Étudier pour le salut des âmes par fr. Manuel Rivero o. p.

 

Le martyre des frères cisterciens de l’Atlas a secoué la conscience de l’humanité. Un livre récent a mis en lumière la vie et le travail comme médecin de l’un d’entre eux, le frère Luc, qui a consacré son existence au service des malades en Algérie. À l’occasion de ses 80 ans, le frère Luc a reçu comme cadeau deux fois dans la même journée la biographie du père Lagrange écrite par son disciple, le philosophe Jean Guitton, de l’Académie française : « Les manifestations autour du doyen se poursuivent le lendemain, en présence de l’ami de toujours, le père Carmona et de Mgr Teissier. Puis l’archevêque d’Alger offre à l’octogénaire la biographie du père Lagrange par Jean Guitton… Quelques heures plus tard, frère Luc a repris ses consultations, et un patient lui fait la joie de lui offrir un livre : Portrait du père Lagrange, par Jean Guitton, que le malade avait déniché dans une librairie d’Oran » (Christophe Henning, Dom Thomas Georgeon, Frère Luc, biographie, moine, médecin et martyr à Tibhirine, Paris, Éditions Bayard, 2011, p. 106).

Le père Lagrange avait mené le combat pour la vérité. Il n’avait pas étudié pour étudier mais pour répondre aux questions fondamentales posées par ses contemporains sur la dimension surnaturelle de la Bible. À ceux qui lui reprochaient de ne pas soigner son style littéraire, le fondateur de l’École biblique de Jérusalem répondait en citant les soldats qui n’ont pas le temps d’astiquer leurs bottes quand ils doivent partir sur le chemin du combat. Le frère Luc, à sa manière, a mené le combat de la foi et du dialogue interreligieux par l’exemple et par la parole. Mgr Tessier et le patient qui lui ont offert la biographie du père Lagrange pour ses 80 ans ont dû saisir le point commun qui unissait ces deux hommes : la passion pour la vérité et pour la paix.

À Jérusalem, le 15 novembre 1890, le frère Marie-Joseph Lagrange, âgé de 35 ans, avait fondé une école pratique d’études bibliques. Au lieu de s’enfermer dans la bibliothèque du couvent Saint-Étienne, « le nouveau saint Jérôme », traversait le désert pour faire de l’histoire « avec des documents et des monuments ».

L’étude de la doctrine sociale de l’Église doit aller de pair avec des stages sur le terrain. Nos frères dominicains aux États-Unis envoient les étudiants en stage en veillant à l’accompagnement et à la rédaction d’un rapport qui rend compte de l’expérience et de l’articulation vécue entre la doctrine sociale de l’Église et les situations souvent dramatiques des gens. Un véritable travail théologique d’interprétation est à faire sur le terrain. Ayant découvert la méthode des récits de vie au Centre de pastorale de nos frères dominicains à Montréal, je l’ai appliquée principalement avec de jeunes étudiants en Haïti de manière à relire et interpréter les chocs et les changements provoqués par le séisme du 12 janvier 2010. Ces jeunes Haïtiens m’ont fait part du progrès psychologique et spirituel éprouvé en rédigeant leur récit de vie. La revue dominicaine Lumière et vie a publié un article qui résume cette expérience : « Vivre et croire en Haïti après le séisme de 2010 »

(http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/actualites/haiti-le-jour-du-seisme–13360.html).

 

 

La miséricorde (extrait du Journal spirituel de fr. Marie-Joseph Lagrange, o.p. par fr. Bernard Montagnes, o.p.)

7 avril  2013 – Dimanche de la Miséricorde

La miséricorde du pape François

Lors de son Angélus du 17 mars, le pape François a mis l’accent sur l’importance de la miséricorde. Le visage de Dieu est celui d’un père miséricordieux, qui a toujours patience. Avez-vous pensé à la patience de Dieu ? Le Seigneur ne se fatigue jamais de pardonner ! 

La miséricorde du père Lagrange

Un an avant de devenir novice dominicain au couvent royal de Saint-Maximin (Var), Albert Lagrange, séminariste à Issy-les-Moulineaux en 1879, écrit dans son Journal spirituel  encore inédit aujourd’hui, des réflexions sur le premier mot de la vie dominicaine prononcé par le postulant au jour de sa prise d’habit, les bras en croix, en réponse à la question du prieur provincial :

– Que demandez-vous ? 

La miséricorde de Dieu et la vôtre

Plus loin, le père Lagrange médite longuement sur ce sujet dont voici un extrait :

La miséricorde de Jésus dans les derniers moments de sa vie
La miséricorde des fidèles et du prêtre

Lavement des pieds. San Miniato al Monte. Florence (Italie).

La dernière Cène respire ces sentiments de miséricorde : il sent combien ses disciples sont encore mal formés ; il leur lave les pieds, leur promet d’exaucer leurs prières, de leur envoyer l’Esprit consolateur, la force, il leur lègue la paix, leur annonce sa Résurrection, leur donne rendez-vous en Galilée.

La souffrance, si atroce qu’elle soit, ne le rend pas égoïste : il appelle Judas son ami, il guérit Malchus, il convertit saint Pierre par un regard, il paraît miséricordieux pour Pilate. Sur la Croix, il prie pour ses bourreaux, il a un mot pour la Sainte Vierge et pour saint Jean. Après sa Résurrection, il est plein de condescendance pour ses disciples, peu affermis dans la foi.

