du Messie.

Sans la Vierge Marie, « l’Église devient un orphelinat », s’exclame le pape François. Mais les chrétiens ne sont pas orphelins. Ils reçoivent l’Esprit-Saint promis par Jésus. Ils reçoivent aussi la Mère de Jésus pour Mère spirituelle. C’est elle qui veille sur les disciples de son Fils, comme elle a collaboré à sa naissance et à sa croissance en tant qu’homme. Éducatrice de Jésus, Marie joue aussi son rôle de Mère spirituelle, par son exemple de foi et par son intercession, auprès de son Fils Jésus.

Cela ne relève pas d’une dévotion inventée, mais d’une volonté du Sauveur lui-même manifestée sur le Calvaire quand il a dit à sa mère « Voici ton fils » (Jn 19) tout en orientant son regard vers l’apôtre bien-aimé, Jean. À celui-ci, le saint crucifié a déclaré : « Voici ta Mère ». Et l’apôtre fidèle la prit chez lui, c’est-à-dire dans sa maison et dans son cœur.

Précisions de vocabulaire

Le mot chapelet provient du mot « chapeau » ou « couronne » de roses que les amoureux offraient à leurs bien-aimées, et, que les dévots de la Vierge Marie plaçaient sur la tête des statues de la Mère de Jésus.

Le mot Rosaire rappelle le choix de cette fleur offerte en signe de foi à la Vierge Marie

Le bienheureux Alain de La Roche O.P. (1428-1475) préférait appeler cette prière « Le psautier de Notre-Dame » plutôt que Rosaire, en lien avec les 150 Psaumes qui trouvaient leur équivalent dans les 150 Ave Maria du Rosaire quand les trois séries du Rosaire (5 joyeux, 5 douloureux et 5 glorieux) comportaient 150 grains en tout. L’arrivée des mystères lumineux, décidée par le saint pape Jean-Paul II, a élevé à 20 mystères le cycle de la prière qui inclue ainsi la vie publique de Jésus, outre l’Enfant, la Passion et la Gloire de la vie de Jésus.

Voyage intérieur

En égrenant le chapelet, le croyant voyage en esprit vers Nazareth, Bethléem, Jérusalem …

Une marseillaise avait déclaré un jour à Mgr Roger Etchegaray : « Avec le chapelet, je fais le tour du monde à l’œil et sans bouger ».

Quand nous visitons un pays nous tenons à bénéficier d’un bon guide local qui connaisse l’histoire,non seulement par l’étude, mais aussi par expérience. Qui mieux que la Vierge Marie peut nous introduire dans la connaissance de son Fils Jésus ?

Nous pouvons l’appeler Notre-Dame des commencements, car Marie apparaît dans les Évangiles lors des événements fondateurs : l’Incarnation, la Visitation, Noël, Calvaire, Pentecôte …

Silence intérieur

Certaines personnes s’interrogent sur le sens de la répétition des Ave Maria. Mais le but de cette reprise des paroles de l’archange Gabriel à Marie n’est rien d’autre que le silence intérieur. Pour calmer, voire effacer le bruit intérieur, les discours et les films, toujours les mêmes dans la tête, il convient de se laisser purifier et habiter par la Parole de Dieu. En reprenant les Notre Père et les Ave Maria, le fidèle parvient à faire silence en soi pour faire de la place dans son cœur à Jésus le Christ.

À l’image du vol des oiseaux qui en refaisant toujours le même mouvement de leurs ailes s’élèvent vers le ciel, ceux qui prient reprennent les mêmes prières, mais jamais au même endroit, car leurs âmes se déplacent vers Dieu et vers leurs frères en humanité.

Plasticité de cette prière

Le chapelet permet l’intégration de toute la Bible par le moyen des clausules, c’est-à-dire des citations de l’Écriture sainte, à la suite du nom de Jésus dans la première partie de l’Ave Maria : « Je vous salue Marie … et Jésus, qui sauve les malades, est béni », par exemple.

Dans la deuxième partie de l’Ave Maria, il est possible d’actualiser la prière « et à l’heure de notre mort », en la remplaçant par « et à l’heure de la maladie », « et à l’heure de la recherche d’emploi », « et à l’heure de l’examen » …

Prière qui rassemble

La prière du chapelet facilite l’union à Dieu dans la solitude. Elle rassemble aussi les chrétiens comme le prouve l’existence séculière des Confréries du Rosaire, des Équipes du Rosaire ou de la Légion de Mar

Au Japon, des communautés chrétiennes ont gardé la foi en l’absence de prêtres pendant deux siècles grâce à la prière du Rosaire. À partir de 1614, des missionnaires dominicains connurent le martyre. Au XIXe siècle, lors de la reprise de l’évangélisation, les missionnaires découvrirent, avec émerveillement, que les chrétiens continuaient de célébrer le Christ Jésus au Japon en priant ensemble les mystères du Rosaire.

 

 

Le chapelet des enfants

Élément matériel, en bois ou en plastique, le chapelet aide à prier. Nombreux sont les enfants qui entrent dans la paix du cœur par cette prière.

Les systèmes éducatifs font rarement de la place à l’intériorité. Des méthodes de méditation, pour les enfants, deviennent à la mode dans le souci de les calmer au milieu d’une multitude d’activités et de sollicitations. La prière du chapelet offre une paix habitée par Jésus. Plutôt que de dire « om », les enfants chrétiens prient le nom de Jésus, source de l’Esprit Saint.

Enfant, à l’âge de sept ans, j’ai reçu comme cadeau pour ma Première communion un chapelet en argent. Il est beau. La date de cet événement heureux fut gravée sur la croix. C’est avec joie et gratitude que j’aime le reprendre et le prier bien des années après.

Pourquoi ne pas penser à offrir comme cadeau, pour la Première communion et la Confirmation, un beau chapelet que l’enfant gardera peut-être toute sa vie ?

Prière qui illumine

La foi est lumière dans les ténèbres de la maladie et de la mort. En tant que prêtre, je demeure admiratif devant la puissance pédagogique et spirituelle du chapelet lors de la maladie et du deuil.

Aux malades et aux personnes détenues en prison, je leur rappelle leur mission de prier pour l’Église et pour le monde. Ils deviennent ainsi acteurs de l’histoire car les événements relèvent aussi de la Providence qui répond à la prière.

Lors des veillées funéraires, la méditation des mystères douloureux et glorieux fait passer les familles de la tristesse à la lumière de la foi, de la fatigue à la force de la grâce, du désespoir à la communion avec Dieu et avec les proches qui partent.

Loin d’être « la dégringolade finale » d’une vie, la mort représente le sommet de l’existence et le passage, la « pâque », de ce monde au Père.

D’où vient cet attachement à la prière du chapelet ou du Rosaire ? Des millions de catholiques sur les cinq continents témoignent des grâces reçues en méditant les événements et les paroles de Jésus avec sa Mère, la Vierge Marie.

Ceux qui font du commerce savent bien que les clients insatisfaits ne renouvellent plus l’achat malgré la publicité ou l’habitude. Si des croyants de toute condition sociale et de tout âge demeurent fidèles à la prière du Rosaire cela veut dire qu’elle leur apporte les grâces dont ils ont besoin.

Pour le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, fervent de la prière du Rosaire, « Dieu le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère »[2], même au cours de sa Passion.

Ce fut le cas sur le Calvaire, lors de la mort de Jésus, cela l’est aussi pour ceux qui se confient à l’intercession de la Mère de Jésus en devenant « fils et filles de Marie ».

Saint-Denis/ La Réunion, le 1er octobre 2020

[1] Cité par François Varillon, L’humilité de Dieu, Bayard, 2017, p. 31.

[2] L’Évangile de Jésus-Christ, par le P. Marie-Joseph Lagrange, O.P., avec la synopse évangélique traduite par le père Ceslas Lavergne, O.P. Préface de Jean-Michel Poffet, O.P. et présentation de Manuel Rivero, O.P., Paris, Artège-Lethielleux, 2017. P. 609.

 

Écho de notre page Facebook : septembre 2020

30 septembre 2020
Saint Jérôme (347-420 env.) auteur de la Vulgate

« Les Journées Lagrange » se sont tenues à Rome, les 25 et 26 octobre 2015. Dans son Avant-propos, Serge-Thomas Bonino O.P. précise que le propos de ces journées était de mettre de nouveau en valeur l’actualité de cette haute figure spirituelle et intellectuelle que fut le P. Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), fondateur de l’École biblique et archéologique de Jérusalem, de manière à souligner combien la béatification de ce grand religieux dominicain, ce nouveau saint Jérôme selon certains, serait une grâce pour toute l’Église. De manière exemplaire, en effet, le P. Lagrange s’est voué à l’intelligence de la Parole de Dieu par une étude exigeante, savante, menée dans le cadre d’une authentique vie religieuse communautaire et, saisissant à bras-le-corps les défis intellectuels de son temps, dans une fidélité sans faille à l’Église et dans la conviction d’une harmonie profonde entre raison et foi, il a mis toutes les ressources de la rationalité exégétique au service du « salut des âmes ». Un modèle donc qu’il conviendrait hautement de mettre sur le lampadaire, pour qu’il brille pour tous ceux qui sont dans la maison (Mt 5, 15).

Illustration : Saint Jérôme (détail) par Joseph Aubert. Basilique Saint-Étienne. Jérusalem.
Marie-Joseph Lagrange à sa table de travail à St-Maximin, en 1935.

28 septembre 2020
« Quiconque reçoit cet enfant à cause de mon nom, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé : car le plus petit qui soit parmi vous tous, celui-là est grand (Luc 9, 48) »

« Celui qui a le droit de commander ne doit l’exercer que dans l’intérêt général : il est le serviteur de tous. Chacun de vous veut être le premier ? À la bonne heure ! Qu’il s’efforce d’abord d’être vraiment dans son cœur le plus petit, car c’est seulement dans cette disposition sincère, qu’il trouvera le secret de commander utilement, par la volonté résolue de servir.

(Marie-Joseph Lagrange des frères prêcheurs, L’Évangile de Jésus Christ, Artège-Lethielleux, 2017.) »

Illustration du Centre Aletti – Au nom de Jésus.

 

27 septembre 2020
Une belle prière du père Lagrange à Marie, Reine Immaculée

« Très douce Reine Immaculée, la fête de votre Grâce a été le point de départ de ma vocation et, l’année dernière, les marques d’un grand changement en moi : vous m’avez donné un peu goût de la prière et des inspirations si bonnes que je me serais sanctifié si je les avais suivies. Aujourd’hui, je me retrouve avec d’inénarrables misères, un orgueil effrayant : mais j’ai confiance en vous. Ces deux mois de noviciat profès, je les regarde comme une époque de tâtonnements ; maintenant je vais commencer avec votre grâce à servir votre Fils Jésus. Donnez-moi de l’aimer uniquement, plus que mon âme : je serai un fils si respectueux et si aimant pour vous si vous me rendez semblable à Jésus. Partout je glorifierai, j’exalterai votre glorieux privilège, j’inviterai les pécheurs à recourir à votre miséricorde ; je sais bien, moi, que vous les aimez. Ô ma Souveraine, puissé-je mourir pour votre honneur ; que votre nom soit gravé dans mon cœur ; je me donne à vous aujourd’hui encore et à jamais. »

(Journal spirituel, Avant-propos de Manuel Rivero O.P. Cerf, 2014)

Illustration : La Vierge et l’Enfant en trône par le Maître de Vyšší Brod (Bohême vers 1350) Metropolitan Museum of Art de New York

 

26 septembre 2020
« Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » (Luc 9, 44)

« Le point capital sur lequel Jésus insistait, c’était la Passion : il ajoutait qu’elle serait suivie de la Résurrection ; mais les disciples, butés sur le scandale de la mort du Messie avant qu’il ait reçu les hommages d’Israël et des Gentils, ou plutôt livré par Israël aux Gentils, ne parvenaient pas à franchir cet obstacle pour atteindre l’espérance située au-delà. »

(Marie-Joseph Lagrange des frères prêcheurs, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Illustration : Christ par Heinrich Hofmann (1824-1911)

 

24 septembre 2020
« Qui est cet homme dont j’entends dire tant de merveilles ! » (Luc 9, 9)

La mission de Jésus était supérieure à celle d’un prophète, ce qui ne veut pas dire qu’elle devait avoir plus d’éclat. Le prophète, instrument intermittent des volontés divines, manifesté par l’austérité de sa vie, par son zèle enflammé, était le seul qui pût faire la leçon aux rois. La mission de Jésus est plus haute et plus stable. Fondateur d’une société permanente ouverte à tous les hommes, Jésus mangeait et buvait comme tout le monde, ce qui n’interdisait pas l’ascétisme, mais n’en faisait pas une loi.

Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.

Illustration : Christ parmi les docteurs par Bernardino Luini (16e) National Gallery Londres.

 

24 septembre 2020
Vanité des vanités, disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !

« Quand il me vient une pensée de vanité, croyant qu’on m’estime, dire à Jésus : « Vous voyez bien combien j’ai besoin de votre miséricorde, étant si vain ! et quelle explication des misères où je suis plongé, de mes mauvaises tendances… si avec cela je ne suis pas humble, jugez un peu » ! »

Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014.

Illustration : Des vanités du siècle. Saint Jérôme à son bureau par Joos van Cleve (15e)

 

23 septembre 2020
Saint Pio de Pietrelcina

Le Padre Pio disait : « Dans les livres nous cherchons Dieu, dans la prière nous le trouvons. La prière est la clé qui ouvre le cœur de Dieu. »

Le père Lagrange note dans son Journal spirituel (Cerf, 2014) :
« Je sens plus que jamais que toute ma force est dans la prière : cessez de prier, la nature règne. »

 

 

21 septembre 2020
Saint Matthieu
L’Appel de Lévi

Que le même homme ait porté deux noms (Matthieu – Lévi), cela est rendu vraisemblable par un usage assez courant. Mais qu’il est donc difficile, même aux chrétiens de comprendre que l’appel de Jésus est le plus noble de tous les titres !

Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse, Artège-Lethielleux, 2017, p. 153.

Illustration : L’appel de Lévi. Cappella del seminario vescovile di Verona – Centro Aletti.

 

20 septembre 2020

« Le véritable amour est gratuit, mais il ne peut être gratuit qu’en se portant sur le prochain et à la condition de ne pas rechercher le prochain pour lui et pour soi. Le pauvre cœur en souffrira, mais il n’y a qu’un cœur brisé, comme le vôtre, ô Marie, qui puisse aimer les âmes. D’ailleurs, la récompense est la contemplation : Isaïe. Sans cela la vie religieuse n’est qu’une observance pharisaïque. »

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel. Cerf, 2014.

Illustration : Isaïe. « Le Jour du Seigneur » : Isaïe, le prophète

 

19 septembre 2020
« Ô Marie, ma Mère Immaculée, sauvez-moi : ce qui m’encourage, c’est que je sens croître ma confiance en vous. Oui, vous me conduirez à Jésus, et grâce à votre intercession, il daignera me relever du bourbier de ma misère et m’introduire dans son intime familiarité en me donnant la sainte crainte de Dieu. »

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.

Illustration : Madonna – Il Sassoferrato (17e)

 

18 septembre 2020

La miséricorde de N.S. s’annonce, même avant sa naissance, par le nom qu’il prend : Jésus, Sauveur. Celui qui sauve l’honneur, la fortune, la vie, le courage de son frère est miséricordieux : que dire de celui qui sauve l’âme. (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel)

Illustration : Jésus miséricordieux : De la chapelle où se trouve l’image miraculeuse de Jésus Miséricordieux et le tombeau de Sainte Faustine

 

16 septembre 2020

La charité c’est l’amour du bien en soi. Dieu est la bonté : Dieu se veut infiniment, il se voit infiniment ; cette conformité entre sa Volonté et son Intelligence, c’est sa Bonté. Les êtres finis et contingents sont bons lorsque leur être est conforme à la volonté de Dieu. La charité est donc l’amour de Dieu. Dieu est tout à la fois l’objet premier de la charité, et le motif. C’est en passant par l’amour de Dieu que nous aimons le prochain pour chercher sa conformité avec la volonté de Dieu comme la nôtre propre.

Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.

Illustration : Saint François d’Assise par Giotto.

 

15 septembre 2020
Marie au pied de la croix

« Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie, la femme de Clopas, et Marie de Magdala.» (Évangile selon saint Jean 19, 25).

« Le calice de la Rédemption fut amer pour Jésus. Ses souffrances sur la croix étaient atroces. Son cœur était meurtri par l’abandon de ses disciples, le mépris des chefs des Juifs, la lourde indifférence du grand nombre. Jusque-là, même dans ce mystère douloureux, le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère. Elle était là, pâtissant avec lui, augmentant ainsi sa torture et pourtant le consolant dans l’abandonnement des autres. »

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique, traduite par le P. C. Lavergne, o.p., Nouvelle édition, Paris, Artège-Lethielleux, éditeurs, 2017, p. 609.

Illustration : Marie au pied de la croix de Roger van der Weyden (15e)

 

15 septembre 2020
Notre Dame des Douleurs

Notre piété envers Marie voit aussi dans l’attitude de celle qui se tenait debout au pied de la Croix un indice de la place qu’elle occupe dans notre rédemption. Elle compatissait aux souffrances de son Fils, mais aussi comme son Fils elle compatissait à nos maux ; elle souffrait avec lui, s’offrait avec lui, sans rien ajouter à ses mérites infinis, mais en y joignant les siens, en s’associant intimement à l’œuvre de celui qu’elle avait donné au monde.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Évangile selon saint Jean, 5e édition.)

Illustration : Marie au pied de la croix-Icône-Atelier saint Luc

 

14 septembre 2020
La Croix était déjà pour Jésus une exaltation ; il y devait être élevé comme sauveur, afin que chacun puisse élever aussi les yeux vers lui par la foi. (M.-J. Lagrange o.p., L’Évangile selon saint Jean, 5e édition.)

Illustration : La Croix soutenue par l’empereur Constantin et sainte Hélène.

 

 

14 septembre 2020
Exaltation de la Sainte Croix ou La Croix Glorieuse

 

« Ô Croix, dressez-vous dans mon âme, pour m’unir à Jésus : surtout réformer les passions et résister aux tentations. Abandonner sa volonté, se livrer à Dieu ! »

(M.-J. Lagrange o.p., Journal spirituel, 14 septembre 1883.)

 

Exaltation de la Sainte Croix-Niš-Serbia-Centro Aletti

 

12 septembre 2020
Le Saint Nom de Marie

Le frère Marie-Joseph Lagrange o.p. met en lumière à la suite d’Origène le rôle de la Vierge Marie dans l’intelligence des Écritures :

« Il sied d’être timide à la suite d’Origène. Osons le dire : les évangiles sont la part choisie de toutes les Écritures, et l’évangile de Jean est la part choisie parmi les autres ; nul ne peut en acquérir l’esprit s’il n’a pas reposé sur la poitrine de Jésus, et s’il n’a reçu de Jésus, Marie pour sa mère. Le nom de Marie, cependant, ranime la confiance. C’est par elle que nous implorons la lumière surnaturelle nécessaire à l’intelligence, quelle qu’elle soit, d’un livre si chargé de sens divins. (M.-J. Lagrange, Évangile selon saint Jean, Paris, Gabalda, 1927, Avant-propos.)

Illustration : Nativité de la Vierge Marie

 

10 septembre 2020
Père Marie-Joseph Lagrange o.p. (7 mars 1855-10 mars 1938)

La messe de ce jour-anniversaire est célébrée par fr. Manuel Rivero o.p. aux intentions particulières des amis du père Lagrange et pour sa prochaine béatification dont le processus est en cours.

Soyons nombreux à nous joindre à cette prière :

 

9 septembre 2020
Bienheureux Alain de La Roche, le père Marie-Joseph et le Rosaire

 

 

Avec la Vierge Marie, le père Lagrange a médité l’Évangile dans la prière du Rosaire. Ce Rosaire prêché au XVe siècle par le bienheureux Alain de La Roche, dominicain, est une méthode de méditation de la vie du Christ. C’est en 1955 que le frère Joseph Eyquem, dominicain, créa les Équipes du Rosaire, mouvement d’Église qui existe aujourd’hui en France et dans le monde entier.

 

Illustration : Icône Alain de La Roche

 

 

 

8 septembre 2020
Nativité de la Vierge Marie

Pour moi, tous mes vœux ont été exaucés, la Ste Vierge Marie, à laquelle je me suis consacré de nouveau à ma tonsure, m’a présenté elle-même à Saint-Maximin, le jour de sa Nativité et le jour du Très Saint Rosaire. Puisse-t-elle être toujours ma Mère, ma Maîtresse, ma Reine, ma Dame, ma Patronne, ma Protectrice, mon Avocate auprès de Jésus : puisse-t-elle me donner un peu de l’amour dont son cœur était enflammé pour Jésus :

« Ô Marie, conduisez-moi par le plus court chemin au cœur de Jésus.
Guérissez ma mère qui est votre enfant : je mets tous les miens sous la garde de votre Cœur Immaculé.
Soyez félicitée mille fois, ô Marie, pour avoir répondu avec tant d’amour aux désirs du Divin Roi. »

« Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille (oublie ton peuple et la maison de ton père) – alors le roi désirera ta beauté. (Il est ton Seigneur, prosterne-toi devant lui ! Psaume 45 (44) 11-12). Dans la Tente sainte, en sa présence, j’ai officié ; c’est ainsi qu’en Sion je me suis établie, (et que dans la cité bien-aimée j’ai trouvé mon repos, qu’en Jérusalem j’exerce mon pouvoir (Siracide 24, 10-11). » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel.)

 

6 septembre 2020
Admission à la profession solennelle. Deux principaux défauts extérieurs ; 1. esprit caustique, moquerie ; 2. suffisance, entêtement dans les discussions. Remède intérieur : esprit surnaturel, humilité ; extérieur, le silence. (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, 6 septembre 1883.)

Illustration : S. Dominicus. Vade Praedica.

 

 

5 septembre 2020
Un combattant, le père Lagrange
La création de l’École biblique et la crise moderniste

par Bernard Montagnes o.p.

Que de fois le P. Lagrange n’a-t-il pas reçu de ses supérieurs romains le conseil de s’en tenir, dans la bataille scientifique engagée, à une tactique défensive ! Verrouiller les portes de l’Église, laisser les combattants du dehors s’entre-déchirer, se borner à des ripostes de circonstance en attendant que les acquis obtenus par d’autres s’imposent à tous, « est-ce vraiment ainsi que l’on sert la vérité et les âmes qui risquent de se heurter et de périr ? s’interrogeait Lagrange. Ne vaut-il pas mieux exposer ma tranquillité et même ma réputation que de me taire par une prudence selon la chair ? » Plutôt que de se tenir à l’écart en gémissant sur le malheur des temps ou de se replier en cédant le terrain conquis par la critique, Lagrange préfère se jeter au combat pour ravir à l’adversaire son arme la plus efficace : « seule la critique peut guérir le mal causé par la critique », estime-t-il. L’École biblique constitue, assure-t-il au maître de l’Ordre, « la plus haute entreprise intellectuelle qui puisse être tentée, enlever l’arme de la critique aux incrédules et aux protestants sur le domaine de l’Écriture ». La loyauté scientifique exige une stratégie offensive, dont Lagrange formule l’exigence à propos des sanctuaires d’authenticité douteuse, mais qui vaut tout autant pour les interprétations accoutumées d l’Écriture : « Le grand intérêt de l’Église est que nous soyons épris de la vérité pour démolir nous-mêmes les traditions certainement fausses, tout en maintenant les vraies. » (Bernard Montagnes o.p. Le père Lagrange (1855-1938) L’exégèse catholique dans la crise moderniste – Chap. IV – Les combats du père Lagrange – Le congrès de Fribourg (1897) – Extrait.)

Illustration : P. Bernard Montagnes o.p. et Me Andreas Frühwirth o.p. Maître de l’Ordre (1891-1904)

01 septembre 2020
Le père Lagrange. L’exégèse scientifique au service de l’Église

Le R.P. Maurice Gilbert, s.j. a fait un remarquable travail de collaboration dans le cadre du dossier de béatification du père Lagrange. Aux termes de l’un de ses articles : « Le père Lagrange. L’exégèse scientifique au service de l’Église », paru dans Rivista di teologia dell’Evangelizzazione (Bologne) 9 (2005), pp. 461-476, le R.P. Maurice Gilbert cite en conclusion le saint pape Paul VI :

En s’adressant en 1974 à la Commission biblique pontificale réunie à la suite de Vatican II, Paul VI se mit à parler « d’un grand

maître de l’exégèse, un homme dans lequel ont brillé d’une manière exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le Père Lagrange. » Cet homme avait été convaincu du lien indissoluble entre l’Écriture et l’Église, convaincu qu’il ne peut y avoir contradiction entre la science vraie et la foi catholique, convaincu que l’exégèse critique doit cheminer d’un même pas avec la vie spirituelle et religieuse, convaincu enfin que seul le Magistère pontifical avait l’ultime parole dans l’interprétation de la Bible. Comme le dira le Concile Vatican II : « Il appartient aux exégètes de s’efforcer, suivant ces règles, de pénétrer et d’exposer plus profondément le sens de la Sainte Écriture, afin que, par leurs études en quelque sorte préalables, mûrisse le jugement de l’Église. (Dei Verbum, 12.)

Lire l’article en entier…

https://mj-lagrange.org/wp-content/uploads/2011/09/Gilbert-Le-Père-Lagrange.-Lexégèse-scientifique-au-service-de-lÉglise-par-RP-M.-Gilbert-avril-2017.pdf

Illustration : R.P. Maurice Gilbert s.j. et le saint pape Paul VI

Écho de notre page Facebook : août 2020

31 août 2020
La dévotion du père Lagrange à la Vierge Marie

Intellectuel et érudit, le frère Marie-Joseph Lagrange n’a rien d’un cérébral, froid et distant. Il lui arrive de prier dans les larmes à l’image de son père saint Dominique, lors de la fête du Très-Saint-Rosaire le 3 octobre 1880, et quelques jours plus tard le 6 octobre, au moment solennel de sa première profession religieuse. Mû par un ardent désir de louer, de bénir et de prêcher l’amour de Jésus-Christ, il compte sur l’intercession de sa Mère. Dominicain, il oriente tous ses efforts vers « le salut des âmes ». L’Évangile de Marie aux noces de Cana ravive sa confiance en l’intercession de la Mère Immaculée. Par sa pensée, il rejoint aussi Marie au pied de la Croix et son âme aspire au sacrifice et au service : « Impossible de compatir à la Passion sans compatir au prochain. Sainte Marie, vous avez mis dans mon cœur cette compassion viscérale pour les malheureux. » (Journal, 4 octobre 1880). Les chrétiens savent que la Vierge Marie n’est pas une mère possessive. Loin de s’enfermer dans une prière intimiste, la prière mariale du frère Marie-Joseph Lagrange manifeste le don total de lui-même par amour, au service du Règne de Dieu. (Extrait d’un article de Manuel Rivero o.p. « La dévotion du père Lagrange à la Vierge Marie ».)

Illustration : Ô Marie, Vierge Sainte, couronnée d’étoiles (Emmanuel)

 

29 août 2020
Le martyre de saint Jean Baptiste (évangile de Jésus Christ selon saint Marc
(6, 17-29)

L’emprisonnement de Jean avait été pour Jésus le signal de sa propre activité : nous en apprenons maintenant le motif. […] Hérode Antipas avait épousé Hérodiade, la femme de son frère Philippe, dit saint Marc. Selon la loi c’était un véritable adultère. En ce temps-là Jean prêchait la pénitence […] et il déclara nettement : « Il ne t’es pas permis d’avoir la femme de ton frère ! ». Pour le faire taire Hérode le jeta en prison. Révéler ce vrai motif, c’eût été ébruiter un blâme importun. Après l’agitation causée par la prédication de Jean, la crainte d’un mouvement révolutionnaire, déplaisant pour les Romains, était un motif assez plausible. Manifestement le tétrarque avait voulu donner satisfaction à la haine inquiète d’Hérodiade. Elle exigeait davantage : la mort seule arrêterait cette voix. […] Comme l’a dit admirablement M. Fouard : « L’ombre où le prophète souhaitait de s’éteindre enveloppa son martyre. Nul témoin n’a raconté comment il accueillit l’ordre inique, et dans quelle paix il mourut ». (Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Illustration : Le banquet d’Hérode – Décollation de saint Jean Baptiste – Hochaltar des Ulmer Münsters (14e).

 

28 août 2020
La parabole des vierges sages et des vierges folles (25, 1-13) n’est pas sans difficultés. Il est du moins certain que tout roule sur le retard possible de l’avènement de Jésus. Assurément tout l’effet serait manqué, et Jésus n’aurait pu conclure : Veillez ! s’il avait affirmé que la parousie serait tardive. La leçon consiste plutôt en ceci qu’il ne faudrait point douter de la parousie, même si elle était tardive. On n’a jamais le droit de dire : Tous les délais sont écoulés, ce ne sera pas pour aujourd’hui, nous pouvons nous endormir.