Enseignements : Notre Seigneur est bien aussi le docteur de la miséricorde. Diliges proximum tuum tanquam teipsum [Tu aimeras ton prochain comme toi-même] (Luc 10,27).

Le Samaritain qui recueille le malheureux.

Le prêtre a l’habitude de gouverner les âmes, de les dominer : souvent il perd ainsi les sentiments de miséricorde et de tendresse. Il est toujours en contact avec les misères, il risque de s’y habituer et d’y devenir indifférent.

La miséricorde est le critérium du dernier jugement.

Ceux qui cherchent dans la vie le dévouement pour soulager les autres ne sombreront jamais.

Ceux qui cherchent la science, la gloire, même avec des vues élevées, peuvent sombrer, ceux-là non.

Nous aimons à croire que les hommes miséricordieux seront sauvés, nous espérons que, s’ils sont incroyants, Dieu leur fera la grâce finale.

Discours sur la montagne. Huitième béatitude : beati misericordes [heureux les miséricordieux] (Matthieu 5,7.)

Estote perfecti [Soyez parfaits] (Matthieu 5,48). Saint Luc dit : Estote misericordes [Soyez miséricordieux (6,36)]. Il prêche la miséricorde aux pécheurs. »

(Albert Lagrange, séminariste à Issy-les-Moulineaux, le 25 avril 1879. Premier cahier transcrit par fr. Renaud Escande, révisé par fr. Bernard Montagnes.)

Préambule à la biographie du père Lagrange par le père Vincent

Bonne Semaine Sainte avec ma prière à l’Esprit du Christ

 Parution du livre le 12 avril 2013

Préambule à la biographie du père Lagrange par le père Vincent

Le père Louis-Hugues Vincent, disciple et ami du père Lagrange

 

Jésus appelle ses disciples « mes amis[1] » car il leur dévoile les secrets de son Père tenus cachés depuis la fondation du monde. C’est dans cette amitié divine et humaine que Jésus a partagé sa vie publique pendant trois ans avec ceux qu’il avait appelés à le suivre. Le propre des amis est de ne faire qu’un seul cœur. C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin, le Docteur Angélique si présent dans la pensée du père Lagrange, parle de l’union des cœurs des amis au point que leurs secrets partagés ne sortent pas de la personne mais restent dans le cœur commun[2].

L’Église met en lumière l’amitié des chrétiens comme un don du Christ, l’ami commun. « Les amis de nos amis sont nos amis », dit le proverbe. La liturgie du 2 janvier célèbre ensemble deux saints, saint Basile le Grand (330-379) et saint Grégoire de Naziance (330-389), non pas qu’ils aient vécu le martyre le même jour comme cela arrive habituellement dans les fêtes du Missel, mais parce qu’ils étaient amis. Ils avaient partagé leur vie d’étudiant et de moine avant de devenir évêques et grands théologiens.

Cette expérience heureuse de l’amitié a caractérisé aussi le quotidien des frères dominicains Marie-Joseph Lagrange et Louis-Hugues Vincent à l’École biblique de Jérusalem pendant presque cinquante ans. Le frère Marie-Joseph, exégète et directeur de l’École biblique, s’est attaché à son élève et ami, le frère Louis-Hugues. Voici comment le père Lagrange décrit cette amitié à l’occasion de la dédicace de son ouvrage Introduction à l’étude du Nouveau Testament :

 « Je prie le père L.-H. Vincent d’agréer ce livre, non comme un hommage, mais comme une marque d’affection reconnaissante. Ce fut une grande joie pour moi de lui enseigner le peu que je savais, une joie plus grande de le voir devenir un maître, notre maître à tous dans l’archéologie de la Palestine, dont le R.P. Abel est le géographe. Notre amitié naquit aussitôt que nous nous vîmes, à Jérusalem, il y a plus de quarante-cinq ans, et il fut le lien d’une collaboration qui se poursuivit dans des voyages d’études, des visites de musées, un échange constant de vues sur les objets de nos travaux. L’accord, jamais exigé, n’en était que plus facile, et toutes les nuances personnelles, soigneusement respectées, se fondaient dans la même foi, la même espérance, le même amour de Notre Seigneur Jésus Christ. Nous avons toujours cru reconnaître à sa douceur, la protection de la Vierge fidèle : c’est grâce à elle, sans doute, que notre affection, toujours plus forte et plus solide, doit d’avoir conservé le charme des premiers jours, quand deux âmes s’aperçoivent qu’elles sont faites l’une pour l’autre. Que pouvait l’éloignement, sinon rendre plus sensible notre attachement à l’œuvre commune ? De ces bienfaits, je rends grâce à Dieu.[3] »

Puisse l’édition de cette biographie née dans l’amitié chrétienne faire aimer le Christ, ami des hommes, et contribuer à la connaissance du père Lagrange et à sa cause de béatification.

Marseille, le 10 octobre 2012

Fr. Manuel Rivero O.P.

Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange[4].