Quand viendra le moment, que nul ne peut prévoir, chacun sera pris comme il est ; si on n’est pas prêt, on n’aura pas le temps de se préparer, et on ne pourra pas compter sur les autres. Incidemment on comprend que cette préparation doit être personnelle ; il ne suffira pas d’être des gens de la noce, il faudra certaines conditions, supposées connues par l’enseignement général.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. : L’Avènement du Fils de l’homme. Extrait Revue biblique 1904.)

 

27-28 août 2020
Nous fêtons cette semaine saint Augustin (354-430) Docteur de l’Église et sa mère sainte Monique (332-387). Cette dernière inculqua à son fils une solide formation chrétienne.

Dans La méthode historique – la critique biblique de l’Église (Cerf) 1966, le père Lagrange évoque souvent saint Augustin. Dans sa conférence : L’exégèse critique et le dogme :

« Puisque Jésus n’a pas lui-même fixé son enseignement par écrit, il était impossible que les termes en fussent toujours conservés d’une façon mathématique. Ceux des évangélistes sont en partie empruntés à l’Église et rendus à l’Église; elle les fournit et elle les accepte; l’auteur lui-même y a mis de sa pensée, mais l’Église y reconnaît la sienne qu’elle sait être celle de Jésus. Et c’est pour cela aussi que S. Augustin ne croyait à l’Évangile que d’après l’autorité de l’Église, et c’est de nos jours, à l’occasion de ces progrès de la critique, que le chanoine anglican Gore a écrit : « Il devient, pouvons-nous peut-être dire, de plus en plus difficile de croire en la Bible sans croire à l’Église ».

23 août 2020
“Sainte Rose de Lima : anniversaire de mon ouverture à mon père, dix ans avant. » (Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel.)

Isabel Flores de Oliva, (dite Rose de Lima) 1586-1671, sainte, tertiaire dominicaine espagnole.

« Sainte Rose de Lima, priez pour nous ! »

Illustration : Statue de sainte Rose Lima – Maison natale à Lima (Pérou). Photo Manuel Rivero o.p.

 

 

 

 

21 août 2020
Saint Pie X (élu le 4 août 1903, † 20 août 1914)

Mosaïque de saint Pie X
à l’entrée de la crypte. Lourdes.

En matière d’études bibliques, l’urgence devient celle du contrôle et même de la répression. Aussi le projet d’une institution romaine vouée à la science biblique tombe en sommeil, comme le déplore le P. Lagrange, le 29 octobre 1903, dans une lettre au P. Ambroise Gardeil : « Le Saint-Père n’est évidemment pas entré dans la pensée de Léon XIII et n’y entrera probablement pas. Ceux qui veulent démolir se passent de permission… et nous en sommes là. On travaille beaucoup ici… pour l’avenir. »

Par le Père Cormier, Maître général, familier de Pie X, le P. Lagrange sait ce que le pape pense de l’École biblique. « Le Saint-Père me dit : « En cette matière, soyez dur ; vous pouvez être assuré de l’appui du Saint-Siège » » (10 septembre 1906). « Il ne pense pas qu’à Jérusalem on soit bien enchanté de ce qu’il fait et bien empressé à la seconder efficacement con amore. Un de nos Pères […] lui a dit que les études philosophiques et théologiques souffraient de la prépondérance donnée au reste » (22 avril 1908). « L’opinion s’est répandue chez certains de nos Pères que des professeurs ont pour tactique de se taire, attendant des jours meilleurs, et prévoyant que, s’ils avaient le malheur de risquer des opinions peu agréées, le pape frapperait comme un sourd, quod est inconveniens(1) » (18 juin 1909).

Non seulement le P. Lagrange est empêché en 1907 de publier quoi que ce soit sur l’Ancien Testament, mais après son Évangile selon saint Marc (1911), la Congrégation romaine responsable des séminaires jette en 1912 un blâme public sur ses publications. C’est alors que le P. Lagrange adresse au pape une admirable lettre de soumission, dans laquelle il proteste de son intention de servir l’Église et non de la subvertir, lettre qui émut Pie X. Le P. Cormier en avertit aussitôt le P. Lagrange le 5 septembre 1912 : « J’ai eu hier l’audience du Saint-Père, qui spontanément m’a exprimé sa grande et pleine satisfaction de votre lettre, m’encourageant à la publier. J’ai ajouté que vous aviez été peiné que certains vous attribuassent d’être rationaliste et insoumis. Votre désir était, au contraire, de sauvegarder la véracité, même historique de l’Ancien Testament et vos écrits dans ce sens sont de beaucoup antérieurs aux récentes décisions. » La bienveillance de Pie X se maintient ensuite puisqu’en mars 1913, comme le P. Lagrange le raconte à Tisserant, il a reçu une bénédiction spéciale du Saint-Père par un de ses anciens amis, camérier de cape et d’épée.

Dans ses Souvenirs personnels, écrits en 1926, le P. Lagrange revient sur cet épisode : « Quand je pense à l’accueil plein de bonté que fit Pie X à ma soumission de 1912, je me dis que si je lui avais écrit alors [en 1909] une lettre filiale, pour lui ouvrir mon cœur plus complètement que je ne l’avais fait jusqu’alors, ses soupçons se seraient peut-être évanouis. Je me suis trop condamné à ne rien faire qui parût être une captatio benevolentiae (2). Et que pouvait une lettre contre les attaques sans cesse renouvelées auprès de Sa Sainteté ? » (p. 184).

(1) Ce qui ne convient pas.
(2) La captatio benevolentiae est un procédé rhétorique qui consiste à s’assurer d’entrée de jeu de la sympathie de l’interlocuteur.

Bernard MONTAGNES o.p. Les papes du père Lagrange : Pie X (extrait de l’article paru dans la Revue du Rosaire n° 197, décembre 2007. Intégralité sur www.mj-lagrange.org.

Illustration : Saint Pie X. Mosaïque Lourdes.

 

20 août 2020
Saint Bernard de Clairvaux

L’Esprit Saint est la communication, le partage, le va-et-vient, la mise en commun, le don, l’amour et la communion du Père et du Fils. Saint Bernard de Clairvaux l’appelle « le baiser du Père et du Fils ». C’est l’Esprit Saint qui réalise l’unité dans l’Amour.

(Extrait de Manuel Rivero o.p., Le père Lagrange, lumière pour la nouvelle évangélisation. Source : http://www.ucipliban.org/le-p-re-lagrange-lumi-re-pour-la-nouvelle-vang-lisation-iv/

Illustration : L’Apparition de la Vierge Marie à saint Bernard de Clairvaux par Filippo Lippi (1480). Église de la Badia, Florence.

 

15 août 2020
L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel

Le mystère du Couronnement de la Vierge a marqué la vie du père Lagrange à travers l’expression artistique de Fra Angelico, le patron des artistes. Non seulement il était séduit par la beauté de l’humble Vierge Marie couronnée au Ciel par son Fils Jésus mais aussi par le rayonnement de saint Dominique qui figure au Ciel dans le même tableau. C’est ainsi qu’il devint spirituellement fils de saint Dominique, « âme pure », bien avant d’entrer dans l’ordre des Prêcheurs.

Dans sa prière, il se tourne vers la Reine Immaculée, Reine des anges, Reine du Très Saint Rosaire, sa Reine, à qui il confie actions et soucis familiaux.

Tournons-nous vers la Vierge Marie. Que son intercession vienne au secours de toutes les victimes de ce monde !

(Manuel Rivero o.p., Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire, Cerf, 2012.)

Illustration : Couronnement de la Vierge Marie St-Dominique-1440-1441 par Beato Angelico.-Couvent-S.-Marco.-Florence.-Italie.

 

15 août 2020

L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel 

Ressuscité d’entre les morts, Jésus, dans une démarche de piété filiale, a honoré sa Mère dans son âme et dans son corps dans le mystère de l’Assomption. Désormais la Vierge Marie partage sa victoire sur la mort sans connaître la corruption du tombeau. Là où est Jésus glorifié, là se trouve aussi sa Mère, glorifiée à son tour par l’Esprit Saint sous le regard aimant du Père. […] L’instant de l’Assomption comme celui de la résurrection de Jésus sont deux événements qui appartiennent au secret de Dieu.

Confions à l’intercession de la Vierge Marie notre situation humanitaire mondiale actuelle !

(Manuel Rivero, o.p. Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des Mystères du Rosaire, Cerf, 2012.)

Illustration : Couronnement de la Vierge Marie (détail) par fra Angelico.

 

12 août 2020

À ne pas manquer ! Écoutez la conférence numérisée du père Bernard Montagnes o.p. sur le père Lagrange, par les Dominicains de Bordeaux. Voici le l’adresse du site : https://soundcloud.com/dominicains-bordeaux/pere-lagrange-fondateur-de-lecole-biblique-8-nov-1990?fbclid=IwAR1keCoCCFUCai6k852FwmqV44vDhzBMJER77dGK3krApci4xkE6k_7nWoQ

Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain de la province de Toulouse, fonde en 1890 l’École pratique d’études bibliques à Jérusalem – www.ebaf.edu/fr/

Nous avons numérisé la conférence donnée par le frère Bernard Montagnes en novembre 1990 à l’occasion du centenaire de la fondation de l’Ecole. Père Montagnes consacre plusieurs articles sur le père Lagrange et publie deux livres majeurs : « Le père Lagrange (1855-1938) : l’exégèse catholique dans la crise moderniste » (Paris, Cerf, 1995, 246 p.) et « Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique » (Paris, Editions du Cerf, 2005, 624 p.).

 

11 août 2020
Saint Claire d’Assise (1194-1253) Bonne Fête à toutes les « Claire » !

Dans son Journal spirituel le père Lagrange s’examine souvent sur sa pratique personnelle de l’esprit de pauvreté.

« Degrés de pauvreté :
1° être en fait dépouillé de tout, ne rien faire de contraire au vœu ;
2° être détaché en esprit des choses dont on a l’usage. Ex. : les prêter volontiers ;
3° faire volontiers le sacrifice des choses superflues ;
4° faire volontiers le sacrifice des choses nécessaires ;
5° quand on est malade. »

Puis, il cite sainte Angèle de Foligno : « La pauvreté est si réellement la racine et la mère de toute humilité et de tout bonheur, que l’abîme où je vois cela ne peut se décrire. L’homme qui verrait le bien de la pauvreté, l’amour de Dieu tomberait sur lui ! »

Pie XII, Lettre Apostolique (en forme brève) proclamant Ste Claire Patronne Céleste de la Télévision (21 août 1958)

Mémoire de sainte Claire, vierge. Première plante des pauvres Dames de l’Ordre des Mineurs, elle suivit saint François d’Assise et mena au couvent de Saint-Damien une vie très austère, mais riche d’œuvres de charité et de piété. Aimant par-dessus toute la pauvreté, elle n’accepta jamais de s’en écarter, pas même dans l’extrême indigence ou dans la maladie.

 

10 août 2020

 

En ce jour-anniversaire de la « naissance au ciel » du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, nous nous unissons à la prière de frère Manuel Rivero o.p. qui célèbre la messe de ce jour aux intentions particulières confiées à l’intercession du père Lagrange et pour la béatification de cet infatigable serviteur de Dieu www.mj-lagrange.org .

 

 

Nous nous unissons également à la douleur de nos amis libanais. Que Notre-Dame du Liban les soutiennent dans les épreuves qu’ils vivent actuellement. Voici deux belles prières composées par le cardinal Etchegaray et le saint pape Jean-Paul II :

Cardinal Etchegary (15 août 2006)

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Ils sont tes enfants, ceux qui sont brisés par la haine
et ceux qui apprennent à pardonner.
Ils sont tes enfants, ceux qui sont emmurés dans la peur
et ceux qui commencent à espérer.

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Si Dieu est le Père des commencements
tu es la Mère des recommencements.
Donne à ceux qui ont perdu le goût de vivre
la force de vivre encore plus pour les autres.

Notre-Dame du Liban, voici ton peuple.
Tu aides l’homme vieilli par le péché
à retrouver un coin fleuri de son enfance.
Tu aides l’homme révolté par la violence
à rendre à Dieu les armes de son destin.

Notre-Dame du Liban, garde ton peuple,
garde-le libre, libre, libre,
dans l’intégrité de son corps et l’unité de son âme.
Pour la gloire du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
Pour la gloire de ton divin Fils Jésus
Pour le service des peuples de l’Orient et de l’Occident.

Que le Liban vive du Liban
Pour que le monde entier vive de la paix.
Amen

Saint Jean Paul II (1997)

Demandons à la Vierge Marie, Notre-Dame du Liban, de veiller sur votre pays et sur ses habitants, et de Vous assister de sa Tendresse maternelle, pour être les dignes héritiers des saints de votre terre et pour faire refleurir le Liban, ce pays qui fait partie des Lieux saints que Dieu aime, parce qu’il est venu y faire sa Demeure et nous rappeler que nous avons à construire la cité terrestre, en ayant les yeux fixés sur les valeurs du Royaume. Amen.

Illustration Notre-Dame du Liban

 

9 août 2020
Belle et Bonne Journée Dominicale à tous nos amis anciens et nouveaux…. et à venir.

Merci de vous joindre à l’association des amis du père Lagrange pour faire connaître et aimer la vie et l’œuvre de ce grand amoureux de la Parole de Dieu, qui fût en même temps un grand scientifique. Nous comptons sur vous pour vous joindre, par la pensée et la prière, demain 10 août, à la messe-anniversaire qui sera célébrée par frère Manuel Rivero, o.p., Président de l’association.
Merci de votre Confiance ! UDP.

Illustration : Fra Angelico (1450-55) La Vierge à l’Annonciation- Detroit Institut of Arts

 

XII ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE DU SYNODE DES ÉVÊQUES – 5-26 OCTOBRE 2008

La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église

Extrait de l’intervention du Très Rév. P. Carlos Alfonso AZPIROZ COSTA, O.P., Maître Général de l’Ordre des Frères Prêcheurs

Dans l’histoire récente de l’Église, on a mis en lumière, non sans difficultés, les nécessités de cette interprétation « critique » du texte et donc de la Sainte Écriture (frère Marie-Joseph Lagrange O.P., 1855-1938), qui met en évidence également son fondement historique et sa richesse ; le fait qu’elle est, justement, un chant à plusieurs voix.

La foi chrétienne, par ailleurs, en tant que « religion », doit être tout d’abord considérée comme « religion de l’Esprit », parce que le Nouveau Testament est principalement le même Esprit Saint qui produit en nous la charité, et seulement dans un second temps, également en tant que « lettre », elle peut être considérée comme « religion du Livre ».

Ce processus de révélation et de salut est aussi un dévoilement de la « veritas iustitiae » de notre vie, de la « justice de Dieu » c’est-à-dire fondée sur sa miséricorde qui est le fondement permanent de la justice divine parce qu’elle en constitue la racine première et son couronnement.

 

8 août 2020
En ce jour de la solennité de Notre Père saint Dominique (1170-6 août 1221), il est bon de rappeler la lettre du Maître de l’Ordre, le 6 août 2018, annonçant pour le 6 août 2021, la mémoire des huit-cents ans du « dies natalis » de saint Dominique. Dans cette lettre, Maître Bruno Cadoré mentionne également la prochaine proposition, à l’Église, du témoignage de la sainteté du frère Marie-Joseph Lagrange, parmi tant d’autres belles et saintes figures dominicaines.

FRATRES ORDINIS PRÆDICATORUM
CURIA GENERALITIA

La sainteté de Dominique, lumière pour l’Ordre des Prêcheurs

Très chers frères et sœurs, religieux et laïcs, de l’Ordre des Prêcheurs,

Le 6 août 2021, nous ferons mémoire des huit-cents ans du dies natalis de saint Dominique, rapportée par Humbert de Roman en ces termes : « Voici, dit-il, frères très chers, ce que je vous laisse pour que vous le teniez comme des fils par droit d’héritage. Ayez la charité, gardez l’humilité, possédez la pauvreté volontaire. Ô testament de paix… ». Frère Dominique s’endormit dans la mort en laissant à ses frères ce testament de paix, les faisant héritiers de ce qui fut la passion de sa vie : vivre avec le Christ et apprendre de Lui la vie apostolique. Être configuré au Christ par sa vie évangélique et apostolique.
Telle fut la sainteté de Dominique : son ardent désir que la Lumière du Christ brille pour tous les hommes, sa compassion pour un monde en souffrance appelé à naître à sa vraie vie, son zèle pour servir une Église qui élargisse sa tente aux dimensions du monde. « En lui, j’ai rencontré un homme qui réalisait dans sa totalité la règle de vie des apôtres : je ne doute pas qu’il ne soit associé à leur gloire dans le ciel », déclarait le Pape Grégoire IX en accordant la translation .
La célébration du Jubilé de la confirmation de l’Ordre a impulsé une dynamique de renouvellement de l’engagement de l’Ordre tout entier dans la proclamation de l’Évangile. Par cette lettre, je vous invite à le faire en puisant à la source de la sainteté qui fit de Dominique un prêcheur. Comme le disait magnifiquement sainte Catherine : « Son office fut celui du Verbe, mon Fils unique. Il apparut surtout au monde comme un apôtre, tant étaient puissants la vérité et l’éclat avec lesquels il semait ma parole, dissipait les ténèbres et répandait la lumière ».

La mort de Dominique, ou la mort d’un père et d’un frère

Après une longue prédication en Italie du Nord, frère Dominique tomba gravement malade à Bologne. Nous sommes en juillet 1221, et le climat dans la ville est tellement étouffant, humide et chaud qu’il ne permet pas l’amélioration de la santé de Dominique. On décide alors de le transporter dans un petit ermitage bénédictin situé sur les premiers contreforts des collines bolognaises. Mais la mort s’approche. Providentiellement les témoignages de frère Ventura de Vérone et de frère Rodolfo de Faenza, recueillis au cours du procès de canonisation à Bologne, permettent de reconstruire les derniers moments de la vie du Saint. À ces témoignages précieux s’ajoute le récit édifiant du bienheureux Jourdain de Saxe.
Sentant déjà proche le moment de la rencontre avec le Seigneur qui l’avait séduit à l’adolescence, Dominique fit appeler quelques frères du couvent de Bologne et commença à prêcher : « Se croyant près de mourir, il appela le témoin, c’est-à-dire le prieur, et les frères. Celui-ci s’y rendit avec une vingtaine de frères et, quand ils furent autour de lui, le bienheureux, étendu sur sa couche, commença à prêcher ; il leur fit un sermon très beau et émouvant ; jamais le témoin n’entendit de sa bouche sermon plus édifiant ». Selon le bienheureux Jourdain, la prédication de Dominique sur son lit fut faite non à vingt mais à douze frères : « Sur son lit de malade, il fit appeler douze frères, parmi les plus notables, et se mit à les exciter à se montrer fervent, à promouvoir l’Ordre, à persévérer dans la sainteté ». Il est clair ici que Jourdain entend donner une lecture christologique et apostolique de Dominique et de ses frères. Frère Ventura donne, de ces derniers moments de la vie de Dominique, un récit construit selon un schéma liturgique : après avoir reçu l’onction des malades et avoir fait une confession générale, Dominique préside, comme prêtre, l’Office de recommandation de sa propre âme à Dieu, et intervient à plusieurs reprises comme si c’était à lui-même d’animer. Ainsi Dominique meurt au cours d’un acte liturgique et au cœur de la liturgie des agonisants. Frère Ventura rapporte aussi une forme de prière que Dominique adressa au Seigneur, devant ses frères, au cours de laquelle il recommanda ces derniers et confia la famille elle-même : « Frère Dominique leva les yeux et les mains vers le ciel et dit : “Père saint, vous le savez, je me suis attaché de bon cœur à faire votre volonté, et ceux que vous m’avez donnés je les ai gardés et conservés. Je vous les recommande à mon tour ; conservez-les et gardez-les” ». C’est une brève paraphrase du discours d’adieu de Jésus au cours de la dernière Cène (Jn 17, 12). Dans cette prière, nous remarquons comment Dominique reste le frère aîné, le père, le fondateur, celui qui prend en charge ses propres frères, à l’image de son Seigneur bien-aimé. Dominique prononça d’autres paroles sur son lit de mort : « Ne pleurez pas ; car je vous serai plus utile là où je vais que je ne l’aurais été ici-bas ». On a noté que les mots « utilité » et « efficacité » sont des mots que Dominique aimait répéter souvent. La charité efficace devait être une des qualités de ses fils. L’utilité de soi-même devait être plus grande comme mort que comme vivant. Dominique meurt dans le couvent de Bologne conformément à son désir. Craignant en effet d’être inhumé dans le monastère bénédictin où il avait été recueilli, il supplia qu’on le portât à nouveau au milieu de ses frères. Arrivé dans la ville et installé dans une cellule du couvent, quand on lui demanda où déposer sa sépulture, auprès des reliques de l’un ou l’autre saint, Dominique fit cette magnifique réponse : « À Dieu ne plaise que je sois enseveli ailleurs que sous les pieds de mes frères ! ». C’est là, à la lumière de ces « novissima verba », que nous découvrons non seulement une affirmation d’humilité, mais surtout l’amour profond de Dominique pour sa communauté.

L’humilité d’un mendiant, pour prêcher

« [Le témoin] l’a vu aussi quelquefois aller de porte en porte demander l’aumône et recevoir son pain comme un pauvre » (Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Paul de Venise, 42)

À l’approche de sa mort, Dominique demanda donc instamment à ses frères de le ramener au couvent afin de pouvoir être enterré « sous les pieds de ses frères ».
Tel était son plus grand désir. Ce n’est là qu’un des aspects de la sainteté de celui qui, devenant prêcheur, demandait qu’on l’appelle « frère Dominique ».
Il veut être avec ses frères. En effet, il avait cette conviction que le signe de la fraternité dit déjà, en soi, quelque chose de la prédication. L’Ordre des Prêcheurs est pour Dominique un Ordre qui cherche à s’inscrire dans la trace de Jésus prêcheur, passant à travers villes et villages pour proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (cf. Mt 4, 23-25 ; Mc 1, 39 ; Lc 4, 44). Cette réalité de la fraternité est ainsi offerte comme un écho du salut qui est au cœur même de la proclamation de l’Ordre. Annoncer cette bonne nouvelle, c’est inviter chacun des interlocuteurs à découvrir au plus intime de lui-même une aspiration à vivre en ce monde sur le mode de la fraternité avec les autres. C’est aussi proclamer l’espérance que la figure de la fraternité entre les hommes anticipe la réalité du Royaume en lequel sera rassemblé le peuple de Dieu aux derniers temps. Donner ce signe est ainsi, le véritable « pupitre » de la prédication, au double titre de l’expérience concrète de la vie et de l’espérance du futur avec Dieu. Un pupitre depuis lequel – non par des discours théoriques mais à partir de l’écoute d’une Parole mise à l’épreuve de l’expérience concrète d’une vie avec et pour les autres – est proclamée, de la part de Dieu, la confiance en la capacité des humains de créer entre eux et avec Dieu, des relations qui « nourrissent la vie ».
Il demanda donc à être « sous les pieds de ses frères ». On peut probablement interpréter ce désir comme un signe d’humilité et d’abaissement. Lui qui disait qu’il serait plus utile à ses frères après sa mort veut rendre ce service en écho avec l’abaissement de Jésus, lavant les pieds de ses disciples tel un serviteur. Ainsi, cette détermination de Dominique à propos du lieu de sa sépulture pourrait bien évoquer encore son désir d’être assimilé par la grâce aux gestes même de Jésus. C’est-à-dire de Celui qui n’a pas retenu sa vie, mais a vécu sa proclamation du Royaume, l’enracinant dans le don de sa vie, offerte pour que tous aient la vie et soient accueillis dans la joie de la fraternité. Il veut continuer à être au milieu de ses frères, jusque dans la mort. Tel est le signe de ce don d’une vie « passée » à parler de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu . Ce signe manifeste ainsi le sens profond de la mendicité itinérante que Jésus a vécue, par laquelle Il a prêché en donnant sa vie. C’est aussi le signe du mendiant qui, par son geste implorant, sollicite l’hospitalité de ses contemporains en même temps qu’il offre de découvrir la vie nouvelle du Royaume. « Il est venu chez les siens… » (Jn 1,11).
Mais cette requête de Dominique exprime encore davantage car il invite ses frères à puiser leur propre sainteté dans la réalité de leur vie de prêcheurs. Il était de coutume, à l’époque, de chercher à être enterré au plus près de reliques de saints et confesseurs de la foi. En ce sens, il a souhaité être enterré au plus près de l’autel, dans l’espérance de la communion des saints. À travers sa requête, Dominique signifie que la réalité de la fraternité de ses frères est, à ses yeux, un lieu de sainteté équivalent à la valeur accordée aux témoignages des saints. Une fois encore, la sainteté peut être considérée comme le pupitre de la prédication des prêcheurs. Ceux-ci sont conviés, en tant que frères, à intégrer la foi en la communion des saints au cœur des réalités concrètes de la vie, et à y puiser la force de la parole itinérante du prêcheur. Communautés de prêcheurs, saintes prédications !!

L’humanité d’un prêcheur, à l’image du Fils

« Le bienheureux Dominique était si plein de zèle pour le salut des âmes, que sa charité et sa compassion ne s’étendaient pas seulement aux fidèles, mais même aux infidèles, aux païens, et jusqu’aux damnés de l’enfer ; il pleurait beaucoup à leur sujet » (Actes du procès de canonisation, Bologne, Déposition du frère Ventura de Vérone, 11).

« Dieu a manifesté la tendresse (benignitatem) et l’humanité de notre Sauveur en son ami Dominique : qu’Il vous transfigure à l’image de son Fils ». Cette formule de la bénédiction solennelle en la fête liturgique de saint Dominique indique le cœur de la sainteté de Dominique.
Ce dernier est le seul, dans tout le Sanctoral, à propos duquel cette « tendresse » (en français) est nommée. Et elle l’est en parlant du mystère par lequel le Fils est venu prendre sur lui notre humanité. Ce Mystère de l’Incarnation du Fils notre Sauveur est si essentiel dans la prédication de frère Dominique qu’il en est devenu comme la lumière intérieure de sa propre humanité. La vocation de Dominique à engager sa vie pour la prédication de l’Évangile le conduisit à trouver là un chemin qui le mena au plus profond de sa propre humanité. D’une certaine manière, il s’agit aussi d’une vocation à se laisser engendrer à soi-même par le mystère de la vérité qu’il proclame (longtemps je t’ai cherché…, disait déjà St Augustin). La proclamation de l’Évangile est alors offerte comme un chemin intérieur vers soi, à la rencontre de ce lieu en lequel Dieu, par son appel « construit », « établit » chacun dans sa filiation propre.
De cette « humanité » de Dominique, il me semble que certains traits ressortent tout particulièrement : la simplicité, la compassion, la frugalité, l’amitié. La lecture des témoignages recueillis par ses biographes qui l’avaient connu directement, et de ceux rassemblés pour le procès de sa canonisation, mettent unanimement en valeur tout autant la profondeur que la simplicité de l’humanité de Dominique. « Il accueillait tous les hommes dans le vaste sein de sa charité et, puisqu’il aimait tout le monde, tout le monde l’aimait » , « ce prêcheur qui s’émeut devant la souffrance humaine » , « qui est transporté de gratitude lorsqu’il reçoit un pain pour nourrir ses frères » comme il est transporté en Dieu lorsqu’il contemple la générosité de Sa grâce, qui n’aime rien tant que de faire de l’amitié avec les autres le mode habituel de l’offrande de la Parole de vie. Cette simple et proche humanité dont Thomas d’Aquin disait, parlant de la vie de Jésus, « il s’est fait familier… ».

L’insistance sur l’humanité de Dominique n’est pas seulement une manière de mettre en valeur ses propres qualités morales. Elle dit aussi comment il voulait être prêcheur. C’est en déployant pleinement cette humanité familière avec tous qu’il désirait rendre témoignage à Celui qui est venu établir sa demeure parmi nous, et s’effacer pour lui laisser la place dans le cœur et l’intelligence de la foi de celles et ceux qu’il rencontrait. Le bienheureux fr. Jean-Joseph Lataste, à qui on demandait ce qu’était l’Ordre des Prêcheurs, répondait que c’était « l’Ordre des amis de Dieu ». Cette réponse n’est-elle pas une manière à la fois de décrire comment les frères et les sœurs de l’Ordre désirent vivre entre eux et avec Dieu, et de désigner l’horizon de la prédication « verbo et exemplo » qu’ils et elles entendent proposer dans l’Église, sans cesse en tension vers cet horizon ultime de la communion de tous en l’amitié de Dieu ? Écho de cette parole du Christ, dont tout prêcheur voudrait à son tour se faire l’écho : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi qui vous ai choisis, et établis » (Jn 15,16). Je vous appelle amis…
Au cœur de ce témoignage, résonne comme un appel ce beau mot « frère ». Dès que Dominique et Diègue commencèrent à prêcher en Lauragais, le sous-prieur qu’était Dominique insista pour demander que, désormais il soit désigné comme « frère Dominique » . Ici encore, on peut y voir un signe de sa simplicité et de son humilité : ce ne sont pas les titres, ni les positions ecclésiales, qui doivent qualifier le prêcheur, mais sa manière d’être en humanité. Est appelé « frère », l’un des membres de cette communion en l’amitié de Dieu. Est appelé « frère », l’un des membres de cette grande famille des amis de Dieu que l’Église est appelée à devenir. Il y a là, en quelque sorte, une déclaration de foi qui constitue le socle d’une compréhension théologique de l’Église, et qui invite à une pratique théologale de la prédication. Parce qu’il désire être prêcheur à la manière de Jésus au milieu de ses disciples, c’est comme frère que Dominique veut s’engager « dans l’engagement de Dieu ». Ce sera le chemin de sa sanctification : « qu’Il vous transfigure à l’image de son Fils » (Rm 8,29).