 

Notes    (↵ returns to text)

  1. Évangile selon saint Jean 15,15.
  2. Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, IV, ch. 21.
  3. Marie-Joseph Lagrange, Introduction à l’étude du Nouveau Testament. Quatrième partie. Critique historique. I Les mystères : l’orphisme. Librairie Lecoffre, J. Gabalda et Cie, éditeurs. Paris. 1937. Dédicace.
  4. Association des amis du père Lagrange. Couvent des Dominicains. 9 rue Saint-£François-de-Paule. 06357 Nice Cedex 4. http://mj-lagrange.org. Courriel : pere.marie.joseph.lagrange@gmail.com

L’École biblique de Jérusalem et son grand projet scientifique

a entrepris depuis les années 2000 un grand projet scientifique de publication qui sera  intitulé BEST, la Bible en ses traditions : c’est une Bible pour le XXIe siècle.

https://www.facebook.com/best.ebaf

http://www.ebaf.edu

Voici un bel article écrit par Pierre Assouline, le 25 décembre 2010, article que vous pourrez retrouver à partir du site ci-dessus.

Si l’École, où se trouve l’une des meilleures bibliothèques au monde consacrée aux études bibliques, est si célèbre, c’est aussi que les Dominicains y ont élaboré pendant des années la fameuse « Bible de Jérusalem », édition savante au plus près de l’exégèse historico-critique, la plus populaire et la plus répandue de la Bible. On sait moins que depuis une dizaine d’années, et pendant quelques décennies encore, leurs frères et successeurs en ces lieux travaillent discrètement à un autre grand projet. Nom de code : la BEST. Entendez : la Bible en ses traditions.

Pour le dire simplement, ce vaste chantier international vise à offrir au lecteur à la fois « les différentes formes textuelles de la Bible, assorties d’une annotation philologique et historique, et les diverses traditions de son interprétation au sein des communautés qui la reçoivent comme un texte sacré. Sereinement catholique dans son inspiration, le projet est, pour cette raison même, œcuménique et dans une certaine mesure interreligieux ». Tout est là: exposé, expliqué. Le texte des livres bibliques se présente sous ses différentes versions au cours des âges en colonnes, ce qui n’est pas sans rappeler l’organisation du Talmud, autour de trois zones d’annotation : texte, contexte, réception. Pour l’instant, l’équipe en est à ouvrir des laboratoires électroniques en ligne pour chaque livre biblique.

Si une édition imprimée, livre par livre puis générale, est bien prévue, l’édition principale se présentera sous la forme d’une base de données électroniques en français, anglais, espagnol, accessible par souscription. Afin de recruter mécènes et collaborateurs, un volume de démonstration hors-commerce tiré à un millier d’exemplaires et offert aux abonnés de la Revue biblique, vient d’être mis en circulation. Il contient douze esquisses autour de douze péricopes introduites, traduites et annotées selon le principe établi pour la Best. De quoi donner une juste idée de l’ampleur et de l’ambition de ce projet, suivi dans la durée par Olivier-Thomas Venard, o.p. qui mérite vraiment d’être soutenu.

Bien que leurs prédécesseurs en ces lieux soient les « auteurs » de la « Bible de Jérusalem », les actuels professeurs de l’École biblique sont constamment sollicités pour leur expertise dès qu’un problème se pose dans leur champ de compétence. Voilà pourquoi je les ai interrogés à propos des changements de la TOB (Traduction Œcuménique de la Bible), nouvelle édition parue fin novembre au Cerf, qui s’adresse autant aux catholiques, aux protestants qu’aux orthodoxes, lesquels ont réussi à y faire introduire six livres deutérocanoniques jusqu’à présent exclus. Jugeant son langage et sa présentation parfois trop datés « années 50 », un comité de relecture s’est employé à le moderniser.

Cette révision générale, la deuxième en un demi-siècle, concerne notamment les noms divins. Finis les « puissants » et « Tout-puissant » ; de même, « jaloux » a cédé la place à « exigeant » afin de dissiper toute ambiguïté sur le Dieu jaloux. Mais c’est sur le terme « Juif » (du grec ioudaioi), qui revient à soixante-huit reprises dans l’Évangile de Jean, que le comité de révision a souhaité mettre l’accent afin de bannir les malentendus qui ont longtemps pesé sur son usage dans la mesure où il a longtemps été la source de l’antijudaïsme chrétien ; dans le récit de la Passion, le peuple juif, dans son ensemble et de tous les temps, est ainsi désigné comme responsable de la condamnation du Christ, en lieu et place des autorités de Jérusalem en leur temps.

Réaction d’Étienne Nodet, dominicain, professeur à l’École Biblique, éditeur des cinq volumes des Antiquités juives de Flavius Josèphe (Le Cerf) et auteur notamment de Samaritains, Juifs, Temples (Gabalda) : «Jean est le plus juif des quatre et le plus proche des origines. Son évangile superpose ou condense la vie de Jésus avec les agitations ultérieures dans les synagogues. Jésus le dit clairement : « Le salut vient des juifs (ou Juifs, si on veut pinailler) ». Le propre de la tradition biblique et juive est de porter à la fois le prophète (isolé) et le peuple rétif, et cela depuis Moïse. Sans la Passion, il n’y a rien – c’est bien ce qu’a compris le Credo; à l’époque, il n’y aurait pas eu Paul, mais seulement un vaste « Jesus movement » : d’Apollos d’Alexandrie à Ananias de Damas (Actes 9 et 18). »

Et d’un point de vue purement philologique ? Christophe Rico, seul laïque à enseigner à l’École biblique, est professeur de grec. Ses recherches se concentrent notamment sur le grec koïné néo-testamentaire. Il rappelle qu’une langue n’est pas une nomenclature, qu’on ne traduit pas des mots mais des énoncés, et que le sens ne jaillit pas des mots isolés mais d’une phrase qui s’insère dans un contexte.

«La question des ioudaioi est, au fond, comparable à un autre problème de traduction dans le grec des évangiles: celui des adelphoi de Jésus. En grec koinè, le mot adelphos signifie soit « frère de père et mère », soit « demi-frère ». Certains emplois du mot  adelphos à propos d’Hérode Antipas ne peuvent se comprendre dans les évangiles (d’après les renseignements fournis par Flavius Josèphe) que dans le sens de « demi-frère ». En outre, en grec koinè sémitisé, les emplois sont encore beaucoup plus larges et peuvent englober tout proche parent (cousin, oncle, neveu, beau-frère…).

Cet exemple illustre le principe qu’une langue ne constitue jamais une nomenclature, et qu’il y a un grand danger à vouloir traduire systématiquement le même mot de la langue source par un même mot de la langue cible. Chaque champ sémantique doit être analysé par rapport à une langue déterminée.
  Dans le cas des ioudaioi (non seulement chez Jean d’ailleurs, mais aussi chez d’autres évangélistes), il s’agit d’un terme qui peut revêtir différentes acceptions en grec koinè sémitisé. Si l’on prend le chapitre 4 de Jean, lorsque Jésus déclare à la Samaritaine que le salut vient des ioudaioi, il est clair que le terme a un sens religieux: « le salut vient des juifs ». De même lorsqu’il est question d’une fête des ioudaioi. Dans nombre d’autres cas, lorsque la comparaison est possible avec des passages parallèles des autres évangiles, on s’aperçoit que, face à une expression du type hoi pharisaioi chez Matthieu ou Luc, on trouve en revanche chez Jean l’expression hoi ioudaioi: le terme désigne donc dans ces cas-là les autorités juives à Jérusalem, que cette autorité soit juridique (membres du sanhédrin) ou simplement une influence sociale. Même dans ce cas, il ne s’agit pas de l’ensemble des autorités juives de façon indiscriminée puisque le quatrième évangile mentionne aussi bien Nicodème (le Niqdemon cité dans le Talmud) que Jean d’Arimathie, tous deux membres éminents du sanhédrin, parmi les disciples qui ont soutenu Jésus jusqu’au bout. Il y a également quelques rares cas, dans l’évangile de Jean, où le terme pourrait désigner les habitants de Judée, les Judéens (je n’en suis pas absolument certain, mais l’hypothèse est certainement plausible, cf. Jn 11,45) ». 

Nul doute qu’un jour « la Best » y fera écho !

Interview de fr. Manuel Rivero, o. p. par le magazine « Église à La Réunion »

Le 12/11/2012

 

Église à La Réunion : Les dominicains sont très attachés aux mystères du Rosaire, puisque la tradition rapporte qu’en l’an 1214, alors que l’Église catholique luttait contre l’hérésie albigeoise, la Vierge apparaissant à saint Dominique lui dit : « Va et prêche mon Rosaire. » Vous-même prêchez le Rosaire depuis plus de trente ans. Pourquoi est-il toujours aussi important, de nos jours, de faire ce genre de prêche ?

Fr. Manuel Rivero : Au commencement du synode sur la nouvelle évangélisation, qui a eu lieu à Rome au mois d’octobre 2012, le pape Benoît XVI a exhorté les chrétiens à prier le Rosaire.
Le père Lagrange disait que « l’apostolat du Rosaire, quand on s’en occupe, réussit toujours ». Mon expérience le confirme. La prière du Rosaire nous fait rejoindre le cœur de la Vierge Marie pour regarder son Fils Jésus avec les yeux de sa foi à elle. La foi de Marie est la foi de l’Église. La prière du Rosaire nous fait vivre le mystère du Sauveur dans notre cœur. Aujourd’hui nous ressentons un grand besoin d’intériorité et de vie spirituelle, aspirés que nous sommes par toutes sortes de sollicitations à la consommation et à la dispersion.
Prière contemplative, le Rosaire unifie le cœur au contact de la Parole de Dieu. Cette belle prière représente un voyage mental en Terre sainte pour revivre les événements de la vie du Messie, guidés par la meilleure guide qui soit, sa Mère.
Concrètement, la prière du Rosaire me donne d’approfondir la connaissance de la Révélation accomplie par Jésus. L’esprit et l’intelligence se fixent calmement sur le mystère de Dieu manifesté dans l’histoire du Verbe fait chair, Jésus.
La prière du Rosaire favorise l’harmonie et la paix dans les familles. Après le séisme en Haïti du 12 janvier 2010, certaines familles qui avaient tout perdu se sont mises à prier et elles m’ont fait part des bienfaits de cette action. La prière du Rosaire apporte la lumière et la force de la foi dans les épreuves. Il m’arrive de dire aux malades : « Les malades, au boulot ! Au boulot de la prière ! » Un malade qui prie élève le monde. Lors du décès de nos proches, la prière du Rosaire nous permet de rejoindre le Christ sur la Croix. Personnellement, chaque fois que j’ai prié avec une famille en deuil, j’ai vu les visages passer de la tristesse au sourire lumineux de la foi. Vous comprenez pourquoi j’aime le Rosaire!