Prêcher comme et avec le Christ, chemin de sanctification

« Frère Dominique s’adonnait à la prédication assidûment et avec la plus grande diligence ; et quand il prêchait, il trouvait des accents si bouleversants que, très souvent, il s’émouvait lui-même jusqu’aux larmes et faisait pleurer ses auditeurs » (Procès de canonisation de Bologne, Déposition du frère Etienne, 37)

Ce chemin de sanctification, pour Dominique, est jalonné par les deux mystères de la miséricorde et de la vérité, qui tous deux convergent vers cette liberté si chère à la « spiritualité dominicaine ». De ce point de vue, la figure de Marie-Madeleine peut être considérée comme établie « apôtre des apôtres », appelée par le Ressuscité. Ce lieu plus intime à nous-même que nous-même est le lieu de la miséricorde. C’est-à-dire à la fois de la vérité, du réalisme et de la transparence de la rencontre avec Dieu en l’intimité de chacun, et lieu du pardon, au-delà de toute mesure humaine, et d’engendrement dans la miséricorde. Le don surabondant de la miséricorde se fait alors appel à plonger dans l’Évangile comme dans sa source vive, à plonger dans l’Évangile – lumière révélatrice du mystère de chacune de nos vies humaines – comme nous fûmes plongés dans les eaux du baptême. Demeurez dans ma Parole, ma parole est vérité. Ou, plus exactement : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité fera de vous des hommes libres » (Jn 8, 31).
Deux textes écrits par le Pape Honorius III à l’occasion de la confirmation de l’Ordre, et de sa « recommandation » imposent aux frères de l’Ordre la prédication pour la rémission des péchés. Ils soulignent deux aspects très concrets de la vie choisie par Dominique. L’un est que le ministère de la prédication (de l’évangélisation) peut être donné aux frères de l’Ordre comme moyen propre de sanctification. L’autre est que ce ministère est imposé aux frères pour la rémission des péchés.

D’une part, leur est ainsi imposé de proclamer l’Évangile dans cette forme de vie « totalement dédiée à l’évangélisation du nom de notre Seigneur Jésus-Christ » , qui définit la prédication comme la présentation du Nom de Celui qui vient. A la fois, il s’agit de la proclamation du Nom, et de l’annonce de la venue du Royaume : « Du reste, parce que c’est le succès et non pas le combat qui obtient la couronne et que seule la persévérance, parmi toutes les vertus qui concourent dans le stade, remporte le prix proposé (1Co 9, 24), nous adressons à votre charité cette demande et cette exhortation pressante, vous en faisant commandement par ces lettres apostoliques et vous l’imposant en rémission de vos péchés : que, confirmés de plus en plus dans le Seigneur, vous vous appliquiez à annoncer la Parole de Dieu (Ac 8, 4), en insistant à temps et à contretemps, pour accomplir pleinement et de manière digne d’éloge votre tâche de prédicateur de l’Évangile (2Tm 4, 2-5) » .
D’autre part, il s’agit de faire cela dans la mendicité, ayant choisi l’état d’abjection de la pauvreté volontaire, personnelle, certes, mais aussi collective. Le Pape souligne que ce choix rendra les prêcheurs vulnérables, les exposant à toutes sortes de difficultés et de danger. C’est pourquoi, afin de les conforter dans leur propos de salut, il leur accorde que « les indigences et les labeurs qu’ils auraient à souffrir dans l’exercice de cet office soient assignés à la satisfaction de leurs propres péchés » .
Pour les frères, ce chemin de sainteté sera celui de la « consécration à la Parole », de la consécration à la vérité, ainsi que le développe S. Thomas d’Aquin dans le Commentaire de l’Évangile selon S. Jean.
La lettre d’Honorius III du 18 janvier 1221 exprime cette « consécration » ainsi : « Celui qui ne cesse de féconder son Église par de nouveaux croyants voulut conformer nos temps modernes à ceux des origines et diffuser la foi catholique. Il vous inspira donc le sentiment d’amour filial par lequel, embrassant la pauvreté et faisant profession de vie régulière, vous consacrez toutes vos forces à faire pénétrer la Parole de Dieu, tandis que vous évangélisez par le monde le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

Le choix de Dominique a été de plonger dans la mission du Fils, et de laisser ainsi l’Esprit du Fils configurer sa propre vie à l’image de la sienne : « Et les dons que [le Christ] a faits, ce sont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs, des enseignants, afin de mettre les saints en état d’accomplir le ministère pour bâtir le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble… » (Ep 4, 11-13). On perçoit dans ces paroles de l’apôtre Paul à la fois l’unité dans la foi et l’unité dans la connaissance du Fils de Dieu. Mais on entend aussi l’appel fait aux croyants (les « saints ») de « sortir » pour aller marcher dans les traces de la mission du Fils. En choisissant de se donner à la prédication, Dominique a fait le choix d’un chemin sur lequel il a laissé l’Esprit l’ajuster à Dieu, le justifier, le sanctifier. Mais il a fait en même temps le choix de vivre son aspiration à la sainteté comme une manière d’engager sa vie entière. Son désir était que l’Église du Christ éprouvât elle-même la joie d’être promise à la sainteté à la mesure même où elle se déploie en proclamant la bonne nouvelle de cette promesse.

La sainteté de Dominique, un rêve pour l’Église

« Devenu pasteur et chef illustre dans le peuple de Dieu, il institua par ses mérites l’ordre nouveau des Prêcheurs, l’instruisit par ses exemples, et ne cessa pas de le confirmer par d’évidents et authentiques miracles » (Grégoire IX, Bulle de canonisation)

Il me semble qu’avoir un « rêve pour l’Église » est un élément central de la sainteté de Dominique, comme ce le fut aussi pour Catherine de Sienne (« si je meurs, c’est de passion pour l’Église »). Tous deux ont donné à la prédication de l’Ordre un enracinement dans une solide ambition pour l’Église du Christ (« comme j’aimerais que ce feu soit allumé », Lc 12, 49), qui porte à la fois sur la vie et la mission de l’Église.
À la suite du concile de Vatican II, on pourrait dire que c’est l’ambition de l’Église du Christ d’être sacrement pour le monde, dans le monde. Dans le contexte actuel qui appelle si ardemment à un renouveau de l’évangélisation, c’est l’ambition de passer d’une perspective de maintien ou de renforcement des communautés ecclésiales existantes à une perspective de promotion de toutes ces communautés ecclésiales comme véritables « sujets missionnaires ».

« Comme j’ai hâte que ce feu soit allumé » (Lc 12, 49). Ce désir du Christ animait, je crois, celui de Dominique lorsqu’il était affronté aux divisions de toutes sortes qui défiguraient l’Église de son temps et mettaient en péril sa mission d’évangélisation. La force de ce désir – qui conduisit Jésus au plein consentement d’abandon suprême jusqu’à être mis en Croix – est la source à laquelle Dominique abreuvait sans cesse sa prière et son humanité : identifier sa vie à cette vie unique du Fils, donnée une fois pour toutes, pour que le monde ait la vie et qu’il l’ait en abondance (Jn 10, 10). Les représentations si paisibles de Dominique embrassant la Croix du Christ, ou scrutant inlassablement la Parole qui se révèle au fil des pages de l’Écriture, manifestent bien que, loin de toute attitude morbide, cette identification a comme objet d’ajuster son propre désir d’évangélisation à celui du Christ. Le rêve de Dominique est celui d’une Église en incessante fondation, c’est-à-dire en incessante évangélisation. Pour lui, aller jusque chez les Cumans ne signifie pas une volonté d’extension de l’Église en termes d’élargissement de son territoire, de renforcement de son pouvoir ou de son influence, voire de domination sur toute autre croyance. Il s’agit bien davantage d’un désir qui naît de l’amour du monde entier, cherchant à s’approfondir jusqu’à s’identifier à l’amour du Christ pour le monde et qui sait, de connaissance de Créateur, combien le monde humain est capable de déployer son don d’hospitalité à tous en une seule communion et à Dieu son Créateur en une commune histoire du peuple que Dieu aime.
Pour cette raison, Dominique rêve d’une Église constamment « en passage ». Il en a lui-même fait l’expérience lorsque, formé depuis son adolescence pour être un clerc, puis devenir un chanoine, il reçut sur la route de la prédication un appel venu de l’intérieur même de son ministère clérical à devenir frère. Il découvre ainsi combien ce ministère l’a préparé à se mettre au service d’une Église toujours inachevée qui porte la Parole au-delà de ses frontières. Ce passage prit la forme de cette hantise qui habitait ses nuits et sa prière. Il éprouvait alors que la communion proclamée en un même et unique Royaume ouvert à tous exigeait d’aller à la rencontre des pauvres et des pécheurs, des hérétiques et des païens. C’est une Église du pardon, de la réconciliation et de la communion dont Dominique veut être le serviteur. Cette Église « en passage » est aussi une Église que la prédication elle-même va constituer en sa diversité. Dominique, en effet, en réponse à celles et ceux qui le rejoignent par intuitions successives, va progressivement constituer avec lui une « famille de la prédication », cette « sainte prédication » dans laquelle – si chacun ayant bien sa place et son rôle particuliers, selon son propre statut et mandat ecclésial, et selon sa propre formation – tous seront solidaires en une même évangélisation. Ils seront tous animés d’un même désir de contribuer à ce que l’Église, par sa proclamation du Royaume, devienne sans cesse davantage une amie du monde annonçant le pardon, la réconciliation et la paix. À la suite de Dominique, à la table de l’aubergiste, ou au milieu de ses frères à la table du « miracle des pains », par le signe de la fraternité ils inviteront tous les hommes à prendre place à la même Table du Royaume. Fraternité, là est le signe d’une Église de communion.

Cette Église pour laquelle Dominique désire engager toute sa vie, et appelle ses frères et sœurs à le faire avec lui, est une Église amie et fraternelle, mue par une affection profonde entre ses membres et pour le peuple de Dieu au-delà de ses propres frontières. Le terrain sur lequel est envoyé le prêcheur doit être considéré, disait le Pape François aux frères capitulaires en 2016, comme « terre sacrée », comme lieu de sainteté. Dominique donnait ainsi à la prédication tant l’horizon de la contemplation de la grâce à l’œuvre dans l’histoire du monde, au-delà souvent des limites visibles de l’Église, que l’horizon de la « conversion apostolique ». Cette dernière, en effet, s’enracine dans une solidarité pour laquelle le ministère de la prédication appelle à engager sa vie entière. Ainsi le disait l’apôtre Paul : « Comme une mère qui entoure de soin ses nourrissons (…) Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies » (1Th 2,8). La question est alors que les restructurations dans l’Église aient toujours comme objectif de promouvoir, de cultiver l’affection de la communauté pour tous.
En ce sens, on peut comprendre l’intercession comme une pratique essentielle pour la consolidation de nos communautés fraternelles. L’intercession ouvre vers un double processus d’identification : d’une part, identification à ceux pour qui le Seigneur est imploré ; d’autre part, identification à Celui qui implore pour le monde. C’est aussi dans cette même perspective que l’on peut percevoir la dimension contemplative de la prière de Dominique parlant du monde à Dieu. Il ne cessait de contempler le mystère de miséricorde qui est au cœur du déploiement de la « création continuée ». La prière liturgique, à laquelle Dominique tenait tant, offre alors à la communauté de la « sainte prédication » de se laisser constituer par cet entrecroisement de l’intercession et de la contemplation, fondé dans l’écoute du mystère du salut dans l’histoire humaine tel que la sainte Écriture le révèle.

Plonger dans l’œuvre de la grâce : dans l’engagement de Dieu

« Soumettant la chair à l’esprit et la sensibilité à la raison, il devint avec Dieu un seul et même esprit et s’appliqua tout entier à le rechercher par les saints transports de l’âme, sans manquer jamais à l’amour du prochain, car il sut avec équilibre s’adonner avec zèle aux œuvres de la compassion. » (Grégoire IX, Bulle de canonisation)

Nous aimons parler de Dominique comme du prêcheur de la grâce. Il l’a été en désirant de tout son être vivre de la vie du Christ prêcheur, de sorte qu’il aurait pu reprendre les paroles de l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moi qui prêche, mais le Christ qui prêche en moi » (Gal 2,20). Pour cela, Dominique voulait « plonger » dans la Parole, celle qui ravive le désir du cœur parce qu’elle fait entendre l’appel de chacun par son nom. Cette plongée se fait dans la trace de la plongée baptismale, comme vocation à vivre de la joie et de l’espérance de l’Évangile. Mais c’est en même temps un appel qui fait naître au cœur le désir que tous aient la vie. Il s’agit donc à la fois d’une « vocation à soi-même » ayant la teneur d’une expérience de la miséricorde, et d’une vocation à appeler les autres à devenir « amis de Dieu ».
Cette plongée dans la Parole, Dominique l’a vécue comme une plongée en pleine humanité, donnant ainsi à son engagement la densité de la corporéité. Certes, ce terme désigne la corporéité de chacun en laquelle s’incarne cette expérience du cœur : de ce point de vue, se manifeste la portée « globale », « intégrale » de la vocation à l’évangélisation. Mais ce terme désigne aussi la corporéité de l’Église. La communauté est le lieu d’ajustement à cette corporéité de l’Église. C’est ainsi faire l’expérience de la finitude et de l’inachevé, la communauté étant le lieu où chacun peut en faire l’expérience. Chacun peut éprouver sa capacité à laisser sa communauté d’appartenance et de vie être communauté de « passage » : passage de la conversion ; passage à l’homme renouvelé ; passage comme signe de communion (le « désir intime de concorde fraternelle » ). La pauvreté mendiante est peut-être un rappel de la réalité de ces passages à opérer…

Plongée dans la Parole, plongée dans l’humanité : deux chemins vers la sainteté. Un troisième chemin proposé par Dominique est celui de l’intelligence : intelligence comme lieu de l’expérience de la structure eschatologique de la raison (la « vérité ne se transforme pas, elle grandit », disait Lacordaire). L’intelligence est en effet le lieu où l’on peut éprouver comme un champ indéfini de progrès dans la vérité. Elle est aussi cette instance qui permet à chacun de structurer solidement sa foi, évitant de se perdre dans des « opinions de foi » erronées. Au fond, la conviction de Dominique, lorsqu’il accorde tant d’importance à l’étude de la Parole et de la juste doctrine, est que l’effort de l’intelligence – qui cherche la vérité – est chemin de libération des croyances qui aliènent, pour ouvrir à la contemplation de la vérité qui libère. Mais il ne s’agit pas d’une intelligence « figée », elle est sans cesse à la recherche de cette vérité, dans la contemplation de l’économie de la révélation du mystère du salut dans l’histoire. Révélation dans l’histoire, qui dévoile combien, pour le prêcheur, l’histoire est le lieu premier de la contemplation de la grâce, une « terre sacrée » où les prêcheurs sont envoyés pour écouter la Parole… Ce troisième chemin est donc celui où s’installe une sainteté qui fait confiance à l’intelligence parce que, sous la lumière de la grâce, elle fait confiance aux hommes. Elle fait confiance aux hommes dans leur histoire, parce qu’il s’agit de faire naître dans l’histoire une foi plus simple mais ô combien plus éclatante !