Église à la Réunion : Vous êtes un fervent admirateur du père Lagrange (1855-1938) à qui vous avez déjà consacré un ouvrage (« Priez quinze jours avec le père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem », Éd. Nouvelle Cité, 2008). Selon vous, quelle était la particularité du père Lagrange ?

Fr. Manuel Rivero : Le père Lagrange était un homme complet. Sa prière était feu. Il consacrait ses longues journées à l’étude de la vérité qui rend libre en scrutant le sens de la Bible : ses textes, leur contexte, les genres littéraires, la culture et les religions de l’époque, l’archéologie. « L’histoire se fait avec des documents et des monuments », enseignait-il.
Ce faisant, il n’aspirait pas à l’érudition mais au salut des âmes. À son époque, le modernisme, philosophie rationaliste qui enlevait à la Bible sa dimension surnaturelle, faisait basculer dans l’athéisme des laïcs et des prêtres. Le père Lagrange a relevé ce défi de son temps en reliant foi et raison, histoire scientifique et exégèse, sciences humaines et théologie sacrée.

Église à La Réunion : Comment peut-on expliquer le lien si fort qui unissait le père Lagrange à la Vierge Marie ?

Fr. Manuel Rivero : Sa mère, Élisabeth Falsan, d’origine lyonnaise, avait transmis à son fils la vénération envers l’Immaculée Conception, dont la fête, le 8 décembre, deviendra par la suite la fête patronale de l’École biblique de Jérusalem. Tout au long de son existence, le père Lagrange a vécu dans la proximité priante de la Mère de Dieu. Chacune des pages de ses travaux bibliques commençait par un Ave Maria.

Église à La Réunion : Vous êtes à l’origine du programme « Le Rosaire » sur radio Arc-en-ciel. Quelles étaient vos motivations pour créer ce programme ?

Fr. Manuel Rivero : Dans l’Ordre des prêcheurs, fondé par saint Dominique, le Rosaire est aussi bien chemin de contemplation que prédication du mystère de Dieu. Il y a un lien profond entre cette prière et l’entrée dans la Sagesse divine. Le Rosaire enrichit la prédication de la douce et pénétrante lumière de la foi de la Vierge Marie, sans laquelle il est impossible de comprendre l’Incarnation.
Le programme du Rosaire sur radio Arc-en-ciel a été lancé le premier lundi du mois de septembre 1993, quelques semaines après mon arrivée à La Réunion, le 16 juillet, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Grâce au dévouement heureux des laïcs, ce programme a aidé à prier des milliers de Réunionnais depuis bientôt vingt ans : familles avec enfants, malades, détenus, personnes en voiture, religieuses, etc.
Je me souviens d’une carte postale envoyée par une dame qui habitait dans l’est de l’île : « Depuis qu’il y a le programme du Rosaire sur radio Arc-en-ciel, le lundi est devenu un jour de fête! »
La prière fait du christianisme un long jour de fête dans l’allégresse du Ressuscité.

 

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Préparation du colloque de 2014, à Rome, par fr. Manuel Rivero, o. p.

Un colloque international sur l’apport du père Lagrange dans le contexte de la Nouvelle évangélisation et de l’année de la Foi aura lieu à Rome en 2014, et non pas en 2013 comme indiqué lors de notre assemblée générale du 10 mars 2012, en raison d’un problème d’organisation du calendrier des manifestations. Ce colloque se déroulera sous la présidence de Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, dont relève la cause de béatification.

Le 14 mars 1974, lors de la réception des membres de la Commission biblique pontificale, le Pape Paul VI avait mis en valeur l’apport du père Lagrange à l’étude critique de la Bible (Documentation. Catholique 71 (1974), p. 326).

Voici ce long texte qui me paraît important pour préparer ce colloque

« Cette connexion essentielle entre la Bible et l’Église ou, si vous préférez, cette lecture de la Sainte Écriture in medio Ecclesiae, confère aux exégètes de l’Écriture sainte, et tout particulièrement à vous, membres qualifiés de la Commission biblique pontificale, une fonction importante au service de la parole de Dieu. Aussi nous sentons-nous encouragés à regarder avec sympathie, bien plus, à soutenir et à donner vigueur à ce caractère ecclésial de l’exégèse contemporaine. Votre travail ne consiste donc pas simplement à expliquer des textes anciens, à rapporter des faits de manière critique ou à remonter à la forme primitive et originelle d’un texte ou d’une page sacrée. C’est le devoir primordial de l’exégète de présenter au peuple de Dieu le message de la Révélation, d’exposer la signification de la parole de Dieu en elle-même et par rapport à l’homme contemporain, de donner accès à la Parole, au-delà de l’enveloppe des signes sémantiques et des synthèses culturelles, parfois éloignés de la culture et des problèmes de notre temps. Quelle grande mission vous incombe vis-à-vis de l’Église comme de toute l’humanité ! Quelle contribution à l’évangélisation du monde contemporain !