Saint Dominique, un saint pour aujourd’hui

Dans sa lettre du 11 février 1218, Honorius III recommandait ainsi l’Ordre : « Nous réclamons donc de votre dévouement et nous vous exhortons instamment, en vous en donnant l’ordre par cet écrit apostolique, de tenir pour recommandés, par égard pour nous et pour le Siège apostolique, les frères de l’Ordre des Prêcheurs, dont nous croyons le ministère utile et la vie religieuse agréable à Dieu ». En ces temps où l’Église est appelée à renouveler sans cesse son zèle pour l’évangélisation et ainsi à vivre de la joie d’être « en état permanent de mission », le témoignage de sainteté de Dominique n’est-il pas un appel pour aujourd’hui ? Au-delà de la mémoire du 6 août 1221, les célébrations de l’année 2021 peuvent être pour l’Ordre un temps favorable pour partager avec l’Église ce trésor reçu de Dominique : s’engager dans l’aventure de l’évangélisation ouvre, pour tout croyant, un chemin sur lequel vivre la joie d’être « ajusté » à Jésus, prêcheur.
C’est en étant prêcheur que Dominique reçut la grâce de la sainteté, et c’est la voie qu’il a ouverte à ses filles et à ses fils. Ainsi la sainteté de Dominique se prolonge dans celle de ses fils et filles, dans les contextes et les lieux où la prédication a porté des frères et des sœurs à proclamer la Parole et à œuvrer pour le bien de l’humanité. Comme Dominique, ils ont été attentifs aux signes des temps et désireux de servir la communion dans l’humanité et dans l’Église. En conjoignant une vie intense de prière pour que le monde ait la vie, engagement généreux pour la fraternité, et quête exigeante de la vérité, ils ont été apôtres comme saint Dominique ou saint Vincent Ferrier, docteurs comme saint Thomas d’Aquin et sainte Catherine de Sienne, martyrs, comme saint Pierre de Vérone.
Ces dernières années, d’autres figures ont été reconnues comme témoins de cette sainteté par la prédication, comme le frère Jean-Joseph Lataste, apôtre des prisons, Pier Giorgio Frassati, « l’homme des Béatitudes », figure si importante pour les jeunes aujourd’hui, le frère Giuseppe Girotti, martyr du nazisme, la Bienheureuse Marie Pousssepin, infatigable apôtre missionnaire de la charité, la Bienheureuse Marie-Alphonsine Ghattas et l’audace de sa fondation en Moyen Orient… Tout récemment, le frère Pierre Claverie, évêque d’Oran, a été reconnu martyr avec ses dix-huit compagnons d’Algérie. Tous ces saints et bienheureux illustrent ensemble le modèle de sainteté, progressivement promu dans l’Ordre depuis la canonisation de saint Dominique en 1234, qui tient dans la triade : prédicateur, docteur et martyr. L’Ordre aimerait proposer prochainement à l’Église le témoignage de sainteté du frère Marie-Joseph Lagrange, de Giorgio La Pira, laïc qui voua sa vie à servir la cité, Bartolome de Las Casas, Girolamo Savonarole…. Mais avec eux, tant d’hommes et de femmes, religieux et laïcs, ont trouvé en saint Dominique l’inspiration qui les fit choisir d’engager leur vie pour l’Évangile, de trouver leur vie en proclamant et témoignant de la bonne nouvelle du Royaume. Saint Dominique, une sainteté pour aujourd’hui !
C’est dans un esprit de profonde action de grâce pour cette voie de sainteté ouverte par saint Dominique que nous célébrerons l’anniversaire de sa mort au cours de l’année qui s’étendra du 6 janvier 2021 au 6 janvier 2022.
Action de grâce pour le chemin qu’il a ouvert devant nous et sur lequel nous désirons qu’être prêcheur soit notre voie de sanctification. Action de grâce pour les témoignages de tant de sœurs et de frères dont la sainteté est accueillie par l’Église comme un don précieux pour tous les fidèles. Action de grâce pour l’intercession auprès de Dieu que Dominique a promise à ses frères qui le pleuraient et qui constitue la force de la sainte prédication aujourd’hui. Et nous rendons grâce avec la conscience vive, une fois encore, que célébrer cette mémoire est en même temps une prière : que par l’intercession de Marie, la Mère des Prêcheurs, et de saint Dominique, les frères et les sœurs de l’Ordre, laïcs et religieux, apostoliques et monastiques, confirment la « sainte prédication » par leur service de l’humanité et de l’Église.

Fait à Sainte Sabine, le 6 août 2018,

Votre frère en saint Dominique,
fr. Bruno Cadoré, O.P.
Maître de l’Ordre des Prêcheurs

« O Spem miram quam dedisti mortis hora te flentibus
Dum post mortem promisti te pro futurum fratribus : Imple Pater quod dixisti nos tuis juvans precibus.
Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus,
Nobis opem ferens Christi, aegris medere moribus. Imple Pater… »

Prot 50/18/480 Letters to the Order

 

8 août 2020
Saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Prêcheurs.

« Ô mon Père, St Dominique, vous savez que je vous aime ! Je suis entré dans votre Ordre avec l’espérance qu’un jour je serai reçu, par vous, à la porte du Ciel et conduit, par vous, aux pieds de Notre-Dame Marie Immaculée. – Accordez-moi cette grâce, à moi et à tous mes parents, d’arriver au ciel sous votre bannière. Je vous demande encore une abondante effusion de votre Esprit dans tout l’Ordre et le noviciat. » (Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.)

Une lumière se lève
Caleruega n’avait pas un siècle d’existence lorsque Dominique y naquit, entre 1171 et 1173. Spontanément formé par l’extension progressive du peuple de la région, le village s’était installé sur une plateforme, à mi-chemin d’une colline. Il n’était devenu paroisse que depuis trente ou quarante ans. L’église paroissiale romane, toute blanche encore dans ses pierres fraîchement taillées, portait le témoignage de cette jeunesse en plein élan de son essor.
Au plus haut point de la plateforme, sur un léger éperon du terrain, une grosse tour quadrangulaire dominait les routes qui s’engageaient dans un vallon. C’était le torreón, le logis du seigneur, père de saint Dominique. Mais l’enfant ne naquit point parmi les militaires dans l’inconfortable donjon. Un sanctuaire marque à quelque cent mètres de là l’emplacement du logis où l’enfant vit le jour. Une noble marraine le porta jusqu’à la paroisse. Les fonts baptismaux dans lesquels il fut baigné ont été pieusement conservés jusqu’à nous.
La lumière de la grâce qui l’enveloppa dès l’heure de son baptême fut-elle la source de la lumière que plusieurs virent briller sur son front dès l’enfance ? Aux derniers jours de sa vie, « cette sorte de splendeur » qui rayonnait sur son front, ou filtrait entre ses cils baissés pour la prière, « attirait le respect et l’affection de tous ». Transparence du regard d’un enfant au cœur spécialement aimant et pur ? Ou déjà grâce propre d’un saint dont l’unique espérance, à la suite du Christ et des apôtres, serait d’ « illuminer les hommes assis dans les ténèbres à l’ombre de la mort » ?
Sa mère, en effet, l’avait reçu en grand esprit de religion et orienté dès le premier jour en son cœur vers la cléricature. Jeanne, dont l’histoire a conservé le souvenir de beaux traits de miséricorde, lui transmit assurément sa vive sensibilité à la misère d’autrui, à toutes les misères. (Marie-Humbert Vicaire, o.p. – Saint Dominique, DDB, 1957.)

 

8 août 2020
Saint Dominique par le P. Lagrange

La sainteté consiste dans l’imitation de Notre Seigneur. Mais personne ne peut reproduire entièrement toutes les perfections de ce divin modèle. Il m’a bien fait comprendre ce matin que je devais m’appliquer surtout à retracer en moi les traits de notre Père saint Dominique. De même que Marie est pour tous les chrétiens l’océan des grâces, le seul réservoir qui nous les distribue, saint Dominique est le fleuve qui nous les apporte. Or il eut surtout, en particulier, l’esprit de prière, de pénitence, de dévotion envers la Sainte Vierge par le Rosaire, le zèle des âmes : la contemplation dans la vie active. J’ai cru comprendre aussi comment la vie apostolique avait peut-être moins de danger d’orgueil que la vie érémitique.
Demander bien assidûment l’esprit de saint Dominique.

« Ô mon Père, saint Dominique, vous savez que je vous aime ! Je suis entré dans votre Ordre avec l’espérance qu’un jour je serai reçu par vous à la porte du Ciel et conduit par vous aux pieds de Notre-Dame Marie Immaculée. – Accordez-moi cette grâce, à moi et à tous mes parents d’arriver au ciel sous votre bannière., …
Je vous demande encore une abondante effusion de votre Esprit dans tout l’Ordre et le noviciat. Fiat spiritus tuus in me duplex » [2 R 2,9]. [Que me revienne une double part de ton esprit !]
(Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel.)

Illustration Saint Dominique par Joseph Aubert (19e). Basilique Saint-Étienne. Jérusalem.

 

6 août 2020
La Transfiguration du Christ sur le mont Thabor

Jésus prend les mêmes disciples [Pierre, Jacques et Jean] au Thabor et au jardin des Olives : c’est par zèle qu’il a voulu les préparer par la Transfiguration.
De même l’instruction qu’il donne après la multiplication des pains : il saisit le moment propice pour augmenter la foi.
(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel, p. 35)

Illustration : Transfiguration. Le Pérugin (15e)

 

5 août 2020

Souvenir de l’Inauguration et bénédiction de l’avenue du Père Lagrange en ce samedi 21 juillet 2012 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var)

En ce samedi 21 juillet 2012, veille de la fête de sainte Marie-Madeleine, apôtre des apôtres, a eu lieu à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume l’inauguration et la bénédiction de l’avenue Père Lagrange, dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, en présence du maire de la Ville, du président du Conseil Général du Var et de nombreux amis des frères dominicains.
Mgr. Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, a béni cette nouvelle avenue ainsi que la nouvelle sculpture « Père Marie-Joseph Lagrange », œuvre d’un artiste local, Mathieu Myskowski.
Un lunch a suivi la cérémonie. Des représentants des medias s’y étaient déplacés pour témoigner de cet événement.
Les sœurs moniales dominicaines de Saint-Maximin se sont réjouies de cette démarche de la mairie.
Je vous confie à l’intercession du serviteur de Dieu, le frère Marie-Joseph Lagrange.

Fr. Manuel RIVERO, O.P.

4 août 2020
Fête du saint curé d’Ars 2020

Il y a un an, le 4 août 2019, le pape François écrivait une lettre aux prêtres
Chapelet avec le curé d’Ars, par le frère Manuel Rivero O.P.

L’an dernier, le 4 août 2019, le pape François avait envoyé une « Lettre aux prêtres à l’occasion des 160 ans de la mort de saint Jean-Marie Vianney,

Saint Jean-Marie Vianney

le curé d’Ars ». Très beau message où le Saint Père partage les souffrances et les joies apostoliques des prêtres du monde entier.
Le pape François pointe la tentation subtile qui menace ceux qui ont décidé de mener le combat spirituel pour Jésus : l’acédie, « douce tristesse », attitude de découragement et de lassitude, « le plus apprécié des élixirs du démon » selon l’expression de l’écrivain catholique Georges Bernanos. Le « bof », « je n’ai pas envie », « ça ne me dit rien », « une autre fois ». C’est ainsi que la prière et le service sont renvoyés à plus tard.
Le curé d’Ars appelait le diable ou Satan : le « Grappin », instrument utilisé par les paysans pour arracher les pommes de terre. Le diable cherche à arracher les âmes au Christ Jésus par la tentation du découragement.
La Vierge Marie, Immaculée Conception, a occupé une grande place dans la vie, la prière et la prédication du saint curé d’Ars, patron des curés du monde entier, que l’Église célèbre dans sa liturgie le 4 août.

Nous allons prier les mystères lumineux du Rosaire à la lumière de la vie et du ministère de saint Jean-Marie Vianney, connu comme le saint curé d’Ars.
Né le 8 mai 1786 à Dardilly, le saint curé est parti vers le Père le 4 août 1859 à l’âge de 73 ans. Lors de son arrivée à Ars, village de 230 habitants, le saint curé s’était exclamé : « Que c’est petit ! » Maintenant, Ars reçoit chaque année des centaines de milliers de pèlerins.
Au garçon, Antoine Givre, qui l’avait orienté sur sa route, près d’Ars, le saint curé avait dit : « Tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du Ciel ». Un monument commémore aujourd’hui cette rencontre devenue un symbole de la Providence.
Le père Jean-Marie Vianney aimait le rosaire. Dans sa ferveur apostolique, il avait fondé plusieurs Confréries du Rosaire, persuadé dans la lumière de la foi que la prière des membres de la Confrérie contribuait au salut de chacun.
Plusieurs événements le relient à la vie dominicaine. Le père Lacordaire, grand prédicateur de Notre-Dame de Paris, s’était rendu à Ars pour écouter, au bas de la chaire, la prédication de ce prêtre qui avait souffert de ses limites intellectuelles au séminaire. En effet, Jean-Marie Vianney avait eu du mal à faire des études de philosophie et de latin. Ayant pris du retard dans sa formation scolaire pour des raisons étrangères à sa volonté, il faillit être écarté de la prêtrise, mais le discernement spirituel des responsables de l’Église le sauva de cette menace.
Par ailleurs, Élisabeth Falsan, épouse Lagrange, la maman du futur père Marie-Joseph Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem, amena son fils alors qu’il était bébé et malade au curé d’Ars qui le bénit. Par la suite, le frère dominicain Marie-Joseph Lagrange se rendit, au cours de ses études théologiques, à Ars pour rencontrer le saint curé. À l’occasion de la pose de la première pierre de l’École biblique de Jérusalem, le père Lagrange choisit d’enfouir un fragment de la soutane du curé d’Ars dans ses fondations, signe de la vocation de l’École à servir la formation des prêtres et le salut des âmes.
Faisons maintenant le signe de la croix qui est le signe de l’amour de Dieu pour nous :
Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Commençons notre prière en récitant le Credo, le Notre Père et trois Ave Maria.

Premier mystère lumineux : le baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain
Commencement de l’Évangile selon saint Marc : « Jean le Baptiste fut dans le désert, proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Et s’en allaient vers lui tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem, et ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en confessant leurs péchés.
Jean était vêtu d’une peau de chameau et mangeait des sauterelles et du miel sauvage. Et il proclamait : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau, mais lui vous baptisera avec l’Esprit Saint. »
Le baptême chrétien est donné pour la rémission des péchés. Il ne s’agit pas d’un simple rite mais du don de l’Esprit Saint, amour du Père et du Fils, qui lave l’âme des baptisés et la comble de la gloire de Dieu.
Le saint curé d’Ars a voué sa vie à la réconciliation des pécheurs avec le Christ. Le pardon accordé dans la confession des péchés fait briller la lumière du baptême. Véritable recréation de l’homme à l’image de Dieu.
Le père Jean-Marie Vianney passait des journées entières au confessionnal. Des pèlerins, par milliers, en ressortaient libérés de leurs fardeaux : « Le bon Dieu au moment de l’absolution jette nos péchés par derrière ses épaules, c’est-à-dire il les oublie, il les anéantit : ils ne reparaîtront plus jamais. » ; « Il ne sera plus question des péchés pardonnés. Ils ont été effacés, ils n’existent plus ! », disait-il.
À l’exemple de Jésus, le saint curé d’Ars aimait les pécheurs et il combattait le péché, l’orgueil et la haine de Dieu.
Lors du Synode sur l’Europe, les évêques faisaient remarquer que « le défi n’est pas tant de baptiser les nouveaux convertis que de conduire les baptisés à se convertir au Christ et à son Évangile. »
Cet amour envers sa paroisse et ses paroissiens apparaît dans le baiser de sa nouvelle terre de mission. Les prêtres ne se donnent pas les missions ; ils les reçoivent. Le saint curé d’Ars a embrassé la terre d’Ars et sa mission dans un village tout petit. Le saint pape Jean-Paul II, qui a visité Ars en pèlerin, se plaisait à rappeler que jeune vicaire de paroisse imitait le saint curé en s’agenouillant pour embrasser la terre de sa mission ; ensuite, il se rendait devant le Saint-Sacrement et il se présentait au curé. »

Il est impossible d’évangéliser sans aimer. Pour évangéliser et convertir il s’avère nécessaire de prier et d’aimer les personnes comme Jésus les aime.
Le saint curé a reçu sa paroisse des mains de Dieu. « Mon Dieu, convertissez ma paroisse ! », priait-il sachant que seule la grâce de Dieu peut accomplir des merveilles dans une âme. Tout est grâce ! Dieu seul convertit.
Prions pour ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme.
Prions pour la conversion pastorale des paroisses, qu’elles deviennent de plus en plus des paroisses missionnaires !
Prions pour les paroisses, communautés de communautés, qu’elles soient sacrement de la rencontre du Christ avec son Église et avec l’humanité.
Notre Père. Avec Maria. Gloria.

Deuxième mystère lumineux : les noces de Cana
De l’Évangile selon saint Jean : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Le saint curé d’Ars ne se lassait pas de prier la Vierge Marie en reprenant le « Je vous salue Marie ». La prière du rosaire évoque les couronnes de roses. Le père Jean-Marie Vianney comparait la prière mariale au parfum qui embaume tout ce qu’il touche. La prière parfume du saint parfum du Christ ceux qui se tournent vers la mère de Jésus.
Deux images bien parlantes illustrent sa prédication sur la Vierge Marie. Marie, invoquée dans les litanies comme la porte du Ciel, est présentée comme « la portière du Ciel », le Christ Jésus étant la porte qui nous introduit dans la demeure du Père.
La mère de Jésus est vue aussi comme « celle qui tient l’échelle pour monter au Paradis ». Seul Jésus conduit au Père : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Le Fils de Dieu est descendu du Ciel pour que nous montions par lui à la gloire du Père. L’échelle, c’est lui ! Et à l’heure de la mort, Marie intercède pour les pécheurs et les accueille à la Porte du Ciel.

Le saint curé d’Ars montre ainsi son sens théologique juste et innovant.
« Chef-d’œuvre de Dieu », « la plus belle des créatures », Marie intercédait sur les besoins de la paroisse d’Ars comme aux noces de Cana. Le saint curé consacra sa paroisse à Marie, conçue sans péché, Immaculée Conception, si aimée des Lyonnais, le 1er mai 1836.
Confions à l’intercession de la Vierge Marie les besoins de l’Église et de l’humanité : « Ils n’ont pas de santé ! » ; « ils n’ont pas de liberté religieuse ! » ; « ils n’ont pas de travail ! » ; « ils n’ont pas d’amour ! ».
Rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu’Il accomplit à travers le ministère des prêtres.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Troisième mystère lumineux : Jésus dans la synagogue de Nazareth
De l’Évangile selon saint Luc : « Jésus vint à Nazareth où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. »
Jésus replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture. »
Aumônier de la prison de Domenjod (Saint-Denis/La Réunion), j’ai évoqué un jour en prédication l’acédie qui peut tenailler et anéantir le moral des personnes détenues. Un jeune m’a demandé des éclaircissements à la fin de la messe : « Si j’ai bien compris « acédie » est le contraire d’ « assidu ». Oui, admirable comparaison dans l’analyse spirituelle de ce jeune condamné qui n’avait pas fait d’études en théologie.
Pour avancer dans le service du Seigneur il faut durer, rester assidus à la prière et aux rassemblements communautaires dont la messe.
Le saint curé d’Ars constatait que « plus on prie, plus on veut prier ». Comme à table, l’appétit vient en mangeant. C’est en priant que le goût de la prière revient après des temps de sécheresse.
Le témoignage évangélique et la catéchèse nourrissent la contemplation et la foi. Le saint pape Jean-Paul II enseignait que « la foi grandit quand on la partage ». Les baptisés et les prêtres se nourrissent de la connaissance de Dieu en annonçant la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Il arrive que des personnes me disent avec compassion : « Les gens ne croient plus. Votre mission de prêtre doit être difficile. » Je réponds que les financiers aimeraient avoir le même retour sur l’investissement que je découvre dans l’annonce de l’Évangile. C’est en transmettant et en expliquant le mystère de Dieu, révélé dans la Bible, que les laïcs et les prêtres font leurs les paroles de Jésus dans la synagogue de Nazareth : « Aujourd’hui s’accomplit cette parole. » L’apostolat ne va pas sans fatigue, mais il apporte aussi la joie de contempler les merveilles de Dieu qui fait briller le visage de la lumière du Christ. La contemplation ne se trouve pas uniquement dans la solitude. Les chrétiens voient Dieu en toute chose et ils contemplent toute chose dans la lumière de Dieu.
Le ministère des prêtres ne représente pas une déperdition de l’énergie divine reçue dans la prière et l’étude des saintes Écritures. Tout au contraire, c’est en transmettant la Parole de Dieu que le prêtre assiste aux merveilles accomplies dans les sacrements où Jésus vivant rencontre et sauve les hommes.
Prions pour les prêtres généreux et créatifs, prions aussi pour les prêtres fatigués, déçus et malades.
Prions pour le renouveau de l’évangélisation. Que les prêtres soient remplis du courage et de la force de l’Esprit Saint !
Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Quatrième mystère lumineux : La transfiguration de Jésus
De l’Évangile selon saint Luc : « Or il advint, environ huit jours après ces paroles, que, prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, Jésus gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement d’une blancheur fulgurante. »
Saint Luc est le seul évangéliste à préciser que Jésus s’est manifesté transfiguré, lumineux, tandis qu’il priait. La prière transfigure, illumine.
Pour le curé d’Ars, « la prière n’est pas autre chose qu’une union avec Dieu » ; « la prière est une douce amitié, une familiarité étonnante … C’est un doux entretien d’un enfant avec son Père. »
Le curé d’Ars priait de manière personnalisée pour ses paroissiens. Il avait fait marquer sur un ruban les noms de tous ses paroissiens. Et il avait suspendu ce ruban à la statue de la Vierge Marie, sur son cœur.
Il parlait de Dieu aux hommes, mais surtout, et avant tout, il parlait à Dieu de tous ceux qu’il rencontrait.

Louons le Seigneur pour les prêtres, les catéchistes et les parents qui initient à la prière.
Louons le Seigneur pour les enfants qui ont le bonheur de découvrir la prière dans la Bible et surtout la prière de Jésus dans l’Évangile.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Cinquième mystère lumineux : La Cène
De l’Évangile selon saint Matthieu : « Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le donna aux disciples en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. »
« Il n’y a rien de si grand que l’Eucharistie », s’exclamait le curé d’Ars. Le Corps du Christ n’est pas une récompense pour les purs. C’est pourquoi le père Jean-Marie Vianney prêchait : « Ne dites pas que vous n’en êtes pas digne. C’est vrai : vous n’en êtes pas digne, mais vous en avez besoin. »
Les prêtres continuent l’œuvre de la Rédemption : c’est le Christ qui parle et qui baptise par eux, c’est le Christ qui consacre le pain et le vin à travers leurs paroles …
« Sans le prêtre, la mort et la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ ne serviraient de rien » , déclarait le saint curé d’Ars.
Au mois de juin dernier, lors de la messe de fin d’année à l’école du Sacré-Cœur, deux enfants sont venus à ma rencontre dans la cour pour me saluer. Une petite fille de 7 ans me dit : « Tu viens à la place de Jésus. » Belle théologie du sacerdoce où le prêtre agit « in personna Christi capitis », c’est-à-dire « dans la personne du Christ, Tête de l’Église ». Le prêtre représente le Christ, il le « rend-présent ». Lieutenant du Christ, le prêtre « tient-lieu » du Christ. C’est le Christ qui consacre comme l’explicite la prière eucharistique : « C’est pourquoi nous te supplions de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons. Sanctifie-les par ton Esprit … ».
En 1990, le cardinal Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, avait enseigné lors du Symposium de Philadelphie sur la mission et la formation des prêtres : « La charge effrayante de l’Eucharistie réside en ce que le prêtre a le droit de parler avec le « Je » du Christ. Devenir prêtre et être prêtre implique un constant mouvement vers une telle identification. »
Prions le Père d’envoyer des vocations presbytérales à son Église.
Prions pour les séminaristes et pour les formateurs dans les séminaires.

Confions au Saint-Esprit les prêtres qui se sentent seuls ou isolés afin qu’ils retrouvent auprès de leur évêque et des fidèles soutien et réconfort.
Prions pour l’amitié entre les prêtres, source de joie et de dynamisme missionnaire.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
…………………………………………………………………
Prière attribuée au curé d’Ars
Acte d’amour
« Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie.
Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer.
Je vous aime, ô mon Dieu, et je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous aimer parfaitement.
Je vous aime, ô mon Dieu, et je n’appréhende l’enfer que parce qu’on n’y aura jamais la douce consolation de vous aimer.
Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire.
Ah ! Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, et de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime.
Et plus j’approche de ma fin, plus je vous conjure d’accroître mon amour et de le perfectionner. Ainsi soit-il. »
Bénédiction : Que le Seigneur nous bénisse et nous garde, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Saint-Denis (La Réunion), le 30 juillet 2020.

 

2 août 2020
Et ayant donné l’ordre de faire étendre les foules sur l’herbe et pris les cinq pains et les deux poissons, levant les yeux vers le ciel, il dit la bénédiction, et après les avoir rompus, il donna les pains aux disciples, et les disciples les distribuèrent aux foules. Et ils mangèrent tous et furent rassasiés. (Matthieu 14, 19-20.)

Le père Lagrange commente dans un extrait : Alors Jésus solennellement, car tous les évangélistes ont remarqué qu’il pria, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction et rompit les pains qu’il remit à ses disciples pour être distribués. De même pour les poissons. Tous mangèrent à leur faim. Puis Jésus ordonna qu’on ramassât les restes, consistait à ramasser les miettes de pain tombées de la table.

L’intention de Jésus est assez évidente, de donner à cette réfection improvisée, qu’on aurait pu prendre sur le pouce, le caractère d’un vrai repas. […] Il serait faux de dire que le sacrement de l’eucharistie fut institué ce jour-là en faveur de toute une foule. Mais c’était déjà un prélude que le Maître proposait à la réflexion.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège Lethielleux, p. 243-244.)

Ilustration : Le miracle des cinq pains et deux poissons (détail) par Raffaellino del Garbo (1503)

2 août 2020
Le père Lagrange dans l’arène (1904-1911)
Le 4 juillet [1907] un décret du Saint-Office [Lamentabili sane exitu] était publié condamnant soixante-cinq propositions sans nom d’auteur. […] Ainsi mis en éveil, il [Lagrange] avait promptement retrouvé quelques-uns des passages de ses écrits, livres ou articles, dont l’auteur des propositions aurait pu s’inspirer avec plus ou moins de liberté. Le résultat faisait la preuve que l’immense et obscure proposition était composée de mots empruntés au père Lagrange dans une bonne demi-douzaine de passages hétéroclites, arrachés à leur contexte et recousus ensemble au moyen de quelques particules complaisantes : or, car, mais, etc. qui dissimulaient le rapiéçage tendancieux. […] Le R.P. général se contenta de remercier le P. Lagrange de lui avoir fourni cette documentation […] et sans donner le moindre éclaircissement […] lui renouvela les conseils de prudence et de soumission à l’Église.

Mon maître ne devait avoir que longtemps après et tout à fait fortuitement la clef de l’énigme. Sa Sainteté Pie X avait en haute estime le P. Cormier, dont il avait fait, si je ne me trompe, son confesseur. Dans un entretien privé, il lui demanda un jour s’il connaissait vraiment bien le P. Lagrange, ses dispositions religieuses et le caractère de son activité exégétique. Sur la réponse très nettement affirmative que le Général se sentait tout à fait en droit de donner, puisqu’il l’avait lui-même admis à la vie dominicaine, avait suivi toute sa formation et depuis des années contrôlait personnellement ou par des théologiens de son choix toute sa production scientifique, le pape prit dans son bureau un dossier qu’il tendit au P. Cormier en disant : « Alors je désirerais avoir votre avis sur ces propositions, tirées des écrits du P. Lagrange. On m’assure qu’il manque de solide formation théologique et on me presse en ce moment de condamner les théories exprimées ici, qui méritent en effet de l’être. Le P. Cormier prit la liberté de signaler que le père Lagrange avait donné depuis longtemps d’assez sérieuses preuves de son savoir théologique pour que l’Ordre ait pu lui conférer canoniquement la maîtrise. La lecture des propositions le persuada d’emblée qu’elles ne représentaient d’aucune façon les idées du P. Lagrange et il s’en porta garant auprès du souverain pontife. […]

(Nous vous conseillons de lire la suite dans le livre passionnant du fr. Louis-Hugues Vincent : Le père Lagrange. Sa vie et son œuvre. Parole et Silence, 2013.)