« Pour illustrer cette responsabilité et pour vous défendre des fausses pistes dans lesquelles l’exégèse risque souvent de se fourvoyer, nous allons emprunter les paroles d’un grand maître de l’exégèse, d’un homme dans lequel ont brillé de façon exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le P. Lagrange. En 1918, après avoir tracé le bilan négatif des diverses écoles de l’exégèse libérale, il dénonçait les racines de leur échec et de leur faillite dans ces causes : opportunisme doctrinal, caractère unilatéral de la recherche et étroitesse rationaliste de la méthode. « Dès la fin du XVIIIe siècle, écrivait-il, le christianisme se mettait à la remorque de la raison ; il fallut plier les textes à la mode du jour. Cet opportunisme inspira les commentaires des rationalistes. » Et il continue : « Tout ce que nous demandons de cette exégèse indépendante, c’est qu’elle soit purement scientifique. Elle ne le sera tout à fait qu’en se corrigeant d’un autre défaut commun à toutes les écoles que nous avons énumérées. Toutes ont été einseitig, ne regardant que d’un seul côté. » (M.-J. Lagrange, Le Sens du christianisme d’après l’exégèse allemande, Paris, Gabalda, 1918, pp. 323, 324, 328). Le P. Lagrange mettait en cause un autre caractère des critiques : le dessein arrêté de ne pas accepter le surnaturel.

« Ces remarques conservent, aujourd’hui encore, un caractère d’urgence et d’actualité. On peut y ajouter aussi, pour les expliciter, une invitation à ne pas exagérer ni à transgresser les possibilités de la méthode exégétique adoptée, à ne pas en faire une méthode absolue comme si elle permettait, et elle seulement, d’accéder à la Révélation divine. Il faut se garder également d’une remise en question systématique visant à affranchir toute expression de la foi d’un solide fondement de certitude.

« Ces chemins aberrants seront évités si l’on suit la règle d’or de l’herméneutique théologique énoncée par le Concile Vatican II : celui-ci demande d’interpréter les textes bibliques « en prêtant attention au contenu et à l’unité de l’Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de toute l’Église et de l’analogie de la foi » (Dei Verbum, n° 12). « On ne saurait retrouver le sens du christianisme – c’est encore le P. Lagrange qui parle – par un groupement de textes si l’on ne pénètre pas jusqu’à la raison d’être du tout. C’est un organisme dont le principe vital est unique. Or il est découvert depuis longtemps, et c’est l’incarnation de Jésus-Christ, le salut assuré aux hommes par la grâce de la rédemption. En cherchant ailleurs, on s’exposerait à faire fausse route. » (Op. cit., p. 325) Exprimer le message signifie donc avant tout recueillir toutes les significations d’un texte et les faire converger vers l’unité du mystère, qui est unique, transcendant, inépuisable, et que nous pouvons par conséquent aborder sous de multiples aspects. À cette fin, la collaboration de beaucoup de personnes sera nécessaire pour analyser le processus d’insertion de la parole de Dieu dans l’histoire – ce que saint Jean Chrysostome a désigné sous le terme de sunkatabasis ou condescensio (Hom. 17,1, in Gn 3, 8 ; PG, 53, 134), – selon la variété des langages et des cultures humaines : cela permettra de saisir en chaque page le sens universel et immuable du message, et de le proposer à l’Église, pour une intelligence véritable de la foi dans le contexte moderne et une application salutaire aux graves problèmes qui tourmentent les esprits réfléchis à l’heure actuelle. Il vous revient, à vous exégètes, d’actualiser, selon le sens de l’Église vivante, la Sainte Écriture, pour qu’elle ne demeure pas seulement un monument du passé mais qu’elle se transforme en source de lumière, de vie et d’action. C’est seulement de la sorte que les fruits de l’exégèse pourront servir à la fonction kérygmatique de l’Église, à son dialogue, s’offrir à la réflexion de la théologie systématique et à l’enseignement moral, et devenir utilisables pour la pastorale dans le monde moderne. »

Préparation du colloque de 2014, à Rome, par fr. Manuel Rivero, o. p.

Un colloque international sur l’apport du père Lagrange dans le contexte de la Nouvelle évangélisation et de l’année de la Foi aura lieu à Rome en 2014, et non pas en 2013 comme indiqué lors de notre assemblée générale du 10 mars 2012, en raison d’un problème d’organisation du calendrier des manifestations. Ce colloque se déroulera sous la présidence de Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, dont relève la cause de béatification.

Le 14 mars 1974, lors de la réception des membres de la Commission biblique pontificale, le Pape Paul VI avait mis en valeur l’apport du père Lagrange à l’étude critique de la Bible (Documentation. Catholique 71 (1974), p. 326).