Illustration : Bienheureux Hyacinthe-Marie Cormier (1832-1916) et le Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange (1855-1938).

Méditations des mystères lumineux par fr. Manuel Rivero

Rosaire, radio Arc-en-ciel, le lundi 15 juin 2020

Bonsoir, chers amis du rosaire, au lendemain de la fête du Corps et du Sang du Seigneur, le Saint-Sacrement qui unit à Dieu pour ne faire qu’un avec lui, nous allons prier les mystères lumineux avec la Vierge Marie, la mère de Jésus, qui a accompagné son divin Fils depuis sa conception jusqu’au Calvaire, demeurant fidèle dans l’espérance avec les apôtres au Cénacle, lors de la Pentecôte.

À la mort de Judas, les apôtres ont cherché un remplaçant qui aurait suivi Jésus tout au long de sa vie publique, depuis son baptême dans les eaux du Jourdain jusqu’à l’Ascension au Ciel. Ils avaient choisi Matthias par tirage au sort car il réunissait ces conditions.

La Vierge Marie, Reine des apôtres, a accompagné Jésus, non seulement depuis le baptême par Jean le Baptiste jusqu’à l’Ascension, comme aiment à le représenter les artistes chrétiens dans les icônes, mais elle est présente depuis son Incarnation par le Saint-Esprit à l’Annonciation jusqu’à la Pentecôte comme nous le précise saint Luc dans les Actes des apôtres. Qui, mieux qu’elle, la mère de Jésus, toute sainte, pourra nous conduire dans notre recherche de la volonté de Dieu ? La Vierge Marie guide l’Église comme Mère du Verbe fait chair et comme modèle de foi. Guide unique et sûre, Marie, notre sœur dans la foi, fait route avec nous, ne nous laissant pas seuls dans les épreuves et les doutes de notre existence.

Nous allons faire le signe de la croix, signe de l’Amour absolu, fidèle et sans conditions de notre Dieu pour l’humanité :

Tous : Au nom du Père, de Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo. Notre Père. 3 Ave Maria.
CD Sœur Agathe n° 1 Mon âme a soif de toi.
 

Premier mystère lumineux : Le baptême de Jésus dans le Jourdain

De l’Évangile selon saint Marc 1, 9-11 : « Il advint qu’en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean. Et aussitôt, remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit comme une colombe descendre vers lui, et une voix vint des cieux : « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur ».

En se faisant baptiser par son cousin, Jean le Baptiste, Jésus a rejoint la foule de pécheurs assoiffés de purification.

La descente de Jésus dans les eaux du Jourdain annonce notre descente dans la mort de Jésus, mort au péché, et notre participation à sa remontée du tombeau, résurrection spirituelle, mystère que nous vivons depuis notre baptême.

Au Jourdain, le baptême de Jésus représente une épiphanie trinitaire. Le Père a parlé pour reconnaître son Fils bien-aimé et l’Esprit Saint est descendu sur Jésus sous la forme d’une colombe.

Quant à nous, nous avons été baptisés, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Nous sommes devenus ainsi les temples de la Sainte Trinité, habités par l’amour de Dieu.

Rendons grâce à Dieu pour notre baptême. Prions pour tous ceux qui nous ont conduit jusqu’au baptistère de lumière : nos parents, le parrain et la marraine, le prêtre et les fidèles de l’Église.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 2 Ô prends pitié

Deuxième mystère lumineux : Les noces de Cana

De l’Évangile selon saint Jean 2,1s : « Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était. Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : ‘Ils n’ont pas de vin.’ Jésus lui dit : ‘Que me veux-tu, femme ? Mon heure n’est pas encore arrivée.’ Sa mère dit aux servants : ‘Tout ce qu’il vous dira, faites-le’ ».

Saint Jean souligne la foi de Marie en son Fils Jésus. Le miracle de Cana inaugure la vie publique de Jésus dans le quatrième évangile. Ce n’est pas sans raisons que Jésus a accompli son premier miracle lors de la célébration d’un mariage. Il est venu célébrer les noces du Christ et de l’Église, passer une alliance entre Dieu et l’humanité sauvée, l’Église.

Jésus sanctifie le mariage. Saint Dominique s’est battu pour défendre la beanté du corps humain et la sainteté du mariage face aux cathares pour qui le ventre de la femme était le laboratoire qui reproduisait le mal. Le Fils de Dieu s’est fait homme. Dieu aime notre humanité, notre corps, ce qui n’exclut pas, tout au contraire, le besoin de la grâce surnaturelle pour que le corps animé par l’âme, créée par Dieu, resplendisse de sa gloire en dépassant les voluptés charnelles.

Le poète Stéphane Mallarmé (+1898) dans son poème « Brise marine » écrivait : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. »

Le sacrement du mariage apporte la joie de l’Esprit Saint aux époux qui accomplissent la volonté de Dieu en s’aimant et en aimant les enfants.

Loin d’en faire une idole, l’Église en proposant le sacrement du mariage, qui va à l’encontre du concubinage à la mode, accorde une grande valeur à l’amour humain qui vient après l’amour de Dieu et enraciné en lui.

Par l’influence des médias, nous sommes souvent devant une attitude païenne qui divinise la relation sentimentale et sexuelle sans âme, sans prière, sans relation à Dieu. L’union conjugale demeure une affaire d’âme ; autrement l’expérience de Mallarmé s’avère aussi juste que décevante : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres ».

À Cana, Jésus a manifesté sa gloire et ses disciples crurent en lui. La gloire de Dieu évoque le poids de son amour, sa beauté et sa lumière.

La grâce du mariage vient embellir, poétiser, l’union de l’homme et de la femme, la revêtant d’une lumière divine, en lui donnant son sens et son but : l’union à Dieu.

Le poète guadeloupéen, Saint-John Perse, prix Nobel de littérature en 1960, disait de la poésie : « L’amour est son foyer, l’insoumission sa loi » (Discours de réception du Prix Nobel de littérature en 1960).

À Cana, souffle le grand vent de la liberté de l’Esprit. La puissance de la prière de la mère de Jésus fait avancer l’histoire. La joie succède à la tristesse.

Un exemple montre aussi le lien entre le sacrement du mariage, la célébration de la messe et l’ordination presbytérale. Quand le saint pape Paul VI fut ordonné prêtre, la nappe de l’autel de sa première messe fut tirée de la robe de mariée de sa mère.

Prions pour les couples en difficulté et pour les enfants qui en souffrent
Prions pour les couples qui se préparent au mariage.
Prions pour que l’amour grandisse dans toutes les familles.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 3 : Goûtez et voyez

Troisième mystère lumineux : Jésus dans la synagogue de Nazareth

De l’Évangile selon saint Luc 4,16s : « Jésus vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.’

Il replia le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ‘Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Écriture’ ».

« Aujourd’hui », ce mot clé de la révélation divine exprime l’action de l’Esprit Saint dans la synagogue de Nazareth et dans notre histoire personnelle et collective.

Riche de cette expérience de la grâce divine qui nous précède et nous guide, le prophète Isaïe s’exclame : « Tout ce que nous faisons, c’est toi qui l’accomplis en nous » (Isaïe 26,12).

Pendant le confinement, de nombreuses personnes ont expérimenté la présence aimante de l’Esprit de Jésus dans la prière. Ils témoignent de ce temps de paix et de plénitude. Ils souhaitent vivre autrement aujourd’hui qu’avant le confinement.

Viens Esprit Saint sur tous ceux qui ont vécu difficilement le confinement à cause de la maladie ou pour d’autres raisons : disputes familiales, pertes financières, solitude …

Viens Esprit Saint faire du neuf dans le déconfinement ! Puisse la foi et la prière grandir maintenant plus que jamais !

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n°4 : Jésus à toi ma vie

Quatrième mystère lumineux : L’Assomption de la Vierge Marie au Ciel et son Couronnement comme Reine de la création

Du livre d’Esther au chapitre septième :

« Le roi et Aman allèrent banqueter chez la reine Esther, et ce deuxième jour, pendant le banquet, le roi dit encore à Esther : ‘Dis-moi ce que tu demandes, reine Esther, c’est accordé d’avance ! Dis-moi ce que tu désires ; serait-ce la moitié de mon royaume, c’est chose faite !’ (…) Alors Esther dit : ‘ Le persécuteur, l’ennemi, c’est Aman, c’est ce misérable !’ À la vue du roi et de la reine, Aman fut glacé de terreur. Furieux, le roi se leva et quitta le banquet pour gagner le jardin du palais, cependant qu’Aman demeurait près de la reine Esther pour implorer la grâce de la vie, sentant trop bien que le roi avait décidé sa perte.

Quand le roi revint du jardin dans la salle du banquet, il trouva Aman effondré sur le divan, où Esther était étendue. ‘Va-t-il après cela faire violence à la reine chez moi, dans le palais ?’ s’écria-t-il. À peine, le mot était-il sorti de sa bouche qu’un voile fut jeté sur la face d’Aman. Harbona, un des eunuques, dit en présence du roi : ‘Justement il y a une potence de cinquante coudées qu’Aman a fait préparer pour ce Mardochée qui a parlé pour le bien du roi ; elle est toute dressée dans sa maison.’ – ‘ Qu’on l’y pende’, ordonna le roi. Aman fut donc pendu à la potence dressée par lui pour Mardochée et la colère du roi s’apaisa ».

Esther est une femme juive, très belle, déportée en Perse, et élevée par son cousin et tuteur Mardochée. Devenue épouse du roi Assuérus, Esther intercède pour Mardochée et pour son peuple juif qu’Aman cherche à éliminer.

Aman sera pendu au gibet qu’il avait préparé pour Mardochée et le roi Assuérus épargnera de la mort le peuple juif, grâce à l’intercession d’Esther.

Les Pères de l’Église ont vu dans Esther la figure de la Vierge Marie, avocate, qui intercède pour l’humanité et en son nom auprès de son Fils Jésus, le Roi de l’univers.

Confions à la Vierge Marie, notre avocate, tous nos projets, nos souffrances et nos joies.
Confions surtout à la Reine des cieux, les humiliés et les opprimés.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 6 Magnificat

Cinquième mystère lumineux : La Cène

De l’Évangile selon saint Jean 6, 32s : « Jésus dit à ses disciples : ‘C’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du Ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde.’ Les disciples dirent alors à Jésus : ‘Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là.’ Jésus leur dit : ‘ Je suis le pain de vie’ ».

« De la Trinité à l’eucharistie, de l’eucharistie à la Trinité », tel était le titre d’un beau petit livre du frère dominicain de la Province de Toulouse, le frère Marie-Vincent Bernardot, fondateur des éditions du Cerf.

En effet, l’amour de Dieu – Père, Fils et Saint-Esprit – rayonne et donne la vie au cosmos et à l’humanité. L’amour qui part du Père, source de tout don parfait, par le Fils, le Verbe créateur, dans la communion de l’Esprit Saint, tend à se répandre et cet amour divin aboutit à l’eucharistie, sacrement de l’amour.

En célébrant la messe, nous assistons au déploiement créateur de la sainte Trinité. Le Père rassemble la communauté chrétienne en attirant les fidèles vers son Fils pour qu’ils soient nourris de l’amour de l’Esprit Saint.

Quand les chrétiens écoutent la Parole de Dieu, l’Esprit Saint répand dans leurs cœurs la grâce de l’intelligence de la foi pour qu’ils accueillent les mots humains de la Bible dans leur puissance de révélation divine. Sans cette grâce intérieure accordée par l’Esprit Saint à ceux qui cherchent Dieu dans l’écoute de la Parole, les textes bibliques ne seraient perçus que dans leur richesse sapientielle comme un simple joyau de la littérature. Mais la lumière de l’Esprit Saint, la proclamation de la Parole de Dieu représente un dialogue d’amour entre le Christ et son Église.

L’Esprit Saint a formé le corps du Verbe fait chair dans le sein de la Vierge Marie. L’Esprit Saint transforme le pain et le vin présentés à l’offertoire dans le Corps et le Sang de Jésus le Christ. Dans l’épiclèse de la prière eucharistique, le prêtre pose ses mains sur la patène et le calice pour que l’Esprit Saint accomplisse le grand miracle de la transsubstantiation.

Au cours de la prière eucharistique, l’Esprit Saint fait de l’assemblée des fidèles « un seul corps et un seul esprit dans le Christ » (prière eucharistique n°3).

Le même Esprit Saint transfigure les cœurs des croyants pour qu’ils deviennent « une éternelle offrande à la gloire de Dieu » (prière eucharistique n°3).

Alors que la tentation courbe les hommes qui cherchent à se donner eux‑mêmes la vie et le bonheur dans un repli sur soi, l’Esprit Saint tourne leur cœur vers Dieu, les ouvrant aux merveilles de la grâce divine.

Au terme de la messe, le président envoie l’assemblée témoigner de l’amour trinitaire célébré. Saint Augustin enseignait : « Tu as vu la charité, tu as vu la Trinité ».

À la messe, nous vivons la Pentecôte continuée, sacrement de l’amour pour devenir témoins de l’amour de Dieu par toute notre vie.

Rendons grâce à la sainte Trinité, présente et agissante dans nos vies et en particulier dans la messe.
Adorons la sainte Trinité dans la messe et par toute notre vie.
Vivons la messe comme la nourriture indispensable pour apprendre à aimer à l’exemple du Christ Jésus !

Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Sœur Agathe n° 9 : En moi

Prions le Seigneur : Seigneur Jésus Christ, dans l’admirable sacrement du Corpus Christi, tu nous as laissé le mémorial de ta Passion ; donne-nous de vénérer d’un si grand amour le mystère de ton Corps et de ton Sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de la rédemption. Toi qui vis et règnes avec le Père dans l’union du Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles. Amen.

Bénédiction

 

La prière de ce soir a été animée par Sonia, sœur Marie-Thérèse, Henri à la technique et moi-même, le frère Manuel, dominicain.
Les chants ont été choisis dans le CD de sœur Agathe : « Je te cherche mon Dieu ».
CD Sœur Agathe n°10 : Abba

Photos : chasuble du père Lacordaire O.P.