Voici ce long texte qui me paraît important pour préparer ce colloque

« Cette connexion essentielle entre la Bible et l’Église ou, si vous préférez, cette lecture de la Sainte Écriture in medio Ecclesiae, confère aux exégètes de l’Écriture sainte, et tout particulièrement à vous, membres qualifiés de la Commission biblique pontificale, une fonction importante au service de la parole de Dieu. Aussi nous sentons-nous encouragés à regarder avec sympathie, bien plus, à soutenir et à donner vigueur à ce caractère ecclésial de l’exégèse contemporaine. Votre travail ne consiste donc pas simplement à expliquer des textes anciens, à rapporter des faits de manière critique ou à remonter à la forme primitive et originelle d’un texte ou d’une page sacrée. C’est le devoir primordial de l’exégète de présenter au peuple de Dieu le message de la Révélation, d’exposer la signification de la parole de Dieu en elle-même et par rapport à l’homme contemporain, de donner accès à la Parole, au-delà de l’enveloppe des signes sémantiques et des synthèses culturelles, parfois éloignés de la culture et des problèmes de notre temps. Quelle grande mission vous incombe vis-à-vis de l’Église comme de toute l’humanité ! Quelle contribution à l’évangélisation du monde contemporain !

« Pour illustrer cette responsabilité et pour vous défendre des fausses pistes dans lesquelles l’exégèse risque souvent de se fourvoyer, nous allons emprunter les paroles d’un grand maître de l’exégèse, d’un homme dans lequel ont brillé de façon exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le P. Lagrange. En 1918, après avoir tracé le bilan négatif des diverses écoles de l’exégèse libérale, il dénonçait les racines de leur échec et de leur faillite dans ces causes : opportunisme doctrinal, caractère unilatéral de la recherche et étroitesse rationaliste de la méthode. « Dès la fin du XVIIIe siècle, écrivait-il, le christianisme se mettait à la remorque de la raison ; il fallut plier les textes à la mode du jour. Cet opportunisme inspira les commentaires des rationalistes. » Et il continue : « Tout ce que nous demandons de cette exégèse indépendante, c’est qu’elle soit purement scientifique. Elle ne le sera tout à fait qu’en se corrigeant d’un autre défaut commun à toutes les écoles que nous avons énumérées. Toutes ont été einseitig, ne regardant que d’un seul côté. » (M.-J. Lagrange, Le Sens du christianisme d’après l’exégèse allemande, Paris, Gabalda, 1918, pp. 323, 324, 328). Le P. Lagrange mettait en cause un autre caractère des critiques : le dessein arrêté de ne pas accepter le surnaturel.

« Ces remarques conservent, aujourd’hui encore, un caractère d’urgence et d’actualité. On peut y ajouter aussi, pour les expliciter, une invitation à ne pas exagérer ni à transgresser les possibilités de la méthode exégétique adoptée, à ne pas en faire une méthode absolue comme si elle permettait, et elle seulement, d’accéder à la Révélation divine. Il faut se garder également d’une remise en question systématique visant à affranchir toute expression de la foi d’un solide fondement de certitude.

« Ces chemins aberrants seront évités si l’on suit la règle d’or de l’herméneutique théologique énoncée par le Concile Vatican II : celui-ci demande d’interpréter les textes bibliques « en prêtant attention au contenu et à l’unité de l’Écriture tout entière, compte tenu de la Tradition vivante de toute l’Église et de l’analogie de la foi » (Dei Verbum, n° 12). « On ne saurait retrouver le sens du christianisme – c’est encore le P. Lagrange qui parle – par un groupement de textes si l’on ne pénètre pas jusqu’à la raison d’être du tout. C’est un organisme dont le principe vital est unique. Or il est découvert depuis longtemps, et c’est l’incarnation de Jésus-Christ, le salut assuré aux hommes par la grâce de la rédemption. En cherchant ailleurs, on s’exposerait à faire fausse route. » (Op. cit., p. 325) Exprimer le message signifie donc avant tout recueillir toutes les significations d’un texte et les faire converger vers l’unité du mystère, qui est unique, transcendant, inépuisable, et que nous pouvons par conséquent aborder sous de multiples aspects. À cette fin, la collaboration de beaucoup de personnes sera nécessaire pour analyser le processus d’insertion de la parole de Dieu dans l’histoire – ce que saint Jean Chrysostome a désigné sous le terme de sunkatabasis ou condescensio (Hom. 17,1, in Gn 3, 8 ; PG, 53, 134), – selon la variété des langages et des cultures humaines : cela permettra de saisir en chaque page le sens universel et immuable du message, et de le proposer à l’Église, pour une intelligence véritable de la foi dans le contexte moderne et une application salutaire aux graves problèmes qui tourmentent les esprits réfléchis à l’heure actuelle. Il vous revient, à vous exégètes, d’actualiser, selon le sens de l’Église vivante, la Sainte Écriture, pour qu’elle ne demeure pas seulement un monument du passé mais qu’elle se transforme en source de lumière, de vie et d’action. C’est seulement de la sorte que les fruits de l’exégèse pourront servir à la fonction kérygmatique de l’Église, à son dialogue, s’offrir à la réflexion de la théologie systématique et à l’enseignement moral, et devenir utilisables pour la pastorale dans le monde moderne. »

Lettre d’information Novembre 2012

Chers amis,

Le Père Lagrange et la Vierge Marie – Les méditations des mystères du Rosaire par fr. Manuel Rivero est désormais disponible dans toutes les librairies. Si vous avez des difficultés à vous le procurer, n’hésitez pas à nous le demander, nous vous le ferons parvenir (frais d’envoi 12,00 € – port inclus).
Voir une recension faite par Jean-Claude Desmidt, page http://www.mj-lagrange.org/?p=3497

L’édition du livre, Le Père Lagrange, sa vie et son œuvre par le Père Louis-Hugues Vincent est en bonne voie. Sortie : début 2013.                  

Le pèlerinage en Terre sainte est remis à une date ultérieure en raison des difficultés familiales et financières de plusieurs personnes motivées pour ce voyage.

Un colloque est prévu en 2014, à Rome, sur l’apport du père Lagrange dans le contexte de la Nouvelle Évangélisation et de l’Année de la foi.
Voir le texte de fr. Manuel Rivero. http://www.mj-lagrange.org/?p=3492

La modification de l’objet social de notre association, envisagée lors de notre assemblée générale extraordinaire du 10 mars 2012, a été enregistrée à la Préfecture des Alpes-Maritimes, le 29 septembre 2012.

Nouveaux textes mis en ligne :

Le Père Lagrange devant la question biblique par fr. Bernard Montagnes, o. p. voir page http://www.mj-lagrange.org/?p=3434

Après vingt-cinq ans par fr. Marie-Joseph Lagrange, o. p.
Un texte émouvant du Père Lagrange écrit en 1915 sur ses 25 années passées à l’École biblique de Jérusalem. voir page http://www.mj-lagrange.org/?p=3489

 

Le Père Lagrange et la Vierge Marie – Méditations des mystères du Rosaire par Manuel Rivero O.P. Recension par Jean-Claude Desmidt

La cause de béatification du Père Lagrange est engagée à Rome, le Père Rivero en est le vice-postulateur. C’est dire l’intérêt qu’il porte au fondateur de l’École biblique de Jérusalem. Délaissant débats et contestations que l’œuvre du Père Lagrange a suscités en son temps à cause de la modernité de ses méthodes, le Père Rivero consacre son ouvrage à la piété mariale de l’exégète aujourd’hui reconnu.

Albert Lagrange, devenu dans l’ordre dominicain Marie-Joseph Lagrange, dira de Marie qu’elle est l’humble ménagère de Nazareth, marquant par là son humilité, mais il l’appellera aussi Notre-Dame de la Compassion et l’invoquera sous le vocable de Notre-Dame des Commencements, car elle est au début de l’aventure de Jésus comme de ceux qui se confient à elle. Tel fut le désir du Père Lagrange, lui qui se fixait comme idéal : agir en tout dans l’esprit de Marie, Mère de la Sagesse. Il se remet entre les mains de sa Maîtresse et Mère et n’hésite pas à écrire dans son Journal Spirituel : Toute grâce vient de Jésus par Marie ce qui entraîne cette autre affirmation : Prier Jésus, toujours, par Marie, toujours : ne les isoler jamais, Jésus dans les bras de Marie. Fondant l’École biblique de Jérusalem, il désire la confier entre les mains de Marie-Immaculée : elle lui est dédiée, c’est son œuvre. Enfin, il désire partager les sentiments de Marie au pied de la Croix en invoquant Marie Réparatrice : Réparer les outrages faits à Jésus en prenant les sentiments de Marie.

Voilà un aspect peut-être méconnu de celui que l’on a l’habitude de classer parmi les chercheurs intellectuels, un esprit novateur et critique, un exégète scientifique. Le Père Rivero est parti à l’exploration du Journal Spirituel qui nous révèle ce rapport intense et mystique du Père Lagrange avec Marie qui selon son commentateur constitue la racine cachée de sa foi dans son labeur d’interprète de l’Écriture Sainte. En effet , ajoute le Père Rivero : Il vivait avec la Vierge à qui il parlait comme un ami parle à un ami, comme un fils parle à sa mère.

Dès lors, il était normal que dans une deuxième partie du livre, l’auteur s’attache à éclairer à la lumière de la pensée du Père Lagrange la prière mariale par excellence, la prière du Rosaire dont les dominicains sont les ardents propagateurs depuis que cette prière a été confiée à saint Dominique. Chaque mystère est lu par le Père Rivero avec sa propre méditation ponctuée par les réflexions du Père Lagrange. Difficile de rendre compte de chacun de ces mystères : allons au mystère du jugement dernier. Le Père Lagrange n’envisage pas d’autre critère pour ce jugement que l’amour. Le Père Rivero commente ainsi : Jésus demande à ses disciples d’investir l’amour qu’on lui doit dans le prochain. C’est l’amour du prochain qui nous ouvre à la rencontre de Dieu.

L’ouvrage s’achève sur une version litanique renouvelée à la Vierge Marie. L’invocation Marie, Reine des initiatives apostoliques, priez pour nous ne rejoint-elle pas à point nommé nos préoccupations en cette année d’Évangélisation ?

Manuel Rivero,O.P., Le Père Lagrange et la Vierge Marie, Méditations des mystères du Rosaire, Éd. du Cerf 2012, 12 €, Possibilité de se procurer ce livre auprès de l’Association des amis du père Lagrange, Dominicains, 9 rue St-François-de-Paule,06357 Nice Cedex 4 – France
e-mail pere.lagrange@dominicain.net – site internet www.mj-lagrange.org